Archives mensuelles : mai 2023

Six-Fours – Nuits du Cygne
Ouverture en majeur avec Renaud Capuçon

Paul Zientara – Stéphanie Huang – Renaud Capuçon – Guillaume Bellom

On ne pouvait avoir meilleure ouverture et meilleure clôture du festival qu’avec les frères Capuçon. Ouverture avec Renaud les 27 et 28 mai, clôture avec Gautier les 17 et 18 juin, avant de passer au festival de la Collégiale avec le fidèle Jean-Christophe Spinosi.
Fidèles aussi les deux frères qui sont aujourd’hui devenus les parrains du festival et qu’on retrouve chaque année avec le même plaisir.
En cette ouverture, Renaud a choisi de nous offrir une soirée Mozart avec deux de ses quatuors.
Qui dit quatuor dit… quatre !

Il était donc cette année, accompagné par son pianiste et ami de longue date, Guillaume Bellom qui, longtemps, balança entre violon et piano. Et c’est le piano qui l’emporta en étant la révélation soliste aux Victoires de la Musique en 2017. Depuis, entre enregistrements et concert, il est souvent fidèle au poste, aux côtés de Renaud.
A leurs côtés, Stéphanie Huang, violoncelliste  qui, depuis ses débuts à 12 ans, le grand prix qu’elle a obtenu au concours national de violoncelle à Porto en 2015 et la révélation Adami en 2021, a déjà reçu de nombreux prix et suit une route magnifique, croisant ainsi Renaud Capuçon.
Enfin, Paul Zientara, violoniste  qui fit ses débuts à 7 ans, qui reçut le prix de la révélation classique Adami en 2021 et a rencontré Renaud Capuçon la même année, celui-ci faisant appel à lui pour interpréter, un an plus tard, « La symphonie concertante » de Mozart… déjà, avec l’Orchestre du Capitole de Toulouse.

A droite : Fabiola Casagrande, adjointe à la Culture et Stéphanie Guillaume, adjointe à la santé,
entourant Renaud Capuçon

Comme on le voit, notre ami violoniste a su s’entourer du fleuron de la musique classique pour cette soirée de fin de printemps, dans ce lieu idyllique (Si ce n’est la présence des moustiques !) qu’est le jardin de la Maison du Cygne.
Brillante soirée hélas trop courte (1 heure) car le public en aurait redemandé. Mais il pouvait se rattraper le lendemain  avec presque les mêmes musiciens Manon Galy , révélation des Victoires de la Musique 2022, remplaçant Paul Zientara et uissi Violaine Despeyroux, alto. Pour une soirée Brahms.
Belles soirées donc pour l’ouverture d’un festival aujourd’hui reconnu et de plus en plus couru.

Jacques Brachet

Notes de musiques

PILC MOUTIN HOENIG : You Are The Song (Justin Time Records)
10 titres enregistrés à Brooklyn le 11 juin 2022.
Ce trio fondé à New York (où résident les trois musiciens) en 1995 revient au disque en beauté sur une majorité de standards complètement métamorphosés. De la virtuosité et de l’exubérance mises au service de la musique. Jean Michel Pilc  est un pianiste prolixe et féroce (écouter « Impressions ») qui sait aussi être sobre et  exquis, exemple « The Song is You ». Le contrebassiste François Moutin possède un gros son avec des notes bien rondes, il est le centre d’équilibre. Ari Hoenig joue de la batterie comme on n’entend plus guère aujourd’hui, il assure le tempo, la relance, s’insère dans la musique du soliste. On ne s’étonnera pas que ce trio brille dans la liste des grands trios piano-basse-batterie, avec une personnalité certaine. « Straight No Chaser » ou encore « Bemsha Swing » de Monk sont la démonstration parfaite du partage et de l’intrication entre les trois voix. A goûter un « After You’ve Gone » grand crû classé.
Un trio remarquable, ce que le jazz d’aujourd’hui offre de meilleur et de plus rare.
Robin Mc KELLE : Impression of Ella (Naïve / Believe – 11 titres)
Elle s’est entourée de la Rolls des trios de jazz. Kenny Barron est l’un des grands pianistes de cette musique, il a joué avec tout le Gotha du jazz. Idem pour le contrebassiste Peter Washington qui fut un temps bassiste des Jazz Messengers, et pour le batteur Kenny Washington, le roi du Chabada.
Robin Mc Kelle n’est pas à priori une grande chanteuse de jazz ; alors réunir un tel trio et se confronter à Ella Fitzgerald, il y a de quoi rester baba. D’autant que je l’avais entendue dans un festival il y a pas mal d’années et je n’avais pas été emballé.
Alors écoutons. Je commence par le tube de la « First Lady of Jazz », « How High The Moon » ; aïe ! un peu laborieux. Je passe sur un tempo lent « April in Paris », surprise : belle expression des sentiments de la part de Robin, et délicat solo de piano. Puis « Lush Life » de Billy Strayhorn, l’alter ego du Duke ; très beau, de délicieux graves, très intimiste, et un subtil solo de contrebasse. Je suis conquis. La voix a muri, plus grave, plus charmeuse, plus intériorisée et plus de force expressive.
Un très beau « Robbin’s Nest », en conversation avec la contrebasse, et là elle se risque au scat avec succès. A noter un savoureux duo avec le grand Kurt Elling sur « I Won’t Dance ». Le trio fait merveille tout au long du disque ; quel écrin !
Avec ce disque Robin McKelle entre dans le club restreint des vraies chanteuses de jazz. Il faut l’écouter pour elle-même, sans faire de comparaison avec Ella.
BURIDANE : Colette Fantôme (Pluie Vaudou & Silbo Records – 10 titres)
Colette Fantôme, oui car on ne voit pas beaucoup le rapport avec Colette, l’écrivaine. Mais qu’importe le prétexte à créer, ce qui compte c’est la réussite, et elle est bien là.
Buridane possède une voix au charme pimpant, légèrement voilée, avec du grain. Elle chante délicieusement. Une vraie chanteuse en pleine possession de ses moyens, avec une technique parfaite, sachant varier les styles, les climats, les émotions.
Ses jolies mélodies sont entourées par des arrangements subtils et différents pour chaque chanson, chacune ayant son atmosphère propre, réalisés par Féloche. Les thèmes sont variés, l’amour bien sûr, l’enfantement, les choses de la vie. Pour se faire une idée, écouter « Slave » ou encore « Pourquoi tu m’fais pas », mais tous les morceaux sont chouettes. Voici une chanteuse qui devrait être en haut de l’affiche.

