Archives mensuelles : janvier 2022

Jean-Marc BARR revient sur Arte
avec un thriller original : « La corde »

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Avec Jean-Marc, on s’est connu à Toulon voici… quelques années alors qu’il venait présenter « Le grand bleu » avec Luc Besson et Jean Reno.
Un film qui a marqué sa jeune carrière, qu’il a même un peu traîné derrière lui, même si, très vite il s’est démarqué de ce métier en étant photographe, comédien, réalisateur, producteur et grâce à son statut franco-américain, il a très vite été happé pour des productions internationales.
Mais il revient toujours en France, entre autre dans le Midi, ce qui nous a permis de nous retrouver quelquefois à Six-Fours, les Sablettes et Toulon où l’été dernier il nous a proposé un spectacle original, disant des poèmes sous l’eau, dont je vous avais parlé.
Jean-Marc n’a jamais pensé « carrière » mais il est toujours allé où le vent le poussait, où des propositions lui venaient, qui le passionnaient.
Ce qui est encore le cas avec cette série qui démarrera sur Arte le jeudi 27 janvier : « La corde » réalisée par Dominique Rocher, avec entre autres Jeanne Balibar, Suzanne Clément et Richard Sammel.
Une série pas comme les autres, qui va certainement surprendre et dont j’ai eu envie de parler avec lui.
L’histoire se passe dans une forêt en Norvège où travaille une équipe de scientifiques dans un observatoire astronomique éloigné de tout. Jusqu’à ce qu’un jour une mystérieuse corde apparaisse à l’orée du bois, qui va provoquer le trouble au sein du groupe dont fait partie Jean-Marc, homme solitaire et mystérieux dont la vie a été perturbée.

JEAN-MARC BARR

Comment es-tu venu à ce projet, Jean-Marc ?
Tout simplement en recevant le scénario qui m’a aussitôt interrogé et passionné. J’ai trouvé le sujet intéressant, mélange de mystère, d’horreur, de psychologie, peut-être un peu de science-fiction.
Le scénario m’a fait penser aux films de Jordan Peele « Get out », ou « Solaris » d’Andreï Tarkovski, un film dramatique, d’horreur, pas d’horreur primaire mais plutôt métaphysique. Cela sortait des sentiers battus, loin des polars français, loin du système de consommation et de production où il n’y a pas vraiment de vrais fous !
Cette série se rapproche du cinéma américain le meilleur.
Ce qui me plaît chez Arte c’est la prise de risque sur des séries ambitieuses que l’on ne pourrait pas voir en salles et qui pourtant sont de plus en plus cinématographiques.
Sans compter que c’est un film qui s’adresse aux adultes et pas seulement aux moins de 25 ans ou aux plus de 50 ans !
C’est en fait une série qui entre tout à fait dans le droit fil de ce que tu aimes faire : varier les plaisirs !
C’est vrai que l’on dit que je suis un comédien inclassable car je suis toujours allé là où mon plaisir, ma passion me poussaient et, parlant deux langues couramment, ce qui était rare à une époque pour un comédien, j’ai pu aller travailler un peu partout dans le monde. Sur cette série très européenne, les nationalités se mélangent et c’est ce qui me plaît. C’est pour cela qu’on ne me voit pas toujours sur des écrans français car je travaille partout où je trouve un sujet qui me passionne, même si c’est un film indépendant, à petit budget.

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Tu retrouves dans cette Série Jeanne Balibar…
Oui, nous avons tourné ensemble… il y a presque vingt ans ! C’était dans « Saltimbank » de Jean-Claude Biette, en 2003 !
J’ai d’ailleurs une scène très forte dans cette série dont je ne peux pas te parler mais tu verras, elle est extraordinaire.
Quand et où avez-vous tourné ?
Nous avons tourné dans les Ardennes en novembre 2020, au début du confinement. Ce qui a quelque peu compliqué les choses. Ça nous a un peu isolés les uns des autres mais peut-être que cette ambiance a servi à l’histoire.
Comment définirais-tu cette série ?
Difficile à dire : peut-être une science-fiction où se mêlent  l’horreur, la mélancolie, la contemplation, la métaphysique.
Dominique Rocher est un grand metteur en scène  qui a la « cinéma touch »
Est-ce que tu continues tes spectacles sous l’eau et dans les grottes comme ceux que tu avais présenté à Toulon ?
Depuis l’été dernier je ne l’ai plus fait mais j’ai plusieurs propositions et je suis resté en contact avec Charles Berling. Peut-être pourrais-je revenir en mars, dans une grotte… si l’omicron le permet !

