Archives mensuelles : août 2021

Gilbert BECAUD… 2O ans déjà !

1

Eh oui, voici déjà 10 ans que Mr 100.000 volts nous a quittés. Et voici 50 ans qu’il a créé ce tube international qu’est devenu «Et maintenant». On ne pouvait passer sous silence ce double événement, d’autant que depuis sa disparition, on a beaucoup plus fait cas d’Aznavour, de Breln de Dassin ou de Cloclo que de lui, pourtant immense auteur-compositeur et chanteur, lui qui a tout inventé de la musique et des rythmes “modernes”, lui qui a été le premier à dépoussiérer la chanson française, lui qui a été “idole” avant les idoles et qui a été l’objet du premier fan club, lui qui est à l’instigation de cette mode étrange de casser les fauteuils de plaisir, de joie, de folie, lui qui a rendues folles les premières fans de chanteurs…
Bref, lui sans qui peut-être, les années 60 françaises n’auraient pas été ce qu’elles ont été.
Et que ce soit un Toulonnais qui soit au début de ce revirement musical incroyable, me comble d’aise, de joie, de fierté. Par contre, ce qui me désole c’est qu’aujourd’hui, il semblerait qu’on l’a oublié alors qu’on commémore des fêtes de beaucoup d’autres chanteurs qui n’ont pas eu, loin de là, la carrière internationale qu’il a eu.
Bien entendu, durant mes pérégrinations journalistiques, j’eus l’occasion de rencontrer souvent l’ami Bécaud car, quoiqu’on ait pu dire de son caractère, il m’a toujours reçu avec gentillesse et simplicité, jusqu’à sa dernière tournée où, comme un symbole, alors qu’il se prêtait à une petite séance photographique, il me fit ce “bonjour” (ou cet adieu !) de la main… Il devait disparaître quelques mois après…
Disparu en 2001, François Silly de son vrai nom, est donc né à Toulon, bercé par ces marchés de Provence qui sont loin d’être entièrement toulonnais, comme on aimerait à le croire
Il est un des seuls artistes à avoir franchi la barrière américaine et certaines de ses chansons ont franchi les mers pour devenir des tubes internationaux comme “Et maintenant”, “Nathalie”, “Je t’appartiens”, “Madame Rosa”, une comédie musicale… qu’il n’a pu monter en France et que devait jouer Annie Cordy…
Nombre d’artistes internationaux ont repris ses chansons qui sont intemporelles.

4 5

Il avait le rythme dans la peau et ce n’est pas pour rien qu’il fut surnommé “Monsieur 1000.000 volts !”
C’est en 1994, alors qu’il fêtait, comme il m’avait dit, “40 ans d’amour”, que je le rencontrai pour la dernière fois.
Incroyable…Les années étaient passées, la maladie aussi et il restait le fringant jeune homme qui, en quelques notes assenées sur un solide piano bien tempéré, avait changé la face de la chanson française, par le rythme qu’il y apportait, la folie qui faisait casser les premiers fauteuils de l’Olympia…
Musicalement, l’éclatement des années 60 en France, se fait grâce à lui.
Fidèle à l’Olympia qui l’a alors accueilli 29 fois, il aura fêté ses 40 ans… au Palais des Congrès !
Si nombre de chanteurs ont écrit un livre de mémoires, lui, il fait un nouveau disque “Mea culpa”.
Ce qui mérite une explication. Qu’il me donnera avec le sourire et la simplicité dont il ne s’est jamais départi, confortablement installé dans sa loge du Zénith-Oméga de… Toulon, duquel il a fait l’ouverture et où il revient deux ans après !

“Deux fois en deux ans à Toulon, c’est exceptionnel tant il est vrai que, par le hasard des itinéraires, je ne m’y suis finalement pas produit souvent… Et pourtant, bien évidemment, je reste attaché à cette ville… Mais comme je le dis dans une chanson : “Quand t’es petit dans le Midi, t’es pas petit comme ailleurs….avant de parler… tu mens !”
Justement, quels souvenirs gardez-vous de votre ville natale ?
Surtout le souvenir de vacances d’été car il faut savoir que je suis allé habiter Nice alors que j’avais un an.
Mais je revenais à Toulon pour revoir ma mémé, mon pépé et mon “tonton jardin”…
Je me souviens d’une petite maison, d’un appartement au troisième étage d’où l’on voyait, d’un côté, les rails de chemins de fer et l’usine à gaz, et de l’autre, un grand jardin… Y revenant adulte, j’ai retrouvé les rails, mais beaucoup moins imposants, l’usine avait disparu et le jardin… je l’ai trouvé vraiment beaucoup plus petit que dans mes souvenirs !

