Archives mensuelles : mai 2021

Toulon
André NEYTON fête les 30 ans de l’Espace Comédia !

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1921.
Au commencement était une grange achetée par Joseph Rosa. Et le Comédia, premier cinéma de Toulon allait naître.
Mais après sept ans de réflexion, M Rosa revend sa grange qui va passer dans plusieurs mains.
En 1943, en pleine guerre, une bombe le transforme en grand trou béant.
Mais il renaîtra de ses cendres en 1950.
En 1984, à l’ombre de Jacques Tati, il se dote de deux salles, trois cents places, un bar.
Et arrive André Neyton en 1991. Enseignant, fou de théâtre et de langue occitane il a beaucoup bourlingué, a créé deux chapiteaux dont l’un s’est envolé dans le mistral, a squatté au théâtre de la porte d’Italie qui n’était alors qu’un dépotoir, il a subi de nombreuses pressions, des revers de fortune, des suspensions de subventions, des problème de tous ordres, avec différents maires, dont un maire qui ne savait pas que la culture existait et encore moins la culture régionale, Maurice Arrecks, puis l’arrivée du FN…
Une grande épopée avant qu’il ne pose ses valises à ce qui deviendra l’Espace Comédia. il y crée une salle de théâtre, une salle de répétition, un atelier occitan, des pièces, monte une troupe, le Centre Dramatique Occitan et nombre d’artistes de la région vont  y naître et s’y produire, de Miquèu Montanaro à Miquela e lei Chapacans, en passant par Philippe Chuyen, Yves Borrini et Maryse Courbet, Trompette et Bourguignon,  et tant d’autres.
Mais pas que…

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André Neyton dans « Gaston Dominici »- Xal comédien, auteur, un des piliers de la compagnie,

Car André est ouvert à toutes les formes de spectacles, à tous les genres et c’est ainsi que nombre de troupes de Méditerranée viendront y jouer, des chanteurs, des danseurs, des musiciens,  et des artistes nationaux comme Rufus, Anne Sylvestre, Romain Bouteille, les frères Belmondo, l’auteur et réalisateur Paul Vecchiali (qui est né au Mourillon) qui est venu y créer une pièce… Chez lui, Molière et Brecht se sont toujours superbement entendu.
On l’a traité de fou, d’utopiste… Mais il fallait l’être pour que le vaisseau vogue sur les rives de la Méditerranée.
Il faut savoir que, jusqu’à l’arrivée des frères Berling et du Liberté, Toulon ne possédait pas de théâtre hormis celui de la Porte d’Italie et le Comédia. Oui, il y avait l’Opéra avec pour seules pièces de théâtre celles du Boulevard parisien.
Grâce à des gens comme Robert Laffont qui l’a beaucoup aidé et qui a produit pour France 3 en 85 «La révolte des cascavèus» qu’il a écrit et tourné avec la troupe d’André,  Jack Lang, qui a beaucoup aidé les théâtres en région, les langues vivantes et la langue occitane entre autres, à Jean-Louis Barrault qui a créé le Théâtre des Nations à la Sorbonne et où André et sa troupe y ont joué pour la première fois en professionnels.

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Extraits de l’exposition

Car, à l’heure où il est question (encore une idée géniale !) de faire disparaître des écoles nos langues régionales comme si ce n’était que du folklore, alors que ce sont nos racines, que l’on soit Corse, provençal, breton, basque, André et tous ces beaux comédiens ont défendu, défendent et défendront toujours notre belles langue occitane.
Toujours avec cette force de persuasion, cette volonté de défendre les théâtres, les cultures, les langues, les libertés, André Neyton a monté de grandioses spectacles hors les murs à l’instar du Puy du Fou créant en pleine nature provençale des épopées magnifiques dont tout le public se souvient encore : «Le siège de Mons», «Maurin des Maures», «Gaspard de Besse».
A noter qu’André pourrait  apparaître dans un jeu de sept familles : Vous demandez le père et André apparaît, la mère, Josyane, sa femme, comédienne, Michel son fils, technicien, éclairagiste, Sophie, la fille, comédienne, Isabelle, femme de Michel, costumière, Xavier-Adrien Laurent, dit Xal, comédien, collaborateu et ami d’André depuis 2004, qui reste un membre de la famille… La famille Comédia se porte bien !!!
Voilà donc 30 ans qu’André, comédien, auteur, metteur en scène, directeur de théâtre nous fait rêver, nous fait réfléchir et nous présente des spectacles que nous nous n’aurions pu voir nulle part ailleurs dans la région. Qu’il invite des artistes, des compagnies  qui viennent de Grèce, d’Italie, d’Algérie, d’Espagne… de tous les pays bordés par la Méditerranée…
Ça méritait un bel anniversaire et surtout ce film très émouvant,  «Le Comédia, un théâtre dans la ville» à la fois joyeux et nostalgique et qui nous rappelle 30 ans de beaux souvenirs de spectacles et d’événements, film que nous offrent XAL et son complice Hervé Lavigne.

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Travail de recherches incroyable, témoignages d’artistes, de journalistes, de personnes ayant des liens très forts avec ce théâtre et cet homme magnifique qu’est André Neyton qui se bat corps et âme pour la culture, la nôtre, celle des autres, qui n’a jamais baissé les bras dans la tourmente qui continue à mener les combats dont un de taille qui s’annonce aujourd’hui : la vente du Comédia par le propriétaire des murs pour des raisons familiales, pour le vendre à un promoteur.
Comment empêcher qu’une telle hérésie se produise ? Détruire un tel lieu pour un simple profit de promoteurs est impensable.
Espérons que les instances politiques et culturelles vont réagir.
Fermer un théâtre alors qu’on a plus que jamais besoin de culture est une désolation !
Ses 30 ans, il les fêtera du 12 au 15 juin, en présentant ce film, et en offrant une exposition et en espérant que ce n’est qu’une étape de plus et que l’Espace Comédia continuera à vivre encore de longues années.
A suivre…

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La famille Comédia !

Jacques Brachet
Aidez à sauver ce beau lieu : http://espacecomedia.com/soutiencomedia.html

Festival de Musique de Toulon & sa région 2021

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Pas moins de neuf concerts à découvrir dans toute la ville de Toulon et sa région du 16 juin au 8 juillet.

Mercredi 16 juin 2021
Déambulation musicale
De 11h à 20h – Centre-ville de Toulon – Entrée libre
Pianos sauvages – en partenariat avec Le Comptoir musical et le Port des créateurs
Quatre pianos en liberté !
11h-18h Kiosque à musique Jardin Alexandre er, Places Puget & des Savonnières, Galerie du Centre Mayol
… & au programme récitals, auditions publiques avec la participation des élèves du Conservatoire, rendez-vous à 12h15 au Kiosque à musique, à 13h30 Place Puget, à 14h45 au Centre Mayol et à 16h Place des Savonnières
18h-18h30 Place des Savonnières : Présentation de la saison Été 2021 suivi du
Quintette de Cuivres de la Musique des Equipages de la Flotte
Samedi 19 juin 2021
Le Faron fête la musique
11h – Théâtre de verdure du Mont Faron : Concert avec les classes de cuivres du Conservatoire Toulon Provence Méditerranée
Entrée libre / Téléphérique : tarif réduit aller-retour

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Orchestre du Conservatoire de Toulon

Mercredi 30 juin 2021
Un salon à Vienne avec Mozart
20h – Église Saint-Paul : Lorenzo Coppola : clarinette d’amour / Pablo Valetti :  1er violon / Céline Frisch : piano-forte et les membres de l’ensemble Café Zimmaermann
Tarifs : 26,50 €, réduit 22,50 €, spécial 13,50 €
(concert initialement prévu le 19 avril au Palais Neptune)
Jeudi 1er juillet 2021
Scherzos, nocturnes, ballades
21h30 – Tour Royale : Abdel Rahamanel Bacha piano
Tarifs : 26,50 €, réduit 22,50 €, spécial 13,50 € / Pack Tour Royale : 2 concerts 50€ , réduit 40€, 3 concerts 69€, réduit 54€
Samedi 3 juillet 2021
Orchestre du Conservatoire Toulon Provence Méditerranée – Pop !
21h30 – Tour Royale : Jean-Louis Maes direction – Entrée libre sur réservation auprès de la billetterie du Festival de musique
Les 60 élèves de l’orchestre symphonique du Conservatoire TPM reprendront le répertoire de la culture populaire du – pas si lointain – siècle dernier et de ses plus célèbres airs…

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Félicien Brut – Lucienn Renaudin

Lundi 5 juillet 2021
Latin music
21h30 – Tour Royale : Lucienne Renaudin Vary : trompette – Félicien Brut : accordéon
Tarifs : 26,50 €, réduit 22,50 €, spécial 13,50 € / Pack Tour Royale : 2 concerts 50€ , réduit 40€, 3 concerts 69€, réduit 54€
Jeudi 8 juillet 2021
Nuit bohémienne
21h30 – Tour Royale : Nuit bohémienne – Quatuor Modigliani – Jean-Frédéric Neuburger
Tarifs : 26,50 €, réduit 22,50 €, spécial 13,50 € / Pack Tour Royale : 2 concerts 50€ , réduit 40€, 3 concerts 69€, réduit 54€

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Quatuor Modigliani – Jean-Frédéric Neuburger

Six-Fours, Festival de la Collégiale – 17 au 22 juillet
Le Festival de musique est partenaire des concerts à la Collégiale Saint-Pierre organisés par la ville de Six-Fours
Avec l’Ensemble Matheus sous la direction de Jean- Chistophe Spinosi

Dimanche 18 juillet 20h30 : Tempête et fureur – Extraits d’opéras et motets
Avec Anna Aglatova, soprano (Vivaldi, Haendel, Marin Marais)
Mercredi 21 juillet 20h30 : La bataille
Avec José Coca Loza, basse & Filippo Mineccia, contre-ténor
Airs baroques de Vivaldi, Haendel enrich Biba
Jeudi 22 juillet 20h30
Une soirée chez Mozart

