Archives mensuelles : février 2021

Emma DAUMAS : Un grand et beau retour

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Emma Daumas, nous l’avions un peu perdue de vue, après quatre albums.
Le premier, à sa sortie de la Star Ac, «Le saut de l’ange» date déjà de 2003. Puis elle nous propose «Effets secondaires» en 2006, suivi en 2008, de son troisième album «Le chemin de la maison» et le dernier album en date sera un livre-disque pour les enfants, «Les larmes de crocodile» en 2010, où l’on y retrouve des amis artistes comme Elodie Frégé, Alain Chamfort et même Marcel Amont. Un single en 2015 «Bahia en été» et puis… plus rien… Enfin presque car elle prendra le temps de faire un bébé et d’écrire un roman «Supernova».
Mais plus de scène, plus de disques et c’est donc avec plaisir qu’on la retrouve aujourd’hui avec ce très bel album intitulé «L’art des naufrages». Un disque qui ressemble à la femme qu’elle est aujourd’hui, une femme qui a mûri, qui a eu des moments de joie, de tristesse. Adieu au rock, bonjour la pop et surtout la belle chanson française car les textes sont des petits bijoux qu’elle chante de cette belle voix inchangée. Des chansons souvent plus graves, chargées d’émotion comme «L’art des naufrages» qui a donné son nom au disque. Une chanson en hommage à Danièle Molko, éditrice, agent et amie d’Emma disparue en 2017. Après la mort, la vie, avec une belle chanson d’amour, «Nouveau monde» qui lui a été inspirée par la naissance de son bébé, une chanson en toute intimité, dans un souffle : «Joue avec moi» façon Jane Birkin. Et puis on revient un peu au rock avec les guitares saturées de «Léthé », pour se rapprocher du Brésil et de la bossa avec »Amor l’amour», «Mermaids blues» qu’elle chante dans un anglais parfait…
Emma nous propose différentes facettes de ce qu’elle est avec de la vraie, de la belle chanson française, chose qu’on entend peu en ce moment. C’est plein de délicatesse et de poésie et ce sont ses propres paroles. Et de plus, elle en est productrice !
J’avais donc très envie de parler de nouveau avec elle, ce qu’on a déjà fait quelquefois, toujours avec le même plaisir de la retrouver… même si ce n’est que par la voix.

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«Emma, cet album est un peu différent des précédents qui étaient plutôt rock.
Déjà, je me posais la question de mon style, dès le troisième album. Les deux premiers étaient plus impulsifs. Entretemps j’ai évolué, j’ai écouté beaucoup de choses différentes. Je voulais que mes chansons soient dans la lignée de la belle chanson que j’aime tout en étant très pop. Pop, ça veut dire populaire, dans le bon sens du terme et c’est aussi multiculturel, Chaque pays à une couleur pop qui lui appartient, c’est une musique qui se partage, qui voyage dans le monde et qui est inspirante. D’où mes inspirations multiples.
Je voulais justement que ce disque soit accessible à tous et en même temps, je me suis de plus en plus affirmée dans mon goût pour l’écriture. Cela, grâce à Maxime Le Forestier, avec qui j’ai travaillé et qui m’a ouvert de nouvelles portes sur l’écriture.
Parlez-moi de lui 
Nous nous sommes rencontrés sur la Star Ac’ où nous avons chanté quelques chansons ensemble. Michel Haumont, son guitariste, s’est d’abord intéressé à moi parce sa fille était fan de moi ! Il s’est créé des liens et Maxime, qui préparait un album, m’a proposé une chanson qu’ils ont écrite ensemble «La racaille» qui est sur mon premier CD.
Nous sommes toujours restés en contact, nous nous retrouvons quelquefois pour travailler.
Il m’a dit un jour : « Je veux qu’en sortant de chez moi, tu sois capable d’écrire ».
Ce que j’ai fait.
Vous parliez de vos influences qui sont très larges, allant de Michaël Jackson à… Dalida !
Ce sont deux personnes très attachantes et ce, pour diverses raisons. Tous deux ont une sensibilité très forte. Michaël Jackson a totalement modifié la façon d’appréhender la musique, le monde musical, avec une originalité, une imagination, une inventivité incroyables. C’était un artiste total. Au plus je l’écoute, au plus je l’aime. Comme David Bowie.
J’aime Dalida car elle incarne LA femme, belle, désirable, élégante. Elle était à la fois forte et fragile, puissante mais aussi faillible. On sentait ses cassures, elle était authentique et pour moi c’est une crooneuse latine ! Je suis admirative et je suis très triste de la façon dont elle a disparu.

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Une influence importante aussi : le Brésil
C’est un pays qui, dès la première approche, m’a tout de suite attirée. Ça a été pour moi une révélation.
J’ai la chance d’avoir de la famille qui y a un pied à terre et je vais m’y ressourcer. C’est d’ailleurs là que j’ai recommencé à écrire. Ces paysages, cette culture ont joué un grand rôle dans mon inspiration.
Parlez-moi de ce disque. Comment est-il né ?
J’avais commencé à travailler avec Danièle Molko lorsqu’elle est décédée. J’ai été très malheureuse car c’était une véritable amie. Je me demandais comment j’allais continuer sans elle. Elle m’a inspiré «L’art des naufrages». Cette chanson était un peu comme une résilience. A partir de là, j’ai commencé à écrire en amorçant quelque chose de plus sensible, commençant une nouvelle aventure artistique et structurée.
C’est à partir de là que vous avez décidé d’être votre propre productrice ?
Oui, c’était en quelque sorte l’ouverture vers la liberté. Je pouvais décider de tout, je prenais le temps de réaliser mes rêves.
Et de là, vous avez eu une idée carrément originale !
Oui, car j’ai décidé de travailler mes chansons et un projet est né : le concert pour une personne !
Vous pouvez expliquer ?
Je me suis installée dans une cabine de plage avec mon accordéoniste, Laurent Derobert et nous avons accueilli une personne à la fois pour lui faire écouter ces chansons. C’était très singulier mais j’ai adoré ce rapport avec un seul individu à qui je chantais mes chansons, avec qui je parlais. Ca a nourri mon interprétation.
Mais comme vous n’êtes pas à une performance originale près, vous voilà sur un autre projet tout aussi fou !
C’était en juillet 2019, au festival off d’Avignon. Je me suis installé au théâtre du Chêne Noir avec trois musiciens Céline Olivier à la guitare, Jérémie Poirir-Quinot aux claviers et Etienne Roumanet à la contrebasse. Il y avait aussi Murielle Magellan, auteure, Justine Emard, plasticienne, Nicolas Geny, metteur en scène. Nous avons créé une trame narratrice à partir de mes chansons, une scénographie, une mise en scène, une vidéo interactive.
Ça a été une expérience incroyablement enrichissante que nous avons enregistrée.

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C’était le temps du rapprochement !

Durant quelques années, vous avez donc pris du recul, fait un bébé et écrit un livre. Pour le bébé je ne sais pas mais pour le livre, avez-vous envie d’y repiquer ?
Oui, j’ai pris le virus de l’écriture ! J’ai très envie de continuer mais il faut de l’inspiration, du temps et de la discipline et en ce moment, avec le bébé, le disque, la promo et la tournée à préparer, c’est difficile.
La tournée, ce sera avec le spectacle d’Avignon ?
Non, c’est trop compliqué. Ce sera tour de chant «normal» avec des musiciens.
Et pour la promo, avec ces temps de Covid, n’est-ce pas un peu difficile ?
On arrive à s’arranger. A Paris, ça ne pose pas de problème mais on fait beaucoup d’interviews par téléphone, comme aujourd’hui»

On attend donc cette tournée avec impatience, pour se retrouver «en vrai».
En attendant, il y a ce très beau disque que je vous conseille d’écouter, toutes affaires cessantes !



Six-Fours – Maison du Cygne
CHAYLART… Un univers de sérénité

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« Silence » – Le calme de l’esprit

Elle se nomme Caroline Chayla mais a choisi comme nom de guerre Chaylart, avec rt, deux petites lettres de plus qui font toute la différence.
Un regard bleu Méditerranée qu’elle a pris du côté de Toulon, sa ville natale, issue d’une famille d’artistes amateurs en tous genres (Théâtre, musique, peinture…) elle passe quatre ans au conservatoire de Toulon, avant d’aller faire un tour à Paris et s’en être revenue pleine d’usage et raison à Six-Fours, s’installant face à la Maison du Cygne… Un… signe certainement puisqu’elle expose aujourd’hui et jusqu’au 28 mars dans ce jardin remarquable qui offre un magnifique écrin à ses œuvres.
Curieuse et passionnée de tout ce qui touche à l’art elle est créatrice graphique, illustratrice, photographe, elle a fait du théâtre dans sa période parisienne au cours Florent, puis a découvert la sophrologie après avoir été chargée de communication visuelle dans le cosmétique…
Mais «son pays» lui manque et la revoici chez elle, chez nous donc et mêlant tout ce qu’elle a appris en essayant de se faire une place au soleil. D’abord sur facebook et youtube puis, quittant le virtuel, le confinement sera en fait la clef de son histoire : Durant ce temps elle crée, elle peint, sur tous les supports qu’elle trouve, du carton-plume au tissu, avec cet objectif que ne n’utiliser que des produits naturels et de la région : ses tissus sont 100% varois, ses coussins sont faits de lavande et de graines de chêne liège qu’elle ramasse dans le Haut Var. C’est l’artisanat pur et dur.

