Max BOUBLIL dans une série déjantée : « Mike »

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Par une suite de quiproquos, j’ai failli rater mon rendez-vous avec Max Boublil. Changement d’hôtel, annulation de rendez-vous sans que j’en sois prévenu mais, joli hasard de fin de festival, je tombe sur lui alors qu’il part prendre son petit déjeuner. Surpris croyant en avoir fini avec les journalistes, il me propose alors de l’accompagner sur le port, sous un soleil radieux. Chance encore, voilà qu’arrive Frédéric Hazan, le réalisateur de la série « Mike » dans laquelle joue Max, présentée à la Rochelle.
Après trois jours de folie festivalière, si l’on a beaucoup travaillé dans une ambiance on ne peut plus sympathique, on ne peut pas dire qu’on ait beaucoup ri dans les salles.
On est dimanche matin, le festival est terminé, un peu naze après ces trois jours de folie et avant de repartir pour douze heures de voyage vers Toulon, quel plaisir de retrouver ce port redevenu calme par une telle belle journée.
Et quoi de mieux que de terminer par un grand éclat de rire !
C’est vrai que l’on a beaucoup ri lors de la projection de « Mike » qui a obtenu une ovation, et durant notre rencontre, les rires vont se prolonger car Max et Fred ne sont pas des tristes, se balançant des vannes à tout bout de champ, répondant à mes questions avec un humour aussi déjanté que dans la série. Ces deux là, ils ne pouvaient pas se manquer car ils sont vraiment sur la même longueur d’ondes.
Ce fut donc une grande bouffée d’air frais pour clore le festival car plus cool qu’eux, tu meurs… de rire, évidemment !
C’est donc l’histoire de Mike, qui fut au début des années 2000 un chanteur en vogue en vendant un million de disques sur un seul tube « Dis-le moi en face ». Et puis, comme beaucoup d’idoles météorite, il devint aussi vite un « has been ». Séparé de Caroline avec qui il a eu une fille, Mike ne vit que pour reconquérir sa femme et sa gloire passée. Mais il est un être très déséquilibré, autodestructeur, qui fait un peu tout et n’importe quoi pour cette reconquête.
Ce pourrait être un drame mais Fred et Max nous offrent là une comédie totalement déjantée, qui roule à deux cents à l’heure avec coups de théâtres, quiproquos, situations folles où, outre Max qui y est incroyable, on retrouve une pléiade de comédiens inattendus dans des rôles totalement loufoques : Richard Berry, Claire Nadeau, Sainclair, Plilippe Katherine, Julien Boisselier et quelques autres, dans des personnages jouissifs.

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Max, Fred, comment avez-vous eu l’idée de cette série iconoclaste ?
Durant un an nous avons écrit courageusement ensemble, dans des cafés, sans savoir ce qui allait en sortir. C’est une fois écrit que nous sommes allés voir des producteurs et nous avons eu la chance que ça plaise aussitôt. Il n’y a pas eu de galère, pas plus avec les comédiens que nous sommes allés chercher pour leur proposer des rôles totalement à contre-emploi, avec le risque qu’ils refusent de jouer dans cet étrange objet et en plus, malgré les petits budgets que nous avions.
Nous avons très vite démarré le tournage et nous avons tourné 12 épisodes de 26′ en 37 jours !
Record battu !
C’était risqué de proposer une série tellement hors norme ?
On ne s’est pas posé la question, d’autant que de la part d’OCS, il y a eu une confiance totale. Il n’y a eu aucune interférence, on nous a laissé une totale liberté.
Quelle est votre façon de travailler ensemble ?
On se parle beaucoup, on écrit beaucoup à quatre mains, on joue toutes les scènes, on dit tous les dialogues et comme on n’est pas susceptible, on se dit vite si ça fonctionne ou pas.
Max : Il faut dire qu’on se connaît depuis des années, on fait du kitesurf ensemble, on se voit souvent, on est toujours en contact.
L’idée et partie de quoi ?
Max : D’une nouvelle que j’avais écrite sur un chanteur qui avait eu une gloire passagère et qui veut essayer de la retrouver, que j’ai faite lire à Fred.
Fred : J’ai d’abord corrigé les fautes d’orthographe, ce qui m’a pris un certain temps ! Et puis je me suis dit que c’était une super idée. J’ai tout de suite pensé que c’était un sujet à développer pour une série.
Et vous voilà à la Rochelle avec votre OVNI !
Fred : Oui, avec quand même un peu peur de la réaction qu’allait avoir le public mais on a très vite été rassuré de l’entendre rire.
Max : Et surtout, on a été surpris de voir que les pros qui étaient dans la salle riaient aussi. C’est vrai que tout ça était encourageant. D’autant que c’est loin d’être politiquement correct, que c’est une série décomplexée.
Fred : Max est dans le film, ce qu’on appelle « un beautiful loser », tous les rôles sont totalement improbables et on n’a même pas épargné les femmes ! On les a mises au même niveau que les hommes.

