Stars des séries
Fabienne CARAT : Danse avec la vie (Ed Michel Lafon – 235 pages)
Fabienne Carat est une comédienne talentueuse et belle dont le succès est venu de cette fameuse série interminable de France 3 «Plus belle la vie»
Elle y est Samia à qui il arrive des tas d’aventures et au fil du temps elle est aussi devenue Samia pour des millions de téléspectateurs qui ont fini par la faire entrer dans leur famille.
Mais Fabienne n’est pas que Samia et ce livre est fait pour mettre les choses au point et pour nous raconter que ça vie n’a pas été un long fleuve tranquille.
Venue du Sud-Ouest où elle était une petite fille timide qui, malgré cela, a toujours pensé que sa vie était dans le spectacle, elle a traversé une vie difficile car, même si ses parents étaient aimants et si elle avait une grande complicité avec sa sœur, elle a traversé une enfance difficile parce que, justement, cette timidité, cette gentillesse, cette naïveté ont fait qu’elle a souvent été la tête de turc de ses «copines» , de ses enseignants, à l’école hôtelière aussi, qu’elle a fait sans conviction, car elle n’avait pas la force de se défendre.
Elle fut une gamine intravertie qui ne s’épanouissait qu’avec sa famille mais qui un jour, osa quand même affronter la capitale pour devenir comédienne.
Mais ça ne fut pas plus facile pour la jeune provinciale complexée qu’elle était.
Mais si Fabienne est d’une timidité maladive et d’une gentillesse qui frise la naïveté, elle a un courage qui lui fait passer toutes les épreuves, et Dieu sait si elle a dû en affronter dans ce métier qui ne fait pas de cadeaux.
Et un jour c’est l’embellie : le rôle de Samia qui lui apporte la popularité, qui lui permet de vivre de son travail et de se sentir plus sûre d’elle.
Mais cette popularité est à double tranchant car on finit par oublier qu’elle est une comédienne et qu’elle peut faire autre chose. C’est un peu le problème de tous ces comédiens qui deviennent tellement marqués par un rôle qu’on ne les veut plus ailleurs.
Si elle n’a jamais renié cette série qui lui a apporté beaucoup sur beaucoup de plans, il a encore fallu qu’elle se batte pour prouver qu’elle pouvait être autre chose que Samia. Le cinéma a toujours snobé les comédiens de télévision. Peu sont arrivés à sauter le pas alors que le nombre d’acteurs dits «de cinéma» se voient souvent attribuer de grands rôles à la télévision.
Alors elle s’est battue, elle se bat encore et trace son chemin avec foi, passion et a diversifié ses activités pour montrer qu’elle existe : Elle a joué au théâtre, elle a créé un one woman show et il y a eu l’aventure de «Danse avec les stars» qui fut, là encore, très difficile mais oh combien excitante et payante pour elle qu’on a pu voir autrement.
Elle nous raconte avec simplicité ce parcours jonché d’embûches mais qu’elle a traversé – et qu’elle traverse encore – la tête haute, avec une volonté farouche.
Par contre, elle ne parle pas de son expérience avec Fort Boyard qui est pourtant, là encore, un parcours pas des plus faciles qu’elle a eu à affronter.
Ce livre est une belle leçon d’un courage de tous les instants que Fabienne nous offre avec la complicité d’Isabelle Dhombres.
Ingrid CHAUVIN : Rêves d’enfants (Ed Michel Lafon – 235 pages)
C’est une comédienne aujourd’hui adulée, grâce à des séries comme «Femmes de loi», «Les toqués», «Dolmen» et surtout la série de TF1 «Demain nous appartient», grâce à laquelle elle entre chaque soir chez des milliers de téléspectateurs.
Elle est belle, simple, heureuse entre un métier qu’elle aime et les deux hommes de sa vie, son mari Thierry Pethieu, réalisateur et Tom, son bout de chou.
Mais une cicatrice indélébile est inscrite à jamais dans son cœur : la disparition de sa petite Jade, née avant Tom.
Ce fut un long et dramatique parcours, qu’elle écrivit dans ses deux précédents livres «A cœur ouvert» et «Croire au bonheur». Aujourd’hui, avec ce troisième livre, elle nous raconte un autre parcours du combattant : celui de l’adoption qui, même pour un couple comme le sien, aimant, célèbre, ayant une vie équilibrée, sans problème économique, s’est soldé par un échec au bout de cinq ans, sous le prétexte fallacieux qu’ils voulaient «remplacer» leur petite fille décédée.
