Archives mensuelles : juillet 2021

Sanary sous les étoiles
Les belles rencontres de Natasha Saint-Pier

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Bleu regard lumineux, sourire éclatant, Natasha Saint-Pier arrive à Sanary avec Bixente son petit bout de chou qui ne la quitte pas une seconde.
Retrouvailles avec cette belle chanteuse à la voix d’or née au Canada, vivant en France. Et c’est avec une grande gentillesse que nous allons parler de ses rencontres qui ont fait qu’en plus de 20 ans, elle s’est façonnée une carrière riche et originale.

«J’ai démarré au Canada en 95. J’avais alors 14 ans et mon premier disque s’intitulait «Émergence». Ma première rencontre importante a donc été le producteur Steve Barakatt qui m’a proposé d’enregistrer ce disque. Pour moi, qui aimais chanter depuis déjà longtemps, cela m’a semblé tout naturel. J’avais une amie, qui pratiquait  le haut niveau, j’étais entourée de gens qui réussissaient. Naïve, je trouvais donc que c’était normal que moi aussi je réussisse !
Et puis il y a eu «Notre-Dame de Paris»
J’avais 17 ans. C’est Guy Cloutier qui m’a proposé le rôle de Fleur de Lys que j’ai donc chanté en français au Canada et en anglais en Angleterre. Mais, malgré ce qu’on a pu écrire ou dire, je n’ai jamais joué le rôle en France.
C’est pourtant grâce à ça que tu viens en France et que tu rencontres Robert Goldman, le frère de Jean-Jacques.
Oui, je préparais mon nouvel album et je voulais une chanson qui soit typiquement française. Robert, qui était ami avec mon producteur, m’a proposé «Je n’ai que mon âme ». Il se trouve que la chanson a été choisie pour représenter la France au 46ème concours Eurovision, à Copenhague en 2001. Je suis arrivée 4ème.
Autre rencontre importante : Pascal Obispo
Nous nous sommes rencontrés pour l’album «De l’amour, le mieux». C’était un an après l’Eurovision. Très vite une grande amitié est née entre nous et nous ne nous sommes plus quittés. Il a participé à presque tous mes albums. Nous travaillons souvent ensemble. Nous sommes devenus un vrai tandem qui fonctionne bien. Je l’inspire, me dit-il !

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Natasha St Pier entourée de Miguel Bose et Pascal Obispo

Justement, comment travailles-tu avec lui ?
On se voit souvent, je lui parle de ma vie, je lui raconte beaucoup de choses car je lui fais totalement confiance. C’est ainsi qu’il s’inspire de ce que je lui confie. Et à chaque fois il tombe juste. Centaines fois, il a l’idée d’un thème, d’un événement dont il a été témoin.
Alors, rencontre inattendue : le chanteur espagnol Miguel Bose !
Je vais souvent chanter en Espagne et en 2002, j’ai voulu enregistrer trois chansons en espagnol  dont «Tu trouveras», devenu «Encontras» et je voulais la chanter en duo avec un chanteur espagnol. Miguel Bose a été d’accord pour faire ce duo avec moi. Nous avons fait une tournée promo ensemble en Espagne et lorsque je vais là-bas, je la chante toujours.
Et il y a eu… Johnny !
Oui, c’est lui qui m’a proposé de faire un duo avec lui au Stade de France. C’était en 2003. Il a choisi «J’oublierai ton nom»
Quel effet cela fait-il de se retrouver sur scène avec l’idole ?
J’étais très impressionnée et pas seulement par Johnny qui a été adorable mais surtout par cette énorme machinerie qui se déploie autour de lui, par ce public frénétique énorme qu’il déplace. C’est très impressionnant de chanter dans un tel lieu avec autant de monde. J’avoue que c’était plus impressionnant que Johnny lui-même !
Il y a aussi l’aventure de la comédie musicale «Don Juan»
Ça, c’est un très bon souvenir, j’ai adoré cette comédie musicale qui n’a pas eu le succès mérité en France. J’ai beaucoup aimé travailler avec Félix Gray qui est un artiste talentueux et un homme adorable. J’avais le rôle d’Elvira, un personnage très torturé que j’ai trouvé passionnant à jouer.
Et puis, je retrouvais le metteur en scène de mes débuts, Gilles Maheux avec qui j’avais travaillé sur «Notre-Dame de Paris». Entretemps, j’avais mûri, évolué et je me suis sentie totalement à l’aise. J’avais pris de l’assurance, confiance à moi. Ça a té une belle aventure et un joli moment de ma carrière.

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Autre belle aventure : «Thérèse, vivre d’amour»
Là encore une belle histoire. C’est Grégoire qui a mis en musique des poèmes de Sainte Thérèse de Lisieux et qui me l’a proposée. Nous avons fait un premier album, puis un second et je suis partie en tournée dans les églises. Tournée hélas qui s’est arrêtée suite au Covid mais nous allons essayer de récupérer les dates à la rentrée et repartir en tournée.
Chanter dans les églises, c’était une nouvelle expérience ?
Oui et une expérience formidable, d’abord parce qu’on est très près du public, en toute intimité avec un piano et des cordes, c’est une écoute tout à fait différente. Ce qui se passe est très émouvant, que le public soit chrétien ou pas.
Et avec ce disque, c’était une occasion de chanter avec Anggun…
Ma rencontre avec Anggun date de beaucoup plus loin. Nous nous connaissons depuis des années, nous avion très envie de chanter ensemble. Mais le moment ne s’était jamais présenté. Et là, cela devenait évident. Anggun fait partie de mes amies et Dieu sait que dans ce métier nous n’en avons pas beaucoup !
Au milieu de toutes ces aventures, tu as aussi été animatrice radio, tu as présenté une émission de télé et tu as même été comédienne !
Comédienne est un très grand mot. J’ai modestement participé en tant que guest à la série «Seconde chance»
J’ai toujours aimé tenter des choses nouvelles, je suis curieuse de découvrir, d’apprendre, de foncer dans quelque chose de nouveau, quitte à me planter. Mais j’adore qu’on me fasse des propositions originales, inattendues.

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Et tu t’es déjà plantée ?
Je touche du bois, pour l’instant pas encore !
Tu as également été jurée de «The voice»… Belgique. Pourquoi la Belgique ?
Tout simplement parce qu’on me l’a proposé ! Il se trouve que j’adore la Belgique qui me fait beaucoup penser au Canada. J’aime aussi beaucoup le peuple belge. Je garde un très bon souvenir de ces deux années. Il y avait une belle équipe et j’ai découvert de beaux artistes. J’ai d’ailleurs gardé quelques contacts avec des participants et avec l’équipe.
Née au Canada, vivant en France, de quel pays es-tu la proche ?
C’est vrai, je suis née au Canada et j’y ai vécu 17 ans. Puis je suis venue en France. J’ai aujourd’hui 40 ans donc j’ai plus d’années passées en France. Il se trouve que mon fils est né en France et que nous y vivons. Par la vie de tous les jours et par l’école, il a appris à y vivre. Mais de mon côté, je lui parle beaucoup du Canada, je lui en apprends l’Histoire. Mais j’ai gardé ma nationalité canadienne.
Le Canada, ça reste mes racines.»

Retrouvant son fils qui s’impatiente, Natasha part se préparer pour monter sur scène.
Elle réapparait en jolie robe printanière et une fois sur scène, accompagnée de l’orchestre de Richard Gardet, elle va nous offrir un spectacle à la fois énergique mais avec de jolis moments d’émotion lorsqu’elle chante un extrait de «Thérèse», «Aimer c’est tout donner», qu’elle dédie une chanson à son fils Bixente qui, sur les marches des coulisses, ne perd pas de vue sa maman, et puis elle nous parle de son pays, de l’Acadie, du Nouveau Brunswick où elle est née, elle reprend «Les Acadiens» de Fugain, «Travailler c’est trop dur» de Zachary Richard, mais aussi un chant tribal en acadien ou encore «Cap Enragé»… Bien sûr, on retrouve les succès qui ont jalonné sa carrière comme «Je n’ai que mon âme», «Tu trouveras», «Si on devait mourir demain»,  une reprise tout en énergie de «Tandem» de Vanessa Paradis, qui a été, dit(elle, sa première chanson coup de cœur lorsqu’elle est arrivée en France. Elle nous offre aussi une chanson country en anglais et, bouquet final, «My way», accompagnée à la trompette par Richard Gardet… Superbe !

