Ollioules – Chateauvallon
Et Claire NEBOUT devient Frida Khalo

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Frida Kalo est une peintre mexicaine qui eut une vie hors du commun, faite de souffrance, qui fut atteinte de poliomyélite à six ans, eut un grave accident adolescente qui la laissa brisée après de multiples opérations, qui, malgré ça, est toujours allée au combat sans baisser les bras et devint une icône mondiale.
Claire Nebout est cette comédienne belle et hiératique, qui mène une carrière riche et originale, qui n’est jamais là où on l’attend, que ce soit au théâtre, au cinéma ou à la télévision.
Et la voici à Chateauvallon pour créer un spectacle autour de cette femme à la fois excentrique, visionnaire, combattante, meurtrie dans sa chair mais ne lâchant jamais rien. Un rôle en or pour une comédienne.
Etant en résidence à Chateauvallon, elle nous offrira ce spectacle intitulé «Viva Frida» écrit par Didier Goupil, mis en scène par Karelle Prugnaud avec la participation musicale de Rémy Lespéron.
Ce sera le 22 et 23 février à 20H au studio du Baou.

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Ravi de retrouver Claire pour parler de cette belle aventure.
«Claire, vous voici seule sur scène…
Ou presque, puisque Rémy Lespéron y est aussi mais c’est une envie que j’avais de me confronter seule au vivant, de sortir de ma zone de confort et surtout de remonter sur scène avec un tel projet.
Ce projet, justement, comment est-il venu à vous ?
Je l’ai initié avec Didier Goupil. Nous nous sommes retrouvés au festival de Grignan et je cherchais, pour ce projet, une figure féminine. Frida est arrivée assez vite, avec toutes ses valeurs humanistes, sa vie intense faite de drames et de combats, handicapée mais tellement positive et forte. C’est à partir de ses lettres que nous avons découvert qui elle était vraiment et ce qu’on pouvait en faire.
Comment s’est fait ce travail ?
Avec Didier Goupil, cela s’est conçu sur sept tableaux, démarrant sur son adolescence où, à 17 ans elle a eu un terrible accident, puis son premier amour, ses voyages, son rapport à la peinture mais aussi au corps, le sien étant broyé. Puis nous nous sommes entourés d’écrans et de musique. C’est en fait son voyage intime avec ses paroles qui sont quelquefois violentes, drôles, extrêmes, malicieuses, vulgaires même, car elle était un personnage vulnérable et très complexe. Et elle a créé une œuvre picturale sans précédent

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Un rôle magnifique à multiples facettes, pour une actrice, non ?
Jubilatoire même mais c’est du lourd ! Je démarre ma première scène au milieu du public, hurlant sur son amant, Diego. C’est une scène très forte, puis c’est un portrait évolutif où il faut toujours être juste, précis. C’est une forme de performance où je dois me divertir de l’inconfort dans lequel je joue et qui me pousse à me dépasser.
Comment avez-vous travaillé avec Karelle Prugnaud ?
Je l’avais connue au festival d’Avignon dans un spectacle «In». C’est une femme qui force les portes, qui n’a pas peur de provoquer. Elle vient du cirque et de la performance. En fait c’est une femme «sans peur et sans reproche» !
Elle m’a amenée dans des zones où je n’aurais jamais pu penser aller. Elle bouscule les donnes tout en restant très respectueuse de l’œuvre de l’artiste.
Et avec Rémy Lespéron ?
Il a travaillé la musique comme un oratorio, avec ses instruments, sa musique. On a cherché ensemble des musiques mexicaines à incorporer dans sa musique… et même une musique bretonne ! Il invente, il cherche, il propose à Karelle qui dit oui ou non… Plutôt oui que non !
Quand on voit tout ce que vous avez joué, aussi bien au cinéma qu’au théâtre ou à la télé, on reste ébahi par votre éclectisme, passant par exemple, au cinéma, de Téchiné à Zidi, de Bellocchio à Molinaro, de Doillon à de Brocca…
Mais c’est ça l’intérêt  de ce métier ! Je ne me vois pas toujours jouer la même chose. J’aime varier les plaisirs, me mettre en danger, surprendre et ne pas qu’on me cantonne, comme c’est  souvent le cas, dans des rôles précis mais récurrents. Ça ne m’intéresse pas et c’est pourquoi aujourd’hui je me fais plus rare. Je refuse pas mal de choses, rester libre de mes choix et je refuse toute étiquette. En plus, je suis gourmande et j’aime goûter à tout !
On n’a pas parlé de Charles Berling !
Charles, c’est le premier qui a cru à ce projet. Nous avons plusieurs fois tourné ensemble. Nous nous sommes rencontrés au café de Flore, avant la pandémie, je lui ai raconté le projet et tout de suite il m’a dit ok pour le programmer au Liberté ou à Chateauvallon. Nous lui devons beaucoup.
Parlez-moi donc de cette résidence.
Nous avons commencé au 104 à Paris, puis nous sommes allés en Corse et sommes arrivés à Chateauvallon, invités par Charles. J’adore ce lieu qui est magnifique, sans compter qu’on a eu un temps incroyable qui nous a changés de Paris. L’autre soir sous sommes allés faire une grande balade de nuit et de voir toute la ville en bas, c’était sublime. Le cadre est inspirant et lorsqu’on travaille six heures par jour, c’est magnifique d’être là.
Mais je connais bien la région car durant 50 ans, mon père avait un bateau attaché à St Mandrier et nous allions aux Sablettes, à Sanary, à Porquerolles, à Toulon. Toulon était notre première escale. Je trouve que c’est une ville paisible.
Je suis toujours heureuse d’y revenir et j’aimerais trouver quelque chose dans le coin pour me poser»

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Propos recueillis par Jacques brachet