Apothéose pour l’association «Fractales» que dirige en musique Françoise Gneri, qui a invité Francis Huster à venir raconter «Pierre et le loup» écrit et composé par Sergueï Prokofiev. Elle a été aidée pour la logistique par «Sanary Animations», dirigée de main de maître par Serge Loigne et Noël le Brethon.
Un conte magique pour petits et grands donné sur le parvis du Théâtre Galli de Sanary noir de monde, le public étant venu trois fois plus nombreux que prévu. Et il y en avait partout. La bonne idée avait été d’inviter les enfants à découvrir cette œuvre, tous assis devant la scène improvisée. Beau spectacle et belle leçon de musique par la même occasion.
C’est décontracté que Francis arrive vers 18 heures, en costume cravate sous l’encore très chaud soleil de fin d’été. Toujours flegmatique, toujours abordable, il discute avec les musiciens, avec quelques fans venus quémander signature et selfies et, comme à notre habitude depuis plus de 30 ans, nous nous asseyons pour faire le point sur un planning qui, en boulimique qu’il est, est toujours rempli pour des mois à venir.
Du coup, pour ne pas que j’en oublie, c’est lui-même qui va tout me noter et commenter sa litanie de projets.
Francis m’écrit l’article ! – Avec Elio Ditana
« Je suis venu à Sanary parce que le travail de «Fractales» est exemplaire. L’association a près de quatre ans et a été créée par Françoise Gneri qui fait un travail fantastique de démocratisation de la musique classique, l’emmenant partout pour la faire connaître, accompagnée d’une quinzaine de musiciens. Elle fait ainsi connaître cette musique souvent mise à part et découvrir de jeunes talents. Ce festival à Sanary mérite d’être soutenu et j’y contribue avec joie. Je suis accompagné au piano par Elio Ditana avec qui j’avais déjà travaillé sur la pièce «Sacha le magnifique». Il a également travaillé avec André Dussolier sur la pièce «Novecente». C’est un très grand pianiste qui donne des concerts dans le monde entier. Il vient de jouer «Rhapsodie in Blue» de Gershwin en Italie.
«Pierre et le loup» est une création. Vas-tu la jouer ailleurs ?
Non et c’est cela qui est formidable. C’est juste pour un soir, créé pour ce festival.
Une jolie parenthèse donc, dans ta vie d’acteur toujours surchargée !
(Il sourit), Oui, c’est vrai qu’à chacune de nos rencontres, j’ai toujours plusieurs projets sur le feu. Là, depuis le 22 août et jusqu’au mois de décembre, j’ai repris «Bronx» de Chazz Palminteri au Théâtre de Poche Montparnasse. Il a été refait et j’ai inauguré la salle du Théâtre Libre en alternance avec d’autres pièces.
Mais d’octobre à décembre, je suis en tournée avec la pièce de Laurent Ruquier «Pourvu qu’ils soient heureux» avec Fanny Cottençon et Louis le Banaer.( Le 15 octobre au Théâtre Toursky de Marseille, le 16 octobre au Cannet, à la Palestre, le 7 décembre au Casino de Hyères)
Et puis tu pars en campagne pour Molière…
D’abord je pars en tournée en janvier et février avec Yves le Moign’ et mon spectacle «Molière» (Lundi 13 jancier à la Chaudronnerie, la Ciotat et lundi 25 février au Théâtre Anthea, Antipolis). Le 4 septembre sortira mon livre «Molière, mon Dieu» chez Armand Colin. C’est un plaidoyer pour faire entrer Molière au Panthéon.
Tu sais que c’est absolument inadmissible qu’aucun comédien ne soit au Panthéon ? Il y a des écrivains,, des politiques et pas un seul comédien ! Et tu sais pourquoi ? parce qu’à l’époque les comédiens étaient excommuniés et enterrés en terre commune car considérés comme saltimbanques. Et aujourd’hui nous en sommes encore là ! C’est un vrai cas de figure car à Londres Shakespeare est considéré et honoré. Alors qu’on parle de la langue française comme «La langue de Molière», comédien n’était pas considéré comme un métier et ça n’a pas beaucoup changé ? Sais-tu qu’il n’y a pas une seule statue de comédien dans Paris ? J’ai donc fait une lettre au président de la République et une pétition sur Internet. J’espère que d’ici le 15 janvier 2022, date du 400ème anniversaire de sa naissance, le président Macron va y réfléchir. Il a deux ans pour le faire !
Et d’ici là, je suppose que toi aussi tu as d’autres projets !
Oui mais je ne peux pas t’en dire beaucoup : Je serai de retour à Paris le 15 février pour ma création annuelle. Je signe dans quelques jours, donc je n’en dis pas plus. Et puis, dès l’hiver 2020 je vais à nouveau tourner dans une grande série de la facture de «Zodiaque», qui avait été un gros succès. Là encore, je ne peux encore rien dire mais le tournage aura lieu durant six mois.
Par contre, ce que je peux te dire c’est qu’en mai et juin j’animerai une «Carte Blanche» au Théâtre des Franciscains de Béziers. J’y emmènerai une quinzaine de comédiens. C’est un beau projet et je t’y invite ».
L’équipe de « Sanary Animations » et de « Fractales »
Avant de répéter, l’après-midi il est allée sur les allées de Sanary faire un petit pèlerinage.
« Sanary est la ville où ont entre autres vécu Bertold Brecht, Stefan Sweig, Erich Maria-Remarque durant les années de guerre. Remarque y a tenu une correspondance avec Marlène Dietrich, Brecht y a écrit des articles et Sweig, revenu de guerre, y a donné des conférences.
Ce sont de grands écrivains que Sanary a hébergés et qu’il ne faut pas oublier.
Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Patrick Carpentier