Archives mensuelles : juillet 2022

Mister MAT : Bien dans ses bottes

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C’est un grand costaud au regard bleu et brillant, au sourire carnassier, le bob vissé sur la tête. Un grand ogre à la gentillesse extrême avec lequel, aussitôt, passe un sentiment de sympathie. Sa voix éraillée pour vous dire bonjour ajoute au charme de ce chanteur issu de l’émission « The Voice », qui, malgré « son grand âge » (40 ans !) est arrivé en finale, juste poussé par une gamine de 16 ans, Nour, qui lui a ravi la place de justesse.
En tout état de cause, c’est lui qui, contre toute attente, a fait le buzz, grâce à son charisme, sa personnalité et cette voix qui oscille entre Garou et Joe Cocker. Il a d’ailleurs, pour un concert, chanté avec Garou… « Enchain my heart » !
C’est à Cultura, à la Valette, qu’il est venu nous offrir un show case où il était tout à fait en harmonie avec un public qui l’a découvert dans cette émission et l’on se rend aussitôt compte de son charme, de son talent et de la proximité qu’il a avec ce public.
Une belle rencontre avec celui dont le grand-père était toulonnais  et qui arrivait du Québec, via St Pierre et Miquelon, un peu déphasé par le décalage horaire.

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« Mat, est-ce qu’on peut dire… enfin et salut l’artiste !
Il rit : Je ne suis pas un artiste, je suis un musicien ! Et je ne suis pas une star non plus, je ne le serai jamais. Depuis des années, j’ai baroudé partout, j’ai fait des centaines de concerts avec mon groupe, Mountain Men, nous avons fait des disques qui se sont bien vendus, et puis j’ai eu envie de me lancer en solo. Bien m’en a pris puisqu’on était en 2019, j’ai fait un disque « Freedom », suivi de « Du bonheur en retard »  je suis passé chez Ruquier, puis le 13 mars 2020 à « Taratata » et le 14… tout s’arrêtait avec le covid !
Ce qui a beaucoup compliqué les choses durant deux ans jusqu’à ce qu’on me propose de faire « The Voice ». Je dois dire qu’au départ je n’y croyais pas, je ne voulais pas le faire. Qu’allais-je faire dans ce genre d’émissions où seuls des jeunes se présentent ? Ce n’était pas mon truc. Et puis ce covid m’a fait dire : pourquoi pas ? Je n’avais rien à perdre et en attendant que ça se passe, j’avais quelque chose à faire. Et montrer que j’existais.
Lorsqu’on entre dans une telle émission a-t-on la liberté de faire ce que l’on souhaite ?
La production a bien vu que j’étais un cas à part, que je ne venais pas pour me dandiner et prouver que j’avais une voix. Je suis comme je suis, je viens du blues, j’adore la chanson française, Brassens et Dylan, et j’avais envie de me montrer tel que j’étais, avec mon âge, ma voix, ma personnalité et la prod m’a laissé faire mes choix. Je n’ai eu aucun problème à ce sujet. Même les interviewes que j’ai faites au cours des émissions sont restées telles quelles.
Au fur et à mesure que l’émission avançait, Ils se sont rendus compte qu’il se passait quelque chose… et qu’ils n’allaient pas pouvoir se débarrasser de moi ! (Rire)
Et pas frustré d’être coiffé au poteau par une gamine de 16 ans ?
Pas du tout ! Je ne venais pas pour gagner, devenir une star mais pour me montrer tel que j’étais et faire savoir que j’étais là. Ce genre d’émission peut aussi bien te faire découvrir sans que, du jour au lendemain, tu deviennes une star. C’est une vitrine qui te donne un coup de projecteur. Et puis, avec un type comme moi, ça a un peu bousculé l’émission car je n’avais rien du petit gendre idéal. J’arrivais avec mon vécu, avec mon expérience et je n’avais pas le stress de continuer ou d’être éliminé. Les gens ne s’y sont pas trompés puisque de semaine en semaine j’étais plébiscité.
Je crois qu’aujourd’hui les gens ont besoin d’authenticité.

Du-bonheur-en-retard Nouvel-album

Pourquoi dis-tu ça ?
Parce que c’est une réalité. Aujourd’hui je trouve que la chanson française n’est plus ce qu’elle était. On s’extasie sur tout et rien, la médiocrité s’installe, on est nivelé vers le bas, et ça devient hélas une habitude. C’est comme tout d’ailleurs, comme la bouffe. On mange de plus en plus mal mais on finit par s’y habituer. On est aujourd’hui dans un monde d’images , le contenu on s’en balance. On vit à l’heure des smartphones, des influenceurs qui gagnent des fortunes avec du vent. Des artistes qui n’en sont pas et deviennent stars avant d’être artistes.
Alors que faire ?
Pas grand-chose, hélas. La culture des mots se perd, on voit comment s’expriment les jeunes… sans parler de l’écriture. Moi j’essaie de défendre ce qui est défendable, dont la vraie chanson française. Je suis mon chemin, même s’il est quelquefois compliqué. Mais c’est mon chemin.
Alors, comment ça s’est passé avec Vianney, qui était ton coach ?
C’est un garçon sympathique avec qui j’ai eu une jolie relation, même si ce qu’il chante n’est pas ce que j’aime. Mais il y a eu une belle approche, on a bossé dans son studio, on continue à s’envoyer des SMS, nous avons une chouette relation.
D’habitude, lorsqu’un artiste sort d « The Voice » il met souvent plus d’un an à sortir un disque. Toi, tu en as déjà deux à ton actif !*
Oui, parce qu’ils ont été faits chez Decca avant le covid. Le premier « Du bonheur en retard » était prêt, se second « L’aventure continue » est un mélange de mes chansons et de chansons que j’ai chantées sur « The Voice ». Donc tout était déjà là et ça a facilité les choses.
Tu as toujours vécu de ta musique ?
Depuis pas mal d’années déjà, avec mon groupe.
Ce qui n’empêche que j’ai pratiqué plein de petits métiers, j’ai travaillé à l’assainissement, j’ai été représentant en soutien gorge !!! »

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Et le voilà reparti avec ce rire tonitruant d’ogre sympathique qui fait partie de son personnage non, de sa personne, car c’est un artiste… et musicien aussi vrai que talentueux, un homme d’une belle simplicité qui suit sa route bien dans ses bottes, guitare en bandoulière (sa plus ancienne date de 1933 !), sans concession, désespérément optimiste et qui ne regrette rien.

Jacques Brachet
Photoscreations.fr
* « Du bonheur en retard (Je m’envolerai – Désespérément optimiste – Jours dans le vent…)
« Laventure continue (Non, je ne regrette rien, Marie, Georgia on my mind, Je l’aime à mourir…)


Notes de lecture

dhalluin-4977982-330-540 Frain© Céline Nieszawer 2

Benoît d’HALLUIN :  Une nuit sans aube (XO éditions – 347 pages)
Premier roman de l’auteur dont le thème tourne autour de l’homosexualité masculine avec la difficulté de se reconnaître différent, de le révéler à sa famille, de le vivre et d’aimer. Le livre comporte successivement des chapitres sur l’enfance et la vie d’adulte de ses personnages pour en montrer à la fois l’évolution avec ses difficultés et souffrances, à la recherche de sens et d’amour.
A cela, l’auteur ajoute une énigme : Catherine apprend que son fils Alexis a été heurté par un véhicule à New York et se trouve dans le coma : accident ou pas ? Marc l’accompagne de France aux USA, mais qui est cet inconnu et quelles étaient ses relations avec son fils ?
Livre révélateur des relations homosexuelles dans un milieu aisé qui nous transporte de Nice à New York.
Étude sociologique d’une population et de ses pratiques.
Malgré de belles descriptions de lieux et de paysages ce livre ne suscite cependant pas de grandes émotions.
Irène FRAIN : L’allégresse de la femme solitaire (Ed du Seuil – 375 pages)
Un jour d’août 1853, une femme indienne est ramenée de l’île désolée de San Nicolas au village de Santa Barbara près de Los Angeles. Toute la population est attirée par cette femme dont la langue est inconnue, mais qui chante et danse dans une joie incompréhensible.
Elle surprend par ses robes en plumes noires, ses colliers en ormeaux.
James Shaw, ancien médecin devenu éleveur de moutons cherche à déchiffrer son langage et à comprendre son passé, son histoire.
Irène Frain s’est inspirée d’une histoire vraie qui n’a pas fini de livrer tous ses secrets sur la vie des amérindiens de Californie. C’est un livre bien documenté et à l’écriture fluide qui célèbre la confrontation respectueuse à l’Autre.