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« Vivre » en plein conscience – « Sérénité » la douceur du calme

Forte de tout ce qu’elle a emmagasiné et adepte de la méditation, elle décide d’allier tout cela pour nous offrir des balades méditatives, des marches conscientes et contemplatives à travers la nature et ses toiles empreintes de sérénité.
C’est beaucoup mieux que de méditer dans une pièce confinée !
Il y eut un rendez-vous manqué à Noël, où elle devait exposer à l’Espace Greling, retardé puis annulé suite à ce virus accrocheur et voilà que Dominique Baviéra, directeur du Pôle Arts Plastiques et Fabiola Casagrande, adjointe aux Affaires Culturelles de Six-Fours, lui proposent d’exposer dans ce beau jardin tout à fait en osmose avec ses œuvres.
Comment refuser un tel lieu… lorsqu’on a qu’à traverser la route pour s’y installer ?
Voilà donc ses œuvres installées au milieu des fleurs, des arbres , de cette nature qu’elle peint sans cesse en s’inspirant de lieux qui l’entourent. Son voyage ne se compte pas en kilomètres mais en sensations, en inspirations, en ressentis, en émerveillements, la nature varoise lui offrant le ciel, le soleil et la mer, les fleurs, les plantes, chaque toile étant créée aux Embiez, aux Sablettes, plage de Bonnegrâce, la Coudoulière, le Rayolet, Pépiole… dans ce qu’elle appelle la douceur du calme, la lumière du cœur, le souffle dans le vent, le calme de l’esprit…Elle s’ouvre ainsi à la nature pour nous donner le meilleur d’elle-même et nous fait rêver sur des peinture magiques aux tons flamboyants qui vont des couleurs les plus éclatantes aux camaïeux de bleus, de vers, de jaunes, avec le soleil pour témoin, cet astre étant omniprésent dans ses œuvres. Inspirations à la fois méditerranéennes et japonaises, le Japon étant le pays de la méditation.

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« Béatitude » S’éerveiller de l’instant – « Harmonie » Je souris à la vie

Ainsi voyage-ton avec elle dans ce jardin du Cygne où elle a posé ses tableaux, nature sur fond de nature, ce lieu qui lui était prédestiné, et l’on découvre douze visuels au bas desquels se trouve un code sur lequel, si vous êtes muni de votre téléphone, vous pouvez en même temps admirer la toile qui vous délivrera un message car chaque œuvre lui inspire une pensée qu’elle vous délivre.
Passionnée et hyper sensible, elle n’arrête pas de créer et de trouver des supports nouveaux à sa création : tableaux, coussins, tentures, chaises longues, tissus imprimés à partir de dessins numériques, où tout autres supports et mêmes cartes postales où, derrière l’œuvre, l’on retrouve cette pensée qui vous emmène dans son monde inspirant la paix et la sérénité qu’elle veut partager avec nous.
Avec Chaylart, pas besoin de faire des kilomètres pour voyager dans, le voyage est à notre portée, il suffit d’entrer dans ses toiles et d’écouter ce qu’elles nous disent.

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« Plénitude » Vivre l’instant présent
www.chaylart.fr – www.mavieenconscience.fr
Jacques Brachet







Tournage France 3 à Marseille
Francis HUSTER & Jeremy BANSTER… Flics père et fils

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Auguste Armand est mort… Vive Pierre Mariani !
Juste avant le confinement, j’avais rencontré mon ami Francis Huster, barbe et cheveux blancs, qui s’apprêtait à inaugurer la série de TF1 «Ici tout commence» où il jouait le rôle d’un grand chef cuisinier qui avait créé une école de cuisine de réputation internationale. Hélas, il mourrait assez vite laissant deux filles éplorées mais qui se détestaient et un fils dont on découvrait la paternité.
Mais comme Francis a le don de très vite ressusciter et d’enchaîner sur un autre projet, voilà que je le retrouve à Marseille sous les traits d’un flic, pour la collection «Meurtres à… » et ce sera «Meurtres sur les iles du Frioul». La barbe a disparu et le tablier de chef est devenu un costume et manteau très élégants.  Il va y mener une enquête auprès de son fils Victor qu’il retrouve après des années où ils ont rompu leurs relations. Le fils est interprété par Jérémy Banster, vu dans nombre de séries dont «Un si grand soleil», que vous pouvez voir chaque soir sur France 2.

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Sylvie Aymé – Francis Huster – Jérémy Baster – Myra Bitout

Nous voici à la Villa Gaby, sur la corniche Kennedy, lieu huppé de Marseille, face à la mer qui, aujourd’hui est plutôt grise, due au fort mistral et au crachin qui nous y accueille.
Heureusement, tout se tourne dans la villa, au chaud dans cet hôtel particulier cossu. Nous somme accueillis par l’un des producteurs, Stephan Kalb qui nous explique la journée et nous dit où nous mettre pour ne pas gêner le tournage. Le père et le fils de fiction sont là, décontractés, discutant et riant et Francis m’accueille comme toujours, chaleureusement, me présentant à tout le monde comme l’un des plus grands journalistes de tous les temps… S’il le dit, ça ne coûte rien de le croire… même si personne n’est dupe de la plaisanterie.
Il me présente donc à Sylvie Aymé, réalisatrice de ce «Meurtres à… ». Petit bout de femme rieuse, sympathique, patiente mais qui assure  avec à la fois poigne et gentillesse.
On l’a très souvent vue au générique de nombre de séries comme «Sous le soleil», «Cassandre», «Candice Renoir», «Mongeville», «Alex Hugo» et j’en passe…
Tout le monde s’affaire à la préparation de la séquence à tourner, un petit coup de peigne par ci, un raccord maquillage par là, répétition des dialogues. On tourne, silence, moteur, action…
Avec une patience infinie, la scène sera tournée plusieurs fois avant que la réalisatrice soit contente du résultat. On y retrouve Francis, Jerémy et Marie Daguerre, issue de la série «Sous le soleil».
Entre deux scènes, on bavarde, on rigole, on prend des photos souvenirs car aujourd’hui chacun fait son selfie, sa photo avec son téléphone.
L’ambiance est plus ensoleillée que le temps et tout se passe dans la bonne humeur, chacun se laisse photographier par mon acolyte, Christian Servandier. Ils prennent la pose sans problème et Francis en rajoute en lui proposant des idées.

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Tournage avec Marie Daguerre

Et puis c’est la pose repas et Huster en profite pour nous présenter Jean-Marc Coppola… Non pas le réalisateur mais l’adjoint à la Culture de Marseille qui est invité… Y aurait-il des projets dans l’air ? Mystère. On n’en saura pas plus.
Mais avant le repas, le père et le fils, accompagnés de la toute jeune comédienne Myra Bitout, qu’on a pu voir dans la série «Hyppocrate», s’installent autour d’un bureau de ministre que je vais devenir pour en savoir plus sur ce tournage.
«Tu te rends compte – me confie Francis – qu’on va bientôt fêter la cinquantième de la série «Meurtres à…». Je suis heureux de faire partie de cet épisode car j’ai trouvé en Jérémy, un comparse magnifique et j’espère qu’on va pouvoir se retrouver ensemble très vite.
Mais pas sur «Meurtres à…», car les duos ne sont jamais les mêmes !
Non bien sûr, mais je rêve de tourner une série avec lui qui s’intitulerait «Deux flics à Marseille» ou «Tel père, tel flic», avec aussi les autres acteurs qui sont tous épatants… Dont Myra Bitout, bien sûr car elle est douée et c’est une grande actrice en devenir. Nous formons vraiment une vraie troupe avec les comédiens.*
En fait, quel est ton rôle ?
Je suis un flic à l’ancienne qui vient éluder le meurtre d’un éditeur qui monte «Le comte de Monte Cristo». Il se trouve que c‘est un ami mais surtout, je vais retrouver sur l’enquête, mon fils qui est également flic et que je n’ai pas vu depuis des années.
Pourquoi ?
Jérémy : Il a tué ma mère dans un accident de voiture. Depuis cet accident, je n’ai plus voulu le revoir. Je me suis fait une vie, je suis devenu flice t ma compagne attend un enfant. Du coup, tu peux imaginer que les retrouvailles ne sont pas chaleureuses.
– En effet – reprend Francis – les rapports sont à couteaux tirés et tout ne va pas bien se passer. Et entre eux il y a Myra qui a des rapports passionnés avec lui.

