Six-Fours – La Collégiale
Amadeus et Matheus : «Jupiter», l’apothéose

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Troisième volet de ce Festival de la Collégiale avec la symphonie N°41 de Mozart, dite «Jupiter», qui fut l’ultime symphonie de cet illustre compositeur. Elle fut écrite en 1788. Il mourut en 1791.
De l’avis général de tous les musiciens et compositeurs, elle est considérée comme la plus grande symphonie jamais composée à cette époque.
Et c’est ce que Jean-Christophe Spinosi nous offrit en feu d’artifice final avec l’ensemble Matheus.
Tout d’abord il dut préciser qu’ils allaient jouer dans le cadre normal de la collégiale, c’est-à-dire dans la nef, comme il le fait habituellement.
Mais le projet originel était de faire participer tout le public en disposant les musiciens disséminés autour et au milieu des spectateurs. Hélas, faute encore à ce maudit virus, cela ne put se faire et l’on devait donc avoir un spectacle «normal».
Mais avec Jean-Christophe, la normalité étant rarement à l’ordre du jour, il nous offrit, avant  l’interprétation de cette symphonie, un prologue fort intéressant et fort brillant.
Tout d’abord, il devait faire la comparaison entre Mozart et Haydn qui fut en quelque sorte le père spirituel de ce premier. Pour cela, il vint au milieu des spectateurs pour nous donner une magistrale leçon de musique, extraits d’œuvres à l’appui. Puis il nous expliqua l’œuvre de Mozart qu’ils allaient jouer en ajoutant qu’à chaque fois qu’il décider d’interpréter une œuvre, avant de répéter, il en faisait de même avec ses musiciens afin qu’ils s’en imprègnent, au-delà de la partition.
Ce fut un joli moment où passion et humour furent de la fête.

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Puis vint le moment attendu : «Jupiter», roi des dieux et des cieux dont Mozart, au faîte de son génie musical, écrivit une œuvre, puissante et bien évidemment, notre ami Spinosi nous en offrit la substantifique moelle avec une force, une énergie jubilatoires qui galvanisa ses musiciens et le public.
La preuve en est qu’on n’avait jamais vu le chef trempé de la tête aux pieds, le cheveu dégoulinant, la chemise mouillée plaquée sur le corps.
Ce fut un moment intense où l’heureux public en resta abasourdi.
Mais le spectacle n’était pas fini car, avouant qu’il avait du mal à quitter ce lieu qui lui est devenu très cher et pour remercier le public venu malgré la pluie et le Covid il joua les prolongation et nous offrit une œuvre de Haydn, aussi forte que celle de Mozart, nous expliquant encore avec amusement, comment ces deux œuvres pouvaient être comparées et nous offrant un suspense réitéré à plusieurs reprises, le public applaudissant croyant que c’était fini et Jean-Christophe relançant la machine, avec la complicité de tout son orchestre.
Jolie récréation et final incroyable que le public, debout, applaudit à tout rompre.
Il faut dire que Spinosi ajouta que c’étaient ses premiers concerts depuis le confinement, que durant tous ces mois où les festivals étaient déprogrammés les uns après les autres, il avait beaucoup souffert de ne pas jouer et de ne plus rencontrer le public. C’est certainement ce qui fit qu’en cette ultime soirée, il se déchaîna et ne voulait plus quitter ce lieu qui est aujourd’hui sa deuxième maison.

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On se souviendra longtemps de ce moment de grâce qu’il nous offrit alors que nous étions aussi frustrés que lui d’être privés de concerts.
Merci à lui et à la mairie d’avoir maintenu ce festival qui nous a faits vivre d’intenses moments… Ça nous avait tellement manqué !

Jacques Brachet