35ème édition du Festival de Ramatuelle
Michel Boujenah avare et directeur artistique !

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Le restaurant les Jumeaux ayant vécu, c’est un autre lieu qui devient le quartier général du Festival de Ramatuelle : la Séréna, sur la plage de Pampelone, chaleureusement accueillis par son directeur Térence Turchi-Fridrici et bien évidemment la présidente du Festival, Jacqueline Franjou, Michel Boujenah, son directeur artistique et toute leur équipe.
Avant d’attaquer le programme de la 35ème mouture du festival, Michel nous parle de son projet immédiat qui démarrera mardi prochain pour dix-huit représentations, au théâtre Athéna d’Antibes : « L’avare » de Molière.
Invité par son directeur Daniel Benoin, c’est une création qui prend en ce moment toute la tête et tout le temps de notre ami qui y est en pleine répétitions.
« En ce moment, je vis avec Harpagon, il m’a envahi, il me prend la tête, le corps, le cœur et du coup, passer une journée à Ramatuelle me fait le plus grand bien.
Mais bon, j’ai accepté, alors que je devais être en vacances et que j’ai encore quelques dates de mon one man show. Mais je ne pouvais pas rater un tel rôle car je crois que je vais jouer le personnage le plus riche que j’aie eu à interpréter. C’est Daniel Benoin qui me l’a proposé, qui en a fait les décors qui sont somptueux. L’équilibre décor/jeu est à tomber par terre.
Harpagon est un personnage incroyable à jouer car en fait ce n’est pas un radin mais un homme malheureux. C’est un personnage que j’aime, même s’il est détestable. Il est ambigu et difficile à cerner. Michel Bouquet qui l’a beaucoup interprété m’a dit qu’il avait mis quinze ans à le comprendre ! « .

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On sent tout à la fois la passion, l’exaltation et… le stress que Michel a à entreprendre cette belle aventure.
Mais revenons au Festival de Ramatuelle qui se déroulera donc du 1er au 11 août, avec, pour entrée en matière, les Nuits Classiques qui se dérouleront juste avant, les 27, 28 et 30 juillet, dont on reparlera avec Jacqueline Franjou.

« Pour débuter, le 1er août, nous avons choisi un chanteur au charme certain, à la voix de velours, aux yeux revolver : Marc Lavoine. C’est un artiste à la fois affirmé et atypique, chanteur et comédien attachant, élégant, discret, qui a su mener une carrière sans faille et a su traverser les décennies. J’adorerais le diriger dans un film. Son seul défaut : il est plus beau que moi et ça m’énerve ! Mais il va bien dans le cadre de Ramatuelle.
Le 2 août, nous recevrons ceux qui sont devenus les pensionnaires de festival : Philippe Lellouche, Christian Vadim, David Brécourt pour la pièce de et mise en scène par Philippe : « Le temps qui reste ». Ils sont beaux (encore !), talentueux et les recevoir c’est un peu comme une série dont on suivrait chaque épisode. Quant à la petite nouvelle, Mélanie Page, elle est belle et joue magnifiquement.

