Archives mensuelles : décembre 2023

Notes de musiques :
Trois musiciens dans les cordes

Paul Zientara, Stéphanie Huang, Renaud Capuçon, Guillaume Bellom

Ils sont trois musiciens hors normes. Ils ont choisi de faire vibrer les cordes… Excellent choix  puisque cela leur a permis de faire partie des meilleurs instrumentistes dans le monde.
Et nous avons eu la joie de les rencontrer à Six-Fours, lors du festival de musique qui, tous les ans, nous permet de découvrir ou retrouver le nec plus ultra de la musique dite « classique », même s’ils se promènent dans d’autres musiques, que ce soit la variété ou la musique du monde.
Les deux frères Capuçon, Gautier et Renaud, y sont venus maintes fois, chaque année étant un rendez-vous qu’on ne manquerait pas. Quant à Nemanja Radulovic, nous l’avons découvert avec joie l’an dernier.
Les voilà tous les trois qui, chacun, nous offrent un disque en cette fin d’année 2023.

Renaud CAPUCON : « Cycle Mozart – The violin concertos » (Deutsche Grammophon)
Renaud a décidé de dédier cette année à Mozart.
Il nous avait déjà proposé en juin « Sonatas for piano & violin » avec le pianiste Kit Amstrong.
Il nous propose aujourd’hui « The violin concertos avec l’orchestre de chambre de Lausanne.
Il nous propose en même temps un troisième album – un e-album – où il met en valeur trois artistes montants : l’altiste Paul Zentaria, la violoncelliste Stéphanie Huang, le pianiste Guillaume Bellom, trois artistes qu’il nous avait fait découvrir l’été dernier lors de son concert à Six-Fours et qui interprètent des extraits de « Don Giovanni » et des « Noces de Figaro »
Pour en revenir à l’album, Renaud y interprètes les concertos 1-3, 4 & 5, le Rondo K 373 et l’adagio K 261. Les concertos, il les avait déjà interprétés avec l’orchestre de chambre de Lausanne et avait depuis longtemps envie de les enregistrer avec celui-ci.
Voilà qui est fait… Et bien fait !

Gautier CAPUCON : « Destination Paris » (Erato)
Alors que son frère Renaud nous avait offert « Un violon à Paris », voici que Gautier nous emmène « Destination Paris ». Un CD très particulier puisque, lui aussi, mêle des styles, passant de Rameau à Legrand, d’Aznavour à Debussy, de Morricone à Offenbach, De Brassens à Gounod, de Goldman à Fauré et j’en oublie !
A Six-Fours, il nous avait déjà proposé de mélange des genres qui avait électrisé une foule qui avait envahi le Parc de la Méditerranée. 
Sur ce CD, où il est accompagné de son fidèle pianiste Jérôme Ducros, avec qui il a réalisé arrangements et transcription, il s’est entouré de la Maîtrise de Radio France, de l’Orchestre à l’Ecole et de l’orchestre de chambre de Paris dirigé par Lionel Bringuier. Même Vladimir Cosma est venu en renfort pour « Reality », le fameux tube de « La boum ».
22 morceaux superbes qui nous font balader dans des genres très différents, avec son violoncelle magique.
A noter que Gautier se produira à l’Olympia le 26 février.

Nemanja RADULOVIC : Beethoven ((Warner Classics)
Il nous vient de Serbie où il a commencé le violon à 7 ans. A 15 ans il entrait au Conservatoire de Paris où son professeur était Patrice Fontanarosa. Il a aujourd’hui la double nationalité. Ses goûts vont vers Mozart et Beethoven, ce qui ne l’a pas empêché de nous offrir l’an passé un disque magnifiques de musiques traditionnelles « Roots », où il nous avait fait faire un beau voyage, du Brésil à la Chine en passant par tous les pays nordiques, l’Inde, le Japon… Et la France. Ce CD, pensé et enregistré durant le Covid. On retrouve l’ensemble « Double sens » qui l’accompagnait dans « Roots » dans ce nouvel opus consacré à Beethoven, avec le concerto in D op 61 et la sonate N°9 in A op47, la fameuse « Sonate à Kreutzer ».
Ce concerto lui tient à cœur depuis longtemps et s’il l’a beaucoup joué, il ne l’avait non plus jamais enregistré. Quant à « La sonate à Kreutze », elle fait aussi partie depuis longtemps de son répertoire. Il a joué la carte de la différence avec cet ensemble sans chef d’orchestre, en apportant une nouvelle approche à ces deux œuvres qu’il nous offre aujourd’hui.

Jacques Brachet

Six-Fours : Noël en orange et vert

Les Gardes Nature sont en vert.
Le Comité Communal des Feux de Forêts (CCFF) sont en orange
C’est donc dans cette ambiance bicolore que Jean-Sébastien Vialatte, maire de Six-Fours, les avaient réunis pour les remercier de leur travail bénévole qu’ils font à longueur d’années pour protéger nos forêts des imprudents (pour ne pas dire des inconscients) qui, malgré les panneaux, les avertissements, les interdictions, se croient chez eux, allument des feux ou des cigarettes dans des lieux de plus en plus fragilisés l’été par le manque de pluie, le vent et, comme le chantait Johnny, « il suffirait d’une étincelle » pour que notre beau patrimoine disparaisse en fumée.
Ces hommes et ces femmes, tout au long des jours, observent de leur mirador la moindre fumée, sont aux aguets et donnent de leur temps pour que nous puissions profiter de ces paysages méditerranéens.

