Sanary sous les étoiles
Les chemins de traverse d’Amandine BOURGEOIS

A

Quel plaisir de rencontrer une belle jeune femme a regard azur, au sourire lumineux, pétillante et drôle… Et quelle voix ! Elle a tout pour elle et surtout, la musique dans le sang.
On l’a découverte dans l’émission « La nouvelle star » qu’elle a gagné haut la main en 2008. Depuis elle a fait nombre d’expériences mais il y a eu un avant. Un avant pas banal, comme tout ce qu’elle fait, entre autre entre le conservatoire de musique de Nice pour apprendre… la flûte traversière et l’école hôtelière. Beau grand écart !
Elle rit lorsque je le lui fait remarquer :
« Je dois vous dire que je viens d’une famille de musiciens, mon père était guitariste, mon beau-père a accompagné nombre de chanteurs en tant que bassiste. Moi, je rêvais d’être Mariah Carey ou Witney Huston ! Mais lorsque je me suis entendue chanter, mon rêve s’est aussitôt écroulé. J’avais alors une voix entre celle de Jane Birkin et de Vanessa Paradis ! Et lorsque j’ai dit à ma mère que je voulais chanter, elle m’a tristement regardée et a dit : « la pauvre ! ».Je suis donc entrée au Conservatoire de Nice où j’ai appris à jouer de la flûte traversière. Je m’y suis vite ennuyée car ce n’était pas assez ludique.
Alors ?
Alors j’ai monté un groupe de rock avec ma meilleure amie et en parallèle j’ai fait des études d’hôtellerie. Je suis allée en Angleterre où là, j’ai découvert la culture musicale anglo-saxone très riche et l’envie de chanter m’a repris. Je dois dire qu’à chaque dîner en famille tout le monde devait chanter. Si vous étiez venu, vous y auriez été obligé ! Un jour j’ai chanté trois notes de blues et tout le monde a été éberlué.

C B

Et ça a été le déclic ?
Un peu oui et j’ai alors écumé les orchestres de bal, j’ai fait du rock, du rythm’n’blues, je faisais tout ce qui se présentait. J’ai fait aussi un école de jazz. Jusqu’à ce que la production de M6 me propose de faire le casting de « Nouvelle Star ». J »avoue y être allée en dilettante mais j’ai franchi toutes les étapes jusqu’à la finale que j’ai gagnée.
Ça a été une étape importante ?
Oui, ça a été un sacré tremplin ! Ca m’a ouvert beaucoup de portes, d’opportunités, d’autres univers. J’ai fait mon premier disque qui a été disque d’or, j’ai fait une grande tournée en France, Suisse, Belgique, j’ai travaillé avec l’équipe d’Amy Winehouse, Johnny m’a prise sur sa tournée et j’ai fait avec lui le Royal Albert Hall, puis j’ai fait la tournée des Zéniths avec Thomas Dutronc. Et il y a eu l’Eurovision.
Autre étape importante…
Je dois dire qu’au départ j’étais très réticente. Mon manager m’a fait changer d’avis mais j’ai mis une condition : je ne voulais pas qu’on m’impose une chanson, je voulais chanter « ma » chanson, composée avec Boris Bergman et que je comptais enregistrer pour mon prochain disque. C’était « L’enfer et moi »
Même ne gagnant pas, l’Eurovision est-il un tremplin ?
Oui, vraiment. Vous chantez devant une salle immense, devant des millions de téléspectateurs, médiatiquement j’étais partout, ça vous donne une incroyable visibilité et pas seulement en France. C’est une expérience qui m’a fait grandir. Et j’aime à dire que je suis arrivée troisième… en partant de la fin !!! Et ça m’a donné l’opportunité d’enregistrer mon troisième disque : « Au masculin ».

E F

Original, celui-là !
Oui, parce que Warner m’a ouvert ses portes et que j’ai pu faire ce disque avec des chansons uniquement écrites et composées par des hommes comme Souchon, Gainsbourg, Ferré, Jonasz, Cali, Stromae, Higelin, Johnny…
Facile de choisir ces chansons ?
Oui, assez facile car ce sont des chansons qui ont jalonné mon enfance, mon adolescence, ma vie de femme, des chansons qui m’ont donné des émotions, des vibrations. par exemple Higelin, que j’ai découvert à 13 ans lors du premier concert live que j’ai vu. « Mona Lisa klaxon », j’adorais… sans comprendre les paroles !
« Ma gueule »… Fallait oser !
(Elle rit). Oui mais c’est une chanson que j’adore et que j’ai recomposée. D’ailleurs Johnny a été très heureux de ma version en soulignant justement que je n’avais pas fait une copie de sa version. J’étais très heureuse.
On a entendu parler d’un quatrième album. Où en est-il ?
Il est prêt depuis… 2016 ! Je ne sais pour quelle raison ma maison de disque a mis tant de temps à le sortir. Elle devrait le faire pour octobre. C’est un disque totalement écrit avec Marc Bastard, l’ex chanteur du groupe Skip the Use. Nous avons enregistré dans le plus grand studio d’Europe, ICP à Bruxelles, pendant qu’à côté, enregistraient Polnareff et Renaud ! Ca a été une super expérience et j’ai rencontré le producteur de la maison Périscope qui a décidé de développer ma carrière sur scène, la scène étant le lieu que j’aime le plus au monde.

I J

Il y a donc de la promo dans l’air ?
Je ne sais pas car le projet date déjà et depuis, j’ai vécu d’autres choses, j’ai écrit d’autres chansons et je prépare un nouvel album. J’avoue que ça me concerne moins car ça a été trop long.
Et ce nouvel album ?
Il me tient très à cœur car il va être 100% moi, ce sera, comme on dit, l’album de la maturité… car j’avance en âge, mon bon monsieur ! (Elle rit).
On parlait tout à l’heure de la flûte traversière… Pourquoi avoir choisi cet instrument inattendu ?
Je ne sais pas ! C’était n’importe quoi ! J’étais jeune, je ne savais pas trop ce que je voulais. En plus, avec cet instrument, je ne peux pas chanter ! Il n’y a que Jethro Tull qui savait bien le faire (Et voilà qu’elle me fait une petite improvisation !)
En fait, avec tous ces chemins de traverse musicaux que vous avez pris, où vous sentez-vous le mieux ?
Le blues… c’est mon feeling et justement, mon prochain disque balancera entre rock et blues, un truc très incarné, très puissant, où se mêleront interprétation et émotion ».

G H

Et c’est ce qu’elle nous a offert sur cette scène à Sanary où elle nous a prouvé qu’elle avait cette fibre là, véritable bête de scène à la voix puissante, allant de la force d’une Amy Winehouse et la folie de Nina Hagen, haranguant le public, jouant avec lui, avec ses musiciens qui sont de belles pointures, chantant avec Lola, une petite sanaryenne « L’enfer et moi », recevant Julie, gracieuse danseuse venant des Alpes Maritimes. C’est une bombe qui explose sur scène et qui en fait une chanteuse hors du commun, radieuse et élégante dans son ensemble-short noir, montée sur des talons aiguille qu’elle enlèvera pour se déchaîner sur scène.
Un show de folie qui a fait trembler les spectateurs… et les habitants des environs !
Amandine est certainement la nouvelle diva du rock !

K

Jacques Brachet