Archives mensuelles : juin 2021

Hyères – du 30 juin au 29 août
« Les Arts dans les Salins 2021»

La Métropole Toulon Provence Méditerranée vous invite à découvrir les Salins d’Hyères à travers 3 expositions de photographes et illustrateurs à l’Espace Nature aux Vieux salins : les photographies de Christian GLEISES et Pierre TEBOUL jusqu’au 19 juillet ; les dessins de Rémi KERFRIDIN du 21 juillet au 8 août ; puis les photographies de Sarah CHAMBON – à partir du 11 août. Les expositions seront en accès libre et gratuit jusqu’au 29 août 2021.

Communique Presse Base

Du 30 juin au 18 juillet : Christian GLEISES et Pierre TEBOUL
Les salins autrement (Photographies)
«Les salins sont une mine inépuisable pour les photographes. Les paysages, l’eau, les reflets, la lumière, la faune sont autant de sujets propices à une production d’images infinie. Loin d’avoir totalement épuisé le sujet, j’ai préféré porter un regard différent sur ces lieux magiques en leur apportant une part d’interprétation personnelle, certes bien décalée, mais volontairement détournée pour tenter de sortir des sentiers battus. Une partie des photos est prise de façon classique, puis passée dans des moulinettes logicielles pour les « personnaliser ». Une autre partie est faite à partir d’un appareil photo modifié (défiltrage interne) pour utiliser des filtres externes qui exploitent différentes longueurs d’ondes infrarouges de la lumière. Les images obtenues, inexploitables en l’état à la sortie du boitier, doivent subir des traitements complexes qu’on fait varier à loisir pour obtenir le résultat souhaité». (Christian Gleizes)
«Je photographie la lumière, le vibratoire et le temps qui passe.
J’ai découvert les salins en 3 séances photo, par des lumières très différentes.
J’ai observé le vivant et les traces du temps ancien.
La terre, l’eau, le ciel, complémentaires et essentiels, toujours en parfaite harmonie, ont guidé mon regard sur ces espaces de nature préservée et de patrimoine sauvegardé.» (Pierre Teboul)

Communique Presse Base

Du 21 juillet au 8 août : Rémi Kerfridin (dessins)
« Les dessins présentés ici ont tous été réalisés sur site en 2004. L’idée était de faire un reportage graphique sur les Salins des Pesquiers, observer les variations saisonnières du paysage, sa structure et les quelques espèces animales et végétales rencontrées au hasard des parcours. Il ne s’agit en aucun cas d’un travail encyclopédique, ni scientifique. Ici le dessin et la couleur servent à découvrir et à comprendre le lieu. Ils sont aussi, comme toujours, un moyen de se souvenir et de vivre autrement l’expérience du paysage. Et, même si l’objectif n’était pas de les exposer un jour, les images qui en résultent sont à leur tour une manière de communiquer cette expérience. (…) Une sélection de vingt dessins variant les techniques, de l’encre à l’aquarelle, en passant par le crayon, ont été rassemblés ici. Ils donnent une idée de l’état d’esprit dans lequel ce reportage fut improvisé alors que le site dévoilait ses trésors.» (Rémi Kerfridin)
Du 11 au 29 août : Sarah Chambon
«Photographe de notre jolie Presqu’île de Giens, je cherche la belle lumière pour faire ressortir ce beau joyau. Vous pouvez retrouver aussi toutes ces photos sur mon site internet: www.sarahchambon.com ou sur instagram : love.from.giens»
Sarah Chambon

Espace Nature des Salins d’Hyères
237, rue de Saint Nicolas – Village des Salins d’Hyères
Ouvert en accès libre du mercredi au dimanche, 9h-12h et 16h-20h
Renseignements au 04 94 01 09 77
www.metropoleTPM.fr


Anne SINCLAIR, portrait de femme avec hommes

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Anne SINCLAIL : Passé composé (Ed Grasset – 375 pages)
Anne Sinclair est une femme belle, intelligente, une battante qui est, dit-elle douée pour le bonheur.
Discrète, elle ne s’est jusqu’ici épanchée sur sa vie. Le confinement lui en a donné l’occasion.
Devenue malgré elle une icône, grâce à la télé et cette émission devenue culte «7 sur 7» créée en 81 et qu’elle a animée jusqu’en 97, elle est aujourd’hui encore dans toutes les mémoires, ayant réuni  chaque dimanche entre six et douze millions de téléspectateurs.
Elle y a reçu des personnalités de tous bords, politiques, intellectuels, chanteurs, musiciens, scientifiques, sportifs… Ses grandes qualités : La curiosité de l’autre, sa façon de leur faire dire des choses qu’ils n’avaient jamais dites avant, sans jamais les critiquer, les agresser, les couper, les piéger, ce qui est, hélas, souvent le cas aujourd’hui.
Jamais dupe de leurs propos, surtout chez les politiques, sans se faire d’illusions, elle se contentait de les jauger et non de les juger, même si pour certains, elle ne mâche pas ses mots, faisant des portraits sans concessions et avouant avoir été parfois déçue par leur attitude et leur passé.
A aucun moment elle ne règle ses comptes mais raconte les moments qu’elle a vécus, plus ou moins rapprochés avec certains comme cette soirée des élections où Mitterrand a été élu, qu’elle a passé en toute intimité avec lui, son ex-mari Yvan Levaï et quelques amis choisis.
Le moment fondateur de son amour pour la politique a été lors du débat Michel Debré-Pierre Mendès-France, d’où est née son admiration pour ce dernier.
Foncièrement de gauche, même si elle en fut chahutée – car issue d’une famille juive et riche – elle tient à préciser qu’elle est «une vraie française et profondément juive même» si, en même temps, elle se trouve « inaboutie et incomplète» !
Elle se définit ainsi : «je suis femme, mère, française, juive, de gauche, journaliste et plutôt dans cet ordre».
Son enfance a été sinon chaotique, du moins mouvementée, née à New-York dans un ménage instable, une mère pas prolixe en câlins mais trop protectrice, et un père disparu trop tôt.
Intéressée très tôt par le journalisme, elle s’est battue pour arriver à ses fins dans ce milieu tenu alors par des hommes machos à souhait. Ce ne fut pas un long fleuve tranquille mais elle n’a jamais rien lâché, même si elle fut «virée» par Patrick Lelay, homme cynique, violent, caractériel, Nonce Paoli achevant le travail par manque de courage.

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Rencontre au festival de Ramatuelle

Elle nous brosse de mini-portraits de quelques-uns de ses invités et nous raconte des anecdotes avec humour comme sa rencontre avec Berlusconi, vraiment prêt à tout pour qu’elle le rejoigne sur la 5, ce qu’elle refusa catégoriquement car pas un seul instant dupe de cet homme au antécédents douteux.
Bien entendu, elle ne pouvait passer sous silence «L’affaire DSK» car le lecteur n’aurait pas compris. Mais c’est à la toute fin du livre et elle se contente de livrer des faits sans pathos, sans entrer dans l’intime, sans acrimonie, avouant sa naïveté, sa crédulité, son manque de lucidité. Ce fut un épisode terrible de sa vie mais dont elle se remit, son caractère étant de regarder devant elle avec optimisme.
Elle dresse un portrait édifiant de la politique française, du journalisme aussi et ce qu’il est devenu avec les réseaux sociaux, les scoops à tout prix, les fameuses «fake news» et autres «éditions spéciales» qui n’ont rien de spécial.
Ce livre est passionnant, magnifiquement écrit, plein d tendresse pour les gens qu’elle aime et admire avec, en fin de parcours, le bonheur retrouvé, la renaissance et l’espoir en la vie.
«Les souvenirs – conclue-t-elle – servent à baliser le temps et borner le présent»
Son seul regret, en quelque sorte un mea culpa, d’avoir souvent fait passer sa passion au détriment de sa vie de femme et de mère.
Portrait d’une femme courageuse, passionnée, sensible, naïve souvent mais sincère, lucide, élégante et exemplaire.