3 2

Alors, ce “Marché de Provence”, finalement, il est toulonnais ou Niçois ?
Il est… provençal ! Né à Toulon et découvrant ce marché du Cours Lafayette l’été et vivant à Nice et voyant le marché tous les jours, je me suis rendu compte qu’il y avait plein de points communs et c’est donc en fait un mélange des deux !
Ces points communs ?
Les sensations, les odeurs, le soleil, l’accent… C’est en fait le marché de Louis Amade !
Alors, cette année, vous fêtez vos 40 ans de carrière et, au lieu d’écrire, comme nombre de vos collègues, un livre de souvenirs, vous nous offrez un disque..
Le disque, ce n’est pas une idée à moi mais de mon équipe…
Je n’aime pas parler de moi et je n’aurais jamais eu l’idée d’écrire mes mémoires, même si nombre d’éditeurs me l’ont demandé. Je pense que je n’aurais même pas eu l’idée de faire ce disque et mon entourage a dû insister deux ans et demi avant que je ne dise oui. Mais attention : ce n’est pas un disque testament. C’est simplement l’histoire d’un homme et d’un chanteur et tout ce que je chante est authentique. Quant au livre, sachez qu’il n’y aura jamais une bio signée de moi.
D’abord parce que je n’ai pas de mémoire, puis parce que je ne suis pas passéiste et enfin parce que j’ai trop de projets pour m’appesantir sur moi et sur mon passé…
Vous avez toujours été fidèle à l’Olympia depuis vos débuts et voilà que vous allez faire la fête au Palais des Congrès !
Et alors ????
Il faut bien de temps en temps changer l’eau des églises !
Vous savez, je fais rarement ce qu’il est “normal” de faire ! Ne vous en faites pas, il y aura un Olympia ! C’est une salle plus intime où l’on se sent plus proche du public… Comme je le chante, “Il est à moi” (l’Olympia !)… Mais le Palais des Congrès est une très belle salle et j’avais envie de m’y installer… Voilà tout.
Satisfait ?
Satisfait !… Après tant d’années, arrivez-vous encore à surprendre le public ?
(Il rit). Difficile de faire parler botanique aux fleurs ! C’est au public qu’il faut poser cette question ! En tout cas, ce qui est formidable, c’est que le public, lui, continue à me surprendre. Il n’est pas toujours là où je l’attends, il fait un succès d’une chanson à laquelle je ne m’attendais pas… Et vice-versa. C’est mystérieux… Et c’est bien !

6 7 8
En tournée. Arrêt à Nice.

Avez-vous des exemples ?
“Et maintenant” que l’on a écrit très vite alors qu’on bloquait sur une chanson qui me tenait particulièrement à cœur. Si je ne me souviens même pas du titre de la première, la seconde a littéralement explosé en France et dans le monde entier sous le titre de “What now my love”, qu’ont chanté des tas d’artistes comme Petula Clark, Franck Sinatra, Elvis Presley, Sonny and Cher, Bob Dylan, Diana Ross, Johnny Mathis, Shirley Bassey, Sammy Davis, Marianne Faithfull, Barbra Streisand, Judy Garland, Nana Mouskouri
Pour rigoler et imiter les Platters, j’ai fait “Le jour où la pluie viendra” qui a été chantée par plein de chanteurs et a également fait le tour du monde et un énorme succès en Allemagne sous le titre de “Am tag als der regen kam” par Dalida qui l’a aussi enregistré en italien et en espagnol). Elle a d’ailleurs fait aussi un tube en Italie avec “Et maintenant” (Che mai faro) ainsi que Milva, Ricchi e Poveri. Sans compter les chanteurs français qui sont aussi nombreux. (On garde en mémoire les versions de Johnny ou encore de Grégory Lemarchal)
On ne fait pas des standards tous les matins et c’est ça l’intérêt du métier.
A propos de ces chansons qui ont fait le tour du monde, quelles sont vos versions préférées ?
Oh la colle !!!
D’abord, je ne dois pas les connaître toutes… Disons Sinatra, Petula Clark Elvis Presley… Pas mal le petit, belle voix !
Enfant, vous imaginiez-vous que vous deviendriez une star internationale ?
Petit, surtout dans le Midi, comme je le chante sur cet album, tout paraît possible…
J’ai toujours aimé la musique, j’ai fait des études classiques au conservatoire, donc, je savais déjà que ce serait la musique. Mais devenir chanteur et “vedette” comme on disait alors, a été un concours de circonstance. Organisant une fête pour les soldats alors que je faisais mon service militaire, je me suis mis à chanter en m’accompagnant au piano.
Et c’est parti comme ça !
Vous savez, quelquefois on choisit sa vie, son métier et quelquefois ce sont eux qui vous choisissent… C’est ce qui s’est passé”.

