NOTES de LECTURE

arnaud bannalec

Alain ARNAUD : le vieux pressoir (Ed.BoD)
Ce deuxième roman de cet auteur hyérois laisse présager d’une belle place littéraire dans le monde du roman. Situé en Provence dans la région de Hyères –Toulon l’intrigue met en scène une femme, Mylène, la quarantaine, mère d’une ado et perturbée par le comportement d’un mari à problèmes dont elle cherche à démêler les tourments d’un passé qui les a conduit à la rupture. Elle revient sur des moments étranges situés tant en Provence qu’à Paris ou en Turquie.
De belles évocations, des  paysages fabuleux, du mystère captivent le lecteur et maintiennent un suspense jusqu’au dénouement inattendu. L’histoire bien menée, le style fleuri et nuancé maintiennent le lecteur en haleine. Bonne lecture, que laissait présager la couverture pleine de malice.
Jean-Luc BANNALEC-  Les disparus de Trégastel  (Ed Presses de la Cité – 385 pages)
Une enquête du Commissaire Dupin.
L’auteur utilise un pseudo et est en réalité allemand. Ses livres ont pour cadre la Bretagne.
Le commissaire Dupin est en vacances près de Paimpol, avec sa femme médecin. A son grand désespoir, il est sommé par son médecin de se reposer et de ne pas penser au travail. Mais une jeune femme résidant dans le même hôtel que lui disparaît.
Le voilà parti à enquêter discrètement avec l’aide d’autochtones.
Interrogations et réflexions du commissaire qui va rester dans l’ombre.
Roman policier gentillet qui nous plonge au cœur de la Bretagne.

Demongeot Zidi-en-toute-discretion

Mylène DEMONGEOT : Très chers escrocs… (Ed l’Archipel – 224 pages)
Elle a toujours appelé un chat un chat. Ça ne lui a pas toujours été bénéfique d’ailleurs mais Mylène Demongeot est tout d’une pièce et ce n’est pas aujourd’hui qu’elle va changer.
On ne compte plus les succès cinématographiques qu’elle a accumulés durant une immense carrière, depuis ses débuts dans «Les sorcières de Salem» jusqu’à «36, quai des orfèvres» entre autres.
Elle fut longtemps notre voisine à Porquerolles où elle a vécu jusqu’à la mort de son mari Marc Simenon. C’est d’ailleurs lorsqu’elle l’a rencontrée qu’elle a décidé de s’éloigner des plateaux pour vivre sa vie de femme au bord de l’eau avec ses animaux car, comme BB, elle milite beaucoup pour eux.
Entre temps, elle a écrit de nombreux livres sur divers sujets, sa vie, sa carrière, ses animaux. Et lorsqu’on la connait et qu’on la lit, on la retrouve tout entière dans ses écrits plein d’énergie, de vérité et ce n’est pas son dernier livre qui me démentira.
Remontons à 2012 où elle découvre avec horreur que cet homme à qui elle avait fait confiance, son conseiller en patrimoine, a détourné ses économies à son profit pour la laisser littéralement sur la paille.
Et c’est une bataille juridique qui commence, qui va durer six ans avec des hauts et des bas qui va l’épuiser mais qu’elle va en partie gagner. Le procès s’est ouvert en septembre.
Elle nous raconte donc cette dramatique aventure avec sa faconde et l’on suit ses péripéties comme un thriller passionant.
La seconde partie est plus anecdotique puisqu’elle évoque quelques arnaques célèbres que l’on connait pour avoir été largements diffusées sur tous les médias. C’est donc moins passionnant malgré quelques conseils de prudence qu’elle nous donne.
Mais ça se lit avec plaisir.
Vincent CHAPEAU : Claude Zidi en toute discrétion (Ed Hors Collection – 380 page)s
Ce n’est pas vraiment une biographie que ce livre dédié à Claude Zidi car si Claude est un réalisateur talentueux, recordman des entrées en salles, champion du box-office, il n’en est pas moins un homme d’une grande discrétion. A tel point que lorsque Vincent Chapeau lui a proposé d’écrire sa bio, il ne voulait pas en entendre parler et qu’une fois accepté le principe, après que l’auteur l’eut bien tanné, il a posé ses conditions : il ne sera aucunement question de parler de sa vie privée, challenge que Chapeau a accepté et il faut avouer qu’il a dû prendre des chemins de traverse en consultant les archives cinématographiques, en lisant nombre de bios d’artistes et techniciens qui parlaient de lui, en allant lui-même à la pêche aux infos.
En fait c’est une bio sans en être une, le fil rouge restant bien sûr Claude Zidi lorsqu’il voulait bien s’épancher mais c’est surtout une histoire de cinéma sur plus de 50 ans car il faut remonter aux années 60 pour commencer à entendre parler de l’homme au 80 millions d’entrées qui a démarré comme chef op’, caméraman et bien d’autres métiers du cinéma. Il a ainsi collaboré avec Demy, Mocky, Varda, Chabrol, Clair et quelques autres avant de s’engager sur la route des Charlots dix ans après, avec le succès que l’on sait.
Si l’on en apprend peu de l’homme, on découvre une période du cinéma français où tout explosait, où les comédies fonctionnaient, où il n’était pas si difficile de faire des films, une période faste, ludique, où triomphaient de Funès, Girardot, Birkin, Pierre Richard, Belmondo, Coluche, Lhermitte, Noiret dans des films drôles et populaires et où Zidi et Oury «se tiraient la bourre» avec des millions d’entrées !
Vincent Chapeau a bien travaillé, allant rencontrer comédiens, techniciens, producteurs, scénaristes pour parler de Zidi puisque celui-ci était avare de confidences. D’ailleurs, après avoir lu ce livre passionnant, si l’on en apprend beaucoup sur 50 ans de cinéma français, on n’en n’apprend pas beaucoup sur cet homme discret, secret même, qui protège sa vie et sa famille jusqu’au point de choisir une photo de couverture du livre… où on ne le voit pas !
Il est l’homme de l’ombre dans toute sa splendeur mais qui a su mettre en lumière des tas d’artistes qui lui doivent leur plus belles pages cinématographiques comme la série des bidasses et des Charlots, «L’aile ou la cuisse», «Les ripoux», «La zizanie», «L’animal», «La moutarde me monte au nez», «Les sous-doués», «Asterix et Obélix» et bien d’autres films à succès sans compter les scénarios écrits pour d’autres.
Une carrière incroyable pour cet homme qui, aujourd’hui à plus de 80 ans, et est un peu revenu du cinéma d’aujourd’hui et qui préfère se consacrer à sa famille.