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Ce fut un beau concert avec une petite déception du public car Natasha s’est très vite éclipsée sans s’approcher de lui pour les rituelles dédicaces. Mais on peut le comprendre lorsqu’on vit toujours à l’ombre de cette pandémie qui nous guette chaque jour.
Belle soirée sous les étoiles

Jacques Brachet
Photos Patrick Carpentier


La Ciotat – Festival «Musique en vacances»
Amaury VASSILI, le nouveau rockmantique

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Depuis 26 ans, Roland Decherchi, président de l’AMEI (Association Méditerranéenne d’Échanges Internationaux) et sa belle équipe, organisent le festival «Musiques en vacances», nous proposant de grandes pointures de la musique classique, du jazz, du gospel, de la variété.
Cette année encore, le programme était fastueux, malgré tous les ennuis qu’ont pu causer ce Covid qui s’incruste et met en péril spectacles, manifestations, festivals.
Le festival a eu lieu avec succès, se terminant en feu d’artifice avec Amaury Vassili, l’un des plus jeunes et plus prometteurs ténors de sa génération.
Heureux donc de retrouver ce magnifique chanteur avec qui, au fil des ans et des disques, nous avons tissé des liens amicaux.
Heureux, lui aussi, de recommencer à pouvoir chanter devant un public et c’est donc dans ce magnifique écrin de la Chaudronnerie que je le retrouve en pleine répétition car c’est son premier concert de la saison, et il est accompagné pour la première fois de Dominique Spagnolo, avec qui il a réalisé son dernier disque, qui s’installe sur ce piano extraordinaire, véritable œuvre d’art qui suit Amaury en tournée.
Consciencieusement, c’est pendant plus de deux heures qu’il répètera, dix, quinze fois, une note, une mélodie, un passage… qu’il rejouera plus tard devant une salle pleine et émerveillée par cette voix unique, ce physique on ne peut plus romantique et un répertoire qui le fera passer du pop au classique tant il peut tout chanter.
Selon un mot inventé par l’amie Catherine Lara, Amaury est un chanteur «rockmantique» dans son costume noir et or duquel il parait sorti d’un conte de Grimm.

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Ainsi, durant près de deux heures, il passera de «Smile» de Chaplin aux «Moulins de mon cœur» de Legrand, de «Love story» de Francis Lai au «Parrain» de Nino Rota, de «Con te partiro» de Boccelli à «Caruso» de Lucio Dalla, de Mike Brant à Slimane qui, impressionné par sa voix, lui a écrit plusieurs chansons, de «My way» à «Fragilé» version tirée de «La pathétique» de Beethoven rendue célèbre par Louise Tucker en anglais et Michèle Torr en français sous le titre «Midnight blue»
Et pour finir en beauté, il revient avec «Alléluia» de Léonard Cohen et «L’hymne à l’amour» de Piaf.
Il chante en français, en italien, en anglais.
C’est de la haute voltige, sa voix ample et belle semblant sortir tout naturellement, avec une facilité déconcertant pour accrocher les notes les plus hautes. Et le public lui a fait une ovation bien mérité.
Voilà un festival qui ne pouvait pas mieux se terminer.
Saluons au passage la superbe équipe de bénévoles de l’ami Roland qui fournissent un travail de folie, «dans la joie et la bonne humeur» et aussi l’amitié qui les lie depuis tant d’années pour certains, nous offrant chaque année un festival de haute qualité. Merci de leur accueil.

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Et Anatoli entra dans sa vie
Entre la répétition et le repas, on a tout juste  temps de parler de ce nouvel album qui vient de sortir «Crescendo» et de son nouveau rôle depuis un mois : celui de papa !
Du coup, par faute de temps, nous avons terminé l’interview par téléphone et là… On a pris le temps !
«Amaury, voici donc ce nouvel album, enregistré durant cet enfermement obligatoire.
Tout d’abord, pourquoi ce titre «Crescendo» ?
Nous cherchions un titre évocateur, à la fois moderne et classique et la chanson n’était pas encore écrite. Ce mot est pour moi symbolique car c’est une évolution dans ma carrière. J’aime me sentir évoluer et c’était la première fois que je produisais un disque de bout en bout. Ce qui est aussi symbolique c’est de retrouver Dominique Spagnolo avec qui j’avais fait mon premier album «Vincero». Nous avons donc enregistré ce disque entre la France et la Macédoine, puisque nous avons trouvé un orchestre symphonique de quelque 50 musiciens qui enregistraient dans un studio à Skopje et avec Dominique nous coordonnions tout de son studio.

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Ce n’est pas un peu compliqué, un peu frustrant d’être si loin ?
En fait non. D’abord c’était une obligation que de travailler par skype et ça a donné une surprenante énergie musicale. C’était intéressant et de plus, nous n’étions que tous les deux dans le studio et nous nous consacrions seulement à la précision de l’enregistrement. Il n’y avait pas de parasite entre nous.
C’était finalement encore plus pro, plus exigeant, plus précis. Lorsqu’on est entouré de musiciens c’est très agréable mais on est toujours perturbé par quelque chose, alors que là nous étions très concentrés, très à l’écoute. Du coup, on a avancé très vite. En un mois et demi tout était enregistré.
Et la communication, comment se faisait-elle ?
En Anglais. Ça n’a posé aucun problème.
Retrouver Dominique Spagnolol après dix ans, quel effet ça fait ?
Déjà, ça c’est fait par hasard, grâce à un ami commun, car nous nous étions un peu perdus de vue. Pourtant, lorsqu’on s’est rencontré la première fois, nous étions tous deux débutants… En pleine croissance ! Il était mon premier violon. C’est lui qui avait écrit les arrangements de la chanson «Alléluia». Cet ami lui a envoyé un message, il a repris contact avec moi et nous avons eu envie de retravailler ensemble sur l’album de Noël que je préparais… et qui n’a pu se terminer à cause du Covid*. Du coup, nous nous sommes lancés dans cet album intermédiaire car je voulais sortir quelque chose au printemps… Et l’album de Noël n’était pas vraiment d’actualité !
Comment as-tu choisi tes chansons ?
J’ai toujours une petite liste de chansons que j’aime et que j’aimerais chanter dans mon téléphone. Chaque fois que je pense à une chanson, je la note. Il y avait des chansons coups de cœur auxquelles je pensais comme «The prayer» que chantent Céline Dion et Boccelli. «Maria» de «West Side Story», un incontournable pour moi, comme la chanson du film «Gladiator» devenue l’hymne du club de foot de Liverpool «You’ll never walk alone» «Vivro per lei». Et puis est venue une proposition de mon label : une vieille chanson qui fut un chant des partisans devenu un phénomène mondial grâce à sa reprise dans la série «La casa del papel» : «Bella Ciao». Il y en a de nombreuses versions de par le monde mais pas une en version totalement symphonique.
J’ai également voulu me faire plaisir en reprenant une chanson de Bocelli que j’adore mais qui n’est pas un de ses gros succès : «Romanza». C’est mon coup de cœur et je voulais la faire découvrir au public.
Il y a quelques duos mais à part Chimène Badi, les autres chanteurs sont moins connus.
Je ne veux pas faire de duos avec des stars juste pour que le disque se vende. Alors bien sûr, il y Chimène avec qui je suis ami depuis longtemps, depuis 20 ans exactement où, lors de mon premier Olympia, alors qu’elle était disque de diamant, elle avait accepté avec enthousiasme de faire un duo avec moi, ce qui était pour moi inespéré et incroyable. Nous rencontrant dans un studio TV , je lui propose une chanson et pas la moindre : «The prayer». Elle était emballée et pourtant doutait en me disant que c’était un challenge pour elle. Je l’ai rassurée en lui disant que ça l’était autant pour moi. Et ça a marché !
Davide Esposito, je trouve son écriture géniale et ses mélodies qui m’emportent. Il m’avait proposé quelques chansons et sur Internet je retrouve par hasard un duo que nous avions fait en 2012 mais qui n’était jamais sorti, ni chez moi, ni chez lui : «Nord». Dix ans plus tard, nous l’avons réenregistrée en version symphonique.
Coralie Ouatmani, , c’est une jeune chanteuse que j’ai découverte lors d’un concert à Rouen. Je lui avais proposé de faire «Vivro per lei» avec moi. Quand j’ai voulu la reprendre sur le disque, autour de moi on pensait que j’allais demander à Hélène Ségara. Mais je me demandais, après le succès avec Boccelli qui en a fait une star, si ça lui dirait. Et puis j’ai pensé à Coralie et ça me permettait de lui donner une chance comme Boccelli l’avait fait avec Hélène.