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Qu’est-ce qui t’as plu dans ce scénario, Francis ?
Plein de choses et la première est qu’il est très bien écrit. Et puis, il y a ce mélange de polar et de moments intimes. Il y a des scènes qui sont bouleversantes. Et puis, nous tournons dans des lieux exceptionnels : Le Frioul, le château d’If, cette villa, le fort… Nous sommes allés jusque dans les souterrains… C’est incroyable !
Ce qui m’a plu également, c’est que c’est traité comme les polars américains. Il y a ce duo, moi le flic à l’ancienne, lui le flic nouvelle génération, leurs rapports sont explosifs et l’histoire emmène le public d’un bout à l’autre en le perdant à plaisir et sans savoir jusqu’à la fin, qui a tué.
– A tel point que nous ne le savons pas nous-mêmes, coupe Jérémy en riant.
Ce qui est intéressant c’est que nous avons des méthodes tout à fait différentes pour mener l’enquête, ce qui, de temps en temps, pose problème. L’intrigue se joue sur deux tempéraments, deux façons de faire, deux générations.
– Deux façons de faire que tout oppose, précise Francis, entre le père, flic traditionnel et le fils qui est fougueux, quelquefois violent, actif… un vrai flic d’aujourd’hui.
Justement Jérémy, ça te change du rôle de Julien Bastide dans «Un si grand soleil»…
Oui, c’est l’intérêt de ce métier, surtout lorsqu’on joue un rôle récurrent. Je vais d’ailleurs bientôt reprendre le tournage. Nous avons déjà tourné 700 épisodes !»
A noter que l’on retrouvera deux autres comédiens que l’on a l’habitude de voir dans d’autres séries : Nathalie Roussel , la fameuse Augustine Pagnol dans «La gloire de mon père» et «Le château de ma mère» et qu’on retrouve en ce moment dans la série «Je te promets» sur TF1 et Avy Marciano, marseillais bon teint, comédien de théâtre et vu à la télé entre autres dans «Sous le soleil» et «Plus belle la vie»
C’est avec regret que nous quittons cette belle ambiance de plateau car il faut arriver à Toulon avant le couvre-feu !
Mais nous ramenons de belles photos et de jolis souvenirs d’un tournage fort sympathique que nous vous offrons.

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Qui questionne qui ?

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Avec Jean-Marc Coppola

Jacques Brachet
Photos Christian Servandier



France 2 – Les rivières pourpres
à partir du Lundi 8 mars à 21.05

LES RIVIERES POURPRES S03

Une série inspirée du roman culte du maître du thriller, Jean-Christophe Grangé.
Après le succès de la saison 2, une association renouvelée entre les deux services publics européens; une coproduction franco-allemande avec maze pictures et ZDF.
France 2 et Storia Television sont fières d’annoncer la diffusion de cette troisième saison.
Avec : Olivier Marchal et Érika Sainte
Ainsi que pour les épisodes suivants :
Lune Noire : Bastien Bouillon, Jeanne Rosa, Martine Schambacher, Florence Müller
Rédemption : Patrick Catalifo et Thomas Durand
XXY : Lizzie Brocheré, Wallerand de Normandie, Victor Polster
Jugement dernier : Ken Duken, Philippe Duclos, Arben Bajraktaraj, Natalia Dontcheva, Stephan Wojtowicz

LES RIVIERES POURPRES S03 LES RIVIERES POURPRES S01

Le commissaire Pierre Niémans et le lieutenant Camille Delaunay, plus soudés que jamais après une série d’enquêtes sombres, complexes et nerveuses, sont une nouvelle fois appelés aux quatre coins de la France. Explosif et inséparable, ce tandem de choc plongera dans des univers inédits, qui réveilleront chez eux de douloureux secrets, qu’ils pensaient enterrés à jamais. Des corps cousus entre eux retrouvés au sein d’un festival néopaïen dans les montagnes, un meurtrier fou qui réintroduit le virus de la Peste Noire en pleine capitale, un ange de la mort sévissant dans la plus isolée et la plus dangereuse prison d’Europe… Plongés dans des enquêtes encore plus surprenantes, Niémans et Camille n’en ressortiront pas indemnes. Car s’ils sont les seuls à pouvoir percer ces mystères, ils vont très vite se rendre compte que toute vérité n’est pas bonne à déterrer. Surtout lorsqu’elle les concerne directement…



Du nouveau sur France 2

POLICE DE CARACTÈRES

Police de caractères – Samedi 27 février à 21.05
Après le succès du pilote diffusé en février dernier qui avait séduit 4,2 millions de téléspectateurs (18,8 % de PdA), découvrez un nouvel épisode de « Police de caractères ».
Dans la résolution d’un crime, rien n’est écrit à l’avance…, pourtant, nos deux héros savent toujours en retrouver l’auteur.
Post-mortem (Episode 2 – 90’)
Un meurtre déguisé en suicide qui se révèle être un suicide déguisé en meurtre dans un lycée hôtelier de la banlieue lilloise. Poquelin et de Beaumont se retrouvent embarqués au cœur d’une vengeance où chaque vérité en révèle une autre plus glaçante à chaque fois.
Créé par  Sandrine Lucchini et Mathieu Savignac
Réalisé par Gabriel Aghion
Ecrit par Eugénie Dard et Charlotte Joulia

POLICE DE CARACTÈRES POLICE DE CARACTÈRES

Avec Clémentine Célarié (Louise Poquelin), Joffrey Platel(Etienne De Beaumont), Olga Mouak (Violette Langlois), Cyril Garnier (Raphaël), Jules Houplain (Antoine Poquelin), Cypriane Gardin (Manon Poquelin), Benjamin Bourgois (Thimothee Richard), Antoine Chappey (le Commissaire), Carleins Pierre(Samba M’benque), Lili-Fleur Pointeaux (Héloïse Humbert), Francine Berge (Annette Delasalle)
Avec la participation d’Olivier Rabourdin (Remi Delassalle)

COMMISSAIRE MAGELLAN

Commissaire Magellan « Frères d’armes » – Samedi 6 Mars à 21.05
Frères d’armes (IéditT)
Réalisateur Etienne Dhaene
Scénario Céline et Martin Guyot
Avec :Jacques Spiesser (Commissaire Magellan), SelmaKouchy (Selma), Nathalie Besançon (Florence), Marie de Stefano (Cordelia), Franz Lang (Ludo)
Guests : Alexis Loret (Stan), Anne Richard (Delphine Blommel), Robin Causse (Christophe Destree)

COMMISSAIRE MAGELLAN COMMISSAIRE MAGELLAN
COMMISSAIRE MAGELLAN COMMISSAIRE MAGELLAN

Le caporal Mareski, membre d’un commando d’élite de l’infanterie de marine, regagne sa garnison à l’issue d’une permission quand il est victime d’un accident de la route mortel. Persuadé qu’il s’agit d’un meurtre, Magellan ouvre une enquête et acquiert rapidement la conviction que le coupable ne peut être qu’un des soldats de la base militaire. Contraint de travailler en collaboration avec le commandant Delphine Blomel, membre du contrôle général des armées, Magellan se heurte d’emblée à la méfiance des membres de l’unité auquel appartenait la victime. Méfiance qui se transforme en franche hostilité quand il commence à soupçonner le sergent Sophie Le Guen, chef du commando et héros de guerre adulée par ses hommes…

LA DOC ET LE VETO

La Doc et le Véto – Mardi 9 Mars à 21.05 (90’)
Quand une jeune docteur fait son arrivée dans un désert médical, c’est le bouleversement dans le quotidien des habitants et .. dans celui du vétérinaire du village !
Réalisé par Thierry Binisti
Scénario de Sylviane Corgiat, Alysse Hallali & Bruno Lecigne
Avec : Michel Cymes, Dounia Coesens, Nassima Benchicou, David Levadoux, Jérome Fonlumpt.
À Valerande-les-Chantelle, un village auvergnat, l’installation d’un médecin en plein désert médical marque le sursaut d’un territoire délaissé que ses habitants quittent peu à peu. Mais la jeune diplômée, parisienne et ambitieuse, est contrainte de partager le cabinet du vétérinaire local, enfant du pays revenu depuis peu après une carrière citadine et un divorce. À ses côtés, elle va découvrir la dure réalité d’une France oubliée. Résistera-t-elle?
Les deux professionnels de santé, que tout semble opposer, vont devoir allier leurs compétences pour venir en aide à un jeune éleveur de brebis dont les bêtes meurent d’un mal mystérieux…

LA DOC ET LE VETO LA DOC ET LE VETO


NICOLETTA – Hervé VILARD… Ils chantent, ils écrivent

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J’ai rencontré Nicoletta et Hervé Vilard le même jour, je l’ai souvent raconté.
Hervé faisait partie des trois mousquetaires révélations de l’année avec Michèle Torr et Christophe, partis en tournée d’été. Nous étions en 65.
Et puis, dans les coulisses, il y avait une jeune femme joyeuse et heureuse d’être là. Elle était habilleuse d’Hervé et se nommait Nicole Grisoni.
Dès ce moment, nous avons beaucoup ri ensemble sans savoir que quelques mois après, Nicole Grisoni deviendrait Nicoletta.
Hormis avec Christophe qui était toujours un peu à l’écart je suis, dès cette tournée, devenu ami avec les trois autres.
Nous avions le même âge, nous débutions tous (moi, dans le journalisme) et de cette tournée, nous ne nous sommes jamais perdus de vue, malgré le succès de chacun. A cette époque, les artistes ne se considéraient pas comme des stars, étaient abordables et tellement heureux de ce qui leur arrivait.
J’ai donc suivi leurs péripéties, leur succès, leurs tournées, leurs galas, leurs galères et je ne compte plus le nombre d’articles que j’ai pu faire d’eux.
Les décennies ont passé, avec elles leur carrière s’est prolongée jusqu’à ce jour où, hormis Hervé qui a décidé d’arrêter de chanter, les deux chanteuses continuent leur carrière avec des fans fidèles depuis les premiers jours.