Sagan Blondel

Françoise SAGAN : Les quatre coins du cœur (Ed Plon – 202 pages)
Nous sommes en Touraine où vit la famille Cresson. Le père, Henri, a fait fortune dans le cresson et les pois chiches. Son seul fils, Ludovic, a été grièvement blessé dans un accident de voiture alors qu’il était passager dans la voiture de sport conduite par sa femme Marie Laure.. Il est resté dans le coma puis a été hospitalisé de nombreux mois placé sous des médicaments qui ont pu laisser croire qu’il était fou. Il vient de rentrer à la propriété familiale. Outre son père, il retrouve sa belle-mère, Sandra, la deuxième épouse d’Henri que celui-ci n’aime plus. Il y a également le frère de celle-ci, Philippe qui ne travaille plus et squatte la demeure de famille. Enfin il retrouve sa femme mais Marie Laure ne supporte plus son mari qu’elle traite de débile et auquel elle se refuse désormais
Seule Fanny Crawley, la mère de Marie Laure, veuve, présente un peu de compassion pour Ludovic. C’est sous son influence que Henri a fait sortir Ludovic de l’hôpital. Elle vient à la Cressonnade rendre visite à sa fille. Elle est sollicitée pour organiser une réception au cours de laquelle Ludovic  devrait retrouver sa place dans la société. Son arrivée va mettre en émoi ce petit monde bourgeois dont les membres vivent l’un à côté de l’autre sans communiquer.
Une histoire banale, des personnages peu intéressants. Françoise Sagan était-elle sans inspiration quand elle a écrit ce roman ?
Dans la préface, Denis Westhoff, fils unique de Françoise Sagan et dépositaire de sa succession, indique avoir lui-même repris et corrigé le texte dont le manuscrit retrouvé deux à trois ans après l’acceptation de la succession  était  privé de certains mots, parfois de passages entiers» et être passé outre à l’avis de l’éditeur Jean Marc Roberts, qui lui avait déconseillé de publier le texte inachevé et incohérent.
Le lecteur comprend que ce texte rédigé en fin de vie par Françoise Sagan, alors qu’elle était en proie à d’importants problèmes financiers et qu’elle reconnaissait elle-même avoir perdu tout goût de l’écritur,e aurait dû rester dans le carton où il se trouvait.
Jean –Philippe BLONDEL  (Ed Buchet–Chastel – 266 pages)
L’auteur, lui-même professeur, père de deux enfants, nous raconte l’histoire d’une bande d’enfants et de leurs parents, des enseignants du primaire, habitant un groupe scolaire en province.
Les parents sont empêtrés dans leur vie familiale et s’endorment sur leurs lauriers. L’Éducation Nationale leur envoie un «prof innovateur» qui pour eux ne peut être qu’une taupe. La taupe va faire bouger les choses mais pas qu’à l’école.
Tableau d’une époque révolue dans un monde en pleine mutation.
Une chronique des années 70 réjouissante, riche d’événements et de traditions oubliées.
Une chronique douce amère emprunte de tendresse et d’émotions.
Une fine analyse d’une société où la jeunesse est prête à prendre le relais de leurs ainés.