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Après avoir fait ce disque symphonique, quel effet cela te fait d’être sur scène en piano-voix ?
C’est tout-à-fait différent car avec un orchestre, on est emporté par les musiciens, on est porté par les orchestrations, on a une telle joie qu’on peut être moins attentif. En piano-voix, l’exigence reste la même mais on ne peut pas se cacher derrière l’orchestre, on ne peut pas cacher voix, c’est un vrai duo, il faut y aller, rester très précis et beaucoup plus attentif. Comme son nom l’indique, il n’y a qu’une voix accompagnée d’un piano, ce doit être plus brut, plus efficace. Il ne peut pas y avoir d’à peu près. De toute façon, on ne chante pas de la même manière dans un théâtre et en plein air, dans une salle ou une église, avec un orchestre ou avec un piano. Il faut savoir s’adapter
Alors, grand événement pour toi : tu as un petit bébé depuis un mois… Ça change la vie, non ?
Oui, et pour beaucoup de raisons : d’abord on est responsable d’un être.
Le plaisir égoïste d’être sur scène donne du bonheur. L’attention se porte sur soi et tout à coup celle-ci se transfère sur cette chose si précieuse qu’est un enfant.
Alors c’est vrai, un fils de chanteur est amené à voir partir son père ou sa mère. J’essaie d’être là le plus possible, de revenir plus vite plutôt que de passer une nuit à l’hôtel …
Tu as choisi Anatoli comme prénom, un prénom russe comme le tien, Vassili. Y a-t-il de la descendance russe dans ta famille ?
Pas du tout ! C’’est ma mère qui avait la passion des prénoms exotiques  et c’est ainsi que je me prénomme Amaury Vassili ! Avec ma compagne, on a eu envie de continuer dans ce sens-là. Anatoli, c’est la version russe d’Anatole, prénom qui revient à la mode. Mais avec Stéphanie, nous ne voulions pas un prénom banal. Nous avons donc choisi ce prénom car ça évoque une belle région de Turquie et que c’est le prénom de Karpov, grand champion d’échecs !
Toute la famille a adoré !»

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A gauche : Dominique Spagnolo

Propos recueillis par Jacques Brachet

Jacques Brachet
Photos Didier Carpentier
*L’album de Noël sortira… à Noël prochain !
A noter : Vassili passera à «Sanary sous les étoiles» le 5 juillet et le 21 décembre à la Garde


Sanary sous les étoiles : The Rotophonics en concert

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 «Return to the Motown» avec «The Rotophonics»

Retrouver l’esprit de La Motown ….. Voyager dans le temps …
Retouvez «The Rotophonics en concert,» en hommage aux formations musicales américaines des années 60 et 70 et aux grandes heures de la Motown et de la soul music.

Pour retrouver l’esprit musical des concerts mythiques de Marvin Gaye, Otis Redding, Ben E King Ray Charles et de nombreux autres artistes des années 1959 à 1972. Les Rotophonicsont choisi d’utiliser sur scène des instruments aussi légendaires que le mythique orgue Hammond B3 et sa cabine Leslie, le piano Fender Rhodes , les guitares Fender ou Gibson … qui restituent des sonorité si particulières et si familières et qui associées à des tenues de scène noires et blanches vous permettront de vivre le ressenti des spectateurs qui découvraient cette nouvelle musique.
Retrouvez des tubes suaves ou énergiques tels que : «Stand By Me», «Let’s stay together», «My girl», «Ain’t no sunshine», «Compared to What»… lors d’un concert exceptionnel à «Sanary sous les étoiles», samedi « & juillet à 21h30.


Sanary sous les étoiles Une chasse à l’homme déconcertante

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«Sanary sous les étoiles» c’est habituellement de la musique, du jazz, du rock, de la variété.
Pour la première fois, l’on nous propose une pièce de théâtre : «Chasse à l’homme», une pièce de boulevard où, comme le veut la tradition, les portes claquent, les quiproquos  s’enchaînent et les placardssont toujours encombrés par un personnage.
Ce n’est pas du Molière, encore moins du Duras, mais une pièce rigolote concoctée par trois auteurs : Colette Kraffe, Fabien Martin et Caroline Santini.
Vous avez vu «Tanguy» ? C’est le même principe, sauf que là, c’est la mère, Jeanne (Valérie Mairesse) qui s’incruste chez sa fille Charlotte (Caroline Santini) et qui vit à ses crochets, qui cherche un homme sur les réseaux sociaux et qui va le trouver mais dont la fille va tomber amoureuse avant de se rendre compte qu’ils demi-frère et sœur.
Ce n’est pas un hasard si Christian (Thomas Lempire) est là : c’est son père qui l’envoie pour récupérer l’argent de sa femme. S’ensuivent des situations burlesques qui font qu’on perd un peu le fil de l’histoire.

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Trois comédiens qui crient et gesticulent et s’en donnent à cœur joie.
Mais même si quelquefois ils crient très fort, ça ne couvre pas les clacksons, les bruits de moteur de voitures et motos qui passent tout à côté de l’esplanade.
Lorsque ce sont des concerts, la musique passe au-dessus de toutes ces nuisances mais sans musique celles-ci sont terriblement gênantes. Le lieu n’est pas fait pour le théâtre et c’est dommage. Sans compter le vent qui, durant les répétitions, a fait tomber un pan du décor dans un grand fracas. Heureusement personne n’était dessous !
Après, comme nombre de spectacles, un «arrêt maladie» qui a duré plus d’un an, Sanary était leur reprise et nos consciencieux comédiens ont dû faire un filage  pour se remettre texte et situations en adéquation.
Du coup, ils sont passés de la répet’ au spectacle, sans espoir de rencontre.
Ce n’était pas le public des grands jours, la pièce étant le seul spectacle payant de la saison, ce qui n’est pas habituel, mais ceux qui étaient venus ont bien ri.
Et c’est là l’essentiel.

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jacques Brachet



Sanary sous les étoiles Joyce JONATHAN
un vent de fraîcheur dans la canicule

2Joyce Jonathan arrive toute belle, toute souriante, toute simple, regard lumineux, dit bonjour à tout le monde, ce qui devient rare aujourd’hui chez la jeune génération de chanteurs.
On est aussitôt sous le charme de cette jeune chanteuse qui, voici plus de dix ans, était venue chanter, toute timide à Sanary. Elle devait avoir seize ans, débutait alors et voici qu’aujourd’hui c’est une artiste accomplie qui a gardé le charme et la simplicité de ses débuts.

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Malgré une écrasante chaleur, elle va consciencieusement répéter avant de m’offrir un moment d’entretien, ce qui se fait aussi rare de nos jours.
Dans l’intimité d’un joli salon concocté par la belle équipe de Serge Loigne et de Noël Lebrethon dit «Nono», respectivement directeur et président de Sanary Animation, et de leur équipe de choc, qui nous offrent chaque année deux mois de concerts sous les étoiles, nous nous installons dans ce joli cocon.
«Joyce, question hélas devenue aujourd’hui traditionnelle : comment avez-vous vécu ce confinement ?
Je crois que nous avons tous eu le même ressenti. Tout d’abord ça a été de l’incompréhension, puis la déception de tout devoir annuler et cette incertitude de ne pas savoir où on allait, surtout lorsque le second confinement a été déclaré. Là, ça a commencé à être très long.
Par contre, dans ma vie personnelle, ça s’est mieux passé car j’étais enceinte !
D’un autre côté, ça nous a rapprochés de la terre, de la nature et de la réalité de la vie.
Mais le plus difficile a été le manque de concerts et de public. Ça a duré trop longtemps… Et j’espère de tout cœur que ça ne va pas recommencer car retrouver le public, après la frustration, ça a été le bonheur.
Et vous, qu’avez-vous fait durant cet enfermement ?
J’ai beaucoup travaillé, j’ai réalisé à la maison la moitié de mon album qui paraîtra en fin d’année.
J’ai pu aussi enregistrer quelques chansons lorsque les studios étaient restés ouverts. Comme je suis très perfectionniste, j’ai revu et corrigé toutes mes chansons, j’ai eu le temps de les peaufiner.
Alors, lorsqu’on a une licence de psychologie, comment devient-on chanteuse ?
La chanson est arrivée bien avant les études car j’ai toujours voulu chanter. D’ailleurs, j’ai longtemps, naïvement, cherché à savoir si l’on pouvait passer un bac en chanson ! Du coup, je suis allée jusqu’au bac, en parallèle j’ai appris à écrire, à jouer de la musique et à passer une licence en psychologie. J’ai réussi mon diplôme et en même temps j’ai cherché sur Internet une maison de disques que j’ai trouvé : My Major Compagny.