« Aujourd’hui – nous confie Guy Berjot, actuel président du CCFF – en plus des promeneurs à pied, de plus en plus de gens viennent à vélo et même en trottinette pour pique-niquer, sans se rendre compte du danger que peut entraîner un feu de camp, ou un mégot ».
Du coup, tous se réunissent tout au long de l’année, bénévolement, par brigade, pour protéger cette forêt de plus en plus en danger pour cause de la pénurie d’eau qui augmente à chaque été.
En dehors du fait que tous ces bénévoles, hommes et femmes font un travail de protection admirable, ils proposent des stages à ceux qui voudraient se joindre à eux, dans une ambiance fraternelle, heureux de pouvoir apporter leur savoir et leur amour de la nature de plus en plus fragilisée.
Le maire et nombre de ses élus sont dont venus fêter Noël , les remercier de ce qu’ils font pour leur commune et trinquer avec eux en espérant que l’été prochain soit plus clément en eau que cette année particulièrement difficile et sèche.
C’est dans une belle fraternité que tous ont partagé ce moment de communion, emportant avec eux un joli cadeau pour fêter l’événement en famille.

Guy Berjot, actuel président du CCFF, présente à Jean-Sébastien Vialate, celui qui, au printemps, lui succèdera, Jean-Michel Bertrand

Jacques Brachet

Notes de musiques

Perrine MANSUY – Murmures – Piano solo – EM23/1 (Inouïes distributions)- 12 Titres.
Pour son quinzième album depuis Maneggio en 2000, la voici pour la première fois en piano solo, sauf trois morceaux avec la présence d’un compagnon des premiers jours, Jean-Luc Difraya, très minimaliste à la batterie et aux percussions, qui sait s’insérer subtilement dans ces chants d’amour.
Dès les premières notes l’âme est prise dans les filets de la pianiste. Un son clair, un toucher soyeux, des attaques nettes, une précision à tous les niveaux, une main gauche chatoyante qui fait un tapis à la mélodie, par exemple « Murmures #1 » ; c’est le son Perrine Mansuy.C’est une musique qui vient de l’intérieur, apaisée, qui vous murmure à l’oreille des choses tendres. « Depuis toujours, des paroles murmurées près de moi me plongent instantanément dans une état de transe, comme si j’entrais en vibration », nous confie-t-elle sur la pochette.
« First light in muskota » qui ouvre le disque, sur un tempo très lent, qui laisse respirer les notes, nous met tout de suite dans l’ambiance de ces murmures-rêveries, ce qui n’exclut pas la force d’expression.
J’ai retrouvé dans ce disque les mêmes impressions, les mêmes sentiments, les mêmes aurores diaphanes, que dans le disque du retour à la musique, donc à la vie, de Keith Jarrett, « The Melody at Night, with you ».
Musique fragile et forte à la fois. Tous les thèmes sont des compositions de la pianiste, sauf trois « Murmures » entièrement improvisés.
L’art du piano solo en jazz est un art difficile, surtout quand on ne bombarde pas la musique d’une multitude de notes. Perrine Mansuy y réussit merveilleusement.

HOT HOUSE – The Complete Jazz at Massey Hall Recordings, Toronto 15 mai 1953– 2 CD
Réédition 2023 Craft Recordings.
Saluons la réédition de ce disque monument, qui est un sommet de l’histoire du jazz avec quelques-uns des plus grands créateurs du Bebop, de ceux qui ont contribué à faire l’histoire du jazz : Charlie Parker (as), Dizzy Gillespie (tp), Bud Powell (p), Charles Mingus (b), Max Roach (dm).
Le déferlement du feu de l’enfer et du souffle de dieu. Body and Soul. Et le tout dans une extrême complexité, technique, rythmique et harmonique. Et presque tout improvisé. Le Quintet s’exprime sur des grands standards: Salt Peanuts, Hot House, A Night in Tunisia… simples prétextes à des envolées bouquet final de feux d’artifice.
On n’a jamais retrouvé le son et la technique d’alto de Charlie Parker (peut-être Cannonball Adderley ?) si chaleureux, si prenant, si envoûtant, d’une urgence enflammée, comme si sa vie en dépendait. Bien sûr certains aujourd’hui ont une plus grande virtuosité que ces gars-là, due à l’évolution de la facture des instruments; mais la musique ce n’est pas que de la technique et des notes. Chez ces boppers chaque note est une bombe qui vous explose au cœur et à la tête.
Pour la petite histoire, l’ingénieur du son était tellement bourré qu’il a oublié d’ouvrir le micro de la contrebasse. Pris d’une rage folle Mingus s’enferma dans le studio et réenregistra toute la partie de basse, et on n’y entend que du feu. Ces deux disques sont un sommet de la musique. Ils devraient trôner à la place d’honneur de toute discothèque, d’amateurs de jazz, ou tout simplement de musique
Christina ROSMINI– Inti – (Couleurs d’orange – l’Autre Distribution CD0233317) – 14 titres.
Christina fait preuve de grandes ambitions. Elle se place d’entrée sous la protection d’Inti, une force divine reconnue par les peuples andins. Elle prétend exprimer « …ses indignations, ses rêves, ses espoirs…Un album photos des nombreux pays qu’elle a visités… Un voyage dans le temps…etc ». De plus chaque chanson dispose d’un texte qui l’explicite, et ça c’est bien on a les paroles. Bigre ! Et la musique dans tout ça.
Christina Rosmini chante et joue de la guitare et de nombreuses percussions. Elle est accompagnée par Bruno Caviglia à la guitare, Sébastien Debard à l’accordéon, au bandonéon et autres claviers, Xavier Sanchez, à la batterie et au cajòn, Bernard Menu à la basse ; plus quelques invités (voir la pochette).
Eh  bien surprise ! On a affaire  à une grande chanteuse, parolière, et compositrice. La voix juvénile, sensuelle et charmeuse s’appuie sur les mots, avec souvent des remontées délicieuses en fin de phrase, les mélodies sont belles et originales, savamment entourées par le groupe, sans esbroufes, sur des rythmes variés. Et chose rare aujourd’hui : une diction parfaite
Voilà un disque qui sort des sempiternelles aventures plus ou moins amoureuses et autres niaiseries intimes.
Christina Rosmini écrit bien, ses textes sont de véritables poèmes : sens des images, du rythme, des sonorités, et expression des sentiments divers. Tous les morceaux sont à citer tant la diversité des inspirations donne envie de tout écouter, et de remettre le disque. Pas étonnant toutes ces qualités, elle se revendique la nièce de Brassens ( cf.Tío Brassens).
Parmi les perles : « Tant de fleurs », un chachacha qui jouent avec malice sur les ambiguïtés sexuelles des termes musicaux, avec un hommage à Django. « Le Konnakol du bon vieux temps » basé sur les konnakols, des duels de percussions vocales contre les tablas. Le tout avec une facilité déconcertante.
Une grande voix de la chanson, de France et d’ailleurs, et un fabuleux voyage en musiques.

