Chaque année et ce, depuis trois ans, une partie des comédiens de la série de TF1 «Demain nous appartient» débarque au festival télé de la Rochelle. Difficile de tous les attraper car il y a toujours beaucoup de demandes. Mais grâce à la belle organisation d’une attachée de presse efficace, l’on peut faire de belles rencontres loin de la foule déchaînée, des dédicaces et des selfies, même si les entretiens sont souvent réduits, succès oblige. Mais cette année nous avons été gâtés car nous avons pu en attraper sept sur dix, record battu.
Le premier à avoir été pris en train de sommeiller sur la banquette du restaurant est notre ami Alexandre Brasseur qu’on avait déjà rencontré l’an dernier, toujours aussi charmant même si un peu ensommeillé et toujours avec ce petit sourire ironique qui lui va si bien.
Alexandre BRASSEUR
«Alors Alexandre, quoi de neuf depuis l’an dernier ?
Ça a été une année plutôt calme avec Chloé (Ingrid Chauvin). Nous avons eu un passé chaotique, des années agitées, mais cette année a été plus facile, plus apaisée. On a bien relancé le couple après qu’il se soit occupé de Margot (Marysole Fertard) et de son gosse, des problèmes de leur fils Maxime (Clément Rémiens) mais après avoir fait face à tous ces problèmes, on ne veut pas rester un couple «planplan», on va encore vivre des choses puissantes, profondes traitées de manière légère.
Comme ce bébé que vous essayez d’avoir ?
(Il rit) C’est vrai qu’avec Ingrid, il y a longtemps qu’on en parle, de ce bébé qu’on veut avoir alors que les aînés sont grands et que nous n’avons plus vingt ans ! Sans compter que ça touche particulièrement Ingrid dont on sait qu’elle a perdu son premier enfant, dans la vraie vie. C’est donc un sujet sensible.
Ça ne la perturbe pas trop ?
Nous en avons longuement discuté car ce n’est pas facile pour elle et ça ne le sera jamais. Je crois que ça ne la perturbe pas trop, qu’elle fait la part des choses. Mais c’est important de parler avec les gens avec qui on travaille et qu’on aime car Ingrid, je l’aime énormément.
Quelle est votre façon de travailler ?
Nous avons un planning sur 15 jours. Tous les lundis nous avons le semainier, les séquences, les dialogues. Ma méthode c’est le rétro-planning. Je suis très organisé, dès que je reçois les dialogues, je les apprends tout de suite et le week-end je reprends tout. C’est un processus un peu long mais j’ai besoin de comprendre ce que j’ai à jouer, je prends des notes.
Est-ce qu’il y a du stress ?
Je peux vous certifier qu’il n’y a aucun stress. C’est ma façon de travailler et ça m’excite plus que ce que ça me stresse. Il y a tous les jours un défi à relever».
Ariane SEGUILLON
Elle est la «mamma» dans toute sa splendeur, qui veut à chaque instant avoir mari et enfants autour d’elle et pouvoir tout diriger. Mais les enfants grandissent et quittent leur nid, le mari travaille et elle sent la famille lui échapper.
«Ariane, comment définiriez-vous votre personnage ?
(Elle sourit) C’est une femme… attachiante ! Elle a bon cœur, bon fond, elle est gentille et serviable mais comme beaucoup de femmes elle a donné sa vie à ses enfants et elle supporte mal de les voir grandir, s’émanciper et quitter le nid. Alors elle fait tout pour les retenir souvent sous des prétextes fallacieux.
En fait, elle est possessive, de mauvaise foi souvent et aime bien tout contrôler… Tout le contraire de moi !
C’est la première fois que vous jouez dans une série ?
Oui. J’étais déjà venue à la Rochelle présenter un unitaire «Tiger Lily», j’ai fait des apparitions dans quelques séries comme «Le sang de la vigne», «Section de recherches», «Joséphine ange gardien»…
Mais c’est la première fois que je joue un rôle récurent dans une série car je viens du théâtre.
Et alors ?