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Nicolas REY : Crédit illimité (Ed Au diable vauvert – 207 pages)
Que voilà un roman délicieusement amoral… et immoral !
C’est l’histoire de Diego Lambert, un type lambda, un raté, sans profession, interdit bancaire, des dettes à la pelle qui, après avoir ponctionné toute la famille n’a plus qu’une solution : Aller voir son père avec qui il est brouillé, richissime chef d’entreprise, despote, manipulateur, violent en mots autant qu’en gestes, que sa femme battue et ses deux enfants humiliés ont quitté.
C’est son ultime chance mais quel en sera le prix ? Celui de devenir DRH de son entreprise pour virer une quinzaine d’employés… Avec au bout, un vrai pactole qui le sauvera de tous ses problèmes.
Forcé, il accepte mais déteste devoir renvoyer des gens humbles, honnêtes, qui ont des familles, des besoins d’argent mais il va malgré tout les recevoir un à un… sans arriver à les virer, plein de compassion pour eux et défiant son père qui, bien sûr, va très vite lui mettre le marché en main : ou il fait son boulot ou il n’aura pas un sou.
Entretemps il étudie la situation et se rend compte que ces renvois ne sont  que des magouilles pour se faire plus d’argent avec ses associés.
Il décide alors de passer à l’action : tuer son père. Ce qu’il fera avec un plan machiavélique incroyable, avec une espèce de sérénité, tout en se servant de quelques personnes, tout en vivant une histoire d’amour avec une psy qui le suit depuis des années, tout en tenant tête au commissaire qui dirige l’enquête.
Que pensez-vous qu’il arriva ? Il faudra lire le roman pour le croire !
D’une plume légère, pleine d’humour, Nicolas Rey,  nous entraîne dans cette aventure à la fois folle et  iconoclaste, originale et rocambolesque, par petites touches, les chapitres étant toujours très courts.
On s’attache malgré tout à cet anti-héros cependant bien sympathique et malgré la gravité de ses actes, on espère jusqu’à la fin qu’il s’en tirera ! Allez savoir !
A propos : ce livre est dédié à son père !
Boris MARME : Appelez-moi César (Ed Plon – 312 pages)
Eté 1994, Étienne,15 ans, un mètre quatre-vingt, part dans un camp de marche en montagne pour les 14-18 ans, organisé par la paroisse du quartier de Le Grandin, une banlieue défavorisée.
Fils de bourgeois, élève sérieux, il va devoir s’intégrer à un groupe de jeunes difficiles, encadrés par Frère Michel, Frère Jean Marc, Mireille infirmière scolaire et Albert le cuisinier.
Vingt-cinq ans après, Étienne veut raconter la vérité sur les évènements tragiques qui se sont passés cet été-là.
Boris Marme qui est professeur de lettres et dont c’est le deuxième roman, dresse avec une belle écriture les profils de ces jeunes si différents. On va assister à la lente transformation d’Étienne, se libérant de son éducation au fil des défis transgressifs et des jeux de pouvoir entre les membres du groupe mais surtout sous l’emprise de Jessy, jeune gravement cabossé par la vie.
Un phénomène classique qui est décrit avec talent.

Olivier Adam Photo du Festival Berlioz 2017
Olivier ADAM : Dessous les roses. (Ed. Flammarion- 247 pages)
« Dessous les roses » est un roman sur la fratrie, les relations familiales vues par des adultes qui évoquent le passé et le vécu qui les a amenés là.
A nouveau réunis lors du décès du père, la mère épuisée se repose, le frère et la sœur attendent le troisième larron, le fils difficile, metteur en scène célèbre qui a utilisé ses relations familiales pour installer son succès tout en le niant. En froid avec les siens la question se pose : Viendra-t il ou pas ?
Il vient bien sûr et c’est à cette réflexion, cette nouvelle mise en scène que nous allons assister dans le huit-clos familial. Chacun évoquera son vécu réécrivant la scène, en fonction de leurs souvenirs, de leurs rancœurs et de leur difficulté à exister dans ce cocon familial perturbé mais aussi plein d’amour chacun à sa manière.
Présenté un peu comme une pièce de théâtre où chacun joue son rôle on assiste à une fresque sociéto-familiale qui porte le lecteur à la réflexion sur les relations humaines.
Tendre et rude à la fois l’auteur, très en osmose avec ses personnages comme toujours  réveille en nous l’empathie envers le passé.
Bruno MESSINA : 43 Feuillets. Profession Intermittents(Ed-Actes Sud – 187 pages)
Intermittent ? Quelle drôle de profession dont on entend parler surtout lorsqu’est annoncée la suppression d’un spectacle pour cause de grève.
Qui sont-ils ? Quand les voyons-nous ? Pas souvent. Ils sont ceux qui ne brillent pas au premier rang des spectacles mais qui en sont la charpente, les indispensables qui installent le matériel et  font que les acteurs puissent se produire.
L’auteur nous fait suivre ici le quotidien d’un musicien d’orchestre de variétés que l’on suit de discothèques en fêtes votive,s qui s’enfonce dans la surdité mais résiste et persiste à faire partie du groupe qu’il soutient, les montages de décors, les rangements d’instruments. Quarante trois feuillets où il narre les voyages en car ou en train ou en avion, les désordres confus de dates, les bons et mauvais tours de la vie.
De vie familiale il y en a peu. Toujours parti, toujours ailleurs il ne voit pas grandir ses enfants. Peu rémunéré, peu honoré beaucoup ignoré et si indispensable cependant
D’une écriture ciselée l’auteur nous émeut et nous fait partager les moments intenses de cette approche à la fois désabusée parfois drôle et toujours riche, documentée, engagée. Un bon livre de découverte et de sympathie

 




Une excellente « dégustation » avec Isabelle CARRE et Ivan CALBERAC

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Jacques (Bernard Campan) est un garçon divorcé, espèce d’ours solitaire qui tient une cave à vin un peu branlante et qui ne voit personne à part un ami..
Hortense (Isabelle Carré) et une femme encore jeune, pleine d’entrain, très catho, chantant à l’église dans une chorale et s’occupant de sans-abris. Elle se sent vieillir, sage-femme elle voit tous les jours naître des bébés, alors que son seul désir est d’en avoir un.
La rencontre autour du vin entre cet ours et cette poupée  va changer leur vie. Mais avant, il faudra que chacun se lâche, raconte sa vie, ses déceptions, ses peines, ses fêlures, s’ouvre à l’autre et ce ne sera pas des plus faciles.
Ivan Calbérac nous offre, une fois de plus, une comédie romantique pleine de douceur, de délicatesse, nos deux personnages sont attachants, lui qui cache un énorme besoin de tendresse après une vie faite de drames, elles qui se sent vieillir seule et surtout sans espoir d’avoir un enfant.
C’est l’histoire de deux solitudes qui vont s’ouvrir par l’intermédiaire du vin, un sujet original qui fut d’abord une pièce de théâtre à succès mais l’ami Ivan a cette habitude de transformer un livre, une pièce de théâtre écrits par lui en film, comme il l’a fait avec « Venise n’est pas en Italie » étant à la fois romancier, scénariste, metteur en scène et réalisateur.