B A

Miriam TOEWS : Ce qu’elles disent (Ed Buchet Chastel – 225 pages)
Traduit de l’anglais (Canada) par Lori Saint Martin et Paul Gagné
Une communauté mennonite installée en Bolivie depuis 1950 a été bouleversée par une série de viols commis par des membres de cette même communauté, obligeant pour la première fois la police et la justice à intervenir.
L’auteur elle-même élevée dans les principes de la religion protestante dénonce l’horreur subie par ces femmes paralysées par un anesthésiant vétérinaire à la belladone. Et c’est en donnant la parole  à ces femmes sur trois générations, femmes se référant continuellement à la Bible qu’elles s’expriment, doutent, se mettent en colère, jurent, hésitent sur le sort réservé aux hommes qui vont revenir au village. C’est un grand moment d’inquiétude, de questionnement, de sororité avec l’auteur. Partir ? Fuir le monde des hommes violents, arrogants, méprisants ? S’affranchir du carcan de la religion ? Que deviendront-elles dans un monde dont elles ignorent le fonctionnement ? Qu’adviendra-t-il des jeunes garçons adolescents ? C’est une cacophonie orchestrée par Gus l’instituteur lequel recueille tous leurs propos et se permet quelques apartés.
Il est rare de lire un livre si poignant et réaliste. Le lecteur plonge dans un monde parallèle dont les règles sont celles de Dieu, il y a donc de la stupéfaction, du rejet puis de la curiosité pour ces mennonites s’exprimant toujours dans un dialecte germano-hollandais, durs travailleurs de la terre et malgré leurs différences bien acceptés par les boliviens.
Sébastien SPITZER : Le cœur battant du monde (Ed  Albin Michel – 445 pages)
Sébastien Spitzer s’est emparé de l’histoire de Karl Marx, réfugié à Londres où il rédige à la petite semaine son grand et révolutionnaire ouvrage « Le Capita »l. Nous sommes en 1850, le peuple souffre, travaille dans les usines, surtout le coton récolté dans les états du sud des États Unis. Tout irait bien si la guerre de Sécession ne venait troubler cet équilibre. Le sud perd la guerre et ses esclaves, le coton n’est plus récolté, c’est la crise, les filatures anglaises ne sont plus approvisionnées, les usines ferment, c’est la grande misère.
Une jeune femme Charlotte prend en charge un enfant illégitime ; irlandaise, elle attend le retour de son mari parti en mer mais jamais revenu. Cet enfant recueilli, Freddy, sera son salut, c’est le fils miracle, mais d’où vient-il ? Quel est son père ? il y a bien un mystère autour de cet enfant qui grandit, dévoué corps et âme à sa mère. Mais comment l’élever sinon en accueillant régulièrement des hommes plus ou moins généreux. Le mystère s’épaissit quand Freddy devient l’objet de surveillance. Il y a Engels, l’ami argenté de Marx, bourgeois co-auteur avec lui du Manifeste du parti communiste, Malte le médecin accoucheur pourvoyeur de petites pilules euphorisantes, Karl Marx le maure ainsi désigné à cause de son teint sombre et sa chevelure et sa barbe très noires, sa femme la riche et hautaine baronne von Westphalen et leurs filles, tous ces personnages sont liés autour du mystère de la naissance de Freddy. Et avec les années qui passent Freddy devient l’objet d’une chasse à l’homme car il a la mauvaise idée de trop ressembler à son père.
Sébastien Spitzer offre au lecteur une peinture réaliste de l’extrême précarité des ouvriers, de la guerre ouverte entre les irlandais nationalistes écrasés sous le joug de la Grande Bretagne, des idées de l’exploitation du capitalisme sur les classes populaires développées par Marx et Engels. Cette fresque bien documentée manque parfois de cohérence ou de vraisemblance, les raccourcis historiques notamment nuisent à l’unité du roman, c’est toutefois une lecture agréable.

