Archives mensuelles : février 2023

Toulon – Espace Comédia
André Neyton revient sur Barras

Nous sommes en 1793 alors que Toulon se livre à la flotte anglaise, prenant ainsi le nom infamant de Port la Montagne.
Les villes du Midi s’insurgent contre le pouvoir de Robespierre. Toulon en fait partie.
Paul Barras, alors député de la Convention, fait arrêter tous ceux qui sont hostiles à la République.
Parmi les suspects, il va rencontrer un notaire provençal  avec qui il va dialoguer avant que celui-ci, s’il est coupable, ne soit envoyé à Paris afin d’être jugé, condamné et guillotiné.
C’est la nouvelle pièce d’André Neyton, comédien, metteur en scène, écrivain, directeur de l’Espace Comédia de Toulon, que l’on découvrira à partir du 28 février en son théâtre*.
Cette pièce s’intitule « Les trompe-la-mort de l’an II » qu’il a écrite et mise en scène avec deux de ses comédiens complices : Jacques Maury (le notaire) et Xavier-Andrien Laurent (Barras). A noter, dans la famille Neyton, Michel, le fils, à la création lumière et images, Isabelle Denis qui signe les costumes.
Nous voilà à l’Espace Comédia pour les dernières répétitions en costumes.

« André, voici vingt ans tu t’étais intéressé à Barras (Barras, le vicomte à l’ail). Qu’st-ce qui te fait y revenir ?
C’est le livre de François Trucy (qui fut maire de Toulon et écrivain ndlr) « Pièges » qui raconte une histoire de famille, de  Victor Trucy un de ses ancêtres, notaire à cette période de la Révolution.
Si j’ai repris l’histoire, j’ai inventé les dialogues entre Barras et ce notaire à qui je n’ai pas donné de nom, qui s’est fait arrêter et, s’il est coupable, sera jugé à Paris. Il faut savoir qu’à cette époque, le voyage en charrette durait 39 jours pour, en finale, être guillotiné.
Qu’est-ce qui t’a intéressé dans ce dialogue que tu as inventé ?
C’est un dialogue entre deux provençaux, qui plus est deux varois, Barras étant de Fox-Amphoux, le notaire de Barjols. Le suspect est un notaire girondin alors que Barras est un jacobin rigoureux.
– Ce sont – ajoute XaL – deux concepts de la République, deux visions de la société de l‘époque qui s’affrontent même si le notaire ne se gêne pas pour dire ses vérités à Barras
– Barras, qui, lui, est d’un cynisme assumé. Ce n’est pas pour rien qu’il est appelé « le pourri » !
– C’est un débat de passion – précise Jacques Maury – et un débat que l’on peut encore trouver de nos jours, resté très actuel même si les noms de girondin et de jacobin ne sont plus utilisés.
– Aujourd’hui – reprend André – les mots sont plus subtils mais c’est toujours du copié-collé et les idées sont très actuelles. De plus, c’est un dialogue entre deux provençaux, qui parlent un français mâtiné de leur langue maternelle. Même si, à l’époque, les notaires écrivaient leurs actes en français, qu’il fallait souvent traduire en provençal.

André, n’as-tu pas eu envie de prendre le rôle de Barras ?
(Il rit). Non et pour plusieurs raisons : d’abord je n’ai plus la quarantaine, comme l’avait alors Barras et puis, après « L’affaire Dominici », j’ai décidé d’arrêter de jouer. Je n’arrête ni l’écriture, ni la mise en scène mais pour moi, fini la comédie ! »

Nous ne reverrons donc plus André Neyton sur scène, sauf pour mettre en scène… et pour faire quelques photos souvenirs, en attendant de retrouver sa dernière création.
A noter que la musique est signée d’un autre complice de « la bande à Neyton » : Miqueu Montanaro.
Jacques Brachet
* « Le trompe-la-mort de l’an II », mardi 28 février, jeudi 2 mars, vendredi 3 mars 20h45,
dimanche 5 mars à 16h (04 94 36 19 16)




Six-Fours Dany CAYOL
Le Téléthon, un esprit de partage

Lorsqu’on demande à Dany Cayol depuis combien de temps elle s’occupe du Téléthon, elle dit en souriant : « Un certain temps ».
En fait c’est plus de vingt ans que ça a démarré avec un conseiller municipal, Yves Draveton, qui avait organisé une manifestation autour de la piscine.
De ce jour, Dany n’a plus quitté le bateau, plongeant avec passion dans cette association qui, à Six-Fours, a lieu d’octobre à janvier et même quelquefois un peu plus.
D’un bout de l’année à l’autre, Dany se démène, téléphone, envoie des mails, frappe aux portes, pas seulement des associations de tous bords, mais des maisons de retraite, des grandes surfaces, des collèges et des lycées, des entreprise,  des commerces, soit pour recevoir un don, soit pour les faire participer physiquement à cette grande fête de l’espoir.
Elle y met tout son cœur, toute sa passion, avec cette force tranquille qu’elle a de mener un combat essentiel.
Dans son petit bureau de la mairie, aujourd’hui c’ est l’heure du bilan et des remerciements.
« D’abord – me confie-t-elle – j’ai eu peur qu’avec le Covid, et l’inflation, ce soit difficile, d’autant que les deux seuls jours de pluie ont eu lieu le week-end national où il a fallu annuler pas mal de choses.
Et c’est avec joie que je peux annoncer le résultat : Nous avons récolté 22.330€, soit 3.946€ de plus que l’an dernier. Je remercie donc tous ceux qui se sont engagés pour aider la recherche pour les maladies rares ».

Dany Cayol et son équipe du Téléthon

Fièrement, elle nous présente le diplôme qu’elle va remettre à tous les participants avec une lettre personnalisée pour chacun ! »
Cette année encore les compétitions sportives, les animations musicales, théâtrales, cinématographiques, littéraires se sont relayées et chacun nous a offert de beaux moments ensemble.
C’est un boulot de folie qui occupe son année car entre les démarches faites pour réaliser un tel exploit et les remerciements par centaines, sans compter les manifestations auxquelles elle participe, l’année n’est pas encore terminée qu’elle planche déjà sur l’édition 2023 !
« Pour moi c’est un grand plaisir que d’organiser cet événement, d’autant qu’il rapproche les gens. Certains se réunissent pour faire quelque chose ensemble, se rencontrent, s’entraident, ça rapproche beaucoup de gens dans un esprit de partage. Et ce qui me fait aussi plaisir c’est que j’essuie très peu de refus ».
C’est un combat de tous les jours et lorsque je vois tous ces gens qui donnent de leur temps ou de l’argent, ça me rassure par le fai que le Téléthon est plus que nécessaire. Et je ne suis pas prête à abandonner ! »

Propos recueillis par Jacques Brachet

Photos JB & KM


STONE : sa vie dans tous les sens

Ma première rencontre avec Annie Gautrat, (alias Stone) remonte à la tournée “Inventaire 66” qui réunissait Hugues Aufray, Michel Delpech, Pascal Danel, mais aussi Pussy Cat,  Karine, Noël Deschamps, les Sharks (Que sont-ils devenus ?). Ils en étaient tous à leur première tournée et Aufray, Danel, Delpech et Stone et Charden ont fait le chemin que l’on connaît.
De ce jour, on n’a jamais cessé de se croiser,de  se rencontrer, de se voir en tournées