C’est dans le domaine du château de la Castille qu’on retrouve Isabelle et Ivan, à la fraîcheur de la cave aux senteurs enivrantes. Joyeuse retrouvailles car nous nous connaissons de longue date et c’est toujours un vrai plaisir que de retrouver ces deux adorables personnes… autour d’une dégustation !
On sent entre eux une véritable complicité qui date depuis 2019, date de la pièce qui a débuté dans la joie mais qui, Covid oblige, a viré à la frustration :
« Nous avons créé la pièce – nous explique Ivan – alors que le Covid commençait à entrer partout. Nous avons quand même joué en nous demandant quand tout allait s’arrêter. Et c’est la pièce qui s’est arrêtée.
– Ce qui est fou – ajoute Isabelle – c’est que c’était un succès, que le public venait tous les soirs remplir la salle, avec les masques et qu’on espérait encore faire la tournée. Mais par deux fois elle a été annulée et ça a été un énorme chagrin.
Du coup, Bernard et moi avons supplié Ivan d’en faire un film !
– Difficile de dire non à Isabelle ! Ca a été, c’est vrai, une grande consolation, une belle façon de rebondir, d’autant qu’on a pu garder la presque totalité des comédiens et que ça a été un grand bonheur que de tous nou retrouver. Ça a été la cerise sur le gâteau !
Ivan, il a quand même fallu transformer un texte de pièce en un scénario de film… Ce qui n’est pas la première fois que tu fais ça !
Oui, c’est vrai mais si l’on a gardé beaucoup de choses de l’histoire, j’ai pu ajouter beaucoup de scènes qu’on ne pouvait faire au théâtre, des scènes plus intériorisées comme des scènes faites dans d’autres décors, pour sortir du huis clos de la cave. Si la pièce était peut-être plus centrée sur Jacques, j’ai voulu suivre plus la vie d’Hortense qui fait beaucoup de choses, qui va vers les autres tout en finissant par s’oublier elle-même.

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Pourquoi avoir choisi le vin ?
D’abord parce qu’il y a eu peu de films tournant autour de ce sujet et je trouvais que ce métier est tout aussi complexe que les personnages. Le vin s’oublie un temps dans une cave, les personnages oublient de vivre des choses, puis un jour, tout s’ouvre, un découvre un millésime comme on découvre des choses de sa vie. Tout cela est à la fois symbolique et sensuel.
– Le vin – reprend Isabelle – est aussi l’éloge de la convivialité, du partage et ça m’a permis de développer des sentiments que je n’avais pas pu développer au théâtre.. Cette convivialité qu’on avait aussi tous les soirs avec le public, qui nous a tant manquée et qu’on retrouve avec joie en présentant ce film dans toute la France. On y retrouve cette joie partagée et cette approche du public qui nous manquait tant.
– Isabelle : Ces personnages sont ancrés dans la réalité et chacun peut s’y retrouver, s’identifier, on passe du rire aux larmes, de la drôlerie à l’émotion et je crois que c’est ce qui touche le cœur du public.
Ivan : C’est un film qui se fonde sur l’identification car si ce n’est pas particulièrement nous, ce peut être des proches, des gens qu’on connaît. C’est aussi un film qui parle de thèmes d’aujourd’hui.
Le petit Steve (Mounir Amamra) est incroyable dans ce rôle de gamin paumé qu’on oblige à faire un stage dans cette cave. Comment l’as-tu trouvé ?
Par casting tout simplement. Ça a été pour moi une révélation. C’est son premier rôle au théâtre comme au cinéma. Il a été le premier surpris que je le choisisse et au départ il n’avait pas compris qu’il fallait être là tous les soirs et à l’heure pour jouer ! Il arrivait d’ailleurs chaque soir à cinq, dix minutes du début, très décontracté et il est d’un naturel incroyable.
Où a été tourné le film ?
En Bourgogne, en Champagne, à Troyes…
Nous avons découvert des paysages magnifiques et surtout des gens merveilleux, simples, humbles, accueillants. Ils se relevaient du gel puis il y a eu la grêle. On ne se rend pas compte à quel point ce métier est difficile, aléatoire. C’est vraiment un métier de passion. Nous avons également découvert des vins incroyables.
Justement, où vont vos préférences ?
– Ivan : Déjà, le Château Obrion, que j’ai découvert. D’ailleurs j’ai découvert beaucoup de choses sur le vin car je dois avouer que je n’y connaissais pas grand-chose !
Isabelle : Moi j’adore les vins du Minervois des frères Larrieux
Ca a dû être un joyeux tournage avec tout ce vin autour !
Ne crois pas ça –dit Ivan en riant – car, c’est vrai, ça été un joyeux tournage mais pas à cause du vin, toutes les scènes où les comédiens boivent, ce n’est pas du vrai vin ! Sauf le Château Obrion qu’on a dû ouvrir et, une fois ouvert… On l’a bu !
– Le tournage (précise Isabelle) a été surtout joyeux parce qu’on se retrouvait tous et que ça nous manquait vraiment. On avait été très triste d’annuler les tourner et tous se retrouver a été un bonheur… sans alcool car pour moi, il me suffit de deux verres !

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Chacun de vous a une sacrée actualité. Vous Isabelle, c’est tout azimut : livre, théâtre, cinéma, télé…
Oui, mais aujourd’hui, après plus de trente ans de carrière, je choisis mes projets et quelquefois tout s’enchaîne. Je viens donc de publier mon troisième livre « Le jeu des i » et c’est un grand bonheur d’écrire.
Côté théâtre j’ai joué « Biographie : un jeu » de Max Frisch et « Les amants de la commune » de Laurent Seksik
Pour la télé, j’ai tourné « L’enfant de personne » d’Akim Isker.
Enfin au cinéma, j’ai tournée « La dérive des continents » de Lionel Baier et « La dégustation » bien sûr !
Et toi Ivan ?
Je viens de monter à Avignon une pièce que j’ai écrite « Glenn naissance d’un prodige » avec Josiane Stoleru et Bernard Malaka, c’est un hommage à Glenn Miller qui et a eu un destin incroyable, à qui je voulais rendre hommage. Je l’ai présenté au théâtre des Béliers où, en 2016, j’avais présenté « Venise n’est pas en Italie ». Je le reprends de septembre à Noël… et plus si affinités, au Petit Montparnasse.
Et puis il y aura « Les humains » avec Bernard Campan et Isabelle Gélinas au théâtre de la Renaissance du 23 septembre au 15 janvier.
Pas de livre ?
J’ai signé pour un prochain livre mais je n’en ai pas écrit un seul mot ! »

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Avec Eric Favier grâce à qui tous ces artistes viennent au Pathé

Après cette belle rencontre, c’est tous ensemble qu’à la fraîcheur de la cave, nous avons trinqué au succès du film qui sortira le 31 août et… que nous avons retrouvé la canicule pour faire quelques photos dans les vignes. Avant de présenter le film au Pathé la Valette puis au Six N’Etoiles de Six-Fours.
Mais ce fut un beau moment de retrouvailles et un joli moment de cinéma, qu’il ne faut pas manquer… dans la fraîcheur d’une salle !

Jacques Brachet


Sanary sous les étoiles
Alain CHAMFORT a charmé un public de fans

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18h. Le soleil plombe encore comme en plein midi.
Heureusement, une tente est prévue pour protéger les artistes qui vont venir répéter, Alain Chamfort et son pianiste Vincent Vidal.
Ce soir nous aurons droit à un récital pianos-voix sous les étoiles.
Alain arrive, toujours discret, nonchalant, d’une démarche et d’une élégance de dandy anglais.
On se reconnait encore et toujours… 50 ans après !
Durant près d’une heure et demie, il va consciencieusement répéter, reprenant une phrase musicale, un tempo, en toute sérénité. Un récital avant le récital.
Plaisir de se retrouver quelques souvenirs de ces années 70… La nostalgie est bien ce qu’elle est !
En 50 ans bien des choses ont changé dans le royaume du show biz. Mais il y a quelques résistants dont il fait partie.
L’interview étant déjà faite (voir rubriques portraits/musique) il accepte une petite séance photo avant un frugal repas et part se préparer.
Déjà la foule s’impatiente. Beaucoup de femmes de tout âge qui l’interpellent dès son entrée en scène. Tout de suite, il entame une conversation avec elles : « N’ayez pas peur de m’appeler, si ça vous plait criez et applaudissez. Si ça ne vous plaît pas… je pars ! » L’atmosphère est bon enfant et faisant face à Vincent Vidal, il entame son tour de chant tout en nous expliquant la genèse de ses chansons, mêlant anciens succès et nouvelles chansons tirées de son dernier album « Le désordre des choses ». Il attaque d’ailleurs avec « Exister » de cet album. A chaque chanson une anecdote, souvent le public rit et lui répond, d’autres viennent lui demander une chanson et il s’exécute même si, non prévues, il oublie quelques paroles. Ainsi il nous parle de ses années Claude François qui lui a mis le pied à l’étrier.

