Bleu regard lumineux, sourire éclatant, Natasha Saint-Pier arrive à Sanary avec Bixente son petit bout de chou qui ne la quitte pas une seconde.
Retrouvailles avec cette belle chanteuse à la voix d’or née au Canada, vivant en France. Et c’est avec une grande gentillesse que nous allons parler de ses rencontres qui ont fait qu’en plus de 20 ans, elle s’est façonnée une carrière riche et originale.
«J’ai démarré au Canada en 95. J’avais alors 14 ans et mon premier disque s’intitulait «Émergence». Ma première rencontre importante a donc été le producteur Steve Barakatt qui m’a proposé d’enregistrer ce disque. Pour moi, qui aimais chanter depuis déjà longtemps, cela m’a semblé tout naturel. J’avais une amie, qui pratiquait le haut niveau, j’étais entourée de gens qui réussissaient. Naïve, je trouvais donc que c’était normal que moi aussi je réussisse !
Et puis il y a eu «Notre-Dame de Paris»
J’avais 17 ans. C’est Guy Cloutier qui m’a proposé le rôle de Fleur de Lys que j’ai donc chanté en français au Canada et en anglais en Angleterre. Mais, malgré ce qu’on a pu écrire ou dire, je n’ai jamais joué le rôle en France.
C’est pourtant grâce à ça que tu viens en France et que tu rencontres Robert Goldman, le frère de Jean-Jacques.
Oui, je préparais mon nouvel album et je voulais une chanson qui soit typiquement française. Robert, qui était ami avec mon producteur, m’a proposé «Je n’ai que mon âme ». Il se trouve que la chanson a été choisie pour représenter la France au 46ème concours Eurovision, à Copenhague en 2001. Je suis arrivée 4ème.
Autre rencontre importante : Pascal Obispo
Nous nous sommes rencontrés pour l’album «De l’amour, le mieux». C’était un an après l’Eurovision. Très vite une grande amitié est née entre nous et nous ne nous sommes plus quittés. Il a participé à presque tous mes albums. Nous travaillons souvent ensemble. Nous sommes devenus un vrai tandem qui fonctionne bien. Je l’inspire, me dit-il !
Natasha St Pier entourée de Miguel Bose et Pascal Obispo
Justement, comment travailles-tu avec lui ?
On se voit souvent, je lui parle de ma vie, je lui raconte beaucoup de choses car je lui fais totalement confiance. C’est ainsi qu’il s’inspire de ce que je lui confie. Et à chaque fois il tombe juste. Centaines fois, il a l’idée d’un thème, d’un événement dont il a été témoin.
Alors, rencontre inattendue : le chanteur espagnol Miguel Bose !
Je vais souvent chanter en Espagne et en 2002, j’ai voulu enregistrer trois chansons en espagnol dont «Tu trouveras», devenu «Encontras» et je voulais la chanter en duo avec un chanteur espagnol. Miguel Bose a été d’accord pour faire ce duo avec moi. Nous avons fait une tournée promo ensemble en Espagne et lorsque je vais là-bas, je la chante toujours.
Et il y a eu… Johnny !
Oui, c’est lui qui m’a proposé de faire un duo avec lui au Stade de France. C’était en 2003. Il a choisi «J’oublierai ton nom»
Quel effet cela fait-il de se retrouver sur scène avec l’idole ?
J’étais très impressionnée et pas seulement par Johnny qui a été adorable mais surtout par cette énorme machinerie qui se déploie autour de lui, par ce public frénétique énorme qu’il déplace. C’est très impressionnant de chanter dans un tel lieu avec autant de monde. J’avoue que c’était plus impressionnant que Johnny lui-même !
Il y a aussi l’aventure de la comédie musicale «Don Juan»
Ça, c’est un très bon souvenir, j’ai adoré cette comédie musicale qui n’a pas eu le succès mérité en France. J’ai beaucoup aimé travailler avec Félix Gray qui est un artiste talentueux et un homme adorable. J’avais le rôle d’Elvira, un personnage très torturé que j’ai trouvé passionnant à jouer.
Et puis, je retrouvais le metteur en scène de mes débuts, Gilles Maheux avec qui j’avais travaillé sur «Notre-Dame de Paris». Entretemps, j’avais mûri, évolué et je me suis sentie totalement à l’aise. J’avais pris de l’assurance, confiance à moi. Ça a té une belle aventure et un joli moment de ma carrière.