Jacques Brachet



La Crau – Festival des P’tits bonheurs

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Fantaisie prod. & La Compagnie Mes cliques et mes claques présentent  :
Le festival des P’tits Bonheurs

Spectacle d’humour & diner sous les étoiles au Domaine de la Marseillaise à la Crau.
Le festival des P’tits Bonheurs, c’est la réponse à tout ce qui nous a manqué durant cette année qui nous a privé de tout : rire, diner ensemble, boire un verre !
Dans le cadre magique du Domaine de la Marseillaise à La crau (83) c’est une semaine de spectacles d’humour avec les artistes que nous aimons tous et les jeunes pousses de l’humour. A l’affiche , quelques incontournables, des artistes confirmés, d’autres qui ne vont pas tarder à l’être
Et par-dessus tout ça, comme aurait dit Gilbert Bécaud, du vin ( avec modération ), des rires ( sans modération) , des grillades, des copains, un cadre magique.
Au festival des P’tits Bonheurs on va vivre des grands moments de rire et de plaisir !
Lundi 9 août : Gérald Dahan tombe les masques
Mardi 10 août : Smaïn déconne finement (Tout nouveau spectacle)  + Laurent Fevvay
Mercredii 11 août: Jovany-Le dernier saltimbanque + Philippe Roche
Jeudi 12 août : Anthony Joubert + Eric Fanino
Vendredi 13 août : Eric Collado « Faites vite, faites vite » ( Nouveau spectacle ) + Briac
Samedi 14 août : Benjy Dotti « The Late Comic Show » + Fada Comedy Club
Dimanche 15 août : Tex résiste + Armand Minéo

Tout les spectacles se jouent à 21h
L’ouverture des portes est à 19h avec la possibilité de diner sur place.
Informations et réservations : 04 94 03 73 05 et points de
Domaine de la Marseillaise – 986, chemin de la Navarre – La Crau

NOTES de LECTURES

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PARIS, un triptyque aux éditions Plon
Paris sera toujours Paris et l’on ne compte plus les artistes qui ont écrit ou chanté la ville lumière.
Les éditions Plon nous offrent trois livres passionnants écrits par des auteurs à qui l’on ne présente plus la capitale. Trois petits pavés bien épais. Un seul problème : ces livres sont denses et écrits en petits caractères.
Régine DEFORGES : Le Paris de mes amours (512 Pages)
Pièce rapportée puisque née dans la Vienne, elle a fait de Paris «sa» ville qu’elle croyait bien connaître, tant elle l’avait adoptée et adorée, et il lui semblait facile d’écrire sur elle.
La tâche fut tout autre.
Elle a été bercée par nombre de chansons de Trenet, Colette Renard, Joséphine Baker, Tino Rossi, Guy Béart, Francis Lemarque et bien d’autres. Elle en avait d’ailleurs fait un album.
Mais dans ce livre, écrit en 2011, elle part sur les traces de ses fantômes, elle prend des chemins de traverse, va où l’instinct la porte, y découvre ou redécouvre ses ponts, ses statues, ses monuments, ses fontaines, ses bouquinistes, la Seine, des morceaux d’Histoire, les maisons de femmes et d’hommes célèbres, ses bistrots et ses restaurants, en se baladant de préférence dans les quartiers qui restent des villages, où n’a pas sévi le baron Haussmann. Elle fait des détours à travers les gares et les cimetières, ses pas la conduisent dans des ruelles, des impasses, des jardins et en chemin elle nous raconte plein d’anecdotes, de souvenirs, d’événements. Elle nous parle aussi avec humour des hommes nus et de leurs zizis érigés en statues (chassez le naturel !). Et bien sûr, en tant qu’écrivaine, elle évoque ceux qui l’ont marquée comme Aragon, Balzac, Piaf, Vian, Zola, Simenon…
Au hasard de ses promenades, nous baguenaudons avec elle dans des lieux surprenants et elle nous apprend plein de choses, jusqu’à l’étymologie du nom de certaines rues, de certains quartiers.
Une balade pleine de poésie, de connaissance que nous offre cette belle promeneuse qui nous a quittés en 2014.
Jean-Philippe SAINT-GEOURS & Christophe TARDIEU : L’Opéra de Paris, coulisses et secrets du Palais Garnier (550 pages)
Qui, mieux que ces deux homme, pouvaient parler de ce bel édifice parisien que Jean-Philippe Saint-Geours, qui en fut le directeur de 1983 à 1989 et Christophe Tardiau qui le fut de 2010 à 2014, dans ce que surnommait Noureev «Ce nid de serpents» qui a aujourd’hui 140 ans ?
Dans ce palais construit par Charles Garnier, tous deux y ont connu de grands bonheurs, de nombreux problèmes et vicissitudes en tous genres : politiques, états d’âme des «stars»  de la danse et de la musique, jalousies entre les artistes de tous poils, de nombreux métiers qui régissent ce grand vaisseau, des histoires dans l’Histoire, les grands événements qui s’y sont déroulés…
Ils nous en parlent avec humour, évoquant leurs souvenirs et faisant revivre Claude Bessy, la Callas, Serge Lifar, Rolf Lieberman, Pavarotti et bien d’autres. Ils nous parlent de leurs peurs, de leurs doutes, de leurs caprices et nous racontent le quotidien de cette immense ruche où il faut être partout, de la scène à la salle, des coulisses aux cintres, où il faut gérer tous les corps de métiers, les problèmes, les aléas, les vols même, car il y en a et de tous genres… Ce n’est pas un travail de tout repos mais à côté de ça, il y a aussi de grandes joies, lors d’une première réussie, lors de la venue d’immenses artistes internationaux sous le plafond de Chagall, chef d’œuvre magistral.
L’Opéra reste un des plus beaux emblèmes de Paris incontournable et lorsqu’on y entre, on est sidéré par cet escalier monumental, promesse d’une soirée magique.
Nicolas d’ESTIENNE d’ORVES : Dictionnaire amoureux de Paris (685 pages)
«Hénaurme» pavé que signe l’écrivain Nicolas d’Estienne d’Orves», petit-fils du héros de la résistance prénommé Honoré et frère de Philippe qui a vécu à Toulon.
Heureusement, il a écrit sous forme d’abécédaire, ce qui fait qu’au hasard de la lecture, on peut choisir son chapitre. Car il balais Paris qu’il aime bien mais qu’il châtie aussi bien, griffant de temps en temps choses et gens comme l’accordéon, l’aéroport et autres.
Mais c’est toujours avec humour et tendresse et c’est surtout magnifiquement écrit.
J’ai donc flâné à travers les lettres et par exemple, à la lettre P, on y retrouve cette image populaire du poulbot, personnage donné par son auteur illustrateur Francisque Poulbot (1879-1946) que l’on retrouve d’ailleurs dans «Les misérables» de Victor Hugo. Ce même Hugo qui a écrit «Notre Dame de Paris» en 1831 monument emblématique de la littérature et monument de Paris dont la construction a démarré en 1163. Tellement emblématique qu’elle est aujourd’hui un joyau universel, malgré le drame qui l’a blessée mais aussi célébrée grâce à des cinéastes, des auteurs, des compositeurs qui continuent de la chanter.
A, comme Marcel Aymé, qui vécut sur la butte Montmartre, auteur entre autres de «La traversée de Paris» et du «Passe muraille» ce dernier évoqué par une surprenante sculpture à Montmartre… rue Marcel Aymé.
Un peu d’humour et de coquinerie à la lettre X. X comme… X ! où l’auteur évoque la ville des plaisirs, du stupre, des bordel, des premiers cinémas porno, le «Gai (ou gay ?) Paris, où a été créé le festival du film pornographique en 75, qui n’a connu qu’un épisode mais qui a fait un triomphe très au film très controversé «Le sexe qui parle» ! Sans compter le nom de certaines rues, aujourd’hui changé comme la rue Poil au con ou encore la rue Trace putain !
M comme métro, créé par la Cie du Baron Empin, inauguré en 1900 lors de l’exposition universelle et dont les films comme «Le dernier métro» de Truffaut ou encore «Zazie dans le métro» de Louis Malle, d’après le roman d’un auteur parisien, Raymond Queneau, lui rendent hommage.
Des bateaux-mouches au concours de garçons de café, du Music-Hall au jardin des plantes, là encore on visite Paris de fond en comble, on apprend plein de choses et le tout est égayé de nombreuses citations d’auteurs qui évoquent Paris, pas toujours positivement d’ailleurs. En voici quelques-unes : Paris, nymphe de la Seine (Racine), Paris féérique (Dorgelès) Paris, souvenir du bonheur (Aragon), Paris pas beau (Balzac), Paris, endroit où il pue et où l’on n’aime point (Chamfort), Paris ennuyeux (Dostoïevski)… Et il y en a bien d’autres !
Livre fleuve plein d’enseignement, que l’on a bonheur à lire… à petites doses !