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« Au départ, je ne pensais pas chanter mais écrire des chansons pour les autres. C’est Claude qui, m’entendant chanter, m’a conseillé de chanter moi-même mes chansons ».
Bien lui en a pris puisque de là, sont nées « L’amour en France », « Je pense à elle, elle pense à moi », « Madona », « Bébé Chanteur » « Le temps qui court ». ET la très belle carrière qui en a découlé.
Puis, si avec Claude ça s’est mal terminé car il était jaloux de son succès (Et ça, je l’ai vécu), ça n’a pas été mieux avec Gainsbourg, même si, de leur collaboration, sont nées « Chasseur d’ivoire », « Bambou »…
Quelques autres succès comme « Traces de toi », « La fièvre dans le sang », l’incontournable « Manureva », son plus gros succès. Et en prime « Signe de vie, signe d’amour » que vient lui demander une spectatrice ! Encore les années CloClo.
Un petit moment d’émotion pour évoquer son amie Dani qui vient de disparaître, connue durant les années Dutronc duquel il était musicien, puis les années Flèche et à qui il dédie une de ses nouvelles chansons « Un regard vers la mer ». Moment d’humour aussi avec « Sinatra », l’histoire d’une séparation où il intime à son ex de pouvoir tout emporter… sauf les disques de Sinatra !
Bref, un concert intimiste où la voix de velours de l’artiste fait son petit effet sur ces dames mais où surtout, on apprécie de superbes mélodies qui ont jalonné sa carrière et où on entend de la belle poésie, qu’elle soit écrite par Gainsbourg, Jean-Michel Rivat et surtout Jacques Duval avec qui il fait un long chemin.

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Belle complicité avec le public qui entonne avec lui « Comme un géant »
Belle complicité aussi avec Vincent Vidal, un orfèvre en la matière pianistique, tous deux se répondant avec un sourire de connivence.
Que vous dire sinon qu’on a passé une soirée de charme, avec, comme il le dit en riant, juste deux pianistes, des chansons, sans effets de décors, de musiciens ou de danseurs qui se contorsionnent.
Lorsque le chanteur a du talent, que les mélodies sont à la fois simples et belles, que demander de plus ? Sinon que ces chansons se perpétuent dans le temps, qu’on ne les oublie pas. Ce qu’il espère en nous chantant « Les microsillon ».
Il se lève en fin de concert et électrise la foule avec « Tout est pop » où il se dechaîne, il salue une dernière fois et… Tout se termine.
On aurait encore bien entendu d’autres chansons mais tout a une fin et on se retrouve autour de lui dans les coulisses, heureux qu’il nous ait fait passer une si belle soirée.

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Jacques Brachet




Notes de musiques

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PARIS COMBO – QUESACO ? – Six Degrees Records (SD 6570361319) – 11 titres
Paris Combo est un groupe fondé en 1995, mené par la chanteuse Belle du Berry. Quesaco ? est le dernier disque (et le huitième) enregistré par la chanteuse avant sa mort en 2020. C’est dire toute l’importance de ce CD pour les amateurs du groupe. Groupe composé de Belle du Berry (composition, textes, chant), David Lewis (piano, trompette), Potzi (guitare),  François Jeannin (batterie, Voix), Benoît Dunoyer De Segonzac (contrebasse), Rémy Kaprielan (percussions, voix) et qui a déjà 27 ans d’existence avec un magnifique un magnifique bilan de performances et de réalisations à travers le monde. Il est difficile de définir le groupe sur le plan musical tant il y a d’influences diverses : jazz, latino, manouche, etc. C’est un groupe très soudé avec d’excellents musiciens qui se posent sur des arrangements simples, efficaces, au service de la chanson.  Un écrin dans le lequel se coule la chanteuse.
Celle-ci chante simplement, sans effets, avec à la fois douceur et chaleur sur une tessiture médium. Elle mène le groupe avec sûreté. Tout cela est parfaitement huilé et ça tourne avec un plaisir évidant.
Les paroles, œuvres de Belle du Berry, abordent pas mal de thèmes contemporains, sans donner de leçons, avec de fortes images et un certain optimisme : « On a la vie / On a le temps / On appuie sur la barre espace. » Quesaco ? Les souvenirs d’une belle aventure…
Le livret très chic donne toutes les paroles. Le disque sort aussi en vinyle.
TILMANN – CHRYSALYS – (T01/1 – Inouïe Distribution) – 6 titres
Tilmann Volz, dit Tilmann, est un musicien Breton, chanteur, guitariste, compositeur,   qui, après un parcours solo, sort son premier CD en compagnie de Pierre Le Normand (batterie), Rémi Allain (basse et contrebasse), Pierre Thary (violoncelle), ainsi que Ellen Pelé (parfaitement dans la tradition sur « Driving Talls » et Stéphane Colin (backing vocals).
On est dans l’atmosphère des ballades folk de la grande époque, c’est à dire les années 60/70, mais avec une touche personnelle, bien d’aujourd’hui. Une voix grave, bien timbrée, un véritable accent anglais, de la puissance, de la décontraction, et du charme, soutenus par un jeu de guitare limpide, voilà quelques unes de ses qualités. Les musiques sont du leader et les paroles sont le fruit de plusieurs auteurs.
Les accords à l’archet du violoncelle sont un petit bijou, par exemple sur « Fall » ou « The Sea II », ainsi que ses contrepoints au chant. L’accompagnement des trois musiciens, et ce n’est pas seulement un accompagnement, sont admirables de justesse et d’à propos. Tout en subtilité et élégance.
Un sacré bon début. A suivre.

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CÉLESTIN – DEUXIÈME ACTE – Believe / Inouïe (SB003) –13 titres
Sébastien Rambaud, chanteur, multi-instrumentiste essentiellement batteur, se partage entre deux groupes : Le duo Fills Monkey, et Célestin qui sort son second album intitulé  « Deuxième Acte ».
Le chanteur possède une voix au charme viril très agréable et une diction parfaite, restant dans une faible tessiture médium qui crée une sorte d’envoûtement. Un grand sens du rythme bien calé sur le temps, parfois assez disco. Il s’est entouré de quelques invités qui apportent leur palette ouvrant ainsi l’horizon musical. Il est l’auteur de la musique et des paroles. A noter la qualité des arrangements et de l’enregistrement.
Les thèmes abordés sont ceux de l’époque avec assez de grâce et d’ironie. L’écologie : « S’unir et tout faire, pour tirer d’enfer / Notre mère, la terre » ; la métaphysique : L’homme… « crée le dieux mais il oublie qui a créé qui. » ; la tendresse : « Tu peux faire tomber les murs avec une caresse, / Tu peux changer le monde avec un sourire » ; et bien d’autres rhèmes dont le féminisme avec « Clitoris ». On termine avec un petit bijou d’invention « M’aimes-tu ? » basé sur une descente chromatique à la Schubert et une scansion à la Henry Purcell.
Le livret donne les paroles et tous les renseignements utiles.
Célestin fait évoluer la chanson française vers des lendemains qui chantent.
RADIO KAIZMAN – BLACK PARTY – (RK BP – Inouïe Distribution) – 6 titres
Avec cette Block Party en route pour les délires d’une fanfare, comme celles de la Nouvelle Orléans, avec une différence, l’adjonction des voix, façon rap, hip hop, bien dans les pratiques d’aujourd’hui. Et ceci en français ; d’ailleurs le livret nous offre les paroles. Plaisir supplémentaire de pouvoir ainsi mieux les comprendre, d’autant qu’elles sont très militantes. Exemple : « Fallait parfois crier au secours à l’aide / Fallait tomber sur ceux qui tendent la main / Pas ceux qui gardent le bras tendu en l’air… »
Enfin du rap joyeux avec de la vraie musique, c’est à dire jouée par des instrumentistes : trompette, trombone, tuba, batterie-percussion, qui assurent la base, plus une chanteuse flûtiste et un rappeur brillant.
Y’a d’la joie, de la pensée, de la musique. Radio Kaizman renouvelle le rap en plongeant dans la revigorante gaité New-Orleans. Regarder aussi leurs clips, ça vaut tous les fortifiants.
LAURA ANGLADE & SAM KIRMAYEUR – VENEZ DONC CHEZ MOI – Justin Time Records
(JUST 265-2)- 11 titres.