Serge baudot

Notes de lectures

Cécile CHABAUD : Indigne (Ed Écriture – 231 pages)
Un titre coup de poing qui peut mettre mal à l’aise car assez peu employé et comme le lecteur le découvrira à la lecture de ce livre sans doute justifié. De nombreux dessins au crayon accompagnent  ce roman, des hommes émaciés entassés sur des châlits, revêtus de tuniques rayées… Oui, tout cela rappelle la seconde guerre mondiale, les camps de concentration et cette sanction très particulière en France, l’indignité nationale.
Georges Despaux, natif de Pau, handicapé après une poliomyélite attrapée dans sa jeunesse est accusé d’avoir collaboré avec les allemands en écrivant des articles dans la revue « Assaut » entre 1941 et 1943. Pourquoi cette condamnation malgré son tatouage bien caractéristique des internements dans les camps de Buchenwald ? Cécile Chabaud est l’arrière petite cousine de Georges Despaux, sa famille vit toujours la honte de compter parmi ses ancêtres  un « collabo » ; aussi avec l’aide de tous les dessins  témoignant de l’enfer des camps et du petit-fils d’un autre détenu, Samuel, sauvé de la barbarie par ce Georges Despaux qui n’est donc pas complètement mauvais, elle redonne vie et éclat à des êtres qui ont connu l’innommable.
Ce livre est un témoignage poignant qui malmène le lecteur lisant la plaidoirie accusatrice lors du procès de ce Georges Delvaux et tous ces dessins d’anciens détenus aujourd’hui disparus. Tout concourrait à faire condamner Delvaux, l’époque cherchait des responsables pour cacher les propres défaillances des juges et, oh surprise, il n’y a pas eu de condamnation : Georges Despaux a été jugé non coupable, mais pire, indigne, un terme peu employé qui définit bien la mise au ban de la société de celui qui en est frappé. Cécile Chabaud a eu le courage  de faire revivre ces évènements du passé, elle le fait avec brio et une sincérité honorable.
Max-Erwann GASTINEAU : L’ère de l’affirmation (Ed Cerf – 197 Pages)
L’auteur est diplômé en histoire et relations internationales. Il a travaillé en chine et aux Nations Unies, à l’Assemblée nationale  puis dans le monde de l’énergie.
Ce livre n’est pas un roman mais une étude géo- politique très documentée et très argumentée par de nombreuses références sur le monde en pleine mutation (internet, émergence de la Chine, de l’Asie…etc)    où l’Occident n’est plus un seul modèle.
Il nous fait part de ses découvertes culturelles, modèles économiques et politiques et de ses pensées lors de ses séjours professionnels ; il s’appuie également sur les crises, les décisions internationales pour démontrer que le monde est pluriel et que l’Occident, la France, l’Europe, propulsés entre 2022 et 2023 dans l’âge de raison se doivent à l’introspection : « Et si le chaos que nous croyons percevoir dans la désoccidentalisation ambiante était en fait un ordre crypté que nous ne savions pas lire. Et si le libéralisme occidental n’était universel que de son ignorance des autres tradition ? »
Et si répondre au défi de la désoccidentalisation était plutôt une opportunité pour nos sociétés qu’une menace ?
Livre fort intéressant par l’idée développée mais la lecture est ardue. 

