Six-Fours – Six N’Etoiles
Clovis CORNILLAC revient à la maison!

FILM SI ON CHANTAIT

Clovis Cornillac est devenu un habitué du Six N’Etoiles. Il y est d’autant plus chez lui qu’une des salles porte son nom, face à celle de Claude Lelouch !
Et chaque fois qu’il le peut, il y revient pour présenter un film.
Et le voilà, entraînant le réalisateur Fabrice Maruca que j’ai plaisir à retrouver, lui aussi, après une rencontre au Festival de la Rochelle où il présentait sa série iconoclaste et drôle «La minute vieille».
Il signe aujourd’hui son premier long métrage «Si on chantait»* dont l’un des personnages principaux est Clovis, entouré d’Alice Pol, Artus, Jeremy Lopez et Chantal Neuwirth.
On pourrait dire que c’est un film musical puisqu’il est émaillé de chansons des années 70/80 où se mêlent Julien Clerc bien sûr, qui a donné l’autorisation pour être la chanson générique du film éponyme et aussi une version chorale de nos cinq artistes, mais on y retrouve aussi Aznavour, Dassin, Pagny, Gainsbourg, Montagné, Fugain et même K Maro !
Tout démarre dans une usine en grève où quelques grévistes ont monté une petite chorale pour protester contre sa fermeture.

2

Mais l’usine fermera et quatre d’entre eux (Clovis Cornillac alias Jean-Claude, Alice Pol alias Sophie, Artus alias José, Franck, alias Jérémy Lopez)  vont se retrouver à galérer pour retrouver un boulot. Jusqu’au jour où Franck, fan de chanson française, a l’idée de monter une entreprise de chansons à domicile. Le but : aller chez des particuliers chanter une chanson choisie par un ami, un intime, pour son mariage, son anniversaire ou tout autre événement. Ils vont encore pas mal galérer mais, aidés par une énergique mamie qui loge Sophie (Chantal Neuwirth) tous les cinq vont faire de cette petite entreprise, un malheur devant des milliers de spectateurs à la mi-temps d’un match de foot dans le stade de Valenciennes.
Nos cinq pieds nickelés sont à la fois drôles et attendrissants, Clovis Cornillac avec son aspect coincé de cadre moyen, barbiche, mèche tombant sur ses petites lunettes, Sophie Pol amoureuse transie d’un mec marié que se fiche d’elle, Jérémy Lopez (de la Comédie Française s’il vous plaît !) lui aussi amoureux transi de Sophie qui n’ose se déclarer, Artus, qui veut à tout prix chanter mais qui chante comme une casserole et Chantal Neuwirth,  la mamie débrouillarde qui va leur faire connaître les réseaux sociaux et qui nous offrira une interprétation de «Femme like U» de K Maro, irrésistible.
C’est un film à la fois drôle et tendre, nostalgique aussi car toutes ces chansons nous rappellent des souvenirs et l’on a envie de les chanter avec eux.
Fabrice Maruca signe là son premier long métrage après nombre de courts, de pubs, de séries comme «La minute vieille» et de scénarios pour «Un gars, une fille», «Samantha oups !» et bien d’autres.
Belles retrouvailles donc au Six N’Etoiles pour parler de ce film inclassable et qui donne la pêche.

FILM SI ON CHANTAIT FILM SI ON CHANTAIT

«Fabrice, d’où t’es venue cette idée originale ?
Plus jeune, dans ma commune de Quievrechain…
– Ah – le coupe aussitôt Clovis en riant – il va encore nous parler de Quievrechain ! Il ne peut pas faire une phrase sans glisser son nom. C’est une obsession !
– Bon, je reprends si tu veux bien. Donc… à Quievrechain, j’écoutais une émission de radio où les auditeurs dédicaçaient une chanson à une personne de leur choix. J’aimais beaucoup cette émission. D’un autre côté, je viens d’un milieu ouvrier et j’ai eu envie de parler de tout ça en m’inspirant de cette idée américaine d’apporter une chanson à domicile.
Le choix des chansons…
J’ai toujours aimé la variété française, le spectre est assez large puisqu’il survole les années 70/80 et même un peu plus. Et j’ai essayé de les adapter aux situations des films lorsque c’était possible. Au départ, la chanson générique était «Vous les copains» de Sheila mais je trouvais que le «Et doo wha didi…» ne s’adaptait pas au moment où tous les cinq chantent dans le stade.
Et il a préféré les «La la la la» de Julien Clarc et c’est vrai que ça s’adapte mieux à la situation et ça entraîne les gens à chanter.
Julien Clerc était d’accord ?
Oui, évidemment, il a fallu l’autorisation pour toutes les chansons qu’il y a dans le film. Et à part ceux qui sont décédés, tous ont dû donner leur accord.
Clovis, comment es-tu venu sur ce film ?
C’est une rencontre avec un producteur avec qui je travaillais, qui m’a parlé de cette histoire. Je ne connaissais pas Fabrice mais il se trouve que nous avions beaucoup de gens en commun. J’ai donc lu le scénario et je lui ai trouvé une force d’évidence, beaucoup d’originalité mais aussi une honnêteté, une sincérité et j’ai trouvé en Fabrice un vrai désir de cinéma. Il y a quelque chose de vrai dans cette histoire. C’est drôle mais ce n’est jamais du second degré. Je me suis dit : si ce film c’est ça, ce que je lis, ce sera chouette. Et c’est une belle réussite.