Serge Baudot

Marie BUNEL, Mathilde VISEUX, Delphine HECQUET
De l’ombre du parloir au soleil de Chateauvallon

Si, en ce début d’après-midi, l’on se retrouve sous un chaud soleil à Chateauvallon, c’est pourtant pour parler d’un huis clos dans un décor dépouillé et froid, une atmosphère lourde et oppressante où une fille va voir sa mère en prison,  victime d’un mari violent qu’elle a fini par tuer.
Histoire d’une violence, hélas aujourd’hui devenue ordinaire mais qui raconte aussi l’indifférence des gens alentour et les failles d’un système judiciaire incapable de protéger les femmes.
« Le parloir », que signe et met en scène Delphine Hecquet est  à la fois plein de violence contenue et d’amour et de tendresse où la fille va essayer de comprendre le geste de sa mère et découvrir la détresse qu’elle a connu pour en arriver là. C’est aussi une histoire d’amour entre une mère et sa fille. Une histoire poignante que deux merveilleuses comédiennes, Marie Bunel et Mathilde Viseux interprètent tout en nuance, sobriété et à la fois intensité. Elles n’ont qu’une heure pour se dire bien des choses dans ce sinistre parloir. Des choses évidentes mais aussi complexes à se dire en tête à tête, en temps limité.
Une belle et émouvante histoire d’amour.

Et une belle rencontre ensoleillé avec ces trois femmes superbes.
Parlez-nous toutes trois de cette rencontre magnifique !
Delphine : J’ai écrit cette pièce pour deux personnages : la mère et la fille. J’ai rencontré Mathilde en visio-conférence, ce que je n’aime pas faire habituellement. Mais le confinement l’obligeait. Elle m’a tout de suite bouleversée. Pour la mère, les comédiennes que j’envisageais n’étaient pas libres. C’est mon scénographe qui m’a parlé de Marie. J’ai fait des essais avec elle et Mathilde…
Marie : Et ça a été un coup de foudre à trois ! J’aimais déjà le sujet qui est fort et malheureusement tellement d’actualité. C’était très intelligemment écrit, chargé d’amour, d’émotion, de bienveillance…
Mathilde : Je trouvais très fort d’aborder aussi bien l’amour que la violence de cette façon. Très émue, je ne trouvais plus mes mots mais j’ai eu tout de suite envie de défendre ceux-là.
Lorsque j’ai rencontré Marie et Delphine j’ai rencontré tellement de bienveillance que je me suis sentie capable de jouer ce rôle.
Marie : Ce qui est très particulier et qui m’a touchée c’est qu’on parle d’amour alors que c’est un spectacle sur la violence. Amour entre une mère et une fille qui vont grandir, chacune à leur façon, ensemble, l’une enfermée, l’autre en liberté. Elles vont être en résilience et transformer cette violence en vie, de façon excessivement puissante. L’homme est finalement secondaire.
Mathilde : Elles ne sont pas là pour juger mais pour comprendre pourquoi elles en sont là aujourd’hui.
Delphine : On parle beaucoup de ce sujet aujourd’hui et je me suis demandé ce que je pouvais y apporter. Le conflit ne se situe pas entre elles et je voulais aborder le phénomène de l’emprise, du non-dit et les faire justement se rencontrer dans un parloir, espace dédié à la parole. En sortant du conservatoire de Paris j’avais abordé ce thème entre une journaliste et une prisonnière.  La pièce s’appelait « Balakat » qui signifie « bavarder » en russe. J’ai choisi de la reprendre et de faire se rencontrer une mère et sa fille car l’histoire peut les sauver, il peut y avoir un avenir possible.

Marie, vous venez, vous, du cinéma, et quel cinéma : Pinoteau, Chabrol, Amérie, Coline Serreau… mais votre chemin vous a menée aux Etats-Unis !
(Elle rit) J’ai commencé à tourner en France mais je suis passée par l’Amérique, tout simplement parce que j’étais avec un monsieur qui y travaillait. J’étais jeune et je suis allée prendre des cours à l’Actor’Studio. Oh, quelques mois seulement car les cours étaient très chers. Mais j’ai continué cette méthode en France. Ça a été une super expérience. J’ai très vite tourné des films et je ne suis arrivée au théâtre qu’à 30 ans !
Et vous Delphine ?
J’ai commencé par la danse puis le conservatoire. Je suis toujours comédienne mais j’ai toujours adoré regarder les autres travailler, j’aimais leur porter conseil et être le regard extérieur ! J’ai toujours écrit, pour moi d’abord mais travailler seule dans son coin n’est pas évident. J’ai donc écrit pour des gens que j’aimais bien. Tout ça participe à mon équilibre.
Enfin Mathilde ?
J’ai aussi commencé par la danse, puis à 17 ans, je suis allée prendre des cours de théâtre durant deux ans au TNB. C’est durant ces cours que Delphine m’a contactée pour me proposer ce rôle. Ça a été une période assez étrange car c’était durant le confinement mais en fait ça a un sens, « Le parloir » est une sorte de confinement. Rencontrer le regard de Delphine et de Marie et le sujet de la pièce ont été une évidence pour moi.
Marie, vous avez une carrière incroyable aussi ben au théâtre où vous avez commencé avec Planchon, Cherreau entre autres, idem pour le cinéma et la télé…
C’est vrai que j’ai eu beaucoup de chance et j’espère que ce n’est pas terminé et que je travaillerai avec plein d’autres encore longtemps !
Mais il me semble qu’aujourd’hui j’ai la sensation de commencer une seconde carrière grâce à des gens comme Delphine. J’ai découvert une nouvelle façon de travailler. Ce qui est génial dans ce métier c’est qu’il n’y a jamais rien d’acquis, qu’on a toujours quelque chose à découvrir, des rencontres à faire. On apprend tout le temps et ça me rend heureuse, d’autant qu’aujourd’hui je suis libre de choisir… Je n’ai plus envie de travailler avec des cons ! Et ça, c’est un luxe fou.