Guillaume VILLEMOT : L’homme qui osait ses rêves (Ed Baker Street – 187 pages)
Dans ce court ouvrage, Guillaume Villemot présente avec talent l’homme étonnant qu’a été André Malraux.
Aventurier, voleur, menteur, addict à l’alcool et aux drogues certes mais homme engagé, défenseur du rayonnement de la France et de l’accès de tous à la culture ; écrivain autodidacte à succès, primé par le Goncourt pour « La Condition Humaine » il y a quatre-vingt-dix ans. Quelques citations bien choisies par l’auteur permettent de comprendre la personnalité de cet homme: « Les idées ne sont pas faites pour être pensées mais pour être vécues » ; » Je mens mais mes songes deviennent réalité ».
Un être farfelu, au sens du mot italien farfalla qui veut dire papillon, un être qui ne fait rien à moitié. A sa mort, Madeleine sa dernière épouse dira qu’il a eu « une existence brillante, tourmentée, autodestructrice, éminemment destructrice ».
Le lecteur apprendra beaucoup sur cet homme d’exception que l’auteur n’hésite pas à comparer avec Tintin, Corto Maltese et Indiana Jones !
Alain MALRAUX : Au passage des grelots – Dans le secret des Malraux ( Ed.Baker Street – 325 pages)
L’auteur, né en 1944, n’a pas connu son père, mort en déportation pour faits de résistance.
Il sera adopté par son oncle Roland Malraux et sa femme Marie-Madeleine Livroux. Auteur de pièces à succès il a écrit ce « Au passage de ces grelots », vaste chronique le plus souvent mondaine de l’auteur pour ce père inconnu mais plein de gloire. Il utilise ici le milieu artistique, littéraire et mondain qu’il fréquente de par sa famille et ses connaissances, sous la forme de chroniques pleines de témoignages et de vécu.
Il nous familiarise donc avec ce public aux multiples anecdotes personnelles en une grande fresque des années soixante à nos jours. C’est d’une plume souvent très recherchée, parfois trop, que nous suivons cette vaste rétrospective, réveillée par les grelots, comme la petite boule métallique qui s’agite pour capter l’attention du spectateur.
Mais pourquoi trois livres sur Malraux pour cette rentrée littéraire ? Cette année on fête les 90 ans du prix Goncourt remporté par André. Malraux avec « La condition humaine » et qui est l’occasion pour ce fils posthume de réveiller l’homme illustre qui a marqué cette période .

Philippe LANGENIEUX : les derniers jours d’André Malraux. (Ed Baker Street – 277 pages)
André Malraux est devenu célèbre à la parution de son livre « la Condition humaine » en 1933, etl fut Prix Goncourt à l’unanimité. Il est nommé  Ministre d’Etat, chargé des affaires culturelles en 1959, il y reste dix ans. Il est responsable des rayonnements de la politique culturelle en France et hors des frontières. Ce livre comporte plusieurs chapitres très courts, qui relatent sa vie mois par mois, du 25 janvier 1976 au 23 novembre 1976 date de sa mort.
 Malraux s’est réfugié à Verrières-les- Buissons, entouré de sa famille et de ses amis.  Les conversations sont vives et riches en réflexions de toutes sortes, sur un ton parfois drôle et ironique. Il se dit « sur le chemin des morts » et lutte contre la maladie avec dignité. Il raconte ses nombreux et grands voyages (Haïti, Chine …) ses rencontres avec les grands de ce monde ; depuis la mort de Charles de Gaulle, le monde est vide dit il. Il évoque la Birmanie qu’il n’a pas eu le temps d’aller visiter, et le regrette ;  il ajoute encore « j’ai dit tout ce que j’avais à dire », il fait sienne une phrase de Charles de Gaulle « Être vieux, ce n’est pas » d’avoir été » c’est garder toujours la chance « d’être encore », c’est refuser de s’intéresser au monde et aux autres. On se souvient de sa voix vibrante accompagnée de gestes excessifs et désordonnés, en conclusion, il nous dit  « l’Art est une résurrection, la seule qui soit promise ». Ce livre est riche et très intéressant. On y apprend beaucoup de choses dans tous  les domaines.
Marc DUFAUD : Les Musiques Antillaises (Ed Casa – 159 pages)
Voici ce qu’on appelle un beau livre. Grand format, beau papier, belle présentation, iconographie dense et originale.
Marc Dufaud nous emmène en voyage à travers la musique antillaise, depuis sa naissance avec l’esclavage africain dès 1643 jusqu’à nos jours, par des portraits, les évolutions de cette musique, et les données historiques et sociétales dans lesquelles elle s’est épanouie.
L’auteur procède par différentes approches : La naissance et l’évolution – des portraits des grands protagonistes – Le Gwoka Bel Air – Les grandes décennies. Le tout avec une grande richesse d’informations.
Tout part de la biguine originelle de Saint-Pierre pour créer une musique très riche qui se développe principalement en Martinique et en Guadeloupe.
Aux tambours primitifs vont s’ajouter les instruments des blancs : Le violon, le violoncelle, le cornet, la clarinette, le banjo et petit à petit le piano.
Musique créole qui va devenir un art majeur, mais l’éruption de la Montagne Pelée en 1902 par la mort de presque tous les musiciens va mettre un coup d’arrêt à cette musique. Mais elle renaîtra de ses cendres à Fort de France pour finalement envahir Paris, en même temps que le jazz, de 1929 à 1940, et perdurera même pendant la guerre.
Bientôt naîtra le zouk entre 1980 et 2000, une biguine cubaine qui va atteindre une notoriété internationale avec le groupe Kassav.
« Le Gwoka est l’âme de La Guadeloupe ». Le Gwoka combine le chant responsorial en créole, le rythme des tambours Ka, l’improvisation, et la danse jusqu’à la transe. Le livre se termine par un hommage aux chanteuses et chanteurs antillais, et sur ceux qui font perdurer cette musique aujourd’hui.
Il est impossible, dans le cadre de cette chronique, de citer tous les chapitres, tous les noms des artistes (plus d’une centaine).
Alors si vous voulez découvrir la musique antillaise, ce livre unique en son genre, est un must.
Marc Dufaud est cinéaste, écrivain, participe à nombre de magazines dont Rock and Folk.