Autre tournée mémorable de rires et de folie avec C Jérôme et Michel Jonasz et un Charden au pied plâtré mais chantant quand même. Il y a eu aussi une tournée avec CloClo et Topaloff qui n’était pas triste non plus.
Si, avec Charden, ce ne fut souvent pas très sympa, avec Annie ça a été l’amitié « A la vie à la mort »… Et ça continue !
Et si, depuis longtemps, c’était terminé avec Charden, on a continué à se voir, car Annie n’a jamais cessé de travailler, devenant comédienne, écrivant une biographie de cette période Stone-Charden qui, en fait, n’a duré que quatre années intenses avec retrouvailles du couple sur les tournées « Âge Tendre ».
Et la voilà qui s’est piquée au jeu de l’écriture et qu’elle nous offre sa « Vie dans tous les sens » (Editions Champs-Elysées) où elle nous parle de beaucoup de choses plus intimes, de sa vie de femme, de mère et pas du tout de sa vie d’artiste.
Elle vit aujourd’hui avec le comédien Mario d’Alba… que j’ai très vite adopté car il est, lui, sympa et drôle. Je les avais d’ailleurs invités à Saint-Raphaël pour « Stars en cuisine », où ils vinrent cuisiner un plat végétarien pendant que je cuisinais de mon côté avec Fabienne Thibeault.
Bon, le livre sorti, il fallait qu’on en parle !

« Alors Annie, tu t’es prise au jeu de l’écriture ?
Au départ, ce n’est pas voulu. C’est durant le confinement que je me suis remise à écriture. Petite déjà, j’écrivais mon journal intime. Je l’ai d’ailleurs retrouvé en rangeant des affaires. J’ai fait ça durant des années et en le relisant j’ai trouvé ça sans intérêt. Mais c’était enfantin et je racontais tout ce qui m’arrivait !
Ce que tu as fait là !
Oui, en écrivant au jour le jour ce qui me passait par la tête, comme ça venait, ce que je vivais avec ma famille, ma mère, ma belle-mère mais aussi mes souvenirs d’enfance et en parlant de plein d’autres sujets. Voilà pourquoi le titre « Ma vie dans tous les sens » !
Par contre tu nous parles de ta vie personnelle et pas de ta vie d’artiste !
Non, je l’ai déjà fait dans mon premier livre, ça n’avait plus d’intérêt d’y revenir.
Par contre au départ, je n’ai pas écrit pour en faire un livre. J’ai toujours aimé écrire et je le faisais pour le plaisir. J’adore aller dans les fêtes de livres pour y rencontrer les auteurs que j’aime. A la Fnac de Montluçon j’ai rencontré Dominique Filleton qui est écrivain et éditeur. Nous avons discuté et il m’a proposé de m’éditer. Ça s’est fait tout naturellement. Et puis, j’ai rencontré une responsable d’un salon animalier et comme j’ai toujours aimé et eu des animaux elle m’a suggéré de parler d’eux. Dominique a trouvé l’idée sympa et ce sera mon prochain livre !
Et écrire des chansons ?
Je n’ai jamais pu. J’ai essayé mais c’était lamentable ! Je suis juste arrivée à écrire un conte pour enfants.
Comment écris-tu ?
Comme je te dis, au jour le jour. Il me vient une idée, un souvenir et j’écris. C’est comme ça que j’ai écrit notre bio même si là, il fallait tout de même écrire dans l’ordre des événements que nous avons vécu.
Mais j’écris toujours sans aide d’ordinateur, je ne sais pas faire. Et c’est ma fille qui s’en occupe !

Dans ton livre, tu ne ménages ni ta mère, ni ta belle-mère !
Même si j’ai de bons souvenirs d’elles et surtout de ma maman adorée, elles ont fini très vieilles et malheureusement dans un triste état. A la fin, elles n’étaient plus les femmes qu’elles ont été et de les voir dépérir ainsi, perdre la tête, se faire dessous, engueuler tout le monde, ne pas vous reconnaître, on finit par espérer qu’elles disparaissent. Aussi bien pour elles que pour nous. Et en fait d’espérer cela, ça nous permet de rendre leur disparition moins cruelle.
Lors d’une des nombreuses discussions que nous avons eues, tu m’avais annoncé ta mort prochaine aux alentours de tes 70 ans… Tu les as passés… Et tu es toujours là !!!
(Elle rit) Oui et j’en suis très heureuse. C’est une voyante qui me l’avait prédit et je l’attendais sereinement ! Je suis ravie qu’elle se soit trompée.
Mais tu sais, dans ma famille, il y a toujours eu des médiums… Dans le Berry on les appelait des sorcières. Et ma grand-mère a été médium. Elle a même vu des choses qui se sont réalisées et elle me les a racontées. Ma mère, qui pourtant, était cartésienne, a été confrontée à des entités. Elle n’en parlait pas de peur de passer pour une folle.
Et toi ?
Moi ? Rien ! Ca a sauté une génération car il est arrivé à ma fille plein de choses étant adolescente. Je m’y suis faite, c’est une vieille habitude dans la famille !
Par contre, je suis persuadée qu’il y a autre chose après la mort et ça, ça vient de l’influence de ma mère. Comme celle de vivre et de manger bio. Déjà, elle tenait une boutique diététique, même si on ne parlait pas encore de bio. D’ailleurs, je n’ai plus jamais mangé de viande depuis quarante ans ! Et je ne m’en porte pas plus mal.
Une chose qui, dans ton livre, m’a fait marrer : ta nuit de noces avec Eric Charden… qui n’a pas été consommée !
Oui parce que, sa mère, qui était très excessive, ne supportait pas de le voir épouser une saltimbanque et le persuadait en même temps de quitter ce métier qu’il pratiquait aussi. Elle lui avait bourré le crâne. D’ailleurs elle s’enfuit juste après le mariage, sans rester au repas, et, se sentant coupable il a passé sa nuit… Dans la salle de bain à pleurer… Charmante la nuit de noces ! Déjà qu’il n’avait pas voulu me toucher avant le mariage… Ca faisait beaucoup. D’autant qu’il ne se gênait pas pour aller batifoler ailleurs ! Enfin, après, on s’est rattrapé !
Tu écris aussi une phrase incroyable : « Il faut que l’Homme disparaisse de la surface de la terre… » Ce n’est pas un peu excessif ?
(Elle rit encore) Je dis l’Homme en général peut-être pas tous les hommes parce qu’en fait, on a besoin d’eux pour la reproduction… Même s’ils peuvent aussi faire des garçons !
C’est un cercle vicieux  ton affaire !
C’est vrai  mais depuis toujours, l’Homme est tout-puissant, la femme est toujours derrière. Tous les malheurs de la terre viennent de l’Homme. OK, aussi de quelques femmes… C’est difficile tout ça !

Aujourd’hui s’est passé un triste événement : l’accident de Pierre Palmade qui, sous l’emprise de la drogue, a blessé et tué. Qu’en penses-tu, toi qui racontes avoir touché à la drogue ?
C’est terrible, ce qui s’est passé, monstrueux ! C’est vrai nous avons pris de la drogue et j’avoue que j’y ai pris du plaisir car on est déconnecté de la réalité, on est dans un trip agréable. Mais d’abord, le peu de fois qu’on l’a fait, on l’a fait à la maison et il n’était pas question de sortir, de prendre un volant. Ce peut être une expérience sympa à condition que ça ne devienne pas une habitude, que ce soit occasionnel car ça devient très vite un piège. C’est comme de boire trop. Prendre une cuite de temps en temps OK mais attention à l’addiction car alors ce peut être terrible. C’est ce qui s’est passé avec Pierre Palmade »…

Je vais laisser ma belle amie à ses chats et ses chiens… En attendant qu’elle continue à raconter longtemps d’autres histoires avec son humour et sa joie de vivre… Puisque la date de sa mort annoncée est passée !!!

