Archives mensuelles : mars 2021

Six-Fours – Journées de la Femme
Deux femmes remarquables
Béatrice METAYER & Céline LIMIER

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C’est au parc de la Méditerranée que se sont tenues les journées de la Femme, les 27 et 28 mars, organisées par Patricia Mancini et la Mairie de Six-Fours.
C’est ainsi que, durant deux jours ensoleillés, se sont disséminés des stands uniquement tenus par des femmes, aussi diverses qu’énergiques et entreprenantes et venues de toutes les directions. On y croisait des présidentes d’associations, des décoratrices, des plasticiennes, des créatrices de bijoux,  artisanes, des confiseuses, des responsables de santé, des praticiennes et même des voyantes et des médiums.
Large univers féminin donc et parmi elles, deux femmes remarquables qui se connaissent et collaborent.

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Béatrice METAYER
Elle est secrétaire médicale depuis 25 ans, mère de trois garçons et, venue de la Rochelle, elle travaille à la Clinique du Cap d’Or de la Seyne depuis 2012. L’association a été créée, depuis le 3 juin 2020, un réseau nommé  « CapSein» dont elle est la coordinatrice. A l’initiative de la clinique du Cap d’Or groupe Elsane, à travers la réflexion de plusieurs professionnels de santé de la pathologie mammaire.
«Le but – m’explique-t-elle –  est d’accompagner les femmes atteintes du cancer du sein et de coordonner leurs parcours de soins, dès le dépistage jusqu’à l’après-traitement,  en passant par l’opération, la chimiothérapie, la radiothérapie et l’homonothérapie et d’essayer de leur apporter une vision différente de l’approche du cancer et une philosophie valorisante».
Pour cela, elle organise des ateliers divers et variés, allant du paddle-yoga à la sophrologie en passant par des ateliers de maquillage et d’esthétique, de phytothérapie, de naturopathie, des sports comme le Qi kong et le taï chi et même de rugby-santé !
«Nous avons créé un réseau avec tous les professionnels de la santé, de l’infirmière au pharmacien en passant par les oncologues, les gynécologues, les nutritionnistes, les prothésistes, les psychologues, les chirurgiens plastiques… afin de pouvoir répondre à toutes les questions que ces femmes se posent, les rassurer, les positiver.
En dix mois, nous avons créé treize ateliers pour quatre-vingt-cinq femmes, de 33 à 90 an».
Passionnée, généreuse, altruiste, dynamique, Béatrice se dépense sans compter.
«J’ai reçu beaucoup d’amour de mes parents qui m’ont inculqué l’empathie, le don de soi et je me sers de ces valeurs pour aider et accompagner ces patientes».
Elle anime également une émission mensuelle sur la radio Top FM en donnant la parole à toutes ces femmes.
«Il faut savoir qu’aujourd’hui une femme sur huit est atteinte d’un cancer et celui-ci est la première cause de mortalité ».
Grâce à son énergie, sa grande disponibilité, sa générosité, elle redonne de l’espoir à toutes ces femmes atteintes dans leur chair, elles leur redonnent confiance, optimisme et moral, ce qui essentiel pour pouvoir atteindre le bout du tunnel.

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Cécile LIMIER
Elle est professeure de karaté-do et d’arts internes (gymnastique taoïste,Qi Kong, Taï Chi Chuan…), diplômée d’état, seule femme sixième dan, membre de la Cami du Var  sports et cancer et possède nombre de titres et références dans ces domaines.
En juillet 2020 elle a créé l’association «Sport Adapté Santé 83» dont le but est de promouvoir la pratique d’activités sportives préventives et thérapeutiques. C’est ainsi qu’elle collabore avec Béatrice Métayer, toutes deux soutenues par le docteur Stéphanie Guillaume, adjointe à la Mairie de Six-Fours.
«Ces activités physique – m’explique-t-elle – sont adaptées à la pathologie, aux capacités physiques et aux risques du patient atteints de cancer, d’obésité, de troubles cardio-vasculaires, de diabète, d’addictions, d’AVC…
Nous avons créé des ateliers thérapeutiques autour du pôle santé «Rayon de Soleil dispositif Asalée (Actions de SAnté Libérale En Equipe» traitant de toutes ces pathologies en accompagnement individuel».
Elle enseigne à Six-Fours la gymnastique taoïste tous les mercredis de 10h à 11h et de 11h à midi, au gymnase Reynier, et le chi kong au bois de la Coudoulière le jeudi matin de 11h à midi.
Elle a également investi un bureau au centre Alter Ego de la Seyne où elle donne des coachings individuels.
«Nous avons également créé une vidéo afin de faire connaître l’association à partir de démonstrations, d’interviews de professionnels de santé, d’enseignants du sport, d’élus et de témoignages de patients.
Une réussite dont elle est très fière, c’est d’avoir pu créer une infrastructure sportive au sein du Burkina Faso, l’humanitaire faisant aussi parti de sa passion et de son bonheur de vouloir aider ceux qui en ont besoin.

Deux femmes terriblement attachantes, solaires, altruistes, dont les buts sont d’aider les personnes en difficulté

Jacques Brachet
www.reseau-capsein.frCoordinatrice@reseau-capsein.fr – 07 64 44 81 18
https://sportadaptesante83.frsportadaptesante83@gmail.com – 06 03 48 07 88

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Sous les masques : Patricia Mancini, Pierre Rayer, Stéphanie Guillaume, Cécile Limier,
Louis  Wan der Heyoten, naturopathe et professeur d’arts internes, Béatrice Metayer





Toulon – Lycée Pic
36ème concours des apprentis de France

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Il y a MAF et MOF… MAF signifie Meilleur Apprenti de France. Et lorsqu’on en est lauréat, du MAF, l’on peut alors «monter» à Paris pour la finale nationale.

En ce mercredi 24 mars, ce sont  les thèmes  art de la table, cuisine froide, agrémentés d’une composition florale, qui réunissaient 24 apprentis entre 16 et 21 ans, au Lycée Pic de Toulon, concourant pour ce titre, sous la tutelle de la six-fournaise Jocelyne Caprile, meilleur ouvrier de France et vice-présidente de de la MOF.
Ce concours est important  car c’est un titre qui permet à ces apprentis de franchir l’étape qui les amènera à Paris pour le concours national du meilleur apprentis de France.
Aussi les candidats se présentaient pour l’option cuisine, tous venus du lycée Pic, du CFA de St Maximin et du lycée du Golfe Hôtel d’Hyères. Ils avaient cinq heures, nous explique Jocelyne Caprile, pour réaliser deux thèmes imposés : une lisette (petit maquereau) aux coquillages et aux féculents et un aspic aux fruits.