HUSTVEDT Fregni

Siri HUSTVEDT: Souvenirs de l’avenir (Ed Actes Sud – 325 pages)
Traduit de l’américain par Christine Le Bœuf.
L’auteure, la soixantaine est amenée à s’occuper de sa mère dont la mémoire flanche et qu’elle va placer dans une maison de retraite. Elle  range, trie ses papiers, ses propres souvenirs et se confronte à son passé de jeune fille intellectuelle de vingt-trois ans dans les années 78 à New York et à ce qu’elle était à cette époque. Elle retrouve ses bonheurs mais aussi ses révoltes contre la violence des hommes ; les changements insidieux  qui la font s’égarer par rapport à ce qu’elle est devenue. Elle nous fait traverser ses fantasmes, ses doutes, ses idées et leurs contraires à travers tout ce que la mémoire transforme et déforme. Étrange livre sur la mémoire et les cheminements ou tout existe et son contraire un peu comme ce titre véritable oxymore.
La lecture est un peu laborieuse dans l’enchevêtrement des récits, des narrations, alternant entre passé et présent, écrits de carnets et ébauches de dialogues ou de monologues délirants. Le livre est d’ailleurs écrit en polices différentes, adapté aux méandres de l’esprit de  l’auteure et même entrecoupé de dessins, d’ébauches sommaires et très aériennes.
C’est un passé recomposé pour un avenir où tout est remis en question.
René FREGNI : Dernier arrêt avant l’automne (Ed Gallimard – 165 pages)
Retrouver René Frégni à travers ses romans est toujours un plaisir renouvelé tant il est imprégné de cette haute Provence qu’il aime et qui l’inspire. Et ce n’est pas ce dernier roman paru chez Gallimard «Dernier arrêt avant l’automne» qui fera exception à la règle car à travers son intrigue «son pays» est là, omniprésent. D’ailleurs tout commence par là…
Le narrateur, un écrivain (?) en manque d’inspiration et d’argent, répond à une annonce qui recherche un gardien dans un monastère.
Un monastère inhabité depuis longtemps, quelque peu délabré avec un terrain en friche.
Mais il accepte l’offre sans avoir vu le richissime et mystérieux propriétaire qui lui verse royalement mille euros par mois sans jamais demander des comptes.
Dès son installation précaire, il retrouve avec délice et nostalgie, la nature qu’il hume, qu’il admire, qu’il vit au jour le jour tout en jardinant et bricolant dans une solitude salutaire, avec pour tout compagnon un chaton qui est venu s’installer chez lui et avec lequel une grande tendresse va naître. Il le baptise Solex car il ronronne comme un vélomoteur.
Les souvenirs d’enfance remontent à la surface et il retrouve la paix, la sérénité. L’inspiration peut-être ?
Jusqu’au jour où, débroussaillant les tombes des moines, il découvre une jambe humaine.
En quelques secondes, il bascule dans l’horreur et la peur, prévient les gendarmes mais décide malgré tout de rester au domaine.
Qui est le cadavre dont on ne trouve plus la jambe qui a entretemps disparu ?
Qui est le meurtrier et rode-t-il autour du domaine ?
Par son écriture imagée et poétique, René Frégni nous balade dans cette nature qui commence à sentir les prémices de l’automne. On y navigue avec lui en toute sérénité jusqu’au moment où le roman bucolique devient un thriller  jusqu’au coup de théâtre final inattendu.
Une belle plume que celle de René dont on sent tout l’amour qu’il porte à sa Provence qu’il décrit par de belles envolées lyriques et qui nous entraîne dans cette aventure pas banale, empreinte de suspense.