Vous avez eu aussi quelques prix…
(Elle rit) oui mais à Sydney, en Australie mais jamais en France !
Vous allez toutes les trois retravailler ensemble ?
Delphine : Oui, dans une pièce que j’ai écrite intitulée « Requiem pour les vivants ». C’est l’histoire sept copains qui s’amusent à sauter des rochers dans la mer à Marseille. Jusqu’au jour où l’un deux fait une chute mortelle.
La mère est Marie, Mathilde est une des copines de la bande. C’est à la fois une aventure et un drame très éprouvant et fondamental : comment œuvrer pour rester vivant et faire un travail de deuil. Il y a huit personnes sur la scène et de la danse chorégraphiée par Angel Martinez-Hernandez et Vito Giotta, deux danseurs de la Horde, issus du Ballet National de Marseille, qui sont d’ailleurs venus danser à Chateauvallon. D’ailleurs on aimerait bien y venir en résidence ! Nous créerons cette pièce au mois de mai de l’année prochaine.
Et avant ça ?
Marie : Le 5 juillet je serai au festival de jazz à Eygalières où je dirai des textes en compagnie de Charlotte de Turkheim et de sa fille Julia Piaton avec qui j’ai joué dans le film « Petites victoires » de Mélanie Auffret (Rencontrée au Six N’étoiles NDLR), je viens de tourner  « Loulou » d’Emile Noblot, « Sexygénaires » de Robin Sykes avec Patrick Timsit et Thierry Lhermitte, et va sortir « Noël au balcon » de Jeanne Gottesdiener avec Didier Bourdon. Enfin, je vais tourner une série TV en costume dont je ne me souviens plus du titre !
Delphine : Avant de commencer à travailler sur cette nouvelle pièce, je reprends la route en tant que comédienne avec la pièce « Entre Chien et loup » qui m’amènera jusqu’au Brésil ! Elle est tirée du film de Lars Von Trier « Dogville »
Mathilde : Je prépare pour la rentrée une pièce qui sera présentée dans les lycées « Corps à vif », avec Pauline Haudepin, autour de laquelle seront montées des rencontres avec les jeunes élèves, des ateliers. Puis je jouerai une pièce de Ramsus Linberg « Dandodandog » à Paris puis en tournée.

Comme on le voit, nos belles dames auront des mois chargés !
Jacques Brachet
Photos Patrick Carpentier

Notes de lectures

Janine BOISSARD : « Elle parlait aux fleurs » (Ed Fayard – 336 pages)
Un nouveau roman de Janine Boissard est toujours synonyme de moments de lecture pleine d’émotion et de beauté. Loin des polars, des violences qu’on nous assène tout au long de l’année. On y retrouve l’amour, l’amitié, la fraîcheur des sentiments et des histoires de familles comme celles que  l’on retrouvait dans les films de Claude Sautet car ce sont souvent des histoires chorales.
Et « Elle parlait aux fleurs » est dans le droit fil de l’œuvre de la romancière.
Elisa est une jeune femme qui a perdu son mari voici deux ans, qui élève ses deux enfants entourée de l’amour de ses parents, de l’amitié de Claude, son amie d’enfance et de l’affection de Thomas, son beau-frère qui veille sur elle et les deux enfants qui l’aiment comme il les aime. Seule ombre au tableau : sa belle-mère qui n’a pas supporté que son fils, issu d’un milieu bourgeois ait pu s’amouracher d’une jeune femme « pas digne de leur rang ». Elle est à tel point horrible qu’elle a été surnommée Folcoche. Ce qui n’empêche personne de vivre, surtout Thomas qui se rapproche de sa belle-sœur, d’abord dans l’affection puis dans l’amour réciproque qui va peu à peu se développer.
Comment Folcoche va-t-elle le prendre ? Comment son amie va-t-elle vivre ce bonheur qu’elle, aisée mais malheureuse, lui envie et surtout les enfants qui vont voir peu à peu s’installer leur oncle au foyer ?
On suit l’aventure d’Elisa qui, plus que tout, adore les fleurs, les cultive et leur parle avec amour.
Encore une belle histoire sur laquelle flotte la bienveillance, l’amour, la joliesse des sentiments (sauf chez une !), dans laquelle on se glisse jusqu’à la fin qui arrive trop tôt et dont on aimerait suivre le voyage… Ça mériterait une suite !
Laurent SEKSIK : Franz Kafka ne veut pas mourir. (Ed Gallimard – 330 pages)
Le livre commence par la fin de vie et le décès de Franz Kafka à Kierling près de Vienne, le 3 juin 1924 à l’âge de 31 ans, des suites d’une laryngite tuberculeuse diagnostiquée en 1917. Il est inhumé à Prague. Puis, de 1923 à 1972 tous les chapitres s’entrecroisent pour nous faire découvrir les destinées de trois personnes très attachées et admiratives de Kafka, au point de le faire vivre au-delà de sa mort en le sortant de l’anonymat. Il s’agit de Dora Diamant sa jeune et dernière compagne de confession juive,
Ottla, sa sœur cadette et confidente bien aimée, la famille de Kafka étant profondément liée au judaïsme.
Enfin, Robert Klostock, un jeune étudiant en médecine et ami rencontré lors de son dernier séjour au sanatorium, de confession juive lui aussi.
Chacun va, à travers ses parcours de vie tragiques, nous rappeler l’époque turbulente du nazisme, de l’antisémitisme, des purges staliniennes mais tout au long de leur vie mouvementée ils continuent à penser et défendre l’œuvre et la mémoire de Kafka. Ainsi nous découvrons la personnalité de l’homme, fragile, terrassé par l’angoisse, chétif et taciturne, ses difficultés relationnelles avec son père à qui il écrit une lettre que sa mère ne remettra jamais au destinataire. Nous découvrons aussi les œuvres au travers des témoignages des trois admirateurs de l’écrivain dont une partie a été conservée grâce à Max Brod, son exécuteur testamentaire, à qui il avait demandé de brûler ses manuscrits à sa mort et qui n’a pas respecté la volonté du défunt.
Ce livre riche, dense qui nous fait partager une époque dramatique de l’histoire et qui nous dévoile en filigrane la vie et l’œuvre de Kafka est une incitation à le lire.
Le titre est surprenant : D’une part, Kafka demande à son ami Robert Klostockd’augmenter la dose de morphine et lui déclare : « tuez-moi sinon vous êtes un assassin ». Dora  qui dit que « l’ homme qui ne voulait plus en finir, désirait enfin et farouchement vivre »laisse entendre que Kafka tenait à la vie, mais la force d’une œuvre et d’une pensée perdure au-delà de la mort et c’est en quoi Kafka  ne veut pas mourir et cela explique probablement le titre du livre.

