Archives mensuelles : septembre 2024

Association Sport Adapté Santé 83 :
4 ans de bons et chaleureux services

Une énergie de folie, un sourire éclatant et constant. C’est Cécile limier, qui a créé l’association « Sport Adapté Santé 83 » depuis quatre ans et l’anime avec une force, une passion, une efficacité à toute épreuve.
Entourée d’une équipe motivée, en quatre ans elle a su imposer cette association qui a de nombreux buts, tous liées à la santé et au sport. Celle qu’on appelle avec tendresse Karatéka Woman (7ème dan !) a su donner aux arts martiaux une dimension humaine dont la devise est « Accueillir, informer, Former, partager »
Car cette association a pour objectif de proposer une activité physique et sportive à visée préventive en vue de garder le plus longtemps possible une autonomie, dans le sport adapté aux problématiques de santé de tous ordres.
Des cours collectifs, des ateliers thérapeutiques de gymnastique taoïste, de QI-Gong, de tai-chi-chuan, de karaté, qu’elle pratique avec celui qui fut son professeur : Louis Wan Heyoten, permettent à ses pratiquants une remise en forme … sous toutes ses formes, en proposant de multiples activités, en participant à de nombreux événements comme Octobre Rose, la journée des droits des femmes, des activités comme l’art thérapie , la marche bâtons, des ateliers de percussion ou d’improvisation, des ateliers d’auto-défense, de gestion de la douleur et de nombreuses sorties et rencontres afin de renforcer des liens.

Avec le docteur Stéphanie Guillaume
Nicolas Durand

Elle est entourée de nombreux bénévoles dont des médecins, des kinésithérapeutes, tel Nicolas Durand qui a créé le CPTS dont le but est le sport-santé et l’activité physique adaptée car il est persuadé que celle-ci joue un rôle crucial « dans la prévention des maladies, dans la gestion des affections chroniques et dans l’amélioration globale de la qualité de vie »
Aujourd’hui, l’association est soutenue par nombre d’associations aux compétences multiples comme Capsein, l’Apas, le CPTS « La sclérose et moi », la Maison associative Enfance Famille Ecole (MAEFE le Comité Départemental Olympique et Sportif de Var, la Maison Sport Santé 83 et même celle du Nord Caraïbes, l’Institut d’Etudes de la Maladie Chronique et surtout le docteur Stéphanie Guillaume, adjointe à la santé de la ville de Six-Fours, qui est toujours présente à ses côtés.
L’association regroupe aujourd’hui 127 adhérents de tous âges, la plus jeune ayant 37 ans, la plus âgée 90 ans… et demi, précise-t-elle !
Elle concerne des retraités, des salariés, des sans emploi, des personnes en situation d’invalidité et des personnes de remettant de graves maladies, le public atteint de maladies chroniques comme les troubles cardio-vasculaires le cancer, le diabète, les pathologies respiratoires…

Viviane Giol, femme de l’ombre
Louis Wan Heyoten
90 ans… et demi !

Bien entendu, toutes ces activités créent des liens, surtout pour des personnes isolées et durant cette assemblée générale qui s’est déroulée ce samedi 7 septembre quelques émouvants témoignages sont venus nous rappeler que l’union fait la force et que les rapports humains sont essentiels, cette association en est le vibrant témoignage.
Afin de pouvoir faire sortir les adhérents de leurs problèmes de santé, de solitude, de moral, Cécile leur offre des sorties diverses dont un stage qui s’est déroulé en Ardèche. Elle compte d’ailleurs renouveler très vite l’expérience qui fut enrichissante et appréciée.
Comme on le voit, l’association ne ménage pas ses efforts pour aider, soutenir et faire en sorte que la vie soit moins difficile pour certains, ce qui n’exclut pas qu’elle reçoive également les personnes en bonne santé qui veulent pratiquer des ports dans une ambiance chaleureuse.
Ce qui fut le cas en cette soirée qui augurait la cinquième saison et qui promettait encore de grands et beaux moments.