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Et voilà que le 3 août revient Virginie Hocq. Elle était venue pur la soirée de l’humour et avait, la pauvre, dû patient jusqu’à minuit pour entrer sur scène. Cette fois elle vient pour la pièce d’Emmanuel Robert-Espalieu « C’était quand, la dernière fois ? » avec Zinedine Soualem. Virginie est l’une des comédiennes les plus douées de sa génération. On va la découvrir sous une autre facette.
Le dimanche 4 août, nous recevrons « La légende d’une vie », une superbe pièce de Stephan Zweig, avec deux remarquables comédiennes : Macha Méril et Natalie Dessay. Avec aussi Bernard Alane, Gaël Girodeau et Valentine Galey. C’est une grande pièce à la fois exigeante et populaire, comme quoi les deux peuvent aller ensemble. J’ai vu la pièce alors que Michel Legrand, le mari de Macha, était encore là. Il venait de faire un disque et un spectacle avec Natalie Dessay et les retrouver toutes les deux est très émouvant. Je suis très heureux d’accueillir cette pièce.
Sans le faire exprès nous avons cette année nombre de spectacles qui ont reçu un Molière, alors qu’on les a signés avant, ce qui nous fait très plaisir et prouve que Jacqueline et moi avons bon goût et qu’on a du flair ! Nous essayons de donner du plaisir aux spectateurs sans tomber dans la facilité, en étant exigeants et en offrant la qualité. Et si « La machine de Turing » de Benoît Solès n’a pas encore eu de prix, ça ne saurait tarder. C’est pourquoi nous la présenterons le lundi 5 août. J’espère que le public nous fera confiance et viendra la découvrir.
Que dire de Zazie, qui viendra le mardi 6 août, sinon que, comme Marc Lavoine, je la voulais depuis longtemps. Elle vient de sortir un magnifique album et nous prouve à chaque fois qu’elle est une grande artiste.
Le mercredi 7 août, nous aurons la pièce de François Bégaudeau « Le lien » avec Pierre Palmade et Catherine Hiegel. Duo inattendu et surtout grand risque pour Pierre qui sort des personnage que l’on connaît, auprès d’une comédienne hors pair qui est, mieux qu’une Rolls, une Bentley ! Elle est incroyable et vient à Ramatuelle pour la première fois. C’est une histoire de famille, sujet que j’aime particulièrement avec une confrontation frontale incroyable. C’et à la fois drôle et émouvant. La pièce se passant dans un appartement avec un décor important, du coup je le fais jouer dans un jardin !
Alors qu’à Paris, il y a 150 humoristes qui jouent chaque soir, ceux qui ont du talent sont quelquefois noyés dans la masse. Caroline Vigneaux, qui viendra présenter son one woman show « Croque la pomme » le jeudi 8 août, est un vrai talent. Elle est drôle, intelligente, gonflée sans jamais être vulgaire et en plus, elle est belle. Elle porte la parole des femmes et ça ne rigole pas, elle y va… et on rigole ! Elle viendra accompagnée en première partie d’Elodie Pou dont on commence à beaucoup parler.
Vendredi 9 août, un habitué, Nicolas Briançon, revient vendredi 9 août en compagnie d’Anne Charrier, François Vincentelli et Sophie Artur avec une pièce increvable qu’il met aussi en scène : « Le canard à l’orange » . Ils y sont magnifiques et drôles et on sent leur complicité et leur plaisir à la jouer.

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Michel, Jacqueline, Terence (foulard) et les autres, sponsors et équipe du festival

Samedi 10 août, c’est Richard Berry qui viendra, seul en scène présenter « Paidoiries – Je vous demande l’impossible ». C’est Matthieu Aaron qui a rassemblées des plaidoiries, choses qu’on ne peut jamais lire. Il a choisi cinq affaires judiciaires signées entre autres Gisèle Halimi, Paul Lombard, Jean-Pierre Mignard… Certains avocats sont de véritables comédiens, Richard Berry incarne un excellent avocat.
Enfin, le dimanche 11 août, la clôture sera étincelante et c’est la surprise que je vous réservais puisque Gérard Depardieu en personne viendra chanter Barbara. Je l’ai beaucoup supplié car au départ il voulait arrêter de jour ce spectacle. Il ne pensait pas qu’il aurait un tel succès. Je l’avais rencontré sur un tournage et durant celui-ci, ma mère lui avait confectionné un couscous dont il se souvient encore ! Ce fut une soirée mémorable et ça a dû aider à le décider. Quant à Barbara, j’avais été voir son spectacle et elle m’avait subjugué. Allant la voir en coulisses pour lui dire : « Laissez-moi vous aimer », je n’en eus pas eu le temps. Elle m’a pris dans ses bras et m’a dit : Alors, où tu en es ? ». Ce fut un grand moment.
Grand moment aussi, comme à chaque fois, que de retrouver l’ami Boujenah, si volubile, si sincère, si sensible, si passionné, si fidèle aussi.
Tout à sa pièce et son festival, il en a retardé, au grand dam de ses producteurs, le film dont il a terminé le scénario « Frères » et qu’il devrait tourner… Dès que possible. Seule certitude. S’il démarre à Paris, il se terminera dans la région. Nous y serons… dès que possible !

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Christian Servandier