TF1 – « Demain nous appartient – Tir groupé
La Rochelle, épisode 2

C

Vanessa DEMOUY
Avec Vanessa, des liens se sont créés entre nous depuis 2005, en tournées avec les pièces de son ex mari Philippe Lellouche «Le jeu de la vérité» 1 et 2, «Boire, fumer et conduire», «L’appel de Londres»
Nous nous retrouvons donc à la Rochelle pour ce rôle de Rose dans «Demain nous appartient»
«Un rôle un peu particulier, Vanessa !
Je dirais qu’elle est complexe, elle a plusieurs personnalités car elle a l’air d’aller toujours bien mais elle a des failles, des aspérités, des défauts. Malgré cela, c’est une vraie gentille qui veut toujours aider mais qui met à chaque fois les pieds dans le plat. Elle est tout et son contraire et toujours border line.
Comment vous sentez-vous dans cette atmosphère sétoise ?
C’est un gros bateau où tout est mis en œuvre pour qu’on s’y sente bien. On est entouré de gens, que ce soient les comédiens, les techniciens qui sont des personnes pas compliquées. Je suis heureuse d’être entrée dans cette équipe qui est une vraie famille.
C’est pour vous un grand retour télé ?
Oui et j’avoue que les plateaux me manquaient. Heureusement, le théâtre m’a comblée. Mais le rôle de Rose est un vrai cadeau. J’ai arrêté la télé durant dix ans car l’image qu’on avait de moi ne me correspondait plus. J’ai vieilli et les offres qu’on propose à des comédiennes qui n’ont plus vingt ans se font rares. A un moment, on devient invisible. Pourtant, la vie ne s’arrête pas à 40 ans !
Ce qui est formidable dans cette série c’est qu’on retrouve toutes les tranches d’âge… Ça pourrait donner des idées au cinéma !
Comment vivez-vous ce tournage ?
A un rythme soutenu, effréné même mais c’est formidable car l’ambiance y est chaleureuse. Il n’y a pas d’egos ou de caractériels et je pense que dans ce métier, si l’on n’est pas gentil on n’est pas pro.
Et surtout, il n’y a pas de misogynie !
Pourquoi ? Il y en a dans ce métier ????
(Elle rit) Elle ne se dissipe pas si facilement mais déjà, elle n’est plus tue. Nous sommes encore dans une société patriarcale mais elle est obligée de nous écouter. Mais il faut encore travailler avec et on se rend compte aujourd’hui qu’en fait ça dépend des hommes et des femmes est plus question d’humain que de sexe. Lorsqu’on voit qu’il y a 7% de réalisatrices et qu’elles sont payées 30 à 40% de moins que les hommes, ça laisse rêveur, non ?
Avez-vous envie, vous, de devenir réalisatrice ?
Je ne sais pas si j’en suis capable. J’ai une confiance très abîmée pour déjà assumer ce que je suis. J’aimerais, mais je n’en ai pas encore le courage.
Pourtant, vous n’êtes pas une débutante !
J’ai 31 ans de carrière. J’ai commencé en 88 !
J’ai arrêté la télé pour me consacrer au théâtre et je ne le regrette pas. Mais à un moment, ça a été compliqué pour moi. J’ai fait un choix de vie, un choix de femme. Je suis peut-être restée trop longtemps éloignée du métier. Mais aujourd’hui, je ne pense plus à hier, il faut avance. Je pense à demain… demain nous appartient !
Alors, le théâtre ?
Ça a été une révélation. Je ne pensais pas que c’était pour moi et j’y ai trouvé un espace de créativité, de liberté. J’y ai ressenti des sensations extrêmes. C’est sûr, j’y reviendrai certainement. Je suis rassurée par ce quotidien qui pourtant, au fil des jours, n’est jamais pareil.
Mais je reste un électron libre !»