La grande chanson française est une source intarissable de standards de jazz ;  qu’on se souvienne des « Feuilles mortes » devenues « Autumn Leaves » probablement le standard de jazz le plus joué au monde. Laura Anglade s’y colle avec 11 chansons des plus célèbres, et des meilleures : Trénet, Aznavour, Michel Legrand, Misraki, Rezvani, Michel Delpech…
Laura Anglade, chanteuse et guitariste a vécu entre la France (où elle est née), le Connecticut et le Québec. Elle est entrée en jazz et en chanson à l’écoute des grandes divas du jazz. Sam Kirmayeur est un guitariste canadien déjà bien implanté sur la scène canadienne, et auteur de plusieurs CD. Il possède un jeu clair, minimaliste, dans la tradition de Wes Montgomery, très à l’écoute de la chanteuse et des mélodies.
Laura Anglade est une bonne chanteuse de jazz avec une voix au charme acidulé. Elle a de la puissance et tient la note; elle a du swing, sait scatter, et surtout elle «vit » les mélodies de l’intérieur,  improvisant très peu.
« La chanson de Maxence », qui est un petit chef d’œuvre, ciselé avec émotion par Laura Anglade, révèle toutes les qualités du duo.
« Venez chez elle » vous y serez bien, et nen voudrez plus partir.

Serge Baudot

 




Six-Fours – La Collégiale
Brigitte FOSSEY & Jean-Christophe SPINOSI
ont vécu en osmose les sept paroles du Christ en croix

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En vérité, je vous le dis : La Collégiale de Six-Fours était un lieu magique pour cette œuvre de Joseph Haydn que nous proposait ce quatuor Matheus mené par Jean-Christophe Spinosi. Quant à la récitante, la belle et blonde Brigitte Fossey était la récitante idéale pour donner la charge à la fois spirituelle et émotionnelle de ces sept dernières paroles du Christ en croix.
Créée en 1787 à Cadix par Joseph Haydn, cette œuvre n’a depuis cessé de tracer la route de tous les croyants mais aussi de tous  les amateurs de musique, tant celle-ci est profonde et les paroles bouleversantes.
Rarement, dans cette collégiale, le silence du public, la concentration des artistes ne furent plus palpables.
Magnifique quatuor mené par un Jean-Christophe Spinosi attentif au maximum.
Quant à Brigitte Fossey, que dire sinon qu’elle était totalement habitée par ce texte, telle une madone, déchirante lorsque le Christ crie « Père, pourquoi m’as-tu abandonné », émouvante lorsque quelqu’un dans la foule dit à sa mère « Femme, voici ton fils », presque apaisée lorsque le Christ lance: « Père, pardonne-leur ».
Brigitte Fossey y met une tension, une charge émotionnelle magnifiques, à vous donner la chair de poule. Sa voix, reconnaissable entre toutes, module les instants changeants du Christ qui passe par toute une palette de sentiments que cette merveilleuse comédienne a su traduire.
Inutile de dire qu’après un long moment de silence… religieux, le public s’est levé comme un seul homme pour applaudir les artistes émus et heureux de cette magistrale interprétation qu’ils nous ont offerte.

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Stéphanie Guillaume, adjointe à la santé, Jean-Sébastien Vialatte, maire de Six-Fours, Brigitte Fossey, Gérald Lerda, directeur du cabinet du maire, Fabiola Casagrande, adjointe à la Culture

Avant le concert, Brigitte a visité le lieu avec intérêt et admiration. Elle a lu tous ce qui y était affiché et m’a avoué : « J’ai connu nombre de lieux où j’ai donné des récital mais rares sont ceux qui, comme celui-ci, sont porteurs d’émotion, où l’on se sent apaisé et où l’on joue dans une immense sérénité. Six-Fours possède l’un des plus beaux lieux de France où on aime jouer mais aussi se ressource. On s’y sent appaisér ».

Pour une fois, je ne parlerai pas de l’ami Spinosi qui sait toute l’admiration et l’affection que je lui porte, pour en revenir à cette sublime comédienne qu’est Brigitte Fossey. Nous nous sommes connus dans les années 70 au Festival du Jeune Cinéma d’Hyères dont j’étais l’attaché de presse et nous nous sommes très vite reconnus en tant que « Gémeaux-Jumeaux » Durant des années, nous avons aussi fait la fête avec Jean-Claude Brialy, au festival de Ramatuelle, nous retrouvant dans les loges, sur les fameux coussins rouges ornés de la colombe de Picasso, sur la plage des… Jumeaux au cours de repas toujours brillants présidés par l’ami Brialy. Et bien sûr, on eut la joie de la voir jouer plusieurs fois sur cette scène mythique. Entre autre avec sa fille.
« J’aimais beaucoup Jean-Claude – me dit-elle – et sais-tu que le livre que tu lui a consacré et dans lequel je suis, trône sur ma cheminée ! »
Ca fait toujours plaisir à entendre !
De Pinoteau à LeLouch, de Deville à Tachella, de Truffaut à Tornatore, d’Enrico à Gene Kelly (mais oui) ! elle servit de son talent tous les grands réalisateurs… Et ça continue. Elle vient de tourner « Le chemin du bonheur » de Nicolas Steil. Ne parlons pas de sa carrière télévisée comme « Crimes et châtiments » ou encore « Le Château des oliviers » de Louis Velle et Frédérique Hébrard. Elle retrouva d’ailleurs leur fils François à Marseille pour le tournage en 2014 de « Jusqu’au dernier »… où j’étais bien sûr. C’est aussi au Revest qu’elle a tourné « Le jeune marié » de Bernard Stora en 83… où j’étais encore !
La revoir donc à la Collégiale avec son mari fut un joli moment de retrouvailles.
Quant à Jean-Christophe, il était heureux comme un enfant de rencontrer enfin cette comédienne qu’il adore.

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« Je la rencontre enfin car il y a longtemps, je te l’ai dit, que je voulais travailler avec elle sans que jamais un projet ne se réalise. C’est donc fait et j’espère que ce n’est que le début d’une collaboration. Qu’en pensez-vous, Brigitte ?
– Peut-être peut-on se tutoyer, non ? lui dit-elle en riant !
Tu sais, Jacques, il y a des années que je suis le travail de Jean-Christophe car je l’admire beaucoup. J’admire sa façon d’approcher la musique car il a cette passion en lui qui m’émeut et qui rend belle toute musique qu’il aborde. Et lorsqu’il a « osé » me proposer ce spectacle, je n’ai pas hésité une seconde. J’aurais dit oui à tout mais en plus, celui-ci est d’une telle force qu’on ne peut pas refuser.
Et ce choix de ce spectacle ou presque toujours le récitant était un homme ?
Je te signale que je l’ai déjà interprété. Le récitant peut être une récitante qui évoque les paroles de Jésus. Elle raconte et rapporte ce qu’il a dit. Donc peu importe que le récitant soit homme ou femme,
– Alors, on va rejouer ensemble – propose Jean-Christophe – avec un air d’enfant qui attend la permission de jouer !
– Avec plaisir !
– Tu sais, je pense à quelque chose de plus léger, peut-être même humoristique…
– Ah, ça, j’aimerais beaucoup ! »

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Cela se passe dehors, à la fraîcheur de la nuit, entre un jus de fruit et un morceau de pastèque, la fille de Jean-Christophe étant venue nous rejoindre car, comme son père, elle étudié le violon avant de choisir le chant et, nous précise Jean-Christophe, elle va devenir une grande star !
Nos deux héros de la soirée n’ont pas beaucoup de temps à profiter de ce fameux cocktail à base de fruits, tant ils sont accaparés par le public qui leur renouvelle félicitations et remerciements… tout en faisant un petit selfie !
Ambiance chaleureuse qui va encore s’éterniser avant que chacun aille regagner les navettes pour le retour à la ville et se souvenir que, ce soir-là, nous avons côtoyé les cieux.

