Vincent NICLO : « Je suis un chanteur… hybride ! »

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Vincent Niclo, c’est le charme, la gentillesse, le sourire qui en fait craquer plus d’une, la passion, la voix et le talent… Il y en a qui sont nés sous une belle étoile !
Mais il y a aussi son éclectisme car, depuis ses débuts, il n’est jamais là où on l’attend, il prend sans arrêt des chemins de traverse qui l’amènent chaque fois au succès, passant de la variété française avec Fiori, Obispo, Lama, puis à l’opérette avec un hommage à Luis Mariano. On le retrouve avec les chœurs de l’Armée Russe, puis crooner avec les Gentlemen ou encore chanteur d’Opéra avec Alagna, Domingo, Dessay, Miguenes, sans parler des comédies musicales comme « Autant en emporte le vent » ou « Les parapluies de Cherbourg » avec Michel Legrand avec qui il part en tournée jazz.
Et le voilà aujourd’hui chanteur et danseur de « Tango », voix suave, port de tête espagnolissime, regard noir…
Quoiqu’il entreprenne musicalement, il le transforme en succès et pourtant, il garde cette simplicité qu’on retrouve avec plaisir avec cet entretien qu’il m’accorde à Cultura à Plan de Campagne, où est en promo « show case – dédicaces ».

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« Vincent, pourquoi le tango ?
C’est une envie que j’ai depuis longtemps. J’ai toujours aimé les sonorités latines, j’adore Julio Iglesias, Pavarotti, Domingo lorsqu’il chantent du tango et lorsque j’ai fait « Danse avec les stars », on m’a dit que j’avais l’attitude d’un danseur de tango ! J’aime ces rythmes lancinants, sensuels et le tango est une danse, une musique qui ont traversé les décennies. D’ailleurs, tous les chanteurs ont un tango à leur répertoire. Le tango n’est jamais démodé. Souvenez-vous de Gotten Project. D’ailleurs, lorsque j’ai proposé ce thème à ma maison de disques, je n’ai eu aucune réticence, aucune difficulté à la convaincre. Et des copains comme Fiori et Slimane ou Obispo et Lionel florence,sont venus spontanément me proposer de m’écrire une chanson ! Et puis il y a eu le duo électro Sky Dancers à qui j’avais demandé une participation sans trop y croire… Ils ont en fait, fait tout le disque. Vous voyez, c’est en fait hyper branché !
Comment, avec tous les tangos existants, avez-vous fait votre choix ?
Vous savez, ce n’est pas nous qui choisissons une chanson, c’est la chanson qui vous choisit. Et si elle ne me choisit pas, je l’abandonne. Je voulais à la fois des classiques et des inédits, du français et de l’espagnol. J’ai fait une liste de classiques auxquels je pensais et des auteurs et compositeurs m’ont proposé des inédits. J’ai même écrit les paroles de « Libertango » devenu « Mi amor » un que j’aurais abandonné s’il n’avait pas été choisi. Il se trouve qu’il est arrivé dans le top 3 !
Justement, « Libertango » de Piazzola, a déjà eu deux versions : celle de Guy Marchand et celle de Grâce Jones. Vous avez préféré cette dernière !
Il y a là deux méthodes et faire un mélange des deux me paraissait difficile. Celle de Grâce Jones
me semblait plus sensible, plus exprimée. En fait, il y a deux chansons en une, l’une mettant en valeur le refrain, l’autre le couplet. Pour ma voix, j’ai choisi celle qui me convenait le plus.
Choisir de chanter ces chansons en français ou en espagnol… Dilemne ?
Non, pas vraiment, en dehors du fait qu’il est vrai que la langue espagnole s’adapte d’évidence mieux pour le tango. C’est plus musical, plus sensuel, ça dégage plus d’émotion. Mais je voulais que mon public s’y retrouve. J’ai donc fait la part des choses.
Depuis le début, Vincent, vous nous surprenez par vos choix éclectiques et inattendus !
Je vous avoue que je déteste faire à chaque fois la même chose car je m’ennuie très vite. Alors, par goût, par plaisir, par curiosité, j’essaie de me diversifié car j’aime toutes les musiques et je fais des essais. Je n’ai pas envie de m’enfermer dans un style. J’ai la chance d’avoir toujours eu cette liberté et surtout que mon public me suive car c’est vrai qu’à chaque fois c’est un risque de faire de tels écarts… quelquefois le grand écart ! D’ailleurs, j’ai encore d’autres idées !