Tout d’abord j’ai trouvé une vraie famille et surtout cette série m’expose comme jamais et ça, c’est bien pour le métier… Un peu moins pour la vie personnelle car si ça fait plaisir d’être reconnue, populaire, c’est quelquefois très intrusif dans la vie de tous les jours.
Comment travaillez-vous votre rôle ?
J’apprends toujours mes textes à l’avance, quelquefois je me permets de les corriger un peu et j’aime discuter avec les scénaristes car c’est un partage. Et ça se passe très bien.
Est-ce que ça vous donne le temps de revenir au théâtre ?
Oui et justement je prépare une pièce écrite à quatre, avec Isabelle Alexis, Sylvie Haudecoeur, Juliette Meynière… Et moi ! L’idée m’est venue d’un comédien qui, ayant créé un rôle à succès, pensait être de la tournée et dont le metteur en scène l’évince pour un autre comédien. La pièce s’intitulera «Tu vas rire, j’y étais»
Comment écrit-on à quatre mains ?
Ce sont surtout Isabelle et Sylvie qui écrivent. Moi moins car à l’époque je venais de perdre mon frère. Mais on s’est beaucoup réunies, on a fait des lectures, on changeait certaines choses au fur et à mesure et on recommençait, dans une atmosphère d’amitié, de confiance.
Mais après avoir travaillé tout l’été et être venue à la Rochelle, ce sont des vacances en Irlande qui m’attendent !»
Grégoire CHAMPION
Il est un très jeune comédien qui a bluffé tout le monde en tenant sur la distance ce rôle de Timothée, jeune autiste. Malgré son jeune âge, il a endossé ce rôle et il est on ne peut plus crédible. Chapeau l’artiste !
«Grégoire, tu es bluffant dans ce rôle. Comment t’y es-tu préparé ?
En fait, je n’ai rencontré qu’un autiste à Sète et la rencontre a été très intéressante. J’ai été surpris de son comportement. Il parle normalement et tout à coup il a une réaction inattendue. Mais je me suis surtout inspiré de lectures, de films, j’ai récolté plein de choses un peu partout.
Pour un premier rôle, c’est une sacrée performance !
Merci. C’est beaucoup de concentration et c’est quelquefois très épuisant car il faut y aller à fond. On ne peut pas jouer un tel rôle en demi-teinte et en même temps, on ne doit pas forcer le rôle afin que ça reste crédible. Je donne tout ce que je peux et je travaille beaucoup.
As-tu été coaché ?
Non, pas vraiment. J’ai un peu été conseillé mais on m’a toujours laissé prendre la décision finale. On parle beaucoup, on s’explique avec le scénariste et le réalisateur. Je propose et tout se passe bien.
Alors justement, comment travailles-tu ?
Comme tout le monde j’ai mes textes deux semaines à l’avance. Je les lis seulement mais je les apprends la veille, comme ça, je suis dedans mais ça reste spontané. Si c’est trop réfléchi, ça ne paraît pas normal. Je répète seul chez moi car j’aime m’isoler, même si quelquefois, je travaille aussi avec mon partenaire. C’est beaucoup de travail.
Es-tu content de l’évolution de ton personnage ?
Oui. Durant un an ça a un peu stagné mais ça s’est mis à se débloquer à partir du moment où Timothée a travaillé à la paillotte. Aujourd’hui les auteurs osent plus de choses sur mon personnage.
Comme ces sacs plastique que tu enfiles pour ne pas marcher sur le sable !
Là, je n’étais pas très d’accord car je trouvais que ça faisait trop cliché, trop facile. J’aurais voulu plus de liberté. On l’a quand même fait, ce qui ne m’empêche pas, lorsque j’ai une idée, de la suggérer. Il faut que je reste toujours dans la rigidité du personnage tout en l’humanisant. Mais si je propose c’est que je pense qu’il y a une logique derrière ma proposition. J’aime improviser, oser, tenter des trucs.
N’as-tu pas peur que ce personnage très typé ne te marque trop ?
C’est vrai qu’au début je tournais deux jours par semaine et l’on m’avait dit que mon personnage durerait si le public y adhérait. Ca a plu, j’y suis toujours et j’en suis heureux. Mais j’espère ne pas être bloqué sur ce rôle et que je pourrai montrer autre chose de moi.