Musso 2 Perez reverte

Valentin MUSSO : Un autre jour (E. le seuIl – 311 pages)
Adam Chapman architecte de 41 ans est dévasté quand il apprend que son  épouse vient d’être violée et assassinée sur la plage où elle avait l’habitude de faire son jogging matinal.
L’enquête se met en place : Le drame se déroule en cinq actes. Au premier le décor les personnages sont posés : le mari, les parents, la sœur, tous effondrés, sont campés.
Puis l’époux  Adam se démarque, impressionné par des évocations, des confusions, des sentiments issus du réel et de l’irréel.  Il s’égare  et se perd dans une situation instable.
La perte de la notion des jours, des souvenirs, des épisodes vécus ou non le rend fragile et suspect. Entre alors en lice l’action de la police, des médecins, psy et autres et tout s’emballe. Renversement de la situation pour aboutir à une fin…  renversante !
C’est le thriller, le suspense généré par l’étrangeté des évènements. Suite à un épisode somme toute assez banal de meurtre sexuel, on aboutit à une intrigue bien menée qui rend le roman passionnant et inattendu. Grâce à une écriture fluide et sans détour on est porté par l’action même si les personnages manquent un peu de consistance au début.
Arturo PEREZ REVERTE : Eva, Une aventure de Lorenzo Falco (Ed.Seuil – 405 pages)
Eva est le deuxième épisode d’une suite romanesque consacrée par l’auteur à l’agent secret Lorenzo Falco durant la guerre civile espagnole. Falco a la petite quarantaine, dandy gominé et sanglé dans son costard  à rayures. Il traverse des péripéties houleuses alors qu’il se trouve à Tanger dans les années 35-40 aux prises avec les malfrats des bas-fonds marocains qu’il doit convaincre de trahir afin de récupérer le chargement d’un cargo républicain transportant trente tonnes d’or via l’Union Soviétique.
Toujours invaincu il les écrase tous comme il séduit toutes les femmes et les met dans son lit.
Roman très stéréotypé et daté dans l’époque des années quarante, l’atmosphère est parfaitement rendue avec tous les poncifs des gros machos et des malfrats guindés. Toujours très bien écrit, très enlevé mais on a de la peine à y croire et à éprouver une quelconque empathie pour ce Falco brutal, violent et fourbe.