Jacques Brachet




Charlotte VALANDREY : La fureur de vivre

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Toulon, fête du livre (Photo Christian Servandier)

Nous étions en 2005.
Je préparais, comme chaque année, le festival du premier film de la Ciotat dont j’étais le directeur artistique.
Comme chaque année, je devais composer un jury et j’avais mon ami Laurent Malet qui avait accepté d’en être président. J’avais aussi demandé à Marie-Dominique Girodet (ex Zidi) avec qui j’étais très ami et qui était productrice (Entre autres de « Pédale douce »). Je cherchais donc d’autres jurés et c’est elle qui me proposa d’inviter Charlotte Valandray. Elle fut l’héroïne de « Rouge Baiser » qui la fit connaîtr puis plus tard, de la série TV « Les Cordier ».
On ne parlait plus beaucoup d’elle mais pourquoi pas l’ajouter au jury ?
J’attendais celui-ci à l’hôte et  la porte d’ascenseur  s’ouvrit sur une fille échevelée qui, sans dire bonjour, me crié que l’hôtel ne lui plaisait pas et qu’elle n’y resterait pas une minute de plus.
C’était alors un hôtel tout neuf que tous les autres jurés trouvèrent très bien. Mais le ton montait, elle menaçait toujours de repartir et comme je ne suis pas particulièrement patient, je lui rétorquai que, n’étant pas Catherine Deneuve, nous nous passerions très bien d’elle.
Voyant que le ton montait, Marie-Do la prit à part et, après un long conciliabule, elle décida de rester.

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Ça commençait bien !
Les premières journées furent un peu houleuses, jouant à cache-cache avec moi, puis avec les photographes et les journalistes dont elle ne voulait pas entendre parler. Il faut dire qu’elle n’y mettait pas beaucoup du sien.
Jusqu’au soir de la remise des prix où nous nous retrouvâmes à table face à face. Et là, premier sourire, excuses et elle me confia qu’elle était désolée d’avoir agi ainsi mais qu’elle était malade et très préoccupée. J’excusais et elle partit le lendemain après qu’elle soit venue me dire au-revoir.
Marie-Do vient me confirmer qu’elle allait mal et que c’était pour ça qu’elle m’avait demandé de l’inviter.
Nous apprîmes par sa voix, à quelque temps de là, qu’elle avait contacté le sida par son compagnon.
Elle lutta comme une lionne, d’autant qu’après ça elle dut subir une greffe dont elle sortit et elle eut même, chose qu’elle n’attendait pas, une fille prénommé Tara. Et cela lui donna une fureur de vivre incroyable.

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A partir de là, sa carrière fut en dent de scie mais elle se mit à écrire, d’abord en racontant tout ce par quoi elle était passée puis, ayant découvert l’écriture, elle sortit plusieurs livres.
Je la retrouvai à  fête du livre de Toulon et ce fut d’heureuses retrouvailles. Chaque fois qu’un de ses livres sortait elle me l’envoyait avec une adorable dédicace.
Nous devions nous retrouver au festival télé d la Rochelle où, avec une partie de l’équipe, elle venait présenter la série qui cartonnait « Demain nous appartient » et nous passâmes une sympathique soirée avec les héros de la série. !
Dernière rencontre, dernières photos : Elle vint, il y a trois ans, jouer avec un autre ami, Christian Vadim « Station Bonne Nouvelle » où tous deux étaient drôles et romantiques à souhait.

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Elle venait de réaliser un vœu, une envie qu’elle avait depuis longtemps : réaliser un disque avec ses propres chansons  intitulé « A tout à l’heure » avec une chanson… Prémonitoire ? « Plus de temps à perdre ». Elle n’aura que le temps de faire un très joli clip avec la reprise de Marie Myriam « L’enfant et l’oiseau ». Une seconde greffe lui aura été fatale.
Aujourd’hui, je n’ai envie de garder que le souvenir de nos jolies rencontres et je garde d’elle quelques derniers mots qu’elle m’a écrits.
Bon voyage, Charlotte

Jacques Brachet
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La seule photo qu’elle accepta à la Ciotat



Alain CHAMFORT, « rockmantic » musicien !

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50 ans…
Non, ce n’est pas son âge ni le mien puisqu’il et de 1949 et moi de 1946.
Mais ça fait 50 ans qu’on se côtoie et ça a commencé avec Claude François et les disques Flèche en 72.
Il était en tournée avec lui et moi je suivais la tournée en tant que journaliste. Et je travaillais avec Claude sur les chanteurs qu’il produisait. Dont Alain.
Durant toutes ces années, nous nous sommes souvent croisés et rencontrés, reprenant à chaque fois notre conversation où elle s’était arrêtée.
De Clo-Clo à Gainsbourg en passant par Véronique Sanson, Lio, Jacques Duvall, Boris Bergman, Dick Rivers, Jacques Dutronc, Michel Pelay, Etienne Roda-Gil, et bien d’autres, Alain a tracé une carrière originale avec des hauts et des bas, comme beaucoup d’artistes mais toujours là avec de belles mélodies aussi différentes que celles enregistrées chez Flèche (Dans les ruisseaux, signe de vie, signe d’amour, l’amour en France) ou que les chansons écrites avec Gainsbourg (Bambou, Manureva)
Plus musicien que chanteur au départ, il fut dans les chœurs de Séverine pour l’Eurovision, Séverine avec qui il chanta sur scène.
Après le Liberté à Toulon où il est venu chanter en piano-voix, le voici qui reviendra le jeudi 21 juillet à Sanary, sous les étoiles, toujours en piano-voix.
Retrouvailles avec Alain.

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« Comment sera composé ton récital, Alain ?
Je suis en train d’y mettre les dernières touches. Ce sera un mélange de mes anciennes et de mes nouvelles chansons, afin que le public toutes générations puisse y prendre plaisir. Des chansons connues, d’autres moins connues mais je pense que tout le monde s’y retrouvera.
Ton dernier album est tout différent puisque fait avec un orchestre symphonique !
Oui, ça s’est passé durant le Covid. La directrice de l’Opéra de Montpellier m’a proposé de faire un concert avec son orchestre symphonique. Ça a été un long travail de préparation, un travail excitant. Et le concert a été déprogrammé car il devait se jouer le premier jour du second confinement !
Il s’est donc quand même fait sans public. Il y a eu une captation dont on a sorti un DVD puis un double album « live » intitulé « Symphonique Dandy ». Ce concert devait être suivi d’une tournée, tout a été annulé mais nous sommes en train de la remonter pour 2023.
Comment ça va se passer ?
Je jouerai avec à chaque fois l’orchestre symphonique des villes où je passerai, avec un chef d’orchestre qui sera le même sur chaque date. Il n’y aura pas de section rythmique mais des arrangements classiques qui seront en cohérence avec les mélodies.

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Tu es compositeur et un magnifique mélodiste, tu as travaillé avec beaucoup d’auteurs de talent et, à part pour Claude, tu as écrit pour nombres de femmes : Lio, Jane Birkin, Viktor Lazlo, Dani, Vanessa Paradis, Line Renaud… Pourquoi pas les hommes ?
Parce que personne d’autre ne m’a demandé de chansons ! Tu sais, je ne vais pas proposer mes chansons, ce sont les chanteuses qui viennent m’en demander. Je compose à la demande. Alors si on ne vient pas vers moi, je ne compose pas ! J’ai travaillé avec le groupe Toxic Advanger qui est un groupe électro. Mais pour l’instant je n’ai pas de demandes !
Surprise : tu as enregistré « La décadanse » de Gainsbourg. Inattendu, non ?
(Il rit) oui, nous avons fait ça au départ pour la télé avec Héléna Nogueira. Puis l’idée m’est venue de l’enregistrer. A ce moment-là Héléna n’était pas libre et je l’ai fait avec une jeune chanteuse Mylène Champenoy.
Tu l’as fait de façon originale, d’abord très suggestive et tu as inversé les rôles : ce que chante Gainsbourg c’est Mylene qui le chante et vice-versa !
Oui, j’ai trouvé ça à la fois drôle et intéressant puisqu’aujourd’hui, avec l’évolution de la femme, elle prend de plus en plus le pouvoir il y a plus d’équité et j’ai voulu participer à cet équilibre.
Tu es apparu dans « The voice » en tant que coach avec Jenifer… C’était nouveau pour toi !
Remettons les choses en place : c’est Jenifer qui était le coach et la production a voulu pimenter l’émission en faisant assister les coaches par des invités. J’ai fait partie de ceux-là. Mais ce n’était pas pour coacher. C’était juste une présence, une idée de la prod, qui a été sans lendemain.
Tout petit, tu as été attiré par la musique…
Oui, j’ai appris le piano dès 4 ans et je devais à 12 ans entrer au Conservatoire. Mais alors, j’ai été attiré par d’autres musiques. Nous étions en 62/63, plein de groupes naissaient tout comme d’autres musiques venues d’Amérique. J’ai été attiré par ce milieu où je me sentais plus à l’aise que dans le milieu plus guindé de la musique classique. C’était une autre forme de musique qui m’a beaucoup excité.