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Chacun a déjà écrit sa biographie mais aujourd’hui, hasard des parutions, Hervé et Nicoletta sortent un livre.
Hervé VILARD : «J’ai des attitudes d’hommes mais je rêve encore comme un enfant ».
Hervé en est à son troisième livre, le premier, «L’âme seule», sorti en 2006, le second, «Le bal des papillon», sorti un an après.
Chacun a fait un tel carton qu’aujourd’hui ils sont entrés dans les écoles !
Depuis longtemps il était déjà sur le troisième mais entretemps il y a eu les tournées «Âge Tendre» auxquelles il a fini par participer après avoir refusé longtemps. Mais son amie Michèle Torr a fini par le faire capituler.
Et puis, un peu lassé par le métier, il a décidé de faire ses adieux à la scène en nous offrant un ultime Olympia en 2018.
Et il termine enfin, loin de la foule déchaînée, le troisième volet de ses mémoires : «Du lierre dans les arbres» (Ed Fayard)
C’est un livre triste et nostalgique. Celle d’un homme au crépuscule de sa vie, qui a laissé derrière lui un métier qu’il a adoré mais ne lui convient plus et qui s’enferme dans la solitude du presbytère de son enfance dans le Berry qu’il achète mais dans lequel il se retrouve seul avec son chien, les habitants du village étant méfiants vis-à-vis de «la vedette» qui revient et ne trouvant de la tendresse qu’avec la vieille Simone qu’il va aimer jusqu’à sa mort.
Ce livre est une errance d’un homme désabusé, mal dans sa peau, mal dans sa vie, qui fréquente un monde hétéroclite du show biz à la haute bourgeoisie, des voyous aux personnes de passage, ramenées chez lui les soirs de beuverie. Sexe, drogue, alcool…
Le livre démarre en Amérique Latine où il s’est exilé. Il va y perdre sa compagne et l’enfant qu’ils attendaient dans un accident. Du coup, il revient à Paris retrouver un métier qui l’a oublié mais il va y revenir en force en rencontrant Toto Cotugno qui lui offrira de grands succès : «Méditerranéenne», «Nous», «Reviens», «Venise pour l’éternité»…
Il retrouvera le village de son enfance dans ce presbytère qu’i rachète et rénove, où l’abbé Angrand l’a élevé et a été sa famille de substitution. Mais là encore, il ne se sent pas à sa place, les habitants le boudent, les fans le harcèlent… Il y a Simone et son chien qui le retiennent à un semblant de bonheur.
Et puis il y a des morts autour de lui : sa mère, Blanche, qu’il a retrouvée,
Dalida, Marguerite Duras, des amis très chers, puis Son chien, Simone… «La mort m’agrippe par les cheveux» écrit-il. Il n’a plus rien à faire en ce lieu qu’il revendra.
L’écriture est toujours magnifique, même si le livre est un peu décousu,  e surtoutt très sombre, à l’image de sa vie. Il laisse errer ses pensées qui ne sont pas des plus gaies et l’on sent un homme profondément triste, marqué par son enfance, solitaire, qui n’aura eu en fait de bonheur que sur scène. «Sur scène je me livre, à défaut de me révéler» écrit-il encore.
J’ai souvent rencontré Hervé et l’on avait eu l’occasion de parler de ses deux premiers livres qui avaient eu le succès que l’on connaît et qui lui avaient donné des moments de grand bonheur.

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Hervé, te voilà donc devenu écrivain ?
« C’est un bien grand mot par rapport aux grands écrivains qui existent. Disons que je suis un chanteur qui écrit. Ce virus de l’écriture, tu sais, il y a longtemps que je l’ai puisque, si j’ai pu écrire ce livre, c’est grâce à tous ces cahiers que je n’ai jamais cessé de remplir depuis mon plus jeune âge. Et ça m’a bien servi pour remettre les événements dans leur contexte et avec les dates certifiées Mais j’ai mis du temps à sauter le pas en me posant beaucoup de questions.
Lesquelles ?
D’abord, il me fallait les années, la maturité car écrire sa vie, il faut l’avoir vécue, c’est quelque chose de très singulier et des livres de chanteurs, il y en a des tonnes et tous ne sont souvent qu’anecdotiques avec quelques photos souvenirs au milieu.
Tant qu’à faire quelque chose, je voulais que ce soit parfait et je ne voulais pas « que » raconter ma vie. Je voulais qu’il y ait du ressenti, qu’à la limite, ceux qui ne connaissent pas Hervé Vilard puissent le lire comme un roman. Bien sûr, c’est ma propre histoire mais encore faut-il en faire quelque chose de bien, que ce ne soit pas écrit dans la douleur, que ce ne soit pas larmoyant.
Il fallait donc un temps d’assimilation et puis d’écriture, de réécriture car je suis perfectionniste… il y a quelques métaphores dont je suis content !
J’avoue que j’ai adoré ça.
A tel point que voilà ton troisième ! Comment travailles-tu ?
Je travaille et retravaille dès l’aube, en regardant par la fenêtre. C’est un très bel exercice, un travail sur soi et je prends le recul nécessaire pour écrire et relire mes carnets…
C’est quoi, ces carnets ?
J’ai pris des notes durant toutes mes tournées, mes voyages, dès le départ de  ma carrière. C’était pour passer le temps et puis, je pensais sincèrement que cette période serait éphémère, que je n’en ferais pas vraiment un métier parce que le succès était arrivé trop vite. A force, c’est devenu quelque chose d’habituel, de nécessaire. Et j’ai toujours continué !
Dans ce second volet, il était surtout question de ce succès autour de « Capri c’est fini » et de tes premières tournées… Nicoletta, Michèle Torr, Dalida, tes amies et… Claude François qui en prenait un coup !
Je voulais montrer les deux côtés de ce métier. Faire un parallèle, par exemple, entre Claude et Dalida, liés par les mêmes déracinements, les mêmes problèmes, heurs et malheurs mais dont le comportement était diamétralement opposé. Entre l’idole inhumaine et la femme de cœur. Entre la revanche et la passion du métier et au milieu, le public que l’un bafouait et l’autre adorait. Dalida était une personne humaine, sensible, qui s’intéressait aux gens, qui donnait une chance aux chanteurs comme moi, Mike Brant, Jean-Luc Lahaye. Claude avait un côté inhumain, il traitait  les gens avec qui il travaillait comme des esclaves, il ne supportait pas le succès d’autres chanteurs qu’il voyait toujours comme des ennemis. En fait, il ne pensait qu’à lui. Pour Nicoletta et Michèle, c’est la jeunesse qui nous a réunis et puis la tendresse qu’on se porte toujours.
Aujourd’hui tu as pris du recul avec le métier de chanteur. Comment le vois-tu ?

Comme on le voit tous. Sans humanité. La passion, l’amour du métier ont laissé la place au marketing. On lance une chanson, un artiste, on l’appelle d’ailleurs « produit », ce qui est significatif… Et après, il ne reste plus grand chose.
Les jeunes d’aujourd’hui, pour certains du moins, ont le même désir, les mêmes espoirs que j’avais. Mais moi je me sentais épaulé, j’avais autour de moi des gens qui me considéraient, qui m’aimaient, qui m’aidaient. Alors qu’aujourd’hui on les lâche dès que ça marche moins.
On vit une époque où tout est cloisonné. A la nôtre il n’y avait pas cette ségrégation !
Je me souviens d’une rencontre avec Brassens qui me chantait  «Capri» avec joie, de Brel lorsque j’ai chanté en première partie de son spectacle, qui était là avec son corps, ses yeux… Nous étions à Rio, il y avait 40.000 personnes et je chantais pour Brel. Il m’écoutait avec sa force, sa vérité. Ferré qui était un ange avec Nicoletta… Pour ceux-là, j’ai essayé de m’appliquer toute ma vie
Mais aujourd’hui, tout ça est en moi, avec moi et lorsque j’ai fait mon 13ème Olympia il y avait toutes ces mères qui me portaient et pour certaines… je pourrais être leur père !
Et puis je suis parti à Toronto, Chicago, New- York… J’ai quand même cinq Carnegie Hall à mon actif !… Pas mal non, après tout ce qu’on a pu dire sur moi !… Tant qu’il y aura du linge aux fenêtres, je chanterai pour ces gens et je serai fier d’être populaire.
Il faut se dire qu’on est des élus et qu’on fait le plus beau métier du monde»
Ce plus beau métier du monde, il l’a aujourd’hui occulté pour écrire et vivre sa vie d’homme laissant sa vie d’artiste derrière lui. Et devenir écrivain, même s’il préfère dire qu’il est un «chanteur qui écrit»
«Pour toi, qu’est-ce que ça représente, un livre ?
C’est un objet. Un bel, un magnifique objet. Lorsqu’on le prend, il n’y a plus de barrière entre l’auteur et le lecteur.
Mais tout ce que je te dis, c’est de la littérature. Pour moi, l’important est qu’on soit fier de moi et c’est pour ça que pour moi, remplir un Zénith ne veut rien dire. Ça ne m’intéresse pas. Je ne critique pas ceux qui le font, je n’ai pas à juger mais je préfère faire envie que pitié.
Le petit chanteur populaire a quand même chanté Brecht, Duras, Genet…
Oui et il faut être gonflé pour faire ça, non ? Et pourtant, quoi de plus naturel que de rendre ces gens magnifiques populaires ? De continuer à les faire vivre, à faire vivre leur œuvre ? Ils sont immortels.
Avec ces auteurs, j’ai l’impression d’être allé au bout de mes convictions.
Quel plus beau cadeau que de savoir que mon premier livre devient un sujet du bac, et surtout, qui aurait pu le prévoir ?
Après ça, on peut dire n’importe quoi. Je suis à la fois bouleversé et heureux et je tâche d’être à la hauteur d’un tel honneur.
J’ai des attitudes d’hommes mais je rêve encore comme un enfant « .
Un enfant blessé qui se prénommait René. Et ce René-là l’a suivi toute sa vie.