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Ensemble Matheus – Jean-Christophe Spinosi

Infos pratiques
En cas d’intempérie
Pianos sauvages : 2 pianos Galerie du Centre Mayol, un piano Port des créateurs
Concert et présentation de saison 16 juin : repli Port des créateurs
Concert 19 juin : annulation
Concerts 1er, 5 et 8 juillet : repli église Saint-Jean Bosco
Concert du 3 juillet : report au dimanche 4 juillet
Tarifs

Concerts Eglise St Paul & Tour Royale (30 juin, 1er, 5 et 8 juillet)
26,50 € | réduit 22,50 € | spécial 13,50 €
Réduit (sur justificatif) Amis du Festival / Association pour les musées de Toulon / Groupes (minimum 10 personnes) / Professeurs du Conservatoire TPM
Spécial (sur justificatif) Jeunes de moins de 26 ans / Demandeurs d’emploi (attestation du mois en cours) / Personne titulaire d’une carte d’invalidité
Packs Tour Royale
En vente exclusivement auprès de la billetterie du Festival de musique de Toulon et par correspondance.
2 concerts : 50€ | réduit : 40€
3 concerts : 69€ | réduit : 54€
4 concerts : 88€ | réduit : 68€
Réservation
Bon de commande téléchargeable sur le site internet festivalmusiquetoulon.com
• Billetterie du Festival de musique 06 34 29 59 33 / billetterie@festivalmusiquetoulon.com
• Billetterie de l’Opéra de Toulon 04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr
• Fnac, Carrefour, Géant, Systeme U, Intermarché 0892 683 622 (0,34€/min.) www.fnac.com – www.carrefour.fr – www.francebillet.com
• Réseau Ticketmaster : Auchan, Cora, Cultura, E. Leclerc 0892 390 100 (0,34€/min.) www.ticketmaster.fr
Adulte : de 13,50 à 26,50 €.
Infos/réservations festivalmusiquetoulon.com – toulontourisme.com

Six-Fours – Six N’étoiles : Fernando TRUERA
L’Histoire d’un homme remarquable

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Colombie, années 80.
Hector Abad Gomez (Javier Càmara, magnifique) est un médecin colombien.
Ce pourrait être un homme comme les autres s’il ne se dévouait corps et âme pour son prochain, entre autres les habitants de son village, Medellin, qu’il veut sortir de la misère, combattant tout ce que le gouvernement et la mafia leur fait subir de détresse, de misère… Il refuse de se taire au péril de sa vie. C’est de plus, un homme jovial, heureux de vivre avec une famille nombreuse, aimante et soudée, où l’amour et l’humanité sont les maîtres-mots.
Cet homme a réellement existé.
Son fils, Hector Adad Faciolince, lui voue une admiration sans réserve. Au point que, lorsqu’il décèdera, il lui rendra hommage en écrivant un livre qui deviendra un bestseller mondial et aujourd’hui un magnifique film signé du grand réalisateur espagnol Fernando Trueba.
Un film à multiples facettes, d’abord un film choral où il nous fait entrer dans cette famille lumineuse entourant un homme charismatique à la fois bon, fort, idéaliste, au sourire perpétuel à croyant en l’homme avec un optimisme quelquefois un peu naïf.
C’est aussi la photographie de l’histoire d’un pays, d’un peuple marqué par la violence, la pauvreté, les inégalités qu’Hector défendra bec et ongles jusqu’à la fin de sa vie.
Les images sont belles, avec une lumière qui transpire de beauté et de sérénité.

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Lelia Saligari, distributrice de Nour Films, Dominique Gioanni de Rigal, Amnestie International, Fernando Truera, Noémie Dumas, directrice du Six N’étoiles

Rencontrer ce magnifique réalisateur qu’est Fernando Trueba est un véritable plaisir, tant il est ouvert, volubile, simple, avec une belle dose d’humour. C’est grâce à l’association Amnistie International et à Dominique Gioanni de Rigal, qui a choisi ce film pour son festival, que nous avons eu la chance de le voir venir présenter son film au Six N’Etoiles.
«J’avoue – nous dit-elle – que je ne connaissais pas Fernando. Son film nous a été adressé par le distributeur de Nour Films et il nous a beaucoup touchés pour de multiples raisons, par l’histoire, le héros et parce qu’il entre dans le droit fil des idées que nous défendons, la Colombie étant un pays de violations majeures et nous sommes là pour défendre les droits humains».
Et Fernando d’ajouter qu’il est heureux que la France, qui pour lui est le pays du cinéma, l’ait accueilli avec autant de chaleur.

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«Fernando, il semble qu’au départ vous ayez refusé de faire ce film ?
Oui, il vous semble bien – dit-il en riant – car j’ai découvert ce livre en 2007 et j’avoue qu’il m’a terriblement touché, ému aux larmes et c’est un livre que j’ai offert à toute ma famille, à tous mes proches amis car c’est un livre qu’on offre aux vrais amis, aux gens qu’on aime. Ce n’est pas un cadeau anodin. Mais je n’avais alors pas la moindre idée d’en faire un film.
Quelques années plus tard, je suis approché par l’auteur et le producteur qui me proposent d’écrire le scénario et la réalisation du film. J’avoue avoir été flatté mais j’ai refusé…
Pourquoi ?
D’abord, parce que l’histoire se déroule sur vingt-cinq ans et qu’il est difficile de concentrer une telle période en une heure et demi. Et puis, cette histoire est tellement intime que je me voyais mal me l’approprier. De plus, il n’était pas question que j’en fasse un biopic, j’ai horreur de ce genre de cinéma. J’ai donc refusé.
Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ?
Tous les deux sont revenus à la charge et le producteur m’a dit de prendre le temps de relire le livre avant de dire non. Je l’avais déjà lu plusieurs fois, je l’ai relu pour lui faire plaisir… ce qui ne m’a pas fait changer d’avis !
Malgré tout, j’ai commencé à y penser. Je ne me voyais pas réaliser un film politique mais plutôt une grande histoire d’amour entre cet homme et sa famille et entre un père et son fils. Et la douleur de ce fils face à la perte de son père. Et puis…. (Silence)
Et puis ?
Je me suis dit qu’on faisait tellement de films sur des types méprisables, car les méchants ça fascine toujours. J’avais là l’opportunité de faire un film sur un homme décent.

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Javier Càmara et sa famille cinématographique – Nicolas Reyer qui joue le fils jeune et Juan Pablo Urrega qui joue le fils adolescent

Qu’appelez-vous décent ?
Un homme qui est à la fois conservateur, autoritaire mais aussi tendre et gai, rêveur et idéaliste. Un homme à la fois courageux, complexe, solaire, qui vit pour les autres, pour sa famille. Chez lui, je me sentais chez moi.
Ce n’est pas un héros mais un homme qui fait de belles choses dans sa vie. Son histoire d’amour est formidable, entre une femme chrétienne et un homme athée qui se complètent et fusionnent totalement…
Est-ce que son fils à voulu un droit de regard sur le scénario, sur le tournage, sur le casting ?
Rien de tout cela car il est d’une telle élégance !
Il était très désireux de voir se réaliser ce film mais il n’a voulu se mêler à rien. Le scénario, il l’a lu une fois fini et n’y a rien changé. Quant au tournage, pour ne pas y venir, il est parti en Italie. Le rêve pour un réalisateur !
A noter qu’il est journaliste, romancier et a traduit nombre d’auteurs italiens.
Le choix de Javier Càmara, qui incarne le père ?
C’était le comédien prédestiné ! Il avait tourné dans mon film «La reine des neiges» et j’ai aussitôt pensé à lui. J’ai quand même fait un casting mais en définitive, je suis revenu très vite à lui tellement je le voyais dans ce rôle. Je trouve qu’il lui ressemble à tous points de vue. Et quel plaisir de tourner avec lui car c’est tout le temps le cirque ! Tout en étant très professionnel, avec lui c’est la rigolade du matin au soir. Il est toujours joyeux et j’adore ça… même si ça a pu en exaspérer certains !
Mais cette façon de toujours rire et s’amuser correspond exactement à Hector».

 Ce film a reçu le Goya 2021 du meilleur film hispano-américain, sélectionné au festival de Cannes 2020 avec un grand succès, après toutes ces péripéties que le cinéma a traversé, voilà qu’enfin vous pourrez découvrir ce magnifique film qui sort le 9 juin.
Ce sera certainement l’un des films-phares de cette «rentée» cinématographique estivale !

