Éric Levi… Qui connait son visage, et à la limite, son nom, sinon ceux qui vont voir le spectacle magique qu’est « Era » puisqu’il en est le créateur. Sur scène, lui n’a pas de masque mais il se cache derrière sa musique et tout le monde connaît « Era » qui a fait le tour du monde.
Curieux cheminement que celui d’Éric qui a débuté par du hard rock, puis du rock, ce qui l’a fait travailler avec des artiste comme Corinne et Bertignac, Higelin, écrire une douzaine de musiques de films dont celle des « Visiteurs », loin du rock mais tout aussi efficace et devenue aujourd’hui indissociable du film, musique d’ailleurs nommée aux César en 93.
Il a même écriot un morceau pour le pape, chanté, excusez u peu, par Dee Dee Bridgewater et Andrea Bocelli « I believe » !
« Era » c’est un virement, sinon à 180 mais au mois à 9O° douze millions de disques vendus de par le monde puisqu’Eric nous plonge dans le monde de l’Héroïc Fantaisy, mélange de musique moyenâgeuse et de rock aux solos de guitares saturées, de batterie, de voix de femmes angéliques et d’hommes à la voix puissante. Sans compter que le spectacle est féérique où l’on en prend plein les yeux et les oreilles. Il y adapte aussi des morceaux classiques comme « Carmina Burana » de Karl Off devenu « The mass », ou encore le fameux adagio d’Albinoni devenu « Abbey Road Blues » et ça s’adapte magnifiquement.
Vous pouvez déjà en avoir un aperçu avec ce double album qui vient de sortir « Live expérience » (Sony Music) qui vous offre un concert live et une reprise de trois succès dont « Ameno », revus et corrigés.
A la suite de cette sortie et après près de deux ans de covid, Eric-Era sera en tournée en France, suisse, Belgique, Italie, avec arrêt au Nikaïa à Nice le mardi 13 décembre.
Il faut le voir et l’écouter pour le croire.
Rencontre avec Eric Levi
« Eric, comment se fait-il qu’Era soit connu du monde entier et pas Éric Levi ?
C’est un choix. Je ne suis ni chanteur ni comédien et « Era » est au départ un projet. Je ne vois donc pas l’intérêt d’une présence frontale de ma part.
C’est en fait un projet de musique de film… sans film !
Comment définiriez-vous votre musique ?
C’est un OVNI ! Une musique mélange d’Héroïc Fantaisy, de rock qui est cohérent, que j’ai eu du mal à faire accepter aux maisons de disques qui n’y croyaient pas et qui a aujourd’hui une résonnance universelle. Mais ce n’est pas moi qui ai inventé cette musique, je l’ai seulement remise à la mode avec des sons d’aujourd’hui. Et le public, même jeune, s’y retrouve.
Sans compter le nombre de films qui ont adopté cette musique come « Games of thrones » et quelques autres.
C’est grâce aux « Visiteurs » qu’on vous a connu ?
Pas vraiment car au départ, nous n’avons vendu que 35.000 albums de la B.O, malgré sa nomination aux César. Sans compter qu’elle n’a pas dépassé la France. Aujourd’hui le film est devenu mythique et la musique en est indissociable.
J’ai dû attendre quatre ans pour que naisse « Era ». J’avais cette idée en tête depuis longtemps mais comme personne n’en voulait j’ai fini par produire le premier disque… sans maison de disques !
Que signifie « Era »
C’est une reine, un règne, une période, avec pour notion le bien contre le mal.
En fait, avant « Era », vous avez eu une période rock…
Et même hard rock ! J’avais créé un groupe nommé Shakin’n Street dans lequel sont venus jouer Bertignanc et Corinne du groupe Téléphone. Nous avons fait une immense tournée aux Etats-Unis avec des groupes comme Blue Oyster Cult, AC/DC, Black Sabbath, Trust… A l’époque le rock français ne marchait pas en France. Du coup nous avons fait beaucoup de choses aux USA.
Mais l’on retrouve du rock dans le spectacle que je considère comme un opéra-rock avec cette chorale mobile, ces chanteurs. C’est plus qu’un simple concert, il y a un son plus costaud et des lumières incroyables. C’est un univers particulier et là encore, j’ai eu du mal à trouver un producteur car je ne voulais pas d’un spectacle à l’économie.
Au départ, « Era » était un clip…
Oui et c’est lui qui nous a fait connaître Beaucoup de gens l’ont découvert sur TF1 et c’est vrai que ça a été un tremplin pour nous, même si c’était alors considéré comme un projet marginal.
Vous repartez donc en tournée.
Oui, après deux ans d’arrêt qui nous a fait tout annuler puisque lorsque le covid a démarré, notre tournée internationale démarrait aussi. Nous avions des dates dans le monde entier, même à Moscou… Je pense que nous n’irons pas !
Nous commençons déjà une tournée française, puis européenne et nous sommes en train de récupérer les autres dates. C’est assez difficile car aujourd’hui tout le monde se précipite pour faire de même… Ça se bouscule.
Deux ans et demi d’arrêt, ça a été frustrant pour tout le monde !
Pour en revenir à la Russie, Vincent Niclo a enregistré « Ameno » avec les Chœurs de l’Armée Rouge. Qu’en avez-vous pensé ?
Il a eu la gentillesse de m’envoyer le disque et ce qu’il a fait est très bien, dans un autre style, plus martial ! Mais il n’y a pas que lui, il y a aussi le nigérien Goya Menor qui en a fait une version rap africain qui a fait le tour de la planète.
Beaucoup d’autres l’ont enregistré dont Janet Jackson. C’est bien qu’une musique vive et voyage, car la musique, c’est intemporel ».
Propos recueillis par Jacques Brachet