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NICOLETTA, cinquante ans de passion
Du jour où nous nous sommes rencontrés, j’ai suivi de près la carrière de Nicoletta. Carrière qui alla crescendo avec nombre de succès qui sont encore dans toutes les mémoires, de «La musique», reprise pour le générique de la Star Academy, à «Il est mort le soleil» dont son ami Ray Charles a fait une version américaine en passant par «Fio Maravilha» que lui a offert Jorge Ben «Mamy Blue» que Joe Starr a repris en duo avec elle, «Jeff» que Delon lui a demandé pour le générique du film éponyme, «Les volets clos» générique du film de Brialy que celui-ci lui a proposé, «Esmeralda» dont elle joua le rôle-titre de la comédie musicale de William Sheller… Par contre,  à cause de sa maison de disques, elle a raté le rôle de Dulcinée auprès de Jacques Brel, qui lui avait proposé le rôle de sa comédie musicale «L’homme de la Mancha»…
A ses débuts, elle fit la première partie d’Adamo, de Johnny, d’Eddy Mitchell, on ne compte pas les belles rencontres qu’elle fit, de Jimmy Hendrix à Charles Aznavour car sa voix s’adaptait à tous les genres, de la chanson traditionnelle au rock, au jazz, en passant par le gospel qui fut son premier amour et la décida à devenir chanteuse.
Depuis pas mal de temps déjà, elle continue à chanter le gospel dans les églises.
Au départ pourtant, elle était plutôt destinée aux arts plastiques car elle a un coup de crayon formidable. J’ai d’ailleurs un dessin qu’elle m’a offert.
C’est grâce à Hervé Vilard, avec qui elle partagea les mêmes galères qui la fit entrer dans la musique. Lui débutait, elle, n’allait pas tarder à le rejoindre. En attendant, elle fit plein de petits métiers, essentiellement dans des boîtes de nuit où elle pouvait pousser la voix, à tel point qu’enfin, Léo Missir, bras droit de Barclay, la découvrit.
Elle avait déjà raconté son enfance malmenée dans son livre «La maison d’en face». Petite fille savoyarde née d’un viol, sa mère étant déficiente mentale, elle avait rencontré son père par hasard, alors qu’il vivait en face de chez sa grand-mère qui l’élevait et qu’il ne voulut jamais connaître. Le seul mot qu’elle eut de lui, lorsqu’elle osa lui dire qu’elle était sa fille fut : «Et merde» !
C’est donc une belle revanche sur la vie que cette carrière magnifique qu’elle poursuit aujourd’hui. Entourée de son second mari, Jean-Christophe Molinier et de son fils Alexandre, issu de son premier mariage avec un bijoutier suisse, Patrick Chapuis. Hasard amusant, son prof de chant s’appelait le père Molinier et son prof de dessin se nommait Patrick Chapuis !
Dans ce magnifique album «Nicoletta, soul sister» (Ed Cherche-Midi), elle revient sur tous ces événements de sa vie de femme et d’artiste et c’est tout au long de ces pages qu’on remonte le temps jusqu’à aujourd’hui avec une magnifique iconographie, très souvent inédite où, de page en page, la brune Nicole Grisoni est devenue la blonde Nicoletta à la voix ample, puissante, «la seule chanteuse blanche à la voix noire» disait son ami Ray Charles !
Je me souviens d’un soir d’été où j’étais en vacances et elle en concert, dans sa Savoie natale. Après le concert où l’orage menaçait, il éclata alors qu’on était tous les deux dans la caravane. Durant une heure elle me parla de son enfance, racontant mille anecdotes marrantes même si ce ne fut pas toujours tout rose pour elle.

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D’où lui venait cette énergie ? Elle me l’expliqua :
 » La force de vaincre et d’avancer, oui, sûrement. Le talent, je crois qu’on l’a en soi et qu’il faut le cultiver mais ce n’est pas parce qu’on a été malheureux dans sa jeunesse que ça donne du talent. Il y a partout des gens qui ont du talent mais il est une chose certaine c’est que lorsque tu es dans la merde tu n’as que deux solutions : ou tu te suicides ou tu décuples tes forces pour t’en sortir, ce que j’ai fait. J’ai d’ailleurs fait les deux ! Il est évident qu’un mec qui vit dans une famille aisée, sans problème et à qui tout qui tombe tout cru dans la bouche, sera moins aguerri, plus ramolli et n’aura pas cette volonté farouche de sortir du trou. Après, ça dépend aussi de ton caractère.
Mon enfance, elle est en moi, dans mon cœur, dans ma tête. Elle ne m’a jamais quittée.
Et puis j’ai eu la chance que ça marche pour moi.
Et ça a été une période drôle et folle.
C’était la belle époque des grandes tournées !
Oui, on partait pour deux, trois mois, j’ai fait les premières parties d’Adamo, Eddy, Johnny, on s’amusait beaucoup, on était heureux de chanter. Rappelle-toi comme c’était joyeux ! Les tournées c’était quelque chose, pas comme aujourd’hui où tout le monde est coincé et se prend au sérieux.
Nous, nous faisions bien notre métier mais nous gardions du temps pour nous amuser et j’ai beaucoup de peine en pensant à C Jérôme, à Carlos, à Johnny, car on en a fait des rigolades ensemble…
Ce sont de sacrés beaux souvenirs. Aujourd’hui, le métier a beaucoup changé…Seul reste le public, fidèle et grâce à qui aujourd’hui, à plus de 50 ans de carrière, je suis toujours là. Mais c’est parce que j’ai toujours été près de lui et c’est la leçon que m’a apprise Adamo : toujours respecter le public.
Je suis rarement partie d’un spectacle sans saluer les fans, signer photos et disques… comme ne le font plus « les jeunes stars » d’aujourd’hui. Rencontrer les gens qui t’aiment et grâce à qui tu peux continuer de faire ce métier, c’est la moindre des choses, non ? Et en plus, ça me plait.
Alors, je ne fais pas de Zéniths, je fais des petites salles, des grandes salles, des salles moyennes, des églises et je suis heureuse !
Je suis devenue productrice, c’est la condition sine qua non pour continuer et pour pouvoir être maître de tout, même si les majors voient ça d’un mauvais œil et nous mettent les bâtons dans les roues car il y a de plus en plus de chanteurs qui le font !
Les radios, les télés, ne font plus beaucoup appel à nous sauf pour chanter nos sempiternels succès.
Mais aujourd’hui c’est comme ça, il faut s’y faire et prendre le bon lorsqu’il vient”.
Et c’est ce qu’elle fait

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C’était le temps des folles tournées !!!