Jacques Brachet






NOTES de LECTURES

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Christophe BATAILLE : La brûlure (Ed Grasset – 152 pages)
Quoi de plus beau qu’un grand arbre qui s’élève vers les cieux ?
Mais combien de dangers menacent les élagueurs chargés de les entretenir : chutes de branches, chutes au sol, chenilles, guêpes, abeilles, frelons et depuis peu frelons asiatiques.
Dans ce court roman, l’auteur s’inspire de ce qui est arrivé il y a sept ans à son cousin, Philippe, joliment nommé le grimpeur d’arbres. Un élagage tourne au drame. Caché dans les hautes branches, un essaim de frelons asiatiques s’en prend à l’homme. Il subit des milliers de piqûres provoquant cette brûlure dans tout son corps, son transport à l’hôpital, sa mise en coma artificiel pour qu’il ne sente plus ces douleurs atroces.
Le romancier présente ce fait divers en deux parties. Dans la première partie, intitulée «Les grandes chaleurs», c’est un écrit poétique à deux voix, celle de l’élagueur puis, quand l’homme est hospitalisé, celle de la femme qu’il aime et qui va le soutenir dans cette épreuve. Une belle ode à la nature et à l’amour.
Puis c’est le récit de l’homme, tel que recueilli auprès de Philippe par l’écrivain et dont l’issue diffère du récit de la fiction.
Le lecteur appréciera surement ce livre dont le héros est l’arbre, dans une nature non transformée.
Mais il pourra regretter comme nous ce double récit qui est une quasi redite.
Gianfranco CALLIGARICH : Le dernier été en ville (Ed : Gallimard –  213 pages)
Traduit de l’italien par Laura Brignon
Ce sera le dernier été en ville, mais surtout le dernier jour pour Léo Gazzaro, étrange électron libre déambulant dans Rome, regardant sa vie d’errance avec humour.
Ce dernier été où pour vivre, Léo a dû travailler dans un journal à rédiger quelques articles, un journal tenu par un aristocrate complètement ruiné mais toujours élégant, un dernier été et sans doute un dernier amour avec une jeune femme psychiquement perturbée.
Un dernier été aussi à courir dans les bars pour boire un puis deux whiskys et pourquoi pas la bouteille. Et toujours la rencontre de personnes fortunées offrant le gîte et le couvert à Léo pendant leurs longues croisières dans les îles tropicales.
Difficile de vivre dans la légèreté, l’aisance, la mobilité d’une société fermée quand on a l’intelligence et que l’on sait que cela ne peut durer éternellement. Léo aime Rome, il y a ses habitudes, particulièrement sur la Place Navone, mais le sens de la vie lui échappe. Connaît-il  ses erreurs, ses défauts, ses manquements ?
Un roman délicat qui retrace avec beaucoup d’humour la lente descente aux enfers d’un homme amoureux, déçu, acceptant l’inévitable chute et lucide jusqu’à son dernier jour.
Un beau roman sur la dolce vita que l’auteur décrit avec un regard d’adulte sur des enfants gâtés mais perdus.
Un très bon moment de lecture
Yves DUTEIL : Chemins de liberté (Ed l’Archipel – 228 pages)
Les grands poètes de la chanson française, aujourd’hui on les compte sur le doigt d’une main.
Yves Duteil est de ceux-là. Le sens des mots qu’il nous inocule avec précision, avec poésie, avec émotion nous a donné et nous donne toujours de superbes petits bijoux sertis dans des mélodies aussi simples que belles.
On s’est beaucoup gaussé de lui, on ne sait pourquoi mais lorsqu’on crée des chansons comme «La langue de chez nous», «Prendre un enfant», élue «Plus belle chanson du XXème siècle» on peut se targuer d’être dans la droite ligne de Brel, Barbara, Brassens.
Mais lui ne se targue de rien : il vit en toute simplicité avec son épouse Noëlle, immuable et indispensable depuis des décennies auprès de lui et compose sa vie avec amour, passion, avec surtout une humanité que l’on rencontre peu aujourd’hui.
Il nous dit être devenu «obsédé textuel grâce à Nougaro». Tout son œuvre est tournée vers la poésie, la musique et l’amour. L’amour de son prochain, des belles et simples choses de la vie, de la nature et des grandes causes, sans jamais y mêler la politique, même s’il est resté maire de son village, Précy (où vivait sa voisine Barbara) très longtemps et s’il partageait une amitié sans faille avec Chirac.
L’ouverture de ce livre est en hommage à Noëlle, sa femme, son amour, sa complice et tout au long du livre elle y est omniprésente car il n’aurait pas fait tout ce qu’il a fait sans elle à ses côtés.
Ce livre, est un livre d’émotion que l’on partage tout le temps le regard embué tant il  sait nous délivrer de belles choses avec cette poésie unique : «Ecrire une chanson c’est attraper un courant d’air avec un filet à papillons».
Et tout au long des pages, Duteil nous parle d’amour, de tendresse, de fidélité. Comme cette chanson «Dreyfus» dont il est le petit neveu, à qui il a dédié cette chanson après avoir pu apprendre tout ce qu’il pouvait de cet ancêtre malmené et dont en famille on ne parlait pas.
Fidèle, il l’est avec ses amis, avec les artistes qu’il aimait, de Gréco à Barbara, de Devos à Brassens, de d’Ormesson à Jeanne Moreau, de Barjavel à Félix Leclerc avec qui il partagea l’amour du Québec et de la langue française.
C’est grâce à Monique le Marcis, directrice des programmes de RTL, que par deux fois la chanson «Prendre un enfant» fut sauvée. D’abord en l’imposant sur sa radio alors que personne n’en voulait et en la rajoutant à la liste des chansons où elle avait été «oubliée», devenant ainsi une chanson universelle.
On ne compte plus les causes humanitaires qu’il a défendues avec Noëlle, et cela sans s’en donner la vedette mais en les menant au bout et en y entraînant plein de gens, d’associations et souvent les politiques.
Couvert de prix, il en parle toujours comme un honneur en s’en excusant presque et à chaque fois, c’est un grand moment d’émotion, qu’il nous parle de ses amis, de ses combats, de ses rencontres.
Lui si discret nous ouvre son cœur en grand et si cela était possible car on s’en doutait, on découvre un homme, un vrai, courageux, sensible toujours prêt à aider, à combattre pour de justes causes, pour les enfants malmenés par la vie, avec toujours à ses côtés cet «ouragan de douceur» nom dont il affuble sa femme avec infinie tendresse.
Un homme beau, libre, d’une grande humanité et un de nos plus beaux artistes qui soit.

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Gilert BORDES : La prisonnière du roi (Ed Presses de la cité – 374 pages)
A partir d’un fait réel situé aux XII° et XIII° siècles Gilbert Bordes bâtit un superbe roman racontant de façon romancée le mariage du roi de France Philippe Auguste  avec la belle et jeune princesse danoise Ingeburge.
Que s’est il passé après les fastes de la noce pour que le roi répudie sa jeune épouse et la fasse enfermer dans la forteresse d’Étampes puis le cloitre  sans qu’elle comprenne les raisons de sa disgrâce ?
Comme toujours l’auteur nous impressionne par la véracité des faits historiques, le réalisme de ses descriptions et le foisonnement de ses reconstitutions donnant à cette fiction un très grand réalisme.
Chantal THOMAS :  De sable et de neige (Ed Mercure de France – 208 pages.
L’auteure romancière, essayiste, dramaturge, chercheuse est de  l’Académie Française Elle poursuit son œuvre autobiographique.
Voici des mémoires magnifiquement vivantes, des réserves  inépuisables de bonheurs physiques. C’est l’art de vivre l’instant. C’est la liberté d’une enfance au bord de l’océan, de la grande  dune d’Arcachon, des excursions au Cap Ferret.
L’auteure aime l’eau, la  mer, l’océan. Ses souvenirs reviennent comme des vagues : sa copine
Louisette, les aiguilles de pin qui piquent, les huîtres, le sable qui  file entre les doigts, la chaleur d’un galet rond chauffé au soleil, le  jeu des poupées  citadines et rurales……
Elle rend un bel hommage à son père, à ses parties de pêche, à ses  ballades à ski. Cet homme- si secret, si silencieux mais si aimant,  meurt à quarante trois ans alors qu’elle en avait dix sept; ce qui  marquera la fin de son enfance et  de ce lien d’amour.
Grande voyageuse, elle sera un 31 décembre  à Kyoto, ville mélancolique et magique d’où elle décrira la beauté de la  neige, son silence. Elle découvrira le rite du nom des morts qui la  stupéfiera . D’autres souvenirs, d’autres voyages.
Savoir exprimer la beauté des choses et la puissance de leur silence, savoir exprimer les sensations les plus fugitives avec l’élégance de phrases tantôt lumineuses et claires, tantôt drôles et féroces, c’est magique.
Très, très beau texte de Chantal Thomas illustré par des photographies d’Allen Weiss  expliquées en fin de livre.
Michel SARDOU : Je ne suis pas mort… je dors (XO Ed – 155 pages)
Nous avons déjà eu droit à plusieurs bios ou auto bios de Sardou, dont une assez copieuse.
Surprise, après ce premier plat de résistance, voilà qu’il nous propose un dessert qui nous laisse un peu perplexe, avec ce petit livre fait de bric et de broc, qui nous révèle en fait peu de choses, quelques bribes de souvenirs, quelques petites anecdotes dont certains sont connus, servis dans un curieux désordre.
On peut se poser la question… pourquoi ce livre ? Pour prouver qu’il n’est pas mort ?
Il l’a écrit sur l’instant, lorsqu’une idée lui venait, il n’y a aucun lien entre chaque histoire, sinon – et ça c’est la seule drôle d’idée du livre ! – il a imaginé un dialogue avec sa mère Jackie Sardou, qui lui pose des questions, qui le coupe où le renvoie à un sujet, lui confie ses réflexions sans mâcher ses mots… C’est une conversation à bâtons rompus et ce qu’il y a d’incroyable c’est que, connaissant sa mère par cœur, évidemment,   ç’aurait pu être un vrai dialogue entre eux, comme lorsqu’elle l’interrompait dans son tour de chant alors qu’il chantait  sur scène «Comme d’habitude».
A tel point qu’en la lisant, on croit entendre sa  voix haut perchée de titi parisienne !
Heureusement qu’il y a cette idée car le livre n’est pas très passionnant
C’est un livre à lire sur la plage cet été.

