Porquerolles pendant les vacances de la Toussaint.
Il fait un temps radieux et l’on se croirait en plein été : Soleil à gogo, mer d’huile… et une longue file d’estivants pour prendre le bateau. Entre les embouteillages pour entrer dans les parkings et la file discontinue sur des dizaines de mètres pour embarquer malgré le nombre de navette qui a triplé il faut une patience extrême et une réelle envie de mettre les pieds sur l’île. Arrivés sur l’île c’est la fiesta : les rues encombrées de gens, les vélos qui vous frôlent de tous les côtés, les effluves de frites, de gaufres, de churros, les bars pris d’assaut, les files d’attente au marchand de glace… Ce n’est pas ce que l’on pourrait imaginer comme vacances idylliques.
Alors, pourquoi me direz-vous, deux toulonnais y viennent précisément à cette époque de vacances ?
Tout simplement parce qu’il y a eu des meurtres !
Rassurez-vous «c’est pour de faux», c’est tout simplement parce que dans sa série «Meurtres à…», une équipe de France 3 s’est installé depuis le 4 octobre pour le tournage d’un tout nouvel épisode judicieusement intitulé «Meurtres à Porqueroles»
Une fois de plus, c’est la réalisatrice Delphine Lemoine, qui a déjà réalisé «Meurtres à Albi, à Mulhouse et à Sarlat». C’est dire si elle s’y connait en tournages de polars.
Une superbe distribution devant son objectif : le beau et charismatique François Vincentelli qu’on ne présente plus tant il passe du théâtre à la télévision avec arrêts au cinéma avec un réel bonheur, la toute jolie Charlie Bruneau, vue dans le Palmashow, dans les séries «En famille», «R.I.S», «Philharmonia». Tous deux forment le nouveau duo de choc de cet épisode. Ils sont entourés de la belle Nicole Calfan, de l’énigmatique Didier Flamand et de Chrystelle Labaude, héroïne de «Sections de recherches» et en ce moment de «Un si grand soleil».
Une belle équipe donc, qu’on retrouve dans une villa, loin de la foule déchaînée et où entre deux scènes tournées dans une pièce exigüe, ils viennent nous retrouver sur la terrasse au soleil.
Reçus par le grand sourire de la directrice de production Erika Wicke que j’avais rencontrée sur le tournage à Marseille de «Meurtres sur les îles du Frioul» avec l’ami Francis Huster, nous avons très vite été adoptés par l’équipe, dans une ambiance souriante, tous heureux d’être loin des brumes parisiennes, chacun étant tout disposé à passer devant l’objectif d’Alain, mon photographe.
Pour les interviewes, ce sera plus difficile, chacun ayant des obligations de tournage ou familiales comme Charlie Bruneau qui doit s’occuper de son fils malade. Quant à François Vincentelli, malgré des problèmes d’hébergement, car il est si bien à Porquerolles avec son épouse qui attend un heureux événement (Déjà 7 mois !), il prendra le temps de déjeuner avec nous au soleil, devant la mer, rejoint par la réalisatrice Delphine Lemoine, avec qui nous aurons le temps de discuter devant un délicieux repas.
Si le tournage de la matinée s’est passé au calme de la villa, l’après-midi toute l’équipe se retrouvait sur la place de l’île, devant le commissariat, la place ayant été envahie en quelques minutes et l’assistant ayant un mal fou à leur faire garder le silence durant les prises.
Mais en fait, tout se passe dans la sérénité, le sourire, la gentillesse, la patience… Bref, un tournage idyllique !
Vous êtes curieux de connaître l’histoire ?
Le corps sans vie d’une femme de 60 ans est découvert sur la plage de l’Alycastre à Porquerolles. Elisabeth Carlson était une artiste peintre et une figure admirée de l’île. Son corps gisant au pied de la falaise évoque la Lycastre, le fameux dragon de la légende qui a donné son nom à la baie.
Arnaud Taillard (François Vincentelli), le très sérieux substitut du procureur, lui-même enfant du pays, va devoir mener l’enquête avec Charlie Landowski (Charlie Bruneau), une fantasque commandante de police fraîchement mutée de Seine Saint-Denis.
Voilà, vous n’en saurez pas plus, sinon qu’on assistera à un événement : Diane (Nicole Calfan) est emmenée prisonnière sur le continent… Pourquoi ? à suivre !
Un regret, ne pas avoir rencontré Chrystelle Labaude, déjà repartie, avec qui j’ai de jolis souvenirs de tournages sue la série «Section de recherches» et une tournée théâtrale avec un autre ami : Francis Perrin.
Retournons donc au déjeuner où nous nous retrouvons à table avec Delphine Lemoine et François Vincentelli à qui je rappelle notre rencontre au festival télé de la Rochelle.
«Delphine, vous voici donc l’auteur d’un quatrième meurtre !
(Elle rit) C’est vrai et j’en suis heureuse car à chaque fois je découvre un lieu, une région et je tourne à chaque fois avec un binôme qui apporte sa personnalité car le but de cette série est à chaque fois de former un duo,( et non un couple), différent. Et je trouve ça très chouette.
Vous avez commencé comme assistante de réalisateurs et non les moindres : Léos Carax, Cédric Klapish, Nicole Garcia…
Oui, c’est loin tout ça ! Après avoir fait la FEMIS, j’ai fait dix ans d’assistanat, j’ai réalisé entretemps des documentaires, des courts métrages…
Et pourtant vous êtes devenue réalisatrice à la télévision !
