Je vous parle d’un temps que les moins de… 50 ans ne peuvent pas connaître : les années Beaux-Arts, à Toulon, alors que l’école était à l’entrée de la ville, dans des cabanes chauffées par des poêles à bois !
J’y côtoyais là des professeurs comme Baboulène, des élèves comme Charles Bartoli.
Après s’être perdus de vue, nous nous retrouvons à la Maison du Patrimoine de Six-Fours, autour d’une de ses expositions. Mais le style provençal a disparu depuis longtemps de ses œuvres et jusqu’à son nom puisqu’il est aujourd’hui et pour toujours Charles Chantemesse.
Pourquoi ce changement de nom, Charles ?
Parce qu’à ma première exposition que relate Var-Matin un certain Bartoli dit que c’est lui et pas moi qui s’appelle ainsi ! Du coup, j’ai pris le nom de ma mère !
Parlez-moi de votre parcours.
Tout d’abord sachez que nous sommes «Mocos» depuis cinq générations. Mon université a été l’école de Besagne (quartier mal famé de Toulon après-guerre) et à l’occasion l’école Dutasta. Je détestais l’école et s’il y avait trente élèves dans la classe, j’étais le trentième ! Je l’ai d’ailleurs quittée à 14 ans, je vadrouillais, je castagnais, surtout à la maison où nous étions 7 garçons et 2 filles et elles n’étaient pas les dernières pour la bagarre ! Nous étions dans la pampa au Cap Brun où l’on volait des oranges jusqu’à ce qu’un amiral veuille s’occuper de moi. J’ai donc fait des études d’architecte et suis entré aux Beaux-Arts.
Et c’est la peinture qui a accroché ?
(Il rigole) Figurez-vous que je collectionnais les poupées, que je faisais de la couture avec ma grand-mère et que je voulais travaillais dans la mode ! Jusqu’au jour où ma sœur a brûlé toutes mes poupées !
Mais entretemps j’ai vécu plein d’aventures, j’ai fait 28 mois de guerre d’Algérie. J’avais 20 ans. J’ai beaucoup vagabondé. J’ai même été SDF ! .Je vivais au jour le jour. Et ce, pendant des années. Je faisais aussi mon métier d’architecte.
Et alors ?
J’ai eu un gros malheur. (Il n’en parlera pas plus mais doit s’arrêter, pris par l’émotion). Deux hommes alors sont entrés dans ma vie : le peintre Giacobazzi et le directeur de la Villa Tamaris Robert Bonaccorci. J’avais découvert quelques exposition de l’un montées par l’autre et je me suis dit : «C’est ça que je veux faire !». Ils m’ont pris au mot et m’ont demandé 30 toiles, me promettant de les exposer. Et depuis, je n’ai plus arrêté.
Où avez-vous exposé ?
Ici, c’est la première fois mais j’ai exposé à la Maison du Cygne, à la Villa Tamaris, au Fort Napoléon mais aussi à Paris, à Berlin.
Berlin, c’était juste avant le confinement… Ça me fait penser qu’il faut que j’aille récupérer mes toiles !
Avez-vous des projets ?
Oui, j’aimerais faire une exposition ou chacune de mes toiles serait accompagnée d’un texte ou d’un poème écrit par des écrivains locaux. J’avais fait quelque chose de semblable avec ma femme, pour un livre où chacune de mes peintures était accompagnée d’un texte écrit par elle.
Mais je démarre à peine et pour le moment je n’ai qu’une toile.
En attendant, vous pouvez aller à la Maison du Patrimoine, où vous admirerez des toiles éclatantes de couleurs où le Pop Art et la photo font bon ménage dans un monde d’humour, de folie, aussi joyeuses qu’iconoclastes comme cette toile où se mêlent Bardot et la Vache qui rit, Tintin et les Beatles, Tabarly et Che Guevara, Marylin et Coca Cola, Madonna et Mickey…
Entre Andy Warhol, Giacobazzi ou encore Hamilton ou la BD, ses œuvres parlent de musique, de peinture, de cinéma, de publicité, de la vie de tous les jours qu’il embellit de couleurs, de folie, de joie, mêlant les genres à plaisir.
On y trouve tout ce qu’il aime : le danger, le jeu, les femmes … C’est lui qui le dit en riant !
Et on rit avec lui devant cette exposition jouissive où il vous offre vous transmet sa pêche et sa jeunesse !
Jacques Brachet
L’exposition est prolongée jusqu’au 4 juillet.