Jacques Brachet


NOTES de LECTURES

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Ariane ASCARIDE : Bonjour Pa’ (Ed Seuil – 125 pages)
Ariane Ascaride fait partie des plus belles comédienne du cinéma et du théâtre français.
Comme nombre d’artistes aujourd’hui, durant les deux confinements, elle est restée cloîtrée chez elle et a dû abandonner plusieurs projets qui sont annulés ou reportés.
N’étant pas femme à pleurer sur son sort, durant le premier confinement, elle a décidé de se mettre à l’écriture, de mettre sur papier, au jour le jour, ses idées, ses pensées et elle a eu l’originale idée de les consigner sous forme de lettres qu’elle envoyait à son père… qui est décédé. D’où le sous-titre du livre «Lettres au fantôme de mon père».
C’est donc un livre doublement prétexte à renouer avec ce père qu’elle aimait, de lui rendre hommage et de raconter au jour le jour ce qu’elle vivait et les pensées qui lui traversaient l’esprit.
Lorsqu’on connaît un tant soit peu la comédienne, on sait qu’elle n’a pas la langue dans sa poche, qu’elle est franche du collier et lorsqu’elle doit dire quelque chose à quelqu’un, elle n’envoie personne pour le lui dire !
Du coup, ce livre est une suite de messages épistolaires, à chaque jour une idée, une pensée, une colère, une mise au point qu’elle raconte à ce père disparu.
Elle parle donc de sa famille, émigrés italiens, qui a eu du mal à trouver sa place en France, faisant un parallèles entre ces émigrés d’hier et ceux d’aujourd’hui qui sont surtout arabes et africains et qui vivent les mêmes problèmes.
Elle parle de cet affreux virus qui l’a faite s’éloigner de ses enfants et petits-enfants, de ce manque de pouvoir les embrasser, les serrer dans ses bras, de cet enfant qui va naître et que cette grand-mère qu’elle est ne pourra prendre et ne voir que ses yeux à cause de ce masque qu’il faut porter qui fait de tous des gens incognitos, ce qui favorise les voleurs. Elle évoque l’impudeur des réseaux sociaux où n’importe qui peut déballer et dire n’importe quoi, la télé-réalité et les jeux radio et télé qui promettent des sommes folles et des célébrités feu de paille.
Elle crie sa colère contre la ministre de la Culture et le gouvernement en général qui ne savent pas où ils vont, qui avancent, qui reculent et qui font de notre pays un pays du tiers monde dont la culture disparait.
Des journaux télévisés qui, à longueur de journée assènent des nouvelles qui, le lendemain seront démenties, de tous ces médecins et professeurs qui se montent tour à tout pour dire tout et son contraire, ce qui lui fait cesser de suivre les infos.
C’est en fait la femme de tous les jours qui s’exprime cash, dans une plume alerte car elle écrit bien, notre comédienne. On connaissait d’elle ses combats, ses idées, qu’elle n’a jamais cachés, qu’elle a toujours proclamés à haute voix et dont elle sait que sa carrière a quelquefois pâti. Et là, on découvre une vraie écrivaine qui, sous prétexte d’écrire à son père, nous offre son mal être de confinée qui reste debout, combattante…
L’Ariane Ascaride qu’on connait en fait et qu’on aime pour tout cela, la femme et la comédienne étant une seule et même personne.
Emmanuel CARRERE : Yoga (Ed P.O.L – 397 pages)
Ce livre, contrairement à ce que son titre pourrait laisser croire, n’est pas un nouveau manuel de développement personnel. C’est un ouvrage dans lequel Emmanuel Carrère livre le récit de ses quatre dernières années, organisé en cinq grands chapitres titrés, eux-mêmes divisés en sous-ensembles également titrés. Cinq moments de la vie du romancier : un stage de yoga, l’onde de choc provoquée par l’attentat au journal Charlie Hebdo, son hospitalisation pour une dépression sévère, un séjour dans une île accueillant des migrants, son espoir de vivre heureux malgré la maladie.
L’auteur nous livre ses faiblesses, ses bassesses. On est touché par ses malheurs. Le style est fluide et agréable. L’autodérision et l’humour sont permanents.
En cours de lecture, l’auteur nous précise que tout n’est pas vérité, qu’il a n’a pas tout dit, s’étant engagé à protéger son entourage. Dès lors, que retenir de cette fiction autobiographique ? Un fouillis de rencontres et d’expériences plus ou moins réelles, au travers d’une souffrance morale intolérable.
Le lecteur se sent floué, choqué par l’expression de cette souffrance d’un homme riche et dépressif comparée à celle d’enfants réfugiés qui ont tout quitté.
La mode est aux ouvrages d’écrivains déballant leur intimité, de façon plus ou moins sincère.
On peut se demander ce que la littérature a à y gagner ?
Véronique  PITTOLO :  A la piscine avec Norbert (Ed. seuil – 166 pages)
L’héroïne  de ce roman est obsédée par son corps vieillissant.
Elle a cinquante ans… Sa vie se résume quotidiennement à nager en piscine, à « s’envoyer en l’air » avec n’importe qui.
Elle nous abreuve de beaucoup de détails sexuels qui, à la longue, sont lassants. Entre ses débats physiques elle divague avec son copain Norbert, amant de base, sur les sujets de la vie : sexe évidemment, salaire des patrons du CAC 40, des migrants, de « Me too », de sa future retraite etc…
L’écriture est  légère mais le roman mériterait moins d’amants Meetic, plus étranges les uns que les autres.
Quelques passages intéressants mais rien n’est approfondi

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Lionel FROISSART : Punto Basta (Ed Héloise  d’Ormesson – 182 pages)
Jocelyne employée au service des cartes grises à la Préfecture de Paris est une célibataire assez  solitaire qui s’offre de temps en temps une sortie pour retrouver ses copines autour d’un repas. Rentrant un soir  de sa tournée festive dans Paris au volant de sa petite Fiat Uno blanche, alors qu’elle s’engouffre dans le tunnel du Pont de l’Alma, elle est percutée par une grosse voiture noire qui s’encastre dans un des piliers. Elle en est quitte pour une grande frayeur et rejoint toute tremblante son domicile. Le lendemain matin l’effervescence journalistique la réveille avec la nouvelle de l’accident mortel de Lady Di, notant la présence d’une mystérieuse Fiat Uno blanche au moment de l’accident. Mais alors est elle impliquée ? Fautive ? Témoin ?
L’auteur nous fait alors, pénétrer dans les méandres du cerveau de la jeune fille qui affolée mais lucide va se lancer dans des conjonctures effrayantes pour comprendre son rôle et comment se sortir de ce mauvais pas. C’est là que l’auteur, journaliste sportif de son état, se lance avec talent dans le cerveau de la jeune fille afin d’imaginer la suite de cette catastrophe nationale. Imaginant les tribulations de Jocelyne ainsi que ses efforts pour s’innocenter, il dénoue la situation ubuesque avec amour et tendresse et nous offre un moment  de malice, opposant le destin de la petite employée et de la grande dame accidentée.
Bien écrit, bien étudié. C’est un gentil moment de lecture agréable malgré le drame qu’il couvre.
Marie NDIAYE : La vengeance m’appartient (Ed Gallimard – 232 pages)
Le 5 janvier 2019, à Bordeaux, Maître Susanne, avocate récemment installée, reçoit la visite de Gilles Principaux qui lui demande de devenir le nouveau défenseur de son épouse Marlyne, poursuivie pour d’avoir tué leurs trois enfants de six et quatre ans et de six mois, en les noyant dans la baignoire.
Dès l’entrée de cet homme dans son cabinet, l’avocate pense avoir déjà vu cette personne. Ne serait-il pas le jeune homme qu’elle a rencontré quand elle avait dix ans, alors qu’elle accompagnait sa mère qui était allée faire du repassage dans la maison bourgeoise où habitait celui-ci ?
Maître Suzanne, dont le prénom ne sera jamais révélé au lecteur, n’aura de cesse de chercher, avec ou sans l’aide de sa mère, à retrouver la mémoire de cette après-midi. Que s’était-il vraiment passé ? Peut-elle avoir confiance en ses souvenirs ?
A ce malaise s’ajoute celui provoqué par la personnalité de Marlyne, sa cliente et encore plus celle du mari de celle-ci. Et puis il y a les mensonges de Sharon, la mauricienne sans papier que Maître Susanne fait travailler comme employée de maison en toute illégalité puisque son dossier de demande de séjour n’est toujours pas déposé.
Le lecteur est perdu dans les méandres du récit de la vie et des pensées de l’avocate et ne trouve aucune solution aux mystères mis en scènes. Il ne saura pas à qui la vengeance appartient.
Voilà un roman bien particulier, tant dans son histoire que dans son écriture. Des longues phrases, un vocabulaire précieux, des monologues sans fin (10 pages pour celui de Marlyne), des phrases en italiques reprenant les pensées de Maître Susanne.
Cela paraît tenir plus de la performance stylistique que du talent.
Philippe BESSON: le dernier enfant (Ed Julliard  – 208 pages)
Comme l’auteur l’a déjà fait dans de précédents romans l’action est canalisée sur une seule journée et c’est avec émotion qu’il va se glisser  dans le personnage d’une mère  le temps d’une journée, celle du déménagement et de l’installation  du dernier fils de la maison qui part afin de commencer ses études universitaires et s’installer dans sa nouvelle vie de jeune ’adulte
Cette mère, une « madame tout le monde » pleine de pudeur,  simple et réellement vraie mais qui a déjà vu le départ de ses deux ainés, a prévu chaque acte de cet abandon du foyer et planifié le rôle de chacun : mari, fils, mère. L’auteur s’installe dans sa tête et dans son cœur afin de nous faire partager son désarroi dans la banalité de la vie quotidienne, Et le vide que sera le sien. C’est l’autopsie d’un cœur d’une mère qui n’arrive pas à envisager son avenir dans un nid vide.
C’est un roman tout en douceur mais en déchirement tout de même ; bon roman plein d’amour et de tristesse même si la fin est quelque peu mélo. La couleur sépia de la couverture nous avait déjà préparés à la mélancolie de ce départ.

