Simon (Hakim Jemili) et Adélaïde (Camille Lou) vivent une vie trépidante et bruyante à Paris. Métro, boulot, embouteillages, bruits en tous genres sans compter les cris incessants de leurs deux enfants survoltés qui vivent dans un étroit appartement.
Ils ne rêvent que nature, grands espaces et silence.
Et voilà qu’ils dégottent une annonce inespérée : immense maison, grand champ, forêt… pour une bouchée de pain… Trop beau pour être vrai !
Et justement si, au départ tout semble un conte de fée, tout va changer à l’ouverture de la chasse où tout le village mené par deux gentils cinglés (Didier Bourdon et Jean-François Cayrey) vont envahir leurs bois, tirer dans tous les sens, sur leur maison entre autres, sonner de la trompette dès l’aube… Bref, pire qu’à Paris.
Abusés par la directrice de l’agence (Chantal Ladesou) qui leur a fait visiter la maison au printemps, ils se rendent comptent qu’ils ont été dupés. Sans compter que l’ancien propriétaire a été retrouvé mort dans leur puits…°
La guerre étant déclarée, tous les coups sont permis de part et d’autre dans un bruit effrayant,des pétarades, des engueulades, des cris et des courses effrénées.
Le film est signé Antonin Fourlon & Frédéric Forestier. C’est une immense et très bruyante guerre de territoire, dans une ambiance complètement iconoclaste… Situation impossible entre les gentils ruraux un peu limites et les gentils parisiens qui viennent en pays conquis. Un film drôle, dingue, avec une équipe chorale de comédiens, d’un côté les naïfs parisiens, de l’autre les ruraux pas méchants mais obnubilés par la chasse aux sangliers. En prime un Thierry Lhermite (père d’Adélaïde), qui, en avocat coincé vient essayer de calmer les esprits et se retrouve bourré comme un cochon. Une scène d’anthologie !
On rit beaucoup… Et on continue à rire en rencontrant les deux réalisateurs qui ont commis cette grande farce qui pourtant n’est pas si loin de la vérité. « Promis – nous dit Antonin – on n’a rien amplifié, rien exagéré. La vie à Paris est aujourd’hui invivable, hostile, il y a de plus en plus de surpopulation, l’enfer de la vie parisienne existe vraiment.
J’ai écrit le scénario durant le confinement, dans 60 mètres carrés avec deux jeunes enfants, deux fauves en cage. Du coup, on rêvait d’un jardin, d’un coin de campagne, comme beaucoup de gens l’ont fait.
C’est donc du vécu ?
Oui – dit Fréderic – nous sommes deux parisiens et, malgré notre différence d’âge (Je suis un peu plus vieux !) nous avons vécu les mêmes choses avec des enfants vivant dans un lieu étroit. Avec l’envie de prendre l’air ailleurs.
Avec le Covid, beaucoup de gens sont partis à la campagne en pensant pouvoir tout maîtriser mais beaucoup vont se rendre vite compte qu’ils ne maîtrisent rien du tout, ni la flore, ni la faune… ni la population.
Il faut beaucoup d’espoir et de naïveté car en fait ce sont deux cultures et il faut pouvoir s’adapter.
Lorsqu’on parle d’un film de chasse, on pense tout de suite à Didier Bourdon et son sketch de la galinette cendrée ?
C’est vrai que ça nous vient tout de suite à l’esprit, c’était une référence… mais pas une évidence pour lui ! Pour lui c’était de la caricature et le sketch date de trente ans ! Il n’avait pas forcément envie de refaire ça. Mais lorsqu’il a lu le scénario, il a vu que l’esprit était différent, que même la chasse était différente même si les clichés sont toujours là comme l’âge des chasseurs, le plaisir de se retrouver, de boire, de chanter. A la campagne, si vous quittez la chasse, vous quittez la sociabilité.
Comment arrive-t-on à mettre en scène une meute de sangliers ?