9

Ultime interview d’un artiste hors norme, hors du temps, qui a sans le savoir, ouvert la porte à toutes ces têtes de bois qui avaient un âge tendre lorsqu’il a débuté, qui est de toutes les époques et qui, aujourd’hui encore, nous surprendrait.
Aujourd’hui je regrette qu’on n’évoque pas Bécaud plus souvent. Il semble oublié et pourtant, il a donné ses lettres de noblesse à la chanson française dans le monde entier.
Petite anecdote : alors qu’il était déjà star, un tout jeune chanteur essayait de percer. Il était alors marié à une danseuse qui, fatiguée de ramer et de vivre avec un chanteur sans avenir, qui plus est, au caractère exécrable, alla travailler avec Bécaud.
Elle se nommait Janet Wollacoott et son mari était… Claude François !
Elle devint sa compagne, lui fit un enfant… Ce que Claude eut du mal à digérer et à pardonner, même si, finalement, il fit la paix avec la star lorsqu’il devint star lui-même… La rencontre eut lieu chez les Carpentier.
Mais ça… C’est une autre histoire !

Jacques Brachet



ANGELINE The new queen of the soul

1

Une tornade est passée sur Sanary
Un corps de sirène, un regard étincelant sous une mousse de cheveux, elle surgit sur scène sur des hapeaux de roues… et se poursuivra jusqu’au bout, nous laissant haletants, éblouis.
La tornade Angeline vient de passer, pour rendre hommage à Tina Turner.
Et comme elle le fait bien, sans pour autant lui ressembler car elle a sa propre voix, sa façon de danser à elle. Ni un sosie, ni un clone, ni une pâle copie, elle ressemblerait plutôt à Shirley Bassey, avec l’énergie de Tina.
Des tenues super sexy mais jamais vulgaires, qui mettent sa silhouette en valeur, une aisance et une grâce, aussi bien pour danser que pour entrer en contact avec le public qu’elle tient en main d’un bout à l’autre d’un show éblouissant, Angeline est une révélation.
Et pourtant, elle a déjà fait un long bout de chemin musical, surtout avec les autres.
Les autres qui se nomment Johnny, Sardou, Nicoletta, Farmer, Pagny, Montagné dont elle fut tour à tour choriste. Elle a prêté sa voix pour de nombreuses pubs, a fait des apparitions à la télé, a chanté, avec Catherine Ringer, le générique du film de Josiane Balasko «Un grand cri d’amour», elle était également dans la comédie musicale «Rocky Horror Show» et la voici qui se lance en solo, préparant un disque et une tournée.
Rencontre avec un phénomène à la voix exceptionnelle.

5 6

Angeline, comment êtes-vous arrivée à la chanson ?
Par hasard ! Je travaillais… au Ministère des finances, je suivais des cours de micro-économie !
On est loin de la chanson !
Pas tant que ça car, après les cours, je montais sur le bureau et je faisais le show pour les collègues.
Il faut dire que j’ai toujours chanté. Je suis née au Cameroun, ma mère est africaine et là-bas, tout le monde chante.
Et alors ?
Alors un soir mes collègues m’ont piégée en m’amenant dans un bar-concert. Ils avaient tout combiné et le directeur m’a demandé de chanter. Ça a très bien marché. Il voulait même que je continue. Dans la salle, il y avait un musicien, d’afro-jazz, Rido Bayonne, il fut bassiste de Dizzy Gillespie et de James Brown entre autre. Il était aussi camerounais et avait un orchestre. Il me proposa d’en devenir choriste. Je suis donc partie en tournée avec lui, j’ai commencé à rencontrer des gens dont l’un m’a branché sur Herbert Léonard. C’est donc le premier chanteur avec qui j’ai travaillé. Il y a eu aussi Pierre Vassiliu, puis il y a eu des tas de chanteurs pour qui je faisais la choriste en tournée ou en studio. Sylvie, Pagny, Farmer et bien d’autres.
J’ai aussi travaillé à la télé : « Nulle part ailleurs », « Tapis rouge », où j’accompagnais les chanteurs invités aux émissions.
Puis il y a eu Johnny
La première fois que j’ai joué avec Johnny, c’était au Stade de France, où le premier concert a été annulé pour cause de pluie et où le lendemain il a plu tout autant et nous avons pris une belle douche ! C’était très rock’n roll pour le coup ! Mais ce fut une bonne école car on doit travailler quel que soit le temps.
Mais avant Johnny, j’ai travaillé avec Nicoletta et le chœur gospel dans les églises.
Puis il y a eu Sardou
Oui, en alternance avec Johnny. Lorsque l’un ne chantait pas, je rejoignais l’autre.

