Archives mensuelles : décembre 2019

Six-Fours – Théâtre Daudet : OLDELAF… LOL !

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Olivier Delafosse, alias Oldelaf, est un cas dans le monde du Music-Hall.
Auteur, compositeur, musicien, chanteur, comédien, humoriste… Où le caser ? Il sait tout faire et tout faire bien !
Et en plus, il a une sacrée belle voix avec laquelle il aurait pu devenir un chanteur «normal». Mais la normalité n’est pas dans ses aspirations cat il n’y a rien de normal chez lui. Il utilise cette voix ample et bien posée pour chanter des chansons décalées, voire iconoclastes, pleines d’humour, de fantaisie, d’absurdités, de temps en temps de poésie «ma non troppo»
Grâce à sa «Tristitude», postée un jour sur les réseaux sociaux, en quelques jours il a été connu et reconnu. Aujourd’hui il remplit les salles et c’est une vague de rires discontinus durant tout un spectacle dans lequel il s’est adjoint un longiligne barbu lunaire, limite autiste, Alain Berthier ce qui fait de ce duo improbable un numéro de clowns irrésistible qui se renvoie la balle à la vitesse grand V.
Durant tout le spectacle, il nous raconte la vie et la mort de Michel Montana, illustre inconnu, incompris, malchanceux, qui a écrit des tas de tubes, qui a inventé des tas de rythmes mais qui, à chaque fois, se les ai fait piquer par des artistes qui sont devenus célèbres grâce à lui : Michel Jonasz, Carlos, la Compagnie Créole, Claude François…
Il est même l’inventeur de la guitare électrique et de quelques autres inventions qu’il a testées un jour de 11 septembre dans une tour américaine….
C’est donc une histoire musicale poignante, ponctuée par son acolyte qui, s’il n’ouvre pas souvent la bouche sinon pour lâcher quelques borborygmes, joue de multiples instruments, gesticule et a des mimiques qui en disent long.
En fait, ces deux loustics ne seraient-ils pas frères ? Et leur père ne serait-il pas un certain Michel Montana ?
C’est drôlissime, délicieusement loufoque et l’on prend un plaisir extrême à ce spectacle déjanté, inventif, unique en son genre.
De l’Oméga Live de Toulon au Théâtre Daudet de Six-Fours, grâce aux «Fantaisies Toulonnaises » et à Jérôme Leleu, nos deux ostrogoths ont mis le feu, et les rires ont fusé durant une heure et demie.
Beau chanteur, trublion génial, humoriste impertinent, Oldelaf nous réserve toujours de sympathiques surprises, que ce soit en disques ou en spectacles.
La dernière fois que nous nous sommes rencontrés, il m’avait servi un gag  qui, en fait, n’en n’était pas un. Il venait d’avoir un accident. A la question : «Comment vas-tu ?» il m’avait répondu : «Ouais, ça va… enfin, si on veut car l’ai un problème de bras et de doigt qui m’handicape, puisque je suis en pleine tournée et que je ne peux plus jouer de la guitare !

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Que s’est-il passé ?
Juste avant la tournée, un médecin un peu trop zélé m’a opéra de l’épaule par erreur sans mon accord et je suis bloqué pour des mois. Et pour couronner le tout, je me suis cassé la figure sur scène… et je me suis cassé un doigt !
Du coup, quand j’arrive sur scène et que je raconte mon histoire, les gens rigolent. En attendant, j’en ai pour quatre à six mois de rééducation. C’est assez violent, c’est vraiment galère. Mais bon, j’ai le moral et je continue ma tournée, avec mon complice Alain Berthier qui a pris ma place à la guitare ».
Avouez que ça ne pouvait arriver qu’à lui !
Aujourd’hui ce n’est plus qu’un mauvais souvenir et, sa guitare bien en main, il chante, il raconte, il vocifère pour notre plus grand plaisir
Comment te vient l’inspiration ?
D’un instant vécu, d’une situation, d’un mot, d’une phrase, d’une idée… Ce sont des instants fragiles et à ce moment-là, plus rien ne compte autour de moi, la vie s’arrête et j’ai un besoin impérieux d’être seul et d’écrire. Ce ne sont pas toujours des moments qui durent longtemps mais ce sont des moments très précieux et j’oublie tout ce qui tourne autour de moi.
Tu n’as donc jamais le stress de la page blanche ?
Jamais ? Il m’est arrivé quelquefois de me dire : «J’arrête tout, je pars m’isoler et j’écris»… Et je peux t’assurer que, quelquefois, je reviens sans une chanson, avec seulement… quelques kilos en plus !

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Ce qui doit être le cas en ce moment puisqu’il nous avoue préparer un nouvel album qui sortira au printemps et qui sera suivi d’un nouveau spectacle.
On a hâte de le retrouver pour pouvoir rire un bon coup en cette période où l’actualité n’est pas très rigolote !