David HALLYDAY : « Meilleur album » (Ed Cherche Midi – 277 pages)
Évidemment, lorsqu’on dit « Hallyday », on pense automatiquement « Johnny ».
Mais il ne faut pas oublier David, son fils qui fait une belle carrière, carrière qui a débuté à Los Angeles, grâce à Tony Scotti, l’époux de sa mère Sylvie Vartan.
S’il est aujourd’hui un talent reconnu, il a toujours été d’une discrétion, d’une gentillesse, d’une simplicité désarmantes.
On s’en est rendu compte lors du décès de son père où, au milieu d’une folie médiatique malsaine, il est toujours resté en dehors des polémiques, ne s’étalant pas dans ces journaux-poubelles, restant discret, pudique et hors d’atteinte.
Aujourd’hui il nous offre cette biographie, qui n’est ni une revanche, ni un règlement de compte, laissant parler son cœur et ses souvenirs avec beaucoup d’émotion et une certaine nostalgie.
Ses premières années se sont passées entouré de trois femmes : sa mère, sa grand’mère, sa tante et quelquefois son père qui était toujours par monts et par vaux.
Entre deux idoles, il s’est très vite aperçu que ses parents ne lui appartenaient pas et il en a été très peiné et jaloux.
Il faudra qu’il s’installe à Los Angeles pour connaître la vraie vie, la liberté d’un ado comme les autres, ses parents n’étant pas connus là-bas.
Il a toujours été baigné de musique mais très tôt il s’est pris de passion pour la batterie dont il pensait faire son métier si ce n’est Tony Scotti qui l’a pris sous son aile, père de substitution, son deuxième père dit-il qui, dès ses 14 ans,  l’a aidé, conseillé, aimé comme un fils, lui faisant donner des cours et l’incitant à chanter. D’où quelques tournées avec des groupes jusqu’à son premier CD en anglais qui fera un carton  « True cool » sur lequel « High » devient un tube.
Peu à peu il apprend à connaître son vrai père et on se souvient de ce petit blondinet qui prend la place sur scène du batteur pour lui faire une surprise. C’est d’ailleurs Johnny qui lui a demandé de garder le nom de Hallyday. Et puis ce sera l’aventure de « sang pour sang » le disque culte qu’ils font ensemble et les réunit à jamais, qui sera la plus forte vente de la carrière de son père.
Tout étant rentré dans l’ordre, cela n’empêche les traces gardées de ce petit garçon solitaire, secret, même si sa mère a tout fait pour qu’il ait une enfance heureuse.
Aujourd’hui, père de trois enfants, deux filles Ilona et Emma qu’on peut voir tous les soirs dans la série « Demain nous appartient » et Cameron.
Il a aujourd’hui 57 ans et est grand ’père… Qui peut le croire ???
Ce livre est un joli moment d’émotion, admirablement écrit, qui nous livre ses passions, ses doutes, et tout à la fois ses fragilités et sa force.
Eric CHACOUR : Ce que je sais de toi (Ed Philippe Rey – 301 pages)
Ce premier roman est une révélation et un véritable bonheur de lecture.
L’histoire se passe surtout en Égypte, dans un milieu aisé du Caire où la vie est réglementée par  des codes à ne pas transgresser. L’homosexualité est condamnée par la religion, aussi la fuite est parfois la seule solution pour éviter la prison ou pire, la mort.  Ce sera le cas de Tarek, cet homme à qui s’adresse celui qui écrit, un être familier puisqu’il le tutoie.
La suite du roman révèlera les liens jusque là non révélés. Trois parties, Toi, Moi, Nous, qui résument la vie de Tarek, ses souffrances, ses amours, sa fuite vers un autre continent. Mais peut-on fuir indéfiniment ? Il y a parfois des retours au pays réparateurs, des vérités difficiles à entendre mais aussi des vérités réparatrices.
Ce livre est bouleversant par la limpidité de l’écriture, les pages se lisent trop vite, le lecteur en redemandera très vite à Eric Chacour. Il faut aussi remarquer la superbe peinture de Alireza Shajaian, peintre iranien qui a dû fuir lui aussi l’Iran pour cacher et vivre son homosexualité, un parallèle parfait pour ce premier roman d’Eric Chacour, un auteur à suivre absolument.