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Jean LE GALL : L’île introuvable (Ed.Robert Laffont – 420 pages)
Quand un éditeur et directeur de collection prend la plume pour dresser un état de la littérature contemporaine, cela donne  L’île introuvable».
Un lecteur, naïf et confiant, penserait trouver dans ce roman matière à s’évader d’un quotidien routinier. A tort ! Sous ce titre, prometteur d’aventure, se cache, à notre grand désarroi un plaidoyer pour sauver le monde de l’édition et ses écrivains de la médiocrité ambiante.
«Le roman d’aujourd’hui n’est pas si mauvais en somme, c’est le choix des lecteurs qui est catastrophique» écrit Jean Le Gall. Dont acte !
Une intrigue existe cependant dans ce récit, mais nous laisse perplexe. Sans doute faudrait il reprendre notre lecture, la dernière page tournée (énigmatique elle aussi dans sa formulation) : «Alors dites moi ce qui distingue ce roman, ce qu’il apporte à la littérature.
-Ah la littérature !
-…Oui ?
-La littérature… mais la littérature ma chère…» en sont les dernières phrases.
Nous comprendrons que ces réflexions s’adressent désormais à un public averti, réservé aux gens de lettres, dotés de références littéraires.
Le lecteur lambda s’ennuiera donc et passera certainement à coté des critiques, citations et anecdotes évoquées dans le roman, qui peuplent le monde des écrivains.
De ces quatre cents pages, il reste néanmoins les personnages. Au nombre de trois, pour les principaux, nous retiendrons Olivier Ravanec, journaliste et écrivain, en mal de créativité après avoir connu un premier succès. Puis Dominique Bremmer éditrice à forte personnalité. Enfin Vincent Zaïd amant de Dominique, sorte de voyou, roi de la nuit, collectionneur de femmes et riche à millions.
Jugé et emprisonné, pour meurtre, Vincent laissera le champ libre à Olivier, qui à son tour, deviendra l’amant de Dominique.
Rien de plus simple en apparence, une histoire d’amour à trois, avec, en prime, le récit de la vengeance du truand qui voudra perdre et éliminer son rival et sa maîtresse sur L’île introuvable» où il a trouvé refuge.
Mais qui l’eut cru, l’abominable Vincent Zaïr, en prison, se sera pris d’affection pour la littérature, tout particulièrement pour le roman d’Alexandre Dumas dont il possède une bibliothèque entière remplie de toutes les éditions du « Comte de Monte Cristo » !
Il aura fallu beaucoup de vigilance pour suivre l’intrigue de ce roman ou finalement seuls comptent les exercices de style (digressions jeux de mots et ruptures de rythme) et les idées sur la politique culturelle française d’un professionnel de l’écriture.
Surprenant, inclassable et résolument déstabilisant !
Eric-Emmanuel SCHMITT : Journal d’un amour perdu (Ed Albin Michel – 256 pages)
Éric Emmanuel Schmitt publie un ouvrage tiré du journal qu’il a tenu pendant les deux années qui ont suivi la mort brutale de sa mère Jeannine, à l’âge de 87 ans, dans son appartement lyonnais. Il nous fait partager cette période douloureuse de son existence et se livre entièrement au lecteur sans fausse pudeur.
On découvre l’amour exclusif, quasi fusionnel qui l’unissait à sa mère. On s’émerveille de la relation exceptionnelle qui existait entre ces deux êtres. On comprend la détresse intime, le cafard, les envies suicidaires, les larmes de cet homme. On le suit pendant sa dépression. Ce fils orphelin s’est autorisé à vivre pleinement son chagrin, à se réfugier pendant de longs mois dans le souvenir de cette mère «solaire» qui a illuminé sa jeunesse. Elle lui a transmis le culte des arts, de la littérature, le goût des voyages, le sens de l’humour, l’amour des chiens et une bouche pour la gastronomie. Depuis l’enfance, sa vie grandissait du récit qu’il lui en faisait quotidiennement. Il a continué de lui parler dans son journal. Il fallait qu’il sorte de sa dépression en mémoire de cette mère qui lui a tant donné car comme dit Alain : «Ce qu’on peut faire de mieux pour ceux qui nous aiment, c’est encore d’être heureu ». Il est donc revenu à la vie par son travail d’écrivain et sa passion pour le théâtre.
Deux ans après la disparition de sa mère, l’auteur décide de faire un livre de son journal de deuil qui ne parle pas de lui mais de nous tous, confrontés aux mêmes épreuves, un jour où l’autre, avec la perte de nos parents. Car si l’écrivain n’a pas le pouvoir de ressusciter les êtres, il peut leur rendre la vie par les mots.
La forme du journal est originale. Avec une tendresse infinie et un talent délicat, l’auteur alterne de belles et profondes réflexions, brèves et isolées, que l’on a envie de noter, des questionnements sur le sens de la vie et de la mort et le récit des évènements. C’est un hymne à la vie.« Guérir du chagrin, c’est donner un autre statut à ses souvenirs, c’est enrichir ce qui est présent de ce qui a été. » dixit l’auteur.
Un livre beau et puissant.

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les Mondes Magiques d’Okel (Ed les rêves d’Ily)
En ces fêtes de fin d’année, pléthore de livres pour enfants sortent dans toutes les maisons d’édition.
Nous avons choisi une jolie collection, «Les mondes magiques d’Okel», Okel étant une petite fille qui se projette dans  des aventures surprenantes, des mondes magiques que sont ses jouets.  Des histoires drôles, farfelues, des personnages loufoques qui entraînent les enfants dans un monde intemporel et que même les tout petits apprécieront… si tant est que leurs parents voudront bien les leur raconter. C’est une collection imprimée en France qui comprend déjà quatre petits livres, tous plus beaux les uns que les autres, dont les histoires sont écrites par Fatiha Messall et les très belles illustrations sont signées Johanna Crainmark.
En voici deux : «La princesse Tralala et la sorcière Ras-le-Bol» qui entraîne Okel dans un monde aventureux avec une jolie princesse magicienne et une sorcière pas très futée.
«La guerre des peluches» Okel va se retrouver à devoir sauver des peluches qui sont prisonnières d’un extra-terrestre nommé Frisbi. Seul un magicien peut l’aider, encore faut-il qu’elle le trouve.
Grâce à Fatiha et Johanna, faites entrer vos enfants ou petits enfants, dans le monde magique d’Okel, un nouveau petit personnage bien sympathique.