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Du coup, plus de psycho ?
Je dois avouer que depuis, j’ai complétement oublié d’aller chercher mon diplôme ! Mais comme j’ai très envie de me lancer dans une maîtrise, il va falloir que j’y pense !
Vous croyez que vous en aurez le temps ?
Vous savez, si l’on voit toujours le bon côté de ce métier de chanteuses, les gens ne voient pas le côté coulisses. On est souvent en attente, on passe du temps sur les routes, on arrive dans une ville, on fait les balances et puis on se retrouve souvent à l’hôtel, à attendre l’heure du concert. Il faut meubler ce temps. Et justement, lorsqu’on passe des heures en voiture, en train, en avion, il faut faire quelque chose. En voyage, sur les routes, je bosse mes chansons, j’en écoute beaucoup, je suis très investie, je donne mon avis. Je regarde aussi des séries. Je me souviens que lorsque j’ai fait ma tournée en Algérie, je me passionnais pour «Downton Abbey». J’étais accro, je n’arrivais pas à la lâcher. Dès ma sortie de scène je la retrouvais !
Vous préférez ça plutôt que de visiter une ville, un pays ?
Là justement, on n’a pas assez de temps. Mais j’ai par contre beaucoup visité la Chine.
A ce propos, vous vivez avec elle une belle histoire d’amour !
Oui, et ça dure depuis dix ans ! Il se trouve que mes parents parlent chinois et j’ai appris le mandarin. Du coup j’ai enregistré un disque dans cette langue qui a beaucoup marché et qui marche toujours. Depuis dix ans je vais là-bas une fois par an. Hélas, avec le Covid, les frontières sont fermées et depuis, je n’y suis plus allée. Ça me manque.

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Vous êtes chanteuse, auteure, compositrice et de temps en temps comédienne…
Oui, je pense que toutes ces disciplines  se rejoignent, je fais de la scène depuis plus de dix ans, j’ai fait des clips,d onc j’ai l’habitude des caméras, des micros.
A ce propos, vous avez écrit les paroles de la chanson générique de la série «Demain nous appartient» et vous y avez même joué. Comment se fait-il que ce soit Lou qui chante le générique et pas vous ?
Lorsque la série a été créée, la production cherchait une chanson pour le générique, qui serait chantée par une des comédiennes phare de la série. Avec Lou Jean qui a écrit la musique, nous avons présenté la chanson et c’est celle-ci qui a été retenue. C’est Lou qui a été choisie pour la chanter car dans la série elle joue le rôle d’une jeune chanteuse. Du coup, on m’a proposé un rôle dans la série.
J’ai ainsi découvert une ville superbe, Sète, la patrie de Brassens.
Mais pas un rôle récurrent !
Non, c’était juste un passage. Mais je ne me considère pas encore comme une comédienne, même si cela me plaît. J’ai fait des apparitions dans «Nos chers voisins», «Scènes de ménages», «Plus belle la vie» et j’ai également joué dans «Meurtre en Moselle». Mais pour le moment je suis juste un petit moustique !
Il y a aussi quelque chose que vous aimez : les duos.
Oui, ce sont de jolis moments de rencontres et j’aime travailler avec des artistes aussi différents que Vianney, Adamo, Ycare, Lama, Emmanuel Moire…
De toutes vos rencontres, quelles sont les plus marquantes ?
Difficile question mais il y a bien sûr Louis Bertignac qui a collaboré à mon premier album, avec qui j’ai été co-coach sur «The voice». Nous sommes très soudés. Il y a évidemment Vianney avec qui j’ai chanté «Les filles d’aujourd’hui» et que je chante sur scène. Il y a bien sûr Michaël Goldman (le fils de…) qui a créé My Major Compagny et qui a produit mon premie disquer. Tout est parti de lui. Et puis, une nouvelle belle rencontre : Ibrahim Maalouf avec qui je travaille sur mon prochain disque».

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Avec Joyce Jonathan, on pourrait parler des heures tant déjà, sa jeune carrière est riche en événements, en rencontres. Mais l’heure tourne, il faut qu’elle se prépare à monter sur scène.
Et la voici, dans une adorable robe à fleur, guitare à la main où, durant plus d’une heure, elle va nous enchanter avec sa voix cristalline et des succès  qui jalonnent déjà sa jeune carrière : «Ça ira», «Sur mes gardes», «Les p’tites jolie choses», «Les filles d’aujourd’hui», «Bottero» qu’elle a écrit et chanter avec Ycare…
Les textes sont ciselés, les musiques souvent entraînantes, Joyce passe de la guitare au clavier, se permet deux chansons en anglais qui envoient, deux reprises : «Emmenez-moi» d’Aznavour, «Il jouait du piano debout» de Berger-Gall… Elle a avec le public une belle complicité avec qui elle parle, le tout accompagné de l’efficace orchestre de Richard Gardet et ses deux superbes choristes.
Après le spectacle, en quelques minutes elle s’est retrouvée derrière les barrières où les fans se sont repus de dédicaces et de selfies.
Joyce a fait passer un vent de fraîcheur dans cette canicule estivale. C’était tout simplement un très beau moment.

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Jacques Brachet


Six-Fours – Jean-Christophe SPINOSI : Tempête à la Collégiale

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Ce mercredi 21 juillet, la tempête a fait trembler les murs de la Collégiale grâce à Jean-Christophe Spinosi, notre magnifique chef d’orchestre, violoniste et directeur de l’Ensemble Matheus, devenu depuis huit ans incontournable de ce festival estival.
Invité à assister à la répétition de la soirée  intitulée «Tempête et fureur», c’est dans la fraîcheur (et les moustiques !) de la Collégiale que j’ai eu l’immense joie de voir travailler ce magnifique artiste que j’ai plaisir à retrouver chaque année.
Car c’est passionnant de voir naître une œuvre qui, à force de répétitions, sera le soir-même une performance sans faille brillantissime.
«Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage», écrivait Boileau et c’est ce que font tous ces beaux artistes sous la baguette du maître, concentré, à l’écoute de chacun d’eux, reprenant un passage, un mouvement, trois notes jusqu’à l’accord parfait.
Rien ne lui échappe et c’est quelquefois cinq, dix fois, qu’ils recommencent pour être au plus proche de l’œuvre.
Perfectionniste, c’est avec patience et passion, avec énergie, sans jamais une once d’énervement, avec le sourire et l’humour, la joie et la sérénité qu’il prépare ce concert, et surtout le plaisir de retrouver le soir un public qui a manqué à tous.
Après la répétition, c’est sur un banc de pierre, sous un mûrier qui nous lâche au passage quelques fruits et face à un superbe paysage, que Jean-Christophe m’accorde un moment malgré un travail intense de dernière minute.

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« Jean-Christophe, comment un artiste comme toi qui passe de théâtres en salles de concerts, d’un pays à l’autre, vit-il le confinement ?
Comme tout le monde : mal ! Ça a été très violent.
Mais je ne suis pas resté sans rien faire, j’en ai profité pour travailler à la «rénovation» de l’Ensemble, essayer des choses, d’autres possibilités, en essayant de garder le contact avec le public avec d’autres moyens de communication. Nous avons joué en streamer, nous avons aussi réalisé une série de courts métrages musicaux que j’espère pouvoir sortir. On a fait ce qu’on a pu pour garder le contact avec le public qui nous a beaucoup manqué.
Les retrouvailles avec le public…
Elles se sont réalisées il y a un mois avec une série de trois concerts à Berlin avec l’orchestre philharmonique de Berlin que j’ai dirigé. Tu ne peux pas savoir le plaisir de retrouver le public après tant de mois de frustration. C’était très émouvant, très beau… Un alignement de planètes incroyable !
Est-ce que ça a changé quelque chose ?
On a retrouvé la joie mais en même temps aujourd’hui, on relativise chaque concert, chaque note, on est à nouveau vivant, concret et on s’émerveille. Retrouver la Collégiale a été un beau moment, comme le seront les concerts que nous allons donner à Uzès, à St Rémy de Provence, en Corse…
A chaque concert, c’est une nouvelle bouffée d’oxygène.