Oui parce que c’est là que j’ai reçu des propositions intéressantes, j’ai réalisé des épisodes de «Plus belle la vie», de la série «Tandem», «Crimes parfaits» et cette série de «Meurtres à…» et ça me convient bien.
Il y a encore une cloison entre le cinéma et la télévision ?
Ca à l’air d’un peu changer mais c’est vrai que nous mettre dans des tiroirs, c’est typiquement français. Moi, ça ne me gêne pas car je cherche surtout des sujets de qualité et ce qu’on me propose à là télé est ce que je cherche. Bon, c’est vrai qu’avec la série des meurtres, on m’a encore un peu mise dans le tiroir de «la réalisatrice qui est douée pour tourner des polars», ou encore des unitaires de 90’. Mais ça ne me gêne pas, ça me permets de faire des choses que j’aime.
Et vous François, qu’en pensez-vous ?
Je pense quand même que ce fossé ciné-télé est en train de s’estomper. On voit de plus en plus d’acteurs dits «de cinéma» passer à la télé parce qu’on leur propose de belles choses.
Mais le contraire n’est pas évident, non ? Que vous prose-t-on au cinéma ?
(Il rit) Oui, c’est vrai qu’à la télé j’ai tourné des rôles de premier plan, dans des séries et qu’au cinéma, ce sont des rôles de «guest» où je ne tourne que deux ou trois jours. Mais j’ai cette chance d’être avant tout un acteur de théâtre. Donc je joue sur plusieurs tableaux et je ne vais au cinéma que lorsque le rôle, si petit soit-il, m’intéresse. Je n’ai aucune frustration à ce sujet et je vais là où on me propose et où ça me convient. C’est une chance.
J’aime particulièrement les séries qui permettent de prolonger un rôle récurrent, de l’installer dans une histoire, chose qu’on ne peut pas faire en 90’ et même une heure et demi.
Est-ce que le Covid vous a impactés ?
Delphine : Comme tout le monde mais on a eu cette chance de pouvoir continuer à tourner en prenant toutes les précautions d’usage. Tout le monde, même aujourd’hui, porte le masque et seuls les comédiens l’enlèvent pour tourner. J’ai eu quand même une angoisse lors du premier confinement car il fallait se tester tout le temps et on avait pas mal de difficultés pour tourner des scènes de rapprochement. Mais on a pris les mesures nécessaires et on a modifié la façon de travailler.
François: J’ai eu bien sûr les mêmes difficultés que tout le monde mais ce qui a été le plus dérangeant c’est que l’homme de théâtre que je suis n’a plus pu jouer. Et ça, c’était vraiment difficile. Heureusement que le vaccin est arrivé !
Cette année a quand même été fructueuse : deux films, deux téléfilms…
Le premier « Villa Caprice» de Bernard Stora, c’est un second rôle, les stars étant Michel Bouquet, Niels Arestrup, Patrick Bruel. Quant à «Vagabondes» c’est mon pote qui me l’a proposé au dernier moment, ça a été un plaisir de tourner avec Sergi Lopez et il y a une scène d’ouverture qui est très drôle.
Côté télé…
Il y a eu «Faites des gosses» une série de six fois 52’ avec un rôle récurrent comme je les aime Avec entre autres Fred Testot, Jonathan Lambert… que des tristes ! On a bien rigolé.
Puis i y a eu «Liés pour la vie» avec Laeticia Milo, Christiana Réali, Antoine Dulery. Une histoire plus grave où une championne d’équitation a un grave accident qui l’empêchera de remonter à cheval. Elle se lie avec un homme dont elle ne sait pas que c’est par lui qu’est arrivé l’accident. C’est une très jolie comédie romantique.
Delphine, avec ces «Meutres à…», vous changez chaque fois de région…
Et c’est ce qui m’intéresse et je travaille beaucoup en amont.
C’est-à-dire ?
Je viens bien longtemps à l’avance découvrir le lieu, la région pour m’en imprégner mais aussi m’imprégner des gens, ce qui pour moi est essentiel. Il faut que je ressente l’ambiance. Par exemple, je suis venue cet été passer ce que j’appelle des vacances-travail à Porquerolles. Nous sommes venus avec la productrice Lola Gans, j’ai repéré tous les lieux qui pouvaient s’adapter à l’histoire mais j’ai aussi rencontré les gens qui vivent sur cette île, qui la font vivre et que j’insère dans l’histoire. Il y a par exemple Carmella, cette marchande de légumes que tout le monde connaît sur l’île, il y a Georges Paul, le seul taxi de l’île, ce sont des gens incontournables qui sont heureux de tourner et c’est pour moi un clin d’œil . Comme il y avait une peintre dans l’histoire, j’ai choisi une peintre qui vit là et j’ai fait avec elle un travail sur la peinture. Ce sont des rôles rajoutés qui donne une complicité entre eux et moi, même si le spectateur ne s’en rendra pas compte».
Jacques Brachet
Photos Alain Lafon
Meurtres à Porquerolles
Réalisation : Delphine Lemoine – Scénario : Anne-Charlotte Kassab & Pierre Lacan
Avec Charlie Bruneau (Charlie Landowski), François Vincentelli (Arnaud Taillard), Nicole Calfan (Diane), Didier Flamand (Hubert), Chrystelle Labaude (Mireille Canovas), Damien Jouillerot (Romain), Maël Cordier (Nevil), Erza Muqoli (Alice), Nancy Tate (Lilibeth), Flora Chereau (Mélanie)