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Et pourtant tu reviens aujourd’hui à la musique symphonique !
Oui, j’ai évolué, tout a évolué et comme je compose des musiques plutôt « classiques » beaucoup se prêtent à cet habillage. Grâce à des harmonies plus riches, elles prennent une autre forme et sont mises en valeur.
Pour en revenir à Claude François, c’est lui qui t’a fait chanter…
Pas vraiment. J’avais fait des essais en 68 grâce à Dick Rivers qui avait produit deux ou trois 45 tours de moi dont on n’a jamais entendu parler. Du coup j’ai renoncé et décidé d’écrire pour les autres. C’est la parolière Vline Buggy qui m’a fait rencontrer Claude et Claude entendant ma voix, a décidé de me produire en tant que chanteur. Et l’ai intégré la maison.
En fait, tu n’as pas beaucoup écrit opur Claude.
Non, j’ai dû lui faire deux ou trois chansons dont une qui a une histoire.
Paul Anka, qui avait fait la version américaine de « Comme d’habitude », (« My way »), passe un jour par Paris et vient faire un tour chez Flèche pour trouver des chansons. Il tombe sur une de mes musiques qui lui plait et en fait « Do I love you ». Claude est content mais aussi vexé car il avait refusé la mélodie… qu’il s’est empressé de faire sous le titre « Plus rien qu’une adresse en commun » !
Ça c’est du Claude pur jus ! Que te reste-t-il ce ces années Flèche ?
Des souvenirs très mêlés. C’est un moment de ma vie très hystérique ! Nous enchaînions les galas et les trajets de 500 bornes, il y avait toujours un musicien à remplacer, un costume à changer, enregistrer un disque tous les six mois, nous vivions dans un tourbillon de folie mais c’était malgré tout une époque chouette, excitante. Tu le sais, avec Claude ce n’était pas toujours facile, il pouvait être très désagréable, très jaloux. Mais j’étais à bonne école au niveau exigence.

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C’était plus calme avec Gainsbourg ?
C’était, disons, une autre façon de vivre. Ce qui a été formidable avec lui c’est d’enregistrer en Amérique avec les plus grands musiciens. C’était plein d’énergie, plus affirmé, ça me sortait de la musique de variétés pure et je trouvais des musiciens qui rejoignaient vraiment la musique que je voulais faire. C’était d’une efficacité redoutable. Très rock’n’roll !
D’ailleurs, le premier album que nous avons fait s’intitulait « Rock’rose ». Il n’a hélas pas marché et après ça, Serge s’est fait tirer l’oreille pour retravaille avec moi. Il s’est contenté de m’écrire des textes… Et c’est alors qu’est arrivé le succès de « Manureva ». Du coup on a retravaillé ensemble.
Aujourd’hui, où en es-tu de tes projets ?
On reprend pied après le Covid… enfin, on l’espère. Il y aura donc cette tournée symphonique et là, je suis en train d’enregistrer un nouveau disque avec Jacques Duvall, avec qui je travaille depuis 25 ans et Pierre-Dominique Burgaud.
Avec qui tu avais fait « La vie Saint-Laurent ?
Oui, c’était son idée. C’est un ami qui a un parcours original : il était directeur artistique dans la pub jusqu’au jour où il a tout laissé tomber pour écrire des chansons. Ca a entre autre donné la comédie musicale « Soldat Rose » !
Un jour il me montre quelques textes que lui ont inspirée la vie de St Laurent. Au départ, ce n’était pas un projet forcément évident et « rentable ». Mais en deux ou trois chansons qu’il m’a faites lire, j’ai trouvé qu’il avait réussi à raconter sa vie de manière très poétique avec une possibilité de mettre ces textes en chansons.
Connaissais-tu Yves St Laurent ?

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Pas du tout, je ne l’ai jamais rencontré, je savais bien sûr qui il était mais ça ne me passionnait pas plus que ça. J’ai donc lu des biographies et je me suis rendu compte de ce vrai destin exceptionnel. C’était un personnage emblématique du dernier siècle, de l’après-guerre, qui avait vécu à la même époque que moi, en parallèle, dans des sphères différentes et qu’on aurait pu se croiser. Mais ça ne s’est pas fait.
Je me suis alors rendu compte que son histoire était presque du domaine du roman, son enfance, sa trajectoire, son destin tragique malgré les apparences… Un vrai personnage de roman. Nous l’avons alors traité de la manière qui nous semblait la plus proche de l’idée qu’on s’en faisait ».

Revoilà donc Alain dans « le circuit après covid » comme beaucoup d’artistes, en espérant que « ce mal qui répand la terreur » ne viendra pas, une fois de plus, tout chambouler.
Et que nous nous retrouverons à Sanary pour fêter nos 50 ans d’amitié !

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Christian Servandier

 




Tarek BOUDALI : Un menteur bien sympathique

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Depuis qu’il a 7 ans, Jérôme vit dans le mensonge. Pour faire plaisir à son père il lui a dit un qu’il avait mis quatre buts au foot. Il a vu un tel plaisir chez son père, qu’il ne va plus arrêter de mentir, pour faire plaisir à tout le monde, pour enjoliver sa vie, pour se rendre intéressant. Pour inventer sa vie.
Mais ses mensonges deviennent tellement énormes que plus personne ne le croit et qu’il insupporte tout le monde. Jusqu’au jour où tous ses mensonges se réalisent et lui pourrissent la vie, ainsi que celle de son frère Thibault. Sa vie devient alors un enfer.
Et voilà que le film d’Olivier Baroux donne naissance à un nouveau duo de cinéma irrésistible : Tarek Boudali (Jérôme) et Artus (Thibault).
Un film à cent à l’heure, totalement déjanté, iconoclaste, où les situations deviennent  des moments de folie pure.
On est à la fois dans le thriller, la science-fiction, et la comédie pure.
Olivier Baroux retrouve Tarek Boudali dix ans après leur première rencontre sur le film « L’Italien »
Et nous les retrouvons au Pathé de la Valette. Retrouvailles avec Tarek qu’on a déjà rencontré avec son complice Philippe Lacheau et qu’on a plaisir à revoir, même si tous deux commencent un peu à fatiguer, malgré le plaisir de rencontrer le public.

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« Nous terminons – nous confie Olivier – un périple de 36 villes, ce qui fait à peu près cent salles  et dix mille spectateurs… Je reconnais que c’est fatigant mais on a tellement de plaisir à rencontrer le public qui, en plus, nous dit merci après avoir vu le film. C’est réconfortant car après tout, c’est pour lui qu’on fait des films. Alors c’est nous qui lui disons merci, ce que je fais dans le générique de fin, car sans lui, on n’est rien.
Tarek-Olivier, ce sont des retrouvailles !
Oui, et c’est un véritable plaisir que de se retrouver. Il semblait qu’on s’était quitté la veille…
Vous avez tout de suite pensé à lui plutôt qu’à votre complice Kad Mérad ?
Oui, ça s’est fait tout naturellement. J’avais quelques noms en tête et très vite Tarek s’est imposé.
Je n’ai pas pensé à Kad car il est trop vieux pour être le frère de Jérôme ! Mais nous avons déjà des projets ensemble. En tout cas, ça a été un grand plaisir de retrouver Tarek.
« Menteur » est une adaptation d’un film québécois.
Oui, c’est Gaumont qui m’a parlé de ce scénario et j’ai tout de suite accroché car le mensonge est universel. Pour mille raison, chacun ment, pour faire plaisir, pour éviter de faire de la peine, pour se faire plaisir aussi, quelquefois pour se venger… Il y a mille sortes de mensonges. Par contre, j’ai dû modifier des scènes, des mensonges qui me semblaient purement québécois, nord-américains et qui ne marcheraient pas avec les français. J’ai dû modifier un tiers du scénario. Ce qui n’est pas énorme, en sachant que sur certains scénarios, il ne reste qu’une ligne et tout le reste change. Je l’ai vécu avec des adaptations italiennes de mes propres scénarios.  Quant à moi, je voulais trahir le moins possible le film québécois… Que je n’ai pas voulu voir avant que le tournage ne soit terminé.