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Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos, Portrait : photocréations.fr
Photo du film : Les films de l’instant/G Chekaiban

NOTES de MUSIQUE

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VANESSA PHILIPPE – Soudain les oiseaux (Le poisson spatial/Modulor – LPS001 – 12 titres)
Vanessa Philippe prend son temps puisque c’est son 5ième disque depuis le premier en 2008. Ce qui lui a permis de se frotter à plusieurs styles. Ici on est devant une œuvre particulière car la chanteuse dédie ce disque à sa grande sœur aimée, décédée en 2019. Cela avec une écriture sobre, retenue, sans pathos : elle en est d’autant plus profonde et touchante. Il y a des trouvailles métaphoriques comme par exemple « Je danse en pantalon de soi », ou poétiques « Ce soir j’ai de la peine / Je suis la fille en pleurs / Ce soir j’ai de la veine / Je suis la fille aux fleurs ». La chanteuse s’exprime avec une voix de jeune fille, sur une faible tessiture, bien posée sur le temps. On est plus dans le parlé-chanté que dans la chanson proprement dite. Vanessa Philippe a également écrit la musique : de courtes mélodies qui courent en général sur deux vers, des rythmes différents, un accompagnement discret qui sert avec bonheur la chanson.
Un requiem soft moderne où dominent les regrets, suinte la souffrance, et aussi le vain espoir du retour de l’être aimé.
DANIEL ROURE – Rarities (VLS Productions – Distribution : inouïe Distribution – 6 titres)
Depuis « Les baleines blues » en 2001, immense succès aux Etats-Unis, Canada et Australie, voici Daniel Roure qui roule à nouveau sur la route de la chanson swing avec ce onzième disque. Pour l’Europe, ce style remonte en gros à Jean Sablon accompagné par Django Reinhardt, Charles Trénet, Johnny Hess, pour arriver à Paolo Conte, et quelques autres dont Thomas Dutronc et Daniel Roure.
La voix a pris à la fois plus de velours et d’intensité, de décontraction, restant dans le médium avec parfois un petit côté Brassens. On admire la diction toujours parfaite. Pas de fioritures ; les paroles bien posées sur le temps la chanson s’envole sur un swing aérien.
Cette fois Daniel Roure a abandonné le piano, pour le laisser à l’excellent Philippe Martel, ce qui lui donne plus d’aise, d’espace pour chanter. Il s’est adjoint la meilleure rythmique du Sud avec Philippe Le Van (dm) et Christophe Le Van (b) ; et deux soufflants, Thomas Roure, ténor dans la tradition ellingtonienne, et Oh surprise, Nicolas Folmer (tp, flh,) qui est d’une expression jazz des plus moderne. Il se coule à la perfection dans le moule Swing Era, et ses solos, ses contrechants, sont une petite merveille, « ça swingue comme au bon vieux temps ». Il est aussi l’auteur des arrangements, là encore de la simplicité, de l’élégance, un écrin swing pour les chansons.
Les paroles et la musique sont de Laëtitia Vanhove, Serge Mounier et Daniel Roure. Ils se sont entendus à merveille pour produire ces chansons à la fois swing et chanson française. Avec des paroles simples, directes et porteuses de sens : L’élégance / C’est un instant de charme / Un mot qui nous désarme / La beauté du geste. C’est la définition de ce disque : Elégance, charme, beauté, emporté par le souffle du swing.

