Jazz à Toulon – 29ème édition

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Myles Sanko

Lancement de la 29ième édition de Jazz à Toulon en ce vendredi 20 juillet sur la grande place de La liberté à Toulon avec le jeune chanteur britannique Myles Sanko dans son show « Just Being Me » (Je suis juste moi-même) avec cinq musiciens occupant tout l’espace de côté cour à côté jardin ; ce qui laisse au chanteur toute la surface de l’immense scène pour se promener en chantant.
Myles Sanko se revendique chanteur de « Soul Jazz ». Hélas les musiciens du groupe ne sont pas à la hauteur, sauf le guitariste, Phil Stevenson, à qui le chanteur devrait laisser plus de place.
Ce chanteur possède une voix assez proche de celle de Gregory Porter, en plus crooner. Il chante chaque note en force, sans nuances, ce qui provoque assez vite un certain ennui.
Myles Sanko est un showman, il utilise tout le folklore de la « Soul » déclarant la main sur le cœur : I need you, you need me, we need each other ; I believe in me, I believe in you, etc… (J’ai besoin de vous, vous avez besoin de moi, nous avons besoin les uns des autres ; Je crois en moi, je crois en vous, etc…) Et la foule acquiesce avec générosité. Elle se lève pour taper dans les mains, et pour chanter à la demande de l’artiste. Pour une fois ça donne un peu de dynamisme.
Ce garçon possède assurément de grandes possibilités, à développer, mais pour l’instant il est plutôt dans de la « Soul Variété ».

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Lucky Peterson

21 juillet : Place Martin Bidouré, dans ce grand quartier populaire du Pont du Las. Le Festival avait revêtu ses habits des grands jours. Du blues, du blues, du blues… avec Lucky Peterson, qu’on s’impatientait de voir à Toulon derrière son orgue Hammond ou sa guitare, pour son hommage au grand Jimmy Smith. Il était entouré de Kelyn Crapp à la guitare, Ahmad Compaoré à la batterie, et le régional de l’étape, Nicolas Folmer à la trompette.
Lucky Peterson calé derrière son orgue qui ne laisse dépasser que la tête allait nous offrir pendant trois heures un concert surréaliste qu’on peut diviser en trois parties. Dès le départ, la joie, le plaisir de jouer, éclatent sur son visage au grand sourire.
Première partie : des grondements de l’orgue, des phrases jetées aux étoiles, l’organiste se cherche. De magnifique fulgurances, et puis souvent du n’importe quoi, rattrapé, sauvé, par Nicolas Folmer qui lance de magnifiques solos tant à la trompette Wa-wa électrique, qu’en trompette ouverte ; il joue le blues avec son phrasé habituel et ça fonctionne à merveille.

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Le guitariste est du même tonneau avec une grande technique bien d’aujourd’hui, et le batteur, excellent, avec un drumming très jazz sur martèlement blues. Tous trois recadrent également le tout. C’est la fête du Blues, et dans l’ensemble on est sur les hauteurs.
Deuxième partie : Les musiciens quittent la scène, Lucky sort de derrière son orgue et prend sa guitare rouge, Il lance à la nuit des rugissements de cœur blessé du fond de sa guitare. Par sauts de puces, tout en jouant, il vient s’asseoir sur le bord de la scène, et là, c’est l’extase. Le blues, le grand, le dramatique, l’enfer et le paradis, la souffrance et la joie, oui, le blues est là. Lucky chante toute la douleur du monde, les drames de l’amour (« 6 O’clock Blues »), la joie de vivre, de sa voix brisée, d’abord sans micro, puis un technicien viendra aimablement lui en tenir un près de la bouche, ajoutant au côté émouvant de la scène. Lucky est ailleurs, il est le blues. Trois notes de Lucky sur sa guitare vous collent l’âme au bord des larmes, quand toute la grande et belle technique de l’autre guitariste ne vous suscite que rarement de l’émotion : c’est ça le Blues.
Troisième partie : Des invités entrent en scène.

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Samantha Peterson – Philippe Petrucciani & Nicolas Folmer

Samantha Peterson en chapeau blanc pour quelques morceaux avec l’orchestre et Lucky qui a repris sa place derrière l’orgue.
Le guitariste Philippe Petrucciani, qui jouera le 25 à Saint Jean d Var, se frotte au blues avec un plaisir évident et s’en sort avec les honneurs.
Puis le quartette reprend sa place pour un délire final qui s’acheva vers minuit avec la foule en liesse. C’était « Lucky Happy Peterson »

Serge Baudot
Renseignements : www.jazzatoulon.com