NOTES de MUSIQUES

Dalida Leroy

DALIDA : Les belles chansons ne meurent jamais (Orlando)
Surprise : dans le dernier «James Bond», qui entend-t-on ? Dalida !
Incroyable mais vrai et même si ce n’est pas la chanson générique, entendre tout à coup «Dans la ville endormie», ça fait tout drôle ! D’autant qu’il existe la version anglaise que William Sheller avait écrite pour le groupe The Irresistibles «My year is a day». WilliamSheller qui lui avait aussi écrit «Je me repose»
Cette chanson a une petite histoire : William Sheller demande à Claude Lemesle, célèbre parolier, de lui écrire un texte. Ce sera « Dans la ville endormie ». Mais il l’oublie et lorsqu’il la donne aux Irresistible, Dalida entend la chanson, veut l’enregistrer et Orlando demande à Lemesle d’écrire les paroles… qui sont déjà la vraie version de la chanson !
Donc, plaisir et émotion à la fois de voir que plus de 30 ans après sa disparition, elle reste toujours présente.
Du coup, Orlando profite de cette aubaine pour nous offrir un disque avec des chansons magnifiques mais qui ne font pas particulièrement partie des grands titres de l’artiste.
On trouve donc entre autres «L’amour qui venait du froid» que lui écrivit Patrick Juvet et qu’il a lui-même reprise, «Je reviens te chercher» que Bécaud lui offrit pour sa rentrée à l’Olympia après son suicide manqué et qu’il a également reprise. Pour ce même Olympia, c’est Michel Legrand qui lui avait écrit «Une vie» . On retrouve aussi une belle chanson d’Alice Dona et Pascal Sevran «Tables séparées» et puis plein d’autres chansons signées de belles plumes, de Domenico Modugno «Ma vie je la chante», Toto Cotugno « Et la vie continuera», Michaëlle et Lana Sébastian à qui elle devait «Gigi l’amoroso», qui lui ont écrit d’autres belles chansons comme « Et puis c’est toi », «Julien» de Sergio Endrico, «Eux» de Pierre Barough qu’on retrouve dans le film «L’inconnue de Hong Kong», où elle joue auprès de Gainsbourg… On devrait toutes les citer mais il y en a 22 et c’est un plaisir très nostalgique que de retrouver ces magnifiques chansons comme «Je m’endors dans tes bras», «Parlez-moi de lui» qu’a aussi chanté Françoise  Hardy… Bref, un très joli disque pour les fêtes même si la pochette avec une photo trafiquée n’est pas vraiment la Dalida qu’on aime. Mais bon, il y a d’autres «vraies» photos à l’intérieur de l’album qui nous rappellent la «vraie» Dalida !
Nolwenn LEROY : La cavale (Polydor)
Un album très attendu que celui de Nolwenn, comme à chaque fois.
Après de grandes chansons «à voix» et une période on ne peut plus bretonne et celtique, elle a choisi de tourner une nouvelle page avec Benjamin Biolay, qui a écrit nombre de ses nouvelles chansons et réalisé l’album avec Pierre Jaconnelli.
Ouverture en fanfare où, contre toute attente, c’est une chanson signée par Adélaïde Chabannes, « Loin » avec fond musical celtique… On ne se refait pas !
On la retrouve encore avec «La houle», «Abysses».
Tout le reste est du pur Biolay, hormis «La cavale», qu’elle a écrit avec lui.
Évidemment, avec Biolay, on entre plus dans un disque intimiste, son image de marque mais on aurait peut-être aimé un peu moins d’uniformité.
Malgré tout, il y a, c’est un fait, de très belles chansons, dont celle, émouvante car dédiée certainement à son fils «Mon beau corsaire».
«Brésil-Finistère» nous envoie un grand bol d’air, d’aventure et de mers mêlées… On revient toujours à la mer ! Comme avec «La houle», encore écrite par Adelaïde Chabannes.
Les chansons de Biolay ont ceci de particulier que des tas de chanteuses différentes peuvent les chanter, de Vartan à Birkin en passant par Carla Bruni.
En fait, c’est la voix de cristal de Nolwenn qui fait toute la différence et qui en fait de petites perles venues de la mer.
En prime, un poster fort original de la belle endormie.