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Annie DEGROOTE :  Des cendres sur nos cœurs  (Presses de la Cité- 512 pages)
Un beau titre de roman, mérité par l’histoire très riche et très documentée de l’auteure, sur les guerres de religion en Flandres et aux Pays Bas espagnols (1563) avec les rôles importants de Charles Quint et de Philippe II d’Espagne
L’inquisition est omniprésente avec des tortures plus cruelles les unes que les autres
Les calvinistes finissent par avoir beaucoup d’adeptes, la religion catholique en perd à cause du trafic des indulgences, de ses richesses étalées et de l’Inquisition
Le lecteur est emporté dans la vie quotidienne de l’époque grâce à un jeune chevalier qui fréquente les grands d’Espagne, dont la sœur et la fiancée se rapprochent peu à peu des Calvinistes.
Ce jeune chevalier réussira-t-il à réunir sa famille et à réaliser sa vie et celle des siens dans ce contexte extrêmement dangereux et instable avec des guerres qui n’ en finissent pas et bien sûr des exils, parfois très lointains
Jonathan ZACCAÏ : Ma femme écrit (Ed. Grasset – 208 pages)
Jonathan Zaccaï plus connu comme acteur de la série «Le bureau des légendes» se lance dans la littérature avec ce premier roman inspiré par le lien très fort qui le reliait à sa mère décédée en 1910, artiste peintre talentueuse et méconnue, avec il avait un lien très fort.
Alors qu’il entreprend l’écriture de ce témoignage il se rend compte que son épouse, actrice elle aussi, a commencé en cachette à écrire sur cette femme disparue.
La guerre est ouverte. De quel droit peut-elle s’approprier ce personnage dont lui seul est le dépositaire de ses souvenirs ? S’ensuit une autofiction fantaisiste et burlesque nous livrant son expérience personnelle et dévoilant peu à peu son penchant à la paranoïa.
Brouillant les pistes tant familiales que de voisinages, créant des situations tant burlesques que déjantées il ruinera les relations ce qui conduira à un dénouement inattendu.
Roman bizarre mais prenant quand même, foutraque, exubérant. Il crée la surprise ou la sidération en termes souvent crus mais bien écrit, agréable quand il revient dans une actualité plus sereine.
Bizarre !
Régis JAUFFRET : Le dernier bain de Gustave Flaubert (Ed du Seuil – 330 pages)
Ce roman n’est pas une nouvelle biographie de Flaubert.
L’imagination de l’auteur l’amène, certes, à rappeler les grands évènements de la vie de l’écrivain, en passant par ses multiples aventures homosexuelles et hétérosexuelles, son voyage en Orient mais surtout il le fait parle et  commenter les faits actuels de 2021 puis dialoguer avec son héroïne Emma Bovary.
Nous sommes ainsi face à un ouvrage curieux composé de trois parties intitulées : « Je puis », « Il », « Chutier ». Un récit mêlant vérité et fiction, mélangeant les époques, dans une écriture riche et subtile.
On sent que le romancier a fait un vrai travail de recherches, montrant les pratiques de lectures à haute voix par Flaubert auprès de ses amis, son obsession du style, ses relations avec sa nièce Caroline.
Mais on ne peut qu’être surpris par la dernière partie, intitulée « Chutier », dont la calligraphie est en si petits caractères qu’elle en rend la lecture quasi impossible et extrêmement fatigante. Elle trace une chronologie qui reprend beaucoup de points évoqués dans les pages antérieures et dont on ne comprend pas dès lors la nécessité.
Serait-ce pour cela que l’on ne peut pas le lire ? Drôle de choix.

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Patrice QUELARD :  Place aux immortels (Ed Plon 383 – pages
Prix du roman de la Gendarmerie Nationale 2021
En 1915, Léon Cognard, le héros du livre , lieutenant de gendarmerie rejoint le front de Picardie. On apprend le rôle important et ingrat des gendarmes pendant cette guerre et que l’armée traite de planqués car ils ne sont pas directement sur le front.
Nous connaissons les horreurs de cette guerre que l’on nous décrit quand, brusquement, l’armée fait appel à la gendarmerie à propos d’un suicide qu’il va falloir élucider.C’est tout le sujet du roman, dur, impitoyable, très intéressant malgré tout ce que l’on sait déjà sur cette terrible période.
Ondine KHAYAT : Le parfum de l’exil (Ed  Charleston – 443 pages)
Taline est une jeune femme heureuse, elle vit auprès de sa grand-mère qui lui a révélé le monde très particulier des parfums, le travail de compositions pour arriver à la perfection.
Or Taline a ce don exceptionnel de mémoire des odeurs. Le jour où sa grand-mère meurt, celle qu’elle croyait éternelle lui laisse, tel un jeu de piste, trois carnets qui lui révèleront le parcours difficile de ses ancêtres arméniens, victimes du génocide perpétré par les Turcs, et le chemin des survivants traumatisés par les drames qu’ils ont vécus.
Des traumatismes qui se transmettront sur plusieurs générations : pourquoi ses grand et arrière-grand-mères n’arrivent-elles pas à aimer leurs enfants ?
La réponse est dans les lignes écrites par Louise, une arrière-grand-mère.
Il faudra que Taline comprenne la complexité des êtres humains confrontés à l’inhumain pour qu’elle-même découvre sa véritable personnalité et aille vers son épanouissement.
Un roman sur l’exil et le parcours des ancêtres de l’auteur, ainsi que sur le monde très technique et passionnant des parfums.
Mireille CALMEL :  La louve cathare –  Tome 2 (Ed XO – 363 pages)
Mireille Calmel poursuit son roman inspiré de l’histoire des cathares.
Nous avions quitté Griffonelle en décembre 1226 poursuivie par le fils du sinistre Simon de Montfort, Amaury de Monfort qui cherche une carte de l’emplacement des mines d’or de la Montagne Noire qu’elle détiendrait de Mahaut,sa mère.
Le jeune roi Louis, futur Louis IX, l’avait sauvée de la mort en la déposant à l’abri de l’Abbaye royale de Montmartre. Trois ans plus tard en avril 1229, par le traité de Meaux, la régente Blanche de Castille met un terme à la croisade des albigeois en faisant plier lourdement Raymond VII de Toulouse mais elle n’a toujours pas trouvé cette carte des mines d’or qui l’intéresse aussi au plus haut chef.
Commence alors de nouvelles péripéties pour Griffonelle qui réussit à s’échapper de l’abbaye et à aller au château de Lastours, encore occupé par les seigneurs de Cabaret et des populations cathares qui doivent aller se réfugier dans la forteresse de Montségur.
L’auteure excelle toujours dans les complots, félonies, combats, poursuites, rebondissements en tout genre. Les amateurs seront ravis.
Ceux que l’Histoire intéresse, liront avec attention les dernières pages de l’ouvrage dans lesquelles l’auteure indique ses sources et décrit  ceux des  personnages du roman qui ont réellement existé dans leur chronologie.

 

Six-Fours – Maison du Cygne
Flora KUENTZ :
«La déco, le tressage, mes passions, mes bonheurs…»

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Flora Kuentz vit à Hyères, la ville de la canne.
Hasard ou destin ? Elle s’est prise d’amour pour cette plante invasive et haute et en a fait sa spécialité artistique, créant des sculptures monumentales aussi aériennes qu’éphémères et en a fait son art de prédilection.
Car elle a débuté par la décoration en restant trois ans aux Beaux-Arts de Toulon, section design – espace, où, lors d’un work shop, elle a découvert la canne. Puis en partant un an à Monaco où elle s’est prise d’intérêt pour la scénographie. Artiste multiple, elle a d’ailleurs poursuivi à Nice dans une école de cinéma puis à Paris dans une fac de théâtre. Elle a suivi des ateliers, des stages, présenté le concours de la FEMIS.
Mais Paris… «Ouh la la s’écrie-telle, un an m’a suffi. Ma région, mon soleil me manquaient trop et quitte à moins bien gagner ma vie, je préférais la choisir. Entre les cannes et le cinéma je balançais et c’est ainsi… que j’ai choisi… les deux !

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Les fondoirs pour  fendre la canne et l’éfeuilloir pour la déshabiller.

Vivant à Hyères, je me suis plongée dans ces plantes, j’ai appris le tressage toute seule, je suis allée plus loin, j’ai  continué à chercher, à me spécialiser jusqu’à créer des volumes de plus en plus importants. Entre temps, j’ai rencontré un ami qui créait une maison de productions de films et il m’a engagée comme décoratrice sur des courts métrages. Puis sont arrivées des propositions de déco pour des longs métrages («Divorce club» de Michaël Youn, «Paul Sanchez est revenu» de Patricia Mazuy, «Les estivants» de Valéria Bruni-Tedeschi, «C’est qui cette mamie ?» de Gabriel Julien-Laferrière…)… J’ai toujours été très curieuses de tous les métiers qui touchaient l’artisanat, la nature et surtout, j’ai toujours fait en sorte de ne pas m’enfermer dans quelque chose, d’être libre, de faire des choses différentes et surtout de faire des rencontres humaines. C’est un choix de vie, pas de carrière. Et lorsque j’ai besoin d’argent, je vais faire des vendanges, je vais travailler dans la restauration.
J’ai d’ailleurs une pensée reconnaissante pour Thomas, le chef qui m’avait engagé au Château d’Eoubes et qui, lorsqu’un tournage ou une commande m’était proposé, me laissait partir pour mieux me reprendre après !»
Durant trois ans, elle a été responsable de la décoration du festival «Ambiosonic» de Collobrières.