Roland PORTICHE : L’homme qui ressemblait au Christ
(Ed Albin Michel/Versilio – 361 pages)
Nous sommes en 1291, Alister Durward, jeune noble écossais qui s’était mis au service des Templiers à Saint-Jean d’Acre, disparait. Sa sœur Sybille part à sa recherche avec un gentilhomme écossais et l’écuyer de celui-ci.
Commencent alors de rocambolesques aventures sur fond de références historique relatives aux croisades et au trafic de reliques chrétiennes et qui emmènent les protagonistes en Haute Galilée, à Bagdad et dans l’empire mongol du grand Khan de Perse.
L’auteur a beaucoup d’imagination mais l’histoire manque de crédibilité et les héros se sortent de leurs ennuis comme par miracle.
Cependant ce roman d’aventures qui se lit facilement pourra faire des lecteurs heureux.
Anne-Lise BROCHARD : Séraphine ne sait pas nager (Ed.Plon – 254 pages)
Séraphine est une jeune femme heureuse, entourée d’un mari aimant, d’une petite fille tendre et complice qui s’octroie chaque soir des points bonheur pour se récompenser d’une vie aussi harmonieuse. Mais ceci n’est que la face visible de son existence. Elle a aussi une face cachée, celle d’une seconde vie enfouie dans le déni et le silence : Elle a un frère Paul, incarcéré pour cause de vols, à qui elle va rendre visite en cachette à la prison tous les mercredis, comme les enfants qui vont à la piscin . C’est un mensonge par omission puisqu’elle s’est annoncée fille unique à son époux, mensonge qui l’oblige à des contorsions dans son emploi du temps. Elle vit sur le fil du rasoir, surtout à partir du jour où le dit-frère bénéficie d’une sortie de prison ! Patatras ! Comment sortir de ce dilemme ? Dans vingt-cinq semaines il sera dehors alors que personne ne connait son existence et qu’il compte sur sa sœur bien-sûr. Comédie-drame… Voilà où mène le mensonge .
Nous suivons donc les affres de cette comédie dramatique
Une écriture enjouée, de l’humour, beaucoup de tendresse, l’auteure nous offre des moments pleins de malice et de profondeur à la fois.

AndreÏ MAKINE : L’ancien calendrier d’un amour (Ed Grasset-195 pages)
C’est dans le cimetière sur les hauteurs de Nice qu’AndreÏ Makine amène le lecteur à la rencontre de Valdas Bataeff. En 1913, il a quinze ans, passe ses vacances au bord de la mer de Crimée dans la belle maison de son père, auprès d’une jeune belle-mère passionnée de théâtre ; un monde de pouvoir, de séductions et de mensonges. Un milieu qu’il fuit un soir et surprend le transfert de ballots de contrebande. Pris entre les policiers et les trafiquants, il est brutalement jeté à terre et protégé sous la cape d’une femme, TaÏa qui, au fil des pages et des années, restera son unique et véritable amour. Pour Valdas désormais sa vie sera la guerre puis la fuite, une fuite jalonnée de bons moments tout de même, de nombreuses femmes, mais les décennies n’effaceront jamais les journées ensoleillées en compagnie de Taîa qui lui a rappelé que désormais pour renouer avec « le temps dans lequel vivaient les pays civilisés », les Rouges ont imposé de passer du calendrier julien au calendrier grégorien. Une Taîa morte depuis longtemps qui n’existe plus pour personne, une Taîa qu’il revoit donc dans ce cimetière, une Taïa, sa véritable patrie intérieure qui lui a fait découvrir les champs des derniers épis de blé.
Un très beau roman sur l’amour, l’errance, le souvenir des jours anciens, heureux et enfouis au fond de la mémoire, une nouvelle facette du talent de conteur d’Andreï Makine qu’on lit avec toujours le même immense plaisir.
Pamela ANDERSON : « Love Pamela » (Talent Editions – 326 pages)
Qui ne connaît cette sculpturale naïade en maillot rouge, arpentant les plages de Malibu dans une série aujourd’hui devenue culte « Alerte à Malibu » ?
Pamela Anderson doit sa célébrité à cette série et il est dommage qu’elle ne soit surtout connue que par celle-ci et surtout sa vie mouvementée, ses frasques qui faisaient les choux gras de tous les paparazzis du monde entier.
Il est vrai qu’elle fut à bonne école avec des parents on ne peut plus rock’n roll, un père qui buvait et pouvait devenir violent malgré l’amour qu’il portait à sa femme et sa fille.
Qui aussi pourrait penser qu’elle fut une fille timide et mal dans sa peau lorsqu’on voit la superbe femme qu’elle est devenue ?
C’est grâce à l’équipe du magazine « Play Boy » qu’elle a pu devenir une sex bomb alors qu’elle voulait simplement devenir star. Devenir une Brigitte Bardot américaine. Brigitte qu’elle admirait et avec qui elle lutta – et le fait encore – pour la cause animale. Autre point commun : son amour pour Saint-Tropez.
Si l’on sait aussi qu’elle a toujours eu le chic pour rencontrer des mauvais garçons, (Les hommes sont ma perte, avoue-t-elle) dont son mari Tommy qui était un homme violent, avec qui elle a vécu une folle et scandaleuse vie, ce que l’on apprend dans ce livre c’est qu’elle fut victime d’un viol, ceci expliquant peut-être cela.
Ce que l’on sait moins c’est qu’elle a toujours aimé la nature et les animaux, qu’elle est à la fois naïve et romantique, qu’elle est cultivée car elle a beaucoup appris par les livres et écrit des poésies qu’elle nous offre dans ses mémoires.
Sexy, sensuelle, sexuelle… C’est l’image qu’on se fait de cette femme qui n’a pas toujours eu une vie facile, qui a pourtant magnifiquement élevé ses deux enfants, qui œuvre pour de nombreuses organisations humanitaires, pour les enfants, les malades, les réfugiés, les animaux. Elle a même créé la Fondation Pamela Anderson.
Bref, en lisant ce livre, on découvre une femme attachante, émouvante, aussi belle de l’extérieur que de l’intérieur.
André DUBUS III : Une si longue absence (Ed Actes Sud – 447 pages)
Roman traduit de l’anglais (Etats-Unis) par France Camus-Pichon
C’est un livre dans lequel l’auteur explore les sentiments des membres d’une famille dans laquelle le mari Daniel Ahead tue sa ravissante épouse Linda devant sa fille Susan, âgée de 3 ans. Alors que quarante ans plus tard, Daniel est sorti de prison et qu’il sait qu’une maladie va bientôt l’emporter, il décide de faire mille kilomètres pour aller voir sa fille dont il a retrouvé les traces et lui envoie une longue lettre avant de la rencontrer. L’auteur donne la parole tantôt au père, tantôt à la fille, tantôt à la grand-mère maternelle qui a élevé Susan. Chacun fait son introspection. Comment le père peut-il chercher à s’excuser de s’être laissé envahir « par le serpent noir du soupçon », peut-il prétendre à demander à redevenir un père et à revoir sa fille ? Comment Susan a-t-elle vécu ce drame ? Comment peut-elle accepter de revoir le meurtrier de sa mère et peut-elle pardonner ?
Ce beau roman, à l’écriture dense, interroge avec finesse sur les drames familiaux, l’impossible pardon, les blessures inguérissables mais avec lesquelles il faut continuer à vivre.