Propos recueillis par Jacques Brachet


Notes de lectures

Gilles KEPEL : Enfant de Bohême (Ed Gallimard – 399 pages)
Il faut s’enfoncer très profondément dans les forêts de Bohême où l’on chassait les sangliers pour comprendre la destinée du grand-père puis du père de Gilles Kepel. L’aïeul Rodolphe, arrivé en France s’installera à Paris dans le quartier Montparnasse, il fréquentera  Apollinaire et traduira ses poèmes, il sera proche des peintres tchécoslovaques Mucha et Kupka, une petite colonie d’artistes venus également à Paris.
Il se mariera, aura deux enfants Milan, père de Gilles Kepel et une fille. Milan réfugié en Angleterre pendant la seconde guerre mondiale sera élevé dans une école religieuse  puis au lycée français de Londres et n’aura de cesse de vouloir faire du théâtre et mettre en scène « Le brave soldat Svejk » de Iaroslav Hasek.
En déterrant les souvenirs d’un père atteint de la maladie d’Alzheimer, de vieux documents, de photos, Gilles Kepel raconte avec fierté le parcours difficile, souvent désargenté de sa lignée paternelle. Il y ajoute les éléments constitutifs de la Tchécoslovaquie actuelle et la pensée communiste de son père.
Un livre émouvant sur des hommes bousculés par les guerres, attachés à leurs racines et malgré tout devenus cosmopolites.
Cependant l’abondance de détails très ou trop personnels peut lasser le lecteur.
Lars MYTTING : L’étoffe du temps (Ed Actes Sud – 438 pages) <br> traduit du norvégien par Françoise Heide
Quel plaisir de découvrir la suite du livre « Les cloches jumelles » publié en 2020 par Lars Mytting !
Nous retrouvons au début du XXème siècle le village de Butagan en Norvège, ses habitants et son pasteur Kai Schweigaard. Il pèse toujours sur le village le souvenir des sœurs jumelles siamoises Helfrid et Gunhild Hekne, habiles tisseuses dans les années 1600 et dont une mystérieuse tapisserie reste introuvable. Astrid Hekne est morte en couches lors de la naissance de jumeaux. L’un de ces enfants, Jehans a été confié au pasteur mais il se brouille avec celui-ci.
Qu’adviendra-t-il de la quête de la tapisserie et de celle de la cloche engloutie dans le lac proche du village dont la tradition dit qu’elle ne pourra être repêchée que par deux frères ?
Dans cette superbe fresque romanesque, l’auteur nous raconte l’évolution de la paysannerie norvégienne, l’amélioration de la vie dans ces villages reculés grâce aux apports des techniques. Des personnages fiers et volontaires, des paysages grandioses, des légendes, un peu d’histoire font de ce roman un ouvrage que ceux qui ont apprécié le premier tome liront d’une traite.

Dolly PARTON & James PATTERSON : « Run, Rose, Run » (Editions l’Archipel – 418 pages)
Dolly Parton est la papesse de  la musique country pour les amateurs du genre.
James Patterson est « l’écrivain aux 370 millions de thrillers vendus ».
L’association de l’icône de la country et de l’empereur des polars ne pouvait que faire des étincelles.
Leur roman à quatre mains a d’ailleurs été en quelques semaines le N°1 des ventes aux USA.
Voici que le roman sort en France sous le même titre qui signifie « Court, Rose, court »
Un livre qui mêle la musique à un thriller haletant dont on ne connait la vraie histoire qu’au dernier chapitre.
AnnieLee Keyses est une toute jeune fille qui ne rêve que de chanter et qui débarque à Nashville avec rien qu’un sac en bandoulière. On ne sait pas d’où elle vient mais on se rend très vite compte qu’elle cache un drame. La chance veut qu’elle se propose de chanter dans un pub qui se trouve appartenir à Ruthanna Ryder, idole country qui s’est retirée de la scène mais qui la découvre grâce à un de ses musiciens, Ethan Blake. Lui, en tombe amoureux, elle flashe sur sa voix et sur les chansons qu’elle écrit et compose. Ils vont la prendre sous leurs ailes mais la jeune femme est sauvage, et elle est à plusieurs reprises agressée. Un mystère plane autour d’elle, dont elle se refuse à parler.
Mais peu à peu la menace se rapproche, se concrétise même et…
Et il faudra lire quelques 400 pages pour en connaître le dénouement !
Dans le portrait de Ruthana, il semble que Dolly Parton ait servi de modèle, l’ambiance de Nashville est superbement décrite, l’héroïne est très attachante, l’histoire palpitante et pleine de rebondissements.
Bref, les amateurs de thrillers et de musique vont être heureux.
A noter que le livre va faire l’objet d’un film dont les chansons seront signées… Dolly Parton of course ! Le CD est déjà sorti… « Run, Rose,Run », un livre à lire, un CD à écouter et un film à voir bientôt.
Marie-Virginie DRU : Regarde le vent (Ed Albin Michel – 268 pages)
Dans ce second roman, Marie-Virginie Dru, qui est aussi peintre et sculpteur, évoque le thème de l’amour et de l’influence des ancêtres dans nos vies. Cette réflexion se fera avec Camille, guide conférencière, mariée à Raphaël, journaliste au Monde, mère de Louise, ado rebelle de 14 ans et de Jeanne 12 ans, future danseuse.
Alors que Camille aide sa mère et son oncle à vider l’appartement de sa grand-mère qui vient de décéder, elle trouve des albums de photos parfois anciens. Elle décide d’écrire un livre racontant la vie de ses aïeules, une dynastie de femmes depuis Henriette son arrière-arrière-grand-mère née en 1879 à Alger, puis Odette, puis Annette et enfin Mathilde sa mère. Des femmes qui selon Camille furent « des guerrières et des amazones », émancipées et libres dans leurs amours.
Parallèlement à ce travail d’écriture, la vie quotidienne se poursuit pour Camille qui évolue dans sa situation de mère et d’épouse.
Dans une écriture fluide, le roman nous fait vivre par chapitres distincts les vies passées des ascendantes de Camille et leurs secrets, la vie de Camille, celle de Jeanne par le biais de son carnet intime et le comportement troublant de Raphaël. Un livre agréable à parcourir.

Robert COLONNA D’ISTRIA : La maison (Ed Actes Sud – 146 pages)
Auteur d’essais, Robert Colonna d’Istria publie son premier roman.
Le sujet réside dans le titre, mais il faudrait y ajouter « sur l’île « ». En effet c’est sur l’île où, enfant, elle passait de merveilleuses vacances dans la maison de sa mère, que J, une femme dont on ne saura pas plus que la première lettre de son prénom, veut avoir elle aussi une résidence. C’est son frère qui a hérité de la maison familiale .J doit donc chercher à acheter ou à faire construire une maison.
Sur un terrain dominant la mer du haut d’une falaise, une vieille bicoque à retaper fera l’affaire. Avec l’aide de Simon, son compagnon et de Robert, un homme à tout faire ingénieux mais procrastinateur, J commence la création de sa maison.
Ce sera un chemin semé d’embuches qui mettra à mal l’obstination de J. Mais ce chemin de croix deviendra un chemin de vie, menant à un aboutissement heureux même si ce n’était pas celui attendu. Un roman bien écrit qui s’apparente à un conte philosophique.
Michèle LESBRE : La Furieuse (Ed Sabine Wespieser – 120 pages)
Qui est donc cette furieuse qui fait le titre du dernier ouvrage de Michèle Lesbre ?
Ne vous laissez pas dissuader par ce titre, au contraire laissez-vous glisser doucement et non pas furieusement au fil des pages. La Furieuse existe, c’est une petite rivière du Doubs, affluent de l’Allier, et elle s’écoule comme la vie de Michèle Lesbre, quatre-vingt-trois ans, et une longue vie de lectures, de découvertes qu’elle nous fait partager. Il a des anecdotes, des souvenirs, des citations que tout lecteur voudra retenir ou souligner.
Le sous-titre « rives et dérives » correspond exactement à ce mouvement perpétuel de l’eau, parfois tranquille, parfois bouillonnante  comme toute vie. La Furieuse où se baignait Courbet jusqu’à la fin de sa vie replace le texte dans la fin du XIXème siècle, Michèle Lesbre s’autorise à vous présenter ses grands-parents Léon et Mathilde qui ont vécu, eux, au bord de la Loire, autre fleuve parfois tranquille parfois furieux, des tableaux champêtres d’un monde révolu qu’évoque l’auteur.
On n’arrête pas une rivière, on n’arrête pas les souvenirs, Michèle Lesbre dit feuilleter sa vie et nous donne la possibilité de découvrir ou redécouvrir les textes qui l’ont marquée, ce livre est un immense cadeau fait à la lectrice qui l’en remercie.

