NOTES de MUSIQUES

CLAUDIO FASOLI
Claudio Fasoli est l’un des plus intéressants saxophonistes du moment, un leader et et un compositeur émérites. L’homme est d’une gentillesse et d’une délicatesse extrêmes.
Le musicien fait preuve d’une grande sensibilité et d’un lyrisme à fleur de peau, très bel canto, pas étonnant car il est italien. Il fut d’ailleurs sacré Musicien de l’Année 2017 par Musica Jazz.
Le compositeur joue de la subtilité des harmonies, des couleurs et de la beauté des mélodies. Il sait s’exprimer avec élégance et sensualité pour traduire les « émotions et les couleurs ». C’est un musicien  minimaliste qui ne joue que l’essentiel, mais avec un enthousiasme, une sensibilité et un dépouillement qui n’excluent pas la véhémence, et qui vous plongent dans une sereine béatitude
Au ténor il peut être rêveur ou fougueux, rageur, et grandiose au soprano quand il part dans un solo puissant, ardent, avec un son droit, vers des aigus diaboliques. On trouve chez lui une pureté de son et un phrasé délié, au service d’une expression toujours émouvante, basée avant tout sur la mélodie.
Il est toujours dans le partage avec ses musiciens, qu’il sait choisir, même et surtout parmi les jeunes générations, car, dit-il,  ça évite de se répéter, de se scléroser. Pas de frime, de la musique avant toute chose.
Que ce soit dans ses disques ou dans ses concerts Claudio Fasoli offre une musique limpide, belle et forte. Il poursuit son chemin créateur, tranquillement et sereinement, hors des modes, pour le bonheur du jazz.
CLAUDIO FASOLI N.Y.4ET -SELFIE
Pour ce « Selfie » Claudio Fasoli s’est entouré de quatre « stars » américaines : Matt Mitchell au piano, Matt Brewer à la basse et Justin Brown à la batterie.
C’est un Fasoli fringant qui apparaît ici, majestueux au ténor et au soprano, avec une sonorité ample et chaude, une puissance qui pourtant laisse au son sa beauté.
Matt Mitchell est un pianiste straight-ahead dans la grande lignée de Bud Powell à Herbie Hancock. Il déploie un jeu très aéré, écouter « Parson’s Green », ou alors avec des notes en grappes, dans « Far », ou encore le très chantant « Legs » ; un feeling qui colle en tout point à celui de Fasoli. Matt Brewer est plus connu chez nous, ayant fait parler sa contrebasse dans pas mal de lieux référencés ; un gros son, sans parasites, des attaques nettes et précises, et le goût de la mélodie, « Différence of Emphasis ». Justin Brown est le batteur attitré du trompettiste Ambrose Akinmusire ; c’est dire qu’on est en plein dans la modernité, mais celle qui connaît encore le jazz. Batteur qui pratique lui aussi le jeu en grappes sonores et sait tenir la dynamique, pousser le swing du Quartet. Un des plus beaux disques de Claudio Fasoli, qui en compte déjà un nombre certain.
Enregistré à Brooklyn le 8 juin 2017 – Durée : 59’ 38’’ – Abeat ABJZ 189

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CLAUDIO FASOLI 4TET – NEXT
Voici le nouvel opus de Claudio Fasoli, cette fois avec des musiciens italiens : Simone Massaron à la guitare électrique, Tito Mangialajo Rantzer à la contrebasse et Stefano Grasso à la batterie. Ce Quartet est une splendeur. On retrouve toutes les qualités de Claudio Fasoli au ténor et au soprano. Les autres sont à la hauteur. Que ce soit à la guitare saturée ou purement électrique, Simone Massaron fait des étincelles hors des sentiers battus, avec le même lyrisme que le leader. On s’en rendra compte sur « XAS ». Le contrebassiste joue avec des notes rondes et claires, il fait chanter l’instrument en solo ; c’est un roc dans l’accompagnement. Le batteur travaille la beauté des sons, on entend la peau vibrer comme une chair de poule. Il atteint parfois une quasi mélodie. Le tout porté par le swing. « Ali » est l’expression d’une grande douleur qui vous prend aux tripes. Et si vous voulez savoir ce qu’est le grand lyrisme au ténor, écoutez « Sad », où l’on rencontre la saudade portugaise.
Voici de nouveau un grand disque de Claudio Fasoli, toujours à la pointe en 2021. Tous les morceaux et arrangements sont de sa plume, brillante et subtile, sans conteste.
Enregistré en Italie en mai 2021 – Abeat ABJZ 234 (contact@abeatrecords.com)
K L E I N – SONDER
« Sonder » est un titre assez mystérieux puisqu’il signifie pas mal de choses dont une prise de conscience et des chemins qui peuvent ou non se croiser. Ce qui donne la couleur de cet album. Le pianiste,  claviériste et compositeur (8 titres sur 9 sont de sa plume) se lance ici dans une aventure électrique en utilisant les « Programming and Sound Design ».
Le disque démarre sur « Catharsis », tout un programme, avec un mélange de rythme boléro et pop. Puis on a des ensembles, des nappes, ou les instruments acoustiques, les voix, se mêlent aux effets des machines, sur des rythmiques  plutôt mécaniques.
Le jazzman Klein refait surface avec bonheur dans le dernier morceau « Sonder », piano, vibraphone, sur rythmique.
Avec ce disque on entre dans des ambiances de sérénades, calmes, mélancoliques, sombres parfois, des nocturnes électriques.
Cristal Records  CR 343 (l’Autre Distribution) – 9 titres – Sortie décembre 2021

Serge Baudot