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On a stressé, on a transpiré autour des pianos, chacun se consacrant sur son œuvre, sous les yeux des jurys* attentifs qui devaient en finale décerner trois médailles d’or, deux au niveau régional : Léo Carillo du lycée Golfe Hôtel de Hyères et François Vigezzi du lycée Pic de Toulon une au niveau départemental : Mattéo Dauphin, du CFA de St Maximin, médailles remises par les jurys, Jocelyne Caprile et par Philippe Vitel, vice-président du Conseil Régional PACA.
Ce fut un beau concours où tous les sens étaient en éveil et qui était un premier pas pour ouvrir grand les portes d’un métier tout autant exaltant et difficile. Les étoiles brillaient chez les lauréats, en attendant qu’un jour leur passion et leur talent leur en donne d’autres.
C’est le meilleur qu’on puisse leur souhaiter.

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Jacques Brachet

*Jury du concours cuisine froide : Jury cuisine : Président Christophe Pacheco, entouré d’Alain Montigny, Olivier Alemany, Christophe Guibert, Nicolas Davouze.
Jury dégustation : Christophe Baquié, Nicolas Pierantoni, Christian Lafitte, Alain Biles.
Concours arts de la table : Présidente Julie Bonnot, entourée d’Anne-Charlotte Côme, Thierry Demolliens, Olivier Novelli, Franck Josserand, Guillaume Kermoal, Fabrice Leclair.
Concours fleuriste : Président Yannick Blot, entouré de Christine Marini et Christelle Szymczack.

2 3Sous les masques : Jocelyne Caprile entourée de Christophe Pacheco et Alain Montigny –
Julie Bonnot et Olivier Novelli



Yves LAMBERT : Pour l’amour du cirque et de son père

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Il était une fois un petit garçon de quatre ans, prénommé Yves, dont le père était passionné de cirque. De cirques, devrais-je dire car il partait avec son fils, un peu partout où s’installait un cirque. Et le petit Yves suivait avec joie ce père vagabond qui lui faisait découvrir des merveilles.
C’est ainsi que des noms comme Bouglione, Jean Richard, Pinder, Rancy, Amar, Gruss et bien d’autres faisaient partie de la magie de son quotidien.
Hélas, à onze ans, le rêve s’effondre avec la disparition de ce père original, lui laissant dans une malle un trésor d’affiches, de programmes, de diapositives et jusqu’à deux maquettes qu’il avait réalisées.
Cette malle, était restée dans un coin de la maison. Durant le Covid et tournant en rond, Yves Lambert l’ouvre enfin et redécouvre tout un pan de son enfance qui remonte à la surface.
Yves est aujourd’hui journaliste et animateur de radio et il décide de dédier un blog sur Internet à ce père regretté.

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Il se trouve qu’au milieu de ce trésor, il découvre trois cassettes audio que son père a enregistrées en allant voir le cirque Jean Richard. Il se pose alors la question : «Que deviendra tout ça lorsque je disparaîtrai ?» Et là, lui vient l’idée de réaliser une émission puis de faire un livre. Pour cela il va restaurer les deux cirques construits par son père, développer les diapos qu’il a réalisées tout au long de ses pérégrinations…  Mais un album photo, qui cela peut-il intéresser ? Sans compter les «anti» qui aujourd’hui veulent écarter tous les animaux des cirques !
Alors, il commence à rechercher des témoins de cette époque et le premier contact qu’il retrouve est Jean Arnaud qui fut commercial au cirque Pinder durant trente ans. Ce sera sa première interview. Grâce à lui, il prend contact avec Carmino d’Angelo qui fut le chef de l’orchestre du même cirque. De fil en anguille, de contact en contact, il rencontre ainsi directeurs de cirques, dresseurs, techniciens, caissières, comptables, artistes de tous bords et même le Monsieur Loyal du cirque Amar, Stephan Gistau.

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oite Alexis Gruss au cirque Jean Richard (1975) –
Achille Zavatta au cirque Pinder-Jean Richard (1974
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C’est ainsi qu’il collecte un grand nombre de témoignages et qu’avec tout ça, il est prêt à écrire ce livre en hommage à la fois au cirque et à son père.
Et le voilà, ce livre, intitulé «En toute circonscience» (Ed Domino), qui sortira le 18 avril, livre qui permettra à toutes générations confondues, de connaître ou de revivre ce que furent ces années magnifiques de cet art à la fois difficile et superbe. Ce temps où les cirques faisaient florès et attiraient des foules innombrables. Il nous entraîne aussi dans les coulisses qui sont le cœur battant d’un cirque, là où tout se joue, tout se prépare.
Mais cela ne s’arrête pas là car, s’il évoque le côté magique et romantique, il parle aussi de côté philosophique, sans compter qu’il raconte aussi l’histoire de son enfance qu’il a retrouvée en ouvrant cette malle, sorte de boîte de Pandore.
Il veut aussi sensibiliser les gens qui pensent que dans un cirque, les animaux sont maltraités, ce qui est loin d’être le cas.
«Avant de juger, il faut connaître, il faut comprendre» me dit-il.
Pour cela, il contacte Jean Arnaud avec qui les échanges commencent, qui va le faire entrer dans le monde circassien. Puis, par l’intermédiaire de Dominique Bragard, auteure du livre « Le cirque et Monsieur Loyal Stephan Gistau », il rencontre Jacques Bruyas, auteur, président des écrivains de la région Rhône-Alpes/Auvergne et défenseur des arts du cirque, qui lui raconte sa passion des animaux.

Microsoft Word - COMUNIQUE PRESS - En toute Cirsconcience - 2021 3

Stéphane Gistau, qui fut un grand Monsieur Loyal, explique les rituels du cirque, les symboliques de cet art en fait peu connus en dehors des spectacles.
C’est un livre-album magnifique illustré de 250 clichés inédits, signés de son père pour la plupart, ce père qui est en fait le fil rouge de cette histoire émaillée de souvenirs d’enfance et de nombreux témoignages de ceux qui ont  contribué à faire du cirque un art total et unique.
Les anciens y retrouveront aussi des tas de souvenirs où, inconfortablement assis sur des planches, ils découvraient la folie des clowns, la force et l’élégance des circassiens, le courage des dresseurs d’animaux, la folie de cette musique reconnaissable entre toutes et le panache de Monsieur Loyal.
Le 18 avril, on fêtera le centenaire de Jean Richard et le 26 juin, sera inaugurée l’école communale de la forêt qui portera son nom à Ermenonville dans l’Oise où celui-ci avait créé un parc plein d’animaux. Évidemment qu’Yves ne manquera pas cet événement !