Laurent MALOT : « Mathilde Mélodie » (Ed XO – 308 pages)
Mathilde, 38 ans, a été chanteuse avec son mari musicien. Jusqu’au jour où trompée par son mari, elle part en voiture avec sa fille, a un accident qui coûte une jambe à cette dernière.
Rogée de culpabilité, pour vivre elle entre dans une matelasserie, vivant chichement avec sa fille.
Jusqu’au jour où la musique la rattrape : Un concours national de talents est organisé pour toutes les entreprises avec à la clef un million d’euros… Pas pour le talent gagnant mais pour l’entreprise qu’il représente.
Au départ elle n’est pas d’accord mais c’est sa fille qui vend la mèche au patron car circulent encore des images de sa mère sur les réseaux sociaux. Obstinée elle refuse de chanter mais le patron lui met le marché en main : où elle chante, ou elle est virée.
Contre mauvaise fortune bon cœur elle se résout à chanter. Avec la complicité de sa fille, elle rencontre un musicien mexicain exilé et sans papier, avec qui elle va travailler. Peu à peu, elle repend goût à la musique.
Va-t-elle repiquer au jeu ?
Vous le saurez en lisant ce roman plein de tendresse signé d’un écrivain qu’au physique on verrait plus écrire des polars. Mais il est aussi scénariste et ça se sent car ce livre est conçu comme un scénario de film et pourrait faire l’objet d’une série télévisée, tant ses personnages sont attachants et l’histoire et jolie… Ce qui nous change de tous ces romans démoralisants qu’on peut lire aujourd’hui.
Vincent BAGUIAN : Que celui qui n’a jamais tué me jette la première pierre (Ed Plon – 219 pages)
Vincent Baguian fut chanteur un temps, auteur de chansons dont des comédie musicales comme « 1789, les amants de la Bastille » ou encore « Mozart, l’Opéra-rock ».
Le voici qui nous offre son premier roman, une sorte de thriller fort original, l’histoire d’un homme bien sous tous rapports, Victor, médecin apprécié mais qui s’avère être aussi un tueur en série.
Un tueur pas comme les autres puisqu’il a commencé à 7 ans en poussant sa mère dans les escaliers, une mère revêche, sévère, violente, castratrices. Ce n’était en fait que justice qu’elle disparaisse !
Le meurtre est parfait, jamais on n’a pu suspecter un si petit enfant qui plus est inconsolable.
Devenu médecin il a comme patience Framboise, une femme magnifique mais une femme battue et violée dont il tombe amoureux. Quoi de plus normal que de faire disparaitre ce salaud ?
Ainsi vit-il très vite avec elle et de leur amour naîtra Gabriel qu’ils idolâtrent.
Là encore, aucun doute ne plane sur lui.
Du coup, prenant confiance en lui, va-t-il continuer son « assainissement », supprimant des prédateurs, des personnes nuisibles à son environnement. Jamais suspecté… Jusqu’au jour où…
C’est en fait un roman mi thriller-mi polar-mi comédie que nous offre l’auteur, un roman très immoral écrit d’une plume alerte, avec juste ce qu’il faut d’humour pour qu’on trouve son Victor charmant et bien sympathique !
Immoral dites-vous ? Certes mais, éliminer des gens coupables, blâmables, qui méritent un châtiment, est-ce vraiment condamnable même si la justice le réprouve ?
En fait, peut-on condamner cet homme ? Oui, bien sûr, mais on s’y attache et tout au long on espère qu’il s’en sortira.
A vous de lire… Et de juger !

Roselyne BACHELOT : « 682 jours » (Ed Plon – 279 pages)

Ça balance pas mal chez Rosy… Ça balance pas mal !
Roselyne Bachelot c’est la femme intègre, énergique, qui ne mâche pas ses mots, au désespoir de ces messieurs les politiques qui ne supportent pas certaines vérités… Surtout venant d’une femme.
Elle est aussi une femme étonnante, passant de la politique à l’humour avec une facilité et une maestria déconcertante.
Elle a connu plusieurs présidents de Chirac à Macron en passant par Sarkozy.
Elle est passée du sport à la santé pour finir à la culture, en tant que ministre.
C’est pourtant la Culture qu’elle a toujours brigué et dans laquelle elle excelle car, en plus d’être intelligente, elle est cultivée… Et en plus elle est drôle !
C’est trop pour une femme et on le lui a fait payer par des sarcasmes de tous bords, des empêchements de tourner en rond, quoiqu’elle fasse ou dise, jusqu’à ses toilettes qui firent les choux gras de certains tabloïdes… et on en passe !
Mais, toujours bien dans ses bottes, elle a continué sa route contre vents et marées tout en tirant à vue lorsqu’il fallait car elle ne s’est jamais laissé marcher sur les pieds.
Aujourd’hui, libre de toute politique, elle peut écrire, avec l’humour et le bon sens qu’on lui connaît, sans acrimonie ni vengeance personnelle tout ce qu’elle a sur le cœur. Et elle raconte toutes les bassesses, les hypocrisies, les bâtons qu’on lui a mis dans les roues, que ce soit dans quelque ministère où elle ait agi. Elle parle aussi des ronds de jambes auxquels elle a eu droit et de la mémoire courte de certains qui oublient vite dès qu’ils n’ont plus besoin de vous.
Mais elle n’a jamais été dupe, sachant que lorsqu’on est dans les projecteurs, en mal ou en bien, il faut que ça chuchote, que ça parle dans le dos, que ça critique.
Dommage qu’elle soit arrivée à la Culture avec le Covid car elle avait tant d’idées, tant de projets.
Aujourd’hui, sereine, avec ce livre elle met les choses au point avec son franc parler et c’est avec un vrai régal qu’on la lit car elle écrit comme elle parle, avec un langage châtié, des mots précis et sans langue (ou plume) de bois !
KarineTUIL : Kaddish pour un amour (Ed Gallimard – 123 pages)
Le kaddish, c’est la prière pour les morts dans la religion juive.
C’est à travers des poèmes que Karine Tuil dit adieu  un amour, un amour qui a grandi, a été l’enfant du couple, un amour qui n’a malheureusement pas été compris.
L’auteur s’adresse à celui qui a aimé l’amour mais n’a pas su voir le vrai du faux. Cet amour est perdu, il y a donc un deuil de l’amour, un amour qui retournera à la poussière.
Le kaddish permet l’espoir car un jour l’amour sera sanctifié, il renaitra et mourra avec nous.
Karine est familière de la poésie, elle est toujours à l’aise dans cette expression, ce rythme. Il y a beaucoup de sensibilité et une certaine distance face à cette réalité douloureuse. Les poèmes scandent une histoire qui ne sera plus, il y a de l’originalité dans la présentation de la versification c’est un bel exercice d’écriture qui montre un talent supplémentaire à l’auteur des « Choses humaines » et de la « Décision », une réussite émouvante.