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Avec Dominique Baviéra & Fabiola Casagrande

Je la retrouve donc dans le magnifique jardin remarquable de la Maison du Cygne à Six-Fours où Dominique Baviéra, directeur du Pôle Arts Plastiques et Fabiola Cassagrande, adjointe à la Culture, lui ont commandé une œuvre monumentale qui ira s’accrocher dans les arbres pour le «Rendez-vous au jardin», œuvre qui peu à peu vieillira avant de mourir.
«Ça n’est pas frustrant, Flora, de créer des œuvres qui ne resteront pas ?
(Elle sourit). Non, puisque je me sers de la nature pour les créer et elles retourneront à la nature. Je sais que ce sont mes bébés, mais des bébés éphémères que j’abandonne à leur lieu de naissance : la terre».
Et la voilà assise, accroupie, à genoux, sectionnant et entrelaçant les cannes avec d’antiques outils qui aujourd’hui n’existent plus, le tressage, à part celui des paniers pour les fruits et les fleurs,  les anches des instruments de musique, s’étant peu à peu perdu dans le temps. Les cannes aussi se font rares, on n’en trouve plus qu’en Espagne. Quant aux outils, n’en parlons pas.
«J’ai longtemps cherché des outils jusqu’au jour où je suis tombée sur une dame dans un village dont le grand-père était vannier  Et elle a eu la gentillesse de se séparer de quelques outils qu’elle m’a offerts, comme le fendoir et l’effeuilloir, qui ont plus de cent ans. Je ne la remercierai jamais assez. Elle m’a fait un cadeau qui n’a pas de prix pour moi. Mais je continue à chercher aux alentours de la région et si vous en entendez parler… je suis preneuse !»

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Et la revoici plongée sur son tressage au sol, une immense rosace prenant forme grâce à ces bouts de cannes qu’elle tresse, attache, «Comme un oiseau construit son nid brin après brin» me dit-elle en riant.
Elle travaille en toute liberté et me montre l’arbre immense sur lequel s’accrochera son œuvre qui, pour l’instant, est couchée à terre comme un grand mikado.
«A moins qu’il ne pleuve, je travaille en osmose avec la nature. Chez moi j’ai un grand tunnel agricole pour pouvoir y installer les cannes car ça prend de la place. Il faut un lieu pour qu’elles sèchent. Pour les travailler, il faut qu’elles ne soient ni trop jeunes ni trop mortes !»
Ainsi passe-t-elle des heures au sol : «Je serai prête à me lever le 29 mai !» me dit-elle. Ce qui veut dire que la forme plate va se déplier, prendre forme, prête à être installée dans l’arbre.
Voilà dix ans qu’elle tresse avec toujours autant d’énergie, de patience, de plaisir, qu’elle crée selon la demande, le thème, le lieu. Ainsi peut-on voir en ce moment, dans le parc de la Fondation Carmignac à Porquerolles, une œuvre, forme d’oblong poisson (selon le thème de la mer imaginaire) installé là au pied de la librairie.
Se partageant entre déco et tressage, Flora Kuentz est heureuse de sa vie « d’artiste libre » et avant qu’on ne se quitte, elle m’avoue un grand souhait : «Qu’Alain Chabat m’appelle pour créer le nid du Marsupilami, s’il tourne un second volet !!!».
Souhaitons- le lui et qu’avec ce décor, elle puisse monter les marches… de Cannes !!!

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Les croquis de ce  nid qui sera installé dans ce bel ar
bre du jardin du Cygne

Ce travail en solitaire est de temps en temps interrompu par la venue de curieux et d’admirateurs, comme ce matin où Fabiola est venue, accompagnée d’un groupe de l’association six-fournaise « VLC » (Voyages, Loisirs, Culture) qui fut fort intéressée par sa façon de travailler la canne et surprise de se rendre compte qu’avant de prendre volume, Flora travaillait son œuvre à même le sol et que toutes ces cannes entrelacées pouvaient être soulevées sans qu’elles ne s’éparpillent au sol. Un art, c’est vrai, peu connu et formidable à découvrir.

Jacques Brachet



Porquerolles – Retour à la Fondation Carmignac

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Revenir chaque année à la Fondation créée par Edouard et Charles Carmignac est un éternel enchantement.
Dès que l’on quitte la Tour Fondue en bateau, tous les sens sont en éveil, des senteurs d’iode aux plantes de Provence, des bleus et verts multiples du ciel, de la mer, aux paysages, du silence qui s’installe (un peu moins l’été !). Se balader dans le parc où se lovent des œuvres monumentales au milieu des paysages somptueux est un émerveillement.
En cette quatrième année d’exposition, le thème choisi est «La mer imaginaire». Une mer dans tous ses états entre photos, sculptures, tableaux, installations, où se mêlent l’art et la science, le naturel et le surnaturel, la beauté et l’humour, le mystère et l’onirisme…
Cette thématique autour de la mer a été conçue par Chris Sharp que Charles Carmignac a nommé commissaire de l’xposition. Artiste, écrivain américain vivant à Mexico, il a monté de grandes expositions de par le monde et chez nous, notamment à Marseille et à Monaco.
Il nous a confié vouloir nous présenter la mer sous diverses formes, la mer rêvée, la mer inspirée, la mer en danger, la mer du dessus et du dessous, la mer fantasmée en en montrant toutes les interactions avec la nature, l’art et la science.
Pour cela, il nous propose une exposition éclectique faite de poésie, de beauté, d’humour, de clins d’œil, de réflexion, où l’humain, l’animal, le végétal ne font qu’un, le monde d’hier et d’aujourd’hui se rejoignent.

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Notre première étape se situe au fort Ste Agathe, l’un des onze forts de l’île, où s’est installé Nicolas Floc’h avec ses photographies en noir et blanc qui nous racontent les fonds marins, monde qui le fascine depuis sa plus tendre enfance où il photographie en apnée, sans flash. Exposition peut-être plus scientifique qu’artistique qu’il nous raconte avec passion, ayant plongé partout dans le monde, de la Bretagne au Japon, des Calanques à la Sicile, entre mers, océans et estuaires.
Il a bien sûr choisi ici la Méditerranée et nous la raconte avec un talent et une science extraordinaires. Il est intarissable !
Ces photos s’imbriquent avec bonheur dans ce fort du XVIIème siècle.
Il nous explique comment et pourquoi les paysages sous-marins ont été modifiés par la pollution, les changements climatiques et préfigurent les paysages du futur.
Par contre, alors qu’on pouvait s’attendre à de la couleur, toutes ses photos sont en noir et blanc et il s’en explique et il y a plusieurs raisons à cela : Tout d’abord c’est pour faire référence aux origines de de la photographie et pour rendre hommage à ses pionniers. C’est en fait pour entrer en résonance avec les anciennes photos qui ont stimulé notre imaginaire. Parce qu’aussi, il a rarement été pris en compte la photographie des fonds marins durant longtemps.

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Et puis, notre visite nous emmène à la Fondation Carmignac  veillée par l’Alycaste, monumentale sculpture de Miquel Barcelo, représentant le dragon légendaire de Porquerolles.
Il faut savoir que, afin de respecter la nature de l’île, la villa a été construite sous terre. La tradition veut qu’avant d’y entrer, on se déchausse pour ne faire qu’un avec celle-ci… Et avec Chris Sharp et Charles Carmignac, nous descendons dans  ses abîmes  où nous attend une exposition à la croisée de l’art et de la science.

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Charles Carmignac & Chris Sharp

On y retrouve l’impressionnante fontaine aux poissons de Bruce Nauman, dont on ne sait si ceux-ci nagent ou volent !
Et puis l’on découvre un gigantesque squelette de baleine qui vogue sur une mer de sel, signé Bianca Bondi Lui faisant face, il faut lever les yeux pour découvrir une nuée multicolore de méduses signée Micha Laury, comme autant de parachute en suspension. Impressionnant.
L’artiste nous explique que la méduse est en quelque sorte le symbole de  la naissance de la vie sur terre, sorte de baromètre et de lanceur d’alarme car à cause du réchauffement climatique elle est de plus en plus prolifique et va rapidement coloniser les mers au fil des années, si l’on n’y prend pas garde.

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A noter encore deux œuvres originales et drôles : un homard en équilibre entre une chaise et une poubelle, signée Jeff Koons et un dauphin installé sur un bac d’école signé Cosima von Bonin. C’est rigolo mais semble-t-il symbolique. Le problème étant qu’il faut le monde d’emploi pour en comprendre le symbole !

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Un regret : qu’il n’y ait pas plus d’œuvres picturales au profit d’installations.
Enfin, dernière étape : une entrée dans une mystérieuse grotte sous-marine, à la fois impressionnante, quelque peu angoissante mais on y découvre la lumière tout au fond avec une œuvre fantasmagorique
Par contre, le chemin est difficile, marchant sur des pierres alors qu’on est nu pieds ! Un chemin de croix en quelque sorte avant de trouver la lumière !

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Ce fut encore un beau voyage, un fantastique voyage dans les profondeurs marines qui, durant ces quelques heures, nous a fait quitter la terre pour rêver mais aussi nous donner à penser qu’il est grand temps de prendre soin de la mer avant qu’il ne soit trop tard.

Jacques Brachet
Photos Monique Scaletta
Exposition du 20 mai au 17 octobre
reservation@villacarmignac.com


Six-Fours – Un Rendez-vous au jardin couleur mimosa

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Chantemesse

Comme chaque année, se déroulera partout en France, le Rendez-vous au jardin qui aura lieu les 4, 5 et 6 juin. Ce rendez-vous est fixé à Six-Fours dans le jardin remarquable de la Maison du Cygne qui va enfin se réveiller d’un long sommeil.
Ce sera donc doublement la fête et le premier jour sera réservé aux enfants. En effet, ce vendredi 4 juin, sept classes six-fournaises présenteront leurs travaux de «Land Art» qu’ils ont conçu durant l’année scolaire.
Le Land Art est un art qui utilise le cadre et les matériaux que l’on trouve dans la nature. C’est dire l’infinité des possibilités et l’imagination développée par ces apprentis artistes.
Et puis, le samedi, vous découvrirez également un art qui fait aujourd’hui fureur dans le monde entier : le tricotag qui consiste à tricoter des kilomètres d’écharpes de laines pour habiller les troncs d’arbres.