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Parle-moi de ces trois concerts donnés à la Collégiale…
Le premier est ce qu’on appelle aujourd’hui une battle ! C’était en fait une bataille de duos dont le sujet était grave-aigu, ténor-contre-ténor, avec José Coca Lozza, basse et Filippo Mineccia, contre-ténor. Ils se sont battus sur des duos de Vivaldi et Haendel. C’était plein de joie, de verve, d’énergie… et de défis ! Disons que c’était à la fois original et sportif !
Le second de ce soir s’intitule «Tempête et fureur», le sujet étant évidemment la tempête et l’on y découvrira une immense soprano, Sandrine Piau qui n’est jamais venue à Six-Fours mais avec qui j’ai déjà fait des concerts et un enregistrement. Elle vit aujourd’hui à Marseille. C’est un concert voix-instruments,  et l’on se retrouve au milieu de la tourmente qui emporte tout. C’est, je dirais «une météo musicale et tourmentée» !
Tu utilises une drôle de machine : une roue mue par une manivelle qui fait un bruit d’enfer !
C’est la machine à vent que l’on utilisait à cette époque. J’ai trouvé que c’était original de ressortir un tel instrument et c’est plus poétique que d’utiliser cette mécanique plutôt que des sons faits avec des machines d’aujourd’hui, d’autant que le thème est la tempête.
Tu sais qu’on utilisait beaucoup le mot «tempête» à cette époque. Par exemple, lorsqu’on avait un mal de tête, on disait qu’on avait une tempête dans la tête. On utilisait alors beaucoup de paraboles.

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Et donc, la troisième soirée ?
Je l’ai intitulée «Une soirée chez les Mozart» où se retrouve Mozart, son père Léopold, Boccherini. Une soirée musicale  durant laquelle une comédienne, Lina Bréban, lira des lettres, tirées de la correspondance de Mozart.
J’ai entendu dire qu’en dehors de ce festival, tu allais t’investir dans la ville de Six-Fours ?
C’est vrai, il y a des projets. Le maire, Jean-Sébastien Vialatte, voudrait développer la musique classique qui, dit-il, est un vrai moyen de communication qu’il voudrait démocratiser et transmettre aux plus jeunes.
Nous reviendrons donc en résidence pour offrir des concerts et le plus beau projet c’est de créer un opéra et le jouer au lycée de la Coudoulière en y faisant participer tous les pôles d’enseignement.
C’est un projet qui m’excite vraiment !»

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Décidemment, une belle histoire d’amour est en train de se nouer entre la ville de Six-Fours et ce musicien passionné devenu un immense spécialiste de la musique baroque.
A suivre donc…

Jacques Brachet

Six-Fours – Gérard JUGNOT : retour au Six N’étoiles

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En 2017, Gérard Jugnot nous avait fait le plaisir de venir présenter «La vie est belle» avec son ami Bernard Lecoq, au Six N’étoiles de Six-Fours.
Quelle surprise alors de retrouver ce duo complice dans le même lieu !
Mais cette fois, Bernard Lecoq n’est là qu’en tant que voisin et ami pour venir saluer son «pote» et découvrir, comme nous, le film de Nicolas Cuche «Pourris, gâtés», Nicolas qui est également présent pour présenter ce film qui a mis longtemps pour sortir, à cause, comme beaucoup d’autres films, de ce maudit Covid.

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Mais nous sommes des spectateurs chanceux puisque, le film ne sortira qu’à la rentrée et que nous en sommes les premiers spectateurs !
Francis Barteck (Gérard Jugnot) est un homme d’affaire qui a plus que réussi dans les affaires. Veuf, il a tant bien que mal – et plutôt mal, élevé ses trois enfants : Sheila (Camille Lou), imbuvable, prétentieuse, dépensière, Philippe (Artus) dépensant des fortunes en voitures et projets foireux, Alexandre (Louka Meliava) passant son temps dans le lit en bonne compagnie. Tout ce beau monde vit dans une demeure incroyable à Monaco, dépensant la fortune de papa à tour de bras.
Fatigué, déçu, le père décide, avec l’aide de son ami (François Morel) de leur donner une leçon : il leur fait croire qu’il est ruiné à cause de malversations, qu’il est recherché par la police et qu’ils doivent fuir à Marseille où Le père a gardé la maison de son enfance qui est dans un piètre état. Ils devront vivre dans une semi-ruine et surtout… travailler, un mot qu’ils découvrent à leur dépends.
Nicolas Cuche réalise là un film drôle et émouvant à la fois, énergique, truffé de scènes hilarantes, d’un dialogue percutant. Un film mené à cent à l’heure avec des comédiens formidables. Hormis les trois cités, Tom Leeb (le fils de..) est incroyable en mec haut en couleur, sans un sou, qui se la joue grand seigneur avec un accent à couper au couteau et essaie d’épouser Sheila.
Malgré une tournée-promo que Jugnot et Cuche font à cent à l’heure, avant de se retrouver le même soir à Toulon et à la Valette, nos deux complices nous ont offert un court moment pour parler de ce film.

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«Ce fait presque deux ans que nous sommes sur ce film – nous confie le réalisateur – et nous sommes heureux de pouvoir enfin le présenter. Il devrait sortir en septembre… en principe, si certains événements ne viennent pas encore perturber la sortie. Le film a été tourné à Monaco et à Marseille, deux lieux et ambiance diamétralement opposés, que l’on comprend en découvrant le film.
Gérard, heureux de vous retrouver au milieu de cette nouvelle génération de comédiens ?
Je suis un peu leur papa de cinéma, j’aime jouer avec ces jeunes acteurs qui ont un talent fou et j’ose espérer qu’ils ont aimé jouer avec ce «vieux» comédien que je suis. Et puis, après avoir joué les fils, je joue les pères et j’ai aujourd’hui l’âge de jouer les grands-pères. C’est avec plaisir que je le fais, surtout lorsqu’on me propose de tels rôles.
Justement, Nicolas, comment avez-vous choisi ces comédiens ?
Je dois dire que lorsque j’écris un scénario, je ne pense au départ à personne. Là, lorsque l’histoire a été écrite, j’ai aussitôt pensé à Gérard Jugnot. Je ne le connaissais pas et lorsqu’il a dit oui j’ai été à la fois heureux et stressé. Mais le stress est très vite passé tant il est bienveillant, attentif aux autres sur un plateau. Il a même eu l’élégance de me donner un coup de main. Sans compter qu’on s’est trouvé beaucoup de choses en commun comme le fait de traiter avec un certain humour et de recul des sujets graves.

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C’est toujours comme ça, Gérard ?
Vous savez, lorsque je suis invité chez des amis, j’aime aider, participer à la cuisine. Au cinéma c’est pareil. J’aime aider, transmettre et de plus, ce film parle aussi de la transmission. On donne, on reçoit. C’est ce que j’aime dans la vie et c’est un peu le sujet du film. Il y a aussi le fait que ce film peut toucher beaucoup de gens car on est toujours le pourri-gâté de quelqu’un.
Nicolas, on retrouve au générique Camille Lou que vous aviez fait tourner dans la série «Les bracelets rouges»
Oui, c’était son premier film et elle m’avait très vite emballée. J’avais envie de faire un bout de parcours avec elle. Mais tous sont formidables. C’est un vrai cadeau de tourner avec une telle équipe.
Aujourd’hui, vous retrouvez le public. Quel effet cela vous fait ?
Nicolas : C’est un ressenti à la fois émouvant et stressant car il nous a tellement manqué ! Nous avons eu la chance de pouvoir malgré tout travaillé. Ce film fait j’étais sur un autre film. Mais retrouver une salle pleine est une grande joie. C’est d’autant plus émouvant que ce soir c’est notre premier public.
Gérard : Voir revenir le public vers nous, qui ne nous a pas oubliés et leretrouver devant nous est, c’est vrai, un grand plaisir. Entendre des rires dans une salle pleine, ça nous a vraiment manqué».

