Pauline RABEAU-BEROUD : De laine et de soie

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Si elle n’a pas le regard révolver, elle a un regard bleu acier qui vous regarde bien en face et perçoit votre âme.
Pauline Rabeau-Béroud est allemande, a beaucoup bourlingué dans sa vie, resta longtemps du côté de la Rochelle avant de de découvrir l’Ardèche grâce à un ami et elle a eu le coup de foudre pour cette région où elle s’est installée, dans un petit village où j’ai la chance de la rencontrer, lors de vacances dans ma maison d’Ardèche car le varois que je suis est resté ardéchois avant tout !
C’est à St Andéol de Vals, commune ente Vals les Bains et Antraigues, le village de Jean Ferrat, qu’elle a exposé jusqu’au 28 septembre dans cette ancienne mairie devenue une belle galerie d’art et que je la rencontre grâce à mon ami David Marijon, adjoint au maire.
Née d’une famille de créateurs, les chats ne faisant pas des chiens, elle découvre ses dons à l’école des Beaux-Arts de Berlin. Elle pense alors s’adonner à la peinture mais sa rencontre avec un berger va la faire changer de direction et inventer un art : l’art de la fibre. De laine et de soie s’entend !

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A côté de ce berger, un tas de laine, un dévidoir, ce petit instrument qui va lui faire découvrir cet écheveau de laine qui s’y  enroule. Fascinée, elle découvre aussi le rouet, les teintures végétales et elle se prend de passion, non pour tricoter mais inventer un art nouveau : celui de la fibre. Et comme le hasard fait souvent bien les choses, déposant ses valises en Ardèche, elle découvre le vers à soie, son cocon, le dévidoir et le fil magique qu’on en tire.
Et la voilà qui triture, teint, tisse, mêle et entremêle fils de laine et fils de soie pour inventer une technique personnelle qu’elle pose sur une toile, de la fibre la plus fine à ces nuages d’une légèreté et d’une délicatesse extrêmes. Le tout devient un tableau impressionniste d’où naissent des fleurs, des paysages, des visages, des silhouettes d’une grande finesse et pleins de poésie et de symboles, allant des plus doux camaïeux aux couleurs les plus violentes, les plus lumineuses. De loin on peut croire à des pastels mais de près on en descelle l’extrême méticulosité des assemblages créés avec patience, inspiration, talent, les fibres se mêlant avec bonheur et légèreté
Pauline est une artiste exceptionnelle, ses œuvres sont éthérées, chargées de symboles, aériennes… à tel point qu’elle a été surnommée «la peintre des fibres» et qu’on ne compte plus les prix, coupes et récompenses obtenues pour cet art à la fois ancestral et original car c’est elle qui a créé cette technique avec toute la sensibilité qu’elle en dégage.

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«Mon père – me confie-t-elle – était un inventeur, mon grand-père était clown musicien, j’ai pris un peu des deux et je suis très fière qu’un compositeur m’ait dit un jour que mes œuvres étaient une symphonie intérieure.
Je suis persuadée qu’être artiste n’est pas dans la tête mais dans le cœur et l’âme avant tout. C’est après que la tête sert pour créer».
Et on peut la croire en découvrant dans ses œuvres des choses qu’elle n’y a pas intentionnellement mises, qu’elle découvre après coup ou que lui font découvrir des gens : des cœurs, un visage, un corps, un enfant…
« Mes travaux – me dit-elle encore – sont le miroir de mon âme, de ma vie, des événements  que j’ai vécus et que je vis. J’ai aussi été inspirée par les tisseuses que j’ai vues travailler en Inde et je suis sûre que ce n’est pas le hasard qui m’a amenée en Ardèche, dans le pays de la soie».
Une belle rencontre avec une artiste unique, un art original où l’on entre de plain-pied dans son univers de laine et de soie, un univers magique dont elle est la fée, qui nous apporte beauté et sérénité

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Pauline entourée d’Alain et de David

Une jolie histoire
Un jour elle crée ce visage de Christ blond et qui ressemble à s’y méprendre au visage qui apparaît sur le fameux saint suaire qui a tant fait couler d’encre… et qu’elle ne connaît pas ! Un peu plus tard, elle crée cet homme brun et barbu, pendant du Christ pour incarner la lumière et l’ombre. Il se trouve que, quelque temps plus tard, elle rencontre celui qui deviendra son mari, Alain, qui alors ressemble à s’y méprendre à ce visage de fibre. Qui peut alors croire au hasard ?

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Jacques Brachet