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Ce projet a été initié par Magali Canovas et Heidi du Pôle Arts Plastiques, avec pour thème la transmission des savoirs. C’est donc le tricot qui a été choisi, appelé aussi Yarn Bombing. Il fait partie du courant artistique du Street Art et s’emploie à redonner quelques couleurs à nos rues et nos jardins en mélangeant deux passions pour le moins éloignées, le tricot et le graffiti.
Malgré ces temps difficiles mettant à mal les liens sociaux, il a pu se développer, prendre de l’ampleur et aboutir grâce à l’enthousiasme de 24 tricoteuses débutantes ou confirmées de la commune et des environs qui ont unis leur talent et leur bonne humeur pour créer cette œuvre collective qui habillera trente-cinq troncs du bosquet de mimosas de l’espace Landowsky. A ces tricoteuses, se sont joints les enfants du centre aéré Jaumard qui ont réalisé les pompons-fleurs de mimosa.
A leurs côtés, un artiste chevronné et de grand talent présentera ses œuvres photographiques. Il s’agit de Michel Lecocq, grand amoureux de la nature, belle gueule de baroudeur qui parcourt les rives de la Méditerranée pour ramener des clichés d’une grande beauté. Vivant à Carnoules, il se dit «photographe pour la vie».
Vous pourrez découvrir ses œuvres du 5 juin au 4 juillet.

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En partenariat avec le Festival de Ramatuelle, du 16 juillet au 12 septembre, un second photographe viendra s’installer : Ansel Adams.
Disparu en 1984, cet américain a un long parcours d’artiste commencé en 1914 avec l’inauguration du Canal de Panama et dont la dernière exposition date d’un an après son décès. Avec lui c’est un pan de l’histoire de la photographie qui est évoqué.
Toujours samedi, sera proposé un atelier aquarelle animé par l’artiste Roger Boubenec, un atelier rempotage animé par le service Environnement. Également des animations avec la Ligue de Protection des Oiseaux, autour d’une ruche pédagogique et une exposition de panneaux pédagogiques de l’ARBE sur le thème «Zérophyto».
Le paysagiste Nikolas Watté nous offrira une conférence sur le thème : « Inspiration naturelle pour un jardin méditerranéen».
Le dimanche toute la journée aura lieu un troc Vert. Le principe consiste à apporter des plantes, des boutures, des graines de chez vous et de les échanger.
Pour ceux qui aiment méditer, vous seront proposés des instants Zen et du Qi Gong puis en fin de matinée seront remis les prix des jardins et balcons fleuris. Et une animation musicale par le groupe Les 2Z.
Les horaires sont à redéfinir dans la mesure des protocoles mis en vigueur à cause du Covid 19. (www.ville-six-fourd.fr)
Ouverture du jardin de 9h à 18h.

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Les frères Capuçon

A noter que du 8 au 12 juin, la Maison du Cygne sera fermée pour l’installation et les répétitions du festival de musique «Les Nuits du Cygne» où seront offert quatre récitals : le 8 juin : le violoniste Renaud Capuçon, le 10 juin, son frère, le violoncelliste Gautier Capuçon, le 11 juin, le pianiste Frank Braley, le 12 juin, le pianiste David Fray.
Enfin, hors la Maison du Cygne, Dominique Baviera, directeur du Pôle Arts Plastiques de Six-Fours, installera les œuvres du plasticien Charles Chantemesse  du 4 au 27 juin à la Maison du Patrimoine. L’exposition s’intitulera «Vraie-fausse perspective».
Quant à la Batterie du Cap Nègre, elle fêtera sa réouverture le 4 juin avec une exposition intitulée «L’homme et son milieu dans l’Antiquité», dans le cadre des Journées Européennes de l’Archéologie», en partenariat avec le Centre Archéologique du Var. Cette exposition se tiendra jusqu’au 4 juillet.
Enfin, du 9 au 20 juin, vous pourrez découvrir les œuvres du peintre Pierre-Charles Nivelon à l’Espace Jules de Greling.
La rentrée sera tout autant passionnante.
Nous y reviendrons.

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Jacques Brachet


Ollioules – Châteauvallon : L’été des retrouvailles

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«Quelle joie de se retrouver après cette période difficile !
Jusqu’au dernier moment nous avons attendu, espéré et nous voilà grâce à ce lieu magique et au plein air qui va nous permettre, tout l’été, de vous offrir en des lieux divers et sous diverses formes des événements, du théâtre, de la danse, de la musique, des spectacles de tous formats. Nous allons profiter de ce parc sensationnel, de tous ses espaces divers au milieu de la nature que nous aimons et préservons…»

C’est par ces mots que Charles Berling nous a accueillis aux côtés de Stéphane de Belleval, directeur des relations publiques et entourés de Françoise Baudisson, présidente de Châteauvallon, Yann Tainguy, adjoint aux affaires culturelles de Toulon et président de l’union Châteauvallon-Liberté, Robert Bénéventi, Maire d’Ollioules, Patrice Lardeau représentant Claire Chazal, présidente du Liberté et Valérie Canto, représentant le réseau Mistral, l’un des grands mécènes des deux lieux culturels.

«Nous allons enfin nous retrouver, retrouver le partage et la convivialité et c’est une joie immense car durant tous ces mois, qui n’ont pas été des vacances, nous n’avons pas cessé de travailler. Les dates étaient imprécises et nous essayions de composer un programme en espérant que l’été verrait revenir le retour des événements.
Ça n’a pas été facile car des spectacles ont dû être annulés et certains ne pourront plus se jouer, nous avons également dû en reporter pour l’année prochaine et en créer pour les différents lieux que nous offre Châteauvallon. Nous aurons donc des «crépuscules», les premiers spectacles de la saison qui devront démarrer plus tôt pour respecter le couvre-feu, il y en aura également durant la saison ; on reprendra les nocturnes et enfin, nous créerons «les noctambules», ce seront des déambulations avec de jeunes compagnies théâtrales, qui se dérouleront dans des lieux divers et leur permettront de s’emparer du site pour offrir au public des spectacles insolites. Ce seront des soirées de danse, de théâtre, de performances, des moments conviviaux en osmose avec la nature.
Le lien quotidien avec le public s’est étiré. Le public nous a manqué comme nous vous avons manqués. Heureusement ce lien a pu se maintenir grâce aux réseaux sociaux».

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Ainsi donc une belle programmation nous est promise. Parmi les spectacles présentés, notons la venue de Lisa Simone’s (fille de Nina), qui nous offrira son «Wonderful Tour» le vendredi 25 juin. Notre ami Charles montera sur scène avec Stanislas Nordey dans la pièce «Deux amis», pièce écrite et mise en scène de Pascal Rambert. Les 15 et 16 juillet, quatre compagnies chorégraphiques pour deux nocturnes : Akram Khan, Lorena Nogal, Sidi Larbi Cherkaoui, Alexander Ekman. Le magnifique comédien Simon Abkarian revisitera le thème des Atrides, «Electre des bas-fonds», un grand spectacle qu’il a écrit et mis en scène, le vendredi 23 juillet. Les 23 et 24 juillet, le Centre National du livre nous proposera «Partir en livre» sur le thème «Mer et merveilles», textes lus par Tania de Montaigne, Charles Berling, Claire Chazal, Sophie Cattani et Antoine Oppenheim. Une autre grande et belle comédienne : Fanny Ardant lira des lettres-poèmes de Marina Tsvetaïeva sur des musiques de Debussy, Ravel, Wagner, Moussorgsky, accompagnée par Secession Orchestra dirigé par Clément Mao. Ce sera le samedi 24 juillet. La saison se terminera comme toujours par la 14ème saison des  «Nuits Flamenca» le 31 juillet. A noter une master class le 30 juillet à 11h, sur inscription.
Beaucoup d’autres belles choses au programme, que vous pourrez découvrir au 04 94 22 02 02.
L’ouverture des réservations se fera à partir du 25 mai à 11h.

Jacques Brachet

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Quelques mots :
Françoise Baudisson
 : C’est avec une joie immense que nous retrouvons ce lieu et son public. Voici des mois qu’on trépigne en se demandant ce qui va se passer. Et voilà, ça se passe. J’en profite pour remercier Charles Berling pour sa patience, son énergie et son talent.
Patrice Lardeau : Je vous avoue que, vu mon âge, j’ai fait de gros efforts pour m’insérer dans le circuit de Youtube durant tous ces mois. Mais j’ai bien dû m’y plier. ! Ce retour au spectacle nous redonne la possibilité de vivre au sens large du terme.
Yann Tainguy : Nous ne pouvons qu’être heureux de l’évolution des choses, de cette réouverture des arts et de la culture. Nous pensons beaucoup à tous les métiers qui y gravitent autour et qui ont beaucoup galéré.
Robert Bénéventi : Le choix était simple : maintenir ou pas une saison estivale ? Grâce aux structures, aux tutelles, aux partenaires solides que nous avons * ça a pu se faire.
Valérie Canto : Nous sommes partenaires de longue date avec le Réseau Mistral, nous avons un engagement très fort avec Châteauvallon et il était normal que nous soyons auprès de l’équipe en ces moments difficiles et en ce retour à la vie culturelle.
Stéphane de Belleval : Du 25 juin au 31 juillet, nous avons créé un puzzle entre tous les arts vivants et espérons que l’alchimie prendra, même si nous regrettons de n’avoir pu reprendre certains spectacles qui sont terminés et impossibles à remonter.
* TPM – la ville d’Ollioules – la Région Sud – la DRAC – le Département du Var – la presse
A noter que le réseau Mistral proposera des navettes. Horaires à consulter sur reseaumistral.com




Six-Fours – Le Six N’Etoiles part en Live !