Serge Baudot


NOTES de MUSIQUES

CLAUDIO FASOLI
Claudio Fasoli est l’un des plus intéressants saxophonistes du moment, un leader et et un compositeur émérites. L’homme est d’une gentillesse et d’une délicatesse extrêmes.
Le musicien fait preuve d’une grande sensibilité et d’un lyrisme à fleur de peau, très bel canto, pas étonnant car il est italien. Il fut d’ailleurs sacré Musicien de l’Année 2017 par Musica Jazz.
Le compositeur joue de la subtilité des harmonies, des couleurs et de la beauté des mélodies. Il sait s’exprimer avec élégance et sensualité pour traduire les « émotions et les couleurs ». C’est un musicien  minimaliste qui ne joue que l’essentiel, mais avec un enthousiasme, une sensibilité et un dépouillement qui n’excluent pas la véhémence, et qui vous plongent dans une sereine béatitude
Au ténor il peut être rêveur ou fougueux, rageur, et grandiose au soprano quand il part dans un solo puissant, ardent, avec un son droit, vers des aigus diaboliques. On trouve chez lui une pureté de son et un phrasé délié, au service d’une expression toujours émouvante, basée avant tout sur la mélodie.
Il est toujours dans le partage avec ses musiciens, qu’il sait choisir, même et surtout parmi les jeunes générations, car, dit-il,  ça évite de se répéter, de se scléroser. Pas de frime, de la musique avant toute chose.
Que ce soit dans ses disques ou dans ses concerts Claudio Fasoli offre une musique limpide, belle et forte. Il poursuit son chemin créateur, tranquillement et sereinement, hors des modes, pour le bonheur du jazz.
CLAUDIO FASOLI N.Y.4ET -SELFIE
Pour ce « Selfie » Claudio Fasoli s’est entouré de quatre « stars » américaines : Matt Mitchell au piano, Matt Brewer à la basse et Justin Brown à la batterie.
C’est un Fasoli fringant qui apparaît ici, majestueux au ténor et au soprano, avec une sonorité ample et chaude, une puissance qui pourtant laisse au son sa beauté.
Matt Mitchell est un pianiste straight-ahead dans la grande lignée de Bud Powell à Herbie Hancock. Il déploie un jeu très aéré, écouter « Parson’s Green », ou alors avec des notes en grappes, dans « Far », ou encore le très chantant « Legs » ; un feeling qui colle en tout point à celui de Fasoli. Matt Brewer est plus connu chez nous, ayant fait parler sa contrebasse dans pas mal de lieux référencés ; un gros son, sans parasites, des attaques nettes et précises, et le goût de la mélodie, « Différence of Emphasis ». Justin Brown est le batteur attitré du trompettiste Ambrose Akinmusire ; c’est dire qu’on est en plein dans la modernité, mais celle qui connaît encore le jazz. Batteur qui pratique lui aussi le jeu en grappes sonores et sait tenir la dynamique, pousser le swing du Quartet. Un des plus beaux disques de Claudio Fasoli, qui en compte déjà un nombre certain.
Enregistré à Brooklyn le 8 juin 2017 – Durée : 59’ 38’’ – Abeat ABJZ 189

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CLAUDIO FASOLI 4TET – NEXT
Voici le nouvel opus de Claudio Fasoli, cette fois avec des musiciens italiens : Simone Massaron à la guitare électrique, Tito Mangialajo Rantzer à la contrebasse et Stefano Grasso à la batterie. Ce Quartet est une splendeur. On retrouve toutes les qualités de Claudio Fasoli au ténor et au soprano. Les autres sont à la hauteur. Que ce soit à la guitare saturée ou purement électrique, Simone Massaron fait des étincelles hors des sentiers battus, avec le même lyrisme que le leader. On s’en rendra compte sur « XAS ». Le contrebassiste joue avec des notes rondes et claires, il fait chanter l’instrument en solo ; c’est un roc dans l’accompagnement. Le batteur travaille la beauté des sons, on entend la peau vibrer comme une chair de poule. Il atteint parfois une quasi mélodie. Le tout porté par le swing. « Ali » est l’expression d’une grande douleur qui vous prend aux tripes. Et si vous voulez savoir ce qu’est le grand lyrisme au ténor, écoutez « Sad », où l’on rencontre la saudade portugaise.
Voici de nouveau un grand disque de Claudio Fasoli, toujours à la pointe en 2021. Tous les morceaux et arrangements sont de sa plume, brillante et subtile, sans conteste.
Enregistré en Italie en mai 2021 – Abeat ABJZ 234 (contact@abeatrecords.com)
K L E I N – SONDER
« Sonder » est un titre assez mystérieux puisqu’il signifie pas mal de choses dont une prise de conscience et des chemins qui peuvent ou non se croiser. Ce qui donne la couleur de cet album. Le pianiste,  claviériste et compositeur (8 titres sur 9 sont de sa plume) se lance ici dans une aventure électrique en utilisant les « Programming and Sound Design ».
Le disque démarre sur « Catharsis », tout un programme, avec un mélange de rythme boléro et pop. Puis on a des ensembles, des nappes, ou les instruments acoustiques, les voix, se mêlent aux effets des machines, sur des rythmiques  plutôt mécaniques.
Le jazzman Klein refait surface avec bonheur dans le dernier morceau « Sonder », piano, vibraphone, sur rythmique.
Avec ce disque on entre dans des ambiances de sérénades, calmes, mélancoliques, sombres parfois, des nocturnes électriques.
Cristal Records  CR 343 (l’Autre Distribution) – 9 titres – Sortie décembre 2021

Serge Baudot