As-tu passé d’autres castings depuis ?
Oui et d’ailleurs ça a failli mal se passer. J’avais pris tellement d’automatismes que tout à coup, je jouais comme Timothée. Ça m’a choqué car j’en ai vu la dangerosité de la situation. Un tel rôle est difficile à gommer.
Et alors ?
J’ai malgré tout été pris après avoir repassé le casting. Vous verrez bientôt le résultat puisque je joue le petit-fils de Muriel Robin dans «Le premier oublié», avec aussi Matt Pokora.
C’est un très beau film et Muriel Robin y est comme toujours époustouflante.
Et ça été un très beau tournage».
Clément REMIENS
Il avait été le premier que j’ai interviewé voici trois ans, alors tout timide, tout souriant… tout imberbe !
Je le retrouve toujours tout souriant, beaucoup plus sûr de lui, barbu et toujours ce sourire qui fait craquer ces demoiselles !
Il était à la Rochelle pour deux séries : «Pour Sarah», qui passe en ce moment sur TF1 (Voir article) et pour «Demain nous appartient»
«Heureux de te retrouver Clément. Comment se porte Maxime ?
Plutôt bien, après une période plutôt perturbée et compliquée. L’été a plutôt été tranquille, il a bien travaillé son bac de rattrapage suite à tous ses problèmes qui l’ont empêché de le passer avec ses copains. L’aura-t-il ? Vous le saurez bientôt !
Sa sœur va revenir des USA quelque peu changée : cheveux rouges, tatouages faitspar son copain… Est-ce un bien ou un mal. Ca dépend des goûts… A découvrir aussi !
Ne trouve-tu pas que la série se dramatist et manque un peu d’air frais, de sourires ?
Je ne sais pas trop car nous ne travaillons pas tous ensemble. Il y a trois plateaux différents, chaque groupe a son histoire. Je ne suis pas trop dans les histoires des autres. Mais avec ma famille ça ne se passe pas trop mal, non ?
Justement, Maxime risque d’avoir un petit frère… Heureux ?
(Il rit) Il est surtout surpris et au départ, il n’est pas très réceptif. Il trouve cela un peu osé de la part de ses parents et il se dit que si ça arrive le bébé risque d’avoir l’âge du mien… si tant est que la situation se présente !
Mais bon, il aime ses parents qui désirent vraiment cet enfant et il va faire des efforts pour accepter la situation. Ça lui demande du travail mais sa famille est toujours aussi soudée et c’est le principal.
On en a déjà parlé, tu es sorti de cette série pour tourner «Pour Sarah»…
En fait je n’en suis pas sorti car «Pour Sarah», on a tourné les six épisodes sur trois mois alors que je continuais à tourner «Demains nous appartient». J’avais un planning d’enfer, deux jours sur l’un, une nuit sur l’autre, deux look différents. Heureusement, entre Sète et Perpignan, ce n’était pas très éloigné.
C’était un rôle plus dramatique. En sort-on indemne ?
(Il rit) Tu vois… je vais bien ! Tout va bien pour moi, même si quelquefois, je ne peux pas m’empêcher de penser à cette histoire tragique, inspirée de faits réels, qui peut arriver à tout le monde. Et j’avoue qu’après trois mois de tournage intense, j’ai été heureux de retrouver Sète ! Mais j’ai été également heureux de jouer ce nouveau rôle, qui est en fait le second. Ça a été une belle expérience qui m’a permis d’aborder un autre registre.
A notre première rencontre, nous avions parlé basket… En fais-tu toujours ?
Oui, je me souviens t’avoir dit avoir hésité entre basketteur et acteur ! J’avais commencé le théâtre à 12/13 ans et c’est le métier d’acteur qui l’a remporté.
Tu suis toujours les matches ?
Oui, même si les Français ont perdu ! Je suis le parrain du club Jeep Elite à Gravelin-Dunkerque.
Mais aujourd’hui, même si j’en ai toujours envie, je n’ai plus le temps d’en faire. Mais je ne perds pas l’affaire de vue !»
Propos recueillis par Jacques Brachet & Marie-Aurore Smadja