Raphaëlle GIORDANO : Heureux les fêlés car ils laissent passer la lumière
(Ed Récamier – 307 pages)
Ce roman est quasiment un ouvrage de développement personnel.
S’inspirant de témoignages vrais relatant divers cas de peurs inavouables, Raphaëlle Giordano met en scène des personnes qui ont toutes en elle une peur ou une fragilité née de sa vie d’enfant ou d’adolescent.
Henriette, Auguste, Tony, Kenzo, Claire devront tous arriver à accepter leur part de vulnérabilité pour commencer à révéler leur pleine puissance.
Les lecteurs qui sont de grands anxieux et qui ont du mal à gérer leurs atypismes se décomplexeront : tel est le souhait de l’auteur.
Véronique JANNOT : Le présent est mon refuge (Ed XO – 258 pages)
Elle a le regard pétillant, le sourire lumineux qui respire la gentillesse, la sagesse, la sérénité.
Comédienne au cinéma, au théâtre, à la télé, chanteuse, Véronique Jannot est multi-talents et depuis quelques décennies elle reste l’une des artistes préférées des Français.
Sa carrière est semée de belles rencontres comme Michel Boujenah, Alain Delon, Nicole Croisille, Line Renaud, Laurent Voulzy, Charles Anavour, Johnny Hallyday et beaucoup d’autres. Les dernières en dates étant Solène Hébert et Juliette Tresanini, ses deux filles de la série « Demain nous appartient ». Et sa plus belle rencontre reste celle du Dalaï Lama.
Ce nouveau livre n’est pas du tout une biographie comme pourraient le supposer les images qu’elle nous propose en fin de livre.
Elle nous livre en fait ses réflexions sur la vie, la spiritualité, la méditation, la recherche du bonheur et de la paix. Ce n’est pas du tout une leçon qu’elle nous donne mais une conversation avec ce public qui la suit et l’aime depuis des années et qu’elle nous offre, si l’on peut dire à livre ouvert. On l’a dite militante mais elle précise qu’elle milite « en douceur » !
L’amitié, l’amour, la solidarité sont les ingrédients de sa vie car si elle reçoit beaucoup de son public, elle donne beaucoup de sa personne.
Ce livre est un essai sur le vivre ensemble, le vivre en paix ce qui, pour elle est un espoir et non une utopie. Mais il est vrai que le chemin de la sagesse est encore loin pour l’Homme, la violence et la guerre sont là pour nous le rappeler tous les jours.
Lorsqu’on la connaît un peu (et j’ai cette chance) Véronique est une boule d’amour qui sait marier son métier, qui est quelquefois loin de ses véritables préoccupations, et ce refuge qui la tient droite et sereine.
Que vous dire sinon que Véronique est une belle personne ?

France Télévision : Fêtes en séries

Meurtres au paradis : L’étrange Noël de Debbie
France 2 – Mercredi 27 décembre à 21.10
Nouvelle enquête à élucider pour l’inspecteur Neville Parker et son équipe durant les fêtes de fin d’année pour cet épisode spécial de Noël

Debbie Clumson travaille pour une entreprise familiale dont le propriétaire est Gerry Stableforth. Lorsqu’elle est invitée à passer Noël aux Caraïbes, où réside la famille, elle est ravie de s’y rendre, même si son plaisir est un peu gâché par le fait que Dave, son fiancé, refuse de l’accompagner. Le soir de son arrivée, elle est surprise par un hurlement qui provient des jardins de la propriété. Accompagnée de Benjamin, le fils de Gerry, et de Riley, sa nièce, elle se rend sur les lieux et découvre avec effroi que Gerry est tombé dans un ravin. Ce dernier a le temps de prononcer quelques mots mystérieux avant de mourir. Le mystère s’épaissit davantage, lorsqu’arrivés sur les lieux, l’Inspecteur Parker et son équipe constatent que Debbie a disparu…

Avec : AvecRalph Little (Inspecteur Neville Parker), Don Warrington (Commandant Selwyn Patterson), Shantol Jackson (Sergent Naomi Thomas), Tahj Miles (Agent Marlon Pryce), Ginny Holder (Officier stagiaire Darlene Curtis) et Élizabeth Bourgine (Catherine Bordey)
Créateur : Robert Thorogood – Scénario : James Hall – Réalisation : Steve Brett


Tandem : Retour vers le passé
France 3 – Mardi 2 janvier à 21.10

Léa et Paul, amoureux, partent en vacances en famille dans la nouvelle maison d’Annie et Pierre. Loin de Montpellier et de la gendarmerie, ils comptent bien profiter de ce temps en famille. C’est sans compter la découverte d’un bras le long d’un chemin de randonnée qui vont les pousser à mener l’enquête… Il ne leur faudra que très peu de temps pour comprendre que ce membre est relié à un corps retrouvé dans les marais de l’étang de Thau. Les analyses révèlent que le corps est celui d’une femme nommée Ludivine Camus, ancienne amie de Léa, mais aussi ex-petite amie de Paul, décédée il y a maintenant vingt-huit ans. Pourquoi mettre ce bras sur leur chemin ? Dans l’ombre, quelqu’un joue avec eux et les manipule. Mais dans quel but ? Que cherche-t-il ? Se venger ? Faire éclater la vérité ? Pour résoudre cette enquête, Léa et Paul vont devoir se replonger dans leur passé et rouvrir l’enquête sur la mort de Ludivine Camus, qui avait été classée comme un suicide à l’époque

Avec : Astrid Veillon (Commandante Léa Soler), Stéphane Blancafort (Capitaine Paul Marchal), Alban Casterman (Lieutenant Célestin Morel), Nelly Lawson (Camille Barbier), Patrick Descamps (Colonel Pierre Soler), Titouan Laporte (Thomas), Sarah-Cheyenne (Alice), Isabelle Tanakil (Annie Soler), Marie Bernard (Appolline), François-Dominique Blin (Franck Marvaud), Damien Jouillerot (Fabrice Fournier, 50 ans), Charles Lelaure (Clément Chassagne), Manoëlle Gaillard (Hélène Chassagne), Alicia Mathenna (Justine Camus), Léa François (Anaïs Camus), Myriam Bourguignon (Elodie Fabre), Quentin Menard (Loïc Le Gall), Mathys Payet (Théo Briand), Charly Brault (Fabrice Fournier, 25 ans)
Réalisation : Astrid Veillon – Scénario : Anthony Maugendre

César WagnerÉpisode 8 : Un mariage, deux enterrements
France 2 – Vendredi 5 janvier à 21.10
Découvrez les nouvelles aventures du plus hypocondriaque des capitaines de police, qui avait réuni en moyenne 5,2 millions de téléspectateurs lors de sa dernière diffusion en janvier dernier. 