Nicoletta Lenorman

NICOLETTA : Amour & pianos (Pias-Parce que)
50 ans de carrière. Des succès qui ne se comptent plus et pour fêter l’événement, nôtre Nico nous offre son premier disque piano voix, d’ailleurs intitulé «Amour et pianos» accompagnée de deux beaux pianistes : Johan Dalgaard et Jean-Jacques Genevar. A chaque fois qu’ils attaquent une chanson, c’est un tube et ce sont de beaux souvenirs pour des gens comme moi qui sont de la même génération.
De «Mamy Blue» à «La musique» en passant par «Ma vie c’est un manège», «Il est mort le soleil» sur lequel elle a invité la chanteuse Marina Kaye, «Mon Saint-Germain des Près», accompagnée du trompettiste Erik Truffaz, «La solitude ça n’existe pas» de Bécaud et bien d’autres qui sont dans toutes nos oreilles.
Et surprise, une chanson inédite signée Carla Bruni : «Mon Jésus Christ».
Il y a dans ce disque beaucoup de nostalgie, même si la voix de Nico n’est plus aussi puissante qu’avant et dont on entend quelquefois la fragilité.
Mais ça rend le disque émouvant et la photo de la pochette en noir et blanc est très belle et très classe.
Gérard LENORMAN : Le goût du bonheur (GL prod)
Celui qu’on appelait le petit prince, a mis vingt ans pour revenir sur le devant de la scène.
Après de nombreux tubes, de millions de disques vendus, silence radio.
Puis un CD de duos qui mêlait anciens et nouveaux chanteurs et il n’en fallait pas plus pour qu’il nous revienne. Entretemps, il a beaucoup voyagé, hormis deux années de Covid qui lui ont peut-être donné envie de revenir.
Et ce «Goût du bonheur» à un joli goût de retour, de joie, de plaisir.
11 titres, tous plus beaux les uns que les autres, qu’il a composés avec des amis, là encore anciens et nouveaux qui se mêlent dans une fraternité et des moments de charme, d’émotion, comme cette magnifique chanson signée avec Serge Lama «Ma mère», d’autant plus émouvante que celle-ci ne fut pas toujours une mère aimante.
L’ayant connu au début de ses premières chansons, je sais qu’il a toujours été un écorché vif et qu’il lui a fallu beaucoup de résilience pour sortir du chaos que fut son enfance.
Voilà donc que viennent vers lui Vianney  et Bénabar, Nicolas Peyrac et Claude Lemesle, tous tombés en amour pour cet ado de 76 ans à la voix éraillée mais tellement chargée d’humanité.
Peyrac lui envoie du Québec «Et si seulement c’était vrai», Vianney signe «Regarder s’en aller les choses» et «Changer», Bénabar signe «Le cul entre deux chaises», Lemesle «Baby cool».
De petits morceaux de vie, de sa vie, un peut comme une autobiographie musicale.
On partage ce bonheur avec lui.

Niclo Vassili

Vincent NICLO : 10 ans déjà (Play two)
En France aujourd’hui, nous avons deux jeunes voix sublimes qui sont dans l’actualité de cette fin d’année : Amaury Vassini et Vincent Niclo qui fête déjà dix ans de carrière et le fête par ce triple album qui contient toutes les étapes d’une carrière impressionnante, trois titres inédits et un poster.
Un coffret très riche et l’on est époustouflé par tout ce qu’il a fait, de ses albums variété, à ses titres classiques en passant par l’Orchestre de l’Armée rouge, un disque en Espéranto, des duos magnifiques dont l’un des plus beaux est avec Nathalie Dessay avec qui il a interprété «Les parapluies de Cherbourg», choisi par Michel Legrand in person ! Mais n’oublions pas aussi ceux avec Tony Carreira ou encore Sarah Brightman, Nana Moukouri. Charles Aznavour, Julia Migenes…
Alors qu’il était doublure sur la comédie musicale «Roméo et Juliette», il fut le héros de «Autant en emporte le vent»,  «Tristan et Yseult», «West side story».
De la variété à l’Opéra, il peut se permettre de tout chanter tant sa voix est ample et belle… Et il ne s’en prive pas, tant il aime varier les plaisirs, passant de Piazzola à Puccini, de Luis Mariano à,Verdi, de Serge Lama à Haendel, de Lucio Dalla et son fameux «Caruso» à Musumara, jusqu’à Rouget de Lisle et sa «Marseillaise»…
Un magnifique coffret
Amaury VASSILI : We Love Christmas (E47 records)
Comme chaque années nombre nous avons droit aux chants de Noël. Mais celui que nous offre Amaury  a ceci d’original qu’il puise ses chants dans ceux du monde entier, qu’il les a réorchestrés et qu’il nous offre trois duos formidables : Le premier avec Jean-Baptiste Guégan «Silent Night» où leurs deux voix puissantes s’harmonisent merveilleusement. Johnny aurait aimé !
Et puis voilà qu’il nous offre «Have Yourself a merry little Christmas» cette chanson devenue célèbre par Judy Garland puis plus tard, par Sinatra, avec encore une voix incroyable, celle de Roberto Alagna, sur la rythmique de «Boléro» de Ravel. Troisième duo avec une chanteuse peu connue  mais à la voix superbe : Nouheila Capron. Et c’est «Happy X-mas (war is over) plus connue sous la version française d’Hugues Aufray «Stweball».
Après quoi Amaury nous entraîne sur une version originale de l’éternel et increvable succès de Tino Rossi «Petit Papa Noël» auquel il donne un joli coup de jeune. On retrouve l’Amérique à travers «Let is snow» de Sinatra, «Last Christmas» de Georges Michaël (que Dalida chanta sous le titre «Reviens-moi) ou encore « All I want for Christmas is you», le tube de Mariah Carey, chanté aussi en duo avec Elton John et Ed Sheridan. «O Christmas Tree» (Mon beau sapin) que chanta Aretha Franklin devient une très jolie ballade country.  Un brin de rythme jazzy-comédie musicale avec «Jingle bells» et enfin passé la neige de Noël, on se retrouve côté Caraïbes avec « Feliz Navidad» de José Feliciano.
Des classiques, des moins classiques mais tous revus et corrigés par notre ténor à la voix d’or. Voilà un disque qui sort des compils de Noël habituelle.
A noter que vous pourrez retrouver Amaury Vassili le 21 décembre, salle Gérard Philippe à la Garde