Rachel CUSK : La dépendance (Ed Gallimard – 201 pages)
Tout commence par la rencontre d’un peintre, L, que la narratrice va inviter à participer à sa vie, ou plutôt son environnement  particulier, un marais vu « comme le vaste sein nébuleux de quelque dieu ou animal endormi, mû par le lent et profond mouvement d’une respiration somnambule. »
Jeffrey sera l’oreille tranquille et silencieuse à qui s’adresse la narratrice tout au long du récit. Il apprendra donc que ce grand peintre accepte l’invitation mais arrive accompagné d’une ravissante jeune femme. Une vie étrange s’installe, un jeu de cache-cache car L ignore son hôtesse, semble même la fuir puis très vite, L exerce un phénomène de pulsion-répulsion au point de déséquilibrer son ménage. Et au fil du temps, L perçoit «  le message du marais environnant, l’illusion, le mélange d’une phase de construction de la vie qui n’est en fait qu’une construction mortuaire, oui une dissolution ayant l’apparence de la mort mais qui en réalité est son contraire. »
Tous les personnage créés par Rachel Cusk pourraient être les acteurs d’une pièce de théâtre classique avec les trois règles d’unité de temps, lieu et action, les rôles principaux seraient tenus par la narratrice et L, les autres étant cependant indispensables au déroulement du récit. Toute l’introspection de la narratrice se confiant à Jeffrey exerce une sorte d’enfermement, de dépendance du lecteur.
Ce roman est addictif et alors qu’on a de la peine à se laisser aller au plaisir de la lecture au début, il faut reconnaître que Rachel Cusk réussit à nous rendre dépendant de son roman.
Un véritable coup de chapeau.
Bernhard  SCHLINK : La petite fille (Ed Gallimard – 338 pages)
Kaspar est un allemand de l’Ouest. Il aide Birgit, sa future femme à passer à l’Ouest en 1965. A sa mort, il apprend, par le journal intime qu’elle lui a laissé, qu’elle a eu un bébé avec un autre homme, avant son mariage, mais qu’elle l’a abandonné à sa naissance, en Allemagne de l’Est, en le confiant à une amie. Kaspar quitte Berlin pour aller à sa recherche. Il finira par retrouver cet enfant qui, maintenant, est devenue une femme.
Elle se nomme Svenja, la ressemblance avec Birgit, sa mère est frappante. Elle est restée en Allemagne de l’Est et a épousé un néo-nazi. Elle a eu une fille : Sigrun qui a quatorze ans. Des relations très fortes vont naître entre cette « petite fille » et ce « grand- père »  qui ne l’est pas  vraiment. Adolescente, elle va très vite poser beaucoup de questions, auxquelles  il va lui être difficile de répondre ; il l’emmène à Berlin, chez lui, où il est libraire. Les relations familiales vont devenir difficiles et franchement insupportables, surtout avec le père néo-nazi, méfiant et haineux.
Kaspar est cultivé, désintéressé et attachant, il va lui faire découvrir beaucoup de choses qu’elle ne connaissait pas et qui lui apporteront un  bonheur personnel tout au long de sa vie.
Ce roman est magnifique, le récit passionnant et poignant, le style clair et fluide, on voyage à travers l’Allemagne et à travers le temps. K
Kaspar est encore jeune, Sigrun a tout l’avenir devant elle.

Serena GIULIANO : Un coup de soleil (Ed Robert Laffont – 226 pages)
Eléonore, française 40 ans,  mère de jumeaux ado, vit à Salerne.
Elle s’occupe seule de ses enfants depuis son divorce  et fait des ménages chez des particuliers pour assurer le quotidien. Elle bosse rêve et souffre  depuis sa rupture avec son amant marié.
Le roman est construit sur cinq semaines pendant lesquelles Eléonore nous fait découvrir, au rythme de chaque  jour, l’intimité et l’environnement de ses employeurs, au nombre de six, leur personnalité ,leurs habitudes, leurs petits arrangements avec la réalité.
Elle nous raconte dans un langage simple sa vie quotidienne et nous fait partager l’ambiance chaleureuse et ensoleillée de l’Italie.
Ce livre distrayant, drôle, qui aborde  des sujets de société tels que la précarité, les réseaux sociaux, l’amour, la violence… Il n’est jamais larmoyant il est au contraire émouvant, sensible, généreux, et nous laisse à penser qu’il faut toujours croire en ses rêves.
Armel JOB : Le meurtre du Docteur Vanloo (Ed. Robert Laffont – 332 pages)
Ce vingtième roman de cet célèbre auteur belge est un thriller psychologique rural de haute voltige.
On y trouve la Terre, la langue, le clergé, les édiles de ce petit village tranquille jusqu’au jour où le cadavre du Docteur Vanloo, chirurgien exerçant au Luxembourg, est découvert par sa femme de ménage dans le presbytère où il réside. Homme discret d’apparence mais véritable bourreau des cœurs toutes les possibilités sont permises. Le commissaire Demaret envoyé sur les lieux, confronté à une jeune magistrate face à son premier cas, va prendre l’affaire en mains. S’en suivent  un tas de fausses pistes, de faux-semblants et de non-dits où chacun semble avoir eu l’opportunité ou la bonne raison de supprimer le déduisant docteur. D’où le suspense provoqué par la mise en lumière de chaque « criminel » possible, l’abandon, ou pas, et l’émergence du possible meurtrier.
Très belle ambiance feutrée du lieu, abondance des personnages, des coups de théâtre avec quelque traits d’humour noir. Ce qui en fait un roman prenant, évoqué d’une plume élégante et d’un réalisme, tant dans la procédure que dans le réalisme.