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Se retrouver au Six N’Etoiles était devenu l’inaccessible… étoile…
Et pourtant nous voilà au sortis de ce cauchemar et franchir à nouveau ce lieu de l’image qui nous a tant manqué a été, avouons-le un moment de joie et d’émotion..
Dès le 19 mai donc, tout recommencera à êtrede nouveau possible et pour fêter cette première étape, nous nous retrouvions ce jeudi autour de Noémie Dumas, Paul Bertin, les deux directeurs du cinéma six-fournais, des deux co-gérants, Frédéric Perrot et jérôme Quattieri, Fabiola Casagrande, adjointe au service culturel de la ville de Six-Fours et la journaliste-animatrice de Métropolitan, le magazine interactif varois, pour un streaming autour de la culture et du cinéma de cette commune varoise.
Quel plaisir de s’y retrouver et surtout de retrouver cette salle de cinéma et pouvoir reparler de tout ce qu’on aime.
Jérôme Quattiéri avouait avoir eu du mal à entendre que le cinéma était «non essentiel» alors qu’en être privé était se priver d’une partie de la culture, cet art faisant partie du plaisir, de la connaissance et, comme beaucoup, il a souffert de cette injustice.
«Se retrouver tous autour du 7ème art aujourd’hui, c’est renouer avec le public qui nous a tant manqués, et heureusement que les réseaux sociaux ont pu garder ce lien indispensable et nous a permis de nous inventer, comme ces «live» qui ont fleuri dans quelques villes dont Six-Fours, grâce à «Métropolitan» et Caroline qui est venue occuper les lieux pour offrir au public ces quelques streaming bienvenus. Ils ont été un vrai soutien tout au long de cette année»

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Malgré  la bonne nouvelle de cette date du 19 mai, réjouissons-nous sans sauter de joie car tout peut encore arriver et il va falloir reprendre vie par échelons.
Noémie nous explique le concept qui va se dérouler en trois étapes :
«A partir du 19 mai, donc, démarre la première étape qui verra se remplir un tiers des salles où le public devra respecter les consignes : deux fauteuils d’écart entre chacun d’eux et le masque obligatoire. La contrainte sera que le public aura dû quitter les salles à 20h30 au plus tard puisque le couvre-feu sera toujours maintenu, même si ce sera à 21h. Evidemment les horaires seront adaptés à ces exigences.
La deuxième étape démarrera le 9 juin et les salles pourront être aux 2/3 remplies avec un seul fauteuil d’écart.
Enfin, le 30 juin verra les salles pouvoir se remplir… si tout va bien évidemment. Et là, ce sera la fête, tout repartira, on organisera des nuits, des thèmes, des événements.
On essaiera de combler le retard car 400 longs métrages sont en sommeil… C’est l’embouteillage total.
Comment allez-vous faire ?
Il va falloir faire des choix, ce ne sera pas facile, balancer entre les nouveautés, les quelques perles incontournable, les films qu’il faudra reprendre car certains n’ont eu qu’un ou deux jours de  programmation, il y aura les sorties nationale, les films pour enfants… Il faudra hélas faire un choix et essayer de contenter tout le monde car chacun a des goûts différents.
Nous allons retravailler comme nous l’avons toujours fait avec notre partenaire des débuts, l’association «Lumières du Sud» en organisant des débats autour de thèmes divers. Nous allons également retravailler avec les écoles  et avec la Mairie comme nous l’avons toujours fait également, le 26 mai à 17h, nous présenterons le film «L’oubli que nous serons» du colombien Fernando Trueba, avec la collaboration d’Amnistie International.
Enfin, s’annonce la quatrième salle, dont nous parle Frédéric Perrot :
Elle monte, elle monte et elle va être dotée du nec plus ultra. Avec une qualité image et son hight tech, des projections laser , un confort et un espace de fauteuils où même les plus grand pourront s’allonger ! Y sera accolée une salle de convivialité avec terrasse où nous pourrons proposer des rencontres, des échanges, des conférences de presse et nous travaillerons avec la brasserie pour organiser apéros, cocktails, … Nous allons travailler tous ensemble.
La mairie, et en particulier Fabiola Casagande, se dotent là d’un magnifique outil qui va encore faire progresser l’attraction du public.

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Gauthier Capuçon – Fabiola Casagrande

Auparavant, j’avais pu la retrouver et elle nous disait son plaisir de voir la reprise de la vie culturelle :
«Pour un adjointe à la culture, il n’y a rien de plus désolant que de faire et défaire, annuler, reporter… et ne plus pouvoir rien faire.
C’est donc avec un immense plaisir – et surtout l’espoir que nous n’aurons plus à tout annuler ! –
que je peux t’annoncer que dès le 29 mai l’artiste Chantemesse s’installera à Maison du Patrimoine, le 4 juin s’installera le Centre Archéologique du Var à la Batterie du Cap Nègre,  et une exposition s’installera à la Maison du Cygne. Suivra l’Espace de Greling mais nous sommes en train de de terminer la programmation  car on a tellement déprogrammé qu’il faut un peu de temps. Mais nous serons prêts et c’est Dominique Baviera, directeur du Pôle Arts Plastiques qui t’en offrira la primeur.
Par contre, les 4, 5 et 6 juin se déroulera à la Maison du Cygne «Rendez-vous aux jardins» manifestation nationale proposée depuis quelques années par le Ministère de la Culture. La journée du 4 sera réservée aux scolaires et nombre de manifestations, de rencontres, dont une avec  un paysagiste, d’expos, d’ateliers pédagogiques, de conférences, de concerts seront proposés durant ces trois jours.
Et côté musique ?
Nous organiserons, toujours dans ce lieu magique, «Les nuits du Cygne», quatre soirées classiques où nous recevrons de grandes pointures : le 8 juin, le violoniste Renaud Capuçon, auquel succèdera son frère, Gauthier, violoncelliste, qui était déjà venu l’an dernier et qui reviendra le 10 juin. Puis suivront deux grands pianistes : Franck Braley le 11 juin et David Fray le 12 juin. Ces concerts sont gratuits mais il faudra réserver vu le nombre de places limité.
J’imagine que notre ami Jean-Christophe Spinosi sera de la fête, cette année encore ?
Bien sûr puisqu’il organisera une fois de plus «Les nuits de la Collégiale» du 17 au 22 juillet. Trois concerts payants et deux ou trois générales gratuites où il faudra s’inscrire.
Il jouera avec l’orchestre Matheus et les spectacles tourneront autour de Vivaldi, Marin Marais, Jean-Fery Rebel, Haendel et Mozart.
J’imagine que les concerts de rock de l’île du Gaou ne seront pas programmés.
Tu imagines bien les concerts de rock se déroulant debout et la promiscuité ne le permettant pas.
Malgré tout, nous programmerons quelques concerts assis fin juillet :
Le 29 juillet, Benjamin Biolay. Le 30 juillet Morcheeba et Aaron. D’autres dates sont à confirmer».

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Voilà.
Tout recommence, la Culture reprend ses droits avec une joie non dissimulée.
Pourvou qué ça doure !!!

Jacques Brachet




JOHNNY – RAUTUREAU – PUTZULU… Chacun son histoire

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Offenburg en Allemagne, 1964.
Un certain Jean-Philippe Smet y fait son service militaire. Un jour comme les autres, il est demandé à l’entrée. Stupeur : il y découvre un clochard qui lui saute dans les bras et lui offre un ours en peluche. Au même instant éclatent des flashes. C’est son père, venu avec des journalistes qui a monté ce traquenard. Il s’enfuie en courant et en pleurant. Ce père, il ne l’avais jamais vu depuis son enfance. C’est alors qu’un certain Jean-Claude, dit JC console ce soldat qui est en fait Johnny. Johnny lui dit qu’il ne l’oubliera pas.
L’histoire pourrait s’arrêter là…
Vendredi 26 novembre 76, 17heures exactement. On sonne chez JC. Et lorsqu’il ouvre  la porte, il se trouve devant Johnny 33 ans, 11 ans après. Il a tenu sa promesse, il est venu rendre visite à son pote, incognito. Johnny est heureux de son petit effet, JC surpris et heureux aussi. Ils se retrouvent avec beaucoup de joie et de pudeur.
Johnny s’installe chez lui pour trois jours et pendant ces trois jours, ils ne se quitteront pas, Johnny préparant le repas à son pote, JC l’emmenant en balade au bord de l’Océan, comme deux touristes. Deux ami en vacances.
Soirées au coin du feu où ils se racontent leur vie, JC étant correspondant de presse, marié, un enfant , Johnny lui parlant de sa vie d’homme, d’artiste, de star, de Sylvie de David, des fans, des femmes, de ce sacré métier qui le bouffe mais dont il ne peut se passer… Jamais de l’armée.
JC n’a pas une star en face de lui, c’est un Johnny simple, naïf, sincère est vrai, un homme mélancolique, nostalgique, ambivalent aussi qui voudrait être le commun des mortels avec des joies simples mais qui marche à l’adrénaline et qui a besoin de reconnaissance.
Il lui parlera beaucoup de son Amérique fantasmée et vécue
D’ailleurs, après trois jours dans l’ombre,  le dernier soir, il veut aller manger au restaurant où il sait qu’on le reconnaîtra. Ce qui est le cas, il y crée une émeute, est invité à manger par le maire qui soupe là avec sa famille. Maire qui les invitera à dormir chez lui… et il en profitera pour sauter sa femme !!!
Le voilà sur le départ et avant de partir, Johnny lui confie que, le jour où il disparaître, il pourra avoir un beau scoop à raconter et lui propose de l’intituler «La balade de Johnny».
Ils ne se reverront jamais.
Cette histoire est très simple et très émouvante.
Précisons toutefois que c’est un roman et non une histoire vécue, même si l’histoire paraît belle et si on a envie d’y croire. Ce  roman, écrit par David Rautureau, correspondant de presse et romancier, comme celui de l’histoire, date de 2018 et voilà que ce récit paraît sous un coffret de trois CD, toujours  écrit par David mais narré par mon ami Bruno Putzulu et quelle plus belle voix ne pouvait raconter, lui qui est issu de la Comédie Français !
Rappelons qu’il nous a déjà offert un magnifique coffret sur les entretiens qu’il avait eu avec Philippe Noiret, qu’il avait rencontré sur le tournage du film de Michel Boujenah «Père et fils» avec qui il s’était lié d’amitié.
Amitié aussi, avec Johny d’ailleurs, avec lequel il avait tourné «Pourquoi pas moi ?» de Stéphane Giusti, à Barcelone en en 1996, date de leur amitié naissante. Il a 31 ans, Johnny 55 et après le tournage, ils seront inséparables, une amitié, avoue-t-il scellée autour de la bouffe, du sport… et de la peur du temps qui passe car tous deux ont peur de la mort, du départ des gens qu’ils aiment.
Une amitié vraie, réelle, sans intérêt d’aucune part mais faite aussi d’une admiration réciproque, Bruno étant heureux et fier de fréquenter une telle star qui paraissait inaccessible, Johnny admirant et enviant l’artiste de la Comédie Française, ce qu’il savait qu’il ne serait jamais.
Alors que depuis la disparition de l’idole, Bruno n’a jamais voulu en parler malgré nombre de propositions de beaucoup de médias, cette fois, il a accepté, outre de lire le roman mais aussi de parler de Johnny avec David Rautureau.