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En attendant, plongez-vous dans l’histoire du cirque avec ce petit garçon de quatre ans qui découvrait avec émerveillement, grâce à son père, un des arts les plus difficiles et les plus populaires du monde.

Jacques Brachet

 





NOTES de LECTURES

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Laura Trompette : La révérence  de l’éléphant (Ed.Charleston- 374 pages)
Marguerite, 93 ans vit dans un Ehpad, à Cannes,elle est atteinte d’un cancer. On y vit avec elle quelques jours parmi les jalousies et les disputes entre les personnes âgées des deux sexes, souvent pour des futilités.
Roxanne, ancienne joueuse de poker, vient s’occuper d’eux pour les distraire de façon originale et intéressante, par exemple, elle propose à chacun de réaliser son rêve! Très vite, elle se lie d’amitié avec Marguerite dont le rêve est de choisir l’heure de sa mort et de finir sa vie chez son petit-fils Emmanuel, photographe animalier qui vit seul… en Tanzanie! il lutte aussi pour que les éléphants soient protégés des braconniers qui les chassent et les tuent  pour vendre leurs défenses et aussi pour leur conserver leur territoire de vie. Beaucoup de problèmes à résoudre,
Marguerite, très malade réussira t elle à faire un si long voyage ?
Tous les ingrédients sont réuni , l’aventure, l’amour, la mort.
Beau roman d’une jeune fille du siècle passé revisité par le Covid.
Plume fraîche et légère qui adoucit la tristesse du sujet et l’espoir de bonheur
Colin THIBERT : Mon frère, ce zéro (Ed Héloïse d’Ormesson – 236 pages)
Après « Torrentius » publié en 2019, Colin Thibert nous livre en ce début 2021 un roman tout à fait différent mais tout aussi réussi.
Un trio de gars, un peu paumés, rêvant de devenir pleins aux as, pense avoir trouvé un plan parfait, sans armes, sans violence, sans tunnel à creuser. Il suffit d’enlever Jullien, débile léger, pensionnaire dans une maison de santé où travaille l’un d’eux. C’est le jumeau du milliardaire Thibault Dastry, grand patron du CAC 40. Il leur parait aisé d’emmener cet homme inoffensif en Suisse en le faisant passer pour son frère et de lui faire effectuer des virements de plusieurs millions à leur profit.
Évidemment rien ne va se passer comme ils l’avaient imaginé.
C’est une farce désopilante que nous livre l’auteur. On rit, on ne s’ennuie pas un instant. Les dialogues, souvent loufoques, sont enlevés. De multiples personnages agrémentent et pimentent les péripéties de ces bras cassés.
Une lecture divertissante qui fait du bien en cette période morose.

boissard delfino

Janine BOISARD : Roses de sang, roses d’Ouessant (Ed Fayard – 187 pages)
C’est toujours un événement que la sortie d’un roman de Janine Boissard.
Elle sait, comme personne, analyser l’âme humaine et, à l’instar d’un film de Boisset, elle nous plonge dans des ambiances intimes et familiales.
Mais voilà qu’elle nous surprend avec ce nouveau roman, qui est à la fois une histoire d’amour et un thriller !
Ado, Astrid était une fille «unique en son genre», dixit son grand-père aujourd’hui disparu. Unique, pour elle, était synonyme de seule, de solitaire, avec un père absent et une mère qui l’ignore et la rabaisse.
Son père et son grand père disparus, elle passe le plus clair de son temps sur l’île d’Ouessant, dans la maison dont elle a hérité de ce dernier. Elle est devenue illustratrice de livres pour enfants et travaille avec son amie Morgane.
Là, elle retrouve Erwan, que tous considèrent comme le seigneur de l’île et dont elle est secrètement amoureuse depuis ses 17 ans. A 23 ans elle le retrouve et se rend compte que son amour est partagé.
Mais il est marié à une femme instable, malade qui vient de disparaître et que la police recherche.
A partir de là, la romance vire au thriller : Qui est vraiment Erwan ? Quel secret cache-t-il ? Et Marthe, sa gouvernante, que mijote-t-elle ? Et tout se complique avec l’arrivée d’Erik, l’ex d’Astrid qui revient à la charge.
On se croirait, pense-t-elle dans le roman de Daphné du Maurier «Rebecca».
Comment tout cela va-t-il se terminer ?
Vous le saurez en lisant ce roman palpitant dans lequel nous entraîne Janine Brossard, qui s’amuse à nous perdre dans des méandres mais, peu à peu, rassemble les pièces du puzzle. Un roman qu’on ne peut lâcher dès les premières pages.
Un grand moment de lecture.
Jean-Paul DELFINO : L’homme qui marche (Ed Héloïse d’Ormesson – 269 pages)
C’est toujours avec bonheur que sort un roman de Jean-Paul Delfino et le dernier paru  «L’homme qui marche» n’est pas décevant, bien au contraire !
L’auteur nous fait à nouveau parcourir les rues de Paris, surtout le sixième arrondissement  mais bientôt tous les quartiers seront explorés grâce à ce cher Théophraste Santiero atteint d’un étrange syndrome qui déclenche le trépignement des pieds et l’oblige à marcher.
La rencontre géniale de Théo avec le patriarche Anselme Guilledoux, canne blanche mais pas tout à fait aveugle, dans le jardin du Luxembourg est un morceau d’anthologie. Il déclenche néanmoins tout le déroulement de l’histoire que le lecteur aura tout le loisir de découvrir.
C’est l’occasion pour l’auteur de nous faire partager son amour des livres et de leurs auteurs, mais aussi sa bienveillance un brin gouailleuse envers une kyrielle de personnages bien trempés, typiquement parisiens comme la Mère Tapedur, les orphelins du Gay-Lu dernier bar à l’ancienne où se retrouvaient Cothurne, Gégène, la Guigne, Séfanaze, la grande Gisèle, notre marcheur Théo, mis aussi le mendiant cul-de-jatte et l’Anglaise peintre de la délicate rose des sables.
Il y a aussi et surtout cette part d’humour et de rêve déjà apprécié dans un précédent roman «Les pêcheurs d’étoiles», et la délicate éducation de Théo qui finira par comprendre la puissance des mots qu’Anselme lui révèle en disant «Dieu lui-même ne s’y est pas trompé, la première phrase de la Bible dit «Au commencement était le Verbe»
A lire pour le plaisir et surtout à faire partager. Un régal.

