Jacques JULLIEN Grand agitateur de jazz à La Cadière d’Azur

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Il y avait à La Cadière d’Azur, ce vivant et riant village du Var assis sur la colline dans le bleu de la Méditerranée, un fou de jazz, qui s’était installé là pour y développer sa passion, et faire swinguer le village. C’était Jacques Jullien, un doux personnage, généreux et courageux, qui consacra sa vie à faire connaître cette musique qu’il avait chevillée au corps. Son autre passion était la peinture à laquelle il dépensa autant d’énergie que pour la musique, soit en peignant lui-même  –  on a vu quelques unes de ses œuvres exposées notamment à La Cadière – ou en se consacrant à des recherches sur de grands peintres, tout en aidant et promouvant des artistes locaux. Il était le créateur de l’association « Présence André Lhote ».
Après avoir œuvré dans un petit club à Port d’Alon et fondé Jazz Convergences à La Ciotat avec Jacky Ritz en 1990, avoir animé des émissions radio, Jacques Jullien vint s’installer à La Cadière en 1993, où il reprit le Club Jazz Azur pour en faire l’Association Jazz Azur avec Jean Parente (qui décéda quelques semaines avant lui), Anne Marie Politelli qui offrait à chaque concert un repas convivial et savoureux aux musiciens, et l’aide musicale du pianiste-compositeur Stéphane Caplain.
Jacques était venu au jazz en écoutant les disques de jazz New Orleans de son père sur son Teppaz. Puis après avoir reçu le choc de Charlie Parker il se tourna vers le jazz moderne. Vers l’âge de 15-16 ans il venait écouter du jazz dans un petit club de La Ciotat, « Le Stereo ». C’était parti pour la découverte du monde du jazz.
C’est plus de 40 ans de sa vie consacrés à cette musique. En 2016 Il espérait pouvoir fêter ses 30 ans de jazz. On était en pleines restrictions budgétaires. Il n’avait plus que la subvention de la Mairie, grâce au Maire qui le soutenait. Il réussit ainsi, avec aussi l’aide de quelques bénévoles, des amis mécènes et son argent personnel, à fêter ses 30 ans de jazz, avec un concert « chaud » mené par un de ses grands amis, le saxophoniste Daniel Huck, grand swingueur devant l’éternité.
Malheureusement la maladie, les ennuis, l’obligèrent à espacer puis à renoncer à ses activités jazzistiques.
A la Cadière d’Azur, dans la chapelle de la Miséricorde reconvertie en lieu culturel, ainsi que dans d’autres lieux, défilèrent le gratin du jazz du Grand Sud et de grandes vedettes telles par exemple François Méchali, Dave Liebman, Géraldine Laurent..
Jacques, qui avait une douceur féminine, eut à cœur de donner une place de choix aux Jazzwomen, en créant « La nuit du jazz au féminin » à l’ancien Moulin de la Roque, et ce pendant une quinzaine d’années, associant jazz, vin et gastronomie provençale pour le meilleur.
Jacques Jullien savait accueillir tous les spectateurs avec une gentillesse et une joie communicatives, comme s’ils étaient des amis de longues dates.
On se souvient de ses présentations des artistes, un peu trop longues et un peu trop élogieuses parfois, mais elles faisaient partie du spectacle. Et je dois dire qu’elles nous manqueront. Il savait faire de ses concerts, de ses rencontres, un moment de partage unique et chaleureux.
Hélas, Jacques Jullien nous a quittés ce dimanche 17 mai après une longue maladie, qui n’avait épuisé ni son affabilité ni son sourire. C’est tout un pan de l’histoire du jazz dans le Var qui restera dans la mémoire.
Nous présentons nos plus sincères condoléances à sa famille et à ses amis.

Serge Baudot