Jacques FERRANDEZ : l’Histoire et les histoires en BD

1

Jacques Ferrandez est un homme de la Méditerranée. Né en Algérie puis, installé à Nice alors qu’il n’a que quelques mois, à cause des événements entraînant l’indépendance,  il a très jeune fait un pont entre la France et le pays où il est né et qu’alors il n’avait pu connaître.
C’est donc à Nice qu’il fait ses études d’arts plastiques et d’art déco et la BD va un peu entrer par hasard dans sa vie :

4 5 3

«J’étais alors étudiant, j’aimais dessiner et avec un copain scénariste, nous avons fait nos premières armes dans un périodique intitulé  «A suivre», édité chez Casterman. Très vite j’ai eu envie d’écrire mes propres récits avec mes dessins et en 82 je commence à écrire des histoires sur l’arrière-pays. Des paysages que j’aime, que Giono et Pagnol m’ont fait aimer et c’était en quelque sorte un hommage à ces deux auteurs qui m’ont influencé, qui m’ont nourri.
L’Algérie est très vite un pays que vous désirez connaître… Pourquoi ?
Ce sont d’abord des témoignages familiers et familiaux dont me parlent mes parents. A partir des témoignages familiaux j’ai eu envie de m’intéresser à son Histoire, de creuser c et j’ai commencé par la période coloniale jusqu’à l’insurrection de 54. Pour moi c’était important de situer les choses et c’est comme ça que sont nés «Les carnets d’Orient» en 87. Puis j’ai continué sur la guerre d’Algérie et l’Indépendance. J’ai lu énormément d’ouvrages historiques, de témoignages, j’ai fait la synthèse de tout ça et ça a été un travail énorme et passionnant.
Les BD d’après les œuvres de Pagnol et Giono… C’est venu comment ?
D’une sollicitation de Casterman qui était le diffuseur des éditions Pastorelli pour tout ce qui concernait les images de Pagnol. Clément Pastorelli était passionné par l’œuvre de Pagnol et avait eu l’idée d’en faire des BD car tout passait par lui. Il a donc envisagé de faire les «Souvenirs d’enfances» et m’a confié le projet. Ji parcouru tous les lieux de Pagnol, fais de nombreux repérages  pour être au plus près deux. Mais par suite de quelques embrouilles avec les droits d’auteur, le projet est tombé à l’eau.
A sa mort, c’est Jacqueline Pagnol qui a repris le projet  en 96/97mais entretemps, Yves Robert avait tournée «La gloire de mon père» et «Le château de ma mère». C’était peut-être un peu trop près des films et ce pouvait trop ressembler à une redite. Autant repartir «à la source et on a donc décidé de faire «L’eau des collines» avec ses deux volets : «Jean de Florette» et «Manon des sources».On aurait pu continuer mais après Jacqueline, c’est son petit-fils Nicolas qui a repris le projet et qui a choisi Serge Scotto (Petit-fils de Vincent Scotto) et Eric Scoffel en disant que c’était la première fois que Pagnol était édité en BD !

