Le Théâtre de Fortune est une association de jeunes garçons et filles créée par une ex professeur de Français, Marie-Paule Martinetti, qui, depuis pas mal d’années, donne des cours à des étudiants et monte des spectacles avec eux.
Aujourd’hui à la retraite, elle continue avec passion à s’occuper de ces ados à qui elle transmet l’art des mots et du théâtre, en les accompagnant sur scène en fin d’année scolaire et même durant l’année.
Chaque année, sa troupe n’est ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre car des élèves quittent le collège Reynier de Six-Fours où tout a commencé, remplacés par d’autres. Et même certains anciens reviennent de temps en temps pas nostalgie et fidélité à une prof qui a su leur inculquer le plaisir des mots, la joie de les dire et de s’exprimer.
L’an dernier, elle nous avait présenté une version iconoclaste de la fameuse œuvre de Corneille, « Le Cid », revue et corrigée par MPM herself car en plus elle a le talent et l’humour qui font d’un drame cornélien, une comédie molierrene. Car tout y est : la farce, les bons mots, tout en alexandrins ne vous déplaise car elle a ce don de le faire avec esprit, intelligence et gourmandise. Elle vient de remonter ce « Cid 2022 » avec d’autres élèves et des anciens qui ont changé de personnages .
Et ses élèves suivent cette femme volubile, toujours en mouvement et tellement heureuse de mettre en lumière ces jeunes talents.
Car ces cinq comédiens qui se sont mis avec plaisir dans la peau des héros cornéliens nous font rire d’un bout à l’autre de ce qui est devenu une pièce en un acte où Nathan Teisseire passe avec une aisance incroyable du rôle d’un Cid à côté de ses pompes à Elvire, la duègne de Chimène ou encore au roi qui n’est pas « fut-fut ».
Chimène (Roxane Pauliac) est sous pression et quelque peu exitée, prise entre son père et Rodrigue, les deux rois sont des bouffons (Nolan Solari et Lucy Verdier) et le récitant… est une récitante toute jeune mais oh combien expressive (Manon Lazaro).
Que dire, sinon qu’on a passé une soirée de franche rigolades, pleine d’humour, de jeux de mots servis par de jeunes comédiens en herbe qui jouent avec un aplomb incroyable.
Si Corneille a dû se retourner dans sa tombe, dans l’autre, Molière a dû bien s’amuser et être satisfait de voir que la relève était assurée !
Et ce n’est pas fini puisque Marie-Paule nous annonce pour la rentrée deux vaudevilles signés Labiche et Feydeau puis plus tard, un spectacle de Baffi, toujours revus et corriges par l’inénarrable prof que tout le monde adore.
On a hâte d’y être !
Jacques Brachet