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Valentin MUSSO : Qu’à jamais j’oublie (Ed. Seuil – 320 pages)
Ce neuvième roman que Valentin Musso publie à ce jour impose encore plus  ce jeune auteur de thriller psychologique plutôt que de roman policier.
L’auteur se glisse donc dans la peau du fils de cette riche veuve qui vient de tuer à l’arme blanche un des résidents qu’elle vient de croiser dans un hôtel du Sud de la France, sans raison apparente.
Mystère pour ce fils photographe réputé qui vit dans l’ombre de son père décédé et de cette mère mutique qu’il a du mal à comprendre. Alors que police et avocats piétinent, il se lance dans une vaste rétrospective afin  de  démêler  le passé obscur de cette belle femme qu’ est sa mère, cette inconnue.
Ce sont ses recherches, à travers le passé trouble et confus de cette mère, que nous allons découvrir le personnage caché de son existence  pleine de suspense et d’intrigues qui permettront d’en dénouer le fil.
Roman extrêmement bien construit, détaillé, émouvant, surprenant.
Nous y trouvons non seulement un excellent portrait d’une femme exceptionnelle mais aussi des détails historiques réellement troublants et inconnus comme ces maisons d’internement où l’on pouvait faire incarcérer les jeunes filles rebelles ou les fils dévoyés dont les familles ne voulaient plus entendre parler.
Excellent roman de fiction, qui repose néanmoins sur une terrible vérité historique.
Annabel ABBS : La fille de Joyce ( Ed Hervé Chopin – 411 pages)
Dans le monde littéraire du début du XXème siècle, James Joyce occupe une place prédominante depuis la parution de son chef d’œuvre « Ulysse » en 1922, puis de « Finnegans Wake ».
Ces œuvres si difficiles à lire, je dirais même à décrypter, n’auraient pu voir le jour sans la présence continue de Lucia, la fille de Joyce.
Annabel  Abbs retrace avec beaucoup de délicatesse le parcours de Lucia entre 1928 et 1934, un parcours dirigé par le psychothérapeute Jung, sommité de l’époque, qui tente de soigner sa patiente en la forçant à se libérer de lourds secrets de famille.
Lucia a été internée de nombreuses fois, la première à la demande de son frère bien aimé, demande appuyée par sa mère, ombre persistante et maléfique. Mais qu’en est-il du père qui ne peut écrire sans sa fille, sa muse, auprès de lui, une jeune femme qui se perd dans des délires amoureux avec Samuel Beckett, puis le sculpteur américain Calder, une jeune femme qui veut être danseuse étoile et réussirait si bien aujourd’hui dans le domaine de la danse moderne !
Une biographie poignante qui entraine le lecteur dans le monde littéraire des auteurs nécessitant de généreux donateurs pour vivre, et le monde de la psychiatrie à ses débuts.
Une analyse pointue d’une famille où l’amour, l’obscénité et l’art sont intimement mêlés.
Pauvre Lucia, une jeune femme victime de sa maladie aujourd’hui détectée : la schizophrénie.
Renaud BLANCHET : Patricia (Ed Seuil –  457 pages)
C’est une biographie coup de poing, rigolote et pleine d’amour que Renaud Blanchet offre à sa mère Patricia. Oui, une Patricia combative, pleine d’ardeur, de détermination, qui ne baisse jamais les bras et sait saisir les opportunités quand elles s’offrent à elle.
Fille d’un couple travailleur (morceau d’anthologie quand la grand-mère travaille pour le couturier Dior, ou quand le grand-père démarre son entreprise de sabots !) Patricia rêvait d’être danseuse, elle sera marchande de chaussures.
Un grand amour avec Laurent Blanchet mais non pas Bleustein-Blanchet, un enfant, Renaud, qui survit à une « trrrrès » grosse bosse sur le crâne et aujourd’hui écrit ce roman, une vie à 300 à l’heure que rien n’arrête.
Surveillée par un père juif autoritaire qui parcourt la France et l’Italie pour développer son entreprise de chaussures, une mère qui crée sans cesse des vêtements originaux et d’avant-garde et se perd dans la boisson entre deux découpes de patrons, Patricia ne compte pas ses heures de travail, d’ailleurs lui arrive-t-il de dormir ?
Des moments succulents lorsque l’auteur rappelle les souvenirs de jeunesse avec Cohn Bendit, Jean-Luc Godard, Romain Goupil, déjà l’apparition de Gabriel Matzneff tombeur de très jeunes filles, puis beaucoup plus tard un épisode sulfureux dans Sequoia Park aux États-Unis où Patricia échappe à un violeur professionnel généreux en champignons hallucinogènes !
Impossible de raconter ce foisonnant roman, il y a du vrai, beaucoup d’exagération, mais surtout un vibrant hommage du fils à sa mère, un fils qui n’a pas choisi la filière de la chaussure mais qui réussit tout de même dans l’écriture puisque ce livre vient d’être édité.
Ne pas tout prendre au pied de la lettre bien sûr, mais suivez les aventures et mésaventures de cette famille animée par la joie et le sens du travail.
NB. Allez faire un tour sur le net voir les chaussures de Patricia Blanchet,ça vaut le détourle détour, elles sont très belles !