Jacques Brachet
Photos Monique Scaletta

Agathe & Adam BONITZER… Pour l’amour d’une mère

Ils ont tous les deux jeunes et beaux, un peu réservés, enfants du réalisateur et scénariste Pascal Bonitzer et de la réalisatrice et scénariste Sophie Fllières qui est décédée voici un an, juste après le tournage de son film « Ma vie, ma gueule »
Tous deux ont été baignés par le cinéma et, sachant sa mort venir, Sophie Fillières leur a demandé de monter le film à sa place, afin qu’il puisse vivre après elle. Tâche difficile pour cette comédienne qui ne connait que son métier d’actrice et ce tout jeune réalisateur qui écrit beaucoup mais qui n’a réalisé qu’un court métrage.
Mais, pour l’amour de leur mère et pour honorer sa mémoire, ils s’y sont mis de tout leur cœur, avec toute l’équipe du film, pour qu’il puisse exister. Tant et si bien que le film a ouvert la quinzaine des cinéastes à Cannes.
C’est un film très singulier puisqu’on découvre une femme au nom particulier : Barberine Bichette, dite Barbie (Agnès Jaoui) Elle semble travailler dans la pub, est séparée de son mari, ses enfants l’évitent et elle a un comportement bizarre : elle soliloque, ne se souvient plus d’un ancien ami, on ne sait trop si elle a un burn  out, la maladie d’Azheilmer, la crise de la cinquantaine, elle erre dans sa vie et l’on assiste à une lente descente dans un no man’s land. Jusqu’au jour où…

Le film est très lent, on vit au jour le jour avec Agnès Jaoui qui est prodigieuse, ne quittant jamais l’écran, mal coiffée, pas maquillée mais d’une grande beauté, avec des gros plans d’une émotion folle. Et il s’y dégage à la fin une magie, une poésie incroyable.
C’est au Six N’Etoiles qu’on rencontre Adam et Agathe, les enfants de Sophie, qui ont terminé le film  que leur mère n’a pu mener au bout.
« Agathe et Adam, votre histoire est à la fois touchante et belle puisque vous avez tenu la promesse à votre mère : Faire vivre ce film qu’elle n’a pas eu le temps de terminer.
Comment cela s’est passé ?

Agathe : Notre mère a été hospitalisée le lendemain de la fin du tournage. Nous étions bien sûr avec elle à l’hôpital, elle a su qu’elle ne pourrait pas terminer le film et tout de suite elle nous a demandé à tous les deux de la remplacer sur le montage, de le superviser avec le monteur qu’elle avait choisi, ainsi que toute la post production, l’étalonnage, le mixage, le montage son avec ses collaborateurs.
C’est un énorme travail, surtout que ça n’était pas dans vos cordes…
Agathe : Oui, c’était énorme mais tout le film était déjà tourné…
Adam : Et l’on a pu parler avec elle des possibilités du montage, on a regardé quelques rushes, elle nous a donné des indications précises. On a quand même pu assez communiquer avec elle pour pouvoir prendre la relève.

Quels ont été les plus gros problèmes que vous avez rencontrés ?
Adam : Des problèmes, il y en avait par le fait que notre mère n’était pas là. Mais cela ne nous a pas empêché de faire certaines choses, on a pris le film comme il était, on a travaillé avec le monteur. Nous étions submergés mais pas découragés. Les problèmes de montage, il y en a toujours mais qui se résolvent par le travail, l’aide des collaborateurs…
Agathe : Déjà, lorsqu’on a visionné les rushes, la matière était tellement forte, on aimait déjà tant le film qui n’était pas encore là, que cela nous a terriblement portés.
Aviez-vous vu le film non monté avant de le récupérer ?
Agathe : Non. Nous n’étions pas sur le tournage mais nous connaissions très bien le scénario, nous étions très proches de notre mère, on la voyait souvent, nous échangions beaucoup avec elle, nous avions parlé de beaucoup de choses avec elle…
Adam : Nous connaissions aussi tous ses autres films, son cinéma, nous la connaissions aussi très bien et c’est pour cela qu’elle nous a demandé de terminer son film car elle savait qu’on pourrait le faire.
Agathe : Nous étions les plus proches d’elle, de sa manière de concevoir les choses, de sa vision, même si nous n’étions pas expérimentés. Et elle savait que nous serions bien entourés.
Adam : Elle avait très confiance au monteur et ses collaborateurs et collaboratrices. Elle avait déjà travaillé avec eux pour la plupart. Personne ne nous a lâchés, au contraire.
Et les comédiens ?
Agathe : Lorsqu’on a monté le film, durant quatre mois on les voyait tous les jours sur l’écran. Je connaissais bien Agnès Jaoui car j’avais tourné en 2012 avec elle, sur son propre film, j’avais tourné aussi avec Jean-Pierre Bacri mais je ne connaissais pas Philippe Katerine, ni Valérie Donzelli. Lorsqu’on les a rencontrés, le film était déjà fini mais j’avais l’impression de les connaitre.

