Aujourd’hui, il y a pléthore d’humoristes… Et tous sont loin d’être géniaux.
Les conférences-photos, c’est très vite soporifique, si les photos sont moyennes et le conférencier tout autant ennuyeux.
Et voilà qu’apparaît comme par magie (il est aussi magicien !), un garçon fort sympa qui a débuté comme comédien, qui s’est passionné pour les voyages et la photographie et qui a décidé de faire de ses passions un spectacle original mêlant ses souvenirs de voyages de façon humoristique, avec une volubilité incroyable, ponctués de ses propres photos, d’anecdotes drôlissimes, concluant par un très joli et émouvant monologue sur la vie, la solitude, le partage, le voyage intérieur et, dans une pirouette, nous faisant un tour de magie.
Cette pépite qui nous vient de Genève a été découverte par l’ami Jérôme Leleu, qui préside au programme du théâtre Daudet et qui a eu le coup de foudre pour Loïc Bartolini à Avignon où il présentait ce spectacle original… parmi 1570 spectacles !
Il a du flair, Leleu !
L’Ecosse, la Bolivie, l’Islande, la Chine (avant le virus, rassurez-vous !), la Norvège, l’Argentine, les Emirats, le Sri Lanka… Il n’a pas arrêté de voyager seul, avec son appareil photo, entre deux spectacles car il est toujours tiraillé entre ses deux passions qu’il a su si bien marier.
«J’ai – me dit-il – découvert la photo voici huit ans, le théâtre depuis plus longtemps, la magie aussi, j’ai joué des pièces puis j’ai créé mon premier «One man chose» et j’ai souvent été tiraillé entre tout ça, mais j’ai trouvé un équilibre entre la scène où je rencontre beaucoup de monde et les voyages en solitaire.
La solitude est un peu le fil rouge de ma vie, je la trouve apaisante, quelquefois interrogative mais jamais pesante, même si aujourd’hui j’en ai fait le tour et je pars avec des copains, mes parents car c’est aussi le partage. Avant je ne partageais qu’à travers mes photos, aujourd’hui j’aime bien partager ces voyages. Mais en voyageant seul j’ai toujours fait de belles rencontres, des gens qui voyagent, des personnes qui m’ont hébergé… Seul, on est ouvert aux autres.
Tu n’as pas eu de problème de langue ?
Avec l’Anglais on se débrouille partout… sauf en Chine où il fallait souvent se parler par gestes. Mais je suis toujours arrivé à me faire comprendre, surtout qu’aujourd’hui avec les applications, on peut avoir une traduction immédiate.
Comment as-tu eu l’idée de ce spectacle mêlant tes deux passions ?
Mais premiers one man show étaient plutôt des sketches mais j’ai toujours aimé raconter mes voyages, raconter des situations cocasses, j’aimais le faire avec humour, et j’ai vu que ça plaisait aux gens. Et puis, même s’il n’y a rien d’improvisé, je suis détendu sur scène, je joue en toute liberté et comme je raconte des choses qui me sont arrivées, si je me trompe je peux très vite me rattraper sans que le public s’en rende compte. D’autant que c’est moi, avec une petite boîte appelée télécommande, qui suis maître des images et du son. Je peux donc facilement me rattraper et faire participer le public sans problème.
Tu joues d’ailleurs beaucoup avec le public…
Oui, souvent je prends une personne du premier rang que je ne lâche pas de tout le spectacle. Souvent aussi, lorsque je demande qui est allé dans tel ou tel pays, certains lèvent le doigt et je leur demande leur avis. C’est un peu risqué car quelquefois la personne commence à me raconter son voyage et je dois la maîtriser très vite. Mais c’est bon enfant et toujours sympathique.
Que t’ont apporté ces voyages et le spectacle, qui sont deux mondes très différents ?
J’ai découvert ma sensibilité à travers les photos. Déjà même si j’aime les partager, je ne fais plus de photos pour les autres, je ne fais pas ce qu’ils peuvent attendre sinon je fais de la carte postale ! Aujourd’hui, je fais les photos que je ressens, je cherche à montrer autre chose qu’un reportage touristique. Je fais des milliers de photos mais je n’en garde en fait que très peu. Je fais un choix drastique.
Lorsqu’on est comédien, est-ce qu’on ne risque pas de rater un projet ou de se faire oublier ?
Ca a toujours été le problème, c’est pour ça que mes voyages ne dépassent pas trois semaines, un mois. Mais aujourd’hui c’est plus facile car je n’attends pas un rôle puisque j’écris moi-même mon spectacle. Ce qui n’est pas si facile, entre le choix des photos, les choses que j’ai envie de raconter. Là encore j’ai un tri à faire car je pourrais en raconter durant des heures. J’ai mis deux ans et demi à écrire ce spectacle En fait, j’aime raconter des histoires… Je suis un conteur marrant et j’essaie de faire passer des messages.
Quant au comédien, il est là car en fait, je joue un rôle sur scène. Mais les deux sont complémentaires et j’en ai besoin.
As-tu envisagé de faire des expositions ?
J’en ai fait par deux fois mais les lieux étaient mal choisis. Aujourd’hui je me balade avec douze photos, douze petits formats, que j’expose dans la salle où je joue, et je propose des cartes postales en fin de spectacle. Certaines personnes me commandent des grands formats que je fais à leur convenance, dans la dimension et sur le support qu’ils désirent.
Quelle va être ton prochain voyage ?
J’aimerais découvrir l’Inde mais là, je vais être pris durant plus d’un an. Je crois que je vais avoir trois jours de congé ! Du coup, je pars moins et je vais en profiter pour visiter… la Suisse ! C’est mon pays et je me rends compte qu’il y a des paysages magnifiques que je n’ai jamais visités !
Propos recueillis par Jacques Brachet