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Meredith MAY :  D’amour et de miel. (Ed Mazarine – 377 pages)
Traduit de l’américain par Alice Seelow
Ce livre est l’histoire vraie de l’auteure, petite fille, qui a été sauvée par la nature et par un des plus petits êtres vivants au monde : les abeilles.
Meredith, cinq ans, et son petit frère vivent très mal le divorce orageux de leurs parents… jusqu’au jour où le père part de l’autre côté du pays. Les enfants étant les vestiges d’une existence passée que leur mère veut effacer de sa mémoire, celle-ci s’accroche à son statut de « victime » à force de médicaments et d’autres abus.
Difficile de s’adapter à ses humeurs incontrôlées.
Tous trois vont se réfugier chez les grands parents maternels, des originaux. En rentrant pour la première fois dans le vieux bus aménagé par le grand père, un apiculteur excentrique, Meredith va découvrir les abeilles, leur fabuleuse organisation et leur vie incroyable.
Il lui montre les sacrifices que font celles-ci pour sauver leur colonie et les liens qui les lient avec leur apiculteur. Tout ce que Meredith n’avait jamais connu : cocon familial, courage, persévérance, compassion. En observant ces petits êtres, elle découvre l’amour inconditionnel.
D’une lecture fluide, c’est une belle histoire écrite par une auteure, journaliste, apicultrice (cinquième de sa génération!).
Ce livre illustre comment la nature, abeilles comprises, peut nous sensibiliser à l’écologie, nous éduquer et nous guérir.
Geneviève SENGER : le premier amour est il éternel ? (Ed Presses de la Cité – 267 page)
Nous faisons la connaissance d’une famille dont l’auteur nous décrit le portrait psychologique de chacun. On va deviner alors comment chacun peut réagir dans différentes circonstances, on Les personnages, sont tous assez attachant,s sauf le père, patriarche dominateur,à qui tout le monde doit obéir. Se calmera t il en vieillissant ?
C’est lui qui est à la naissance du roman.
Il a interdit  à sa fille cadette Ariana, 15 ans, de poursuivre ce qu’il jugeait être une amourette avec un jeune homme syrien prénommé Mansour.. Les deux jeunes gens obéissent, chacun continue sa vie dont le lecteur est informé jusqu’au jour où, plusieurs années après, la grand-tante  d’Ariana décède et lui lègue sa maison à Cahors, maison où Ariana allait souvent quand elle était enfant.
Aujourd’hui, Ariana est mariée à un médecin et a deux jeunes enfants. La famille vit à Paris, va-t- elle accepter de quitter cette vie là pour aller s’installer à Cahors ?
Et Mansour, où est il ? elle n’y pense même plus. C’est tout le sujet de la deuxième partie du livre
C’est un roman distrayant où on ne s’ennuie pas une minute!
William LEMERGIE : Mirebalais ou l’Amour interdit (Ed Albin Michel – 298 pages)
Le roman se passe sous Louis XV. Le mirebalais est un homme qui honore de sa fougue les dames délaissées par leurs nobles maris fatigués ou absents.
Le héros se nomme Maro  Mortesagne.
Nous assistons d’ailleurs à quelques rencontres  de ce type !
A cause de cela, il va se faire des ennemis, doit faire face à un duel pour lequel  il est condamné au supplice de la roue (écartèlement) qui doit se dérouler le lendemain mais ses amis et acolytes sont là et le délivrent  car il est très bien entouré.
L’épopée historique est bien légère, Mme de Pompadour n’apparaît qu’aux toutes dernières pages et n’apportera rien à la petite histoire ni d’ailleurs  à la grande Histoire.
C’est un livre d’aventures.