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«Parce que, quoique, David n’ait pas connu Johnny «en vrai», Bruno le retrouve incroyablement comme lui l’a connu, simple et timide, généreux et poète à ses moments, naïf et drôle, bosseur et nonchalant.  Fidèle également et lorsqu’il était fidèle, il voulait qu’on le soit aussi.
«Avec – précise-t-il – le don d’aimer faire des blagues et même de faire exprès de mettre ses potes dans l’embarras, pour le plaisir de rigoler en disant «C’est pas grave, c’est juste une blague», ce qu’il a fait à Bruno en l’invitant à la Lorada pour son anniversaire en même temps que son ex petite amie… Simplement pour voir sa tête ! Très farceur, il était resté un gamin insupportable !
«Par contre – ajoute-t-il – je ne l’ai jamais vu préparer un repas comme le raconte Davis ! Mais ce que je retrouve, c’est cette façon d’être bien ensemble et de rester des heures à ne pas dire un mot.
Il n’exigeait rien de ses amis, sinon une vraie amitié et d’être là lorsqu’il en avait besoin. Par contre, en vacances ensemble, sur son bateau, c’est lui qui me faisait répéter mes textes».
Bruno avoue aussi avoir gardé tous les messages téléphonés de Johnny.
« Même si c’est puéril, je suis heureux de pouvoir dire : c’est Johnny qui m’appelle. Par contre, il ne supportait pas d’entendre un répondeur, il aimait qu’on lui réponde tout de suite.
Un jour il me dit : «Ton message est lugubre, il me donne envie de pleurer. Tu es plus marrant que ton message. Je vais t’en faire un !»

Bruno Putzulu tout azimut.
Avec Bruno, nous nous connaissons depuis 15 Ans. On s’est rencontré à une fête du livre dans ma ville, à Six-Fours. Il signait son Noiret, je signais mon Brialy. Nous nous sommes trouvés côte à côte, nous avons parlé théâtre, cinéma, chanson… italienne aussi car il a été bercé par celle-ci dans les années 60, puisqu’il est de parents italiens et que j’ai toujours adoré la chanson italienne.
Ça a été un coup de foudre qui ne s’est jamais démenti et même si la Covid nous éloigne depuis un bon bout de temps, les mails, SMS et coups de fils ne cessent jamais longtemps entre nous.
Et là, l’occasion était belle, d’autant qu’il va rattraper le temps perdu avec une année on ne peut plus mouvementée.
Bruno, toi qui t’étais toujours refusé à parler de Johnny (même à moi !) depuis sa disparition, voilà que tu te lâches ! Qu’est-ce qui t’a fait changer d’avis ?
David Rautureau qui m’a contacté. Au départ, je t’avoue avoir refusé. J’avais tellement lu d’articles, de livres de ses soi-disant amis qui rapportaient n’importe quoi et qui me faisaient gerber, tout ça pour se faire mousser et passer à la télé, que j’avais décidé de me taire mais David m’a proposé de lire le roman et si je refusais, il n’en parlerait plus. J’ai trouvé le roman étonnant, émouvant et bizarrement, alors que David n’a jamais rencontré Johnny, je le retrouve complètement. C’est ce qui m’a fait changer d’avis.

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Et dans la lancée, après l’enregistrement du livre, tu as accepté une interview avec David !
Oui, ça a provoqué quelque chose en moi et puis ç’était un prolongement du roman. C’était en fait un travail littéraire, puisque ce travail s’est fait avec les éditions Frémeaux & Associés, comme je l’avais fait pour Noiret.. J’y ai ajouté quelques trucs personnels comme ces messages téléphoniques que j’ai toujours. Pas les plus intimes ! J’ai trouvé ça rigolo, mignon, ça donnait une image farceuse de Johnny.
Tu as déjà eu des échos des fans ?
Oui, très positifs. Je crois qu’ils en ont encore et besoin. Ils m’accostent comme un ami de «la famille». Je me rends compte que depuis des décennies, nous avons, quel que soit notre âge et même si on n’est pas fan, quelque chose de Johnny, un souvenir, une chanson. Johnny fait un peu partie de la vie de tout le monde.
Dans le CD, tu dis qu’à un moment tu n’as plus vu Johnny. Y a-t-il eu un problème, une brouille ?
Pas du tout, nous n’avons jamais été fâchés mais il est allé vivre à Los Angeles, mon boulot était à Paris et il y a eu quelques rendez-vous manqués. Je devais le retrouver pour son anniversaire aux USA quand mon père a développé la maladie d’Alzheimer et je ne voulais pas le quitter. Et puis c’est lui qui devait venir me voir au théâtre dans «Occupe-toi d’Amélie» et c’est là qu’il a eu ses problèmes de santé et qu’il est entré à l’hôpital Cedar-Sinaï. Et je n’y suis pas allé comme tous ceux qui sont allés s’y faire voir !
Vous parliez beaucoup avec Johnny ?
Pas tant que ça, on pouvait rester des heures côte à côte sur son bateau sans se dire un mot. Et puis on partait faire la fête et c’était un autre Johnny. On n’avait pas besoin de toujours parler et on restait comme ça, sans aucune gêne. C’étaient les deux facettes de Johnny : le côté taiseux, sombre, silencieux et puis le déconneur. Il était fantasque, quelquefois inattendu.
Je me souviens d’un jour où il se faisait une fête de partir avec moi et Gérard Darmon avec son avion, pour aller voir un match à Marseille. C’est lui qui l’avait proposé mais au bout d’un moment, alors que le match avait commencé, t il s’écrie : «Qu’est-ce qu’on se fait chier… Je ne comprends pas le plaisir que vous avez à voir courir ces mecs derrière un ballon !». Et il est parti. Ce qui lui plaisait en fait c’était d’être parti entre potes avec la promesse d’un bon repas. Et puis il n’e n’avait plus envie.
Il y avait finalement un être humain derrière la star.
On connaissait moins ce Johnny !
Oui, parce qu’il était en perpétuelle représentation, il devait toujours être l’idole, le superman pour qui tout va bien. Il n’y a que les intimes qui voyaient ce côté sombre qu’en fait nous avons tous en nous.

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Bon, venons-en à Guillaume Devaut, alias Bruno Putzulu, dans la série qui fait un carton «Ici tout commence»… Tu es loin du rigolo que je connais !
(Il rit !) Il n’y a pas de quoi : j’ai une femme pas toujours sympa qui m’a menti sur ma paternité (Elsa Lunghini), j’ai un fils qui en fait n’est pas mon fils et qui plus est, tombe amoureux de sa demi-sœur, ce qu’il ignore au départ, je suis proviseur «adjoint» car mon beau-père Auguste Armand, le patron de l’école hôtelière (Francis Huster) l’a décidé ainsi… En fait, il ne vit pas sa propre vie, il la subit souvent. Mais c’est un rôle intéressant et plein d’émotion.
Donc, tu restes ?
Oui, tant qu’on ne me tue pas ou qu’on ne m’envoie pas ailleurs et que je disparaisse !
Au théâtre, où en es-tu ?
A cause du confinement, la tournée que je devais faire avec la pièce de Cavanna «Les ritals», avec Grégory Daltin, où je joue Cavanna, mis en scène par Mario, mon frère, a été reportée. Nous avons déjà quelques dates de re-signées, en Normandie le 6 juin, au festival de Sarlat en juillet, à Aix-en-Provence le 23 septembre, à Nice le 3 décembre et au Théâtre Toursky à Marseille. Je ne sais pas encore quand.
Tu m’avais également parlé d’un nouveau disque ?
Ca y est, il est enregistré : Musiques de Denis Piednoir, musiques de… moi !
On est en recherche de producteur, ce qui n’est pas simple aujourd’hui !
De quoi parle-t-il ?
De mon père, de ma mère, du temps qui passe, du monde dans lequel on vit et même de… Donald Trump ! Le titre de l’album est celui de la première chanson : «C’était quand ?»
Et le cinéma ?
Je partirai en octobre/novembre du côté de St Etienne tourner «Paul Emploi», un film choral de Laurent Vinasse-Raymond avec Bruno Solo, Philippe Torreton, Bernard Lecoq, Olivier Marchal…
Pas de femmes ?
Je sais qu’il y aura Delphine Depardieu…»

Eh bien, que voilà une rentrée bien remplie ! Avec tout ça, on essaiera de se voir . Peut-être aussi u festival télé de la Rochelle où en principe les héros de série en sont les vedettes. Si avec ça on ne se croise pas ?!
Car nos rendez-vous nous manquent.

Jacques Brachet