Franck Bouysse : Né d’aucune femme. (Ed Audiolib)
Ce roman rural situé en Corrèze au siècle dernier nous projette dans une atmosphère tragique où la vie des femmes à la campagne se révèle comme un véritable combat. Écrit en chapitres dédiés à chaque personnage nous allons écouter le récit de la petite Rose 14 ans élevée à la campagne dans une famille pauvre que chacun va faire revivre et dont nous allons partager la révolte. Ce sont les cahiers de Rose enfermée dans une clinique psychiatrique à 14 ans qui parviennent aux mains du curé de la paroisse et qui va tirer le fil de sa jeune vie pour nous faire vivre les instants dramatiques auxquels elle a été confrontée.
Noir roman mais combien émouvant, bouleversant et magnifique malgré tout ! D’une écriture simple, en phrases courtes l’auteur nous fait pénétrer dans le monde rural où la femme n’a pas de place si ce n’est celle de son exploitation. Dans un discours en prose où chacun va s’exprimer et dialoguer à la première personne rendant le texte extrêmement vivant dans un style simple et émouvant.
Une merveille d’émotions partagées dues à ce jeune auteur incrusté dans sa Lozère natale et dont il nous fait partager la rudesse des caractères et la beauté des paysages. Il écrit avec son cœur, avec ses tripes et nous entraine dans le tourbillon de la vie de la petite Rose.
Sylvain PRUDHOMME : Par les routes (Ed : l’arbalète Gallimard – 296 pages)
Quand Sacha s’installe à V. dans le sud de la France pour écrire avec calme, il est loin de se douter qu’il va retrouver celui qui n’aura d’autre nom que l’autostoppeur. Désormais avec femme et enfant, l’autostoppeur lui ouvre les bras et l’accueille avec joie comme un frère bien aimé.
Tout est merveilleux, l’ambiance est excellente, l’entente parfaite. Seulement l’auto-stoppeur s’absente et parcourt les autoroutes en faisant du stop, un auto-stop bien particulier car il noue de véritables relations avec les conducteurs qui veulent bien l’embarquer, cela semble faire partie de son équilibre. Il multiplie les rencontres, transmet son itinéraire et ses émerveillements à sa famille, tout semble parfait. Les retours sont sources de joie et d’exubérance. La France est grande, aussi après les autoroutes, l’autostoppeur sillonne les routes nationales, puis les départementales, enfin les vicinales, le rythme s’accélère. Chaque absence de plus en plus longue est compensée par des cartes postales, des photos, des clins d’œil humoristiques sur les noms des lieux-dits comme Soupir, Survie, -Mer-Port, Trève, Simple-Les Rousses, Abondant, Vif.
Mais qu’en pensent ceux qui restent à V. et se voient, s’entraident, se réconfortent, s’interrogent, se rapprochent et finalement commencent à douter du retour de l’autostoppeur. Cette quête aura-t-elle une fin ?
Elle en aura une sublime que je vous invite à découvrir dans ce roman inédit, enchanteur et magnifique. Pour le lecteur plus réaliste et terre à terre, la vie qu’impose l’autostoppeur à sa famille peur réduire la séduction de ce livre.
A chacun de se faire son idée !
Catherine POULAIN : Le cœur blanc ( Edition de l’Olivier – 255 pages)
Après «Le Grand Marin», premier roman très puissant sur le monde de la pêche hauturière en Alaska, Catherine Poulain écrit sur un monde qu’elle connait bien, celui des ouvriers saisonniers en Provence. Différemment, la vie y est rude, et Rosalinde, la belle et mystérieuse allemande aux cheveux roux flamboyants, attire les hommes ; son indépendance, son passé intriguent ceux qui se retrouvent pour la cueillette des cerises, des abricots ou de la lavande.
Les hommes et les femmes travaillent dur, affrontent la chaleur, la rigueur du froid et se réconfortent le soir au bar pour une, deux, trois bières, et oublient l’insupportable. La galerie de portraits est saisissante, Mounia l’impatiente, la fille du harki qui cherche sa terre et regarde l’avenir avec Rosalinde, Cesario qui chante la saudade en pensant à sa terre natale le Portugal, Accacio, violent et déjà propriétaire de l’indomptable Rosalinde, Paupières de plomb et le Gitan les caïds du village aux intentions sournoises et malveillantes.
Mais Rosalinde n’appartient à personne, elle court, fuit en avan,t suivie toujours de son fidèle chien errant. Et c’est cette course, cette fuite que Catherine Poulain décrit avec force et un sentiment d’urgence. Car de saison en saison la pression monte, monte, la chaleur annonce l’explosion et le drame.
L’auteuer connait bien ce monde divers souvent fracassé, un monde démuni, secret, travailleur, assoiffé, rêveur, violent. C’est un roman qui impressionne par la force, la volonté de survie, la pugnacité de Catherine Poulain, juste une femme face aux réalités de la nature du monde végétal ou animal.
Charles BOTTARELLI : Les dames de la Bartavelle (Ed. de Borée – 191 pages)
La Bartavelle c’est la propriété viticole dont Alexandre Brémond a hérité à la mort de son père dans les années trente dans la région de la Londe et qu’il fait fructifier au sein d’une famille aimante. Il est aidé d’une épouse ouverte aux travaux agricoles et qui impulse un mouvement de libération de la femme avant l’heure. Le travail, l’amour, la famille et les petites gens de l’entourage font prospérer le domaine dans une région où les émigrés italiens arrivent poussés par l’Histoire et Mussolini.
La suspicion s’installe,le rejet ou l’accueil bienveillant s’affrontent c’est le sujet de ce roman régional écrit par ce Provençal de Charles Bottarelli qui réveille ses souvenirs de jeunesse et démontre que les grandes idées actuelles étaient déjà présentes.
Les locaux retrouveront des lieux et des faits connus