Ces comédiens formidables donc, en dehors de Jugnot qu’on ne présente plus, sont tous des débutants ou presque.
Camille Lou , après avoir été chanteuse (Elle a entre autres sorti un CD hommage à… Sheila, dont elle porte le prénom dans le film !) elle a également enregistré un très beau duo avec Garou «La belle et la bête» du film de Disney et surtout elle fut magistrale dans la série «Le bazar de la charité». Elle fut aussi au générique du film hilarant de Tarek Boudali «Epouse-moi mon pote».
Artus est connu comme humoriste dans ses one man shows, et on l’a vu dans beaucoup d’émissions de télé avec Ruquier et Arthur entre autres.
Louka Meliava est peut-être le moins connu même si on a pu le voir dans «Camping 3» de Fabien Oteniente, «Respire» de Mélanie Laurent et à la télé dans «Les petits meurtres d’Agatha Christie» et «Infidèle»

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Nos comédiens avec Fabiola Casagrande, Adjointe à la Culture, venue saluer les artistes

Tom Leeb, comme Camille Lou, est chanteur et comédien. Débutant dans des séries comme «Sous le soleil» et «Section de recherches», il fut sélectionné pour l’Eurovision 2020 avec la chanson «Mon allié», concours hélas annulé. Au théâtre, il était le fils de son père dans «Madame Doubtfire et il était du générique du film «Edmond» d’Alexis Michalik.
Tout ce jeune petit monde joue tambour battant autour du vétéran et si l’on prend un plaisir extrême à découvrir ce film, on sent également la plaisir et la connivence qu’ils ont eus à jouer ensemble.
Merci au Six N’Etoiles de nous avoir offert ce moment de cinéma qui nous manquait tant.

jacques Brachet


NOTES de LECTURES

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Jean-Baptiste ANDREA : Des diables et des saints (Ed. L’iconoclaste – 364 pages)
Un titre qui à lui seul résume le magnifique roman de Jean-Baptiste Andrea.
Qui n’a pas été ravi d’entendre dans une gare, une mélodie, un morceau de musique classique, du jazz, des notes hésitantes de débutant ou comme dans ce roman un toucher particulier, un toucher qui traduit une vie entière de souffrance, un toucher qui a saisi le mot magique de rythme.
Joe est orphelin et subit comme de nombreux autres garçons le régime sévère d’un orphelinat tenu par l’abbé Sénac assisté d’un garde-chiourme, ancien de la légion étrangère. Joe a appris à jouer du piano avec son maître Mr Rothemberg. Une tape derrière les oreilles n’était jamais de la maltraitance, c’était une marque d’encouragement !
Dans cet orphelinat, une société secrète avec ses membres Souzix, Sinatra, Edison, Fouine et Danny accueillera Joe et son petit protégé Momo, les rendez-vous sont nocturnes, il faut impérativement échapper à l’œil de l’abbé Sénac, un abbé qui impose la soumission aux plus rebelles. Cet abbé aurait-il subi plus jeune des sévices ?
Tout le roman est rythmé par la musique, les sonates de Beethoven et le conseil à ne jamais oublier de Mr Rothemberg «Joue, bubele, tu dois entendre la voix de ton peuple».
Il y a aussi le lien magique que Joe entretient avec Michael Collins l’astronaute, un dialogue d’espoir car Collins savait que la pire des solitudes ne dure que quarante-sept minutes et que Columbia finirait par émerger dans la lumière.
Ce roman est bouleversant et mérite largement le grand Prix RTL 2021. Une plongée dans un monde que tous espèrent révolu et une réflexion sur l’influence de l’éducation.
Qu’en est-il des conséquences sur les futures générations ?
Isabelle de COURTIVRON : L’été où je suis devenue vieille (Ed.L’iconoclaste -192 pages)
Brillante universitaire franco-américaine qui a beaucoup vécu aux US, Isabelle de Courtivron a écrit sur des femmes marquantes de la société avant de se confronter au temps qui a passé, à l’été où elle est devenue vieille.
Après avoir campé son propre personnage de battante dans la vie sociale et intellectuelle elle nous offre une évocation de son parcours familial et ses choix de vie. Avec humour et tendresse elle s’étend sur cet avenir qui s’annonce plus sombre de ce que l’on ne peux plus faire et non de ce que l’on voudrait faire.
Bien sûr c’est la vie mais avec bien de nostalgie et de regrets aussi.
Elle n’a pas anticipé, c’est le temps qui l’a gagnée. Elle s’y résout honnêtement et avec le sourire mais avec quelque tristesse aussi. C’est un constat sans concession dans un style émouvant et plein d’éclat.

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Maylis de KERANGAL: Canoës (Ed.Gallimard -167 pages)
Bien que l’écrivaine présente son roman comme un recueil de pièces détachées, il se présente plutôt comme des nouvelles centrées sur la voix que l’on retrouve partout et sur Mustang  qui est un peu le cœur du livre.
Mais la liaison entre ces différents tableaux parait un peu artificielle.
Certes fort bien écrit comme toujours, le souffle des descriptions, la finesse des perceptions sont présentes, toutes les évocations de la voix y sont évoquées mais il n’en reste qu’une impression un peu disparate de petits raccords.
Charmé mais perplexe on reste un peu sur sa faim.
Jean des CARS : Au cœur des royautés (Es Perrin – 391 pages)
Cet ouvrage compile les textes diffusés dans «Au cœur de l’histoire», émission et série de podcasts d’Europe 1, écrits et racontés par Jean des Cars.
Avec un véritable talent de conteur, Jean des Cars trace les portraits de grandes figures historiques, rois, reines, empereurs et impératrices et relate les évènements marquants du passé.
Cléopâtre, Théodora, le roi Arthur, Elisabeth 1er, Gabrielle d’Estrées, Marie-Antoinette, Marie-Thérèse, Raspoutine, Sissi et François Joseph, Alexandre II et Katia, Marie de Roumanie, l’impératrice Eugénie, Elisabeth II, Lord Mountbatten sont présentés dans leur vie publique et privée, intimement liées.
S’intercalent entre les chapitres, quelques rubriques intitulées «Le saviez -vous ?» qui rapportent des anecdotes et répondent à des questions du type : Comment Louis XV espionnait les Français ? Comment Louis XVI a piégé les Français pour qu’ils mangent des pommes de terre ? Marie-Antoinette s’est-elle servie d’un tableau pour faire grimper sa popularité ?
Un ouvrage de vulgarisation qui plaira à ceux qui s’intéressent à la grande et la petite histoire et à ceux qui souhaitent avoir une trace écrite de ces émissions radiophoniques.

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Tatiana de ROSNAY : Célestine du Bac (Ed. Robert Laffont – 325pages)
Curieux roman que cette Célestine du Bac, premier roman de l’auteur refusé à l’époque par les éditeurs et qu’elle ressort aujourd’hui. Souvenir de jeunesse nul doute puisque le héros, jeune lycéen d’un prestigieux établissement parisien, fils d’une famille fortunée réduite à une mère absente et un père célibataire à la recherche d’un nouvel amour en élevant ce fils doué mais assez atypique au point d’avoir raté par deux fois son bac. C’est sur le chemin du lycée qu’il rencontre une vieille clocharde Céléstine dite « Titine du Bac », c’est-à-dire de la rue du Bac. De la curiosité à l’émoi, de la pauvreté et de la solitude il va construire sa vie à travers elle  et donner des leçons à son père en faisant se côtoyer des mondes inconciliables et en tirer des sentiments d’humanité et de confiance.
De bons sentiments, de bonnes études de caractères qui décèlent le futur talent de cette écrivaine aujourd’hui connue et reconnue.
Éric LE NABOUR : Les promesses de l’innocence (Ed Les Presses de la Cité – 412 pages)
Clotilde, Judith et Naîma sont trois jeunes filles fidèles en amitié depuis leur adolescence.
En 1953, elles fêtent joyeusement leurs vingts bougie à Alger. Bien que de religions différentes, Clotilde chrétienne, Judith juive et Naîma musulmane, rien n’entrave leur joie de vivre et leurs futurs espoirs. C’est sans compter avec un climat politique qui se détériore, les tensions religieuse quis créent désormais une barrière infranchissable entre les communautés. Clotilde est fille d’un officier de carrière qui a connu la guerre d’Indochine et les hauts faits comme les exactions et se mure dans le silence, Judith fille d’un bijoutier travailleur et respectueux des croyances de ses voisins a pour amant un musulman et enfin Naîmai se retrouve recluse dans sa cuisine et soumise à ses frères entrainés dans les rets du FLN et disparus dans la clandestinité.
Eric Le Nabour relate avec précision le développement de la guerre d’Algérie que le gouvernement n’a sans doute pas su gérer dès les prémices. Il nous livre un regard très pertinent de participants vivant le drame qu’est la guerre depuis la ville d’Alger en 1954. Les politiques à Paris n’entendent rien au peuple algérien, nient leurs revendications et les attentats commencent dans les provinces pour finalement gangrener tout le pays et notamment Alger. Les trois amies se murent dans leur famille, se soumettent ou non à leur père ou frère et chacune vivra intensément et douloureusement cette triste période de l’histoire. Il y a toujours un prix à payer.
Un titre prometteur bien vite compromis car d’innocence il n’y a plus.
Une lecture fluide, des faits historiques relatés avec réalisme sans doute plus faciles à découvrir dans le cadre d’un roman.