Calmel vuong

Mireille CALMEL : La louve cathare – Tome 1 (Ed XO – 391p)
Ce roman nous fait remonter le temps. Nous sommes à Paris sur l’île de la Cité en novembre 1226. Dans le quartier du port Saint- Landry vit Griffonnelle, audacieuse jeune fille de 16 ans, qui dérobe les bourses des messieurs argentés, avec l’aide de son ami le nain Triboulet. Elle complète ainsi les revenus de sa mère, Mahaut, qui vit de ses charmes dans le bordel tenu par la maquerelle Gaia. Mais un homme balafré vient menacer Mahaut en lui réclamant une carte et la tue férocement. Commence alors une dangereuse quête de la vérité sur les origines de Mahaut et les causes de ce crime.
Dès le prologue, l’auteur nous a mis sur la piste en mettant en scène une femme nommée Na Loba tuant un homme dans une mine d’or de la Montagne Noire, justifiant le titre de son ouvrage. Le balafré c’est Amaury de Montfort, fils de Simon de Montfort qui fit de nombreuses exactions en poursuivant les cathares.
Complot, assassinat, tentative d’empoisonnement, trahison, amours impossibles : tous les ressorts du roman de cape et d’épée sont utilisés avec efficacité par l’auteur. Mais c’est beaucoup dire que d’affirmer qu’il s’agit là d’un roman historique, même si la vie au XIIIème siècle est bien décrite, et si les personnages de l’époque dont notamment Blanche de Castille sont assez bien vus.
Le lecteur qui se sera laissé séduire par ce récit en partie imaginaire puisque inspiré d’une légende et par les péripéties pleines de suspense de Griffonnelle aura hâte de se procurer le deuxième tome de cette histoire.
Ocean VUONG : Un bref instant de splendeur (Ed Gallimard – 290 pages)
Traduit de l’américain par Marguerite Capelle
Un fils écrit à sa mère une longue, une très longue lettre qu’elle ne lira jamais. Ce fils a été élevé par sa mère et sa grand-mère, des femmes vietnamiennes martyrisées, violentées pendant la guerre. Lui ne connait pas le Vietnam mais il vit les traumatismes passés selon les sautes d’humeur, les terreurs, les violences de sa mère, la table devient son refuge car il peut s’y cacher et se protéger des prochaines salves. Son nom, Little Dog (petit chien), donné par la grand-mère, le préservera des esprits malins.
Car comment survivre à tout ce passé où sans salaire ni sécurité sociale, le corps étant le seul matériau avec lequel et à partir duquel travailler ?
Et c’est par le travail dans une plantation de tabac que Little Dog à quinze ans, respirera la liberté, découvrira la vérité sur son corps, un corps attiré par celui de Trevor, un corps qui lui révèlera son homosexualité mais surtout une grande et véritable histoire d’amour.
Cette lettre révèle les violences mais aussi la beauté à préserver et à chérir pour échapper aux coups, une beauté retrouvée dans le vol des monarques, magnifiques papillons, dans l’instantanéité d’un saut de chevreuil. C’est la lettre des «je me souviens», des souvenirs poignants de sincérité, de vulnérabilité, de sensibilité.
L’auteur est vietnamien, américain, homosexuel, il a pour seul trésor  «ce bref instant de splendeur, cet instant qu’il nous est donné de voir, un instant qui n’existe qu’à l’orée de sa disparition»
Un premier livre qui percute le lecteur par les violences subies, écrit avec subtilité, poésie et beaucoup de douceur.

beatles jablonka

Philippe BROSSAT : «Londres & Liverpool avec les Beatles»
(Ed Le mot et le reste – 281 pages)

Nos quatre garçons dans le vent, on le sait tous, nous viennent de Liverpool. Purs anglais, ils y sont nés et ont toujours vécu en Angleterre entre leur ville natale et Londres.
Un Londres d’où, dans les 60, partait toutes les modes, qu’elles soient artistiques, musicales, vestimentaires, devançaient les Etats-Unis qui restaient à la traîne.
D’abord inconnus puis devenues des stars mondiales. Ils ont toujours travaillé et vécu dans leur pays, même si, une fois stars, ils ont traversé le monde.
Mais Londres et Liverpool ont été marqués par leur vie et à chaque coin de rue, on les retrouve, des fameux studios d’Abbey Road à ce passage pour piétons face aux studios, qu’ils traversèrent pieds nus et qui est devenu un lieu cultissime où chacun s’y fait photographier.
Philippe Brossart a décidé de nous faire serpenter les rues, ruelles, avenues, places, «roads and streets », où les Beatles sont passés et ont laissé une empreinte, de la boutique Apple, qu’ils avaient créée à Baker street à toutes les maisons où ils ont vécu, du musée Tussauds où ils sont figés dans la cire au quartier de Mayfair où tous les people se retrouvaient, de Saville road où ils s’habillaient aux bureaux d’Apple, leur maison de production, du premier Hard Road Café à Old Park Lane, où l’on retrouve exposé des vêtements et des objets leur ayant appartenu, Chelsea, Soho, Carnaby Street…
Philippe Brossat nous plonge dans le monde des Beatles avec ce livre, à la fois guide touristique et véritable encyclopédie car, à chaque lieu qu’il nous fait visiter, y sont accompagnées une histoire, une anecdote.
C’est un fourmillement d’adresses, de lieux qui nous mènent de Covent Garden à Westminster jusqu’à Buckingham Palace, qui nous font entrer dans les appartements où ils ont vécus ensemble, seuls ou avec femmes ou compagnes, découvrir nos Fab Four statufiés à Waterfront, à Liverpool.
Nous nous baladons ainsi de quartier en quartier d’une ville à l’autre, à travers la vie des Beatles, nous passons d’une époque à l’autre sans chronologie mais le voyage est passionnant, le travail impressionnant.
Si vous partez là-bas emportez ce livre-guide et vous découvrirez comment vivaient Paul, George,  John et Ringo entre deux villes qu’ils n’ont en fait jamais quittées.
Ivan JABLONKA : Un garçon comme vous et moi (Ed Seuil – 294pages)
Par cette affirmation l’auteur nous livre ce long travail de recherches et de précision dont il est coutumier pour nous faire partager son cheminement vers l’état de garçon, d’homme qu’il est devenu ; C’est l’historique de sa recherche que nous traversons depuis sa naissance dans une famille intellectuelle juive désirant un enfant parfait. Partant de son journal d’enfance tenu par sa famille il évoque avec minutie son passage à l’école maternelle avec ses dessins puis primaire, l’adolescence studieuse, l’armée, le mariage. Tout y est. Passages minutieux et attendrissants quand on a un fils de son âge et que son parcours fait appel à notre vécu.
Il évoque aussi ses difficultés après les affrontements avec son père dont il est sorti souvent meurtri au point de faire une analyse après avoir frôlé le suicide.
On en retire une impression forte de réussite même avec ses failles et surtout  le fait qu’il réfute une masculinité flamboyante du mec, du macho mais plutôt d’un genre masculin féminin réconcilié.
L’écriture en phrases courtes et sèches modère un peu l’effet narcissique du ressenti, de sa vie certes bien remplie et bien réussie .