Mariage chez les Wagner. Marie-Ange, la mère de César, se marie avec Christian Haas. Alors que la fête bat son plein dans un château près de Strasbourg, un cadavre est retrouvé dans la chambre froide. César et son équipe mettent tout en œuvre, et dans la plus grande discrétion, pour trouver le coupable sans gâcher la fête. Une mission complexe puisque les principaux suspects travaillent pour l’entreprise qui organise l’événement, et dont la directrice n’est autre que la fille de Christian Haas…

Avec Gil Alma (César Wagner), Olivia Côte (Elise Beaumont), Etienne Diallo (Greg Rollot), Nadia Roz (Samia Belkacem), Amaury de Crayencour (Arthur Weiss), Joséphine de Meaux (Frédérique Koehler), Pierre Raby (Christophe Mondénian), Fanny Cottencon (Marie-Ange Wagner), Antonia de Rendinger (Philomène Fisher)…
En guestsSamuel Labarthe (Christian Hass), Karina Testa (Aida Cissé), Florent Peyre (Jean-Eudes de la Ferté), Pauline Bression (Victoire Hass)

GIL ALMA, OLIVIA COTE, AMAURY DE CRAYENCOUR, FLORENT PEYRE

Jeanfi JANSSENS… « J’arrive des nuages »


Nous nous étions brièvement rencontrés au Théâtre Galli de Sanary où nous avions rendez-vous pour une interview. Mais les aléas ont fait que, son arrivée retardée nous a empêchés de la faire.
Nous nous étions vus après le spectacle et m’avait fait une promesse : « Lors de mon prochain passage dans la région, on fera l’interview ».
Le temps a passé, le Covid aussi et pourtant, voici Jeanfi durant deux jours à Toulon où il teste son nouveau spectacle au Colbert : « Tombé du ciel ».
Il a tenu sa promesse et nous voilà réunis à son hôtel pour cette interview promise, barbu et toujours aussi simple, souriant, volubile.

« Jeanfi, parlons donc de ce nouveau spectacle !
Je suis très heureux de revenir tout seul sur scène, même si j’ai adoré jouer au théâtre avec Stéphane Plaza et Valérie Mairesse. Là, je me retrouve « moi » !
Ça te manquait ?
Oui, je l’avoue. Dans le premier spectacle, on venait de me découvrir, les gens venaient voir qui j’étais. Ce nouveau spectacle est plus en profondeur. Aujourd’hui j’ai 50 ans…
Déjà ? On dirait un ado !
(Il rit) Je les aurai dans dix jours ! Bien sûr, comme dans le premier spectacle, je parle de ma vie, de mon arrivée dans le show biz, de ce qui a changé pour moi mais aussi pour mes parents, de mes moments de solitude, de la vieillesse, de mes déboires médicaux…
Ça n’est pas très gai tout ça !
Mais c’est dit avec humour et il y a des choses plus drôles comme ma relation avec mon animal et d’être devenu tout ce que je ne voulais pas devenir.
C’est-à-dire ?
Que je suis devenu un vieux pédé avec sa chatte !!!
Enfin, je parle plus de moi. Au premier spectacle les gens découvraient l’ancien steward devenu artiste. Je parle plus de ma mère, de mon enfance. J’ai été élevé chez les bonnes sœurs de Ste Thérèse d’Avila parce que mes parents voulaient que j’aie une bonne éducation. Je parle de mes croyances, de mes superstitions qui me pourrissent la vie. Etre superstitieux c’est très contraignant, surtout lorsqu’on est comédien. Je suis capable de faire le tour de la ville pour ne pas passer sous une échelle !
Rassure-moi : ta chatte n’est pas noire ?
Ah non ! Sinon je l’aurais assassinée !

Ta mère est toujours très présente…
Oui, aussi bien dans ma vie que dans mon spectacle. Elle était déjà très contente de m’accompagner dans mes voyages lorsque l’étais steward et aujourd’hui elle est très heureuse de connaître le monde des paillettes. Être assise à côté de Marie Laforêt lors de mon Olympia ça l’a remplie de joie !
Dans ce nouveau spectacle, il est encore question de vol !
« Tombé du ciel », ça veut dire que, depuis sept ans, je me suis amarré au sol. Pour moi le ciel a un côté providentiel. J’aime à dire que le ciel m’a connu avant la terre. Je suis tombé du ciel pour raconter mes histoires du plancher des vaches. J’arrive des nuages. Le ciel reste important dans ma vie.
C’est ton second ou troisième spectacle ?
C’est le second mais le premier a changé de nom en cours de route.
Pourquoi ?
Parce que « Au sol et en vol », c’était lorsque je démarrais. C’était une version « amateur », Et puis, étant plus connu, j’ai changé, adapté des choses… J’ai trouvé que « Jeanfi décolle » était plus adapté à ce qu’était devenu le spectacle. Et ce que j’étais devenu.
Depuis quand aimes-tu faire rire les gens ?
Depuis toujours ! Très jeune ma mère m’a appris l’humour, la dérision. Dans l’avion, durant dix à quinze heures de vol, pour passer le temps, j’aimais faire rire les passagers. Mes collègues me disaient que j’avais un don, de faire du théâtre. Mais au départ, je n’étais pas persuadé que ce que je racontais dans les avions pouvait intéresser et faire rire les gens au sol.
Et alors ?
Alors c’est une copine qui m’a inscrit dans un concours, « Le Printemps du Rire » à Toulouse. Je suis arrivé finaliste, je n’ai pas gagné mais ça m’a donné l’envie d’écrire, mais en dilettante, sans jamais penser en faire un métier.
Mais écrire était quand même dans l’idée de jouer ?
Non, c’était d’abord pour le plaisir, faire rire les copains mais aussi bien sûr, monter sur scène sans jamais penser pouvoir en vivre un jour. C’est un milieu où il n’y a pas de garantie de succès. Les places sont chères. En plus, j’étais très bien à Air France, c’était un métier que j’adorais, j’avais une bonne situation, je gagnais bien ma vie. Je ne me voyais pas tout remettre en cause.
Ce sont les hasards de la vie, l’importance que les choses ont prises. J’ai dû choisir. Et j’ai choisi d’entrer dans le grand bain !