5 FILM SI ON CHANTAIT

Fabrice, content de ton acteur ?
De «mes» acteurs ! Quant à Clovis, il donne beaucoup de choses de lui. D’ailleurs beaucoup de choses qu’il a donné n’étaient pas prévues…
– C’est ça notre boulot – ajoute Clovis – Qu’on y apporte notre personnalité, nos idées mais qu’en même temps le réalisateur arrive à nous mener dans ce qu’il voulait.
Alors, en fait, qui chante ?
Tous chantent. Je n’avais pas besoin de chanteurs professionnels puisque dans le film, ce sont tous des amateurs. Je voulais simplement qu’ils chantent juste, ils ont été coachés, et à l’opposé, Artus a pris des cours… pour chanter faux !
Mais toutes les chansons ont été enregistrées en studio pour qu’il n’y ait pas de problème durant le tournage.
Le reste du casting s’est fait comment ?
Seuls Jérémy et Artus l’ont passé. Jérémy, c’est son premier rôle au cinéma. Il fait une merveilleuse carrière à la Comédie Française et je voulais être sûr qu’il puisse s’immiscer dans ce rôle qui est à la fois une comédie sentimentale et musicale. Je connaissais Artus par ses one man shows et je voulais savoir ce qu’il donnerait avec des partenaires.
Comment as-tu rempli l’immense stade de Valenciennes ?
(Il rit). Avec… 120 spectateurs !!! Le reste c’est du trucage. Je me faisais un peu de soucis mais lorsque j’ai visionné les rushes, j’ai trouvé ça complètement bluffant !
De toute façon, avec le Covid, je n’aurais pas pu l’avoir plein.

8 FILM SI ON CHANTAIT

Vous êtes partie sur une longue tournée avant-premières. Quelle est la réaction des gens ?
Clovis : C’est une tournée très gaie et découvrir l’enthousiasme du public est un grand plaisir.
Fabrice : Et pour moi, c’est à la fois une joie et un soulagement. C’est mon premier long métrage et en plus, ce n’est pas un sujet banal. Donc aujourd’hui je suis rassuré.
Clovis : J’ai été très étonné de voir que le public, jeune ou vieux, réagisse à ces chansons qui, pour certains, ne sont pas des chansons de leur époque. Il y a un vrai engouement pour ces chansons qui commencent à dater mais qui sont toutes dans les souvenirs des gens… et des plus jeunes qui les écoutaient avec leurs parents, je vois que chez moi, mes filles qui ont une vingtaine d’années et mon fils qui a cinq ans, adorent danser sur ces musiques… Ce qu’ils ne peuvent pas faire avec le rap.
C’est un film intergénérationnel car ces chansons traversent les époques.
Clovis, quel effet ça fait de revenir dans une salle qui porte ton nom ?
C’est top ! Et c’est aussi très touchant de voir qu’à côté des multiplex il y a des gens qui aiment le cinéma et qui, avec passion et énergie, le défendent dans de petites villes et des salles qui sont à échelle humaine.
Je me souviens, lorsque j’étais jeune, d’adorer aller dans les cinémas de quartiers. C’est dans celles-ci que j’ai découvert le ciné des années 70. Et c’est grâce à des gens comme Noémie Dumas, qui gère ce cinéma, que l’on garde le plaisir de découvrir des films, que ce soient des blog busters ou des films intimistes. Il faut beaucoup d’énergie et d’investissement et j’admire beaucoup ces gens.
J’ai une maison pas loin d’ici et j’y reviendrai à chaque fois qu’on me le demandera».

FILM SI ON CHANTAIT

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photocréations.fr
* Date de sortie : 3 novembre