Autre belle aventure : «Thérèse, vivre d’amour»
Là encore une belle histoire. C’est Grégoire qui a mis en musique des poèmes de Sainte Thérèse de Lisieux et qui me l’a proposée. Nous avons fait un premier album, puis un second et je suis partie en tournée dans les églises. Tournée hélas qui s’est arrêtée suite au Covid mais nous allons essayer de récupérer les dates à la rentrée et repartir en tournée.
Chanter dans les églises, c’était une nouvelle expérience ?
Oui et une expérience formidable, d’abord parce qu’on est très près du public, en toute intimité avec un piano et des cordes, c’est une écoute tout à fait différente. Ce qui se passe est très émouvant, que le public soit chrétien ou pas.
Et avec ce disque, c’était une occasion de chanter avec Anggun…
Ma rencontre avec Anggun date de beaucoup plus loin. Nous nous connaissons depuis des années, nous avion très envie de chanter ensemble. Mais le moment ne s’était jamais présenté. Et là, cela devenait évident. Anggun fait partie de mes amies et Dieu sait que dans ce métier nous n’en avons pas beaucoup !
Au milieu de toutes ces aventures, tu as aussi été animatrice radio, tu as présenté une émission de télé et tu as même été comédienne !
Comédienne est un très grand mot. J’ai modestement participé en tant que guest à la série «Seconde chance»
J’ai toujours aimé tenter des choses nouvelles, je suis curieuse de découvrir, d’apprendre, de foncer dans quelque chose de nouveau, quitte à me planter. Mais j’adore qu’on me fasse des propositions originales, inattendues.
Et tu t’es déjà plantée ?
Je touche du bois, pour l’instant pas encore !
Tu as également été jurée de «The voice»… Belgique. Pourquoi la Belgique ?
Tout simplement parce qu’on me l’a proposé ! Il se trouve que j’adore la Belgique qui me fait beaucoup penser au Canada. J’aime aussi beaucoup le peuple belge. Je garde un très bon souvenir de ces deux années. Il y avait une belle équipe et j’ai découvert de beaux artistes. J’ai d’ailleurs gardé quelques contacts avec des participants et avec l’équipe.
Née au Canada, vivant en France, de quel pays es-tu la proche ?
C’est vrai, je suis née au Canada et j’y ai vécu 17 ans. Puis je suis venue en France. J’ai aujourd’hui 40 ans donc j’ai plus d’années passées en France. Il se trouve que mon fils est né en France et que nous y vivons. Par la vie de tous les jours et par l’école, il a appris à y vivre. Mais de mon côté, je lui parle beaucoup du Canada, je lui en apprends l’Histoire. Mais j’ai gardé ma nationalité canadienne.
Le Canada, ça reste mes racines.»
Retrouvant son fils qui s’impatiente, Natasha part se préparer pour monter sur scène.
Elle réapparait en jolie robe printanière et une fois sur scène, accompagnée de l’orchestre de Richard Gardet, elle va nous offrir un spectacle à la fois énergique mais avec de jolis moments d’émotion lorsqu’elle chante un extrait de «Thérèse», «Aimer c’est tout donner», qu’elle dédie une chanson à son fils Bixente qui, sur les marches des coulisses, ne perd pas de vue sa maman, et puis elle nous parle de son pays, de l’Acadie, du Nouveau Brunswick où elle est née, elle reprend «Les Acadiens» de Fugain, «Travailler c’est trop dur» de Zachary Richard, mais aussi un chant tribal en acadien ou encore «Cap Enragé»… Bien sûr, on retrouve les succès qui ont jalonné sa carrière comme «Je n’ai que mon âme», «Tu trouveras», «Si on devait mourir demain», une reprise tout en énergie de «Tandem» de Vanessa Paradis, qui a été, dit(elle, sa première chanson coup de cœur lorsqu’elle est arrivée en France. Elle nous offre aussi une chanson country en anglais et, bouquet final, «My way», accompagnée à la trompette par Richard Gardet… Superbe !
Ce fut un beau concert avec une petite déception du public car Natasha s’est très vite éclipsée sans s’approcher de lui pour les rituelles dédicaces. Mais on peut le comprendre lorsqu’on vit toujours à l’ombre de cette pandémie qui nous guette chaque jour.
Belle soirée sous les étoiles
Jacques Brachet
Photos Patrick Carpentier