Chatauvallon :
Marie BUNEL, Mathilde VISEUX & Delphine HECQUET
au parloir

Trois comédiennes se rencontrent à Chateauvallon le mardi 23 mai.
La première est Marie Bunel, qui , après fait ses classes chez Lee Strasberg, a travaillé au théâtre avec Chéreau, Planchon et bien d’autres au cinéma avec Chabrol, Tavernier, Lelouch, Coline Serreau, entre autres, quant à la télé, la liste est longue !
La seconde est Mathilde Viseux, une brestoise qui a dû arrêter la danse suite à un accident, qui découvre le théâtre en entrant au TNB et le cinéma grâce à Xavier Beauvois qui la fait tourner dans « Les gardiennes »
La troisième est Delphine Hecquet, issue du conservatoire national supérieur d’art dramatique, va jouer à Moscou, au Japon, y ramenant à chaque fois une pièce écrite par elle. Elle crée la Cie Magique Circonstancielle et la voici donc auprès de Marie Bunel et Mathilde Viseux pour mettre en scène « Parloir » qu’elle a également écrit.
Aux côtés de Marie Bunel donc, Mathilde Viseux qui interprète sa fille.
Un huis clos dans un décor dépouillé, une atmosphère lourde et oppressante où la fille retrouve sa mère en prison,  victime d’un mari violent qu’elle a fini par tuer.
Histoire d’une violence, hélas aujourd’hui devenue ordinaire mais qui raconte aussi l’indifférence des gens alentour et les failles d’un système judiciaire incapable de protéger les femmes.
Une pièce dramatique et émouvante qui parle au nom de toutes les femmes qui sont murées dans leur silence.

Magalie VAE… 17 ans déjà !

Magalie Vaé, gagnante de la « Star Academy » 5 (c’était en 2005 !) j’ai eu l’occasion de la « croiser » sur la tournée qui a suivi. Mais il y avait autour des jeunes artistes, un cerbère qui nous empêchait de les approcher… D’où pas d’interview.
Et voilà qu’enfin – 17 ans après ! – nous pouvons discuter et c’est pour une belle actualité : la sortie d’un LP de cinq nouvelles et très belles chanson, qu’elle interprète avec cette voix ample, belle, pleine d’émotion. L’occasion de revenir sur tout ce qui s’est passé depuis ce temps où elle n’a pas arrêté de travailler, faisant entretemps un enfant ! Vous pourrez voir son premier clip à la mi-mai.« Magalie, voici donc cinq chansons toutes fraîches, moment qu’on attendait !
Moi aussi, d’autant le Covid a retardé la sortie du disque. Mais ce retard m’a permis de revenir sur ces chansons, de les peaufiner et de les adapter à ce que je suis car, le temps passant j’avais une autre vision et je voulais ce qu’elle me corresponde aujourd’hui.
Avec qui avez-vous travaillé ?
Trois d’entre elles « Devenir fou », « Est-ce que tu m’aimerais ? » et « Plus fort » sont signées Franck Cotti. « On a tous » est de Gérard Capaldi et Julia Czerneski » et la cinquième « Des pleurs » est de Sébastien Dujardin et de… moi pour les paroles !
Vous avez laissé travailler les autres !
(Elle rit) Vous savez, je suis une petite locomotive, je mets beaucoup de temps à écrire, je suis plus interprète qu’auteure alors je laisse faire les autres, effectivement !

Comment travaillez-vous avec eux ?
Il y a différentes manières, chacun ayant les siennes. A certains, je donne un thème, un univers auquel je pense, quelquefois ce peuvent être quelques phrases, quelquefois je leur raconte l’histoire que l’aimerais raconter comme par exemple pour « Est-ce que tu m’aimeras ? »
Aller vous tourner avec ces chansons ?
Oui, nous allons avec Tihyad*, faire, comme nous l’avons fait, la tournée des « Camping Paradis ». Une grande tournée « Paradis des stars » avec celui qui est mon complice depuis plus de dix ans. Avec Tihyad, on a déjà enregistré deux duos : « Tu es mon autre » en hommage à Maurane, en 2018 et « Sous le vent » de Céline Dion que nous adorons, en 2021.
Nous avons beaucoup travaillé ensemble, à un moment on s’était un peu perdu de vue et on s’est retrouvé. Il est devenu mon producteur et mon « collègue ». Il fait partie de mes meilleurs amis.
Parlez-moi de ces tournées « Camping Paradis »
Nous réitérons cette année en allant dans tous les Camping Paradis. L’an dernier c’était sur la Bretagne et le centre, cette année c’est du côté du Périgord et jusqu’à la limite de la Suisse.
C’est génial car nous visitons plein de coins de France magnifiques, nous sommes reçus par des équipes sympathiques et le public est là tous les soirs. C’est une belle expérience.
Et de belles rencontres.
En parlant de rencontres, il y en a une, assez inattendue : celle avec Frédéric François !
Ça a été aussi inattendu pour moi ! Une grosse surprise lorsque Frédéric François m’a appelée pour faire un duo avec lui sur l’album où il reprenait ses chansons avec des artistes aussi divers que Laurent Voulzy, Liane Foly, Roberto Alagna… et moi entre autres !

Le choix de la chanson ?
On m’a proposé un panel de plusieurs chansons et j’ai choisi « Pour toi » qui n’est certainement pas la plus connue de Frédéric mais elle me parlait car ça s’adresse à une mère et je suis maman. Donc ça me touchait.
Maman, parlons-en. Quel âge a votre fille ?
11 ans et demi… Déjà !
Elle s’intéresse à votre carrière ?
Et comment ! Elle est la première à écouter mes chansons et elle na la franchise d’une enfant qui me dit si ça lui plaît ou non. Elle suit tout ça de près, s’intéresse à tout, jusqu’à mes tenues vestimentaires. Ça me touche et ça m’amuse.
On va parler tournage puisque vous êtes aussi comédienne aujourd’hui !
Comment est-ce arrivé ?
Tout simplement parce qu’en 2014 on m’a proposé de faire un casting et j’ai été prise pour le tournage de « Dream, un rêve, deux vies » produit par Jean-Luc Azoulay avec des acteurs de télé-réalités comme Thomas Vitiello, Elsa Esnout (Qui a fait un duo avec Frédéric François), Alice Raucoule, Tonya Kinsinger et même Julie Piétri… Nous avons tourné deux mois à Saint-Martin avec une super équipe, aussi bien comédiens que technicien. Ça a été une aventure magnifique.
Du coup vous avez récidivé ?
Oui, l’an dernier avec Mathieu Grillon qui est réalisateur, scénariste et comédien , avec aussi Alexandre Pesle, Nolan Gresle et Alex Guéry. Le film s’intitule « Ne m’oublie pas »
Et ça va continuer ?
Oui puisque je vais à nouveau tourner avec Mathieu Grillon. Jouer la comédie, ça me plait énormément. Je pense que ça fait partie de mon métier même si ce n’est pas encore aussi courant qu’aux Etats-Unis. J’aime tout ce qui est artistique et je vais, si l’on m’appelle, pouvoir jouer sur les deux disciplines, même si la chanson reste ma priorité.
Pourtant, vos débuts avec votre maison de disques a été assez houleuse !