Tout a suivi : la télé, le théâtre, le cinéma… De belles rencontres…
Oui, j’ai fait de très belles rencontres, de Dany Boon à Stéphane Plaza en passant par tous les gens que j’ai pu connaître aux « Grosses Têtes » ou à la télé.
Tu as beaucoup de projets ?
Oui, j’ai envie d’essayer plein de choses. Par contre, je suis mono-tâches : je ne sais pas faire plusieurs choses à la fois. Donc, aujourd’hui c’est ce nouveau spectacle, cette tournée-test, Paris puis une grande tournée. Il n’y a pas de place dans ma tête pour faire plusieurs choses à la fois !
Tu es un vrai ch’ti donc il était évident que tu rencontres Dany Boon ?
Oui, je suis de Maubeuge ! Quant à Dany, c’est Laurent Ruquier qui me l’a présenté aux « Grosses têtes ». Il préparait un film, « La chtite » famille », le contact s’est bien passé et aussitôt il m’a proposé un rôle dans son film… Il l’a rajouté pour moi, il a fait un essai… Et il a gardé la scène !
Et le théâtre, avec entre autre Stéphane Plaza pour la pièce « Un couple magique ».
Grâce encore à Laurent Ruquier qui a écrit la pièce. Ça a été très dense et couronné de succès  puisqu’on a rempli des Zéniths. 293 représentations sur un an de tournée ! C’était énorme… et épuisant ! Surtout que les producteurs ne se rendent pas compte de ce qu’ils nous font endurer, un jour à Marseille, le lendemain à Nantes, pour revenir à Toulon ou à Colmar. Il n’y a pas de logique. Heureusement qu’on s’aimait et qu’on s’entendait bien !
Alors, cette mini-tournée ?
Une tournée de rodage en quelque sorte. C’est un spectacle que j’ai écrit et que je teste avec le public. Je vois comment il réagit, ce qui lui plaît ou pas. Du fait de jouer dans de petites salles, j’ai un rapport direct avec lui, je parle avec lui. Ça me donne des fulgurances, c’est créatif. Chaque soir je filme le spectacle. Le lendemain matin je le visionne, je corrige, je rajoute, j’enlève, je réécris. La matière est posée mais je construis de jour en jour. J’ai déjà changé plein de choses, le spectacle a déjà beaucoup bougé. Ce qui me touche c’est que les gens m’écoutent, me parlent. De descends dans la salle. Il me semble qu’aujourd’hui je fais partie de la famille, une famille qui s’agrandit. Il y a aussi une certaine pression car ce n’est pas parce que ça a marché une fois que ça va encore marcher.



Y a-t-il des gens qui t’ont marqué dans ce métier ?
Il y en a beaucoup comme par exemple Pierre Bénichou qui m’a beaucoup impressionné. On a eu du mal au départ à s’apprivoiser car on venait de deux milieux différents. Mais j’ai eu la chance de rencontrer des gens que j’admirais lorsque j’étais plus jeune. Jamais alors je n’aurais pensé à les rencontrer, travailler avec eux. Muriel Rubin avec qui j’ai collaboré, jamais je n’aurais pensé que ça puisse arriver un jour. Mais je suis resté ce gamin admiratif qui se dit aujourd’hui : « Tu te rends compte avec qui tu parles ? »
Tu as aussi écrit un livre « Le carnet de vol de Jeanfi »
Oui mais c’est surtout, comme son nom l’indique, des anecdotes que j’ai vécu durant mes voyages.
Y aura-t-il une suite ?
Je ne pense pas. S’il y a une prochaine fois, ce sera plutôt une sorte de biographie, mon parcours, mes rêves, ce qui s’est passé dans ma vie…
Il y a donc bientôt Paris ?
Oui, ce sera au Point-Virgule, à partir du 18 janvier, dans la grande salle. C’est là que tout a commencé. Pour moi ça a un côté affectif car je me sens bien dans cette salle. Il y a aussi un côté familial. C’est un peu comme à la maison. C’est pour quatre mois, quatre fois par semaine. Et puis il y aura la tournée avec de grandes salles de 1550 à 3000 personnes. » Et l’on a déjà rendez-vous sur la tournée !
En attendant, il a du taf  notre « vieux » comédien et dans dix jours… Joyeux anniversaire au quinquagénaire !!!
Jacques Brachet
Photos Alain Lafon