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Jean-Paul LEFAUCONNIER : La Mitterrandiade –  tome 1   Ed Temporis –  471 pages)
Quoi de plus original que de célébrer le quarantième anniversaire de l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République, et le vingt-cinquième anniversaire de sa disparition qu’en écrivant une épopée en quatre volumes à sa gloire ?!
Dès les premiers vers, le ton est donné, Jean-Paul Lefauconnier chantera les combats d’un familier de la victoire dans un duo réjouissant entre la muse et le poète qui déclament leurs vers tout comme Voltaire dans « La Henriade ». La muse impose ses règles « Tu dois être documenté et du témoignage, hanté», et c’est parti pour 350 pages malicieuses, pertinentes qui raviront le lecteur, qu’il soit politiquement de droite ou de gauche.
Tout commence en 1940, notre héros va travailler pour l’Oréal, il faut bien gagner sa vie une fois marié. Les années de guerre lui permettent mille intrigues.
Ambition, intelligence, rouerie l’amèneront vers des postes ministériels toujours utiles pour avoir un pied, que dis-je, un œil sur l’information donc la censure, puis la politique en Afrique. Que de belles années à manipuler, flatter, exécuter sans remords, passer de la droite à la gauche sans hésiter !
La France doit sortir de sa guerre en Indochine, puis de celle avec l’Algérie et toujours notre héros se glisse là où le paysage politique est influent, avec toutefois une responsabilité dans les exactions bien coupables de nos dirigeants.
Jean-Paul Lefauconnier  versifie joyeusement sur ces années 1940-1958, et entraine le lecteur dans ce tourbillon qu’est la vie de Mitterrand, et déjà c’est la dernière page de ce premier tome qui annonce le duel avec  «L’homme de Londres, rude et tranchant comme l’épée».
Soyez patient, notre héros doit dormir et préparer le prochain volume.
Nous saurons attendre, prêts à savourer et nous délecter de ce travail merveilleux que nous offre l’auteur.
Françoise HARDY : Chansons sur toi et nous (Ed Equateurs – 430 pages)
Alors que ses signes de santé sont au plus bas, Françoise Hardy nous offre son dernier livre un livre fort original où, durant plus de 400 pages, nous retrouvons les paroles de ses chansons, signées d’elle ou d’autres auteurs, ce qui est déjà magnifique tant on se rend compte de la richesse de son œuvre, quoiqu’elle en dise Mais ce qui est aussi intéressant, c’est qu’elle les commente, les dissèque, nous en offre l’historique.
Ce qui est incroyable, c’est qu’au fil des pages on se rend compte de la mauvaise image qu’elle a d’elle, de son œuvre dont elle est très critique, et, dit-elle encore, elle a honte en partie. Eternelle insatisfaite, une minorité de ses chansons trouve grâce à ses yeux. Aussi bien celles qu’elle a chanté que celles qu’elle créées pour d’autres artistes.
Qu’elle trouve ses premières chansons maladroites et puériles,  cela peut se comprendre mais il faut se remettre dans le contexte des années 60, de son jeune âge et se rendre compte déjà, de sa maturité. Sans compter qu’à l’époque où tous les chanteurs se contentaient d’adapter des chansons anglaises ou américaines, elle était la seule ou presque auteure, compositrice et il faudra attendre la venue de Véronique Sanson pour qu’elle ne soit plus seule dans ce cas !
Elle est tellement peu sûre de son talent qu’elle finira par arrêter de composer à cause de son ignorance musicale.
Elle dit être un peu maso et c’est le cas tant elle se demande ce que les gens peuvent lui trouver alors qu’elle a écrit des chansons qui sont entrées dans le patrimoine de la chanson française.
Elle est sans concession. Sa lucidité est au bord du dénigrement et elle s’étonnait que tant de gens aient eu envie de travailler avec elle. Que les gens l’admirent et l’aiment tout simplement. Pourtant, son talent, sa beauté, ont fait d’elle une icône internationale de son vivant, chose qui, loin de la flatter, la dérange, l’embarrasse !
Et ils sont nombreux, ceux qui sont venus vers elle, avec qui elle a collaboré et de plus, de toutes les époques : Jane Birkin, Etienne Daho, Julien Clerc, Henri Salvador, Guesh Patti, Mader, Patrick Juvet, Julien Doré, Calogero et même Alain Delon qui n’avait enregistré qu’avec Dalida.
Elle va laisser derrière elle une œuvre véritable et nombre d’auteurs et compositeurs ont écrit avec elle de très belles choses et non les moindres, de Louis Chedid à Michel Jonasz en passant par Catherine Lara, Wiliam Sheller, Michel Fugain, Michel Berger, Jean-Michel Jarre, Serge Gainsbourg, Jacques Dutronc, bien sûr et bien d’autres.
Un caractère ambigu et à la fois paradoxal, la fait sans cesse douter d’elle.
Lorsqu’on lit ce qu’elle a écrit, on se rend compte qu’elle est une vraie poétesse, mais aussi une mélomane, quoi qu’elle en dise. On peut lire ses écrits comme des poèmes, mystérieux parfois, nostalgiques souvent et tout en les lisant la mélodie arrive aussitôt, accompagnant notre lecture, indissociable de l’œuvre.
Elle a souvent écrit dans la souffrance, elle pose un regard angoissant sur la vie d’aujourd’hui et constate qu’heureusement, il y a la musique et les chansons qui lui donnent des émotions : «Une grande chanson est intemporelle – écrit-elle dans ce livre – et j’ai toujours été en quête de mélodies qui me semblaient l’être. Le texte est aussi important que la mélodie mais il doit être à son service et non l’inverse. C’est le secret».
Ce secret qui lui a permis d’écrire et de chanter, durant près de soixante ans, des chansons qui resteront éternelles «longtemps, longtemps après que les poètes ont disparu»
A noter, en couverture,  une très belle photo de l’ami Jean-Marie Périer son premier grand amour.
Isla MOSLEY : Le vallon des lucioles (Ed.Seuil – 475 pages)
Traduit de l’Anglais par Emmanuelle Aronson.
L’époque : 1937. C’est le début de l’histoire
Le lieu : Kentucky_ USA
Les personnages : Deux jeunes journalistes-photographes envoyés en reportage dans ce coin reculé des Appalaches.
L’intrigue : Enquête sur une étrange famille qui vit au cœur de la forêt.
L’ objet : Faire un reportage sensationnel car la splendide jeune fille est «bleue». sa peau est bleue ! Et comme tout ce qui n’est pas conforme fait peur elle incite au rejet et doit se cacher pour survivre.
Lancés dans l’aventure, ils vont vivre une histoire passionnante  afin de l’approcher, de photographier ces étranges êtres repliés sur eux-mêmes, terrés, épiés par tout un chacun. Ce devrait être un « scoop » pour les deux journalistes.
Mais, l’histoire n’est pas si simple et leur aventure s’étendra sur des années jusqu’à nos jours  où tout se dénouera à travers la passion, la violence, la discorde, dans une société américaine en proie au racisme et aux préjugés bien enracinés.
Avec ce roman d’amour tiré d’une histoire vraie, celle d’une magnifique jeune fille atteinte De méthomoglobinemie  nous avons l’occasion de découvrir une fresque historique des USA aux temps tout proches, 1972.
Bouleversant.
Et tout cela au cœur d’une nature hostile  qui s’oppose à l’arrivisme sordide de la recherche du scoop journalistique
Un excellent roman
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Catherine CLÉMENT : Autoportrait de Calcutta (Ed du Seuil -206 pages)
Calcutta, fondée en 1690 sur le site de Kalikata c’est-à-dire la terre sacrée de Kali, mégapole à la densité de 24306 habitants par km², prend la parole et se raconte de façon non chronologique sous la plume de Catherine Clément.
Un récit dans lequel on se perd un peu tant il est varié mais qui intéresse de bout en bout.
Politique, géopolitique, histoire, cinéma, fêtes religieuses, anecdotes se succèdent agréablement car cette ville a de l’humour et aime à parler de ses habitants, morts ou vivants, illustres ou moins connus.
Patrick CHAMOISEAU : Le conteur, la nuit et le panier (Ed du Seuil – 260 pages)
Auteur martiniquais né en 1953, Prix Goncourt en 1992 pour son livre « Texaco », Patrick Chamoiseau poursuit dans cet essai sa réflexion sur les mystères de la création artistique et la créolité.
De par ses origines, l’auteur a été confronté au phénomène du conteur créole qui ne peut s’exprimer que la nuit, faute de se retrouver transformé en panier. Au XVIIème siècle, aux Antilles, la veillée mortuaire d’un esclave se faisait à la lueur des flambeaux, un vieil esclave devenait pour la nuit le « maître-de-la-Parole », discourant au son des tambours. Autorisé par le maître, cette assemblée appelée La Ronde, se faisait, selon l’auteur, alors que l’obscurité faisait oublier la domination esclavagiste et ouvrait au conteur un accès possible à la pensée du nouveau et lui permettait d’échapper au sortilège du panier qui l’aurait rendu impuissant à accéder à l’imaginaire.
Au cours de l’ouvrage, l’écrivain évoque le créole dite langue dominée par rapport au français, dite langue dominante. Il s’appuie sur les écrits d’Aimé Césaire, père du mouvement de la Négritude et d’Édouard Glissant visualisant chacun à sa manière la cale du bateau négrier et le déracinement des africains.
Un ouvrage dense, parfois redondant, qui nécessite une lecture concentrée et fait découvrir la vision de la complexité créatrice de l’acte dénommé « l’écrire » par Patrick Chamoiseau.
Santiago LORENZO : Les Dégueulasses (Ed du Seuil – 236 pages)
Traduit de l’espagnol par Lori Saint-Martin
Samuel, 27 ans, vit à Madrid.
Un travail inintéressant pour un opérateur de télécommunications, malgré son diplôme d’ingénieur, un logement dans un box avec toilette et lavabo tenu par un marchand de sommeil, pas d’amis, plus de relations familiales depuis qu’il a quitté ses parents, à l’exception de son oncle.
Tout bascule un après-midi de manifestation alors que Manuel pense avoir tué un policier croisé dans le hall de son immeuble. Avec l’aide de son oncle, il part se cacher dans un village abandonné au milieu du désert castillan.
Quelles seront les réactions de Manuel face à cet exil, le privant de confort matériel et de contact humain ? Ce refuge sera-t-il un petit paradis ?
Le récit, mené par l’oncle qui est le narrateur, est d’une veine comique qui réjouira le lecteur.
L’auteur, qui vit lui-même retiré du monde, livre une farce satirique de notre époque, engluée dans le superflu et nous interroge sur nos modes de vie contemporains.
Un bon moment de lecture.

Six-Fours – Maison du Patrimoine
Charles CHANTEMESSE : Le danger, le jeu, les femmes

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Je vous parle d’un temps que les moins de… 50 ans ne peuvent pas connaître : les années Beaux-Arts, à Toulon, alors que l’école était à l’entrée de la ville, dans des cabanes chauffées par des poêles à bois !
J’y côtoyais là des professeurs comme Baboulène, des élèves comme Charles Bartoli.
Après s’être perdus de vue, nous nous retrouvons à la Maison du Patrimoine de Six-Fours, autour d’une de ses expositions. Mais le style provençal a disparu depuis longtemps de ses œuvres et jusqu’à son nom puisqu’il est aujourd’hui et pour toujours Charles Chantemesse.