Dreams

C’est-à-dire que nous avions des vues très différentes et du coup elle a fait le strict minimum du côté communication alors que d’autres gagnants en ont eu un maximum et le disque c’est mal vendu. Du coup, nous nous sommes séparés et j’ai monté une maison de production Dong Eden Production.
En dehors de tout ce que vous faites, vous vous intéressez beaucoup aux associations humanitaires…
C’est la moindre des choses et je réponds toujours oui lorsqu’on m’appelle pour des associations contre le cancer du sein, la maladie d’Alzheimer, les pièces jaunes ou la fondation Grégory Lemarchal. Je suis toujours là si l’on a besoin  de moi.
Finalement, que vous reste-t-il de « Star Academy » ?
J’en ai tellement parlé que je n’ai plus grand-chose à dire sinon que c’est un beau souvenir, une belle expérience et surtout que c’est grâce à cette émission que je peux faire aujourd’hui ce que j’aime. »

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Pulsart in Atris
*Tihyad, auteur, compositeur, chanteur. A écrit, avec Yves Gilbert, des chansons à Serge Lama, a chanté avec Hélène Ségara et joue dans la série « Les mystères de l’amour ».

Sanary voit la vie en rosé

JUST’ROSÉ est né l’initiative de l’association des commerçants de la ville de Sanary sur Mer. C’est ce que l’on peut appeler l’événement viticole incontournable du printemps.
Pour son grand retour, l’édition 2023rassemblera plus de 70 vignobles, chaque domaine proposera une dégustation de ses cuvées de vin rosé. Et cela à ciel ouvert dans une ambiance familiale et décontractée. Près de 80 000 bouteilles seront vendues en 3 jours.
C’est parce que le vin rosé séduit les tables du monde entier que nous lui dédions un événement magique et très bien organisé.
Just’Sanary veut pour Just’Rosé, proposer une manifestation ouverte à tous ! Aussi bien pour les connaisseurs du domaine viticole que les simples amateurs de bonnes choses, que l’on soit petit ou grand, de Sanary ou ses environs, Aix-En-Provence, Marseille; rassembler et fêter notre territoire si riche et unique en son genre,est simplement l’âme du Festival Just’Rosé. Une huitième édition qui sera sans aucun doute à la hauteur de l’investissement e tl’amour des bénévoles pour leur patrimoine.
Cette année les festivaliers qui se rendent à Sanary en voiture seront en mesure de tester leur taux d’alcoolémie avec un nouveau dispositif de sécurité : une animation à partir de lunettes de sensibilisation tout au long du festival de 14h à 19h à l’entrée du parking de l’esplanade. Ce dispositif permettra aux festivaliers concernés d’être redirigé vers d’autres moyens de locomotion (tuk-tuk, navettes, transports en commun).

L’affiche d’Odile Bertrand
L’oeuvre d’Alain Pétrini

Faire connaitre et transmettre notre incroyable patrimoine viticole et gastronomique est le souhait de Just’Rosé et de nos vignerons et restaurateurs qui assureront une cuisine100% « pink attitude » pour l’occasion. Le village Gourmand sera lui aussi présent et proposera de la cuisine locale.
Pour apprendre, pour découvrir, partager de manière agréable et ludique, c’est l’objectif de l’association des commerçants de Sanary-Sur-Mer.
Grâce à leurs multiples et variées animations, comme les22 différentes animations artistiques, ces 3 jours ont été imaginés de sorte d’attirer et satisfaire toute la famille. Et tout ceci à ciel ouvert !
Dans le souci permanent de faire profiter les associations œuvrant au bénéfice des enfants à besoin spécifique, Just’Sanary organise une tombola avec gain unique pendant le Festival. Vous aurez ainsi la chance de peut-être remporter l’œuvre d’art de l’artiste sanaryen, Alain Patrini, artiste peintre, autodidacte, depuis 1988. Il réalise des personnages en mouvement, en métal, avec du matériel de récupération, fruit de son imagination.

Tickets en vente à la salle Flotte, tirage au sort lundi 8mai à 17h.

Une fresque participative sera mise en place et encadrée par Mathieu Roman pour que les enfants comme les adultes puissent s’initier aux techniques du graffet partager un moment ludique en famille. Mathieu Roman est un artiste graffeur passionné par l’art de rue depuis son adolescence. San’art shop a ouvert ses portes il y a 5 ans pour transmettre sa passion aux plus jeunes avec des cours de street art.
Chaque année Just’Rosémet en avant une artiste pour nous donner sa vision du Festival et concevoir l’affiche artistique. Nous avons le bonheur d collaborer avec Odile Bertrand pour l’édition 2023.Odile Bertrand est une illustratrice et graphic designer de la région  Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Pour cette nouvelle édition tant attendue de Just Rosé2023, elle nous dévoile sa vision de la vie en rose à Sanary : l’apéro !
« Les beaux jours sont là, le soleil illumine le port et les ruelles provençales, la ville a revêtu so nhabit de rose, l’animation bat son plein. Dans cette atmosphère tumultueuse, si l’on prenait le temps de se poser et d’apprécier ce moment ? L’apéritif est le moment idéal pour cela. Mélange de partage, convivialité, détente, dégustation et gourmandise, il est universel et fédère petits et grands autour d’une seule couleur. »

info@just-sanary.com / just-sanary.com

Lumières du Sud
Guillaume LEVIL, de la Provence à Hollywood !

Guillaume Levil est un homme de contrastes : Il a passé son enfance à la Réunion avant d’arriver à Digne. Il navigue donc entre deux cultures. I
Il partage ses goûts entre Capra et Pagnol, « La femme du boulanger » et « Beethoven » (le chien !!) et notre jeune scénariste-réalisateur-producteur qui vit aujourd’hui àNice, ce qu’i ne l’empêche pas de retourner tourner à la Réunion, était l’invité de Pascale Parodi, présidente de l’association « Lumières du Sud ». Il est venu nous présenter quatre courts-métrages avec toute la passion et l’humour qu’il possède, tout auréolé d’une nomination… aux Oscars s’il vous plaît pour son court-métrage « La valise rouge », réalisé par Cyrus Neshvad, dont il a signé le scénario. Et qu’il nous a bien sûr présenté au Théâtre Daudet de Six-Fours ainsi que trois de ses autres films dont il est scénariste et réalisateur : « Un tour de cheville », « Arthur Rambo », « Courir toute nue dans l’univers », avec des histoires à chaque fois très différentes qu’elles soient drôles ou plus dramatiques.