Six-Fours… Des sportives d’exception

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Quoique une seule journée soit certainement très restrictive, il est aujourd’hui entré dans les mœurs de glorifier la femme en ce jour de 8 mars.
La femme qui, longtemps, ne fut pas, comme le chantaient Ferrat et Aragon «L’avenir de l’homme» mais celle qui faisait des enfants et la cuisine et qui, durant des années, ne put avoir ni compte en banque, ni droit de vote ni droits… tout court d’ailleurs, sinon d’être toute acquise à son homme.
Sans compter les femmes battues, violées, qui n’avaient le doit ni d’avorter, ce qui malheureusement, existe encore, ni de divorcer ce qui, malgré les lois existe encore dans de nombreux pays. Femmes bafouées, malmenées, il y en a encore, malgré toutes les lois des hommes et surtout des femmes, qui, peu à peu, ont été votées. Comme le disait encore Barbara «Elle fut longue la route» et on est loin d’être arrivé au bout.

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En ce jour, donc, la voici honorée de toutes parts et la mairie de Six-Fours a voulu voir un des côtés positifs de la vie des femmes en présentant une exposition rendant hommage aux championnes françaises d’exception, sur le parvis de l’Hôtel de Ville.
En ce lundi matin, le soleil avait décidé d’être de la partie et nombre de conseillers municipaux et adjoints – hommes et femmes – entouraient le maire Jean-Sébastien Vialatte.
A vous de les reconnaître puisque Covid exige, tous étaient masqués !

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Jacques Brachet



MUSIQUE !

 Du blues, du blues, du blues
Le blues, venu des Etats-Unis au temps de la ségrégation raciale, est une musique créée par les noirs afin d’exprimer leurs tristesses, leurs joies mais aussi leur drame dû à l’esclavagisme.
Depuis le début du XXème siècle cette musique a évoluée, artistes blancs et noirs la mâtinant de negro spiritual, de rock, de jazz, de soul.
Né dans la région du Mississipi et du Texas, le blues a ainsi très vite conquis les musiciens du monde qui l’ont adopté, joué, chanté, modifié et aujourd’hui de grands musiciens continuent à se l’approprier.

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Bjön BERGE : «Heavy Gauge» (Blue Mood recors)
Il est la preuve que le blues a conquis le monde puisque Björn Berge est norvégien ! Il a à son actif une douzaine d’albums et est aujourd’hui l’un des plus grands bluesmen européen, bardé de prix et de récompenses. Ses influences sont multiples, de Motorhead à Joni Mitchell en passant par Chuck Berry, Hot Chili Peppers et dont il reprend souvent leurs morceaux à sa manière et avec une virtuosité insolente. Il signe sur ce CD toutes les chansons avec Ellis del Sol. Chapeau vissé sur ses longs cheveux, de sa voix «rockailleuse», il nous assène des riffs sauvages de guitare avec «The wrangler». On pense aux Rolling Stones. Puis il part sur du reggae avec «A matter of time» sur un pur solo de guitare ou encore «Coliseum». D’une voix de basse il nous propose «Bound to rambles» où l’on retrouve la vraie pureté du blues pour mieux repartir sur un air plus rock «I got it made» et encore plus free rock avec «Rip off» et «Alone again» avec des riffs incroyables de guitare. Retour à la ballade blues pure avec «Stray dog» pour finir sur l’étrange «Bottle floats» d’une voix avinée.
Accompagné de Kjetil Ulland (basse) et Kim Christer Hylland (batterie, percussions), il nous offre là un disque qui mériterait qu’on le connaisse mieux en France.

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ABAJI : «Blue Shaman» (Abajimusic)
On pourrait le nommer «Multi Abaji» car ce libanais imprégné de la musique de son pays, s’imprégnera très vite des toutes les musiques du monde qu’il va découvrir en voyageant, principalement de l’Inde et de l’Orient… Et du blues ! Né d’une famille de musiciens, il joue de la guitare, de la clarinette, des percussions, de l’oud, du bouzouki, des flûtes diverses, c’est dire le musicien qu’il est devenu (et polyglotte à la fois) à force de traverser le monde.
Ce musicien globe-trotter nous a déjà proposé un CD «Route & Roots» qui marquait son retour dans son pays après 33 ans d’exil, et voici «Blue Shaman» où l’on retrouve toutes les réminiscences de l’Orient avec «Nâtir» dans laquelle il mêle sa langue natale à notre langue. «Celtic blues», provient de son voyage à Glasgow où il rencontre Donald Shaw et Michaël McGoldrick, ce qui lui inspire cette musique où se mêlent les deux cultures, avec sa voix éraillée à la Arno et un très bel accompagnement de flûte celtique… qu’il interprète. Dans «Blue Shaman», c’estl’harmonica qui accompagne cette ballade auquel se joint une guitare double-neck. Et voici que le duduk revient de ses racines pour cette mélopée intitulée «Ararat». Etrange est ce «Balkanik Tango» où se mêlent deux cultures inattendues quoique méditerranéennes. Puis il nous emmène dans une envoûtante «Nuit turquoise» où s’entrecroisent bamboo, clarinette, percussions, flûte et accordéon. La langue anglaise vient s’accoler à un mélange d’accordéon, de double neck guitar et d’oud pour cette «Dance for me». Ainsi voyage-t-on sur 16 morceaux où se marient tous ces instruments, toutes ces langues qui font de ce disque un véritable album de World Music.