France 3 – Meurtres en Béarn
Avec Isabel Otero et Catherine Marchal (Inédit)

Isabel Otéro, Catherine Marchal ©Thierry Langro- FTV – Zadig Productions

Samedi 4 mars à 21.10 (90’)
Réalisation Delphine Lemoine 
Scénario, adaptation, dialogues Elsa Chabrol, avec la collaboration de Delphine Lemoine 

Catherine Marchal © Marie Etchegoven
Isabel Oéro © Thierry Langro

Au pied des majestueuses montagnes du Béarn, l’épouse d’un notable est découverte noyée sous le pont de La Légende de Sauveterre, costumée en reine du Moyen Âge.
Jeanne, capitaine de la brigade de recherche d’Oloron-Sainte-Marie, gouailleuse, haute en couleur, se retrouve flanquée d’Héloïse, élégante bourgeoise, fleuron de la section de recherches de Pau… Jadis très amies, les deux femmes se détestent. Et pour cause, elles sont les mères respectives, et très partisanes, d’un jeune couple qui vit un fracassant divorce…
Avec : Isabel Otero (Jeanne Laborde), Catherine Marchal (Héloïse Servat), Gabriel Ecoffey (Tchéché), Maéva El Aroussi (Wannie), Clément Manuel (Jérémy Casteran), Sylvain Charbonneau (Guillaume Boniface), Cyril Descours (Thomas Laborde), Daniel Njo Lobe (Charles Allibert) 

Une vague classique va déferler sur Six-Fours

Gérald Lerda, Fabiola Casagrande, Colette Gluck, Jean-Sébastien Vialatte

Foule des grands jours au Six N’Etoiles de Six-Fours. Non pas pour parler cinéma mais pour parler de la déferlante de musique classique qui va avoir lieu cet été dans trois lieux devenus aujourd’hui incontournables à Six-Fours : La Maison du Cygne, la Collégiale Saint-Pierre, la Maison du Patrimoine.
Le festival « La vague classique » se déroulera donc à la Maison du Cygne du 27 mai au 18 juin, puis la Collégiale prendra le relais du 1er au 19 juillet et enfin les concerts de la lagune se dérouleront à la Maison du Patrimoine du 2 au 16 juillet.
Ouverture en majeur le 2 avril à la collégiale St Pierre avec l’extraordinaire mezzo-soprano Cécilia Bartoli, qui sera accompagnée par l’ensemble Matheus dirigé par Jean-Christophe Spinosi. Cécilia Bartoli qui sera parmi nous grâce à Colette Gluck, conseillère municipale déléguée à la culture de la Mairie de Toulon, amie fidèle du festival, précise le maire.
« Le besoin de culture – nous confie Jean-Sébastien Vialatte – a été immense durant le confinement mais en même temps, ça été pour nous l’évidence de recevoir, durant cet enfermement, ces artistes qui ne pouvaient plus travailler et qui ont été heureux de découvrir la Maison du Cygne dans laquelle ils veulent tous revenir ! Malheureusement, nous ne pouvons pas toujours recevoir les mêmes artistes, hormis les frères Capuçon qui sont un peu devenus les parrains du festival ».

C’est ainsi que chacun viendra pour deux soirées : Renaud, le 27 mai accompagné de Paul Zientara, alto, Stéphanie Huang, violoncelle et Guillaume Bellom, piano pour une soirée Mozart. Le 28 mai nous retrouverons les mêmes sauf Paul Zientara, mais complété par Violaine Despeyroux et Manon gay, révélation des Victoires de la Musique Classique 2022, violons, pour une soirée Brahms.
Quant à Gautier, il sera parmi nous le samedi 17 juin, soirée consacrée aux jeunes talents de sa fondation qui l’accompagneront : Anastasia Rizikov, piano, Sarah Jégou, violon, Lisa Strauss violoncelle. On retrouvera au piano Frank Braley l’un des pianistes qui a très souvent accompagné Gautier. Un autre de ses complices, le pianiste Jérôme Ducros, sera à ses côtés le 18 juin, soirée où un mélange savant réunira des musiques de son dernier album « Sensations » de « Singing in the rain » en passant « le magicien d’Oz », « Les moulins de mon cœur » « Les parapluies de Cherbourg » de Michel Legrand, « Mission » d’Ennio Morricone, « Hallelujah » de Léonard Cohen, « Quand on n’a que l’amour » de Brel… Entre toutes ces musiques célèbres, s’immisceront Brahms, Dvoràk, Puccini, Prokofiev… De beaux moments en perspective.
Autour de ces deux frères amis du festival, nommons les pianistes David Kadouch, Alexander Malofeev jeune génie russe, David Fray et bien d’autres artistes de renom qui, aujourd’hui disent oui sans hésiter au trio six-fournais, le Maire, l’adjointe à la culture Fabiola Casagrande et Gérald Lerda, collaborateur du cabinet du Maire.

Fabiola qui nous annonce une saison enthousiasmante à la Collégiale  qui fêtera son dixième anniversaire avec son complice Jean-Christophe Spinosi. Dixième anniversaire qui sera fêté le 16 juillet avec un magnifique concert de l’ensemble Matheus, Jean-Christophe y invitant la sublime contralto Maria Sala où Monteverdi, Vivaldi seront entre autres au programme. Vivaldi dont Jean-Christophe nous offrira « Les quatre saisons » le 18 juillet. Quant à la symphonie N°6, dite « la Pastorale » de Beethoven, elle sera au programme de la clôture du festival le 19 juillet.
N’oublions pas l’invité exceptionnel du 1er juillet : le ténor Rolando Villazon.
On ne peut pas vous citer tous ces programmes si riches et si divers que vous pourrez retrouver sur le site sixfoursvagueclassique.fr dont les abonnements sont ouverts.
Les concerts de la Lagune, concerts gratuits, démarreront le 2 septembre avec le premier lauréat de la Fondation Gautier Capuçon, le pianiste Kim Bernard. Nous retrouverons Benoît Salmon, violon e Pierre Laïk, piano le 9 et l’ensemble Meliphages et l’accordéoniste Julien Beautemps le 16.
« La vague classique – ajoute le maire » est une vague de magie, de bonheur partagé, qui aujourd’hui fait rayonner notre ville et fait d’elle une terre de culture ».

