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Retrouver Jean-Marc Barr, c’est retrouver un grand sourire, une vraie gentillesse, une belle simplicité mais aussi une confiance totale en l’homme, à la nature… A la vie.
Marqué à vie par son interprétation de Jacques Mayol dans «Le grand bleu», il est devenu l’homme de l’eau, de la mer, des océans.
Il était d’ailleurs venu, voici quelques temps, présenter au Six N’Etoiles de Six-Fours le film hommage à Mayol auquel il prêtait sa voix off : «L’homme dauphin».
Et voilà qu’il revient à Toulon, invité par Charles Berling et le Liberté, pour un événement hors normes qui se déroulera le 11 septembre de 13h à 19h dans l’anse de Pipapy, intitulé «Sea of sound».
C’est un concert subaquatique proposé par Michel Rodolfi, compositeur, à qui nous devons «Sonic waters 1981», un spectacle dans lequel il mêle ses propres musiques qu’il interprète en immersion dans des piscines, à des chants de baleines, de dauphins, des cliquetis d’écrevisses, des sons venus de divers poissons, mais aussi tortues et autres perroquets…
Aujourd’hui, voici que le rejoint dans l’eau Jean-Marc Barr qui dira des poèmes d’Erri de Luca, d’Homère, de John Cage…
Tous deux sont venus à Toulon pour y faire des repérages et préparer cet événement unique et original.
L’occasion de retrouver Jean-Marc qui nous parle de ce fantastique projet.
«Jean-Marc comme est né ce projet ?
De ma rencontre avec Michel Rodolfi.
Ce qui est incroyable c’est qu’avant de venir m’installer en France, je vivais aux Etats-Unis où je faisais mes études à l’université de San Diego. Et alors que je venais en France, Michel, lui, entrait à cette université. Nous nous sommes donc croisés sans jamais nous rencontrer. Et puis, lorsque s’est tourné «Le grand bleu», il travaillait sur le film… Et nous ne sommes jamais vus !
Finalement, nous nous sommes rencontrés voici quatre ans à Villefranche où il donnait son concert. Nous avons beaucoup discuté et émis l’idée que, dans son spectacle, on pouvait y ajouter des poèmes en le rejoignant dans l’eau
Ainsi est né ce spectacle «Le cinquième rêve», tiré d’une histoire culte écrite par Patrick van Eerensel dont l’héroïne est une sirène.
Ces poèmes, tu les as appris par cœur ?
(Il rit) Non, je les lis sur des feuilles plastifiées, avec des lunettes !
Nous serons donc sous l’eau, entourés de spectateurs qui seront autour de nous. Ce sera la première fois que nous le ferons en mer et nous ne savons pas encore ce que ça va donner. Dans une piscine, ça donne des vibrations sur tout le corps. C’est à la fois impressionnant et émouvant.
C’est à l’opposé d’une musique de night-club, faite pour danser, s’exciter. Là, on redécouvre des émotions qu’on a perdues avec cette harmonie eau-musique-poésie et ces personnes tout autour. Ça génère une grande relaxation, une spiritualité que l’on a un peu perdue, par rapport à notre propre insignifiance et au sacré de la mer.
C’est en fait plus qu’un spectacle…
Oui car on y découvre des valeurs plus importantes qu’un simple spectacle. C’est d’abord un vrai spectacle culturel qui peut rassurer sur l’humanité alors qu’on vit en ce moment des choses horribles, des violences, des catastrophes. Nous sommes tous ensemble dans le même bain ! C’est une sorte de glisse sémantique et poétique pas seulement agréable mais fondamentale pour retrouver la mer et ce qu’elle représente, et de flotter dans le temps»
Vous découvrirez donc ce spectacle étonnant et initiatique qui se déroulera le 11 septembre, de midi à19h dont le déroulera sera minuté et fait de six séquences :
De midi à 13 heures, la mer donne le la : Le public s’immergera dans l’anse aux sons de cette musique à la fois aérienne et sous-marine.
De 13h à 14h, ouverture sonique : La musique se déploie dans toute l’anse à la vitesse de 1450 mètres-seconde, Jean-Marc, maître de cérémonie, apparaît.