9 8

Ça s’était pourtant bien passé avec Jacqueline Pagnol ?
Très bien. Elle était très attentive à mon travail et le surveillait de près afin que les dessins et l’histoire soient au plus près des romans et des films. «Je travaillais encore «à l’ancienne», il n’y avait pas encore Photoshop et aux deux tiers de l’histoire, elle a voulu voir les dessins. Elle a beaucoup aimé sauf… le visage de Manon qu’elle trouvait un peu trop sauvage, cheveux aux vents… Elle a voulu que je transforme la coiffure en sage queue de cheval qui lui semblait plus ressemblante à Manon… c’est-à-dire à elle ! J’ai donc dû reprendre chaque dessin où paraît Manon. Aujourd’hui, ce serait plus simple.
Je suppose que pour Giono, ça s’est passé de même pour «Le chant du monde» ?
Oui mais avec elle ça a été plus «cool». Elle avait un apriori favorable car Jean Giono aimait parait-il beaucoup les BD. Elle m’a aussitôt fait confiance et n’a même jamais souhaité intervenir. Lorsque je lui ai envoyé le PDF, elle a aimé le scénario, les images et a trouvé l’ensemble très fidèle au roman et m’en envoyé un message me disant qu’elle était ravie.
Pagnol, Giono, Camus (L’étranger), Daudet (Les lettres de mon moulin)… vous aimez adapter des gens de Méditerranée.
Pas toujours, j’ai adapté beaucoup d’autres auteurs. Mais pour Daudet c’était particulier, c’était pour un périodique qui s’appelait «Je bouquine». J’ai d’ailleurs fait pour eux «Le Cid», «Madame Bovary»…
Etant aussi musicien de jazz pour le plaisir, je joue de la contrebasse avec des copains. C’est une passion et du coup j’ai créé quelques albums. En 85/86 j’ai travaillé avec Patrick Raynal comédien et scénariste puis j’ai consacré deux albums à Miles Davis et j’écris un troisième volet. Les trois albums devaient être édités et accompagner un coffret vinyle de ses disques. Il faut donc que je reprenne les deux premiers dans le format 30 cm.
Par ailleurs, je voyage beaucoup et j’ai fait beaucoup de carnets de voyages…Ce sont une source d’inspiration. Il m’arrive de quitter ma Provence ! Et j’ai fait d’ailleurs une BD-reportage avec mon fils sur notre voyage à Cuba.

LCDM_Couv_17mm_Ok.indd 7

Les voyages me font penser à cette caravane qui, en ce moment, parcourt la France. Racontez…
C’est, comme son nom l’indique, une caravane que j’ai emménagée en salle d’exposition où l’on trouve les diverses phases de mon travail, des reproductions de dessins, de croquis faits à l’atelier, de panneaux, de planches de travail, un film qui est le making off du «Chant du monde»…. J’ai trouvé l’idée originale et plus simple que de, chaque fois, tout déballer. C’est un projet conçu avec le Conseil Général qui est en ce moment en train de naviguer dans le Var. Je ne peux hélas pas être à toutes les étapes mais je serai jeudi à Draguignan. Et puis, je viendrai aussi à la Fête du Livre de Toulon, du 20 au 22 novembre».

La caravane y sera-t-elle ? Mystère mais elle sera à Sanary, à la Médiathèque Jacques Duhamel, pour  commémorer  le cinquantenaire de sa disparition.
Exposition coproduite par la région du Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Diffusée avec le concours de la Régie culturelle régionale et l’Agence régionale du livre.
Dans le cadre de l’Année Giono 2020,.
A l’occasion de l’année Giono, en Région Sud, la Ville de Sanary-sur-Mer accueille du 10 au 14 novembre 2020, une exposition tirée du roman «Le chant du monde» de Jean Giono, adapté en bande dessinée par Jacques Ferrandez.
Le grand romancier Jean Giono, qui fut aussi poète, traducteur, scénariste, cinéaste, essayiste et historien, est décédé en octobre 1970 à Manosque. Nous commémorons ici les 50 ans de sa disparition.

10

Cette exposition plonge le visiteur à l’intérieur d’une caravane itinérante où «Le Chant du monde» narre le récit d’une grande aventure épique aux accents d’un véritable western provençal.
Projections à l’auditorium
Mardi 10 novembre à 10h et à 14h30 : Projection d’un film d’animation «L’homme qui plantait les arbres» de 1982, tiré d’un livre de Jean Giono sur les thèmes des arbres, de l’écologie et de la patience.
Projection réservée aux scolaires / à l’Auditorium Ernest Blanc
Jeudi 12 novembre à 14h30 : Projection du film «Crésus» de 1960 réalisé par Jean Giono, avec Fernandel.
Entrée libre / à l’Auditorium Ernest Blanc
Samedi 14 novembre à 14h30 : Projection d’un film de 2001 adapté d’un roman de Jean Giono, une réflexion sur l’homme face à l’ennui, à la mort et au mal.
Entrée libre / à l’Auditorium Ernest Blanc
Atelier créatif sur le thème de Giono
Samedi 14 novembre à 10h et à 16h
Tout public – Sur inscription préalable au 04 94 32 97 80