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Stephano di Battista : «Morricone Story» (Warner)
Passons du blues au jazz de Stefano di Battista qui a décidé de rendre hommage au grand compositeur Ennio Morricone en reprenant à sa manière de grands standards de musiques de films qu’a signées ce grand compositeur. Mais il est aussi allé à la recherche de morceaux qui n’ont pas eu le succès international de «Le bon, la brute et le truand», «The mission», «1900» «Il était une fois en Amérique», «Peur sur la ville», «Le grand silence» que l’on retrouve évidemment sur ce disque, revus et corrigés jazzy par ce beau musicien qu’est Stefano di Battista, qui s’est entouré de belles pointures comme notre ami André (dit Dédé) Ceccarelli à la batterie, le pianiste Frédéric Nardin et le contrebassiste Daniele Sorrentino, lui-même étant alto et saxophoniste. Il nous offrira d’ailleurs de superbes solos  comme dans «La cosa buffa» (La drôle d’affaire) ou encore «Deborah’s thème» tiré de «Il était une fois en América», très bluezzy, Belle acrobatie musicale avec le thème de «Metti, una sera à cena» (Disons, un soir à dîner) où Stefano s’amuse avec les notes. «Apertura della caccia» tiré du film «1900» est un magnifique duo piano-sax. Belle virtuosité du sax de di Battista pour le thème de «Flora» et l’on termine en feu d’artifice avec «Le bon, la brute et le truand» qui nous fait presque oublier l’harmonica de Franco de Gemini !
Un très bel hommage à ce compositeur immense qu’était Morricone par le tout aussi immense  sax Stefano de Battista !

8 7

Lalo SCHIFRIN for mandoline (Maison Bleue)
A l’instar de Vladimir Cosma, Lalo Schiffrin est musicien, compositeur, pianiste et chef d’orchestre et comme lui, on ne compte plus les musiques de films qu’il a signées, de «Bullitt» à «Duel dans le Pacifique», en passant par «Inspecteur Harry», «Amityville» pour le cinéma et tout autant prolixe pour les séries télé comme «Starky et Hutch», «Mannix», «Des agents très spéciaux», «Mission impossible».
Aussi passionné de musique classique que de jazz, il a d’ailleurs sorti un disque avec Dizzy Gillespie et nombre d’albums solo.
Aujourd’hui, c’est un disque «classique» par sa forme parce que c’est quand même ses musiques qui sont interprétées par l’accordéoniste Grégory Daltin et le mandoliniste Vincent Beer-Demander… deux magnifiques musiciens qu’on avait d’ailleurs déjà rencontré sur le dernier disque de Vladimir Cosma «Suite populaire». Comme quoi il est vrai que les grands esprits et les grands musiciens se rencontrent. Le tout dirigé et interprété pas le talentueux pianiste Nicolas Mazmanian
Tour à tour ces trois musiciens interprètent donc des musiques du grand compositeur mais qu’ils nous offrent en toute intimité dans un style dépouillé comme ces variations sur des thèmes de ses compositions qui se terminent avec humour par la b.o de «Mission impossible»  revues et corrigées façon piano et mandoline. Comme cette «Sonata» qui suit. Puis c’est le pianiste et le mandoliniste qui nous offrent une «Fantaisie concertante. «Fantaisie» encore pour piano et accordéon pour terminer ce disque. Tout au long de celui-ci, apparaissent de temps en temps les thèmes qu’on reconnait, repensés avec génie par ces trois grands musiciens.
Lalo Schiffrin a dû apprécier… Et nous aussi !

9 10

Timothée ROBERT: «Quarks» (La pluie qui chante)
C’est du jazz pur et dur, presque expérimental , qui ne s’adresse peut-être pas à tout le monde tant il est puissant et original. Mais les puristes apprécieront.
Timothée Robert est compositeur, arrangeur, bassiste et a travaillé avec nombre de jazzmen new soul, contemporains, limite underground, aux effluences africaines, comme les Zoufri Maracas, David Linx, Coccolite, bref, un mélange de cultures musicales
Pour vous expliquer pourquoi Timothée Robert a intitulé ce disque «Quarks »,il faut savoir (Et je ne le savais pas !) que les quarks sont des particules élémentaires constituant la matière observable qui s’associent pour former des particules composites comme les neutrons… Où va se cacher la musique !
Bref, on en retient que c’est une interaction qui s’adapte à la musique qui fait se rapprocher des musiciens entres autres comme ceux choisis par Timothée et qui sont toutes des peintures : Olivier Laisnez trompettiste, Melvin Marquez sax ténor, Nicolas Derand aux claviers, Paul Berne à la batterie et évidement Timothée Robert à la basse. A noter les envolées lyriques surprenantes du trompettiste qui sont du grand art. Certains morceaux seraient dignes de devenir des musiques de films de polars, tant l’ambiance est prenante.
C’est du grand art pour les amateurs de jazz.