Jacques Brachet

Six-Fours – Lumières du Sud
Les premiers pas de conférencier de Nicolas DESOLE

Nicolas Desole est un grand gaillard de 22 ans au regard à la fois timide et pétillant lorsqu’il parle cinéma.
Mais ne vous y fiez pas car s’il est un cinéphile averti, ses goûts peuvent être surprenants, vu son âge : il a une vénération pour Pasolini, admire le Marquis de Sade, adore les films de série B, les films d’horreur, les films de genre et il est une véritable encyclopédie sur ces sujets.
Ce six-fournais a été et est encore le plus jeune adhérent de l’association « Lumières du Sud », créée par notre ami Hanri Lajous qui vient de nous quitter. Il y est entré il y a 7 ans !
Sa présidente Pascale Parodi, a donc invité Nicolas qui, entre autres activités, en a démarré une autre : celle de conférencier. C’était sa troisième conférence lundi au théâtre Daudet e il m’avouait juste avant, être à la fois excité mais aussi très stressé, d’autant que famille et amis étaient dans la salle.
C’est ainsi qu’il nous a présenté son idole, Pasolini, nous parlant de son œuvre cinématographique, aussi bien de ses films de fiction comme « Théorème », « Salo », « Œdipe roi », « Mama Rome », « Médée »… Mais aussi de documentaires car le cinéaste en a tourné beaucoup et Nicola nous a montré un reportage tourné en Inde, peu ou pas connu, nous proposant « L’importance du corps dans son cinéma » et « Un voyage initiatique au cœur de l’acteur »
Une conférence dont on voyait qu’il connaissait le sujet par cœur, même si par moments, le trac le faisait perdre un peu le fil de sa conférence.
Mais c’était à la fois fort intéressant, malgré le stress, et touchant de voir un si jeune garçon tellement passionné.
Le rencontrant, je m’étonne de ses goûts cinématographiques, entre autre d’être aussi féru d’un réalisateur d’une autre époque que la sienne, aussi sulfureux, scandaleux, subversif et controversé.

« Ce qui m’a accroché chez lui, c’est d’abord qu’il est italien, comme mon grand-père qui a fui son pays parce qu’il était anti fasciste, comme Pasolini. C’est d’abord cette histoire qui m’a relié à lui et puis j’ai été attiré par l’anthropologue et l’ethnologue qu’il était. Je l’ai découvert au lycée et j’ai été attiré par la puissance de son cinéma ainsi que dans son découpage. De plus, en dehors de ses films de fiction, il a beaucoup voyagé pour tourner des documentaires en noir est blanc, qui font partie intégrante de son œuvre. Des documents également très forts, qu’on connait peu ou pas et que j’aimerais pouvoir faire découvrir aux gens.
Le cinéma a toujours été ta passion ?
Oui et j’ai surtout été intéressé par les courts métrages, les formats courts. Je suis entré à l’école de cinéma de Montpellier. Mais je me suis surtout intéressé à la distribution. J’ai travaillé bénévolement sur plusieurs festivals où je m’occupais de la sélection des films. J’ai travaillé un an avec Christian Philibert sur son film « Germain Nouveau, le poète illuminé ». Je me suis occupé de la distribution du film car la distribution est le secteur qui m’intéresse. Je travaille ainsi avec tous les ciné-clubs et sur certains festivals. Je fais de la programmation depuis cinq ans. Surtout de courts métrages.
Aujourd’hui tu deviens aussi conférencier alors que tu es assez timide !
Oui et ce soir j’ai le stress mais aussi l’envie de partager mes passions avec le public, leur faire découvrir des choses comme ce film de Pasolini tourné en Inde. Je manque encore un peu d’assurance mais je suis très heureux de pouvoir parler de ce que j’aime. Je vais présenter cette conférence à Clermont-Ferrand, à Marseille, Toulouse, Lyon…
Toujours sur Pasolini ?
Oui, je n’ai fait qu’une conférence sur le Marquis de Sade et j’y reviendrai. Pour le moment c’est Pasolini sur lequel je suis d’ailleurs en train d’écrire un livre. Je cherche un éditeur ou un financement. J’ai d’ailleurs lancé une cagnotte participative, pas seulement pour éditer mon livre mais surtout faire connaître mon projet* ».

Nicolas est désarmant de gentillesse mais surtout de passion, cette passion qu’il a toujours eue en lui de cinéma et d’aller vers les autres pour la faire partager.

Jacques Brachet
nicolas0707200@gmail.com
Photos : Avec Pascale Parodi et André Grochowski

Pathé la Valette : Alexis MICHALIK
« Au théâtre on dit, au cinéma on montre »

Katia (Juliette Delacroix) est homosexuelle. Justine (Marica Soyer) se dit hétérosexuelle.
Mais elles tombent amoureuses. A tel point qu’elles décident d’avoir un enfant. Qui le portera ? L’une ou l’autre selon les hasards de s’insémination. C’est Juliette qui tombe enceinte… Et Justine qui va soudainement la quitter.
On retrouve Katia douze ans après avec sa magnifique fille (Marion Maindivide). Mais elle apprend qu’elle a un cancer en phase terminale. Elle décide de confier sa fille à William, son frère, célèbre romancier en perte d’inspiration, devenu alcoolique et désabusé.
Comme toujours, Alexis Michalik signe là une histoire forte et bouleversante tirée de sa propre pièce de théâtre.
Alexis Michalik est auteur, acteur, metteur en scène, scénariste, réalisateur, écrivain… Et il réussit tout ! En plus de son immense talent, l’homme aux 5 Molière pour « « Edmond », il est beau et d’une rare simplicité… Trop pour un seul homme !!!
C’est donc avec plaisir qu’on le retrouve au Pathé de la Valette, accompagné de Juliette Delacroix, heureux et quelque peu stressé car c’est la première avant-première de ce film.
Nous sommes ses premiers journalistes !

« Comment vous est venue cette histoire, Alexis ?
J’avais une chanson dans la tête et l’idée m’est venue peu à peu en me disant que j’écrirais un jour une pièce. Et puis, comme chacun de nous, j’ai eu une rupture, un décès  et j’ai commencé à écrire le texte que j’ai fait lire à Juliette… Et en le lisant, on pleurait ! On a pu jouer la pièce en 2020, interrompue par le covid mais qui a bien marché et là encore, je me suis dit que, lorsque j’aurais le temps, j’en ferais un film. Ce que j’ai fait.
Le choix des trois comédiennes, comment s’est-il fait ?
Je tenais absolument à ce que les mêmes artistes jouent dans le film car notre vie et notre histoire sont très liées, nous avions vécu une belle aventure et il fallait qu’elle continue.
Juliette, avez-vous hésité ?
Il était très compliqué de refuser une telle continuité. Mais comme Alexis est un filou, et comme nous savions qu’au cinéma les producteurs veulent des têtes d’affiche, il nous a fait croire jusqu’au dernier moment qu’il avait choisi d’autres comédiennes. Ce que nous avons trouvé normal, C’est lors d’un goûter de Noël qu’il nous a dit que ce serait nous !
Alexis : J’attendais d’être sûr d’avoir France 2 en production pour pouvoir le leur dire. Je le leur ai d’ailleurs dit le lendemain de la signature. J’étais comblé. La boucle était bouclée.
Je voulais que le public ressente l’émotion que nous avions eue au théâtre et vu ce que nous y avions vécu, il fallait qu’on retrouve cet état de grâce. Je savais qu’avec elles on retrouverait ça.
Juliette : C’est vrai qu’au théâtre nous avons beaucoup pleuré car Alexis sait trouver ce qui peut toucher le public mais aussi les comédiens car ce qu’il raconte, même si ça ne nous est pas arrivé, c’est arrivé à des proches. Il y a toujours une part d’intime dans ces situations.
Alexis : Je cherche toujours la connexion avec les comédiens. Je voulais retrouver cette connexion  que nous avions eue ensemble mais aussi avec le public. On a tellement joué de fois ensemble qu’on est totalement dans le vrai.
La pièce a été créée en Espagne et j’ai recherché des comédiens qui pouvaient avoir cette même connexion.
Alexis entre la pièce et le film, il y a toujours des différences. Quelles sont-elles ?
D’abord je ne voulais pas que ce soit du théâtre filmé mais une vraie adaptation cinématographique. Il y a 136 décors par rapport à la pièce qui n’en a qu’un. Et puis, comme 15 ans sont passés entre le début et la fin, il fallait qu’on le ressente. Il fallait aussi plus d’action et donc, moins de textes. Au théâtre on dit, au cinéma, on montre. Il y a aussi la possibilité d’aller chercher plus loin l’intimité, avec des gros plans par exemple ou des têtes à têtes.