Jacques Brachet

Toulon – Fête du Livre
Luciano MELIS : Un bel hommage à Lino Ventura

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Luciano Mélis est poète, écrivain, éditeur et si son nom ne sonne pas italien, son prénom n’en fait aucun doute.
A la fête du Livre de Toulon, il présentait un magnifique album sur Lion Ventura, aux côtés du fils de celui-ci, Laurent qui l’a beaucoup aidé dans l’iconographie du livre.
Laurent, comme son père, est un «taiseux» discret et timide, qui plus est agoraphobe. C’est dire qu’il a fait d’énormes efforts pour se retrouve au milieu d’une foule compacte, comme c’est à chaque fois le cas à la Fête du Livre.
Mais Luciano, lui, est heureusement volubile et comme nous nous connaissons, c’est avec lui que nous allons parler de ce livre qui retrace la vie personnelle et la vie d’artiste de l’un des derniers monstres sacrés français disparu trop tôt. Comme il était lui aussi jaloux de sa vie privée et de se dispensait pas en interviewes, grâce à Laurent, nous en savons un peu plus sur l’homme qu’il était, sous la plume de Luciano, le tout parsemé de photos quelquefois inédites mais retraçant une carrière très riche, faite de talent, même si lui-même pensait ne pas en avoir, de générosité, d’intelligence, de fidélité…

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Luciano, pourquoi un livre sur Lino Ventura ?
Parce que j’ai la chance de le connaître dans les années 70 à St Paul de Vence où il passait des vacances en famille, à jouer aux boules avec entre autres Yves Montand, Georges Geret, Jacques Prévert et quelques autres amis dont André Verdet, poète, peintre, sculpteur vivant à St Paul qui est devenu plus tard son ayant droit, et mon ami dont j’ai édité ses œuvres. Là, il vivait en toute liberté, semi-anonymement mais personne ne l’embêtait. Il était dans son élément et pour lui se retrouver là était un vrai bonheur. Ce qui nous a rapprochés, c’est que nous étions tous deux italiens. Grâce à lui j’ai connu sa fille Clélia, Et nous avions des amis communs comme José Giovanni ou Georges Lautner.
C’est un personnage qui m’a beaucoup marqué en tant qu’acteur et en tant qu’homme. Il était humainement très attachant, timide, discret, pudique et pas macho du tout malgré ce qui se dégageait de sa personne. Il était d’une grande simplicité, il aimait être entouré de sa famille, cuisiner pour les copains, partager des matches de foot ou de pétanque…
D’où ce livre…
Oui, l’idée m’étant venue de l’écrire pour le 30ème anniversaire de sa mort, il y a deux ans. J’ai donc contacté Clélia qui, ayant déjà écrit trois livres sur son père, n’était pas très enthousiaste pour un quatrième et qui m’a conseillé de voir son frère, Laurent.
Là ça a été un peu difficile au départ car il n’a jamais voulu être au-devant de la scène. Il était assez réticent mais finalement il a fini par accepter l’idée.
Comment avez-vous travaillé tous les deux ?
Je dois dire que j’avais commencé à écrire le livre avant que Clélia refuse et que Laurent accepte ! J’avais déjà visionné et lu plein de choses mais dès que Laurent a accepté il s’est beaucoup impliqué, m’a proposé beaucoup de témoignages de son enfance. Ensemble on a  choisi les photos et j’ai contacté un maximum de personnalités qui l’avaient connu comme Lelouch, Hossein, bien sûr Lautner et Giovanni, Claudia Cardinale, Brigitte Bardot qui m’a fait un beau cadeau : un texte qu’elle a elle-même écrit, Françoise Fabian, Alain Delon et beaucoup d’autres qui, s’ils ne l’avaient pas connu, l’admiraient et ont écrit de jolies choses. Et puis nous avons aussi répertorié ses films. Il en a fait beaucoup, nous n’avions pas assez de place pour parler de tous. Nous en avons choisi 25 et nous avons beaucoup privilégié l’image.

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Ça n’a pas dû être facile ?
Ça a été un vrai casse-tête car il y avait beaucoup de documents, il fallait faire un choix et pour certaines photos, demander les droits, ce qui était le travail de l’éditrice. Ce furent huit mois de collaboration et de travail. Au fur et à mesure je lui envoyais mes écrits qu’il modifiait où dont il ajoutait des précisions.
Comment s’est fait le montage du livre ?
Tout simplement en suivant la chronologie de sa vie, des événements, des tournages. Et aussi quelquefois par rapport aux documents que nous avions. Au fur et à mesure nous écrivions, nous choisissions les  photos et le travail a avançait petit à petit.
Ça a été une belle expérience, une belle et amicale collaboration.

Propos recueillis par Jacques Brachet