Un sanglier, c’est très docile et très intelligent… surtout lorsqu’on les trouve dans une réserve ! Nous avons reconstruit le jardin de la maison à l’identique où, durant un mois, on les a habitués à être nourris tous les matins à la même heure. Un jour, on les a filmés en caméra cachée, dans le vrai jardin, avec beaucoup de nourriture !
La scène du banquet a-t-elle été difficile à tourner ?
Techniquement… il a suffi de remplir les verres !!! Nous avons tourné la scène en sept chapitres. Il faut savoir que tous les figurants étaient de vrais chasseurs. Au fur et à mesure du tournage, ça s’échauffait. Alors qu’on leur donnait à boire du jus de groseille, certains y ont ajouté de l’alcool… Ils apportaient leurs munitions !
La scène de Thierry Lhermitte, avocat parisien psychorigide se transformant en poivrot va devenir culte !
Au départ il veut le prendre de haut et vient pour les laminer. L’alcool aidant il se laisse aller à l’euphorie, aux chansons, à l’alcool et devient ami avec l’ennemi, sous les yeux atterrés de sa fille et de son gendre… Thierry s’est beaucoup amusé à tourner cette scène.
Comment s’est fait le choix des comédiens ?
Au départ tout commence avec Didier Bourdon. Puis on a pensé à Thierry Lhermite et le fameux « Dîner de cons », avec son côté snob qui va plonger dans l’alcool. Hakim, Fred avait déjà travaillé avec lui et je le suivais sur les réseaux sociaux. Camille a été une proposition du directeur de casting. On l’avait surtout vue dans des rôles dramatiques. J’adore sa voix (elle est aussi chanteuse), sa spontanéité, sa fraîcheur. Et en plus, elle est belle !
Antonin est chasseur mais pas vous Frédéric…
(Il rit). Je suis le parisien type et tout à fait néophyte. Mais je n’ai pas d’à priori sur la chasse, pas de clichés et j’avoue avoir appris beaucoup de choses. Ça ne m’a pas fait devenir chasseur pour autant. Mais j’ai découvert la complexité et le paradoxe de la chasse, ses tenants et ses aboutissants. Ça m’a éclairé sur la chose !
Avez-vous eu des problèmes avec les vrais chasseurs ?
Il faut avouer qu’on ne leur a pas fait lire le scénario… On le leur donnait au jour le jour ! Ils ont quelquefois été dubitatifs mais se sont vite rendu compte que c’était une comédie bon enfant et que tout le monde en prenait pour son compte. Et surtout que c’était sans méchanceté.
Connaissaient-ils toutes ces chansons paillardes ?
Mais oui, bien sûr. Evidemment, il ne fallait pas que ça aille trop loin car c’est tout de même une comédie familiale. Il y a, c’est vrai, pas mal de gros mots dans cette scène mais aujourd’hui ça ne choque même plus les enfants.
Le disque sortira-t-il ???
Oui bien sûr, chanté par Thierry Lhermite et Chantal Ladesou !!!
Comment avez-vous eu l’idée de travailler-t-on à deux sur le scénario ?
Antonin : Au départ, c’est moi qui écris et au fur et à mesure je passe les scènes à Fred qui donne son avis. J’ai déjà écrit des scénarios pour lui. C’est donc venu tout naturellement, d’autant qu’il y avait des scènes un peu compliquées pour moi dont c’est le premier film. On se connait bien et on a l’habitude de travailler ensemble. Les décisions sont plus rapides en travaillant à deux, nous avons gagné beaucoup de temps.
Frédéric : J’avais envie de guider ce petit jeunot dans le métier !
Antonin : Et moi d’accompagner la retraite du vieillard !
Ça vous a donné envie de récidiver ?
Antonin : Pourquoi pas, si le film marche. J’ai déjà deux scénarios sous le bras et si Fred est OK, on continue ! »
A suivre donc
Jacques Brachet
Photos Alain Lafont