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J’ai lu quelque part que vous regrettiez qu’une certaine presse vous considère comme « ringard »…
C’est vrai, j’ai dit ça après quelques articles d’une certaine presse parisienne qui l’a écrit. Ca n’est jamais agréable à entendre mais en fin de compte, c’est ce que pense le public qui est important et de ce côté-là ça marche au-dessus de mes espérances. Et puis ce n’est qu’en France puisque ça marche aussi en Angleterre, en Allemagne et même en Russie… Alors, la presse parisienne !…
On me reproche, comme à d’autres, d’être un chanteur « à voix »… C’est un pléonasme car être chanteur, c’est bien avoir une voix, non ?
J’arrive aujourd’hui de Russie où j’ai chanté au Kremlin pour les 45 ans des Chœurs de l’Armée Rouge. J’étais le seul invité étranger, c’est une expérience incroyable et émouvante et un honneur. J’ai fait deux tournées avec eux et la première partie de Céline Dion qui a souvent eu les mêmes critiques que moi. Alors, si c’est ça être ringard, je veux bien continuer à l’être !
On se perd un peu dans votre parcours : chanson, télé, théâtre, cinéma… En fait, par quoi avez-vous commencé ?
Par l’opéra. J’ai fait mes classes à l’Opéra de Wallonie puis celui d’Avignon. J’ai donc au départ un parcours classique mais j’avais envie de faire d’autres choses et l’un de mes professeurs m’a dit que si je continuais à chanter l’Opéra, le « classique » prendrait le dessus. Comme une danseuse classique, qui a plus de mal à faire du contemporain. J’ai donc décidé d’être un chanteur « hybride », un 4xA, un chanteur tout terrain !
Et le reste ?
C’était pour payer mes cours. Il faut savoir qu’une heure de cours classique, c’est entre 150 et 200€. J’ai donc fait tout ce qui se présentait pour les payer : mannequin, défilés, photos, télé, cinéma, castings en tous genres…
Ce qui est drôle c’est que j’ai joué mon premier rôle avec… Guy Marchand, dans « Nestor Burma ». Puis ça a été « Sous le soleil »… en plein hiver et en plein froid !
Il y a eu aussi les comédies musicales…
Oui, « West Side Story », « Titanic », « Roméo et Juliette », « Autant en emporte le vent »… J’adore cette discipline qui allie musique, chanson, danse, comédie ». J’aime par-dessus tout entrer dans une histoire et, il y a cet esprit de troupe qui est formidable.

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Et Michel Legrand aussi ?
Oui, qui m’a proposé « Les parapluies de Cherbourg ». Entrer dans son monde, chanter avec Nathalie Dessay a été un cadeau et la tournée que j’ai faite avec lui et un jazz band a été un grand moment de ma carrière.
Il y a encore eu « Danse avec les stars » !
Grande expérience mais aussi l’un des plus éprouvants moments de ma vie d’artiste car, en dehors des répétitions intenses et épuisantes, je faisais la promo de mon disque anglais en Angleterre, des galas en Allemagne et j’enregistrais un disque en studio. J’avais un planning de folie et je mangeais en voiture entre deux avions ! C’était hallucinant ! Mais je suis content de l’avoir fait… même si j’espère chanter mieux que ce que je danse !
Vous avez donc fait un album en anglais ?
Oui, il s’intitule « Romantique » et il m’a permis de devenir… animateur !
Racontez.
La BBC2 cherchait un animateur « hors circuit » pour présenter une émission sur la St Valentin. Grâce au succès du disque et à son titre, elle a fait appel à moi. Ça a très bien marché. On m’a alors appelé pour une deuxième émission puis sollicité pour animer une émission qui s’appelle « Carte Blanche », où je reçois des personnalités française connues en Angleterre. Ils voulaient Brigitte Bardot comme elle refuse tout, je pensais que ça ne se ferait pas. Elle a accepté et nous avons enregistré l’émission chez elle, à St Tropez. Une fois fait, elle m’a avoué qu’elle avait accepté parce qu’elle aimait mes chansons qu’elle écoutait. C’est un honneur pour moi. J’ai aussi fait Jane Birkin, Michel Legrand, Charles Aznavour… La BBC voulait Alain Delon. BB m »a dit « Je l’appelle ». Ca devrait se faire !
Avec tous ces termes abordés, je suppose que monter un spectacle est un peu difficile ?
Oui et ce ne peut être qu’un spectacle… « hybride » ! Alors j’ai imaginé le faire autour de ma vie d’artiste en racontant au public toutes les étapes de cette vie, de mes expériences , en espérant que ça les intéresse. En fait, ma vie est le fil conducteur et chaque chanson est un tableau, une facette de ce que j’ai fait.
J’ai toujours été très friand des coulisses de ce métier, de comment se font les choses. J’espère que le public aimera ça ».

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Après cette heure d’interview, Vincent recevait 10 gagnants qui avaient concouru sur France Bleu d’Aix-en-Provence. C’est avec toujours la même gentillesse qu’il discuta avec eux, fit des photos et des dédicaces… avant d’aller faire son show case et à nouveau dédicacer avec la même patience, à la grande joie des fans venus nombreux le rencontrer.

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Christian Perrin