Comment va le monde ? Alors qu’aujourd’hui 330.000 enfants se retrouvent seuls, sans parents ou oubliés par eux dans un foyer souvent insalubre où ils ne sont qu’un numéro de dossier, ou encore maltraités, qui ne demandent que de l’amour, la justice, l’aide sociale à l’enfance restent muets, drastiques, laxistes, dans une force d’inertie totale, se cachant derrière des lois totalement absurdes dont les seuls qui en pâtissent sont tous ces enfants abandonnés à la naissance ou encore tout petits, qui n’attendent qu’une chose : trouver des bras pour les aimer, les réconforter, les rassurer.
Ingrid, que je connais pour l’avoir plusieurs rencontrée, à la Rochelle ou en tournée avec l’ami Francis Huster, est une femme lumineuse, bourrée d’énergie qui, malgré le drame qu’elle a vécu, reste combative, optimiste, qui répand l’amour autour d’elle.
Ce livre est un cri du cœur qui, comme elle l’exprime si bien en ouverture : «Etre heureux est merveilleux mais il est encore plus merveilleux de parvenir à rendre quelqu’un heureux».
Ce que son mari et elle ont tenté vainement de faire.
Dans ce livre, elle dénonce les failles, elle témoigne en donnant des exemples concrets, des difficultés, des carences, des aberrations de certains établissements ce qui, à notre époque, est proprement scandaleux.
Tout ce qu’elle écrit c’est ce qu’elle a vu et vécu et ce dont elle a été témoin et elle a raison de dire que de ces graves problèmes, on n’en parle pas assez, ce qu’elle regrette.
A travers toutes les embûches, tous les espoirs déçus, c’est un SOS qu’elle lance, non pas pour elle mais pour tous ces enfants dont l’avenir est incertain… Que vont-ils devenir ?
Espérons qu’elle sera entendue des hautes autorités et qu’elle sera suivie et pas seulement par ses nombreux fans mais par tout le monde.
C’est un livre plein d’amour écrit, non pas écrit par une comédienne connue mais par une femme, loin du star système, de la gloire et des paillettes, une femme pleine d’humanité, une mère blessée et si sa célébrité peut servir à quelque chose et qu’elle est entendue, elle aura atteint son but.
Son livre est poignant mais donne aussi une belle leçon d’espoir.
Gilles LHOTE : Lady Lucille (Ed Seuil – 167 pages)
Gilles Lhote a trouvé un filon : Johnny Hallyday.
Depuis «Destroy», la bio qu’il a écrite pour l’idole, Johnny reste une réserve, son fonds de commerce et un prétexte à sortir un livre. Il est vrai que Johnny se vend bien, en disque comme en livre, alors pourquoi pas ?
Cette fois, il nous parle de cette «Lady Lucille, évoquée dans «Destroy» derrière laquelle se cacherait Catherine Deneuve.
Deneuve-Hallyday, c’est une rencontre qui a eu lieu en 1961 sur le tournage du film «Les parisiennes», film à sketches de Michel Boisrond dans lequel nos deux artistes alors au tout début de leur carrière, se donnent la réplique… et un peu plus selon la rumeur.
Rumeur persistante qui a traversé les décennies. Amis ? Amants ? Beaucoup de choses ont été écrites sur le sujet. Sujet qui se précise lorsque sur le CD «Lorada» sort la chanson «Lady Lucille» qui relance l’affaire… Cette lady Lucille serait-elle Catherine Deneuve pour qui il chantait «Retiens la nuit» et dont même la star a avoué qu’il ne chantait cette chanson que pour elle seule ?
Après nombre de réticences de la part de Johnny, celui-ci fait comprendre à Gilles Lhote, lors de ses entretiens pour «Destroy» que ce pourrait bien être elle.
Mais il restera toujours dans le vague même si, au fil du temps, la star et l’idole se rencontreront souvent, la star restant la plupart du temps dans l’ombre de l’idole et étant à ce propos aussi «taiseuse» que lui.
Gillles Lhote a donc décidé d’éclaircir l’affaire d’après les propos que lui a tenus Johnny et de déclarer enfin qu’une tendre et indéfectible amitié reliait ces deux êtres qui se sont rencontrés alors qu’ils n’étaient pas encore l’idole et la star qu’ils sont devenus. Ont-ils été amants ? Aucun ne l’a jamais vraiment dit.
Ainsi entretient-il ce qui est devenu une légende, pas vraiment confirmée par l’un, et passée sous silence par l’autre car Catherine Deneuve a toujours été discrète sur sa vie privée. Et encore plus par une Laetitia fort jalouse qui aurait eu l’air d’accepter cet amour-amitié de son mari.