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Pourquoi ce changement de nom, Charles ?
Parce qu’à ma première exposition que relate Var-Matin un certain Bartoli dit que c’est lui et pas moi qui s’appelle ainsi ! Du coup, j’ai pris le nom de ma mère !
Parlez-moi de votre parcours.
Tout d’abord sachez que nous sommes «Mocos» depuis cinq générations. Mon université a été l’école de Besagne (quartier mal famé de Toulon après-guerre) et à l’occasion l’école Dutasta. Je détestais l’école et s’il y avait trente élèves dans la classe, j’étais le trentième ! Je l’ai d’ailleurs quittée à 14 ans, je vadrouillais, je castagnais, surtout à la maison où nous étions 7 garçons et 2 filles et elles n’étaient pas les dernières pour la bagarre ! Nous étions dans la pampa au Cap Brun où l’on volait des oranges jusqu’à ce qu’un amiral veuille s’occuper de moi. J’ai donc fait des études d’architecte et suis entré aux Beaux-Arts.
Et c’est la peinture qui a accroché ?
(Il rigole) Figurez-vous que je collectionnais les poupées, que je faisais de la couture avec ma grand-mère et que je voulais travaillais dans la mode ! Jusqu’au jour où ma sœur a brûlé toutes mes poupées !
Mais entretemps j’ai vécu plein d’aventures, j’ai fait 28 mois de guerre d’Algérie. J’avais 20 ans. J’ai beaucoup vagabondé. J’ai même été SDF ! .Je vivais au jour le jour. Et ce, pendant des années. Je faisais aussi mon métier d’architecte.

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Et alors ?
J’ai eu un gros malheur. (Il n’en parlera pas plus mais doit s’arrêter, pris par l’émotion). Deux hommes alors sont entrés dans ma vie : le peintre Giacobazzi et le directeur de la Villa Tamaris Robert Bonaccorci. J’avais découvert quelques exposition de l’un montées par l’autre et je me suis dit : «C’est ça que je veux faire !». Ils m’ont pris au mot et m’ont demandé 30 toiles, me promettant de les exposer. Et depuis, je n’ai plus arrêté.
Où avez-vous exposé ?
Ici, c’est la première fois mais j’ai exposé à la Maison du Cygne, à la Villa Tamaris, au Fort Napoléon mais aussi à Paris, à Berlin.
Berlin, c’était juste avant le confinement… Ça me fait penser qu’il faut que j’aille récupérer mes toiles !
Avez-vous des projets ?
Oui, j’aimerais faire une exposition ou chacune de mes toiles serait accompagnée d’un texte ou d’un poème écrit par des écrivains locaux. J’avais fait quelque chose de semblable avec ma femme, pour un livre où chacune de mes peintures était accompagnée d’un texte écrit par elle.
Mais je démarre à peine et pour le moment je n’ai qu’une toile.

En attendant, vous pouvez aller à la Maison du Patrimoine, où vous admirerez des toiles éclatantes de couleurs où le Pop Art et la photo font bon ménage dans un monde d’humour, de folie, aussi joyeuses qu’iconoclastes comme cette toile où se mêlent Bardot et la Vache qui rit, Tintin et les Beatles, Tabarly et Che Guevara,  Marylin et Coca Cola, Madonna et Mickey…
Entre Andy Warhol, Giacobazzi ou encore Hamilton ou la BD, ses œuvres parlent de musique, de peinture, de cinéma, de publicité, de la vie de tous les jours qu’il embellit de couleurs, de folie, de joie,  mêlant les genres à plaisir.
On y trouve tout ce qu’il aime : le danger, le jeu, les femmes … C’est lui qui le dit en riant !
Et on rit avec lui devant cette exposition jouissive où il vous offre vous transmet sa pêche et sa jeunesse !

Jacques Brachet
L’exposition est prolongée jusqu’au 4 juillet.



Francis PERRIN : Tout commence à Sète

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to TF1

En dehors du fait que notre amitié remonte à… 40 ans, nous avons deux points communs : nous avons le même âge et nous avons débuté notre carrière il y a 55 ans, moi dans le journalisme, lui dans le théâtre.
« J’ai – me confie-t-il – signé mon premier contrat le 18 juin 1966 (encore un point commun : c’est la date de mes 20 ans !) comme régisseur au théâtre Antoine, Je débutais avec Jean-Pierre Marielle, Claude Piéplu, Jean Rochefort. Depuis, je n’ai jamais arrêté, passant du théâtre au cinéma et à la télévision ».
Depuis quatre ans nous nous envoyions des SMS faute de nous rencontrer. Il se passera encore quelques mois que nous nous retrouvions sur sa prochaine tournée théâtrale.
Curieusement, ma dernière rencontre avec le confinement fut celle avec Francis Huster à Bandol, qui m’annonçait le début de la série de TF1 «Ici tout commence». Entretemps… il est mort… dans la série, rassurez-vous !
Et voilà que mon autre Francis m’annonce son entrée dans l’autre série de TF1«Demain nous appartient». Depuis quelques semaines, il tourne aux côtés de Catherine Jacob qui y joue son épouse et ils sont les parents de William (Kamel Belghazi). Ils apparaîtront courant juillet.
L’occasion de lui consacrer une interview.

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0 ans d’amitié… Tout continue… Demain nous appartient !

«D’abord la Covid. Comment l’as-tu vécu Francis ?
Le plus simplement du monde, dans ma maison du Vaucluse, en famille, avec ma femme et mes quatre enfants. Je n’ai pas à me plaindre par rapport à d’autres. J’en ai profité pour travailler et préparer la rentrée.
Avant de parler de la série, parlons de l’arrêt d l’autre série, «Mongeville» sur France 3 qui s’arrête en plein succès. Sais-tu pourquoi ?
Je ne suis pas le seul puisque mon ami Jacques Spiesser subit le même traitement avec «Magellan» !
5 millions et demi de téléspectateurs par épisode, crois-tu que ce soit normal ? Sans compter que personne n’a eu la délicatesse de nous prévenir. J’ai appris la nouvelle par la presse. C’est un tel mépris pour les artistes et les spectateurs de la part de France Télévision ! De plus, les parts de marché étaient énormes. C’est incompréhensible. Je leur en veux beaucoup.
En connais-tu la raison ?
Crois-tu qu’ils nous l’ont dit ? C’est certainement un bureaucrate qui a décidé de changer la marque…
De quelle marque parles-tu ?
(Il rit) Le produit devait devenir trop vieux ! Un artiste, en fait, est considéré comme une lessive. Perrin et Spiesser sont devenus obsolètes, il faut changer le packaging, trouver une lessive qui lave plus blanc !
Mais bon, tournons la page…

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Photo TF1

… Et passons à cette nouvelle série dans laquelle tu viens de t’installer : «Demain nous appartient»
J’ai été étonné et néanmoins heureux qu’on fasse appel à moi. Mais c’était la bonne nouvelle après l’arrêt de «Mongeville», ce qui me rassure qu’on a encore besoin de la vieille lessive ! J’y joue donc le père de Wiliam qui est chirurgien, moi je suis opticien à la retraite et, avec ma femme (Catherine Jacob), nous venons rendre visite à notre fils et à sa famille.
On ignorait tout de la famille de William !
Et ça fait partie des surprises de la série ! Mais je ne peux pas t’en dire beaucoup plus car je n’en ai pas le droit. Mais des secrets de famille vont ressurgir.
Connaissais-tu Catherine Jacob ?
Oui, nous nous étions rencontrés sur un épisode de «Mongeville». Nous nous sommes bien entendus et c’est encore le cas. De même qu’avec les autres comédiens qui constituent ma famille et je sais qu’ils sont heureux d’avoir «un vieux» à leur côté. De plus le lieu est magnifique et Sète est une très belle ville.
L’ambiance ?
Comme le temps, magnifique ! Nous nous entendons tous très bien, par contre nous travaillons beaucoup pour garder chaque jour dix minutes d’images. L’organisation est parfait, nous travaillons dans le plaisir même si les journées sont très denses car le rythme est soutenu. Mais je suis habitué à ce rythme-là. Il faut être disponible et sur le coup en permanence et j’aime ça.
Du coup, tu es installé à Sète ?
Pas vraiment car je ne suis qu’à 200 kilomètres de chez moi. Travaillant trois à quatre jours par semaine, le reste du temps je rentre retrouver ma famille.

