La première fois que je rencontrais Amaury Vassily, c’était en 2014 pour la sortie de son album hommage à Mike Brant. Il avait un air rieur et romantique sous sa blonde crinière. En 2018 pour la sortie de son album tout simplement intitulé «Amaury», je le retrouvai avec une coupe sage, très petit garçon. Et voilà que je le retrouve aujourd’hui dans le cadre de la tournée de Michel Mitran «Route 83» avec à nouveau une crinière blonde, avec toujours ce regard rieur et tellement abordable et sympa.
«Que veux-tu – me dit-il en riant – le confinement est passé par là !»
En fait, ça va plutôt mieux à ce baryton martin, une des plus belles voix de la chanson française qui peut aussi bien chanter de la variété, du rock, de la pop ou du classique.
Cette tournée est pour lui un réel bonheur et une bouffée d’air frais (même si ce soir il est plutôt très chaud à Sanary) et il est heureux de partager cette tournée avec un jeune chanteur belge de descendance espagnole, Fernando, qui a choisi de rendre hommage à… Julio Iglésias et à l’ami Henri Giraud qui, lui, a choisi de rendre hommage à Coluche dont il a la voix et le physique.
Ambiance cool et rieuse dans les coulisses où Michel Mitran nous offre un apéro bienvenu par cette chaleur et où tout le monde se retrouve en chahutant… Tout en écoutant le match de foot Lyon-Manchester City… C’est d’ailleurs juste avant d’entrer en scène qu’on entend un grand cri d’Amaury pour célébrer la victoire de Lyon !
On se retrouve dans sa loge-caravane pour faire le point sur sa carrière hors du commun puisqu’en dix ans, six albums (le premier, «Vincero» sorti en 2009) il a conquis un public français et étranger et a déjà parcouru le monde.
«Alors Amaury, depuis notre dernière rencontre, que s’est-il passé ?
Eh bien, il y a eu beaucoup de galas et de promo puis la création d’une tournée piano-voix qui a été stoppée dans notre élan avec le confinement. Mais qui va reprendre dès la fin de l’année*… Du moins je l’espère !
Quel en est le contenu ?
Ce sont des chansons que je n’ai jamais chantées sur scènes ou qu’on a adaptées.
Comme ?
Comme «L’hymne à l’amour» de Piaf, des classiques comme «Con te partiro» ou «Caruso», des indémodable, des chansons de mon dernier album
C’est un nouveau concept pour moi. Nous sommes donc deux sur scène plus un piano très spécial qui est tout doré. Ça donne une image forte. Nous avons déjà beaucoup de dates. Espérons qu’il ne faudra pas encore tout annuler.
Qu’as-tu fait de ces mois de confinement ?
J’ai beaucoup travaillé sur un nouvel album qui devrait sortir à la fin de l’année et que je produits, puisque aujourd’hui je suis mon propre producteur. Je l’ai réalisé avec 55 intermittents du spectacle, musiciens, techniciens de France et de Navarre. C’est un album de reprises sur un thème bien précis.
Mais pour le moment je ne veux rien dévoiler.
Les spectateurs masqués, ça te dis quoi ?
D’abord je dois dire que c’est une grande chance de faire cette grande tournée avec «Route 83». C’était inespéré et retrouver le public, même masqué c’est magnifique. On joue tous le jeu en espérant que tout ça va se terminer un jour. Avec tous ces événements, les gens ont besoin de se divertir psychologiquement et retrouver un semblant de normalité est le moindre mal, même si c’est compliqué.
Amaury, Fernando, Henri Arnaud
Tu joues avec différents styles de musiques… A quand un nouveau disque classique ?
Tu sais, j’ai aujourd’hui une grande liberté d’esprit puisque je me produits, je produits d’autres artistes. Le classique reste mon premier amour mais je suis curieux et je veux explorer d’autres voies. Donc, je reviendrai certainement au classique. Peut-être d’ici un an.
