Max BOUBLIL – Anthony MARCIANO… Retour à l’adolescence

7

Je garde un souvenir impérissable de ma première rencontre avec Max Boublil, qui fut la dernière du Festival TV de la Rochelle 2018, alors que le festival était terminé et que nous étions tous sur le départ, le dimanche matin.
Nous avions rendez-vous vers 10 heures à son hôtel mais un malentendu avec l’attachée de presse faisait que la rencontre avait été annulée alors que je n’avais pas été prévenu. J’eus la chance de l’attraper au vol dans le hall de l’hôtel. D’abord surpris, comme c’est un garçon charmant et conciliant, il me dit tout de go : «On va petit-déjeuner sur le port». Et voilà que le réalisateur Frédéric Hazan vient nous rejoindre. J’en aurai donc deux pour le prix d’un !
Ce que je n’avais pas prévu c’est que d’abord, l’interview tournerait à la franche rigolade et qu’en plus elle durerait jusqu’en début d’après-midi ! Ce fut l’interview la plus longue, la plus sympathique et la plus déjantée que je fis en 50 ans de carrière.
Alors, lorsque j’apprends qu’il vient au Pathé la Valette présenter son dernier film «Play» avec son complice et coréalisateur Anthony Marciano, je me demande s’il se souviendra de cette folle rencontre rochelaise… Et il s’en souvient jusqu’à la raconter aux journalistes présents à cette nouvelle rencontre !
Voilà pour l’anecdote. Passons donc à ce film que nous avons vu en avant-première et qui ne sortira que le 1er janvier.

6
5 4
Max et ses potes – Avec les deux femmes de savie : Alice Isaaz & Camille Lou

Depuis l’âge de 13 ans, alors que ses parents lui offrent une caméra, Max ne cessera de filmer tout et n’importe quoi, inventant des histoires, racontant ses copains, ses amours, ses emmerdes. Bref, tous les événements que vivent tous les ados, tranches de vie toujours nouvelles comme les manifs, le bac, les boums, les vacances, les succès, les échecs, les histoires d’amour qui finissent bien ou mal.
C’est en fait une chronique au jour le jour d’un groupe de potes potaches et ça va durer 25 ans !
Cela donne un film tendre et fou, drôle et émouvant, à l’image de nos deux complices où le fil conducteur est en fait leur histoire de France dans les années 90/2000. L’originalité vient du fait que le tiers du film est tourné comme les films d’amateur de l’époque jusqu’à devenir plus professionnels au fur et à mesure qu’on avance dans le temps avec en voix off celle du «filmeur» qui s’appelle comme par hasard Max.
Max, le vrai, et Anthony qui ont mêlé leurs souvenirs, leurs problèmes, leurs préoccupations et en fait on se rend compte que de décennie en décennie, les sujets préoccupant les ados sont éternels et universels. En guest stars, on retrouve  de beaux comédiens comme Alain Chabat et Noémie Lvovsky qui jouent les parents de Max.

Le grand Max et le petit Anthony en sont à leur troisième collaboration, après «Les gamins» et «Robin des Bois, la véritable histoire»
«Ça fait longtemps que vous vous connaissez tous les deux ?
Anthony : Ça fait 15 ans
Max : Ca fait trop longtemps ! Je l’ai connu en même temps que ma compagne. D’ailleurs, à force, je finis par les confondre !
Bon, ça part bien mais essayons de rester sérieux (grands rires !) d’où vous vient l’idée de ce film qui est un peu un OVNI ?
Anthony : Nous avions besoin de revivre notre jeunesse avec une certaine nostalgie, de faire une forme immersible, comme pour la revivre de l’intérieur et la rendre la plus réaliste possible.
Notre but était d’en faire l’objet d’une vraie vidéo sur la vie d’un petit groupe où tout le monde peut s’y retrouver avec émotion.
Max : On a fait le film qu’on avait en tête et finalement, toutes les générations s’y retrouvent, même ceux qui sont plus vieux ou plus jeunes que nous. D’ailleurs, aux projections, les spectateurs de tout âge viennent nous dire : «Ca nous parle parce qu’on a tous vécu, les problèmes d’ados, la famille, les relations amoureuses, l’école… ». En fait, nous passons tous par là.