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Ta famille dont tu vas retrouver quelques membres… sur scène ?!
Oui, puisque je monte pour la rentrée «L’école des femmes» de Molière et je serai donc entouré de mon fils Louis, ma fille Clarisse et Gersende ma femme. C’est une belle aventure que nous créerons pour 55 représentations à Lyon et qui sera suivie d’une tournée de 37 dates. Et nous pourrons nous y retrouver à Marseille, Fos, Marignanne, la Ciotat.
As-tu le temps de répéter avec le tournage ?
Oui, nous le faisons un peu à la maison mais nous nous installerons à Lyon tout le mois de juillet.
Tu enchaîneras avec Paris ?
Non. J’ai décidé de ne plus jouer à Paris. Ça ne me dit plus rien.
Ne m’avais-tu pas dit que tu ne voulais plus partir en tournée ???
(Il rit) C’est vrai mais là, c’est un beau projet qui me tient vraiment à cœur. Et qui est en famille. Mais bon… on verra !

Propos recueillis par Jacques Brachet


MULHOUSE – La Cité du Train fête ses 50 ans !

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En 2021, la Cité du Train-Patrimoine SNCF de Mulhouse fête ses 50 ans. Autrefois «Musée Français du Chemin de Fer», l’établissement accueille le public depuis 1971 et partage avec lui l’incroyable épopée du rail dont la particularité est de nous raconter à la fois la France, les Français et le territoire.
À travers sa collection unique de matériels roulants, de maquettes, d’objets ferroviaires, d’affiches et d’objets d’art, la Cité du Train témoigne ainsi de deux siècles d’histoire des chemins de fer en France – des premières locomotives à vapeur au TGV – et s’impose aujourd’hui comme le plus grand musée ferroviaire d’Europe. 

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Pour célébrer son cinquantenaire, c’est à un véritable voyage dans le temps que la Cité du Train invite le public. Dès le 12 juin, date anniversaire de son ouverture, une rétrospective en ouvrira ses portes et permettra à tout un chacun de découvrir son histoire, des premières réflexions lors de l’Exposition Universelle et Internationale de Paris en 1900 à aujourd’hui. 
Ponctué d’événements festifs et de nombreuses animations, le programme estival des commémorations s’achèvera lors des Journées Européennes du Patrimoine (18 et 19 septembre) avec l’ouverture d’une nouvelle section de l’exposition permanente, dédiée à la grande vitesse ferroviaire et à son histoire, à l’occasion d’un autre anniversaire de taille : les 40 ans du TGV.

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La Cité du Train en quelques chiffres
5 600 000, c’est le nombre de visiteurs accueillis par le musée depuis son ouverture en 1971.
60 000 m², c’est la surface qu’occupe l’ensemble des espaces du musée sur son site à Mulhouse (surface multipliée par 10 depuis sa création).
138, c’est le nombre de matériels roulants classés « Patrimoine SNCF » (locomotives, autorails, voitures, wagons) et préservés sur le site de Mulhouse (nombre multiplié par 10 depuis sa création).
14, c’est le nombre de salariés que comptent l’association pour gérer le musée au quotidien (épaulés par un pôle de 40 bénévoles actifs).

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La Cité du Train est soutenue par SNCF et m2A (Mulhouse Alsace Agglomération)
Une collection Musée de France



Besse sur Issole : Sauvegarder la fontaine de la Marianne

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La Fondation du patrimoine, en partenariat avec la commune de Besse sur Issole, travaille à la sauvegarde du patrimoine en péril. Aujourd’hui, c’est la Fontaine de Marianne de Besse sur Issole, dans le département du Var qui à besoin de votre aide pour continuer d’éclairer sa ville.
Dans le cœur de ville de Besse sur Issole, le flambeau élevé, une Marianne en fonte bronzée guide ses habitants vers la liberté. En effet, La Marianne tient un flambeau garni d’un luminaire électrique et éclaire ainsi le lieu qui l’entoure. La statue repose sur une vasque en calcaire gris – rose, cerclé d’embouchures d’eau à têtes de lions. Un massif en calcaire blanc, à quatre canons de plan octogonal et d’élévation droite recueille l’eau.
Ainsi, la fontaine se dresse fièrement au centre de la rue de la République. Pour que la fontaine rayonne des travaux sont nécessaires : nettoyage, peinture et restauration des pierres anciennes pour faire fonctionner la fontaine.
Aidez Marianne à tenir le flambeau.
En juillet 1888, le Maire de l’époque, Alexandre Souleyet, décide avec l’accord de son conseil, la construction d’une fontaine monumentale pour embellir le cœur de ville.
En septembre 1891, la fontaine de Marianne remplace l’ancienne fontaine du Pradon. La statue de Marianne a la particularité de porter son flambeau à gauche. Ainsi, le maire du village, alors socialiste, marque sa préférence politique. La statuaire est créée, par Louis Gasne, maître de forges à Tusey, sur le modèle de la statue de Georges Michel de 1889. La pierre de taille est collectée dans les carrières de Tourris, près de Toulon. Et c’est depuis le 30 juillet 1891 que la statue trône dans l’axe de la tour de l’horloge du village de Besse sur Issole.

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La restauration de la statue de Marianne, des têtes de lions et des pierres est indispensable à la sauvegarde de la fontaine. Les statuaires seront sablées avec un sable très fin et à une distance suffisante pour ne pas détériorer la fonte. Cela permettra de garder en état les symboles qu’ils représentent : la liberté, la fraternité et l’égalité. Aujourd’hui, la fontaine de la Marianne représente, pour ses habitants, la carte d’identité de la commune de Besse sur Issole.
La Fondation du Patrimoine
Première institution de défense du patrimoine, la Fondation du patrimoine sauve chaque année plus de 2000 monuments, églises, théâtres, moulins, musées etc. Elle participe à la vie de centres-bourgs, au développement de l’économie locale et à la transmission des savoir-faire.
Forte de 20 ans d’expérience, elle a su développer des outils efficaces, lui permettant de mener de nombreuses actions de restauration aux côtés des collectivités et propriétaires privés.
Reconnue d’utilité publique, la Fondation du patrimoine offre une garantie de sécurité et une transparence financière. Chaque projet fait l’objet d’une instruction approfondie et d’un suivi rigoureux. Sur le terrain, un solide réseau d’experts, composé de bénévoles et salariés, accompagne les projets et ouvre ainsi chaque jour à la préservation de notre patrimoine et de nos paysages.
L’appel aux dons s’adresse à tous, particuliers et entreprises souhaitant participer à la réalisation de ce projet patrimonial, mémoriel et historique.
Rendez-vous sur : www.fondation-patrimoine.org




Arles – Rencontres de la Photographie
Echos Sytème à la Fondation Manuel Rivera-Ortiz

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Échos système est un programme d’expositions envisageant le vivant, un vivant incertain, en transformation et en mutation. Ce vivant s’entremêle dans des contextes territoriaux marqués et singuliers. Les artistes nous plongent, par différentes approches, dans des problématiques actuelles en lien avec les migrations, (Les Chants del’Asphodèle, Mathias Benguigui et Agathe Kalfas), la mémoire (Sauvegarde retrouvée 2.0, Jérôme Cortie ; Cuba, Manuel Rivera-Ortiz), le féminisme (Les marques,Elsa Leydier) ou encore le décolonialisme.Images analogiques, numériques, réalité virtuelle,augmentée (Au bord du réel, Jean Christian Bourcart) etarchives (Time Atlas, Niina Vatanen) façonnent une vision et une perception renouvelée du vivant et des relations sociétales qui en découlent. Des récits-fictions pour trouver notre place, exprimer nos désirs et apprivoiser nos peurs (D’ici, ça ne paraît pas si loin, Les Associés) ou les subir en les exprimant par la violence ou l’exaltation (American Mirror, Philip Montgomery).