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Andreï MAKINE : L’ami arménien ( Ed Grasset – 214 pages)
Andreï Makine remonte dans ses souvenirs de jeunesse pour nous faire partager une amitié étrange  qu’il l’a lié à Vardan, jeune arménien, plutôt malingre, aux yeux étranges et donc victime facile pour les caïds d’un pensionnat en Sibérie. Mieux vaut être une créature musclée ou alors être muni d’une ceinture affutée pour lutter contre les méchants. C’est le cas de l’auteur qui instinctivement défend Vardan, lequel l’accueille dans sa famille. Une famille qui habite au Bout du Diable, sert du vrai café dans de vraies tasses et une cafetière d’argent, qui le vouvoie,  une famille qui attend une sentence du tribunal pour libérer le mari de Gulizar, superbe fille du Caucase. Vardan se démarque du monde extérieur par sa douceur, il appartient au monde qui respecte les anciens, un monde dominé par le souvenir du Mont Ararat et de deux photos rappelant une famille nombreuse et heureuse et aujourd’hui vraisemblablement disparue. Vardan est atteint de l’étrange maladie arménienne et manque régulièrement les cours, un prétexte merveilleux pour l’auteur qui s’inquiète régulièrement de son ami et découvre les secrets d’une vie de migrants.
Étrangement l’auteur retrouve son professeur de math, et perçoit alors la richesse d’une culture autre, des découvertes magiques dans son univers brutal. Car Vardan lui ouvre les yeux sur le rêve, la douceur, la beauté d’un vol d’oies sauvages et  «les émotions fortes qui dilatent le temps».
Andreï Makine a eu la chance extraordinaire de connaître un temps cette famille généreuse que la tragédie d’un peuple a obligé à fuir son pays. Le lecteur entre sans effraction chez des gens qui malgré les errances gardent toujours la tête haute dans le respect des traditions.
Il y a beaucoup de poésie, de lucidité et d’émotion dans ce roman, une histoire qui a des accents d’actualité avec le dernier conflit du Haut Karabakh.
Sylvie GERMAIN. Brèves de solitude (Ed Albin Michel – 212 pages)
En ville, des promeneurs se croisent dans un square et s’observent rapidement.
Un ancien prof, une vieille dame  à l’air revêche, un écrivain raté, une étudiante, une femme qui se relève d’un cancer, un migrant, une prostituée…
L’auteur imagine leur vie et leur caractère.
Inattendu avec le confinement qui impose la sidération, l’inconnu, le vide, le silence. Ce repli sur soi face à de multitudes formes de solitude. Chacun confronté à sa vie intérieure. Ils n’ont plus qu’eux-mêmes à regarder et se voient d’un autre oeil. Tout est chamboulé.
Écrit en deux mois, ce roman est le premier sorti sur le coronavirus  et frappe fort !  Grande observatrice de ses contemporains l’auteure imagine le destin de chacun où le tragique se mêle à la tendresse et parfois à la dérision ainsi que le vertige de l’esseulement à la force de l’amitié.
Très très bon roman.
Nana KWAME ADJEI-BRENYAH : Friday Black (Ed Albin Michel – 272 pages)
Traduit de l’américain par Stéphane Roques
Le premier livre de Nana Kwame Adjei-Brenyah démontre la violence d’une société dominée par les blancs et par conséquent la réaction des noirs. Il suffit à l’auteur d’écrire quelques nouvelles indépendantes les unes des autres pour créer un monde où domine la peur, le malaise saisit le lecteur qui est obligé de réfléchir et de prendre conscience de ce qui pourrait ou pourra arriver si les hommes continuent à se maintenir dans un système de la surpuissance du blanc sur le noir.
A chacun ses armes !
La première nouvelle glace le sang quand on découvre le massacre sanglant de cinq enfants innocents noirs découpés à la tronçonneuse pour protéger deux enfants blancs. De la sauvagerie ? de la folie ? de l’horreur ! La nouvelle qui donne son titre au livre Black Friday démontre l’absurdité d’un système de vente et comment transformer un être humain en fauve pour acquérir un simple blouson. Dans la nouvelle «L’ère», tout est comptabilisé et il est possible de s’améliorer en accédant au produit dopant.. Une famille refuse cette escalade sans fin et préfère le monde d’avant, ce monde qui offre un horizon de paix et de tranquillité, loin de ceux qu’on appelle les  têtes baissées», ce monde pour lequel un gâteau reste une douceur autorisée.
Ces douze petites nouvelles dérangent. Un amateur de science-fiction appréciera sans doute, le lecteur non initié finira le livre atterré, accablé, anéanti. Il refusera ce monde atroce que nous présente l’auteur. Mais c’est le but, il faut prendre conscience de l’immense injustice imposée aux noirs tout simplement parce qu’ils sont noirs. Il fait redouter et refuser ce monde impitoyable et apocalyptique.
Une lecture difficile.

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Barbara LEBRUN : Dalida, mythe et mémoire (Ed Le mot et le reste – 341 pages)
De son vivant, comme depuis sa disparition il y a 34 ans, on a tout dit sur Dalida, le meilleur comme le pire, infos ou intox, on ne compte plus le nombre de livres parus sur elle, bios, fausses ou vraies, hommages, albums, témoignages, là encore vrais ou faux, d’amis ou de soi-disant amis…
Bref, les livres ne se comptent plus et voilà qu’un Nième livre sort sur elle : «Dalida, mythe et mémoire», écrit par Barbara Lebrun, enseignante à Manchester, s’intéressant à la chanson en général et ayant écrit plusieurs livres sur le rock, la chanson populaire, la musique…
Et la voilà qui s’attaque à Dalida, mythe s’il en est un mais on est loin des biographies plus ou moins approximatives, on est là sur une vraie thèse, ce qui fait tout l’intérêt de son livre.
Elle déconstruit et dissèque l’œuvre de l’artistes, année après année, chanson après chanson, mode après mode… Dalida, artiste on ne peut plus plurielle puisqu’elle a traversé les  modes, les mouvances, s’y raccrochant ou les précédant. Sa carrière fut étroitement mêlée à sa vie personnelle, faite de joies et de drames, qui a fait ce qu’elle est devenue. Et Barbara fait aussi le parallèle entre la femme et l’artiste qui, souvent se confondent mais aussi se contrarient.
Dalida était une artiste populaire dans le sens le plus large du terme, qu’elle fut tout autant critiquée qu’encensée, adorée ou détestée, déesse ou ringarde, moderne ou kitch…
Mais ça c’était avant… Avant qu’elle ne disparaisse comme on le sait et tout à coup, la voici devenue mythe.
Barbara passe cette carrière au peigne très, très fin, une carrière multiple, certains diront incohérente qui va de «Bambino»  au «sixième jour», passant des ritournelles italo-espagnoles, au rock et au twist, des chansons exotiques à la grande chanson française,de  la chanson arabe venue de son pays natal, l’Egypte,  au disco et  au spectacle à l’américaine…
Chez Dalida, il y a tout autant du mystère que de la magie, même si les zones sombres sont pléthore. Barbara Lebrun ne peut que constater une évolution constante chez cette chanteuse qui ne vivait que pour son métier et était prête à tout chanter pour rester au sommet. Ce qu’elle fit d’ailleurs avec plus ou moins de bonheur mais toujours avec une grande sincérité.
Elle démarre dans un contexte méditerranéen où les vedettes sont Tino Rossi le corse, Rina Ketty et Gloria Lasso les espagnoles, Luis Mariano le basque, Amalia Rodrigues la portugaise et les chanteurs dits «exotiques» comme Joséphine Baker, Bob Azzam, Dario Moreno… Du coup, ses premières chansons seront empruntées à l’Espagne et l’Italie.
Et puis arrivent le twist et le rock. Elle se situe donc entre les anciens et les modernes, en équilibre sur deux modes et elle chantera donc ce que chantent les nouvelles idoles que sont Johnny Hallyday, Richard Anthony, Danyel Gérard. Souvent d’ailleurs, ils se partageront les mêmes chansons et elle se battra bec et ongles avant de dévier et de revenir à des chansons plus traditionnelles.
De la brune aux cheveux de jais, au regard noir outrageusement maquillé, à la bouche pulpeuse, aux formes rondes, elle deviendra cette liane blonde dont les cheveux et l’accent seront ses atouts majeurs et dont chaque apparition sera un ébahissement devant ses robes offertes par les plus grands couturiers.
Ringarde ? Démodée ? Avant-gardiste ? Elle fut tout cela mais avant tout elle reste authentique.
Barbara Lebrun s’est vraiment investie dans la vie et l’œuvre de cette artiste aux multiples facettes, et elle nous offre là un livre unique par rapport à tous ceux qui sont sortis depuis trente ans. Peut-être parce qu’elle prend un recul par rapport à cette artiste qu’elle n’aime ni déteste car elle ne l’a pas connue. Un très beau travail d’investigation.
Viola ARDONE : le train des enfants (Ed. Albin Michel  – 304 pages)
Les enfants ce sont ceux des quartiers pauvres de Naples, dans les ruelles sombres et surpeuplées où survivent les familles désaxées, dans les années de guerre. Le parti communiste organise pour eux un départ vers le Nord de l’Italie  où des familles plus aisées vont les accueillir pour des vacances plus paisibles..
Ce sont eux qui prennent le train à Naples encadrés de bénévoles qui veulent leur faire connaitre des jour meilleurs. La séparation est déchirante, l’installation chaotique, chacun trouvant ou pas son bonheur.
Nous allons suivre Amérigo, huit ans, qui raconte sa peine, ses amis, qui a été élevé par une mère qu’il adore, qui n’a pas trop eu le temps ni les moyens de s’occuper de lui tant sa vie est une épreuve. Nous allons donc le suivre dans sa nouvelle famille d’accueil, heureux à la ferme et accepté par eux. Ce sera pour lui une grande aventure pleine de découvertes et de bonheur mais qui lui posera d’énormes chagrins. Retourner chez sa mère qui l’aime ? Revenir chez ceux qui l’ont révélé à la vie ?
C’est son histoire merveilleuse et sans pathos que nous suivrons dans ce prodigieux roman plein d’amour et de réalisme.
Benjamin CASTALDI : Je vous ai tant aimés… (Ed du Rocher – 283 pages)
Il beaucoup été écrit sur le couple mythique Signoret-Montant. Du vrai comme du faux et même du n’importe quoi.
Mais là c’est Bejamin Castaldi, petit-fils de Simone Signoret, dont les parents sont Catherine Allégret, fille issue de son premier mariage avec le réalisateur Yves Allégret  et du comédien Jean-Pierre Castaldi. Du coup on est déjà plus enclin à croire ses écrits  en collaboration avec Frédéric Massot et de plus, il très documenté, avec de très beaux et très émouvants passages.
C’est vrai qu’il était jeune lorsque sa «mémé» comme il l’appelait, est décédée aveugle et atteinte d’un cancer mais ces quinze années passées auprès d’elle et de Montand ont été très marquante pour ce jeune garçon qui n’appréhenda que plus tard le couple de stars que formaient Signoret et Montand.
Il nous fait donc entrer dans son intimité et du coup dans la leur, en nous racontant ce qu’il a vécu auprès cet homme et de cette femme, à leur côtés, sans pour autant occulter leurs métiers, leurs combats et en s’appuyant aussi de la magnifique autobiographie de sa grand-mère «La nostalgie n’est plus ce qu’elle était».
Le livre débute avec originalité puisqu’il nous raconte leur première rencontre à la Colombe d’Or de St Paul de Vence sous forme du scénario d’un film. Ainsi entre-t-on de plain-pied dans la formation de ce couple qui, à la ville comme à la scène et sur écran, reste l’un des plus grands, des plus beaux de l’histoire du cinéma français et de l’Histoire elle-même.
Le style est vif, alerte, empreint d’une grande tendresse tant Benjamin admirait les deux artistes et  adorait sa grand-mère et ce père de substitution.
Il nous parle de cet amour exclusif qu’ils ont partagé, même si celui-ci fut irrémédiablement entaché par la liaison qui fit scandale de Montand avec Marylin Monroe. De ce jour, même  s’ils ne se séparèrent jamais, quelque chose se cassa entre eux et surtout chez Simone Signoret qui commença à cette époque, à boire, à grossir… A vieillir, pendant que Montand, lui, continuait ses frasques.
Toute leur vie, ils ont combattu pour de justes causes, mettant souvent leur métier en péril mais toujours avec une grande honnêteté et mettant souvent à mal leur propre vie, alimentée par les médias et même par le frère d’Yves Montant, Julien, extrémiste de gauche qui lui en voulut jusqu’à sa mort d’avoir soi-disant «retourné sa veste» alors qu’il ne s’éloigna du communisme qu’après son voyage en Russie où beaucoup de choses lui apparurent, qu’il ne pouvait plus cautionner.
Il y a dans ce livre des morceaux d’anthologie comme le dialogue surréaliste du couple et surtout de Montand avec Khrouchtchev où l’on s’aperçoit que Montand avait des… du courage !
Il nous fait revivre à la façon d’un Claude Sautet, les week-ends dans leur maison d’Autheuil où chaque invité était un personnage célèbre et cultivé. Ce qu’il réalisa plus tard.
Il retrace le passage d’une lettre de Simone à Yves qui lui dit ses quatre vérités et le traite de personnage égocentrique, ce qu’il était vraiment.
Il nous retrace les grands moments de ces deux stars connues internationalement, leurs débuts, chacun venant de deux mondes tellement différents qu’on a peine à comprendre qu’ils aient pu faire une vie ensemble.
Un seul petit bémol : une suite sans fin d’énumérations en tous genres : noms et prénoms, adjectifs, verbes, films, chansons et autres, qui alourdissent un peu le récit.
Malgré cela, celui-ci est passionnant, il nous plonge dans le contexte historique de leur époque et dans leurs vies d’artistes tellement riches et belles.
Un très bel hommage à deux idoles que sont sa mémé et son mari !