« Guillaume, tu es en fait construit sur deux cultures
C’est exact, jusqu’à 12/13 ans la Réunion a fait ma construction. J’en suis imprégné. Mon père étant provençal, nous nous sommes retrouvés à Digne où je suis allé au collège. J’ai eu les deux cultures, les deux langues et je suis fait d’elles.
Le cinéma est venu comment ?
Tout jeune, ma mère m’a amené très souvent au cinéma  où je voyais aussi bien les films pour enfants mais aussi d’autres films peut-être un peu moins réservés aux enfants. Mon second film a été « Les liaisons dangereuses » !
C’est pour cela que tu es éclectique, jusqu’à aimer  « La femme du boulanger » ET « Beethoven » ?

Non, pas ET. C’est-à-dire que ce sont les deux exemples de ce qu’il faut faire et ne pas faire. Chez Pagnol c’est au mot près, c’est une histoire qui, même si elle est quelquefois exagérée, tient la route et nous emmène au bout de l’histoire. Pour « Beethoven » (pas le musicien… le chien ! », c’est pour moi tout ce qu’il ne faut pas faire et quant à la fin elle est on ne peut plus mauvaise. Après avoir vu le film j’ai imaginé plusieurs fins plus intéressantes. J’ai commencé à les écrire en fait, c’est le film qui m’a donné envie d’écrire des scénarios ! Donc merci Beethoven !
Tu t’es spécialisé dans le court-métrage, le documentaire…
Et la fiction ! J’ai commencé à écrire des scénarios pour les autres, puis pour moi, puis je suis passé à la réalisation. Mais tout se fait à partir de rencontres comme celles avec Cyrus Neshvad, réalisateur iranien vivant au Luxembourg pour qui j’ai écrit « La valise rouge » ou encore Nicolas Paban, qui est toulonnais et pour qui j’ai co-écrit « Princesse de Jérusalem ».
Coment s’est fait le passage aux longs métrages ?
C’est plus difficile encore que de monter des courts-métrages. Il faut trouver de l’argent et puis les vendre après. C’est quelquefois plusieurs années d’attente, d’acceptation… ou pas !
C’est un métier aléatoire où il faut toujours avoir dix projets pour quatre qui aboutiront. Il faut pouvoir rebondir et ce n’est pas toujours facile.

C’est certainement parois frustrant et en plus entre deux films il faut pouvoir vivre
Frustrant, peut-être quelquefois mais comme je suis toujours sur plusieurs projets, je pars sur un autre. Mais malgré le temps qui court entre deux réalisations on peut très bien vivre une vie entière après un film. Et puis, dès le départ on est prévenu que ce que l’on fait risque de ne pas être accepté.
Il y a deux films que nous n’avons pas vus ce soir : « Le problème du pantalon » et « Les vénérables dessous ». Tu es très… textile !
(Il rit) C’est un diptyque qui d’ailleurs devrait devenir un triptyque car j’ai encore une idée.
« Le problème du pantalon » parle de la contraception chez l’homme : la vasectomie, l’injection d’hormones, le slip chauffant. Sujet tabou que je traite avec humour.
« Les vénérables dessous » traite, lui, de la menstruation, des sous-vêtements féminins qui sont de l’ordre du fantasme et de la liberté des femmes. Là encore, sujets tabous.
Et j’ai déjà un troisième sujet… Mais je préfère ne pas t’en parler !
Bon, venons-en à « La valise rouge », qui t’a emmené jusqu’à Hollywood !
C’est un scénario que j’ai co-écrit avec Cyrus Neshad qui l’a réalisé. Nous l‘avons tourné au Luxembourg où il vit. Nous avons découvert Nawelle Evad, jeune comédienne sur un casting. C’est l’histoire d’une jeune iranienne de 15 ans qui vient au Luxembourg, envoyée par son père, épouser un homme qu’on lui a imposé et qu’elle ne connait pas. Elle récupère sa valise rouge et déambule dans la gare autour de cet homme sans qu’il la voie et, après un long moment d’hésitation, décide de s’enfuir.
Nous l’avons présenté dans divers festivals car ce sont les seuls lieux où l’on peut vraiment les faire voir et il se trouve que nous avons reçu quatre grands prix dans quatre festivals, dont Paris et le Mans. Du coup, il a été sélectionné pour l’oscar du court-métrage.
Pourquoi dis-tu « du coup » ?
Parce que, différemment aux César, le court métrage n’est pas choisi comme chez nous. Aux USA, il est sélectionné par rapport aux prix qu’ils ont reçus dans leur pays. C’est ainsi qu’après plusieurs votes, cent, puis15, puis cinq sont restés en lice… dont le nôtre !
Nous ne sommes arrivés que second, derrière un film, dont la vedette était un handicapé mais nous sommes fiers d’être passés devant le troisième, produit par Disney ! Et même second, ça marque sur un CV !

Quel effet ça fait d’être au milieu des stars hollywoodiennes ?
C’est très impressionnant de se retrouver sur le tapis rouge au même titre que ces stars internationales… Et de se retrouver aux toilettes avec Hugh Grant !!! C’est aussi une grande satisfaction d’un petit français côtoyant le nec plus ultra du cinéma international.  
Tu parles anglais ?
Of course, avec l’accent français qui plait beaucoup… aux américaines !
Il n’a été primé ni à Cannes, ni aux César ?
Non, pour la bonne raison qu’à Cannes nous serions arrivés avec déjà trop de prix quant aux César, il n’y a que des films français et le nôtre luxembourgeois.
Tu disais qu’il n’y a que dans les festivals qu’on peut communiquer sur les courts-métrages ?
Oui parce qu’en France, ils passent toujours très tard et le public est restreint. Donc on ne peut faire voir nos films que dans  les festivals.
D’ailleurs je vais partir au Festival de Cannes, non pas pour voir des films, mais pour faire des rencontres car c’est à 80% là que tout se joue. Les autres 20% dans les autres festivals. C’est d’ailleurs à Cannes que j’ai rencontré Cyrus Neshvad et Nicolas Paban. Comme j’ai plusieurs projets, dont un long métrage coréalisé avec Nicolas, je vais avoir de longues journées.
Un rêve ?
Réaliser un long-métrage fantastique dans la lignée de « SOS fantômes » !

Propos recueillis par Jacques Brachet