SAINT-LAURENT… Le retour…

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Saint-Laurent aurait-il trois vies ?
Après celle contée par Pierre Bergé dans ses mémoires, celle filmé
par Jalil Lespert où il est magistralement incarné par Pierre Niney, auprès du non moins magistral Guillaume Gallienne jouant Pierre Bergé, voici qu’est arrivé un troisième Saint-Laurent signé Bertrand Bonello, le couple étant cette fois incarné par Gaspard Ulliel et Jérémie Rénier.
A leurs côtés, une distributuion prestigieuse : Léa Seydoux dans le rôle de Loulou de la Falaise, Louis Garrel, Amira Casar et par ailleurs, on retrouve avec émotion un duo de comédiens qui furent de véritables stars et qui se donnèrent la réplique, en 1970 dans un film de Vittorio de Sica : « Le jardin des Finzi-Contini. Il s’agit de Dominique Sanda, moins éthérée bien sûr et Helmut Berger qui n’est plus le bel éphèbe aimé de Visconti. Mais de les revoir sur grand écran est un joli moment de cinéma.
Mystère des programmations, nous avons eu, voici deux ans, deux remakes de « La guerre des boutons », nous avons en quelques mois « La guerre des Saint Laurent ». Qui l’emportera ?
Le premier a déjà fait un très beau score puisque ayant enregistré plus d’un million 500.000 entrées. C’est un véritable biopic puisqu’il raconte toute la vie et l’œuvre du couturier. Le second se passe sur dix ans de sa vie, de 65 à 75, sa grande période, la plus prolixe et fastueuse en tant qu’artiste mais aussi sa plus folle, sa plus décadente en tant qu’homme, dans une atmosphère plus sixties et plus psychédélique. La musique, elle, n’est pas que psychédélique puisque les images sont accompagnées d’œuvres de Bach, de Purcell, on y entend même la Callas.

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Gaspard Ulliel nous propose une performance incroyable, sa ressemblance avec Saint Laurent est hallucinante, jusqu’à la voix. Il est encore plus bluffant que Pierre Niney qui pourtant nous offrait déjà un clone assez surprenant et crédible, montrant toutes les ambiguïtés, tous les paradoxes de cet être à la fois fort et fragile. Ulliel nous offre également une belle performance d’acteur Il connaît son métier qu’il pratique depuis l’âge de 12 ans et de plus, sa mère étant styliste, le métier de la mode, il doit connaître un peu.
Quant à Jérémie Rénier, qui fut le clone de « Cloclo », il interprète avec une grande sobriété et une maîtrise parfaite, le rôle de Pierre Bergé.
Durant deux heures et demi on (re)plonge dans ce monde fascinant de la mode, d’une époque à la folle et riche et de la vie d’un être hors du commun, grâce à un réalisateur qui nous y entraîne avec un vrai grand talent de cinéaste, un souci des détails, une finesse qu’on retrouve dans les images et dans la façon élégante de tourner.
La France dans toute sa splendeur, n’aura pas à rougir devant les grandes fresques américaines truffées d’effets spéciaux.

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Jacques Brachet