La mort de Johnny fera que cette «affaire» restera un mystère, Deneuve n’ayant pas été vue à ses obsèques et une mystérieuse couronne étant venue atterrir sur la tombe de l’idole à St Barth avec le bandeau «Lady L».
Ce livre était-il utile car enfin, en lisant ce livre qui rappelle les gros titres des journaux people où en fait, en lisant l’article, on n’apprend rien du tout. Sans compter que Gilles Lhote est assez inélégant envers Sylvie Vartan. Qu’il ne l’aime pas, c’est son droit mais ces passages sont entièrement gratuits, inutiles et désobligeants.
Ah, une petite erreur de la part de l’auteur : Sylvie Vartan ne chantait pas «Panne d’essence» avec Richard Anthony mais avec Francky Jordan !
Philippe DURANT : Michel PICCOLI, les choses de sa vie (Ed Favre – 255 pages)
Michel Piccoli restait l’un des derniers monstres sacrés du cinéma français. Je ne dis pas «star» car il ne joua jamais ce rôle.
C’était un homme discret, qui l’était déjà enfant, comme le raconte Philippe Durant. Il fut un gamin sans histoire, sans problèmes qui entra par hasard dans le théâtre puis au cinéma, qui vivait dans une atmosphère musicale au son des chansons de Luis Mariano.
S’il est discret, il n’en est pas moins passionné de lecture, il aime observer les gens, les écouter car il est déjà très curieux… des choses de la vie
IL restera cet homme secret, qui semble toujours serein, qui ne dit jamais un mot plus haut que l’autre. J’ai eu l’occasion de le rencontrer et je me trouvais à chaque fois devant un «honnête homme» comme on disait au XVIIIème siècle. Erudit, cultivé, il racontait les choses d’une voix tranquille, étale.
Ma dernière rencontre fut en 2014 au théâtre Liberté où, avec Hervé Pierre de la Comédie Française et mon amie Jane Birkin, avec qui il était lié depuis «La belle noiseuse» de Jacques Rivette et «La fille prodigue» de Jacques Doillon, ils nous offraient tous trois un récital Gainsbourg. Quelle émotion lorsqu’il disait «La javanaise» et quel humour reprenant «Les sucettes» !
Jeune, il traverse la guerre sans encombre et deviendra comédien «par paresse et par rêve» avouera-t-il. Et comme ses parents lui font confiance, il sera donc comédien.
Un comédien mais aussi très vite un acteur de cinéma sur qui l’on peut compter même s’il mit un certain temps à être en haut d’une affiche.
Jusqu’au film de Godard «Le mépris» où il explose auprès de Brigitte Bardot. Ce qui faillit ne pas se faire, les rôles étant au départ dévolus à Kim Novak et Franck Sinatra, puis, produit par Carlo Ponti, celui-ci voulut imposer sa femme, Sofia Loren et Marcello Mastroianni. Finalement c’est le troisième couple qui fut choisi.
A partir de là, il va jouer avec les plus grands réalisateurs, les plus grands comédiens mais, toujours curieux et jamais obnubilé par sa carrière, il choisit souvent des films inattendus, des rôles singuliers, travaillant avec Tavernier, Lelouch, Chabrol, Hitchcock, Resnais, Sautet, Bunuel, se retrouvant dans des films qui soulevèrent des scandales, des tollés ou une totale indifférence.
«Piccoli est un homme du risque – dira le réalisateur Francis Giraud – A chaque fois qu’il progresse, il tente un truc nouveau. Non pas pour s’installer définitivement au box-office mais par goût de l’expérience. De ce goût est née, certainement, la qualité exceptionnelle de son jeu». Tout est dit dans cette définition.
Je me souviens d’être à Cannes à la sortie de «La grande bouffe» de Marco Ferreri où les acteurs furent copieusement hués.
Mais c’est toujours sans broncher qu’il accuse le coup et surtout qu’il assume ses choix, car il est curieux de nature, aime expérimenter, se donner des défis sans jamais se préoccuper de ce que pourront en penser les critiques ni de ce que ça peut lui rapporter.
Ainsi traverse-t-il le théâtre et le cinéma avec une «force tranquille» et ce talent qu’il met au service des metteurs en scène, des réalisateurs, des auteurs, raflant au passage César et Molière.
Une carrière étincelante que Philippe Durant nous décrit avec minutie, décortiquant ses rôles, émaillant de témoignages, d’extraits d’interviewes. Une grande biographie à la mesure de ce grand et talentueux comédien. Il n’a rien laissé au hasard et nous fait revivre une carrière hors du commun qui en fait un artiste unique et magnifique.