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D’ici ça ne paraît pas si loin (Sébastien Sind) – Les marques (Elsa Leydier)

Ces visions explorent les facettes de l’individu face à lui-même et son environnement, qu’il soit géographique ou social, telle la solitude (Métropolis, Barbara Wolff), le genre (Identité et masque, Anno Wilms) ou l’érotqui met en évidence la notion du masque que tout individu porte pour répondre aux exigences de la vie sociale.
Un ensemble protéiforme faisant écho à l’humain et à l’environnement, un système inter relié face aux multiples problématiques actuelles, telles que les crises sanitaires (Sauver les corps, Les Associés/ParisBerlin), écologiques et politiques (Drop Out, Hoël Duret). Ces approches documentaires, par la photographie et le film, nous éclairent sur un monde en mouvance et nous questionnent sur l’avenir de l’humanité (Surviving Humanity, Alberto Giuliani).
Plus de 60 artistes, 15 expositions présentées cet été parla Fondation Manuel Rivera-Ortiz du 4 juillet au 26 septembre, dans le cadre du programme associé des Rencontres de la Photographie d’Arles

 15 _ BEHIND DESIRE. Heinz Hajek-Halke, Die üble Nachrede, 1932 © Heinz Hajek-Halke_Collection Chaussee 36, Courtesy Chaussee 36 _ 3_3
Les chants de l’asphodèle (Mathias Benguigui) – Behind desire (Heinz Hapak)

18 rue de la Calade
Tous les jours 10H00 – 19H30
La vente des billets cesse 30 mn avant la fermeture
Vernissage le mercredi 7 juillet
Vernissage en continu durant la journée, ouverture jusqu’à 21h

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Six-Fours – les Nuits du Cygne
Renaud et Gautier CAPUCON… un plaisir rare

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Dans la famille Capuçon, il y a deux prodiges : Renaud et Gautier, chose rare dans le monde musical dit classique.
Tous deux natifs de Chambéry, le premier en 76, le second en 81, si les parents ne sont pas musiciens, ils sont cependant mélomanes et les deux frères baignent dans la musique. Tous sont très jeunes de vrais prodiges, Renaud choisissant le violon, Gautier le violoncelle.
Honorés de nombreux prix et récompenses, très vite ils joueront chacun de leur côté avec les plus grands musiciens et instrumentistes, dans le monde entier et les lieux les plus prestigieux. Et bien évidemment ils joueront très souvent ensemble.
Si Renaud a épousé la journaliste Laurence Ferrari, Gautier lui a épousé, une violoncelliste, Delphine Borsarello, fille du violoniste Jean-Luc Borsarello… On reste dans les cordes !
Il a également écrit un livre remarquable, «Mouvement perpétuel» (Ed Flammarion)
En 2013, Renaud crée le Festival de Musique d’Aix-en-Provence. Quant à Gautier, il fait partie du jury de cette belle émission «Prodiges», il anime une émission sur Radio Classique et il fut choisi pour rendre hommage à Johnny lors de ses obsèques.
Nous avions eu, l’an dernier la joie de voir et écouter Gautier Capuçon à la Maison du Cygne de Six-Fours. Le voilà qui revient cette année mais la joie est double puisque, à deux jours d’intervalle, il succède à son frère. Avec un petit regret : qu’ils n’aient joué ensemble.
Mais le bonheur était complet et on ne remerciera jamais assez Fabiola Casagrande, adjointe aux Affaires Culturelles, de les avoir invités pour «Les Nuits du Cygne», ces concerts en plein air dans le jardin remarquable de cette maison éponyme.

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Comme l’an dernier, on y refusa du monde, le concert de Renaud étant avancé pour cause de couvre-feu mais sous la tonnelle entourée d’arbres d’où filtrait le soleil, le concert fut féérique.
Accompagné par l’excellent pianiste qu’est Guillaume Bellom, Renaud nous offrit un bouquet musical de haute qualité, où se mêlaient les musiques de Massenet et Morricone, de Wagner et Chaplin, de Grapelli et César Franck, de Mancini et John Williams…
Inspiré, concentré, jouant les yeux fermés mais avec un sourire sur son bonheur de retrouver la scène et le public «en chair et en os», il fut brillant et le public lui fit une standing ovation.
Après le concert, il y eut la queue pour le féliciter, l’approcher et  lui demander un autographe qu’il fit avec cette simplicité et cette gentillesse, inhérents à ce duo de musiciens exceptionnels. Comme quoi talent et célébrité peuvent très bien s’accoler à simplicité.
Certains artistes (les chanteurs en particulier) pourraient en prendre exemple.
Et voici que, deux jours plus tard, Gautier arrive, presque un an après sa prestation de l’an dernier dans ce même lieu. Toujours ce magnifique sourire, cette silhouette de jeune homme et il a la gentillesse de se souvenir de notre rencontre… malgré les masques.
Comme l’an dernier, il sera brillantissime et nous offrira un programme varié, passant de Beethoven à Schumann, de Debussy à … Piaf, d’Albinoni à Rossini …
Entre chaque morceau, il nous en explique la genèse. C’est ainsi qu’on apprend que le fameux adagio présumé d’Albinoni serait de Rémo Giazotto qui aurait utilisé le fragment d’une sonate de ce premier. Quant à la délicate sonate de Debussy, nommée «Clair de lune», issue de «La suite bergamasque» et dont le nom est inspiré d’un poème éponyme de Verlaine, il en a fait une magistrale adaptation, celle-ci ayant été composée pour piano. A noter que Renaud aussi l’interprète au violon.

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Le final fut à la fois émouvant et grandiose puisqu’il termina, avec une très sensible et délicate interprétation de «L’hymne à l’amour» de Piaf dans un incroyable duo avec son pianiste Jérôme Ducros et, comme l’an dernier, c’est avec le czardas des «Danses hongroises» de Monti, tout en légèreté, en agilité et avec une incroyable maestria qu’il termina ce récital devant un parterre debout  et applaudissant à tout rompre.
Plaisir rare que cette rencontre avec ces deux frères aussi talentueux que sympathiques et si différents, Renaud tout en retenue et sobriété, Gautier tout sen ourire et décontraction.
Ne pas oublier deux magnifiques pianistes invités à ces Nuits : Frank Braley et David Frey qui complétèrent ce mini-festival de haute voltige.
Après les frères Capuçon, ce serait génial que viennent les remplacer l’an prochain… les sœurs Berthollet, Camille étant comme Renaud violoniste, Julie étant comme Gautier, violoncelliste !
Affaire à suivre !

Jacques Brachet