Jacques Brachet


Serge GAINSBOURG… 30 ans…

De Gainsbarre à GAINSBOURG

A

Le temps passe… Les génies restent.
C’était il y a 30 ans et l’on perdait l’un des plus talentueux et prolifiques auteurs-compositeurs-chanteurs
C’est par Gréco, Zizi et Régine que j’ai découvert Serge Gainsbourg.
L’une chantait la sublime « Javanaise », l’autre le fameux « Elisa », la troisième les magnifiques « P’tits papiers ».
Si je n’aimais pas particulièrement le chanteur, j’aimais celui qui écrivait de si jolies chansons.
Puis la vague « yéyé » arrivant, il y ouvrit une brèche et s’y engouffra avec délectation et bien sûr, chacun voulut sa chanson. Prolixe et généreux, il écrivit donc pour Françoise Hardy, Dalida, Michèle Torr, Dani, Pétula Clark, France Gall… Toutes les femmes qui chantaient à l’époque – et même les autres ! – voulaient le chanter et il se fit une spécialité des actrices qui possédaient un brin de voix très ténu : Brigitte Bardot, Anna Karina, Catherine Deneuve, Isabelle Adjani, Mireille Darc, Vanessa Paradis, Jane Birkin et Charlotte Gainsbourg bien sûr. Il y a ajouté quelque beaux chanteurs comme Alain Chamfort, Claude François, Eddy Mitchell, Julien Clerc, Jacques Dutronc… Et j’en oublie.
Belle brochette à son palmarès !
Il traversa ainsi presque cinq décennies avec le succès que l’on sait et qu’on ne peut que saluer car dans le tas, il y a de véritables petits chefs d’œuvre, même s’il aimait proclamer que la chanson était un art mineur.
Si le chanteur ne m’affolait pas, l’homme, au fil des années, me déplut de plus en plus à force de provocations et de scandales qu’il aimait semer autour de lui. Il était toujours entre deux vins, sulfureux et provocant dans ses propos et dans ses gestes, quelquefois pervers, souvent grossier, toujours crade et je ne comprenais pas qu’une certaine élite puisse le trouver génial, même s’il faisait tout cela au second degré. Il y a des limites à tout et j’avoue que j’ai beau avoir de l’humour, je n’appréciais pas ce comportement grossier et vulgaire.
Les mains baladeuses sur Deneuve, la déclaration incendiaire à Witney Huston, les propos orduriers à l’égard de Béart ou de Catherine Ringer, le fameux billet brûlé devant la télé… Tout cela me faisait gerber et je ne voyais pas ce qu’il y avait de génial.
Bref, Gainsbourg était vraiment devenu Gainsbarre et je trouvais qu’il était dommage qu’un tel talent se galvaude ainsi et se pavane sous une aura ambiguë et malsaine par pur plaisir.
Je devais m’en rendre compte lors de notre première rencontre au Festival de Cannes 83.
Il venait présenter un film qu’il avait réalisé « Equateur » qui, à mes yeux, n’avait que peu d’intérêt, sinon, pour certaines – et certains ! – de découvrir un Francis Huster dans le plus simple appareil. Mais, à part de voir le zizi de la vedette, ce qui fit le scandale et la rigolade du jour, le film fut vraiment peu apprécié. Vite vu – malgré sa longueur ! – vite oublié. Mais il se trouvait alors que je connaissais l’attachée de presse du film qui me proposa une rencontre avec l’artiste. Difficile de dire non à Cannes lorsqu’on vous propose ce genre de choses. J’acceptai donc et rendez-vous fut pris à 10 heures au Majestic.
Lorsque j’arrivai et le demandai, un serveur me dit en souriant que je le trouverais au bord de la piscine, terminant une bouteille de Chivas… Intéressant, à 10h du matin !
Effectivement, il balbutiait avec la comédienne Dora Doll qui avait l’air fasciné et le… buvait des yeux !
Je me présentai, m’assis à côté de lui après qu’il m’eut ânonné de le faire. Je sentais qu’on allait s’amuser.

B C
Cannes 1983

Ce fut surtout Dora Doll qui s’amusa car elle était morte de rire du soliloque auquel j’eus droit.
Après m’avoir dit que les journalistes étaient tous des cons qui n’avaient rien compris à son film, il ne m’en parla plus et partit, Dieu sait pourquoi, sur les rapports de Verlaine et
Rimbaud, pour glisser sur quelques appréciations salaces.
J’eus le malheur de lui demander pourquoi il avait filmé Huster nu en plongée la caméra tournant au-dessus du lit en faisant durer la scène. Il essaya de se mettre en colère mais dans son état d’ébriété c’était difficile. Il arriva d’abord à me dire que, comme les autres journalistes, j’étais un con et il me lança : «Pourquoi ? Vous n’aimez pas la b…te d’Huster ?» avant de partir dans une longue description de ses propres parties génitales en large… et en long ! J’ai vu le moment où il allait me prouver ses dires mais on en resta là de l’interview car, enregistrant tout, je pensais au travail que j’aurais à couper toutes ses onomatopées, ses phrases incompréhensibles et ses allusions croustillantes !
En fait, je finis par ne rien couper et passer les quelques minutes telles quelles de ce monologue «gainsbourien», au grand dam d’âmes sensibles qui écoutaient la radio et se déchaînèrent ! Mais j’eus d’autres réactions de gens qui passèrent un bon moment !
J’appris donc que ce film était tiré d’un roman de Simenon qu’on producteur lui avait balancé dans la gu…le. “Donc – me dit-il – ce n’était pas un coup de foudre puisque le roman s’intitule
“Coup de lune” ! J’avais le choix entre Francis Huster et Patrick Dewaere mais je dînais avec Dewaere la veille de sa mort… Donc plus de choix.
Mais je pense qu’Huster était plus pur dans mon propos”.
Par contre, lorsque j’eus le malheur de lui demander si, après avoir été auteur, compositeur, chanteur, photographe, réalisateur, il y avait une chose à laquelle il n’avait pas encore touché et qu’il aimerait faire, j’eus cette réponse qui restera dans mes annales… Si je puis dire !
“Vous voulez un scoop ? Des mecs ! Jusqu’ici je n’ai touché qu’à des gonzesses mais pas encore à des mecs… Quoique… Non, je vous dois la vérité, j’ai touché à des mecs mais ça ne m’a pas plu… Je crois que c’est définitif : je ne suis pas fou de la queue… à part la mienne
Ça, j’avais compris !
Et ce n’était pas tout à fait fini puisque, parlant de ses projets, il m’annonça le disque de Jane, celui d’Adjani, un double album pour lui et un autre projet de cinéma : “J’irai cracher sur vos tombes”. Enfin, un livre chez Gallimard : “Entre Genet et Gide… Vous saisissez ?!!
Deux “pèdes” !!!”
C’était décadent à souhait.
A la déception de Dora Doll, j’arrêtai là mon interview et je pensais que ce serait mon unique expérience avec ce poète maudit, aviné et obsédé.
Mais j’allais le rencontrer quelques années plus tard, en 1988, et après avoir eu le pire de Gainsbarre, j’allais avoir, à ma surprise, le meilleur de Gainsbourg.
Le chanteur avait repris le dessus sur le créateur et il partait dans une grande tournée à travers la France, entre salles combles et chapiteaux bondés et – chose unique – à chaque étape il avait décidé de recevoir les journalistes. Je n’étais pas bien chaud mais je ne pouvais passer à côté d’un tel événement.
J’aurais été le seul !