Et vous Juliette, les scènes d’amour y sont ajoutées. Difficile à tourner ?
(Elle rit) Ça n’était pas simple car je suis hétérosexuelle et je ne savais pas comment me comporter dans un lit avec une femme. J’ai une amie qui l’est et qui m’a donné des leçons et finalement, ça n’est pas si différent qu’avec un homme… sauf qu’il y a quelque chose en moins !!!
Alexis, il y aussi la scène de ce faux mariage avec tous les copains, ce qu’il n’y a pas dans la pièce !
C’est vrai car nous ne sommes que cinq en scène, mais en fond de scène, il y avait un film où l’on voyait du monde.
La scène du film, nous l’avons tournée en Corse en une journée et nous l’avons tournée dans l’ordre : le discours de William, la fête, le buffet, l’orchestre où tout le monde danse et chacun est dans son coin. Nous l’avons tourné comme un vrai mariage avec des moments volés où les gens dansaient, buvaient, parlaient entre eux. Nous étions vraiment en famille. Nous avons eu la chance d’avoir un temps superbe et de pouvoir tourner du matin à la nuit.
Sans compter que tout le monde a été efficace, tout s’est tourné sans problème, sans perdre de temps.
Vous avez intitulé le film « Une histoire d’amour ». En fait il y en a plusieurs !
C’est vrai, il y a les deux filles, puis la mère et la fille, puis  le frère et la sœur, puis l’oncle et la nièce… Tout ça s’entremêle, on apprend à connaître chaque personnage tout au long du film.
Etre détenteur de cinq Molière, est-ce que ça vous a stressé pour la suite ?
Vous savez, recevoir un Molière c’est agréable, ça montre l’intérêt de la profession mais, paradoxalement, vite remis, vite oublié. On ne fait pas ce métier pour ça. C’est une confirmation que l’on ne s’est pas trompé de voie dans notre choix.
Après, on part sur un autre projet en essayant de le faire aussi bien.

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Monique Scaletta

Notes de Musique

ESPRIT JAZZ 01 – France Musique – Wagram 3425992 – Coffret 5 CD
Laurent Valéro anime l’émission « Repassez-moi le standard » tous les dimanches à 19h sur France Musique, émission dans laquelle il propose plusieurs versions du même standard. Il y a parfois plusieurs dizaines de versions. Pour ce coffret « Esprit Jazz » il a choisi des thèmes pour l’excellence de leur interprétation, parmi les centaines qu’il a présentés.
En 5 CD on a un florilège des standards les plus joués et les plus célèbres. C’est à dire 100 interprétations exactement. C’est un magnifique panorama permettant d’entendre quelques unes des riches voix du jazz moderne. On y retrouve des grands noms mais aussi des seconds couteaux qui brillent par leur excellence et ont leur part dans l’histoire du jazz. Ce sont ceux qui, pour différentes raisons, n’ont pas connu la célébrité, mais qui ont œuvré dans leur coin pour l’évolution et la gloire de cette musique.
C’est un éventail époustouflant. La majorité des tendances, des expressions s’y retrouvent, du lyrisme feutré de Ben Webster à la modernité de Richard Galliano, en passant par toutes couleurs de l’arc en ciel du jazz du XX° siècle.
Que vous soyez amateur confirmé, musicien, ou simple curieux, ce coffret est pour vous. C’est plus qu’une compilation, c’est un trésor du jazz dans le meilleur de son esprit. Et à petit prix.
AUREN IL S’EST PASSÉ QUELQUE CHOSE – 9 titres
Auren fut d’abord pianiste et guitariste, avant de se consacrer au chant. Elle fut marquée par le groupe Calexico, qui lui réalisa son deuxième disque « Numéro » à Tucson (Arizona). La voici à la tête de son troisième album, réalisé en collaboration avec Nicolas Dufounet, et dont elle a écrit et mis en musique les textes ;  le tout arrangé par Romain Galland. Elle dit « qu’elle s’adresse à la Terre comme à une putain qu’on écrase dans un Monde fini ». Dommage, les paroles des chansons ne sont pas du tout le reflet de cet engagement, si on excepte « Monde fini », très aéré, où elle chante la désespérance :« On aura vu la beauté du monde ». Ajoutons, ce n’est pas rien, qu’elle a fait les premières parties de Vanessa Paradis, Olivia Ruiz et Benjamin Biolay.
Une voix très sage, souvent nostalgique, avec quelque chose de Vanessa Paradis ;  des arrangements simples avec une rythmique mécanique de poids pour entourer  le chant d’Auren.
Elle chante la nuit, l’ennui, le souvenir. « J’ai eu mon heure, on m‘a aimée ». Par contre « Vivante » en duo avec Jeanne Cherhal chante l’espoir, sur des tenues efficaces de l’orchestre « Vois-tu comme je suis vivante…j’ai fain en moi ». Voilà un gage d’avenir pour cette jeune chanteuse.

BT93 – BT2033 – Dragon Accel / Modulator – 11 titres.
BT93 c’est Bernard Tanguy qui a d‘abord passé 10 ans dans le cinéma, il fut même nommé aux César. Dans ce disque il décrypte le milieu du cinéma, et il n’est pas toujours tendre, ni fair play, avec cependant des hommages comme celui à François Truffaut, « François, I miss You », morceau dans lequel il joue avec les titres des films de Truffaut, avec au piano Patrick Goraguer (qu’on trouve sur d’autres morceaux, également batteur et compositeur), le fils d’Alain qui fut l’un des premiers à composer et jouer du rock en France : « Fais moi mal Johnny » avec Boris Vian et Magali Noël.
Bernard Tanguy possède une voix bien timbrée, du charme, il chante parfaitement en place, entouré, encadré par des synthés, quelques effets de chœurs menés par Sainte Victoire, qui a aussi réalisé cet album, et chante agréablement en duo sur « Tu m’as aimé », le plus « chanson » du CD. La rythmique, plutôt basique et mécanique, est du genre Dance-Hall – DJ, mais colle au propos. L’auteur s’en prend au « CNC » pour ses tonnes de papiers avant d’obtenir quelque chose, ou rien. Et au « Boulet de l’art et essai », en en faisant un clan de l’entre soi (Mais les salles d’art et essai protègent le cinéma et donnent les films en V.O). On traverse divers atmosphères musicales, on se promène à travers des sentiments parfois contradictoires. Tout cela est sérieux mais ne m’enthousiasme pas.
JEAN-MICHEL PILC – SYMPHONY – Justin Time Records JTR 8632-2 – 10 titres
Jean-Michel Pilc est né à Paris en 1960, maintenant Américain. Il s’est mis au piano après avoir été impressionné par Martial Solal. Il joue et a joué avec une foule de grands noms, dès le début, avec Michel Portal, François Moutin, puis avec Roy Haynes, Michael Brecker, Dave Liebman, Marcus Miller, Biréli Lagrène, John Abercrombie, pour ne citer que les plus connus
En 2021, c’est après avoir assisté au Portugal à l’enregistrement de « Contradicto » du saxophoniste espagnol Xose Miguelez que Jean-Michel Pilc fut inspiré par les conditions parfaites des Studios OJM et la vue d’un magnifique Steinway qu’il se dit qu’il était temps pour lui de réaliser son nouvel album en piano solo. Jean-Michel Pilc : « Uniquement porté par la musique j’ai alors commencé. Lorsque l’inspiration s’installe, vous quittez le monde réel et la musique vous entraîne dans un nouvel univers totalement unique ».
Nous voici avec dans les oreilles un album digne des solos de Keith Jarrett, la même faculté d’improvisation sur le vif. Jean-Michel Pilc est un pianiste brillant, prolixe d’une grande invention rythmique et harmonique, avec une sonorité claire, des notes bien détachées même dans les traits les plus rapides. Il sait laisser respirer la musique, jouer du silence, comme sur les romantiques « The Encounter », ou « Understanding ou « Just Get up » assez impressionniste, relevé de coups de tonnerre. Il déclare explorer aussi les possibilités orchestrales du piano, comme par exemple dans « Discovery » ou « Not Falling This Time ». A noter un bel hommage à Xose Miguelez, « Waltz For Xose », qui est une sorte de valse fuguée.
Magnifique. Cinq étoiles, pour tout amateur de piano, jazz ou pas.