Tu t’es d’ailleurs fait connaître dans le monde entier par le classique au départ.
Oui, c’est vrai car la musique classique est internationale. Je chante en français, en anglais, en italien, en espagnol et grâce à ça je suis parti au Japon, en Afrique du Sud, en Corée, au Canada… C’est une aventure extraordinaire. Et avec ce prochain album, je pense que je continuerai à me développer à l’étranger.
Parles-tu ces langues ?
Pas toutes, je parle en anglais, je me débrouille en italien et je suis heureux qu’on me dise que j’ai un excellent italien ! Et ça, ça fait plaisir !
Peut-être une carrière classique italienne ?
Ce sera difficile je crois car l’Italien est un perfectionniste, il a une formation classique et la moindre fausse ou mauvaise note, il est prêt à la dénoncer. Donc, je suis loin d’être prêt !
Je suis un autodidacte et l’Opéra c’est un régime de vie ascétique. On ne peut pas faire d’erreur. Et ça ne me fait pas rêver. De plus, le public italien ne se satisfait pas d’une émotion. Il lui faut de la précision dans la voix. Je pense que tout ça ne me convient pas.
Et la variété alors ?
Là encore, ils sont très chauvins et si tu n’es pas Italien, tu as du mal à faire une carrière dans leur pays. Et puis, le marché du disque en Italie va mal. Il y a un marché parallèle illégal et le disque est presque mort. Regarde le nombre de chanteurs italiens qui viennent en France. Ils sont peu nombreux par rapport aux années 60/70. Et pour nous c’est la même chose : s’imposer en Italie quand on est français est devenu très difficile.
Alors, je me contente de chanter en italien… en France !
En scène : Fernando, Michel Mitran, Henri Giraud
Et en Corse pour l’Eurovision 2011 où tu as représenté la France avec une chanson Corse «Sognu» !
L’Eurovision est un magnifique souvenir, même si je n’ai pas gagné c’est une aventure hors du commun et que j’ai eu plaisir à vivre. D’abord, tu sais que tu es vu par cent millions de téléspectateurs… Ça donne le vertige ! Ça nous donne une visibilité internationale immense. Et puis il y a une ambiance incroyable, fraternelle, on côtoie des artistes de tous les pays, c’est très enrichissant.
Pourquoi choisir de chanter en Corse ?
Parce que c’est une langue régionale de France, qu’elle chante bien et que j’aime cette langue.
Est-ce que pour ta carrière, l’Eurovision a été un tremplin ?
Un très grand tremplin car je me suis fait connaître partout et que si j’ai pu faire toutes ces tournées internationales, c’est grâce à l’Eurovision.
Il y a eu aussi ce disque hommage à Mike Brant…
Il avait tout, ce mec, la voix, le charisme, le physique et je l’admirais beaucoup. C’est pour ça que j’ai voulu lui rendre hommage avec l’accord de la fille son frère, de toute la famille. Ils ont été satisfaits du résultat.
Comment as-tu choisi les titres ?
Il y a des tubes incontournable, indissociable de ca courte carrière. Du coup, tu arrives vite à l’essentiel. J’y suis resté fidèle tout en y imprégnant ma personnalité.
Tu es aujourd’hui producteur… Qui produis-tu ?
Moi en premier et puis des jeunes artistes auxquels je crois et que je veux aider. En ce moment, je m’occupe d’un jeune mentaliste : Clément Freeze.
On est loin de la chanson !
Et alors ? Il y a des talents partout et si je peux aider certains, pourquoi pas ?»
Il est l’heure du spectacle et la soirée est loin d’être terminée.
