Amaury VASSILI… Déjà dix ans !

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Amaury Vassili, c’est une voix, l’une des plus belles de la chanson française. C’est aussi un physique de « grand » jeune premier au sourire lumineux, qui fête déjà dix ans d’une carrière originale faite de chemins de traverse, passant de l’Opéra à la pop, de Jacques Brel à Mike Brant, du français à l’italien et l’anglais, chantant en Corse à l’Eurovision.
Pour ses dix ans de carrière, il s’offre et nous offre un magnifique album dont il a écrit la plupart des textes, aidé entre autres par Slimane et William Rousseau, parsemé de quelques classiques revisités signés Haendel, Beethoven. La voix est là, plus belle, plus forte, plus musicale que jamais et les textes qu’il a signés en fontt un disque plus personnel que les précédents. La pochette est très soignée, très classe et l’on y découvre un Amaury qui a perdu ses longues mèches romantiques pour une coupe plus moderne.
Le rencontrer est toujours un réel plaisir tant le contact est direct, chaleureux, et la conversation amicale.
Ça s’est passé ce vendredi à Aubagne où il faisait un show-case-dédicaces à Culture.

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Amaury, peut-on dire que ce CD est plus personnel que les autres ?
(Il rit) On peut le dire, tu as raison totalement. Après l’album hommage à Mike Brant et la tournée qui a suivi, j’ai voulu prendre du recul sur ma carrière car ça fait dix ans que je chante. Je me suis donné une année « sympathique » car je voulais mettre en ordre toutes les idées que j’avais en tête. Je voulais chanter principalement en français, je suis parti en Normandie avec mes deux complices Pierre Lamy et Laurent d’Alessio et pour la première fois, j’ai commencé à écrire des textes, en prenant tout mon temps.
Et alors ?
Alors est arrivé un appel de Warner qui m’a demandé de réfléchir sur un nouvel album et comme cette fois, je voulais le prendre en main de A à Z, j’ai commencé à chercher avec qui je pouvais travailler. Slimane s’est imposé à moi comme une évidence. Encore fallait-il le convaincre. Je l’ai contacté par twitter avec appréhension et sa réponse a été immédiate : Il était emballé et quatre jours après il me proposait la maquette de « Tout ».
Et après ?
La chance a continué car j’ai reçu un coup de fil de Mathieu Johan qui voulait me faire écouter des chansons, non écrites par lui mais qui pouvaient me convenir. Dans le tas, j’ai retenu « 12 septembre » et « Le commun des mortels ». Puis j’ai rencontré William Rousseau, qui a participé à « Mozart, l’Opéra rock », « Les amants de la Bastille », qui a écrit des chansons pour Nolwenn Leroy, Chimène Badi, Christophe Willem, Roch Voisine. J’ai aimé sa musicalité, la relation entre nous a été instantanée et j’ai décidé que ce serait lui qui réaliserait mon album.
Comment s’est faite votre collaboration ?
Nous avons travaillé assez rapidement. Il me proposait des bouts de musique, et au fur et à mesure j’écrivais des textes. Ca a été très enrichissant, nous nous sommes beaucoup impliqués et je suis fier du résultat !
Tu me dis que tu voulais un disque « français » mais il y a plusieurs chansons en anglais dont deux morceaux « classiques » !
C’est vrai qu’au début je n’étais pas trop convaincu et je me suis posé la question : est-ce judicieux ? Puis j’ai eu l’idée de reprendre la chanson de Thierry Mutin « Sketch of love » tirée de la sarabande de Haendel. Du coup, William m’a proposé de revisiter « L’hymne à la joie » de Beethoven dont il a fait un subtil mélange de classique et de pop, avec un texte sur la séparation. C’est devenu « Once upon a time » et tout s’est enchaîné.
Et cette fois, pas d’italien ?
Ça ne se prêtait pas à l’album, ça n’était pas dans la ligne que je voulais donner. La musicalité est différente. Je voulais quelque chose de plus brut et j’avais plus une vision franco-anglaise ».
A propos d’italien, n’es-tu pas attiré par un disque pour l’Italie qui apprécie les grandes voix comme la tienne ?
Pourquoi pas ? Je suis toujours attiré par de nouveaux projets mais aujourd’hui le marché du disque italien est encore plus mal en point que le notre. Ca a failli se faire après l’Eurovision où j’ai eu des propositions mais j’ai été appelé par d’autres pays : le Japon, la Corée, l’Afrique du Sud, le Canada… J’ai choisi.