E D

J’acceptai donc le rendez-vous et me retrouvai autour d’une table avec quelques autres journalistes varois. Une table où trônaient coca, jus de fruits et bouteilles d’eau. Je me disais que le monsieur allait être déçu. Et pourtant, lorsqu’il arriva, sourire en coin d’un côté, mégot en coin de l’autre, casquette de base-ball, après avoir salué tout le monde, il nous expliqua qu’il avait lui-même demandé ces rafraîchissements dans la mesure où il avait arrêté de boire pour la tournée et surtout parce que son médecin le lui avait fortement conseillé, vu le délabrement intérieur de son corps.
Il est donc à jeun, souriant et décontracté, chaleureux. Il nous dit sa joie de remonter sur scène, il y redécouvre des joies formidables, un public nombreux et vraiment acquis. Que demander de plus ? Après avoir un peu fait le tour de sa carrière, de ses chansons, il axe la conversation sur les enfants, sur les méfaits de cette drogue qu’il abhorre et fait tant de ravages. Dieu sait s’il n’a pas de leçons à donner sur l’alcool mais la drogue et les dealers lui font terriblement peur. D’un coup, on n’a plus un chanteur devant les yeux mais un homme, un père, qui parle de ses enfants avec tendresse, avec émotion, avec amour tout simplement.
Il nous dit de très belles choses et nous sommes suspendus à ses lèvres. On oublie tous de poser des questions, on écoute cet homme qui se révèle à nous, dépouillé de ses faux semblants, de ses masques, qui nous parle de sa vie de famille, un « pater » dans toute sa vérité, qui ne joue pas un rôle et même, nous pose des questions sur nos propres enfants. Il nous parle d’amour, de rigueur, d’autorité, à notre grande surprise car jamais on ne l’avait imaginé ainsi. On était à cent lieues de l’image sulfureuse qu’il se donnait. On découvrait vraiment Gainsbourg. Il était sincère et l’on se rendait compte que cet homme était avant tout pudique et cachait son émotion, sa timidité, ses complexes derrière cette carapace, ce personnage, qu’il s’était forgé de toutes pièces et qui lui faisait du tort, même s’il avait ses fans indéfectibles.
Une tendresse à fleur de peau qu’il n’exprimait que rarement et nous le rendait alors terriblement attachant. On avait trouvé la faille de cet homme qui, ce jour-là, se révéla à nous et, je peux l’avouer, qui nous épata et qu’à ce jour, je ne vis plus jamais comme avant.
Hélas, ce devait être de courte durée puisqu’il devait disparaître peu de temps après.
Je gardais le regret de l’avoir découvert trop tard mais cette rencontre, qui le réhabilitait à mes yeux, fut un très beau moment d’émotion.
Voici des extraits cette interview qui fut la seconde et la dernière qu’il me donna.

« Une tournée, Serge… Inattendu aujourd’hui ?
Je dirai tout de suite que ce n’était pas une nécessité commerciale mais comme je ne fais pas de parisianisme, j’estime que la province a autant le droit de voir mon spectacle. Et je le dis sans modestie, c’est une tournée triomphale. Historique, même…
N’ayons pas peur des mots !
La musique reste votre passion ?
C’est ma vie et c’est pourquoi je n’arrêterai jamais d’en faire. Mais j’aime aussi la peinture (je vais m’y remettre) la littérature (je prépare un livre), le cinéma (j’ai des projets)… Mais pour l’instant je suis pris par deux ans de musique entre la tournée, un nouvel album pour moi, pour Jane, pour Bambou et peut-être Anthony Delon…
Pourquoi tant de comédiennes ?
Parce que ce sont les plus belles, même si ce ne sont pas les plus belles voix du monde… Je ne suis pas « showbiz » mais « showman » et je choisis et agis sur des coups de cœur.
Il y a peu d’hommes !
Effectivement mais il y a Dutronc, le super-copain à qui j’ai fait des chansons pas dégueu… »
Et là, il fait une parenthèse pour parler de Thomas Dutronc, alors encore enfant qu’il adore et sur les enfants en général :
J’adore Thomas ! Je lui ai offert une peluche qu’il a appelée « Gainga ». Il l’a toujours. Je viens de lui offrir un flipper qui m’a coûté la peau du c.l ! Il travaille bien à l’école, tout comme Charlotte… Les enfants, c’est essentiel dans ma vie. Absent, ils me manquent très vite, mais ils ne m’oublient pas… Lulu vient souvent me voir en tournée…  »
Et puis, chemin faisant, on en arrive à parler de la drogue qui était alors son cheval de bataille.
« Je suis un père et la drogue est quelque chose qui me préoccupe. Je suis extrêmement concerné par ce fléau qu’est la drogue dure… même si je pratique la drogue douce, mineure. Et si un jour quelqu’un venait à toucher à ça avec un de mes gosses, je le tue. Je veux mettre les enfants en alerte car j’ai une puissance, un impact médiatique que n’ont pas les politiques et je m’en sers pour ça…. »
Mais si aujourd’hui nous avons Gainsbourg devant nous, Gainsbarre n’est pas tout à fait absent et lorsque je lui demande ce qu’il aime le plus dans la vie, la réponse vient très vite, sans réfléchir, avec un regard vrillant, attendant la réaction :
B…er  » !!! Mais à condition que ce soient de beaux lots… Brikin, Bardot, Bambou ne sont pas de mauvaises adresses ! » lance-t-il avec une certaine fierté.
Eh oui, chassez le naturel…. On le lui fait remarquer.
Il rit, fait la moue, baisse les yeux comme une jeune fille prise en faute :
« Mais non, je suis un très gentil garçon… Je suis resté un grand adolescent dans mon âme et je n’aime pas les rapports d’agression. Je n’aime pas les loups, je préfère les chiens… En fait, J’aime aussi les loups, c’est une belle race. Mais j’aime ceux qui ne mordent pas…
Et vous savez quelle est ma plante favorite ? C’est l’ortie. Elle est mal aimée alors elle se défend en piquant. C’est pourquoi dans ma chanson dédiée à Lulu, je lui demande de mettre des orties sur ma tombe… On est loin du saule de Musset ! »
Voilà toute l’ambiguïté d’un Gainsbourg à double face, insaisissable, blanc ou noir… Est-ce un signe de génie lui demande-t-on ?
Il rigole encore (Je l’ai rarement vu rire ou sourire autant !)
«Le génie ? Je ne sais pas si j’en ai mais, trente ans après je suis toujours là. C’est bien mais je ne crois pas que ce soit un hasard. Puisqu’on est dans les confidences, je crois vraiment être un gentil garçon, honnête, pas faux cul… J’ai toujours fait ce que j’aime et je peux dire que je ne me suis jamais emm…dé dans ce métier. J’ai toujours fait attention à ne pas me scléroser, me laisser aller dans le succès, et j’ai évolué sans cesse. Une carrière qui dure aussi longtemps, ce n’est pas anodin… Alors, faute de génie, je pense avoir du talent. J’aurai du génie – du moins on m’en trouvera – lorsque j’aurai cassé ma pipe… Et ce sera le plus tard possible, je ne suis pas pressé « .
Hélas le temps lui était déjà compté… et c’est vrai qu’aujourd’hui il en est beaucoup qui lui trouvent du génie …
Une fois de plus il avait raison !

F

Jacques Brachet