Dans quel état peut-on être de  présenter le film posthume de sa mère ?
Adam : C’est très émouvant bien sûr et de plus, comme le film a été très bien reçu, nous avons eu de très bons retours du public mais aussi de la presse, c’était assez surréaliste mais de façon très positive.
Agathe : Nous étions aussi entourés de toute notre famille, de beaucoup d’amis de notre mère, des nôtres, c’était à la fois une séance assez majestueuse et en même temps familiale
Adam : J’avais aussi l’impression que c’était un peu une consécration pour le cinéma de notre mère qui était appréciée de beaucoup de gens, de son public mais qui n’était jamais venue à Cannes et elle y a totalement trouvé sa place.
Lorsqu’on voit tous les grands comédiens avec qui elle a tourné y en avait-il ce jour-là?
Agathe : Il y en avait quelques-uns mais tous vont découvrir le film à la Cinémathèque Française où en, même temps que la sortie du film, il y aura une rétrospective, chaque comédien  et comédienne viendra présenter le film dans lequel il a joué. Il y aura Emmanuelle Devos, Sandrine Kiberlain, sa sœur Hélène Fillières, Judith Godrèche, Lambert Wilson, Mathieu Amalric, Melvil Poupaud et bien d’autres…
Et vous, Agathe !
Bien sûr puisque j’ai tourné deux fois avec elle. La rétrospective aura lieu du 16 au 23 septembre
Ayant des parents cinéastes, vous avez été baignés dans le cinéma ?
Adam : Oui mais nous n’avons pas particulièrement été poussés par nos parents, c’est un peu le destin…
Agathe : Et la passion familiale !
Adam : Oui, c’est quelque chose qui se transmet

L’un a choisi la réalisation, l’autre la comédie…
Adam : Je pense que c’est une vocation de caractère.
C’est-à-dire ?
Agathe : Moi, j’ai commencé très tôt à jouer, j’avais quatre ans et j’adorais ça. Même si j’ai fait des études de lettres et qu’à un moment je ne savais que choisir entre cinéma et littérature. Mais le cinéma l’a emporté car je savais très bien que je voulais être actrice. J’ai débuté avec Raoul Ruiz et j’avais une seule scène… Mais avec Mastroianni !
Adam : Vers 13, 14 ans, j’ai commencé à regarder beaucoup de films, à devenir très cinéphile, j’ai commencé à écrire beaucoup  de scénarios. C’était très instinctif et c’est très vite ce que j’ai eu envie de faire. J’ai toujours écrit pour A 16 ans j’ai écrit un long métrage qui ne s’est pas fait. Plus tard j’ai réalisé un court métrage.
Parlez-nous de ce personnage qui a l’air très perturbé dès le départ du film…
Adam : Je crois qu’elle ne sait pas d’où elle vient, où elle va. Le film est un peu ce trajet qu’elle a de vouloir recoller les morceaux d’une vie dont elle a oublié certaines choses, jusqu’à la fin où il y a pour elle une ouverture
Agathe : En fait, on entre tout de suite dans le film sans savoir qui elle est, ce qu’elle fait, où elle habite. Tout est un peu heurté et on entre avec elle dans le vif du sujet, sa vie, sa gueule. Ce qui peut désarçonner le public qu’on ne prend pas par la main pour expliquer. On est tout de suite embarqué avec elle et on va la suivre ensemble dans son univers.
Au départ, on ne sait pas trop où elle va… Mais elle y va !
Le choix d’Agnès Jaoui qui est incroyable et totalement habitée par ce rôle…
Adam : Elle tient le film, elle est quasiment de toutes les scènes. Mais au départ, notre mère ne savait pas qui aurait le rôle. Elle ne l’a pas écrit pour elle mais une fois écrit le scénario, elle a tout de suite pensé à Agnès… Qui a dit, elle aussi, tout de suite oui après l’avoir lu.
Il y a aussi Philippe Katerine, inattendu et poétique…
Agathe : Oui, nous ne le connaissions pas et il faut préciser que c’est lui qui a écrit la musique de fin car il n’y a aucune musique tout au long du film. Pendant le tournage, il a improvisé la musique sur son ukulélé Et on l’a gardée.
Comment votre mère a-t-elle eu l’idée de ce scénario ?
Agathe : C’est quasiment un autoportrait Presque tous ses films sont des portraits d’elle, décalés, remis dans un autre contexte. Mais ce film est sans doute le plus proche d’elle.
Adam : Il y a beaucoup de choses d’elle. Elle a même récupéré ses vêtements pour habiller le personnage, ses bijoux, l’appartement dans lequel vit Agnès et celui de notre mère »
Belle leçon de courage et d’amour pour ces deux jeunes gens qui ont voulu que l’œuvre de leur mère existe et continue d’exister.

Avec Noémie Dumas, directrice du Six N’Etoiles, Adam & Agathe Bonitzer

Jacques Brachet
Photos Alain Lafon