LOÎS LE VAN – VIND 2.0 – Cristal Records – 13 titres.
La découverte de Loïs Le Van au Festival Jazz en Revermont à Cousance en 2017 m’avait fort impressionné. Il était accompagné par un Big Band et faisait déjà preuve d’une maîtrise absolue. A ses début il a remporté le concours de Jazz Vocal « Voicingers » à Zory en Pologne. Le voici avec un nouvel album.
Il est un vocaliste à part parmi les chanteurs de jazz masculins, un peu entre Mark Murphy et David Linx (il a d’ailleurs étudié avec lui) pour les modulations et la technique, et Kurt Kobin pour la puissance de la voix. Il sait se placer, chante avec de longues tenues, modulées en différents voicings. La voix s’est faite plus chaude, plus profonde, même dans l’aigu. Il y a aussi du Chet Baker en lui, pour la densité intérieure, et l’émotion. Il est accompagné par Sandrine Marchetti, fidèle et remarquable pianiste, et Paul Jarret à la guitare, auteur de « Ghost Songs » album très remarqué. Ces deux musiciens sont plus que deux accompagnateurs, les lignes se partagent, s’échangent, se complètent. C’est un véritable trio pour un jazz qui se détache de la production habituelle. Une voix qui n’a pas fini de nous étonner.
CHICO CÉSAR – VESTIDO DE AMOR – ZAMORA LABEL – 11 Titres.
On présente le nouvel et dixième album, « Vestido de Amor », du brésilien Chico César, en disant qu’il creuse le sujet du panafricanisme du point de vue de la diaspora. C’est assez juste, surtout qu’il s’entoure de musiciens africains : Sekou Kouyaté (kora), Etienne M’Bappé (basse), plus deux invités : Salif Keita et Ray Lema.
Aujourd’hui nombre de musiciens cherchent leur inspiration à travers toutes les musiques, en l’occurrence ici, des rythmes, brésiliens, africains, jamaïquains.
C’est ainsi qu’on a une approche reggae : « Corra Linda » ; fado : « Amorinhia » avec une belle intro du piano et cette saudade dans la voix de Chico César ; samba : « Reboliço » ; ainsi de suite.
Chico César possède une voix dans le médium aigu, bien dans la chaîne des célèbres chanteurs brésiliens, avec quelque chose d’acidulé et beaucoup de charme. Personnalité riche, puisqu’il est aussi écrivain, engagé culturel, social et politique. Il est l’auteur de « Mama Africa », ode à la femme noire.
Voici un disque qui offre un bel aperçu d’une musique qui, puisant ses racines dans différentes cultures, réussit à être personnelle, neuve et roborative. Tout en restant brésilienne.
THOMAS KAHN – THIS IS REAL – Musique Sauvage – 12 titres plus bonus.
Pour ce second album le label nous présente Thomas Kahn comme un chanteur gospel ; ce n’est pas faux, mais je trouve qu’il est plus ancré dans le rock-pop et le rhythm and blues des années 70. Sa musique me fait penser à celle de The Band, célèbre groupe des années 70, qui vit défiler le gratin du rock.
On nous dit qu’après un parcours de vie assez perturbé il fait le point et se sert de tout son vécu pour concocter cet album.
Il chante avec une grande sincérité d’une voix dans le médium aigu, très puissante, une voix pleine avec du grain et des brisures. Assez proche de Robbie Robertson qui chantait aussi « Out of the Blue » avec The Band.
Il fait également preuve d’une belle maîtrise dans la masse orchestrale-chœur comme dans « More than Sunshine ».
Les morceaux lents sont gospel, tels « Hope » ou « Brother I Miss You » dans lequel toute la saveur de la voix se dévoile ; intro a cappella tempo lent, puis duo sur quelques accords avec du piano, et ça part avec de grandes envolées, puis retour au duo, au calme. De ces morceaux très recueillis se dégage une grande émotion.
C’est un chanteur qui arrive à sa pleine maturité (34 ans). Il a su intégrer cette culture américaine, se l’approprier pour en faire sa musique.
A noter la qualité de l’enregistrement.
Si ce garçon n’est pas Top of the Charts, c’est à désespérer.
Serge Baudot