Mitchell Vartan

Eddy MITCHELL : Country rock (Polydor)
L’idole des sixties est aujourd’hui devenue un beau patriarche barbu, peut-être plus beau qu’à 18 ans lors de ses débuts.
Mais la voix est toujours identiquement la même.
Avec le temps, le rocker s’est assagi et c’est pour cela que le titre de ce nouvel album «Country rock» annonce la couleur car plus country et bluesy que rock n’roll.
Nombre de ses chansons, qu’il signe comme toujours avec son complice Pierre Papadiamandis, sont plutôt de la veine de «Couleur menthe à l’eau» ou de «La dernière séance».
Ouverture de l’album avec hommage à son ami de toujours, Johnny, avec qui il a débuté et fait la dernière tournée de ce dernier avec Dutronc, la fameuse tournée des Vieilles Canailles. «Un petit peu d’amour» est plein de nostalgie et d’amitié.
Tout comme Sylvie, il y a beaucoup de nostalgie dans ce disque, ce qui n’empêche qu’il y a quelques tempos plus rock comme «Garde tes nerfs» et surtout «C’est la vie, fais la belle», le tube de Chuck Berry «You never can tell» que nombre d’artistes ont repris et même Tarantino dans «Pulp Fiction»
Une très émouvante chanson «Droite dans ses bottes» qui raconte la vie d’une adolescente qui a été violée et qui reste debout malgré tout.
C’est un disque de crooner pour une voix de rocker.
Même s’il termine en feu d’artifice avec… un charleston endiablé : «Ne parle pas de moi» !
Sylvie VARTAN : Merci pour le regard (Sony)
Sylvie Vartan revient avec un album de 14 chansons, on ne peut plus intimistes, nostalgiques, et surtout on ne peut plus personnelles.
On est loin de la Sylvie étincelante de paillettes et de strass et de robes somptueuses, loin de ces shows monumentaux qu’elle nous a offert tout au long d’une carrière incroyable.
Tout comme nous, elle a mûri et elle commence à se remémorer des instants de vie, heureux ou moins heureux. Les au-revoir, les séparations, les souvenirs reviennent et autour d’elle des auteurs, des compositeurs qu’elle aime, qui l’aiment, ça se sent et qui, tel de géniaux couturiers, lui ont cousu des chansons au petit point. Et hormis Dave et Patrick Loiseau qui signent «Ma tendre enfance», à mon avis la plus émouvante, en hommage à ses parents, un duo devenu habituel chez Sylvie, Eric Chemouny et Michel Amsallem qui signent «On s’aime encore mais autrement», «ce jour-là» et «Dernière danse», elle s’est entourée de «petits nouveaux» qui l’ont cernée et lui ont offert des chansons qui s’adaptent à elle comme une seconde peau : «Le bleu de la mer noire» de Clarika, «A deux pas de vous» signée Clara Luciani, «Du côté de ma peine» que lui a offert la Grande Sophie, Elisa Point qui lui a écrit , avec Léonard Lasry «Avec tous ces ne me quitte pas», «Merci pour le regard» qui donne le titre à l’album, «J’emporterai»… Beaucoup de femmes qui ont compris ses joies, ses tristesses, ses failles, ses états d’âme…
Un très beau disque  tout en demi-teinte et loin de ce que Sylvie jusqu’ici nous a donné à écouter.
Mais comme elle le chante pour clore cet opus «Tout reste à dire» (Léonard Lasry) et à chanter certainement.