CANNES : UNE NUIT GASTRONOMIQUE SOUS LES ETOILES

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Il y a des moments, dans la vie d’un journaliste, où l’on ne regrette pas d’avoir choisi ce métier. Et en ce début de festival de Cannes, soixante-septième du nom, nous avons vécu un de ces moments magiques, non pas en découvrant un film magnifique, non pas en rencontrant une star sublime mais tout simplement en passant une soirée sur l’eau, en toute intimité, sur un petit bateau nommé « Le faucon noir », devant un dîner raffiné.
Je m’explique.
Comme tous les ans, durant le festival, la Trattoria San Pellegrino di Mare nous convie à une dégustation gastronomique. C’est, soit un cours de cuisine, soit une démonstration avec un chef, soit une rencontre avec une personnalité gastronomique italienne.
Cette année, la surprise fut aussi grande qu’originale, conviviale et délicieuse.
Nous avions rendez-vous à 20h15 sur la plage du Majestic, sans autre explication. Nous y voilà, entourée de dizaines de petits Chinois venant fêter leur film sélectionné. Mais les Chinois, ça n’était pas pour nous puisque l’équipe San Pellegrino nous attendait pour embarquer sur une petite navette… Direction ? Surprise.
Ni Arnaud, notre capitaine, ni Stéphane Jaz, maître d’hôtel de profession, n’en dirent plus aux cinq personnes embarquées, dont nous.
Pensant joindre un plus gros bateau ou amarrer aux îles de Lerins vers laquelle nous nous dirigions, nous nous posions des questions jusqu moment où le capitaine jeta l’ancre… au milieu de nulle part, environnés par cinq autres petites navettes.
Et Stéphane nous offre alors une coupe de champagne agrémentée d’un délicieux beignet fourré aux anchois et crème de parmesan et des petits farcis à la Niçoise.
En fait, la surprise était là : dîner sous les étoiles, bercés par le clapotis des vagues et une douce musique italienne. Le soir tombe, au loin l’on entend à peine les flonflons de la croisette illuminée et l’on voit apparaître, comme au cinéma, une lune pleine et rougeoyante.
On est déjà sous le charme… Et, comme le dit la pub, ce n’est pas fini !

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Stéphane nous apporte une superbe carte noir et or sur laquelle sont décrits les huit plats que nous allons déguster, concoctés par deux maîtres de l’Art : notre Français bien connu, le chef étoilé Alain Llorca, l’un des chefs réputés de la French Riviera, qui a oeuvré en binôme avec un jeune chef venu tout droit de Toscane, Marco Stabile, étoilé 2011 au guide Michelin…
Et là, nous allons aller non pas de Charybde en Scylla mais d’étonnements en émerveillements, en dégustant quatre plats de chacun de nos chefs qui se sont transformés pour nous en magiciens de la gastronomie, passant de la brandade de morue à l’œuf de poule moelleux avec crème de tomate confite et croustillant d’aubergine, à l’aquacotta aux petits légumes et champignons avec caviar…
Vous salivez ? Alors je vous donne la suite : Filet de veau à la crème de thon suivi de conchiglioni au Chianti avec volaille, mascarpone et ricotta fumée.
J’oubliais de dire que le tout était accompagné de champagne, d’un Pinot noir 2010 ou, au choix… de San Pellegrino !
Nous en étions aux desserts lorsque arrive sur une navette, autre surprise, nos deux chefs souriants venus  se présenter…
Alors, pour ceux qui ne les connaissent pas, en quelques mots, Alain Llorca a « sévi » à l’hôtel Négresco de Nice, a pris la suite de Roger Vergé au Moulin de Mougins et a créé le Café Llorca à Vallauris, avec en prime, deux étoiles au Michlin.
Marco Stabile est un tout jeune chef italien mais la valeur n’attendant pas le nombre des années, après quelques magnifiques restaurants où il a appris son métier, est devenu copropriétaire de l’Arnolfo » à Colle Val d’Esta (deux étoiles au Michelin) avant de devenir membre des Jeunes Restaurateurs d’Europe et d’obtenir une étoile au Michelin.

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Et comme les surprises continuent de s’enchaîner, c’est avec un feu d’artifice géant que nous dégustons un sablé breton aux agrumes, fraises des bois au basilic et un éclair comme un « Cantuccini » et sa crème de vin Santo.
Originale et magnifique façon de déguster toutes ces merveilles avec l’idée de San Pellegrino d’organiser ce genre de repas pour les amateurs, dont nous étions les heureux cobayes !
Ce fut, vous pouvez l’imaginer, une superbe soirée avec des hôtes accueillants et trois autres invités fort sympathiques.
Avec regret, vers minuit, comme Cendrillon, nous retrouvions la terre ferme et nos petits Chinois qui continuaient leur fête à laquelle nous étions conviés mais qui aurait été de trop après un moment aussi rare.
Merci pour son accueil à l’équipe San Pellegrino et c’est avec empressement que nous répondrons « présent » à la prochaine invitation !

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 Jacques Brachet
Photos Monique Scaletta