 

 

Toulon – Conservatoire TPM : Silence… Ça tourne !

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Suite à notre rencontre avec Macha Makeïeff et l’équipe du Conservatoire (voir article), nous nous retrouvions dans la salle Racine où durant deux jours, s’est déroulé le tournage de ces clips créés par la dizaine de comédiens en herbe sélectionnés parmi une cinquantaine de candidats de tous âges, de tous bords, élèves, amateurs de compagnies théâtrales…
Tous ont passé le casting, chantant, dansant, disant un texte… Et s’il n’en restait que dix… Ils sont là !
La caméra se met en place pendant que Macha Makeïeff choisit le costume de chacun et revoit les scénarios qui vont être tournées. Ses recommandations sont écoutées religieusement, on se croirait dans un véritable cours de théâtre ou sur un vrai tournage professionnel.
L’ambiance est à la fois studieuse et décontractée, Macha, de sa voix douce, son sourire et son regard bleu, explique à chacun ce qu’il doit faire.

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Et la chorale se met en place.
La chorale ? Oui puisque ce clip réunit tous les artistes qui vont chanter une chanson des Beatles «Love me do», accompagnés d’un ukulélé. Tous très sérieux à part la joueuse de ukulélé qui extériorise sa joie et un choriste qui essaie de se mettre à l’avant.
Après quelques répétitions, le clap retentit et voilà que la chorale se met en branle.
Comme pour tout tournage professionnel, la séquence sera tournée plusieurs fois jusqu’à ce que chacun soit bien en place.

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Le second clip sera joué par trois comédiens : deux jeunes femmes au visage austère entourant un homme respectable qui sourit d’aise et disparait entre les deux grandes bringues… L’un à côté de l’autre, derrière une table… ça vous rappelle quelque chose ? Les Deschien,s évidemment, créés par Macha mais le sujet est différent car chacun va sortir un animal de dessous la table, le présentant aux autres, avec un coup de théâtre à la fin dont on gardera le suspense, sur une musique grinçante à la Hitchcock, jouée par l’accordéoniste de l’équipe, Baptiste Giuliano.
Entre deux séquences, le décor, de mauve est passé à jaune et chacun s’affaire dans un silence joyeux car tous sont heureux de vivre cette aventure.
Spectateur privilégié, je vais donc partir «en douce» entre deux tournages, en attendant de découvrir sur écran tous ces clips qui auront été tournés durant deux jours.

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A suivre donc…

Jacques Brachet


France 2 – inédit – TROPIQUES CRIMINELS – Saison 2 – à partir du Vendredi 19 février à 21.05

TROPIQUES CRIMINELS S02

Une série créée par
Eric EIDER –  Ivan PIETTRE – Thierry SOREL
Sur une idée originale de Thierry SOREL
Auteurs : Eric EIDER, – Ivan PIETTRE – Julien GRAS-PAYEN – Sarah SHENKEL – Florence COMBALUZIER – Virginie PEREZ – Fiona SAVETIER – Julien ANSCUTTER – Jérôme LARCHER – Frédérik FOLKERINGA – Gania LATROCH – Julie-Anna GRIGNON
Réalisateurs : Denis THYBAUD – Lionel CHATTON
Avec Sonia ROLLAND (Mélissa SAINTE-ROSE), Béatrice de la BOULAYE (Gaëlle CRIVELLI), Julien BERAMIS (Aurélien CHARLERY), Arié ELMALEH (Franck), Valentin PAPOUDOF (Philippe DORIAN), Benjamin DOUBA PARIS (Lucas), Antoinette GIRET (Chloé), Stephan WOJTOWICZ (Commissaire Alain ETCHEVERRYMélissa Sainte-Rose n’est pas au bout de ses peines avec Gaëlle Crivelli. A peine celle-ci a-t-elle repris du service qu’elle résout une prise d’otages… en lui tirant dessus ! Mélissa doit aussi gérer la venue du père de ses enfants qui veut renouer avec elle et qui va finir dans le lit de Gaëlle. Mélissa hésite alors à rentrer en métropole mais une rencontre amoureuse en décidera autrement…

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Gaëlle revient après être partie cinq mois en mer. Un retour fracassant car, lors d’une prise d’otage, elle n’hésite pas à tirer dans le gilet pare-balles de Mélissa pour détourner l’attention du preneur d’otages et permettre son arrestation. Leur première enquête les mène sur la mort d’une femme, dont le corps est retrouvé flottant dans la piscine d’un grand hôtel. En enquêtant, nos héroïnes découvrent que cette femme a brusquement disparu de son domicile il y a quatre ans. Elle a refait sa vie en Martinique sous une nouvelle identité. Plus étrange, son ex-mari et son fils, ceux qu’elle a abandonnés, sont justement en vacances dans l’hôtel où elle a été tuée.
Épisode 2 – Les salines
Alors qu’elle fait son jogging sur la plage, Mélissa aperçoit une voiture en train de brûler. Son incendiaire s’enfuit en courant. Elle le prend en chasse, l’arrête… et découvre Chloé, sa fille ! Celle-ci explique qu’elle voulait se venger de Loïc Fabre, le propriétaire de la voiture, dont une vidéo circule sur le net où on le voit frapper un chien. Ce même Loïc Fabre dont le corps est découvert à quelques mètres de là.

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Guest stars : Alexandre Brasseur Nadège Beausson-Diagne, Erié Elmaleh

Épisode 3 – Fond Banane
Élise Berthier est la première femme noire à diriger une rhumerie. Une nomination qui a fait beaucoup de bruit. Nombreux sont les hommes à ne pas l’accepter. Des masculinistes vont jusqu’à la menacer pour l’obliger à démissionner. Elise Berthier tient le coup… jusqu’à ce que son mari soit assassiné. Il était au volant de la voiture de sa femme. Celle-ci a été trafiquée. Était-elle visée ?