Feydeau a dû se retourner dans sa tombe… Mais comme il a de l’humour, il a dû aussi bien se marrer de la version que Tex a faite de « Monsieur Nounou ». Une version qui, malgré les costumes restés d’époque a été « remastérisée » par les ajouts que notre humoriste y a parsemés, au grand dam de ses collègues qui ne peuvent s’empêcher d’attraper des fous-rires sur scène !
Sans compter le public qui, venu nombreux pour l’ouverture du festival « In Situ » de Carqueiranne, le seul festival de théâtre de la région, n’a pas été en reste pour rire toutes les cinq minutes à ce vaudeville actualisé.
L’histoire ? Un sénateur cherche une nouvelle nounou pour faire garder son fils, celle qu’il a étant un peu trop entreprenante avec les hommes alors que lui ne se gêne pas pour mélanger la chambre des débutés à sa chambre à coucher ! Survient un clerc de notaire pour une saisie, amoureux de la nounou proche du renvoi, bloqué dans sa chambre et du coup, devant se faire passer pour la nouvelle nounou.
Quiproquos, portes qui claquent, situations folles… C’est du Feydeau pur jus avec un gros zeste de Tex qui fait crouler de rire. Avec, autour de lui, quatre superbes comédiens qui jouent le jeu avec à propos, énergie et fous-rires à l’appui ! Très drôle, Lionnel Lagel en neveu pas très futé !
Beau début de festival !
entourant Tex, Eric Massot, Jacques Bouanich, Lionel Lagel, Belen Lorenzo
Quelque heures auparavant, je retrouve Tex et sa troupe à l’hôtel à Hyères où un sérieux (?) filage bat son plein, car il n’ont pas joué la pièce depuis un an !
Tex ne reste pas une minute en place, va, vient, balance ses répliques, les vraies comme les fausses dans une bonne humeur contagieuse.
Tex, deux rôles à la fois… compliqué ?
Pas du tout, au contraire, c’est rigolo et sympathique à faire. le tout est de pouvoir se changer à temps !. C’est speed, c’est plein de folie et d’énergie mais c’est très exaltant à faire !
Remontons donc dans ta carrière : Comment le jeune Jean-Christophe le Texier est-il devenu comédien ?
J’ai fait le conservatoire de Troyes où j’ai rencontré deux copains avec qui nous avons monté une troupe intitulée T (Théâtre, Tex et nous sommes Trois !). Puis je suis monté à Paris où j’ai passé les auditions pour l’émission « Le théâtre de Bouvard » où j’ai été reçu. Bigard, Muriel Robin sont venus me rejoindre. J’ai écrit et joué de nombreux sketches. puis j’ai fait « La classe », « Les enfants de la télé »…
Le comédien s’est transformé en humoriste ?
Non, c’était inné en moi. J’ai toujours aimé et manié l’humour, c’est ce que je sais le mieux faire. J’ai écrit et joué une dizaine de one man shows. Et c’est toujours la même angoisse, le même stress… et le même plaisir !
Et le théâtre ?
Les one man shows, c’est du théâtre mais j’ai joué quelques pièces pour la télévision. J’en ai fait trois pour France 2 entre autres. Mais en ce moment je peaufine mon dixième one man show qui s’intitule « Tex en toute liberté » où j’aborde tous les sujets de société d’aujourd’hui. Je l’ai rodé six soirs à Avignon.
C’est quoi pour toi, les sujets d’aujourd’hui ?
C’est un monde déprimant fait de critiques, de délations, d’accusations, de peur, de jugements hâtifs et à tort. C’est la liberté bafouée…
Pas rigolo tout ça ?
Non, mais c’est la réalité, la fin de la liberté d’expression, c’est beaucoup d’abus de pouvoir… La preuve, pour une blague on se trouve mis à la porte !* Mais bon, je suis optimiste et léger, pessimiste et grave et je joue avec tout ça sous la forme de l’humour. Je choisis quelques sujets brûlants pour les apaiser alors que tout le monde rallume des feux tout autour… oh, j’aime cette phrase… Je la note !
Justement, durant 17 ans, l’animateur a occulté le comédien avec l’émission « Les Z’Amours »
Pas du tout. J’ai toujours joué au théâtre en parallèle avec l’enregistrement de l’émission. J’ai toujours mené les deux de front et j’aurais continué si on ne m’avait pas trahi, menti…
Malgré ton humour et son optimisme, on sent que cette « affaire » est encore bien présente chez toi !
Oui, même si peu à peu ça s’estompe et de jouer, de retrouver le public qui est toujours là est une source de joie. Aujourd’hui tout est policé, il faut faire attention à tout ce qu’on dit… C’est tout.
Tu as sorti, juste après l’affaire, un livre de blagues… vengeance, provoc ?
Ni l’un ni l’autre. Ni cynisme ni provocation. J’essaie simplement d’ouvrir des portes dans l’allégresse en espérant que le public la passera.
Ton public est-il différent lorsque tu passes de l’animateur, du comédien de théâtre, de l’humoriste ?
Je crois qu’il l’est de moins en moins. Aujourd’hui le public est plus flexible qu’avant. Il s’adapte aux situation, peut-être est-il plus curieux, il aime pouvoir choisir, ses choix sont diversifiés.
Parlons donc de ce retour au théâtre.
Je n’ai jamais arrêté mes one man shows et la pièce est venue se greffer là-dessus, ce qui fait que je joue les deux spectacles en alternance. J’ai en tout quelques cinquante dates. Bien, sûr, ce sont des salles différentes, des ambiances différentes, peut-être des publics différents… En 20 ans, j’ai fait quelque 5000 spectacles ! Eh… je suis comédien !
Comment es-tu arrivé sur ce Feydeau ?
J’en ai déjà fait plusieurs et on a donc pensé à moi. J’ai tout de suite été emballé par le fait de jouer deux rôles car mon personnage offre beaucoup de possibilités. C’est entre « Tootsie » et « Mme Doubtfire »… D’un côté le clerc fait des saisies, de l’autre, il fait des ménages ! C’est très agréable à jouer.
Et le cinéma dans tout ça ?
Pour le moment il ne bouge pas mais j’ai trois, quatre scénarios sur le feu et ça viendra quand ça devra venir. j’ai la chance de pouvoir me diversifier, je ne m’inquiète pas. Je suis ouvert à tout, j’aime ouvrir d’autres portes… »
Propos recueillis par Jacques Brachet
*Le 30 novembre 2017 Tex, invité dans l’émission « C’est que de la télé ! » sur C8 raconte une blague sur les femmes battues. Ca n’a pas eu l’heur de plaire à la direction qui l’a aussitôt démis de ses fonctions.