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Marybel DESSAGNES : Gontran DESSAGNES ,musicien humaniste des deux rives (Ed GBGDB – 250 pages)
Dans ce livre largement documenté grâce à des archives familiales et à un voyage en Algérie la dernière fille de Gontran Dessagnes fait le récit de la vie de son père, né à Cholet le 25 mai1904 et décédé à Toulon le 29 juillet 1978.
Né dans une famille de teinturiers, d’une mère catholique pratiquante, Gontran Dessagnes apprend le piano et fait des débuts fulgurants de concertiste dans les années 1920.
Alors qu’il est en tournée en Algérie, il est nommé pianiste soliste et chef d’orchestre de Radio Alger. Il sera également directeur du conservatoire d’Alger où il créera des classes de musiques arabo-andalouses. Les évènements entraineront son rapatriement en 1964 et sa nomination au poste de directeur de l’école nationale de musique de Bayonne. Mal accueilli par le maire, anti Pieds Noirs, rejeté par ces derniers comme traitre car il était pro algérien, il sera renvoyé pour  « incompétence » et sera mis prématurément à la retraite après avoir perdu un procès en Conseil d’État. Il finira sa vie à Toulon, dans l’oubli.
Pourtant cet homme fut un brillant soliste et directeur d’orchestre ainsi qu’un prolixe compositeur.
Ainsi, il créera un opéra, un oratorio, une musique de ballet, une messe de Sainte Cécile, un Stabat Mater, sept œuvres concertantes, trois suites d’orchestres symphoniques, des œuvres pour deux guitares et une version de l’hymne algérien.
Un livre qui fait découvrir un personnage passionné.
Camille GOUDEAU : Les chats éraflés (Ed. Gallimard – 267 pages
Un premier roman qui ne laisse pas indifférent car comment la vie d’un bouquiniste sur les quais de Seine ne pourrait pas intéresser des amoureux des livres ?
Soizic, grande, oui un mètre quatre-vingt, belle jeune fille de vingt-deux ans quitte sa famille brutalement pour Paris avec pour seule référence un oncle qu’elle n’a jamais vu. Un défi qui paie car avec une promesse d’embauche et un toit, tout pourrait se dérouler sans faille
C’est la découverte d’une famille, du Paris glauque et difficile pour les pauvres ou sans papiers, mais surtout le monde étrange et merveilleux des bouquinistes des quais de Seine. Son cousin, amusé par son culot, l’embauche à l’essai et c’est pour nous, lecteur, la découverte de ce métier tellement dur, ingrat mais aussi plein de récompenses littéraires et humaines que nous faisons page après page avec Soizic.
Une panoplie de personnages attendrissants, l’obligation de faire son chiffre d’affaire avec la bimbeloterie pour touristes, tours Eiffel à gogo, et au fil des saisons le chaud, le froid, la pluie, le maniement des caisses de livres, subtil pour non initié, l’entraide entre bouquinistes, tout cela est relaté dans le livre de Camille Goudeau elle-même bouquiniste. Il y a aussi la recherche inconsciente de la mère de Soizic, une mère qui l’a abandonnée à six ans et ne se manifeste qu’en cartes d’anniversaire, et surtout un nombre incalculable de bières éclusées par caisses, mal déjà bien connu de Soizic élevée par des grands-parents alcooliques.
Un style chaotique, une certaine vulgarité mais une écriture à suivre, et surtout l’envie d’aller bien vite faire la connaissance de l’auteur, cela doit être assez facile !

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Anne PARILLAUD : Les Abusés (Ed. Robert Laffont – 367 pages)
Terrible roman que cette actrice reconvertie en écrivaine nous livre.
Premier roman bouleversant qui relate les tourments d’une  femme qui lâche une vie rangée et tranquille auprès d’un mari aimant et de leurs trois enfants pour se lancer à corps perdu dans une passion amoureuse violente, passionnée, tumultueuse comme dans un combat, avec un peintre renommé, plein de mystère et de violence, qui fait de chaque étreinte une guerre qui réveille chez l’auteur les émotions refoulées, enfouies sous le déni de l’inceste qu’elle aurait subi par son père dans sa jeune enfance.
Horrible rétrospective que l’évocation de cet amour ravageur dans ce monde frelaté de la jet-set, de l’argent facile et d’une vie compliquée.
Beaucoup de talent pour cette femme mûrissante pour nous plonger dans un climat d’amour dévastateur qui nous entraine dans un malaise profond au point de rendre cette lecture dérangeante, insupportable même.
Un gros livre bouleversant, inquiétant même, tant le malaise est grand, rendu en phrases courtes et haletantes, brutales, elliptiques.
A ne mettre qu’entre certaines mains. On en sort brisé.
Sylvain TESSON : Un été avec Rimbaud (Ed Equateurs – France Inter – 218 pages)
Dans ce livre qui reprend les émissions diffusées sur France Inter pendant l’été 2020 «un été avec Rimbaud» par Sylvain Tesson, nous partons en trois chapitres à la découverte d’Arthur Rimbaud : Le chant de l’aurore, le chant du verbe et le chant des pistes.
Cet ouvrage, qui comprend de nombreuses citations des œuvres de Rimbaud, n’est pas une biographie mais la tentative d’analyse par l’auteur de la personnalité de ce poète.
Tesson partage avec Rimbaud ce phénomène psychiatrique nommé dromomanie, c’est-à-dire une impulsion incontrôlée à marcher, se déplacer. Rimbaud marchera, adolescent, le long de la Meuse autour de Charleville Mézières, sa ville natale, fuguera et ira à pied à Paris rejoindre Verlaine, marcher jusqu’en en Belgique. Puis il marchera en Afrique, jusqu’à ce qu’un cancer des os, touchant le genou, le conduise à Marseille où il mourra en 1891, à 37 ans.
Génie précoce, il écrit à 16 ans « Le Bateau Ivre ». Il veut être un poète qui transforme le monde par les mots et qui arrive à l’inconnu par le dérèglement des sens. Comment comprendre l’hermétisme de sa poésie ? La consommation de poison, (c’est ainsi qu’il nomme l’opium qu’il consomme) n’est pas la seule explication. Pas plus que son appartenance au mouvement zutiste, qui veut ridiculiser l’Académie.
Pourquoi Rimbaud cesse-t-il toute production artistique et part-il en 1875 pour cinq années de voyages erratiques pour finir par se fixer à Aden comme négociant en armes ?
Un livre, d’une écriture raffinée à laquelle nous a habitué Sylvain Tesson, qui donne envie de relire Rimbaud

 

 




Bricquebec en Cotentin
Gilbert CONAN : Promenade au long des tableaux

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Le peintre Gilbert Conan est né dans le Morbihan mais vit, peint et écrit essentiellement en Normandie. Il a effectué diverses missions dans plusieurs pays, a fréquenté les déserts du Thar, du Sahara et de l’Atacama : déserts qui  influencent largement sa peinture. Il peint aussi la Bretagne et le Cotentin. Il a exposé en France, notamment dans le Var, et à l’étranger. Le peintre se double d’un écrivain, dont les réflexions sur sa peinture sont originales et saisissantes.
Au cours de la promenade la lecture devant les tableaux est assurée par Patricia Drouet de la Médiathèque de Coutances et par Gilbert Renouf, écrivain et lecteur émérite, venu spécialement de Toulon. Il est également responsable des éditions Villa-Cisneros et de la revue «La lettre sous le bruit».
Gilbert Conan présente ici ses œuvres récentes. C’est une  belle occasion pour ses aficionados de contempler ses nouvelles peintures, et pour les autres de les découvrir. C’est un festival de couleurs, de formes et d’apparitions. On entre dans la fantasmagorie des rêves et des désirs, des appels secrets. Sa peinture force à imaginer, à descendre au fond de soi-même, à communier, voir à communiquer mystérieusement avec le peintre.
Dans cette nouvelle production, Barfleur la charmeuse est très présente dans ses habits de mer, d’ombres et de lumières. On sent, on saisit que c’est là que le peintre est en parfaite osmose avec son environnement.
Dans ses nouvelles œuvres le bleu domine, pas étonnant car on le sait, le bleu, entre autres significations, est synonyme d’évasion, et pour Égyptiens,  le bleu était une couleur porte-bonheur liée à l’immortalité et à la vérité. Nous mourons, les œuvres d’art restent.
Gilbert Conan déclare que ses tableaux sont des fenêtres sur la vie.  Il tente parfois d’expliquer le cheminement de la fabrique du tableau. On l’a vu, en certaines occasions, partir d’une toile vierge et peindre un tableau devant le public, dans un temps donné, sur une musique choisie.
Refusant l’antagonisme figuratio-abstraction il déclare que c’est le même combat. Il faut au peintre des pigments, de l’huile de lin et du temps pour faire sortir quelque chose de soi, qu’on ne s’attendait pas à y trouver.

