Hyères – Auditoriums du Casino
Erick BAERT, l’OVNI de l’imitation !

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Par OVNI, il faut lire : «Organe Vocal Non Identifiable» !
Cet OVNI se nomme Erick Baert et je l’ai découvert cet été, alors qu’il passait en première partie de Liane Foly sur la tournée Var Matin-Nice Matin.
Je dois dire – et je j’avais alors écrit –qu’il m’avait scotché par son talent, son énergie, sa voix exceptionnelle et sa façon de mêler les voix des autres aussi différentes que AC/DC et Farinelli, le fameux castrat, Johnny et Christophe, Mike Brant et Serge Gainsbourg, les Bee Gees et Edith Piaf, Joe Cocker et Céline Dion et… 130 autres voix !
Ebouriffant !
Et le public – chose rarement vue – lui faisant plusieurs standing ovations durant le spectacle. Après ça, il fallait du courage à Liane Foly pour passer dernière cette tornade !
Vue la foule qui, après le spectacle, s’agglutinait pour le rencontrer, on se doutait qu’on n’avait pas fini d’entendre parler de lui. Je me demandais même comment, alors qu’il a 40 ans passé, on avait pu aussi longtemps passer à côté d’un tel phénomène !
C’est ce que j’allais lui demander lors de son passage, samedi dernier à l’auditorium du Casino de Hyères qui affichait complet.

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Un grand sourire plein de simplicité nous accueillait et l’on voyait le bonheur sur son visage.
A ma question, il m’explique son cheminement :«C’est entièrement de ma faute car, dès le départ, j’ai travaillé avec des entreprises, j’ai fait des animations dans les casinos. C’étaient des concerts privés, j’y faisais le plein, ça marchait, je gagnais bien ma vie et ça me suffisait. J’ai enchaîné avec des animations de karaoké où je faisais des imitations sur des bandes orchestre.
Quand est-ce que ça a changé ?
J’ai fait l’émission «Graines de stars» que j’ai gagnée trois, quatre fois, je tournais alors avec cinq autres animateurs sous le nom des «Six clones». Là, Michel Drucker m’a remarqué et j’ai fait deux saisons avec lui.
Ça a dû te changer des entreprises ?
Pas tant que ça car avec elles, j’ai fait le tour du monde et j’étais à chaque fois reçu comme une vedette ! Je n’avais pas de rêve de gloire, je gagnais bien ma vie et j’avais créé une personnalisation d’entreprises…
Qu’est-ce que c’est ?
Durant deux jours, je m’immergeais dans l’entreprise avec laquelle je travaillais, je prenais des notes, je m’imprégnais de l’ambiance, des personnages clef et durant la soirée, je consacrais vingt minutes à celle-ci.
Après Drucker, il s’est passé quelque chose ?
Oui. J’ai été approché par Canal + pour les Guignols, par TF1, par «Rires et chansons»…
Et alors ?
Alors… j’ai refusé !
Pourquoi ?
Je ne me sentais pas au niveau, je n’ai pas osé… Ai-je eu tort ou raison ? En tout cas, d’autres ont profité de mes refus !

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Tu ne l’as jamais regretté ?
Non, car c’était mon choix, j’ai refusé en toute connaissance de cause, je ne me sentais pas prêt jusqu’au jour où j’ai enfin pris la décision de me produire seul sur scène. Durant quatre ans j’ai travaillé ma voix quinze heures par jour, toute la semaine. Du coup, j’ai gagné deux octaves et tout a commencé à changer pour moi.
Et tu as fait un carton tout l’été, durant quarante dates avec cette tournée !
Je dois tout à cette tournée. Quand j’ai vu la joie des gens, cet engouement, j’ai vraiment pris confiance en moi. J’ai été très heureux et j’avoue que certains soirs j’en ai pleuré de joie.
Ça a donc été un tournant !
Oui et pour beaucoup de raisons. J’ai compris que  là était ma place, sur scène, devant un public. J’étais mal entouré et j’ai fait le vide autour de moi, j’ai repris ma liberté, ma confiance en moi. J’ai tout changé, jusqu’à ma façon de travailler, de jouer avec le public. Et dans la foulée, j’ai récupéré les musiciens de la tournée qui sont fantastiques !
Donc, aujourd’hui tout va bien ?
Le mieux du monde ! Je suis heureux, je travaille avec ma femme, mes deux filles sont heureuses de ce que je fais… Que demander de plus ?
Tu fais quelques 140 voix, ce qui est déjà extraordinaire. Y en a-t-il qui t’échappent ?
Beaucoup de  voix de femmes car la mienne est très grave. Côté hommes : Freddy Mercury car il a une voix très lyrique, ce que je n’ai pas. J’ai bien essayé de prendre des cours mais d’abord, je n’ai aucune patience et si ça ne marche pas tout de suite, j’abandonne. Et puis, on me l’a déconseillé, au risque de perdre ma propre voix.
Mais bon, ça ne m’empêche pas de dormir, le plus important pour moi est de monter sur scène. Il y a toujours du stress, mais c’est du bon stress et c’est là que je suis heureux».

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Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Patrick Carpentier