Françoise Gnéri, magnifique musicienne Alto a créé, on vous en a déjà parlé, le collectif «Fractales» afin d’aider les jeunes musiciens de talent à se faire connaître, à jouer sur une scène, accompagnés de grandes pointures de la musique classique.
Chaque année, dans le cadre de «Sanary sous les étoiles», elle nous offre «Sanary en musique» avec, à la clef quelques belles soirées où de jeunes talents se réunissent autour de grands noms de la musique classique.
Cette année elle y a entre autres invité le violoniste, pianiste, chef d’orchestre Pascal Amoyal et la violoncelliste Emmanuelle Bertrand, duo dans la vie comme sur la scène, tous deux également professeurs au Conservatoire de Paris et Lausanne.
Ils sont venus pour deux soirées : ce jeudi 20 août pour un duo violoncelle- piano et vendredi 21 Emmanuelle reviendra avec le collectif Fractales.
Emmanuelle a toujours baigné dans la musique, toute sa famille y étant plongée et leurs enfants ayant suivi.
«Ça fait partie de ma vie», m’avoue-t-elle et depuis vingt ans elle partage donc sa vie et sa passion avec Pascal Amoyal. Ils ont enregistré de nombreux CD ensemble, ont fait de nombreuses tournées de par le monde et ont toujours de multiples projets dont Emmanuelle Bertrand a bien voulu me parler.
Emmanuelle Bertrand, Pascal Amoyal, Françoise Gnéri
«Lorsqu’on est musicienne, que l’on vit sur scène, comment se sont passés ces derniers mois, Emmanuelle ?
Ça a été une période très particulière sans la joie de jouer depuis cinq longs mois. Nous avons vécu quelque chose d’unique et vous ne pouvez pas savoir la joie que nous avons de nous retrouver à Sanary,l’ unique festival «rescapé» de cette situation. Retrouver la scène et le public est un grand moment d’émotion. Même si les réseaux sociaux nous ont permis de ne pas tout arrêter, rien n’est plus beau que de jouer devant un public.
Jouer devant un public masqué, quel effet ça vous fait ?
Bien entendu, lorsqu’on arrive sur scène, ça surprend un peu mais très vite, on oublie tout pour ne se consacrer qu’à la musique. C’est une petite contrainte mais si ça nous permet de nous retrouver, c’est le principal. C’est un spectacle vivant, un grand moment de partage qui rassemble les gens, avec ou sans masques.
Lors d’un récital, on est seul face au public, on ne peut pas ne pas le regarder mais peu à peu on intègre cet obstacle et le principal est que le public soit là.
Votre rencontre avec Françoise Gnéri et Fractales, comment s’est-elle faite ?
Ce collectif existe depuis des années et Françoise est aussi une amie depuis longtemps et donc, à chaque fois qu’on se croise on en parle et nous avons depuis longtemps le projet d’y venir. Cette fois, ça y est !
Je trouve cette idée remarquable que de mélanger les générations, en faisant venir de jeunes musiciens pleins d’avenir avec des artistes confirmés. Nous sommes dans la même mouvance de cette transmission, nous donnons des cours et d’un coup nous voilà dans l’action, tous ensemble. C’est un grand moment de partage avec eux, avec le public. Et une belle expérience pour tous.
Le plein air ne vous gêne-t-il pas, vous qui êtes habituée à des salles, à plus d’intimité ?
Je crois qu’il faut dépasser cela, et nous devons nécessairement nous adapter à cette situation. C’est vrai que ce n’est pas toujours facile, qu’on peut avoir des problèmes d’acoustique mais je dois dire que les techniciens, à Sanary, ont fait du bon travail. C’est vrai aussi que le concert prend une autre dimension mais on s’adapte et on limite les risques… C’est le prix à payer si l’on veut continuer à faire notre métier.
Photo de droite : Robin Renucci
Comme beaucoup d’artistes, je suppose que vos projets ont été suspendus depuis quelques mois…
Comme pour tout le monde, tout s’est arrêté mais petit à petit tout reprend.
Avant le confinement, Pascal Amoyal a créé au théâtre du Ranelagh, ce qu’il a appelé du théâtre musical. Intitulé «Looking for Bethoven», pour tout public qui raconte la vie du compositeur à travers son œuvre. Je jouais à ses côtés. Le spectacle a été enregistré et le CD devrait sortir ces jours-ci chez Harmonia Mundi.
Et puis, nous avons repris les répétitions d’un spectacle original «Oblomov» d’après l’œuvre d’Ivan Gontcharov, adapté par Nicolas Kerszenbaum et mis en scène par Robin Renucci pour les Tréteaux de France. C’est lui qui a fait appel à nous et pour la première fois, je ne serai pas seulement violoncelliste mais… comédienne ! J’y jouerai même deux rôles : celui de la nourrice et celui d’Agafia qui deviendra la femme d’Oblomov.
C’est pour moi une grande première et Robin a su nous communiquer l’âme russe. Ce projet m’a bloquée quatre mois, j’ai donc arrêté les concerts mais l’expérience est très excitante. Ca valait la peine. Nous ferons une tournée avec les Tréteaux de France ».
Avant de nous quitter elle voudrait ajouter quelques remerciements :
«J’aimerais dire un grands merci aux organisateurs de ce festival, à Françoise Gnéri évidemment et à tous les techniciens qui ont eu le courage de maintenir ces festivités. Tant d’autres ont préféré annuler que je veux les saluer tous… Ils nous ont redonner l’énergie et la joie de remonter sur scène».
Retrouvons donc Emmanuelle Bertrand et Pascal Amoyal jeudi 20 août sur l’esplanade pour un florilège de compositions de Fauré, Saint-Saëns, Liszt, Brahms et Emmanuelle Bertrand et Fractales vendredi 21 août à 21h30
Spectacle on ne peut plus alléchant !
Jacques Brachet