Après la présentation, toujours pleine d’humour du maître de cérémonie Michel Mitran, après nous avoir présenté le groupe le groupe Margarita qui va assurer la partie musicale de tout le spectacle, il fera venir sur scène les trois artistes sélectionnés à Sanary, concourant pour la finale du trophée Laurent Gerra (Le parrain de Route 83) qui aura lieu le 28 août à la Crau : Patrick Oumier, d’Ollioules, qui a interprété «Au suivant», de Jacques Brel, Francine Casanobe de St Cyr sur Mer, qui a interprété «Amstrong» de Nougaro et Audrey Villa de Sanary qui nous a proposé «Pas sans toi» de Lara Fabian… et qui l’a remporté !
En piste alors pour Fernando qui nous vient de Belgique et qui est la voix bluffante de Julio Iglesias, qui nous interprètera quelques incontournables de l’artiste sans caricature, avec son physique de jeune premier et qui, lorsqu’on ferme les yeux, nous fait croire que l’idole ibère est parmi nous.
Autre voix, autre physique mais tout aussi bluffant : Henri Giraud, qui rend hommage avec le costume et la voix au grand humoriste tragiquement disparu et nous propose des histoires de son cru… Grand moment de drôlerie et de nostalgie.
Et voilà qu’Amaury Vassili se lance sur le podium en démarrant très fort avec «Land of hope and glory» d’Elgar. La voix est là, ample, forte semblant sortir sans effort de ce longiligne artiste au coffre magique. Viendront un patchwork de classique et de pop avec un hommage à Mike Brant, «Il a neigé sur Yesterday» de Marie Laforêt, «We are the champions» de Freddy Mercury, et autres morceaux de bravoure comme «L’envie d’avoir envie» de Johny Hallyday où il nous montre qu’un chanteur d’Opéra peut être aussi un chanteur de rock. Des incontournables comme «Caruso» et «Con te partiro» sans oublier «Sugno» et «Tout» de son dernier album.
Un bel éventail de chansons de tous styles et une étendue de voix qui a fait frémir un public qui, malgré la chaleur, a eu de temps en temps la chair de poule tant l’émotion était omniprésente.
Du beau, du grand art et on attend avec impatience ce piano-voix qu’il nous a promis.
Jacques Brachet
*16 décembre à la Garde – 17 décembre à Carnoux
DOROTHEE… Merci
Dorothée et cette femme burinée par le soleil varois qu’elle ne maitrise pas encore tout à fait car elle est… de Lyon !
En 2013, elle a été engagée par la société Sécuri-France, entreprise de sécurité, comme son nom l’indique, de sureté et de gardiennage.
La voici responsable des entrées et sorties sur le festival «Sanary sous les étoiles» mais pour elle c’est plutôt «Sanary sous le soleil» et croyez-moi, devant le portail, il n’y a rien pour se protéger. Du coup elle a pris des coups de soleil mais, pleine de courage et d’optimisme, elle garde un sourire et une sérénité à toute épreuve. Et en plus, elle voit tous les artistes qui passent devant elle.
«Au début – me confie-t-elle – j’avais un peu d’appréhension de rencontrer l’équipe organisatrice, les techniciens et les artistes et puis, je me suis trouvée comme un poisson dans devant les équipes on ne peut plus sympathiques, organisées, avec qui ça s’est très bien passé. Et je les remercie de leur accueil.
Quant aux artistes, on ne pouvait pas être plus gentil. Lors de la venue des jeunes chanteurs de «The Voice», ma fille, qui est fan, était désespérée de ne pas pouvoir les voir. Du coup je leur ai demandé des autographes, de faire des photos ensemble. Le producteur m’a alors demandé mon numéro de téléphone et m’a dit : «On va faire une surprise à votre fille». Le lendemain, sur mon téléphone, ma fille découvrait qu’ils s’étaient filmés et lui envoyaient des messages !
Vraiment, je ne m’attendais pas à tant de gentillesse.
Pareil pour Amaury qui est venu spontanément faire une photo avec moi».
La gentillesse attire la gentillesse et je voulais dire merci à mon tour à Dorothée qui a été si sympathique, qui réglait les problèmes avec un grand sourire et qui nous a permis de vivre ce festival… en toute sécurité !