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Dans le cadre de l’exposition deux déambulations étaient prévues devant quelques  œuvres au cours desquelles le peintre faisait part, à un public sous le charme, de ses réflexions sur son œuvre, réflexions techniques, métaphysiques, philosophiques, voire eschatologiques, ou tout simplement empreintes d’humour, insistant sur l’influence du désert dans sa peinture qui oscille entre le rien et le vide. Il dévoila aussi quelques secrets du métier.
Ponctuant les arrêts devant les tableaux, Gilbert Renouf et Patricia Drouet lisaient à tour de rôle des extraits de différents livres du peintre, extraits qui étaient en parfait écho au tableau et au discours de l’artiste. Les deux lecteurs s’emparaient d’un tableau, y faisant résonner leur voix et la charge des mots, nous plaçant nous, regardeur auditeur, au cœur de l’œuvre.
Au passage, notons quelques réflexions du peintre : Comment peindre la tempête intérieure qui n’a plus de sens ? – Que se passe-t-il quand la lumière vient ou disparaît ; comment saisir l’instant ? – Essayer de trouver par la peinture s’il existe toujours des chemins possibles. (Le chemin est une métaphore récurrente dans son œuvre.)
Je ne résiste pas au désir de citer quelques lignes de la Non-Préface de Gilbert Renouf au livre «Parcelles», du peintre, car elles réunissent les trois faces de l’artiste, à savoir, l’homme, le peintre et l’écrivain : «Gilbert Conan  est un enfant de l’océan, des côtes hachées et du désert. Des uns aux autres, cela ouvre pas mal de voies. L’océan en se retirant encre le sable de paysages et de visages. Il n’est pas certain d’ailleurs que l’auteur veuille vraiment les sauver de la marée suivante. Et pourtant. Il sait en tout cas que lorsque la mer reviendra, ce ne seront plus les mêmes paysages, et les visages peut-être regarderont ailleurs, et les oiseaux finiront les cadavres.»
Pour Gilbert Conan peinture et écriture sont inséparables, tant l’une influence l’autre qui inspire l’une. « Mes réalisations, c’est de l’écriture picturale qui pousse à la réflexion dans les couleurs. »

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Serge Baudot (Correspondant en Normandie)
Les textes lus étaient  extraits des ouvrages suivants : « Ombres et Lumière » (Gilbert Conan – éditions La feuille de thé) – « Parcelles » (Gilbert Conan) – « Fenêtres dans l’atelier » (Gilbert Conan – Gilbert Renouf) – « Venant de la nuit » (Gilbert Renouf) – tous trois aux éditions Villa-Cisneros.
Exposition :
Cour du château – Salle du Chartier
samedi et lundi 10h30 -13h / 15h – 18.30 – Du mardi au dimanche : 15h – 18h30

 



La Ciotat – XXVIème festival Musiques en vacances

Affiche Musique en Vacances 2021

16 au 25 juillet 2021 – Festival organisé par l’A.M.E.I
Fondée en 1984, l’A.M.E.I (Association Méditerranéenne d’Echanges Internationaux),  a pour but La promotion et la diffusion de la culture française sous toutes ses formes par l’organisation de séjours linguistiques, culturels et sportifs en favorisant les rencontres, les échanges avec différents pays étrangers en privilégiant le spectacle vivant.
Depuis sa création, ce sont plus de 995 jeunes musiciens et quelques 483 ensembles (solistes, petites formations, choeurs et orchestres symphoniques) accueillis dans le cadre de nos stages internationaux et, depuis 1996, dans celui du Festival « Musique en Vacances » de la ville de La Ciotat.
La présence des Institutions aux côtés de l’A.M.E.I. pour l’organisation de ce festival, mobilise tous les membres bénévoles de l’Association pour que cet événement poursuive son ascension sur le plan régional, national et international. La qualité et la renommée des artistes qui nous honorent de leur présence sur les différentes scènes contribuent à étendre son rayonnement.
Tout lieu est prétexte à la Musique, des plus traditionnels (théâtre, église, salle des fêtes …) à d’autres plus inattendus comme les squares dans les cités, les places et les rues, pour que la ville entière vive au rythme de la Musique.
Le XXVIème Festival «Musique en Vacances» 2021 qui se déroulera du 16 au 25 juillet gardera les mêmes objectifs que ses prédécesseurs, toujours à dominante classique avec des soirées en direction de quelques grands courants musicaux et souligner par leur différence, la richesse de l’événement.
La programmation 2021 réunira des artistes et formations aussi bien dans le registre du grand répertoire que dans d’autres domaines, sans exclusive de genre, classique, jazz et traditionnel, instrumental ou vocal.
Du jeune lauréat à la grande formation symphonique, ce sont une vingtaine de concerts qui seront ainsi proposés au public.
Chaque soirée, du 16 au 25 juillet verra un lieu s’inonder de Musique, sans oublier pour autant ceux très appréciés des rendez-vous en fin d’après-midi.
Le succès du Festival sans cesse grandissant, montre et stimule notre désir de poursuivre l’aventure pour offrir encore et encore de belles heures musicales à notre fidèle public de plus en plus nombreux à suivre nos rendez-vous.

Nico sextuor du Parvis
Nico New Ideas Chamber Orchestra – Sextuor du Parvis

Programme
Vendredi 16 juillet : Prélude -Théâtre de La Chaudronnerie – 21h00 Soirée caritative – Groupe Percujam
Au profit de l’Association « Un Regard Pour l’Autisme »
Sous l’Egide du «Lion’s Club La Ciotat Lumières»
Samedi 17 juillet : Théâtre de La Chaudronnerie – 21h00 Nico New Ideas Chamber Orchestra. Direction : Gedeminas Gelgotas (Vivaldi – Bach – Richter – Gelgotas )
Dimanche 18 juillet : Eglise Notre-Dame de l’Assomption – 21h00 Sextuor du Parvis (Bach – Pachelbel – Albinoni – Beethoven – Brahms)
Lundi 19 juillet : Théâtre de La Mer – 21h00 Big Band Utah
Grands standards de la musique Soul, Blues & Rythm’n Blues
Mardi 20 juillet : Théâtre de La Mer – 21h00/21h30 Troupe «Première» Autour de «Starmania», Opéra Rock de Michel Berger et Luc Plamandon
Mercredi 21 juillet : Eglise Notre-Dame de l’Assomption – 18h00 Duo Martenitsa – Musiques des Rivages du Danube
Jeudi 22 juillet : Cour du Cinéma Eden Théâtre – 21h00 Clémentine Coppolani & ses musiciens  – Compositions et chansons populaires  de la tradition Corse, d’inspiration jazz ou d’influences latines

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Monique Borrelli – Amaury Vassili

Vendredi 23 juillet : Eglise Notre-Dame de l’Assomption – 21h00 Orchestre Impromptu Direction : Alizé Lehon (Mendelssohn – Saint-Saëns – Fauré)
Samedi 24 juillet : Cinéma Eden Théâtre – 10h00 Hommage à Monique Borrelli, Soprano Colorature disparue tragiquement le 22 juillet 2020
Film de son concert donné le 20 juillet 2018 «Maria Callas, l’indomptable» Commentaire : Hervé Deroeux.
Samedi 24 juillet : Eglise Notre-Dame de l’Assomption – 21h00 Trio Alphea (Borodine – Tchaïkovski – Taneïev)  – Concert pour la sortie de leur nouvel album «Matriochkas»
Dimanche 25 juillet : Théâtre de La Chaudronnerie – 21h00 Concert exceptionnel Amaury Vassili (ténor)-Piano/Voix – Des très belles chansons aux plus grands « tubes «

Renseignements / Accueil Public / Billetterie / Réservations : 04 42 83 08 08 du lundi 21 juin au dimanche 25 juillet 2021  Tous les matins, de 9h30 à 12h30 – email : amei@orange.fr