D

Farouk BERMOUGA
Il est le méchant de la série, faisant des affaires louches, homme à femmes et trompant la sienne, brutal et sûr de lui et de ses appuis, son tendon d’Achille étant ses enfants, sa fille qui a été tuée, son fils qui est autiste
Dans la vie, il est tout autre : charmant, souriant, intelligent et passionné de théâtre.
Alors Farouk, quel effet ça fait d’être le méchant de l’histoire ?
(Il sourit) C’est absolument jouissif ! Le rôle est de plus en plus intéressant et je ne m’y ennuie jamais.
Malgré tout vous avez un côté charmeur auquel les femmes ne résistent pas !
Ça, c’est mon côté oriental qui transparaît. J’ai une mère normande, un père algérien. Et je suis né en Normandie.
Comment êtes-vous venu sur ce rôle ?
Bizarrement j’ai passé le casting pour le rôle qu’a obtenu Alexandre Brasseur ! Et ‘on m’a proposé le rôle de Victor. Je dois dire que je ne savais pas où j’allais… et d’ailleurs, je ne le sais toujours pas ! Je vais où le rôle m’amène.
Vous venez du théâtre ?
Oui, j’ai aujourd’hui 52 ans et 35 ans de théâtre derrière moi. J’ai fait le TNP avec Planchon où j’ai joué Shakespeare, Marivaux, Molière, Tchekhov… Mais j’ai également 35 ans de télé où j’ai fait plein de choses différentes. J’ai aussi beaucoup bourlingué car je ne tiens pas en place. J’ai monté un restaurant avec ma femme mais j’ai fait faillite et j’ai divorcé ! J’ai pris beaucoup de chemins de traverse. J’ai aussi fait de la boxe, mon père étant boxeur. J’ai fait du foot…
Et le théâtre dans tout ça ?
Il est venu grâce à un copain car chez moi on ne parlait pas de tout ça alors que chez ses parents, on parlait littérature, théâtre, poésie.  Avec eux j’ai découvert tous les arts et en plus, on parlait aux enfants. J’adorais le cinéma et un jour je me suis dit que si je ne pourrais jamais être Redfort, je pourrais devenir Al Pacino !
Du coup j’ai rejoint Planchon, j’ai travaillé avec Francis Huster… Ils m’ont amené sur d’autres territoires. Un territoire que j’aimerais développer chez les jeunes. J’ai créé un blog de poésie et j’ai réalisé un travail sur Apollinaire. J’ai été inspiré par Jean-Louis Trintignant.
Donc le théâtre est toujours présent dans votre vie ?
J’en fais toujours et ce, grâce à la série qui me permet «d’acheter» du temps pour me consacrer au théâtre et à son enseignement. Aujourd’hui, la façon de travailler est différente et la télé-réalité n’est pas un métier. Les jeunes deviennent des stars avant d’avoir fait leurs preuves mais sont aussitôt rejetés comme un mouchoir et quitte à passer pour un vieux con, je les préviens de ne pas rester trop longtemps dans une série, de varier très vite les plaisirs au risque de s’arrêter très vite.
Justement, n’avez-vous pas peur d’être marqué par ce personnage ?
J’ai déjà fait une grande partie de ma carrière, je ne risque plus grand-chose. J’ai encore beaucoup d’envies du côté du théâtre que cette série me permet de pouvoir réaliser».
Grâce à elle, j’achète ma liberté.

G

Linda HARDY
Elle est belle et lumineuse, ce n’est pas pour rien qu’elle fut Miss France. Celle qui voulait être pédiatre avant de devenir Miss puis comédienne, est aujourd’hui Cllémence, prof de gym qui a eu beaucoup de problèmes à cause d’un accident, qui a lâché son mari, prof également pour Maxime, un de ses élèves qu’elle quitte pour tomber dans les bras de Victor puis être enlevée par son notaire… Bref, c’est une tombeuse malgré elle et qui se laisse prendre à chaque fois par le charme d’un homme
«Vous avez un rôle bien ambigu, Linda !
Vous trouvez ? Je n’ai pas cette impression. Elle montre la femme sous des facettes différentes, C’est une femme d’aujourd’hui, libre avant tout. Je vous accorde qu’elle est quelquefois un peu naïve mais je crois qu’elle est toujours sincère.
Malgré tout elle quitte son mari pour un élève, invente une histoire invraisemblable pour sauver son mari, a une histoire avec un type peu recommandable et fait confiance à son notaire qui l’enlève… Ça fait beaucoup, non ?
Oui, c’est vrai que Clémentine n’est pas hyper simple mais ce n’est pas de sa faute si elle plait aux hommes et c’est très excitant de jouer un tel rôle, avec plein d’histoires, de rebondissements. C’est ce que j’inspire aux auteurs qui me font confiance. Il se trouve que mon personnage leur inspire des malheurs et qu’ils me font vivre des événements difficiles. Peut-être arriverai-je à leur inspirer des choses plus gaies à l’avenir !
Les évènements vont vite chez vous !
C’est aussi peut-être parce que le format de la série qui est en fait un soap, exige une rapidité dans l’action. Il faut que ça aille vite et ce n’est donc pas le temps de la vie réelle. On ne peut pas rester X temps sur une histoire sinon on ennuierait vite le public. Il faut le tenir en haleine. C’est pour cela que la façon de vivre de Clémentine est si rapide. On n’est pas dans la vraie vie.
Qu’est-ce qui vous plaît dans ce rôle ?
C’est justement les changements qui se bousculent dans sa vie. De femme aimante, bien rangée entre fille et mari, tout à coup elle tombe amoureuse d’un ado. Elle sait que ça ne pourra pas durer, que ça peut scandaliser et que ça va lui apporter des complications. Mais elle se lance à corps perdu dans cette histoire. L’affaire terminée elle tombe amoureuse de Victor dont elle sait qu’il peut être un homme dangereux. Elle vit en fait tout le temps sur un fil.
En fait, elle est assez solitaire ?
C’est vrai, elle n’a pas d’amis, sa fille ne vit plus avec elle et elle a besoin de protection. Et surtout elle est très attirée sexuellement par Victor. A chaque fois, elle ne joue pas sur les mêmes sentiments et c’est pour cela qu’elle représente la femme actuelle, faible et forte à la fois, libre de sa vie, de son corps, malgré les conséquences  qui peuvent en découler, elle en est consciente mais elle fonce.
Je vous signale que tout cela est très loin de moi dans la vie. Je ne serais pas capable de vivre ce qu’elle vit !
Ce serait effectivement difficile à vivre !
Oui mais l’idée est que le spectateur soit toujours en attente, se pose des questions, reste sur sa faim pour mieux repartir dans l’histoire. C’est le principe de la série et je pense que mon personnage va encore évoluer. Dans quelle direction ? Je suis aussi curieuse que vous de le découvrir !»

En attendant, Linda est allée s’aérer sur un autre plateau. Celui de «Danse avec les stars» où elle nous fait découvrir une nouvelle facette de ses talents. Y restera-t-elle longtemps ? L’avenir nous le dira.

Propos recueillis par Jacques Brachet et Marie-Aurore Smadja