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Fred, comment définirais-tu Max ?
Ce n’est pas ce qu’on appelle un vrai comique, c’est un clown saltimbanque…
Max : On m’appelle le petit poulbot du rire !
Votre complicité est énorme et communicative !
Max : En fait, on est comme un couple mais sans sexe…
Fred : Mais tout peut encore arriver !
Nous n’avons pas l’habitude de voir de telles comédies
Fred : En France c’est encore difficile à faire. On est loin de la culture anglo-saxone, des sitcoms à l’américaine. On vit dans une époque assez désespérante et tout le monde écrit des trucs désespérants
Parlez-moi chacun de votre cheminement
Fred : Je suis un homme de l’ombre ! J’espère ne pas y repartir !
J’ai commencé comme auteur à la télé, il y a 15 ans. J’ai aussi beaucoup écrit pour la radio, durant trois ans j’ai travaillé sur les Guignols. J’ai d’ailleurs failli être réparateur des marionnettes ! J’ai également écrit pour des humoristes, Elie Seimoun, Kad Merad. J’ai été auteur et animateur sur Virgin Radio. Chez moi, il y a toujours eu ce moteur comique.
Max : Il ne vous le dira pas mais ado, il était gros et subissait des sarcasmes. Ca l’a fait réagir.
Fred : J’avais aussi un père qui vannait pas mal, avec lequel on avait le droit de répondre. C’est là que j’ai, moi aussi, commencé à vanner. J’étais prêt à tout pour faire rire les gens.
Max : Moi, j’ai commencé ado. A 16 ans, je tournais à St Tropez « Sous le soleil »
Fed : Il a aussi fait des défilés de mode car c’était un beau mec, lui !
Max : Comme Fred, j’ai toujours voulu faire rire les gens. J’ai commencé sur les réseaux sociaux. Lorsque j’ai fait le fameux clip et la chanson « Tu vas prendre », tout s’est déclenché très vite. Ca a plu à un public de jeunes. J’ai fait aussi des pubs (Crunch, Yoplait…), du stand up. J’ai tourné quelques films comme « La vérité si je mens », « Des gens qui s’embrassent »…
Reviendras-tu au seul en scène ?
Depuis quelques temps ça me démange et d’avoir vu Mathieu Madénian à la soirée de clôture et cette salle pleine lui faire une ovation, je me suis rendu compte qu’il fallait que j’y retourne.
Avez-vous encore des projets ensemble ?
Fed: Un scénario pour le cinéma
Max : Et je voudrais que cette fois il joue avec moi

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Durant cet entretien sympathique au soleil, une toute belle jeune femme vient nous rejoindre : Leslie Médina, qui joue dans la série.
Leslie, comment êtes-vous entrée dans le monde de ces deux zigotos ?
Par casting, tout simplement !
Fred : J’avais envie qu’elle joue face à Max car elle est beaucoup plus belle que lui !
Facile de se faire une place entre eux ?
C’est vrai, ce sont des tordus mais de gentils tordus ! Et j’avoue que nous n’avons pas arrêté de rire ensemble. Ca a été un tournage très joyeux.
Quel est votre parcours ?
J’ai été la fille de Jugnot dans « Camping », j’ai fait « Mon poussin » avec Isabelle Lanty, j’ai tourné une série pour TF1 « Une chance de trop » avec Alexandra Lamy. J’ai aussi joué le rôle d’une sommelière dans la série « Chefs ».
Beaucoup de comédies ?
Oui, j’adore ce genre et je suis ravie d’avoir commencé par ça avec plein de grands acteurs qui m’ont beaucoup appris. Ca va me permettre d’aborder des rôles plus dramatiques.
Quel a été le déclic de votre vocation ?
Je suis Lyonnaise et j’ai toujours été passionnée par Guignol. C’est ce qui m’a donné l’envie de faire ce métier.
Et aujourd’hui je joue avec deux guignols !!!

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Propos recueillis par Jacques Brachet
« Mike », à partir du 24 janvier, à raison de deux épisodes le jeudi soir sur OCS