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Olivier, être menteur : défaut ou qualité ?
Je dirai que… c’est la vie ! On a tous menti un jour ou l’autre pour diverses raisons. Je ne trouve pas ça amoral.
Et toi Tarek, qu’est-ce qui t’a poussé à accepter ce rôle ?
Le scénario proprement dit car c’est vrai que le mensonge est un sujet éternel. Et puis mon rôle, qui me faisait jouer sur deux tableaux : la comédie proprement dite, pour laquelle on me connaît car j’aime faire rire. Mais au fur et à mesure, il y a une certaine émotion qui s’installe et ça, c’était nouveau pour moi et j’ai beaucoup aimé le faire. J’ai bien aimé jouer sur l’émotion.
C’est un nouveau registre pour toi. On ne te propose pas ce genre de film ?
Rarement car on me connait dans un registre comique. On m’a proposé ce genre de rôle une ou deux fois mais ça ne me convenait pas. Mais j’aimerais faire ce genre de choses car je suis un comédien et j’ai envie de faire autre chose que de faire rire, de temps en temps. Même si je me sens à ma place dans les rôles comiques et si, globalement, c’est ce qu’on me propose. Mais je suis ouvert à toute proposition.
Olivier, Nice est une ville que vous appréciez. C’est la quatrième fois que vous y tournez !
Comment ne pas l’apprécier ? Il y fait souvent soleil, météo garantie,  le site est magnifique. Et tourner à Nice a un avantage : il y a les studios de la Victorine, ce qui est très pratique, et nous fait gagner du temps.
C’est vrai que c’est plus agréable que de tourner à Lille !
Détrompez-vous ! D’abord il y a de très beaux lieux, les gens y sont très accueillants… Même s’il y manque un peu de soleil !

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Tarek, tu as des scènes de combat…. Facile ou pas facile ?
Pour la première, je l’ai apprise en une heure. Pour la seconde j’ai eu trois séances d’entraînement. Mais je mets un point d’honneur à faire moi-même les scènes de cascades, je ne  me fais jamais doubler… Tom Cruise se fait-il doubler ???
Olivier, un grand duo de cinéma est-il né ?
Pourquoi pas ? Si ça marche, j’en serai très heureux. En tout cas, sur le tournage ça a super bien fonctionné, tout le monde était au diapason. Lorsqu’on est chef d’orchestre il faut avoir de bons instruments et des bons musiciens. Tout était là pour que ça fonctionne au mieux.
Etes-vous un réalisateur qui écoute ses comédiens ?
Je suis très ouvert à toute propositions, si elles sont bonnes, je prends, je peux même laisser les comédiens décider si c’est dans le droit fil de ce que je veux faire, de ce que j’ai imaginé, si ça peut apporter un plus au film.
Je suppose que chacun de vous a des projets ?
– Tarek : J’ai deux projets avec « la bande à Fifi » dont « Alibi.com 2 »
Olivier : J’ai aussi deux projets dont je ne peux pas trop parler. Mais le second sera un film écrit pour une comédienne… dont je ne vous dirai pas le nom !
Et si elle refuse ?
Ce sera la cata ! En principe, j’écris en pensant vaguement à des comédiens mais sans trop m’accrocher car, comme vous le dites, il peut toujours y avoir un refus. Mais là, j’ai vraiment pensé à cette-comédienne-dont-vous-ne saurez-pas-le-nom !!!
Et je pense qu’elle dira oui… Sinon…

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Propos recueillis par Jacques Brachet
Photoscréations.fr
En salle le 13 juillet

Le Théâtre de Fortune
« Le Cid » revu et corrigé par Marie-Paule MARTINETTI

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Marie-Paule Martinetti est prof de Français. Elle aime donc les beaux textes, elle aime les dire, elle aime les jouer, elle aime les faire jouer.
Après avoir créé au Collège Reynier de Six-Fours, une section théâtre, elle a fait comme Molière : créé une compagnie amateur, Le Théâtre de Fortune, qui, depuis quelques années, révèle des talents en herbe et surtout, les fait profiter de sa passion qui devient la leur.
Mais la dame écrit aussi et sa dernière œuvre en date est une parodie du Cid, intitulée « Le Cid 2022, tragi-farce en un acte, un point c’est tout… Mais quel acte ! »
Pour une fois la fortune n’a pas tout de suite été au rendez-vous : Victor Raquin, qui interprète à la fois Rodrigue, la duègne de Chimène et le roi a le covid. Annulation.
Irremplaçable, il a donc fallu attendre qu’il se remette, que Marie-Paule retrouve un lieu et miracle : c’est le Club l’Impasse à la Seyne qui lui ouvre ses portes. Et la veille du spectacle, c’est Nolan Solari, qui joue le père de Rodrigue… qui a le covid… Décidemment le sort s’acharne sur le Cid !

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Mais contre mauvaise… Fortune, le covid n’aura pas le dernier mot et voilà que Marie-Paule a pris son épée, sa perruque et son texte et deviendra Don Diegue !
Et bien lui en a pris car ce fut un vrai succès malgré les aléas de la fortune !
Que dire du texte sinon que Marie-Paule a le don des trouvailles qui font mouche, le sens de la répartie, d’un humour déjanté et, mêlant les fameuses vraies stances de l’œuvre de Corneille, elle y ajoute ce brin de folie qui a fait éclater le public de rire.
Il faut dire que le texte était bien servi par ces apprentis comédiens qui l’on choppé à merveille, le prenant sans temps mort, malgré les difficultés d’un décor fait au débouté, tout en rouge et noir, non comme Jeanne Mas, non comme le RCT, non comme Stendhal… Mais comme le mariage de Corneille et de Martinetti.
S’il avait de l’humour, Corneille a du se retourner dans sa tombe pour pouffer de rire !
Parlons donc des comédiens car ils méritent tous des éloges.
D’abord Victor Raquin qui nous offre deux performances : celle de changer de personnage à – presque – vu car, avec son presque deux mètres, sa tête sortait du rideau qui servait de coulisses et ça, déjà, c’était très drôle. Et puis la performance de changer de personnage, de costume et de voix avec des mimiques incroyables, c’est une réelle performance. Je ne dirai pas qu’il deviendra grand car il doit avoir atteint la côte d’alerte ! Mais il a de l’avenir et des dons certains pour la comédie.

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Eloïse Godefroid est Chimène, belle, lumineuse, à la fois romantique dans ses scènes d’amour et hystérique lorsqu’elle apprend que Rodrigue a tué son père. Elle a du punch et un charme fou.
Don Gomès est… un homme… oh… il s’appelle Laurène Tellier… Eh oui, c’est une fille mais ça passe sans problème et elle ne lâche jamais son rôle, même lorsqu’elle est confrontée au géant qu’est Rodrigue. Confrontation d’autant plus drôle.
Ces trois comédiens ont déjà quelques années de cours avec Marie-Paule et ça paye !
Bon, venons-en au dernier et non le moindre : Nathan Teisseire qui est le récitant. Avec un flegme et un humour tout à fait britannique, il envoie le texte contre vents et marée, suivant les événements, sans se départir de son élégance et de son ironie naturelles. Que voilà un petit nouveau à suivre.
Que dire de l’auteure, de la metteuse en scène et… de la comédienne de dernière minute ?
Qu’elle n’a rien lâché, que même super-stressée, elle a balancé le texte qu’elle ne connaissait que pour l’avoir écrit … Et ça a marché !
Le public a beaucoup ri et… pour un coup d’essai ce fut un coup de maître !
Aujourd’hui, le Théâtre de Fortune a pignon sur rue. De cette troupe l’on trouve de belles pépites et certainement, parmi eux certains vont continuer une route, certes pas toujours facile mais à cœur vaillant rien n’est impossible.
Et voilà qu’aujourd’hui ils vont vivre une grande aventure : ils joueront ce « Cid 2022 » au festival… d’Avignon … Mais oui !
Comme quoi la valeur n’attend pas le nombre des années !!!

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Jacques Brachet
theatredefortune.var@gmail.com