La Rochelle – 29ème festival de la Fiction TV
Marie GILLAIN : « Je suis un électron libre ! ».

A

Rencontrer Marie Gillain et un rayon de soleil pour la journée !
Vive, belle, simple, souriante, volubile, elle a tout pour elle, cette comédienne belge qui a démarré sa carrière très tôt et en fanfare puisque dès son premier film « Mon père, ce héros » de Gérard Lauzier, elle remportait le César du meilleur espoir féminin. C’était en 1991.
Après ça, elle a marqué de son empreinte nombre de films dont « L’appât » de Bertrand Tavernier, « Le Bossu » de Philippe de Brocca, « Le dîner » d’Ettore Scola avec à la clef encore 4 nominations au César, une aux Molière, une aux Globes d’or.
Au théâtre, ça a été entre autres le succès de « La Vénus à la fourrure » et à la télé, la série « Speakerine », qui a certainement été le déclencheur de sa venue à la Rochelle comme présidente du jury de ce 20ème festival.

C B

Lorsqu’on vous a proposé le rôle de présidente, quelle a été votre réaction ?
Ca m’a d’abord donné un coup de vieux car lorsqu’on vous propose une telle chose c’est que vous avez, disons, un certain vécu !
Par ailleurs, c’est à la fois flatteur et agréable, même si cela vous donne une certaine pression.
Pourquoi ?
Parce que c’est une vraie responsabilité que de juger des oeuvres que des gens ont mis des mois, à créer. Et de quel droit dire oui à l’un, non à l’autre ? Le choix que l’on a à faire va donner un vrai regard, une certaine couleur. C’est un engagement. Difficile aussi de juger des gens qui, parmi eux, peuvent être des amis. Par chance, je suis plus dans le milieu cinématographique que dans celui de la télévision. Sans compter que je n’ai jamais fait parti d’un clan, d’une famille, je suis un électron libre !
En fait, qu’attendez-vous de ces projections ?
J’attends une proposition, un regard neuf, original, un style, des personnages, des histoires qui sortent de l’ordinaire. Des projets ambitieux.
Vous disiez être plus dans le cinéma mais la télévision vous intéresse-t-elle ?
Je ne réfléchis pas ainsi. Si la proposition est intéressante, d’où qu’elle vienne, peu m’importe. Lorsque j’ai tourné « Speakerine », j’ai justement trouvé le projet ambitieux. Il fallait beaucoup de courage pour monter un tel projet. Et lorsqu’on a six épisodes à tourner, on ne peut pas arriver sur le plateau en touriste. Il faut beaucoup travailler en amont, rester très réceptive et ne pas s’encombrer avec des détails car on sait que le temps est compté.
Donc, que ce soit au cinéma ou à la télévision, je veux faire au mieux mon métier de comédienne. Je n’ai donc pas spécialement envie de faire de la télé, j’ai surtout envie d’avoir un rôle riche, complexe, fort, d’autant qu’aujourd’hui la frontière ciné-télé est de plus en plus ténue.
Aujourd’hui, vous propose-t-on des rôles différents ?
Evidemment, l’âge aidant ! D’autant que j’ai commencé très jeune et que j’ai eu longtemps une image juvénile. Aujourd’hui ça s’estompe. Mais on est toujours dépendant de son image, on fait un métier en fonction d’un désir d’un réalisateur qui a ou non envie de vous.
Les rôles que l’on me propose aujourd’hui sont effectivement plus forts, même si, à une époque, une comédienne de 40 ans avait du mal à trouver un rôle, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.

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Avez-vous pensé venir à la réalisation ?
J’ai encore des difficultés en m’imaginer réalisatrice. Par contre, j’ai des velléités d’écriture… ce que je suis en train de faire !
En fait, j’ai toujours eu envie d’écrire mais longtemps, je n’ai pas osé. De plus, comédienne très tôt, très jeune, j’ai été prise par le rouleau compresseur et du coup, pour moi écrire n’était pas essentiel.
Ca l’est devenu lorsque l’ADAMI m’a proposé d’écrire un court métrage. Ca m’a remis le pied à l’étrier et en quelque sorte, ça m’a boostée. Du coup, je me suis remise à l’écriture.
Et alors ?
J’écris un scénario avec Nathalie Leroy où j’ai toute liberté de m’exprimer et croyez-moi, je n’écris pas par frustration de ne pas trouver « le » rôle, c’est une véritable envie.
J’écris le rôle d’une femme de mon âge et il y a des chances que je le joue car je ne lâcherai jamais le métier de comédienne.
Je l’aime trop !

Propos recueillis par Jacques Brachet