De 14h à 15h, le lagon enchanté : Restitution acoustique avec la musique mêlée aux cris et chants d’animaux que Michel interprète avec son vibraphone futuriste : le thevenium.
De 15h30 à 16h30, bleu outremer : C’est un chorus de baleines qu’a enregistré Michel en Polynésie.
De 17h à 18h, World-word-mix : Jean-Marc entre dans l’eau pour dire ses poèmes, accompagné par un chill-out electro-jazz auxquels s’ajouteront des messages vocaux porteurs d’espoir sur le futur de la mer, qui ont été enregistrés via le site web «Sea of sound».
De 18h à 19h, Bleu nuit : Voici qu’arrive le chant des sirènes au milieu de sons cosmiques et autour de Jean-Marc qui incarne les marins et les voyageurs mythiques, d’Ulysse au Surfer d’argent.
Comme on peut l’imaginer, les Toulonnais auront la chance de découvrir un spectacle hors du commun célébrant la mer.
«Jean-Marc, dans la mesure où Michel toi présenteront ce spectacle pour la première et unique fois, comment vous y préparez-vous ?
Nous avons fait des repérages et nous nous sommes entraînés dans des grottes : la source St Martin, pas loin d’ici, dans la vallée de Dardennes, et en Ardèche près du Pont de l’Arc.
Finalement, depuis «Le grand bleu», tu es toujours associé à la mer !
En fait – dit-il en riant – ce film a tellement marqué que dès qu’on parle de mer, on pense à moi ! A tel point que lorsque Mayol est décédé, un journal a mis ma photo au lieu de la sienne dans l’article !
C’est d’ailleurs un peu pour ça que j’ai accepté de prêter ma voix au film «L’homme dauphin» afin de rendre hommage à cet homme génial et fantasque, même si, à la fin de sa vie, le succès lui était monté à la tête. Et je crois qu’il avait pris ombrage du fait qu’on m’associait toujours à lui.
Parlons un peu de ton actualité. Car, même si tu n’as jamais été une star, tu es toujours entre deux projets !
Je n’ai jamais voulu être une star, je n’ai jamais fait ce métier pour la gloire ni pour l’argent. Je suis comédien par passion mais je me considère comme un homme normal qui vit sa vie comme beaucoup de gens.
Je me sens très privilégié de pouvoir vivre de mon métier. Mais je vis en toute liberté, en tournant ce que j’ai envie de tourner et en faisant des choses qui me passionnent.
J’ai quitté justement mon pays natal, l’Amérique, pour ne pas avoir cette contrainte de réussite à tout prix. Ici je me sens libre, je n’ai pas de pression. Le métier ne m’a pas changé, je suis honnête avec moi-même, je vis dans ma vérité. Au bout de trente ans de métier, j’ai toute confiance à la vie et j’ai toujours plein d’envies.
En ce moment d’ailleurs tu es sur tous les fronts, télé, ciné…
Et je voyage beaucoup, c’est vrai !
Je viens de tourner un film en Pologne qui s’intitulera en français «La terre silencieuse» dans lequel je joue… un professeur de plongée ! Je te donne son nom ? Prends ton élan : Agnieszka Woszczynska !
Je viens de présenter au festival de Lille «La corde», une série mi-métaphysique, mi-horreur de Dominique Rocher avec Jeanne Balibar et Suzanne Clément entre autres.
J’ai coréalisé, produit et joué dans «Les indociles» de Pascal Arnal avec qui j’avais déjà travaillé.
Je joue mon propre rôle dans la série de TF1 «Je te promets» avec Camille Lou et Marilou Berry qui est aussi réalisatrice et qui est une belle personne.
J’ai tourné dans une série britannique «Little birds», tiré du roman d’Anaïs Nin et dans «Garçon Chiffon» le premier film de Nicolas Maury (Dix pour cent) qu’hélas à cause du Covid, je n’ai pas encore pu voir.
Tu vois mes choix ne se portent pas sur des super stars ou des super héros. Je n’ai pas envie de ça. Et quand je vois le nombre d’artistes célèbres qui vivent mal leur gloire, leur métier leur âge, la peur de ne plus jouer, de ne plus plaire, de manquer d’argent, je ne les envie pas…
Mais certains m’envient !!! »
Propos recueillis par Jacques Brachet