Serge Baudot

Six-Fours – Six N’Etoiles
Les petites victoires de Mélanie AUFFRET

A la mort de son père, Alice (Julia Piaton) a pris sa suite en tant que maire de Kerguen, un petit village breton qui se meurt lentement. Elle y est également institutrice.
Elle se démène tant qu’elle peut pour sauver son village lorsque survient Émile (Michel Blanc) homme acariâtre et illettré qui squatte sa classe en vue d’apprendre à lire, son frère, qui s’occupait de lui, étant décédé et lui illettré, devant se débrouiller seul.
Le départ est difficile entre elle, lui, son école, sans compter tous les problèmes qui lui tombent sur la tête, dont la fermeture probable de cette école, faute d’élèves.
La réalisatrice Mélanie Auffret traite d’un sujet brûlant, la désertification des villages mais elle le traite avec tendresse, avec humour et fait d’Alice une héroïne qui va se battre pour que la vie reste dans le village.
Julia Piaton est solaire et émouvante, Michel Blanc est superbe dans de rôle de mec irascible au grand cœur et ils sont entourés par des personnages drôles, savoureux comme Lionel Abelanski, Marie Bunel, Marie-Pierre Casey (la dame qui glisse sur la table dans une pub célèbre) Grégory Bonnet (Scènes de ménages).
C’est presque un film choral qui fait la vie de ce petit village perdu où tous les personnages sont attachants, entourant Alice et Émile. Particulièrement les enfants qui sont superbes.
Une jolie comédie qui se termine par « La tendresse » chantée par Bourvil, chanson bien choisie pour un film qui sort des sentiers battus et des sempiternels polars et films mortifères que l’on voit en ce moment.

Mélanie Auffret et Lionel Abelanski étaient les invités du Six N’Etoiles. Julia Piaton qui devait être de la fête, a dû annuler sa venue pour cause de grossesse.
« Mélanie, dans « Roxane », il était question de sauver une ferme. Là il s’agit d’une école et d’un village…
Je m’intéresse avant tout à l’humain et à la communauté de tous ces villages qui ont des difficultés partout en France malgré tout ce que les maires peuvent faire pour les tenir ou les ramener à la vie.
Avant le tournage, je suis allé à la rencontre d’une vingtaine de maires de ces petites communes et je me suis rendu compte de la tâche ingrate qu’ils ont car leurs administrés viennent frapper à sa porte à n’importe quel moment et pour n’importe quoi : une fuite d’eau, un trou dans la chaussée, un mal de ventre. Et ce que je raconte dans le film est bien en-dessous de ce qu’ils doivent gérer. Entre autre un maire qui, pour garder son école de cinq élèves, y a ajouté… cinq moutons ! C’est véridique.
Il y a aussi une belle histoire qui se noue entre Emile et Alice..
Tous deux ont un point commun : ils ont perdu un être cher et vivent avec leurs fantômes. Pour Alice c’est son père qui fut maire avant elle et qui voudrait être à sa hauteur. Pour Emile c’est la dépendance à son frère qui s’occupait de tout, entre autres du courrier, des factures, ce qu’il ne peut faire étant illettré. Cela les rapproche. Ils sont tous les deux abandonnés et ça va créer des liens sociaux. Ce qui m’a toujours intéressé c’est ce lien entre les êtres qui les rapproche, surtout dans des lieux où tout le monde se connaît.
Lionel, vous voici encore dans le second film de Mélanie…
Et je suis très heureux qu’elle ait encore fait appel à moi. Si elle m’appelle pour le troisième j’accours ! J’aime ce qu’elle raconte, la vraie vie de ces gens, sans caricature, sans pathos. Elle est très proche de la réalité et elle la raconte avec simplicité, avec beaucoup d’empathie et de tendresse.
De plus, elle a tourné dans sa région où tout le monde la connaît et l’apprécie. L’ambiance était très familiale et amicale. Chacun était prêt à l’aider. Et elle parle vraiment de ce qu’elle connaît.

Mélanie, avez-vous pris des gens de votre village ?
Oui, il y en a plein que j’ai « embauchés » !
Il y a entre autre Odette, qui est une comédienne bretonne de 95 ans, qui joue encore et qui était ravie d’être de l’aventure !
Et les enfants ?
Nous avons fait un casting sauvage de 600 enfants mais je n’en ai rencontré que 200, ce qui n’est déjà pas si mal, pour n’en retenir qu’une vingtaine. Mais avant le tournage, j’ai travaillé en amont avec eux, on a créé une sorte de colonie de vacances. C’étaient d’ailleurs des vacances pour eux ! Ils ont tous joué le jeu sans problème. Par contre je n’ai jamais voulu que les parents assistent à ces rencontres et n’ai voulu aucun d’eux sur le tournage. Ils étaient par contre super-encadrés et le tournage a été très joyeux.
Vous avez une belle brochette de seconds rôles.
Oui, et ils ont tous été heureux de ce tournage
Lionel : J’ai eu la joie de retrouver Grégoire Bonnet car nous nous sommes connus jeunes à l’école de commerce. Moi je jouais dans une troupe amateur et lui n’avait qu’une envie, c’était de devenir comédien.
Et vous aussi ?
Moi, c’était le théâtre qui m’attirait. J’ai d’ailleurs fait le cours Florent. Nous  avions monté un spectacle avec quelques élèves et Coline Serreau m’a remarqué et m’a engagé pour son film « Romuald et Juliette ». Et c’est parti comme ça.
Et passer à la réalisation ?
Ça ne m’emballe pas plus que ça. Peut-être un jour, pour essayer. Par contre, être metteur en scène serait plus dans mes cordes.

Mélanie, vous êtes partie sur une tournée énorme !
Oui, nous en sommes à 80 projections et j’ai mis un point d’honneur à aller dans de petites communes qui n’ont jamais vu venir des artistes dans leurs cinémas. Je pense que c’est en adéquation avec je sujet du film. Il ne faut pas abandonner ces gens dans ces petits villages où pas grand-chose ne se passe. Nous avons sillonné la France.
Maintenant, nous commençons à faire de plus grandes villes. 
Lionel, vous êtes ici un peu chez vous…
Oui, depuis quelques temps. Il y a 35 ans j’avais accompagné une amie à la Verne. De ce jour, j’ai toujours gardé un souvenir magnifique de la région et depuis quelques années nous avons acquis une maison à Fabrégas où nous venons souvent avec ma femme. Et je connais le Six N’Etoiles ! Propos recueillis par Jacques Brachet
Sortie sur les écrans le 1er mars