2 3

Entretemps vous chantiez en solo ?
J’en avais l’idée, je suis auteur et compositrice, donc j’ai écrit des chansons mitigées rock et camerounais, ce que j’appelle du rock africain ! Avec mon orchestre on a fait des galas. On a même joué pour la Fête de l’Humanité ! Une tornade est passée sur Sanary
Un corps de sirène, un regard étincelant sous une mousse de cheveux, elle surgit des coulisse, sexy en diable et tout à coup une voix explose, et le spectacle démarre sur des chapeaux de roues… et se poursuivra jusqu’au bout, nous laissant haletants, éblouis.
Puis il y a eu Johnny
La première fois que j’ai joué avec Johnny, c’était au Stade de France, où le premier concert a élé annulé pour cause de pluie et où le lendemain il a plu tout autant et nous avons pris une belle douche ! C’était très rock’n roll pour le coup ! Mais ce fut une bonne école car on doit travailler quel que soit le temps.
Mais avant Johnny, j’ai travaillé avec Nicoletta et le chœur gospel dans les églises.
Puis il y a eu Sardou ?
Oui, en alternance avec Johnny. Lorsque l’un ne chantait pas, je rejoignais l’autre.
Entretemps vous chantiez en solo ?
J’en avais l’idée, je suis auteur et compositrice, donc j’ai écrit des chansons mitigées Rock et camerounais, ce que j’appelle du rock africain ! Avec mon orchestre on a fait des galas. On a même joué pour la Fête de l’Humanité ! C’est là que j’ai été sélectionnée pour le stade de France. Il y a même Jean-Louis Foulquier venu me voir, qui voulait nous écouter en «live» pour les Francofollies mais ça n’a pas pu se faire.
Et Tina Turner alors ?
J’ai une grande admiration, autant pour la chanteuse que pour la femme qui a eu une vie incroyable, pas de tout repos, et une carrière formidable. Une femme belle, courageuse. J’avais envie de lui rendre hommage et surtout d’intervenir entre deux chansons pour raconter sa vie et le choix de ses chansons. Car elle n’a pas eu que des tubes originaux. Je voulais que les jeunes génération connaissent son parcours.
Vous écrivez des chansons. Quand allez-vous  les chanter ?
Je vais commencer à en glisser une ou deux dans mon show Tina, pour le faire évoluer, et j’espère qu’avec Jacky Lacomba, producteur de «Atout Scène Production» avec qui je travaille, on va arriver à faire un disque. J’ai aussi, dans un tout autre genre, écrit un conte musical ! J’ai créé un orchestre What’s love, d’après un titre de Tina Turner «What’s love to do with it».
Vous avez aussi enregistré beaucoup de voix off pour des pub…
Oui, toujours au hasard des rencontres. C’’est intéressant à faire car il ne suffit pas de chanter la chanson, il faut être synchro avec les images et j’aime beaucoup faire ça.
En voix off encore, vous avez enregistré le générique du film de Josiane Balasko : «Un grand cri d’amour» et pas avec n’importe qui : Catherine Ringer !
Oui, c’est un grand souvenir, tant Catherine est simple, gentille, adorable, pleine d’humour. C’est une très belle rencontre. On lui a proposé de chanter le générique et j’ai été choisie pour chanter avec elle.

4

Lorsqu’on voit votre show si plein d’énergie, on se dit qu’à la sortie de scène vous devez être épuisée !
Même pas ! D’abord, cette énergie, je l’ai en moi et le public est tellement à fond qu’il la centuple. A la sortie, je suis heureuse, j’ai une pêche pas possible !»

Jacques Brachet