MAX BOUBLIL 3

A votre âge, c’est drôle que vous soyez si nostalgiques !
Max : Pas besoin d’avoir vécu la même époque et d’être âgé pour l’être. Qui n’est pas nostalgique de ses 18 ans ? C’est un sentiment qui parle à tout le monde. On évoque une vie qui parle à toutes les vies…. Ah, j’aime cette phrase, il faut que je la retienne !
Comment avez-vous travaillé sur le scénario ?
Max : Nous avons chacun écrit notre histoire et nous nous sommes rendu compte que nous avions le même âge, que nous avions donc vécu la même époque et surtout vécu les mêmes choses. Du coup, tout ce qu’on raconte est vrai, même si c’est un peu romancé.
Anthony : A un moment, nous avions tellement de choses que nous avons dû faire un tri, en couper beaucoup dont des séquences d’ados ou des choses plus graves comme les événements de Charlie ou du Bataclan. Nous avons pensé que c’était un peu indécent d’en parler dans une comédie et ça alourdissait le propos du film.
Vous avez quand même gardé la séquence où l’on voit Notre Dame…
Max : Nous nous sommes posé la question mais nous nous sommes dit qu’elle serait reconstruite, qu’elle y était avant nous et qu’elle y serait après.
Max, comment as-tu fait pour trouver un ado qui te ressemble à tel point ?
Lorsqu’Anthony m’a présenté Alexandre Desrousseaux, je n’y ai pas cru une seconde : il était blond aux yeux bleus ! Mais une fois avec la perruque et les lentilles, j’ai été bluffé. Il a même ma démarche et ma voix… car je ne le double pas ! C’était hallucinant.
Anthony : Le casting a été difficile. Il a duré six mois
Les deux filles qui jouent celle qui est amoureuse de Max (Alice Isaaz) et sa femme (Camille Lou), se ressemblent… à tel point qu’à certains moments on peut les confondre. Est-ce que c’est intentionnel ?
Anthony : Vous trouvez ? Au départ je voulais qu’il y ait une brune et une blonde et j’aurais dû garder cette idée car ce que vous dites ne m’arrange pas !
Max : Finalement ce n’est pas grave, ça prouve que Max est attiré par le même type de fille.
Y aura-t-il une suite et toi, Max, pourrais-tu la réaliser ?
Anthony : Il lui faudra mon autorisation !!! Ceci dit, je pense qu’il serait un bon directeur d’acteur mais il faudrait qu’il s’organise dans sa tête car il aurait du mal à gérer une équipe de techniciens !

MAX BOUBLIL

(Max opine et rit) : J’aimerais bien mais je ne me sens pas encore prêt
Dans le film, qui tourne les premières séquences ?
Max : En dehors d’Anthony qui est le réalisateur, c’est le chef opérateur, qui a fait les images du début, ce n’est pas moi, il n’y a que la voix off qui est la mienne.
Ce doit être difficile pour un professionnel de tourner des scènes… mal tournées !
Anthony : Oui, c’est très difficile de tourner contre nature. Il a eu beaucoup de mal mail il a fait un travail extraordinaire.
Pourquoi avoir appelé le film «Play» ?
Parce que c’est le bouton qui démarre la caméra. Le but était de pouvoir appuyer sur «play» pour pouvoir revoir les images autant de fois qu’on le voulait.
Avez-vous toujours envie de travailler ensemble ?
Max : Oui, nous faisons chacun des choses à côté mais nous nous retrouvons toujours pour des projets en commun. Nous avons toujours travaillé ensemble. La preuve : nous sommes déjà sur un autre projet.
Anthony : On aime travailler ensemble, on se connaît bien et on se comprend très vite. Beaucoup de choses nous rapprochent et il nous semble logique de travailler ensemble.
Le film sort le 1er janvier. Pourquoi en faire la promo si tôt ?
Anthony : Nous voulons montrer le film le plus possible car le sujet est très particulier et nous aimerions qu’il trouve son public et que celui-ci comprenne et aime notre démarche.
Max : c’est pour cela que nous nous y prenons à l’avance, pour que les gens en parlent, nous sommes ravis des premières réactions et même surpris car nous n’avons jamais connu une telle chaleur. Le public est remué, ému car tous ont vécu un ou plusieurs moments du film.
Et en fait, c’est ce que nous espérions».

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Patrick Carpentier