E

Justement, l’Eurovision t’a-t-il servi de tremplin, même en n’ayant pas gagné ?
Oui, ça m’a ouvert beaucoup de portes, d’autant que je faisais partie des favoris, à tel point que, médiatiquement, avant l’Eurovision, ça s’est déchaîné et j’ai eu des papiers dans le monde entier. C’était à ce point surdimensionné que ça a commencé à gêner pas mal de gens. Et c’est peut-être à cause de ça que je n’ai pas gagné. Heureusement que tout s’est fait avant le concours car le lendemain de l’Eurovision, il y avait un sujet qui l’a écrasé : l’affaire DSK ! Du coup on a peu parlé du concours… et de ma défaite !
Tu es considéré comme un baryton « Martin »… C’est quoi au juste ?
C’est entre le baryton et le ténor, c’est-à-dire que je peux atteindre des notes intermédiaires, graves, basses ou hautes.
Et avec ça tu n’as jamais envisagé une carrière classique ?
Non, pas vraiment car l’Opéra est une case bien déterminée dans laquelle je ne voulais pas m’enfermer. Je voulais pouvoir chanter de l’opéra façon pop, du Brel comme du Brant, en toute liberté. Le classique demande d’abord beaucoup de travail, de concentration, on est plus dans la performance vocale. Je préfère avoir plus de spontanéité, pouvoir faire de l’impro si ça me chante, ce qu’on ne peut pas faire à l’opéra. Je ne peux pas concevoir de m’isoler dans un genre. Je veux être libre, à l’aise et faire ce que j’ai envie de faire. J’ai envie de faire vibrer, de donner de l’émotion au public, à ma manière.
Tu parlais de Brel, de Brant… Deux genres diamétralement différents !
(Il rit) Oui mais ça correspond à deux périodes de ma vie. Tout petit, j’écoutais Brel parce que ma mère était fan. A tel point qu’à 13 ans on m’a offert l’intégrale et je me suis régalé à découvrir son répertoire au fil des ans, alors que je mûrissais et pouvais comprendre le sens de ses chansons. Brant est venu plus tard car j’aimais les grandes voix et à l’époque, c’était un phénomène. D’ailleurs,, lors de ma première télé avec Pascal Sevran, j’avais 15 ans et il m’a demandé de chanter « Tout donné, tout repris » ! Plus tard je lui ai consacré un album avec, condition sine qua non, l’adoubement de la famille Brandt, sinon je ne l’aurais pas fait.
Je crois d’ailleurs que Patrick Fiori avait l’idée de le faire mais la famille avait déjà pensé à moi !

G H

Justement Fiori et toi avez un point commun, pour revenir à l’Eurovision : vous avez chacun chanté en Corse !
C’est vrai mais parce que c’est la langue qui se rapproche le plus de l’italien et puis, pourquoi pas chanter en corse, en breton, en basque, qui sont nos langues, plutôt que de chanter comme la plupart en anglais, tout ça pour atteindre un plus grand public. Ce qui d’ailleurs ne fait pas forcément gagner !
Te voilà donc aujourd’hui sur les routes avec ce nouvel album.
Oui, je fais des galas où je mêle les chansons de Mike, les classiques, des reprises, des chansons des années 70 et trois chansons du disque. L’an prochain je ferai une tournée avec un autre spectacle et beaucoup plus de chansons de cet album.

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Christian Servandier