La chronique de Serge Baudot

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Eric Séva – Triple Roots – Résonnances (Laborie-Socadisc)
Eric Séva est un saxophoniste et un compositeur reconnu dans les domaines du jazz et autres musiques.
En 1990 il fonde le groupe « Yes Yes Yes » avant de rejoindre en 1995 le quintette de Didier Lockwood. Fort de cette reconnaissance il va parcourir les scènes et les studios pendant une quinzaine d’années, enregistrant une centaine de disques avec entre autres pour le jazz Chris Réa, Franck Tortiller, Eric Longworth, Sylvain Luc. Il fera partie de l’ONJ (Orchestre National de Jaz De 2005 à 2008).
Musicien éclectique il collabore également avec de nombreux artistes de variété, comme par exemple Henri Salvador, Jean-Michel Jarre, Michel Sardou, Les Rita Mitsouko, Maxime Le Forestier, Sanseverino, Thomas Fersen, Dick Annegarn…
Son disque Nomade Sonore a été Disque choc de l’année 2015  pour Jazz Magazine.Mother of Pearl a été noté « 4 étoiles » par le même Jazz Magazine et a reçu le « Choc » de Classica, la mention « indispensable » et Paris Move pour Jazz News
Eric Séva s’est produit en concert dans de nombreux festivals en France et à l’étranger.
Voilà qu’il vient de sortir « Résonnances » chez Laborie Jazz avec son nouveau trio composé de Kevin Reveyrand (b) et Jean-Luc Di Fraya (dm).
Musicien éclectique lui aussi, Kevin Reveyrand promène sa basse électrique et sa contrebasse depuis plus de 20 ans pour accompagner aussi bien des jazzmen (Billy Cobham, Olivier Ker Ourio, Mike Stern, Nguyen Lê) que des chanteurs (Paul personne, Patrick Bruel, Patricia Kaas)
Jean-Luc Di Fraya est un cas à part. Il est non seulement batteur, percussionniste, compositeur, mais aussi  chanteur de jazz, haute contre en musique religieuse. Il a reçu une formation solide auprès du conservatoire de batterie Giacontino, du C.N.R. Marseille Classique, de l’I.M.F.P. il est sorti Premier prix du C.N.R. Marseille Jazz promotion 98. Il est également, créateur de spectacles de rue (Compagnie Shaan), à l’origine en 2002 de « l’Odyssée de la Cannebière ». Il est musicien permanent de la Compagnie Nine Spirit de Raphaël Imbert à Marseille. Il serait trop long d’énumérer toutes ses participations et créations. Que ce soit à la batterie ou au chant c’est un musicien qui « chauffe » un groupe comme personne.
Voici donc ce nouveau disque aux triples racines (Triple Roots), un trio acoustique donc, sur des thèmes du leader, sauf « Reason And Heart » du bassiste.
Disons le d’emblée, c’est un disque magnifique, du beau, du grand jazz dans toute sa pureté, son dépouillement. Des belles et somptueuse mélodies, tendres et émouvantes, jouée avec délicatesse, subtilité sur des arrangements limpides.
Eric Séva alterne le ténor et le soprano, qui a quand même la priorité. Parfois Jean Luc Di Fraya chante à l’unisson des saxes, de l’un ou de l’autre, effet garanti. La rythmique ne se contente pas d’accompagner, ce qu’elle fait très bien, mais les trois musiciens jouent en contrepoint  comme sur « Les Roots d’Alicante ». Si on veut se faire une opinion avant d’acheter le disque écouter « Luz De Port Coton », la contrebasse chante, notes rondes, son pur pas un bruit parasite. Il y a du blues dans les saxophones, et ces enchanteurs unissons voix/sax. Ecouter aussi « Le Village d’Aloya », mêmes qualités avec un batteur qui se déchaine vers la fin.
Tous les morceaux sont du même tonneau. Un grand disque, pas du tout musique du monde, mais du pur jazz d’aujourd’hui dans ses triples racines : mélodie, blues et swing.
Erol Josué – Pelrinaj (Geomuse)
N’étant pas spécialiste des musiques d’Haïti et ne connaissant pas ce chanteur, je préfère citer un article de Publik’Art pour les présentations:
« Erol Josué invoque le patrimoine haïtien dans son nouvel album Pelerinaj. A la fois prêtre vaudou, comédien, chanteur et danseur, il provoque un bouillant télescopage des cultures et des géographies. Plus surprenant, il est également directeur général du Bureau National d’Ethnologie d’Haïti depuis 2012, de quoi le motiver encore plus à transmettre et préserver le patrimoine culturel de son pays.
« Pelerinaj » englobe le travail de pas moins de 13 années pour livrer des morceaux entre transe, musique traditionnelle et tube électronique. Le disque se laisser aller dans des directions étonnantes en y incorporant l’apport essentiel des musiques d’Haïti. Différents invités interviennent sur l’album, Philippe Cohen Solal, Jacques Schwarz-Bart, Ben Zwerin, Mark Mulholland et le producteur américain Charles Czarnecki au mixage des sons traditionnels du Bénin et d’Haïti. Le premier extrait Erzulie évoque une divinité du vaudou haïtien, déesse de l’amour et de la beauté. Erol Josué est connu pour être un des plus grands adeptes du Vaudou en Haiti. C’est le séisme de janvier 2010 en Haïti qui a été la première inspiration de cet album et l’album offre un voyage qui fait référence aux expériences personnelles du chanteur autant qu’aux mythes de son île. Né en 1974 dans une famille vaudou, Erol Josué a quitté Haïti en 1993 pour la poursuite de son étude en Histoire de l’art en France. Parallèlement à sa carrière artistique, Erol Josué est directeur du Bureau National d’Ethnologie, poste qu’il occupe depuis 2012. Ses Musiques de vaudou préférées sont les musiques d’Ogou, celles qui parlent de résistance et de force. »
Mais les titres personnels ne font pas la musique ; alors qu’en est-il de celle-ci?
C’est effectivement un voyage à travers divers styles. Le chanteur possède une voix chaude, bien timbrée, puissante ; il sait tenir la note. Il est accompagné par différents musiciens, de styles divers, selon les morceaux. Quelques exemples : « Erzulie », hymne à la déesse de l’amour, assez funk. « Rèn sobo a », très chant africain. J’ai un faible pour « Chango » et surtout « Gede nibo » avec l’excellent saxophoniste ténor de jazz Jacques Schwarz-Bart, qui prend un beau solo sur ce morceau. A noter un curieux Ave Maria intitulé « Palave Maria ».
Cet album est fait de mélanges curieux qui finalement produisent une unité par la voix et l’engagement du chanteur. A écouter sans à priori d’étiquettes, simplement se laisser porter l’esprit ouvert.
Un livret fourni tous les renseignements : musiciens, paroles, etc.